Quand la vérité est bonne à cacher [PV Namartiel]

Le jour déclinait déjà. Elérinna effectua un pas en arrière, se pencha et ramassa l'objet à la lame tranchante qui reposait sur le sol. Au moment où ses doigts touchèrent l'arme, ils soulevèrent au passage un léger nuage de terre. Un petit sourire flottait sur ses lèvres et elle semblait tout à fait satisfaite par la séance d'aujourd'hui. Heureusement que son père n'était pas là, sinon il aurait bien fini par trouver quelque chose à redire, un commentaire sur son jeu de jambes ou encore sur la rigidité d'un de ses bras. Elle haussa les épaules; il n'était pas là et elle s'était entraînée toute seule. D'ordinaire, ce n'était pas une chose qu'elle faisait. Mais en vu des événements récents, elle avait l'impression que bientôt elle pourrait s'en servir. Si son père n'était pas là, c'était tout simplement son problème, Elérinna avait ressenti le besoin de s'entraîner et n'avait eu aucune difficulté à dénicher de façon habile un lieu à l'abri des regards indiscrets. Personne ne devait savoir, c'était la règle d'or. Basique, mais bien plus difficile à réaliser que ce qu'on peut penser ! Elle avait alors réalisé des enchainements et bottes qu'elle avait mis au point à l'aide de son paternel, jusqu'à ce qu'elle finisse par se rendre compte que le soleil n'était plus aussi haut qu'au moment de son arrivée. Elle cala soigneusement une des deux dagues dans sa bottes de cuir foncé et garda l'autre à la main; elle ne pensait pas rencontrer d'obstacle sur le chemin du retour, mais elle se devait de rester prudente.

Elle ne savait pas exactement combien de temps était passé; elle s'en fichait à vrai dire, ce n'était pas le plus important à ses yeux. Pour ne pas éveiller les soupçons, elle décida qu'il était temps de rentrer. Elle aurait toujours l'occasion de prétexter une méditation expresse si on venait à la questionner lourdement. En général s'était un argument qui faisait mouche et elle en était fière. Elérinna arriva sans mal à l'entrée de Fondcombe et s'y engagea. Elle marchait d'un pas décidé et souple; depuis le temps qu'elle était ici, elle connaissait la ville sur le bout des doigts, tout comme Namarthiel, sa jumelle. De plus, il était évident que grâce à leur fonction respective, les deux jeunes elfes se devaient d'avoir une connaissance parfaite d'Imladris ainsi que de ses habitants. Elérinna était honorée d'avoir pu accéder au rang d'ambassadrice et elle remplissait chaque jour sa tâche avec ferveur et s'attacher à exécuter à la lettre ce que le Seigneur Elrond lui demandait. Il était, pour elle, l'homme qu'elle respectait le plus avec son père.

Lorsqu'elle arriva devant la maison que sa famille occupait depuis maintenant un bon nombres d'années, elle marqua un temps d'arrêt avant d'y entrer. Souvent, c'était un 'symptôme' qui se produisait. La Lothlorien lui manquait tellement qu'elle se disait qu'elle pouvait prendre ses jambes à son cou et y retourner le plus vite possible. Mais ce n'était à présent plus digne d'elle. Elérinna était une adulte et elle ne pouvait pas agir ainsi, pas sur un coup de tête, surtout avec le poste qu'elle occupait aujourd'hui à Imladris. Elle finit donc par entrer et s'engagea dans le petit hall.
Cependant, la malchance avait décidé de frapper à la porte. Alors qu'elle allait emprunter l'escalier imposant qui se dressait déjà devant elle et qui apportait la promesse salvatrice d'une proche arrivée jusqu'à sa chambre, elle suspendit sa main libre qui allait attraper la fine rampe et tourna lentement sa tête vers la droite. Dans ses yeux se dessinait déjà son reflet le plus parfait. Des longs cheveux bruns, des yeux d'un bleu vif et un visage qui affichait une détermination résistant à toute épreuve: Namarthiel... Le regard d'Elérinna passa de sa soeur et la dague argenté qu'elle tenait toujours dans sa main. Non d'un... Elle avait baissé sa garde et avait agi d'une façon très stupide. Elle regarda de nouveau sa jumelle qui se dressait à présent non loin d'elle et afficha un petit rictus qui se voulait être un sourire. Elle était comme un enfant qu'on venait de prendre la main dans le sac, pile en train de faire une bêtise. L'elfe finit par ne pas se laisser démonter, son caractère reprenant le dessus et se redressa de toute sa hauteur.

-Bonjour à toi, chère soeur... , articula-t-elle finalement.

Il ne restait plus qu'à attendre le long interrogatoire qui suivrait, Elérinna était certaine de ne pas pouvoir y couper, alors autant s'y préparer et déjà ériger une défense bien solide.