You've got the music in you, don't you ? [Búchanán & Elea]

Le temps était au beau fixe, comme toujours, le soleil embellissait la cité elfique sous ses rayons dorés. Ils étaient rares les jours où la pluie ternissait les toits d’Imladris, ils n’avaient pas lieux d’être puisque les elfes l’habitant n’avaient pas de raisons de la voir apparaitre. C’était étrange ici, comment le temps et les saisons évoluaient. Ces lieux étaient figés hors du temps, un monde a part et jamais on n’aurait pu douter de ce qu’il se passait au-delà de ses frontières. Qu’ils y restent suffisamment loin, pour ne pas perturber la tranquillité d’Elea. Cette jolie plante s’épanouissait ici avec toutes les meilleures conditions et pour ceux qui veillaient sur elle, il était primordial de la préserver de ces événements. Elle avait bien changé entre le moment de son arrivée ici jusqu’à ces jours-ci, mais s’il y a bien un truc qu’elle avait gardé c’était son incapacité de rester en place.

« Je reviens plus tard ! »

La voix de la jeune femme résonna entre les murs de la maison de sa tutrice, alors qu’elle était venue lui rendre visite. Il lui arrivait de rester avec elle comme si elle vivait encore chez elle. Histiel avait fort bien joué son rôle de mère mais ce qu’elle appréciait d’autant plus chez elle, c’est qu’elle ne la noyait pas de questions dès qu’elle avait besoin de s’en aller quelques heures. Puisqu’elle avait passé la vingtaine, cela aurait sans doute été normal chez les humains, mais pour eux, Elea restait encore cette fillette orpheline. Emportant un sac sous son bras, la jeune femme attrapa une pomme dans la corbeille en bois et mordit dans le fruit afin de laisser ses deux mains libres pour ouvrir et refermer la porte derrière elle. Un sourire se dessinant sur les lèvres une fois l’air frais s’engouffrant dans ses mèches dorées, la jeune femme emprunta les chemins qui la menaient hors de la citée, s’enfonçant dans la forêt.

Après quelques longues minutes de marche, arrivant près d’une clairière, la jeune femme prit place près d’un arbre, s’adossant contre son tronc afin de pouvoir s’y reposer un instant. Elle était bien assez éloignée d’Imladris pour ne plus en voir se dessiner les toits au travers de la forêt, mais elle avait toute de même une limite à respecter et veillait toujours à ne pas la dépasser. Car même si elle avait passé l’âge d’être surveillée comme une enfant, elle devait veiller à ne pas décevoir ceux qui avaient pris soin d’elle et respecter ce qu’ils lui demandaient. Sa cage dorée entrouverte, l’oiseau se laissait cependant parfois loisir de sortir un peu et se promenait dans les bois entourant la forêt elfique. Elle y avait vu beaucoup de choses intéressantes et avait aussi eu l’occasion de croiser quelques personnes. Beaucoup d’elfes rejoignant la cité, des animaux qui peuplaient les alentours et il y eu quelques fois où elle fit la rencontre d’humains. Probablement les seuls humains qu’elle côtoyait encore aujourd’hui. Depuis sa rencontre avec Valenwyn il y a de cela quelques années, Elea n’avait pas eu l’occasion d’en croiser plus. Ils ne s’aventuraient que très peu vers Imladris, a moins d’avoir une bonne raison.
D’entre ces rencontres, il y en avait une qu’elle avait tenue secrète auprès de ses protecteurs, car cela impliquait qu’elle se soit un peu trop éloignée. Sans oublier le fait que c’était une personne qui n’était probablement jamais rentrée à Imladris ou qui n’était pas restée assez longtemps pour qu’ils soient d’accord qu’elle reste en contact avec. Ils avaient beau ne pas être ses parents, ils agissaient comme tel, et ainsi avaient toujours été les choses. Elle n’essayait pas de s’y opposer, elle n’avait aucun discours à tenir face au prince qu’était Elrohir, sans oublier qu’il avait toutes les raisons du monde de vouloir la préserver. Mais c’était plus fort qu’elle, Elea avait besoin de s’éloigner de temps en temps. Et entre ces moments passés plus ou moins loin, là elle y avait rencontré Búchanán. Un étrange personnage, dont les oreilles pointues auraient facilement pu le faire passer pour un elfe. A un détail près, se trouvant dans son comportement qui lui avait mis la puce à l’oreille ; un homme. Si pour elle croiser un homme n’était arrivé que de très rares fois depuis qu’il avait quitté Laketown, voir une fille pour lui relevait du normal. Il l’avait sans nul doute dû la trouver bizarre, mais peut être pas autant qu’elle l’avait trouvé fort intéressant à décrypter. Ce qui les avait liés dès le départ c’était la musique.

Le son de son luth chantonnant sur les bruissements des arbres l’avait ainsi menée jusqu’à lui. Alors elle avait trouvé quelqu’un avec qui échanger là-dessus, observant sa technique d’un regard intéressé. Les instruments à corde lui sont bien assez familiers pour qu’elle juge de son niveau et finisse admirative face à son jeu de mains. Si les premiers instants de leur rencontre se fit sans paroles, Elea n’avait pas perdu de temps pour lui dévoiler qu’elle était aussi musicienne. Depuis lors elle lui avait promis de lui donner quelques cours afin qu’il puisse apprendre ou se perfectionner à la flûte. Elle n’avait pour le moment pas idée de son niveau mais elle ne tarderait pas à le découvrir.
Il était ainsi convenu qu’ils se revoient, et selon ce qu’il avait été dit, Elea devait être légèrement en avance. En s’asseyant là, où elle l’avait trouvé la dernière fois, il ne lui ferait pas l’ombre d’un doute qu’il y vienne également. La jeune femme scruta les alentours tout en continuant de manger sa pomme, observant la forêt évoluer pour finalement laisser son dos reposer contre le tronc. Elle commençait à se dire qu’en fait, il était tout à fait possible qu’il ne vienne pas du tout, que dans sa naïveté elle avait cru pouvoir se faire un ami et qu’elle s’était fait avoir en beauté. Quoi qu’il en soit, Elea allait rester là un moment, et voir s’il viendrait ou pas.

You've got the music in you, don't you ?

YOU MAY NEED TOW HANDS TO FIGHT SOMEONE. BUT ONLY ONE TO STAB THEM IN THE BACK.

Il se souvenait parfaitement de sa rencontre avec Elea : il était remonté au nord depuis Gondor par l'Est des Monts Brumeux. Búchanán était rarement passé par ces endroits, ce qui, pour lui, était une redécouverte des paysages à chaque voyage. Il affectionnait les forêts et les rivières toutes plus splendides les unes que les autres qui sillonnaient l'horizon, mais pas ses habitants. C'est en effet dans cette région que se trouvait la race des elfes.  Il faisait en sorte de ne pas rester longtemps sur leurs territoires, malgré la beauté de la végétation qui pourrait être une source d'inspiration pour le barde. Bien qu'il n'aie jamais été confronté à ces êtres, il nourrissait une profonde haine pour eux et cela depuis sa plus tendre enfance. Quoiqu'il en soit, ce jour là il avait décidé de faire halte près d'une clairière non loin de Foncombe et, comme à son habitude, il occupa son temps à jouer du luth.

Búchanán n'avait pas remarqué la présence de cette jeune femme qui le surveillait. Ce n'est que quand il la vit sortir de sa cachette qu'il se rendit compte qu'il n'avait pas été seul. Le barde eut tout d'abord des appréhensions devant cette femme d'une certaine beauté : une elfe ? Il ne savait distinguer cette race que par leurs oreilles, mais il se radoucit légèrement quand il vit que les siennes étaient d'une banale normalité. Il voulut partir, sans demander son reste, mais la jeune femme blonde engagea la conversation, lui renseignant qu'elle était elle-même musicienne. Un point commun que Búchanán partageait avec elle et qui lui permit de s'ouvrir un peu à elle. Ils discutèrent de tout et de rien, mais surtout de musique. Elle maîtrisait un bon nombre d'instruments, ce qui impressionna le jeune homme. C'était rare de rencontrer des personnes, surtout aussi jeune, qui aimaient autant la musique. Pour lui, c'était plus qu'une passion, c'était aussi son moyen de vivre. Une vie sans musique ne valait pas la peine d'être vécue.
Durant leur conversation, le barde avait pu observer plus attentivement son interlocutrice. Elle avait des yeux d'un bleu qui rappelaient tellement l'océan qu'il aurait voulu s'y noyer, ses cheveux étaient blond comme le blé poussé par le vent et son sourire était d'un charme à en tomber. Sans parler de sa voix qui pouvait adoucir n'importe quel troll des montagnes.

De fils en aiguilles, Elea lui apprit qu'elle jouait de la flûte. C'était une nouvelle lubie de Búchanán que d'apprendre la flûte. Cela le changerait du luth, bien qu'il ne tarirait jamais d'éloges pour cet instrument. C'est ainsi qu'elle lui proposa de lui apprendre à en jouer. Par pure charité. Il accepta sans hésité, mais était au regret de devoir lui dire qu'il n'en avait pas le temps pour le moment et qu'il devait repartir. Rester trop longtemps dans ces régions peuplés d'elfes l'énervait profondément et il devait se faire de l'argent s'il voulait survivre pour les jours à venir. Búchanán lui promit de revenir à la prochaine lune, exactement au même endroit.


Il était reparti en direction de la Comté, persuadé qu'il trouverait de quoi s'inspirer pour de nouvelles chansons. Mais c'est tout autre chose qu'il découvrit : il y fit la rencontre d'une femme qui dansait merveilleusement bien. Cette dernière avait fait chaviré son coeur de musicien et elle lui avait proposé de rester auprès d'elle. Il avait hésité à rester, oubliant presque Elea, il ne se le serait jamais pardonné, mais, avec son caractère fort et son désire de liberté, il était reparti sans demander son reste.


Il était finalement arrivé non loin de l'endroit de rendez-vous. Faisant bien attention à ne pas laisser de traces derrière lui, il ne voulait pas attirer l'attention sur lui auprès des elfes, car il savait qu'Elea ne pouvait pas s'aventurer trop loin de chez elle. Il veilla à ce qu'Edana ne le suive pas non plus. Búchanán se cacha derrière un arbre et profita pour regarder la jeune femme, assise contre un arbre en train de manger une pomme. Un sourire attendrit étira les lèvres du barde. Cette femme avait un "je ne sais quoi" de simple tant dans son caractère que dans sa prestance qui lui donnait un charme merveilleux. C'était une nouvelle fraîcheur qui nous éclatait au visage à chaque fois que l'on posait ses yeux sur elle.  Et elle attendait là, sagement, la venue d'un ivrogne qui n'avait rien d'autre à présenter qu'une horrible cicatrice lui traversant le visage et ses oreilles pointues.

Il se décida finalement à sortir de sa cachette et à s'approcher d'Elea, un sourire aux lèvres. Alors, t'attends quelqu'un ?
Ils échangèrent quelques paroles et la jeune femme passa rapidement aux choses sérieuses : la leçon de flûte. Búchanán n'avait jamais touché à cet instrument et n'était pas du tout familiarisé avec ce dernier. Il ne savait même pas les notes, mais il déduisit instinctivement qu'il suffisait de boucher les trous de différentes façons pour produire les notes. Encore fallait-il savoir la combinaison. Elea lui apprit la gamme tout d'abord. Le sons était vraiment peu assuré et aurait fait fuir tous les oiseaux. Mais Búchanán n'affichait aucune décrépitude face à ce manque de maîtrise. Minas Tirith n'a pas été construite en un jour et le barde était un bosseur. Il savait qu'il n'était qu'un débutant et ne craignait pas d'être mal vu auprès d'Elea. Fort heureusement pour ce musicien, il avait la capacité d'apprendre rapidement et de retenir facilement les notes. Après plusieurs répétition, il réussit à maîtriser la gamme de haut en bas. C'était une petite victoire, surtout que le sons était plus agréable aux oreilles. Un sourire de satisfaction s'affichait sur les lèvres du jeune homme et il remercia sa professeure qui était assise à côté de lui.

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Le silence qui s’était installé durant les quelques minutes où elle avait attendue furent vite comblées par l’arrivée de Búchanán. Le visage d’Elea s’illumina tout naturellement, contente de le revoir alors qu’elle s’était imaginé pendant un instant qu’elle se prendrait un vent monumental. La jeune femme était rassurée de voir que ce n’était pas le cas. Bien au contraire, le sourire qu’il lui lança, accompagné d’une petite plaisanterie lui indiquait qu’il était lui aussi content de la retrouver. Après tout le courant semblait être bien passé au moment de leur rencontre, au vu du talent de Búchanán pour la musique, elle aurait été fortement déçue qu’il ne revienne pas.

« Il parait que oui ! » Plaisanta t-elle sur le même ton.

Il prit place à ses côtés et prenant des nouvelles l’un de l’autre, ils entamèrent quelques minutes de discussion avant de passer aux choses sérieuses. Elea donnait déjà quelques cours à de jeunes elfes, ainsi elle avait la parfaite maitrise de l’apprentissage, ce n’était donc pour elle pas une nouveauté que d’enseigner les bases sur un instrument. Elle lui apprit donc tout le nécessaire pour qu’il puisse se familiariser avec l’instrument et y trouver ses marques. Et lorsqu’il faisait des fausses notes, elle n’avait même pas besoin de l’encourager pour qu’il contiue car il le faisait tout naturellement. Elea était restée admirative son assiduité, trouvant là aussi un point commun avec elle. Faire des erreurs, c’était tout à fait normal et en aucun cas c’était quelque chose qu’elle voyait mal. Elle-même avait travaillé de longues heures pour atteindre son niveau à la harpe et d’autres instruments qu’elle maitrisait parfaitement. Des erreurs, elle en avait souvent commises, il lui arrivait même d’en faire encore lorsqu’elle apprenait de nouveaux morceaux. Mais il n’y avait que comme ça qu’elle avait réussi à se perfectionner et à apprécier pleinement ce qu’elle faisait. Le niveau est caractéristique d’un surpassement de ses limites, et selon elle, il n’y avait rien de plus admirable que quelqu’un qui persévère dans sa tâche, tous domaines compris.

La musique pour elle était un monde à part, que l’on ne pouvait apprécier et soulever les mystères qu’en la vivant et qu’en glissant ses doigts sur un instrument. Elle avait choisi sa carrière de musicienne parce qu’au fond d’elle-même elle avait toujours su qu’elle était faite pour ça et que très vite sa passion deviendrait sa vie. Búchanán semblait la rejoindre là-dessus au vu du travail qu’il fournissait sans jamais faiblir. Ainsi la jeune femme affichait toujours ce même sourire, qui s’étirait au fur et à mesure qu’il parvenait à assimiler ses conseils. En ce qui concernait la musique, la patience était la clé, elle avait peau s’adapter à son rythme elle avait tout de même constaté qu’il apprenait vite en plus d’être quelqu’un de persévérant. Avoir l’oreille musicale n’est pas un don offert à tout le monde et manifestement Búchanán excellait dans ce domaine puisqu’il comprit très vite le fonctionnement et l’emplacement des notes. C’était réjouissant pour elle, d’avoir quelqu’un a qui parler musique, quelqu’un comme elle. Les elfes ont une autre sensibilité à la musique, pas meilleure pas moins bonne, juste différente. Certains aspects arrivaient encore à lui échapper mais elle y travaillait énormément.

Lorsque la leçon fut terminée, la jeune femme ne se fit pas prier pour le féliciter avant qu’il ne la remercie. Ce n’était pas une corvée pour elle d’enseigner la musique du moment qu’il y avait de l’implication et autant de passion dans ses gestes, n’était ce pas plus agréable ainsi ? La jeune femme inclina légèrement la tête afin de le remercier à son tour de l’avoir autorisée à lui enseigner les techniques de base.  C’était un honneur pour elle d’apprendre un peu de son savoir faire à quelqu’un qui devait probablement en avoir plus qu’elle en matière d’expérience. Elle jouait sagement aux banquets d’Elrond et pour elle lorsqu’elle en avait l’occasion alors que lui devait certainement jouer où il voulait, quand il voulait. Une liberté qu’elle ne connaissait pas encore mais l’idée ne lui avait jamais parue déplaisante, bien au contraire. Il devait avoir aussi pas mal de conseils à lui transmettre.

« Je ne m’étais pas trompée lorsque je t’ai entendu jouer du Luth ; Tant que tu auras autant de passion tu pourras jouer de n’importe quel instrument ! »

Un compliment qu’elle lui donnait le plus naturellement du monde, et puisque c’était la vérité elle ne voyait pas pourquoi elle devait se priver de le lui faire remarquer. Si Elrohir la voyait, discuter avec un inconnu il lui ferait sans doute des sermons. Mais elle ne ressentait aucune gêne vis-à-vis de lui, pas forcément parce qu’elle n’est pas réellement le genre timide mais parce qu’à partir du moment où il s’agit de musique il n’y avait pas de retenue à avoir.

« Ce n’est pas donné à tout le monde ! »

A ses yeux cela le rendait spécial, même bien plus que son allure physique. Oh, oui, elle les avait remarquées ces oreilles taillées comme les elfes et cette longue cicatrice sur un côté du visage. Mais pour elle, ce n’était qu’un détail, un souvenir d’une histoire d’un autre temps qu’il lui raconterait peut être un jour s’il le désirait ; mais en aucun cas elle souhaitait le brusquer avec ce genre de questions. Malgré cette particularité, elle n’était pas du genre à placer des stéréotypes contrairement à beaucoup de monde. Et même dans ces cas là bien que la musique fut leur principal sujet de conversation, elle pressentait qu’il devait avoir beaucoup à offrir. Elle ne l’avait cependant pas assez côtoyé pour s’aventurer plus loin dans sa personnalité, de peur de paraitre impolie et de le faire fuir.

« Est-ce qu’il t’arrive de jouer avec d’autres personnes ? »

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Búchanán avait remis l'instrument sur ses lèvres, jouant des notes aléatoires, les notes qui passaient dans sa tête, pour se familiariser un peu plus avec ce nouveau son. Sa position était celle de quelqu'un voulant garder pour soi son nouveau jouet : les jambes croisées et le haut du corps penché vers l'avant. Il avait bien sûr écouté les compliments de la jeune femme qui lui allaient droit au coeur, mais il ne s'était jamais habitué à en recevoir ; on lui préférait la critique. En tout cas, il trouvait que c'était une professeure excellente : elle alliait la patience à la douceur et on voyait qu'elle savait ce qu'elle disait. Elea avait souvent dû partager son savoir à d'autres ; chose que le barde était incapable de faire, car il n'avait aucune patience face aux erreurs des autres. C'était un des traits qu'il admirait chez elle.


À sa question, il cessa tout de suite son activité et se tourna vers elle. Elle afficha un sourire tendre que Búchanán avait envie de rendre. Il s'allongea sur l'herbe, tout en s'appuyant sur son coude droit et regardait la jeune femme blonde. Les rayons du soleil filtraient à travers le feuillage et offraient une douce lumière qui illuminait sa peau crémeuse. Cela m'est arrivé une fois, ce n'est pas vraiment ce que je préfère. Et il commença à lui compter sa petite expérience qu'il eut il y a quelques semaines.

Alliant les gestes, il lui expliqua tout d'abord les paysages de la Comté, son herbe verte s'étendant à perte de vue, son bocage qui l'avait accueilli durant des nuits, la senteur de la végétation mouillée par la rosée et le soleil qui réchauffait la peau pour celui qui s'étendait dans les prés. On pouvait voir que le barde semblait être emmené dans un autre monde, celui de ses souvenirs et il essayait d'emmener la jeune femme avec lui. Puis il raconta la découverte du camps. Il s'était établi dans une clairière et y avait monté une dizaine de tentes avec un feu qui brulait au milieu. Une délicieuse odeur de cochon à la broche ainsi que de bière flottait dans l'air. Le campement était constitué de ménestrels, de danseurs et d'acrobates et tous amenaient une ambiance festive. Et Búchanán était passé près de l'endroit ce soir là. À ce moment, il omit volontairement le fait qu'il aie volé des pommes à ces gens, ainsi que sa rencontre avec Irmine. Le jeune homme savait qu'il ne devait pas parler d'une femme à une autre, car c'était synonyme de problèmes.

Son récit se poursuivit avec l'accueil qu'on lui avait réservé ; comme ils avaient vu qu'il était accompagné de son luth, ils n'ont pas hésité un instant à l'inviter à rejoindre leur repas. Ils partagèrent le cochon et la bière et la fête battait son plein. Puis, en fin de soirée, ces voyageurs avaient un tradition : le défi. Il consistait à improviser une chanson selon différents thèmes. Búchanán devait chanter au sujet d'une catastrophe avec l'air d'un ivrogne. Bien sûr, il ne pouvait pas savoir la mélodie que feraient les instruments.




Búchanán lui expliqua tout d'abord le registre instrumentale : un accordéon, un tuba, une guitare, un banjo et divers percussions. Il avait laissé quelques mesures passer pour s'imprégner de la mélodie puis il s'était lancé. Bien sûr, il avait eu de l'appréhension de ne pas trouver de paroles à la hauteur de leurs talents, mais le dieu de la musique ne l'avait jamais laissé tomber jusqu'à présent et il trouva les mots. Le barde s'était levé et s'était avancé près des flammes. Ce devait être un beau spectacle de le voir chanter et danser, car la musique était également un théâtre. Il lui chantonnait l'air pour lui faire plus facilement réaliser la situation. Il avait été félicité pour sa prestation. S'il avait échoué, ç'aurait été tout le sérieux de son art qui serait rabaissé.

Puis il en vint à parler du désir de ces personnes de l'entendre jouer un morceau, rien que lui. Il avait choisi une chanson de sa région natale : le Rohan. Quand il commença, une femme avait reconnu l'air et l'avait rejoint dans son chant.



Il chantonna la chanson pour Elea, peut-être la connaissait-elle si elle avait un peu voyagé. Mais devant son air qui n'exprimait que le plaisir d'écouter, Búchanán comprit qu'elle ne connaissait pas cette chanson. Il se demanda à cet instant si elle avait vraiment voyagé durant sa vie.
Puis il poursuivit en lui racontant qu'il avait quitté cette troupe pour venir la trouver ici.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Il n’y avait rien de plus réjouissant pour Elea que de voir son nouvel élève satisfait de ses leçons. Il essayait ainsi, improvisant quelques airs sur les notes qu’il avait apprises. Búchanán se débrouillait admirablement bien il apprenait même plus vite qu’elle. Ou bien elle était bien meilleur professeur que ce qu’elle avait toujours pensé ? Quoi qu’il en soit, la jeune femme suite à ces compliments lui demanda comme une faveur, de revenir un jour lui jouer un air de flûte lorsqu’il serait à l’aise. Il serait sans nul doute capable de maitriser l’instrument ainsi qu’il maitrisait le luth.

« La prochaine fois que tu viendras me voir, je voudrais entendre les mélodies que tu auras inventées à la flûte ! »

Puis il répondit à sa question, avouant ne pas être friand de duos, trios, etc…Mais semblait avoir quelques anecdotes à lui partager là-dessus. De quoi réjouir la jeune femme ! Son sourire s’étira davantage alors que Búchanán commençait à lui décrire les paysages de la Comté. Elle adorait ça, Elrohir l’avait bercée de ce genre de récits lorsqu’il revenait de voyage et à chaque fois les paysages se dessinaient dans son esprit. Búchanán choisissait bien ses mots ; elle avait ce sentiment de légèreté qui s’emparait d’elle sur chaque mot qu’il prononçait. C’était comme si elle y était et qu’elle avait la possibilité de  sentir un vent nouveau s’engouffrer dans ses cheveux. Ramenant ses genoux tout contre elle, la jeune femme cala ensuite sa tête dans les paumes de ses mains et laissait tout loisir à Búchanán de la faire rêver. C’est avec la plus grande attention qu’elle l’écoutait ainsi lui raconter sa rencontre avec une troupe d’artistes. Le sourire de la jeune femme s’étira de plus belle alors qu’elle pouvait parfaitement imaginer l’ambiance qu’il devait y régner. De la joie dans la musique, c’était là le genre de chose qu’elle n’avait encore jamais vécu, elle, la musicienne de fond. Ses yeux pétillaient à mesure qu’il lui décrivait le genre de musique qu’ils avaient joué. Un petit rire étouffé glissa entre ses lèvres en entendant le contenu du thème qu’ils lui avaient attribué. Un défi qu’elle n’aurait probablement pas été capable de relever, et ça le rendait d’autant plus admirable. Elle pouvait presque en entendre les sons, l’air du luth de Búchanán mis en évidence sur un chant improvisé. Elea avait beau l’imaginer, elle aurait certainement souhaité le voir en vrai, l’entendre en vrai et frapper le rythme de ses mains ou même l’accompagner à la flûte.

Cette rencontre avait dû être fort intéressante pour Búchanán pour qu’il la lui raconte, il avait de la chance de pouvoir alimenter son esprit de tels souvenirs et remplir ses oreilles de nouveaux sons.En continuant son récit, Búchanán se mit alors à chanter l’air qu’il leur avait offert lorsque cette troupe lui en avait fait la demande. Elea fut agréablement surprise de l’entendre lui chanter cet air, ainsi elle demeura silencieuse, ne perdant pas un seul son de sa voix. Il chantait juste, en plus d’être un bon musicien, l’air était doux et agréable et si elle l’avait connu elle aurait très certainement accompagné de sa propre voix ainsi que l’aurait fait cette femme. Mais ce n’était pas le cas, alors elle profitait simplement de ce privilège d’entendre une chanson venant d’ailleurs que d’Imladris ou d’un autre royaume elfique. Des chansons, elle en connaissait pas mal, mais toutes étaient elfiques. Elles avaient beau être d’une grande beauté, il n’y avait rien de très original en sachant qu’ils se tenaient aux portes d’Imladris.

A la fin de la chanson de Búchanán, le sourire de la jeune femme finit par se ternir alors qu’elle réalisait qu’elle n’avait rien de très extraordinaire à lui faire partager. Elle était restée ici depuis son arrivée alors qu’elle avait été trouvée orpheline à sept ans et depuis elle n’avait pas vu d’autres paysages et d’autres cultures que celle d’Imladris. Elle baissa le visage, ses mèches blondes réfugiées derrière ses oreilles glissèrent tandis qu’elle tentait de dissimuler cette part de frustration à ce sujet. Pourtant ce n’était pas l’envie de voyager qui lui manquait, elle qui rêvait de parcourir la terre du milieu, de revoir les lieux qui l’avaient vu naitre et grandir. Elle ne pouvait pas se plaindre de sa vie à Imladris, c’était une cité superbe et elle n’aurait pas pu mieux tomber.

« Tu as dû en voir, des villes, des paysages, des gens… »

La jeune femme étendit ses jambes en prenant soin de remettre sa robe comme il faut, s’appuyant à nouveau conter le tronc de l’arbre, elle pouvait aisément deviner le nombre de terres qu’il avait dû voir. Elle se demandait cependant s’il voyageait seul ou si comme la troupe, il lui arrivait de rejoindre d’autres personnes. Quoi qu’il en soit, il avait plutôt l’air d’être quelqu’un de solitaire, manifestement vivant de musique et allant là où le vent l’emportait sans se soucier du reste du monde. Mais sa vie était sans nul doute plus riche que la sienne ne le serait jamais, dans sa jolie cage dorée. Elle avait longtemps pensé avoir tout ce dont on pouvait rêver ici mais sa rencontre avec Búchanán venait tout remettre en question….Pourquoi ne ressentait elle pas, ce qu’elle devrait ? Elea déglutit et tenta de recoudre ce sourire sur ses lèvres.

« Je suis née à Laketown, je n’en ai de souvenirs que cette immense montagne d’où se levait le soleil. J’aimerais y retourner un jour, revoir là où j’ai grandi...Y es tu déjà allé ? »

Many travels, many fortunes. Don't you know that ?

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C'était l'air attristé d'Elea qui déstabilisa le barde. Il n'avait pas voulu lui faire de peine en racontant son histoire, mais il la voyait dépitée tout d'un coup. S'il avait su, il n'aurait pas été si enjoué. Ses cheveux glissèrent de son oreille et Búchanán les remit en place doucement en lui offrant un sourire. C'était incroyable comme cette femme avait cette capacité de le calmer. Lui qui détestait côtoyer du monde, Elea arrivait à le dérider et à faire qu'il se sente bien à ses côtés. C'était certainement son attitude calme et posée qui jouait en sa faveur. Mais Búchanán était sûr d'une chose : ce visage angélique devait cacher bien plus ! Si ça se trouve, il y avait peut-être une tigresse qui sommeillait en elle.

Mais devant ses réflexions, il comprit très vite qu'Elea n'avait connu que Laketown en dehors de cet endroit. Et encore, s'en souvenait-elle vraiment ? Elle n'avait jamais voyagé et ne connaissait donc rien du monde à part son cocon qui la protège. Il faut dire que les voyages avaient fait grandir Búchanán depuis qu'il avait quitté son foyer il y a 12 ans. Du haut de ses 17 ans, il avait dû s'habituer à une vie rude et pleine d'incertitude. Encore aujourd'hui il se demandait s'il aurait un toit pour la nuit. Il lui fallut apprendre très vite à survire ; savoir faire du feu avant tout était une priorité, c'en était même vital. Puis il devait supporter la faim durant des jours et se protéger des attaques de personnes malveillantes. Heureusement qu'il avait croisé Edana sur sa route pour veiller sur lui. Les débuts étaient vraiment difficiles et Búchanán avait presque failli faire demi-tour, au risque de se faire tuer par sa mère, mais il tînt bon. Certes, il y avait beaucoup d'inconvénients à parcourir les terres, mais le jeune homme avait vite trouvé son compte. Chaque jour, ses yeux s'ouvraient sur de nouveaux paysages, il n'avait pas d'attaches et n'avait de compte à rendre à personne à part lui-même, il voyait du monde et ses longues marches lui permettaient de se ressourcer. Non, vraiment, il ne voudrait pour rien au monde redevenir un sédentaire, car la Terre du Milieu avait tellement à lui apporter encore.

Il observa la jeune femme et celle-ci affichait à nouveau un sourire. Mais on pouvait voir qu'elle se forçait. Elle lui parla de Laketown, un peu, ce qu'elle s'en souvenait. Non, je n'y suis jamais allé, encore... Mais j'ai entendu beaucoup de choses sur cette ville. Quand tu t'approches de l'endroit, tu peux voir à l'horizon des silhouettes de bâtiments au bord du lac, puis tu remarques qu'il y a une deuxième ville en dessous reflétée par l'eau, comme si c'était le passage vers un autre monde. Puis plus loin, Erebor se dresse majestueusement laissant trainer l'ombre menaçante du dragon Smaug qui veille avidement sur l'or des nains. On dit qu'il est plus grand que les géants qui peuplaient la Terre du Milieu avant que les différentes races ne voient le jour et sa colère n'a d'égale que la folie des rois. Mais cela ne fait que partie de la légende : ce ne sont plus que des chansons pour effrayer les enfants quand ils ne sont pas sages.   Il lui expliqua ensuite que les habitants de la ville sur pilotis étaient pauvres et vivaient exclusivement de la pêche.
Il regardait Elea qui semblait perdue dans ses pensées. Quelles idées et souvenirs lui passaient par la tête ? Avant qu'elle ne réagisse, Búchanán se releva et invita de sa main Elea à en faire de même. Il lui proposa une idée complètement folle à la hauteur de son personnage. Le barde savait qu'il pouvait recevoir un refus catégorique, mais il ne voulait pas la laisser ici sans qu'elle ne voie un peu le monde. D'ailleurs, il n'était pas sûr qu'ils se reverraient avant longtemps.

Pourquoi ne pas y aller ? Viens avec moi, je t'y emmènerai.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Elea s’était laissée noyer par ses pensées, elle navait pas voulu que cela se voit mais fut ramenée à la surface lorsque Búchanán entreprit de reloger ses mèches claires derrière l’une de ses oreilles. Un geste bienveillant auquel elle répondit par un large sourire reconnaissant. Búchanán n’avait jamais vu Laketown de ses propres yeux, en même temps, là bas il n’y avait sans doute plus rien d’intéressant, si ses parents avaient choisi de la quitter c’était bien pour cela. Elle fut en revanche surprise que son histoire ait traversé les contrées, qu’elle parvienne jusqu’aux oreilles du musicien et qu’il soit là, en mesure de lui dire ces mots. A chacun d’entre eux, la jeune femme revoyait ces quelques fragments d’images qui lui revenaient, mais surtout cette grande montagne qu’elle avait tant admirée étant petite et qui avait fait l’objet d’histoires qu’on lui racontait autrefois. Búchanán remplissait son esprit de souvenirs des plus agréables pour elle, même si elle n’a que très peu connu ce passé. Pour elle, sa vie est à Imladris, mais son identité demeure perdue à Laketown.

Elea étouffa un rire amusé sur les derniers mots de l’homme ; effrayer les enfants ? Elle avait eu les récits des nains mais concernant le dragon elle n’était pas sure que sa mère lui ai raconté cette histoire dans le but de la punir, mais plutôt pour la décourager ; du moins la seule fois où elle le mentionna. Quoi que ça aurait bien été du style de son grand père de lui dire qu’il viendrait la manger si elle n’était pas sage. Sur ces souvenirs joyeux, la jeune femme laissa derrière elle toutes pensées négatives. Il avait réussi à redonner ses couleurs à son visage et entendre qu’une ville aussi pauvre que Laketown puisse paraitre fabuleuse lui réchauffait le cœur. Les images traversant son esprit furent interrompues, tandis que Búchanán s’était relevé. Ses yeux clairs suivirent le mouvement de sa main lorsqu’il lui proposa de faire de même. C’est tout de même étonnée d’un tel geste qu’elle lui offrit la sienne et quitta le sol pour lui faire face. Les mots qui suivirent résonnèrent dans sa tête, comme une illusion, mais une belle illusion et en l’espace d’nu instant elle aurait souhaité lui dire oui comme si rien ne la retenait…Pourquoi l’emmènerait-il ? Pourquoi se donnerait-il cette peine de lui faire traverser toute la terre du milieu alors qu’ils se connaissaient à peine ?

« Y aller ? » Lui répondit-elle dans un nouveau rire

Elle s’était attendue à une blague, qu’il fasse suite et lui indique que c’était juste pour la faire tourner en bourrique mais au vu du regard qu’il lui lançait, il n’y avait pas proposition plus sérieuse en réalité. Elle aurait pu se montrer méfiante, lui dire non sur l’instant parce qu’elle ne connaissait de lui que ses voyages et sa musique. Pourtant quelque chose la retenait de lui dire complètement non sans qu’elle puisse réellement expliquer quoi. Quoi qu’il en soit il semblerait qu’il soit le premier à réellement comprendre ce désir d’évasion, à le prendre au sérieux et à vouloir agir en conséquence sans plus attendre. Bien sûr qu’elle avait envie d’y aller, Elrohir lui avait promis de l’y emmener un jour, mais quand ? Elle attendait déjà depuis longtemps et il ne revenait pas souvent à Imladris sans compter qu’il avait certainement mieux à faire qu’aller dans une ville de pêcheurs. La dernière fois qu’elle avait évoqué cette envie, elle n’avait peut être pas suffisamment souligné la frustration qu’elle éprouvait de plus en plus. Un an n’est rien pour les elfes mais pour un humain c’est beaucoup trop, Elea grandissait, à chaque fois qu’il revenait, elle avait changé. Mais lui non. Il avait tout le temps pour parcourir la terre du milieu, pas elle. Quelque part, elle avait cette appréhension de mourir en ignorant tout du monde.
C’était contradictoire de ses projets, elle avait tout fait pour pouvoir rester à Imladris, en pensant qu’y être était pour elle la meilleure façon de vivre. Mais plus les jours passaient, plus ils se ressemblaient.

« Elrohir et Histiel ne me laisseraient jamais partir, c’est dangereux et… On ne se connait pas plus que ça, je serais un fardeau pour toi et puis c’est loin, c’est… »

La liste des raisons qui devaient aller en sa défaveur serait longue, très longue. Quoi qu’il en soit, Elea maintenait son calme malgré qu’elle débordait d’envie de dire oui et de tout laisser derrière elle, le temps d’aller voir le monde. Elle ne partirait pas sans revenir mais quelque chose lui disait que si elle ne le prenait pas au sérieux, elle le regretterait toute sa vie. Elle coupa court à ses arguments, cherchant dans le regard de Búchanán un indice qui l’extirperait de toute rêverie irréalisable. Elle avait surtout envie qu’il mette fin à ce manège, puisqu’elle était persuadée que c’était juste impossible qu’il lui propose un tel voyage sans qu’il y ait anguille sous roche. Elle s’était emportée et avait honte de penser qu’il aurait pu parler sérieusement.

« Tu te moques de moi en fait... »

Voilà, elle avait à peine attendu qu’il réponde qu’elle avait conclu d’elle-même. Elle lui adressa un sourire, crispé, mais un sourire tout de même alors qu’elle cherchait à mettre un terme à cette conversation et éviter de se couvrir davantage de honte. Elle cherchait surtout un moyen de se dire qu’une telle chose n’était pas possible et que vis-à-vis de ceux qui la protégeaient, c’était un vrai péché de penser pouvoir partir et revenir comme si de rien était.

Just be mad, just one time.

YOU MAY NEED TOW HANDS TO FIGHT SOMEONE. BUT ONLY ONE TO STAB THEM IN THE BACK.

Il laissa la jeune femme débiter son flot de paroles sans qu’il ne prononçât un mot ; tout ce qu’elle disait était vrai : ils ne se connaissaient pas du tout. C’est vrai, pourquoi partirait-elle avec un type sorti de nulle part un beau jour et qui demandait à une jeune femme de quitter son foyer pour partir à l’aventure ? Surtout que cet homme n’avait pas une allure qui inspirait la confiance chez les autres. Sa cicatrice devait être synonyme de violence et de bagarres, un homme peu sérieux et incapable de se défendre. Puis ses oreilles qui devait le faire passer pour un malade amoureux des elfes qui a été prêt à se mutiler pour leurs ressembler. Et pourtant les apparences étaient trompeuses et, dans le fond, Búchanán était quelqu’un qui voulait rendre service quand il jugeait qu’une personne le méritait. Et là, il voyait en Elea une femme qui n’avait qu’une envie, c’était de découvrir le monde, mais qu’il lui manquait seulement l’occasion. Et le barde pouvait la lui donner. Il suffisait qu’elle ait le courage de s’abandonner un peu et de sauter le pas.  Mais elle ne le croyait pas. Cela se sentait à son rire et à la façon qu’elle avait de regarder cet homme. C’était une grande opportunité qui ne se présentait pas tous les jours. De quoi rire en effet, car seul un fou pourrait offrir un tel cadeau. Mais le jeune homme voulait le lui offrir, en gage de ses cours de flûte. De plus, il avait l’habitude de voyager seul avec sa louve, alors avoir de la compagnie lui changerait. Parfois la solitude lui pesait.


Elle prononça le nom de deux personnes. Par déduction, Búchanán comprit que c’était des elfes de cette région. Peut-être des amis à elle ou des proches. Ah ces elfes le hanteraient jusqu’à la fin de sa vie ! Que pouvait-elle y faire ? C ‘était une grande fille, à ce qu’il pouvait voir, une femme même au vue de sa physionomie, alors elle pouvait très bien décider par elle-même de ce qu’elle voulait faire.  
Búchanán avait gardé la main d’Elea dans la sienne durant son monologue. Il caressait ses doigts et les décryptait en même temps. Des mains de musicienne :  la peau de ses doigts était légèrement abimée par les longues heures de pratiques à force de pincer les cordes. Mais elle était d’une douceur qu’on pouvait envier. Celles du barde étaient dans plus piètre état. À force de voyager, de jouer, de survivre et d’en prendre peu soin, elles étaient sèche et sa peau n’était plus que du cuire. L’expérience passait à travers ses mains, pourtant il devrait faire attention à elles, car c’était elles qui le maintenaient en vie.  
Il regarda ensuite Elea dans les yeux. Oui, elle serait peut être un fardeau, mais peut-être Búchanán découvrirait une nouvelle façon de voyager. Il y aura une nouvelle forme de partage et une nouvelle façon de voir le monde, à travers les yeux de quelqu’un d’autre. Ce voyage serait certainement bénéfique pour l’un comme pour l’autre. Cela permettrait de changer d’air pour Elea et pour le barde de s’adoucir face à des personnes. Il ne lui proposerait pas cela s’il la pensait incapable de réaliser tout cela.

« Non, Elea, je ne me moque pas de toi. Je suis on ne peut plus sérieux. Viens avec moi. »

Il réfléchit un instant sur la question de ces deux elfes : comment la rassurer et la faire déculpabiliser de son départ ? Ces elfes… toujours à dire que le monde extérieur, autre que le leur, est un endroit dangereux et qu’il ne faut pas s’y aventurer. C ‘est pour cela qu’ils sont reclus dans leur petite demeure et à se croire au-dessus des autres. En plus il faut qu’ils montent la tête des autres. Il était bien content de ne pas faire partie de cette secte.

« Tu sais, ce voyage durerait au grand maximum trois semaines. C’est quoi trois semaines dans la vie d’un Elfe ? Rien du tout, ils ne se rendront même pas compte que tu es partie. Et tu es bien assez grande pour savoir ce que tu te veux. Viens découvrir Laketown avec moi. »

Il devait ensuite la rassurer sur la dangerosité de la route. Il lui expliqua qu’une louve le suivait depuis des années et le protégeait à chaque instant. Avec elle à leurs côtés, ils n’avaient rien à craindre. De plus, cela faisait plus de dix ans que Búchanán voyageait et il n’était toujours pas mort. Un sourire ironique s’affichait alors, pour essayer de détendre un peu l’appréhension d’Elea. Il avait l’habitude des voyages et étaient toujours le plus prudent sur les routes, parce que lui aussi avait peur. C’était normal d’avoir peur. C’est un sentiment qui te permettait de rester en vie. Celui qui ne craint rien et qui fonce tête baissée avait plus de chance d’y laisser sa peau que celui qui était réfléchi.

« Je te laisse trois jours pour te décider, je resterai dans les parage. Si à l’aube du quatrième, tu n’es pas là, je partirai. Mais sache que ma destination est Laketown, alors autant profiter du fait que j’y aille pour venir avec moi. »

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Rien n’aurait laissé présager que cet homme finirait par réellement lui proposer de l’emmener jusqu’à ses origines. Sa voix résonnait dans son esprit, ses mots avaient fini par la convaincre de sa sincérité. Quelle preuve avait-elle là-dessus ? Aucune, ce sont des choses qu’elle ressent, en ayant interrogé son regard, en sentant ses doigts glisser sur les siens comme pour la rassurer. La jeune femme baissa les yeux sur leurs mains liées, un étrange sentiment de sécurité l’envahissait. Il lui apporterait sans doute beaucoup, ainsi qu’Elrohir, ainsi qu’Histiel, Legolas et d’autres. A cet instant, Elea se demandait si elle ne faisait pas mieux de rester avec lui le temps d’y réfléchir. On l’avait souvent mise en garde sur les humains, leurs regards, leurs ruses mais Búchanán n’avait pas de démons en lui. Elea était perdue, tremblante. Une partie d’elle la retenait encore à Imladris tandis que l’autre aurait souhaité détourner ses yeux de la cité et s’en aller.

Il avait raison, trois semaine dans une vie humaine, c’était bien représentatif mais dans la vie d’un elfe qu’est ce que cela changeait ? Elea ne serait qu’une infime partie de la vie de ses protecteurs, qu’elle s’en aille trois semaines, qu’est ce que ça changerait ? La jeune femme semblait toujours aussi perdue, elle ne tenait pas en place et se mordait les lèvres, troublée. Il l’avait vit compris qu’elle souhaitait plus que tout partir, Elea semblait tout autant être suffisamment expressive pour que ce soit désormais évident que sa proposition la tentait réellement. Elea ouvrit la bouche comme pour se forcer de répondre, mais aucun mot ne réussit à franchir la barrière de ses lèvres. Elle demeurait ainsi interdite, écoutant les arguments qui changeraient ou pas sa décision de le suivre. Quelle idée folle que voilà, une idée merveilleusement folle. Voyant sans doute la pression qu’elle s’infligeait, Búchanán lui proposa ainsi trois jours de réflexion pendant lesquels elle serait seule maitresse de sa décision. Les consignes données s’encrèrent dans son esprit tandis qu’elle se contenta de hocher positivement la tête. Voilà quelques mots qui l’apaisaient et réduisaient instantanément la pression ; en ayant le temps de réfléchir à tout ça elle pourrait certainement éviter de grands regrets. Elle releva ainsi instantanément ses yeux clairs vers le musicien, lui adressant un dernier sourire.

Malgré le nombre d’expressions par lesquels elle avait pu passer, elle était heureuse de savoir qu’il souhaitait tout de même faire quelque chose pour elle. C’était appréciable, et c’est pourquoi le sourire qu’elle étira fut sincère et reconnaissant. Ainsi la jeune femme relâcha la main de l’homme, détournant les talons, elle emboita le pas vers Imladris. Elle se retourna une dernière fois, quelques secondes après avoir entamé la marche,  observant Búchanán encore une fois. Qui est cet homme ? Qu’est ce qui vient de lui ? Qu’est ce qui ne vient pas de lui ? Elea rentrait à Imladris avec mille questions dans la tête et quelques minutes passèrent avant qu’elle ne quitte définitivement la forêt. Elle se retourna encore une fois, comme si à travers les arbres là, plus loin elle aurait pu encore deviner la silhouette du barde.

« Elea ? »Demanda l’un des gardes curieux

Extirpée de ce rêve, la jeune femme détourna son attention de la verdure des bois, esquissant un fin sourire à l’attention de cet elfe qu’elle avait l’habitude de voir aux portes de la cité elfique. Elle le rassura ainsi et lui souhaita bon courage pour le reste de la journée avant de s’enfoncer un peu plus dans la ville. Ses pensées ne décollaient pas des paroles de Búchanán, marchant dans les ruelles, la jeune femme en oubliait même de regarder devant elle. Elle failli bousculer quelques elfes sur le chemin, et en se ressaisissant, releva son nez de ses pieds. En arrivant chez elle, son regard se posa sur la maisonnette appartenant à Histiel. Les bougies de l’intérieur témoignaient une présence, Elea se demandait alors si Elrohir y était aussi. Déglutissant, elle fut prise d’un malaise et la porte d’entrée se referma sur sa jolie tête blonde.

Les heures défilèrent, Elea ne trouvait pas le sommeil. Le regard perdu dans l’immensité du ciel, elle observait le ciel parsemé d’étoiles. La lumière de la lune transperçait le verre fin de sa fenêtre, éclairant son visage d’un halo d’argent. Si tout semblait tranquille ici bas, dans sa tête entre la guerre et les explosions, un conflit sévissait. Allongée sans réelle conviction de chercher à s’endormir, la jeune femme perturbait le silence de sa lente respiration, calmant les ardeurs de son cœur lorsqu’elle tentait de faire la paix avec elle-même. La première nuit fut la pire de toutes, le jour suivant le fut d’autant plus qu’elle reçu la visite d’Elrohir. En n’ayant pas dormi de la nuit, en ayant ce nœud dans la gorge elle ne l’avait pas reçu avec ce sourire habituel. Décousue, Elea avait mis en cause la fatigue afin de ne pas l’inquiéter davantage et après être resté quelques heures avec lui, la jeune femme avait fini par s’endormir, bercée par ses paroles réconfortantes. C’est aux aurores qu’elle avait ouvert ensuite les yeux, épuisée par tant de batailles sans vainqueur, Elea avait profité de cette matinée sereine pour jouer de la harpe.


L’esprit vidé de toute pensées tandis qu’une trêve semblait lui donne un peu de repos pour se retrouver, la jeune femme glissa ses doigts sur l’instrument. Les cordes vibrèrent, les unes après les autres, sur une mélodie qu’elle aimait, qui avait un certain pouvoir guérisseur sur son humeur par ses gammes majeures. Le son s’éleva à travers la pièce, traversant sa fenêtre jusqu’à attirer le regard de certains elfes qui appréciaient sa musique lorsqu’elle voulait bien faire partager. Les elfes sont gentils, ils savent apprécier, il y régnait ici une ambiance prospère, un état d’esprit remarquable et ils savaient toujours trouver les mots juste. Leur sagesse légendaire lui avait été bénéfique le long de ces années passées ici. Il était désormais temps pour elle, d’accomplir ce qu’ils ne seraient pas en mesure de lui apporter.

Terminant son morceau sous quelques timides applaudissements, les elfes retrouvèrent leur chemin et Elea ferma la fenêtre après avoir passé un tissu sur le bois de son instrument. Son choix était fait.

Le plus dur à ce moment là, était de mettre les mots sur papier. Il était évident qu’une conversation de vive voix n’allait pas jouer en sa faveur, qu’ils la retiendraient et qu’elle louperait toute occasion de trouver cette part d’elle, cette part humaine dont elle ignorait encore tout. Elle se concentra, choisissant ses mots avec soin, construisant avec attention la lettre qu’elle destinait à Histiel et Elrohir. Elle partait, elle leur indiquait combien de temps, pourquoi, comment, ou, absolument toutes informations qui lui semblaient nécessaire afin qu’ils comprennent que son but n’était pas de fuir, mais bien de revenir avec des réponses claires à ses questions. Ceci fait, elle laissa sa lettre sur la table et conserva sa bougie allumée pour préparer un sac. Son ombre s’agitait sur les murs tandis qu’elle procédait avec organisation. Elle prit des vivres, de l’argent, quelques remèdes elfiques et d’autres affaires qui ne l’encombreraient pas davantage. Déposant son sac à l’entrée, son regard se perdit sur son arc. Elle s’en saisissait sur la seconde, hors de question de sortir d’ici sans arme. Son visage resté de glace se fissura dans un sourire alors qu’elle imaginait pouvoir raconter à Legolas de quelle manière elle avait utilisé ses conseils durant le voyage. Le premier vrai sourire depuis un jour, qui fut toutefois bref malgré sa puissance. Elea choisissait de partir dans la nuit avant les rayons de l’aurore, afin que son départ soit le plus discret possible et que personne ne lui demande de comptes.

Il était alors temps de s’en aller, Elea avait revêtit une de ses robes claires,  puisque de toute façon elle n’avait rien d’autre que des robes elfiques. Néanmoins la discrétion obligeait aussi qu’elle demeure invisible, ainsi elle enfila une longue veste en tissu épais aux couleurs verdoyantes et qui lui permettrait de mieux se camoufler.

Enfilant son sac par-dessus une épaule, elle prit aussi soin d’y caler son arc ainsi que ses flèches. Un dernier regard sur sa maison, elle souffla sur la bougie et sorti de chez elle.  Elea ne perdit pas de temps pour se mettre à couvert afin de ne se faire remarquer par personne. D’un geste rapide, rabattant sa capuche sur ses boucles aussi claires que la Lune, elle parvint à se faire discrète jusqu’à l’entrée de la maison d’Histiel et déposa la lettre au pied de sa porte, celle-ci protégée du vent par un présent qu’elle lui avait destiné pour son anniversaire. Il était emballé dans une boite, un bijou pour sa belle chevelure qu’elle avait fabriquée avec soin. Inspirant une dernière fois, la jeune humaine récita une prière en elfique, demandant aux créateurs de veiller sur eux et qu’ils puissent un jour la pardonner.

Elle inspira, expira, ouvrit les yeux et détourna les talons avant que ses yeux se perlent de larmes. Pas de temps pour pleurer, Búchanán l’attendait et elle devait se presser. Elea avait largement respecté le délai, arrivant avec un jour d’avance. Mais si elle était trop restée dans ses pensées, elle aurait sans doute finit par sombrer et se décourager. Tant que c’était chaud, autant y aller. A pas discrets, la jeune femme connaissait quelques passages pour détourner les gardes. Elle prit cependant son temps afin d’être sure de ne pas être repérée quitte à ce que cela prenne deux heures pour faire 3 mètres. Une fois sortie d’Imladris, Elea se précipita dans la forêt, courant de peur de s’être faite repérée dans un élan d’adrénaline.

Jusqu’au moment où elle arriva près de cette même clairière où elle avait rencontré Búchanán il y avait de cela deux jours. Elle ne le vit cependant pas tout le temps, attirée par la lumière de la Lune, pleine et ronde. La nuit était si belle, même dans cette forêt, elle pouvait en contempler ses facettes. Un large sourire étira ses lèvres, heureuse. Puis elle entreprit de chercher Búchanán, son ombre se découpa dans la pénombre ; adossé contre un arbre, la fumée s’échappant de sa pipe se dessinaient dans la nuit sous la lumière des étoiles. Il l’attendait, elle était prête.

« Je viens. »