Me laisseriez-vous...? (Thranduil)

Voilà. Un nouveau jour s'était levé sur la région du Rhovanion à l'est de l'Anduin. Un nouveau jour sur Eryn Lasgalen. Un nouveau jour pour la chasse et la surveillance du Royaume de Thranduil. Et un nouveau jour encore ou personne n'aurait su prédire ce qu'il allait advenir de cette journée si peu lumineuse comme celle-ci. Autrefois, nommé Vert-bois-Le-Grand (et toujours appelé ainsi pour certains Elfe de la forêt dont la jeune Tauriel) se faisait davantage connaître aujourd'hui sous le nom de Forêt Noire. Notamment, dû à la construction de la forteresse de Dol Guldur et à l'invasion d'horribles créatures telles que ces immondes araignées qui rôdaient sans cesse aux coeurs des bois.

Tauriel avait passé une nuit agitée. Essayant de se concentrer on ne peut plus sur sa lecture que sur ses soucis, mais elle n'y parvenait guère. Dol Guldur la hantait. Un peu comme si elle présentait que quelque chose de mauvais se préparait là-bas dans l'ombre. Elle savait aussi, au plus profond d'elle, qu'elle n'était pas la seule à se soucier de cet endroit. Et cela, bien même que l'inquiétude générale se faisait dans la plus grande discrétion. À plusieurs reprises Tauriel avait songé se rendre à la vieille forteresse et pourquoi pas y aller en compagnie de Legolas. Son prince, son meilleur ami et ... Non, rien. Mais elle n'avait guère envie de le mettre dans une mauvaise posture face à son père. Alors, avant de le lui demander - à Legolas - elle avait d'abord songé à en parler à son Roi. Thranduil avait toujours été à ses yeux un homme plus que respectable. Froid par moments certes, mais elle le voyait comme un grand Roi et qui malgré les apparences souvent trompeuses, faisait et espérait toujours le meilleur pour son peuple. Elle le considérait d'autant plus d'ailleurs, comme une figure paternelle. Après tout, il l'avait recueilli après la mort de ses parents et il l'avait élevé comme si elle avait été sa propre fille. Et il avait fait cela en toute bonté, car personne ne l'avait obligé à prendre soin de la jeune orpheline. À jamais, elle lui devait la vie et sa loyauté.

▬ Le suilon (Je vous salue) Dit-elle arrivé à hauteur de son Roi.

Thranduil se trouvait dans la salle du trône. Il se trouvait debout, au centre de la pièce. Le regard perdu dans le vide. Il semblait un peu préoccupé et Tauriel espérait de tout coeur, ne pas l'avoir importuné dans le cours de sa réflexion.

▬ Pardonnez mon intrusion, j'aurais aimé vous parlez si vous en avez le temps.

Comme souvent, ces temps-ci, c’est avant l’aube que le Roi de Mirkwood se réveilla. Rarement enchanté. Il était toujours attristé de quitter le monde des rêves. Là où, encore, Mirkwood est Vert-Bois-le-Grand. Où la faune et la flore est épanouis et brille de toute sa splendeur naturelle. Une beauté, qu’il a l’impression de ne pas avoir suffisamment savouré. En revanche, ses rêves se terminent généralement toujours de la même manière, en ces temps sombres. Il voyait la forêt dépérir, sous ses yeux, ainsi que tous les êtres vivants y résidant. Il voyait Dol Guldur, des armées d’orques, la montagne, des flammes, des morts… Les Ténèbres. Elles se faisaient de plus en plus grandes, de plus en plus puissantes. Le Roi n’avait fait part à personne du mal qui ronge son sommeil et son esprit. Son rôle n’était pas d’inquiéter son peuple, ni de l’angoisser. La paix est un met si rare et si court à savourer… Le temps viendra, où il fera part à toute l’assemblée du danger qui règne et surtout de ses dispositions.

Dressé au centre de la pièce, de la salle du trône, Thranduil était profondément concentré dans ses songes. Ne remarquant même pas l’arrivé de Tauriel. Toutes ces choses le contrariaient et l’inquiétaient plus qu’il ne voulait bien laisser le croire. Car, tout au fond de lui, il savait que ce mal n’allait pas les épargner. Qu’ils se réfugient ou non. Son peuple allait, tôt ou tard, devoir se confronter à nouveau à de lourdes pertes. C’est donc la voix de la jeune elfe qui le fit sortir de ses pensées. Ouvrant lentement les yeux, il la regarda. Puis répondit à son salut, d’un gracieux mouvement de la tête. Sa présence tombait plutôt bien, si elle n’était pas venue d’elle-même, il l’aurait certainement convié à venir un peu plus tard.


Le monarque esquissa un faible sourire, invitant Tauriel à se rapprocher un peu plus. Les mains dans le dos, il observa un instant la jeune elfe. Qu'il l'appréciait à sa juste valeur. Elle s'entendait à merveille avec son fils Legolas, en plus d'être une de ses meilleures recrues. Il fallait bien l'admettre, jusqu'à aujourd'hui, il n'avait rien à lui reprocher et lui faisait pleinement confiance. Le Roi se rapprocha d'une petite table, sur laquelle se trouvait quelques mixtures elfiques. C'est dans un mouvement délicat qu'il se mit à remplir les deux verres.