Joli minois ft. Rose

La brise fraîche du matin me laissait pantois lorsque je regardais l'herbe gelée tout autour de ma demeure. L'étable était, quant à elle, recouverte d'un mince filet de givre. Un sentiment de mal être me prit lorsque je songeais à ma pauvre Marguerite et à ses compères, prises sans doute d'un froid mordant. Elles n'étaient pas habituées à de telle température. Néanmoins, cette étable était solide et le bois suffisamment épais pour contenir le minimum de chaleur requis. Vêtue d'une tunique légère, une petite tasse dans les mains, je me mis à grelotter et à vite me mettre à l'intérieur. Les rayons du soleil s'engouffraient dans ma maison, d'une lueur orangée. Je respirais un grand coup et pensais que ce serait certainement une belle et agréable journée. Il ne fallait pas lambiner. Depuis que je suis devenu Thain, j'ai d'énormes responsabilités et il est de mon devoir de faire prospérer ce village d'hobbit. La Comté était tout ce que j'avais avec ma Marguerite. Me posant dans ce fauteuil recouvert d'une couverture couleur brunâtre, j'allume ma pipe et fume. Tout était si calme, parfois trop calme que je me mettais à évoquer de tristes pensées.

Lorsque j'eus terminé mes petites affaires et pris mon bain, je me vêtis d'un manteau en fourrure ainsi que des bottes en cuir, d'un pantalon plus ou moins épais pour éviter le froid de la matinée mais également mourir de chaud l'après-midi. Le temps était si changeant que je ne savais comment m'habiller. Je me pressai un peu et commençai à sortir, préparant l'étable avec le foin et l'eau, traire mes vaches et les laisser ensuite brouter l'herbe du champ. Bien que je sois Thain, je ne pouvais me résigner à perdre mon ancienne vie, celle de fermier. Certes, mes parents étaient fiers de moi et de mon titre mais, il était impératif que je ne délaisse pas la ferme et mes animaux. Je les aime tous autant ce qu'ils sont. Le temps passait à une vitesse folle et il fallait que j'aille en ville afin de souhaiter une bonne journée à tous. De plus, il serait peut-être temps de faire quelques courses. Je manquais de quelques petites choses car les légumes et le lait commençaient à me taper sur le système. Mon ventre criait famine et ce sont dans ces moments-là que je me dis que cela soit dommage que ma Marguerite ne sache pas faire la cuisine.

Mes bottes étaient pleines de boue, je les nettoie avant de partir en direction de la Comté et me mets à prendre un joli manteau à capuche. Je me sentais joyeux et dynamique comme un petit gardon et entamais une marche tranquille, admirant la beauté de la nature. La couche de givre avait disparu par endroits, hormis sous l'ombre des arbres ou des maisons. J'empruntais ce chemin rocailleux et sec, quelque peu glissant par endroits mais évitais avec succès les plaques de givres. Le visage des hobbits avec leur sourire et leur gentillesse, leur « bonjour » matinale, la Comté était vraiment un monde à part. En tant que Semi-homme, tout ce que je désirais était ici bien que nous manquions un peu d'aventure. Il faut dire que nous étions des êtres craintifs et aimions nous reposer, ne pas avoir de soucis avec le monde extérieur. Nous sommes ceux qui avons une vie heureuse et épanouissante, sans chercher plus loin, nous n'avons pas besoin de connaître les autres royaumes. Du moins, c'est ce que j'ai toujours pensé. N'ayant jamais vu d'elfes, de nains ou tout être mystiques que l'on conte dans les livres. Toutes ces choses qui me paraissent inconcevables et pourtant, nous savons qu'elles existent. Tandis que je réfléchissais et me posais des questions sur moi-même et notre Comté, voilà que j'arrive sur les lieux avec grande rapidité.

Le soleil s'élevait doucement dans le ciel, réchauffant un peu l'atmosphère. J'apercevais des hobbits marcher avec aisance, l'un avec un livre en main et un autre qui délivrait du courrier. Je sentais une bonne odeur, de pâtes sortant du four et de sucré. Il y avait cette femme qui plaçait dans sa boutique quelques petits gâteaux. Il est très rare que je mange ce genre de mets, souvent coûteux mais très réussi. Je n'étais pas le plus riche des hommes, prêt à tout pour prouver sa valeur et son rang. Ce que j'étais . Un homme maladroit ayant hérité du titre de tain. Tout simplement car mon père et, son père avant lui, était un descendant du vieux touque. Si Ferumbras III n'était pas décédé si prématurément, je serais encore un peu plus loin dans les collines avec ma famille, à continuer cette vie dans la boue et les grands champs. Heureusement, je n'ai pas hérité d'un accent. Je restai poli et courtois mais avais le don d'être mal compris et de mélanger certains mots. La faim me tenaillant l'estomac et cette bonne odeur qui ne faisait qu'accroître les cris de mon ventre, je décide d'entrer dans la boutique.

Tous ces mets sur les étagères me donnait l'eau à la bouche et la femme, qui devait être la pâtissière, avait un joli minois. Je n'avais pas froid aux yeux et c'est avec un grand sourire et une fois toute enjouée que je m'exprime :

- Bien le bonjour ma dame! Le parfum de vos gâteaux m'a amené jusqu'à vous et vos ...mets. Que pourriez-vous proposer à une âme affamée?