Leoden Doreath • [validé]

NOM&PRÉNOM ▬ Leoden Doreath. SURNOM ▬ Leo. ÂGE ▬ 27 ans. PATRIE, RACE ▬ Rohirrim. LIEU DE NAISSANCE ▬ Dans un village du Rohan. RANG SOCIAL ▬ Pauvre, mais ça dépend des jours. PROFESSION ▬ Chasseur de prime, pilleur. SITUATION AMOUREUSE ▬ Il n'a jamais aimé d'autre femme comme il a aimé Constance, ni d'autre homme d'ailleurs. Il est dans une passe difficile, mais le temps venu, il ne dira alors pas non à l'Amour.

VOTRE PHYSIONOMIE ▬ Leoden est un homme de grande taille, et plutôt imposant. S'il se tient bien droit – et force était de le lui répéter dans son enfance – le mètre quatre-vingt huit est largement atteint. Il n'est ni chétif, ni gros ; il a une carrure forte et une belle stature. Lorsqu'il porte ses chemises, une musculature fine se dessine sous les plis du tissu. Ses yeux, d'un brun aux éclats dorés à en faire tomber les cœurs les plus coriaces, reflètent la soif de liberté qui anime son esprit. Entouré par une cascade de cheveux châtains, un sourire charmeur aux lèvres carminées s'étire – rarement –, découvrant des dents blanches parfaitement alignées. Ce minois aux traits fins est bordé d'une barbe fournie, mais cependant pas épaisse, et un nez aquilin complète le tableau.
VOTRE STYLE VESTIMENTAIRE ▬ Leoden porte souvent d'amples chemises en lin, de bonne facture lorsqu'il peut se le permettre. Il possède de grandes bottes de cuir, ainsi que des manchettes et des gants procurés chez le même marchand. Souvent, il attache à son cou une longue cape : il en a deux, une rouge et une plus foncée. Ce sont pour lui des vêtements confortables pour exercer son métier et monter à cheval. Cependant, vous le verrez aussi, souvent, porter une armure ou une cote de maille, mieux vaut être protégé en cas de gros conflit..
VOS PARTICULARITÉS ▬ Il a plusieurs brûlures, des coupures de toutes sortes, surtout localisées sur le torse et le dos, jusque dans la nuque.
VOTRE CARACTÈRE ▬ Leoden est un homme qui sait se faire discret ; s'il passe la soirée dans une taverne ou une auberge, ce ne sera pas celui que vous trouverez au milieu de la salle en train de faire rire les autres. Il n'aime pas beaucoup le contact des autres et ne le cherche pas. Moins il peut parler, mieux il se porte. Les brèves discussions qu'il entretient sont pour trouver logis et repas, ou bien pour gagner son butin de chasseur de prime. Il est solitaire, vous l'aurez compris. En deçà, c'est un homme brisé, qui a depuis longtemps rangé sa dignité au fond d'un placard. Son passé le hante, c'est pourquoi il n'aime pas se sentir enfermé, manipulé, ou qu'on l'approche de trop. Cela lui a laissé de graves séquelles, qui le rendent parfois dangereux dans sa manière de réagir. S'il se sent en danger, il n'hésitera pas à se défendre, peu importe quelle en est la source s'il y en a vraiment une. Certains pourraient le penser fou, et c'est d'ailleurs peut-être ce qu'il est, mais il s'efforce de n'avoir pas à réagir de la sorte..
CE QUE VOUS AIMEZ ▬ Comme tout homme du Rohan – oui, ne faisons pas de généralité, mais là, si –, Leoden aime la compagnie des chevaux. Ce sont des animaux avec lesquels il est très proche, il en a d'ailleurs deux aux cotés desquels il voyage. Il aime les couleurs de l'automne, le son des harpes, et la pluie. Il aime sentir la brise sur son visage, et la neige engourdir ses mains. C'est un homme qui – vous l'aurez compris – aime la Nature et ce qu'elle a à offrir.
VOUS AIMEZ FAIRE LA FÊTE, BOIRE, MANGER ▬ Leoden apprécie particulièrement la bonne nourriture : vivent les bons repas de banquet et autres délices qu'il a l'occasion de goûter. C'est vrai qu'après ce qu'il a vécu, il en a bien besoin. Il n'aime pas particulièrement le vin, mais cela ne le dérange en aucun cas d'y tremper le bout des lèvres de temps en temps. Par contre pour ce qui est de l'hydromel.. Qu'il coule à flots !
AVEZ VOUS DES PASSIONS DANS LA VIE ▬ Son métier, certainement. Mais la seule vraie passion qu'il a eu jusque maintenant fût amoureuse.
AVEZ-VOUS UN BUT DANS LA VIE ▬ Survivre. Perspicace, non ?
CE QUE VOUS DÉTESTEZ ▬ Leoden déteste particulièrement la solitude dans laquelle il est plongé la plupart du temps. C'est quelqu'un qui a peur du contact des gens, surtout des femmes – pour diverses raisons que vous découvrirez plus tard – mais qui a pourtant un extrême besoin de compagnie. Il n'aime pas l'ennui et le fuit. Et il n'aime pas non plus se faire rabaisser, aussi, il n'hésitera pas à répliquer.
PROFITEUR OU DÉBROUILLARD ▬ Manipulateur quand on ne cède pas à ses demandes, mais débrouillard quand il peut éviter le contact avec les autres.
SUR QUI POUVEZ VOUS COMPTER EN CAS DE PROBLÈME ▬ Sur lui-même..
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE AU DANGER ▬ Il réplique, sans chercher à comprendre la plupart du temps.
UN SECRET QUE VOUS GARDEZ ▬ Sa folie amoureuse, folie furieuse.
QU'EST-CE QUI VOUS FAIT HONTE ▬ Avoir succombé aux charmes de Constance, et surtout, l'avoir abandonnée..
QUEL TYPE D'ARME AVEZ-VOUS ▬ Il a une épée et de petits couteaux.
QUELLE EST VOTRE PEUR ▬ La solitude, être pris au piège, et tomber sur Constance.

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VOUS ET LA TERRE DU MILIEU ▬ Le destin de la Terre du Milieu affecte peu Leoden. A vrai dire, il ne s'en soucie pas vraiment. Tant qu'il a de quoi se loger, se nourrir et survivre, il ne combattra aux côtés de personne et contre tout le monde. Il peut aussi bien provoquer un Orque qu'un humain, et peu importe à ses yeux que les deux meurent. Il ne s'identifie au sort d'aucun peuple. Il n'a que faire des gens qui partent à la reconquête de leur montagne en proie au dernier des Grands Dragons, sauf si – bien sûr – on lui propose un butin conséquent, là peut-être que..

Rambert ne savait pas grand chose de toute cette affaire qu'était mettre au monde un enfant, mais de ce qu'il en avait entendu, il n'avait nul désir de s'approcher de sa maison pendant que sa femme était en travail. Il y avait plusieurs femmes dans la pièce pour l'aider, et un guérisseur qui avait maintes fois prouvé sa valeur depuis son arrivée au village. Rambert n'avait qu'à l'esprit de se rendre utile ailleurs, pour s'éloigner quelque peu des cris que poussait sa femme. Assis dans la cuisine, il avait mis de la neige à fondre dans un pot en terre, près du feu – les femmes en auraient certainement besoin pour laver le nouveau-né, s'était-il dit. Le visage enfoui dans ses mains, il était en train d'écouter les cris les plus horrifiants qu'ils n'avait jamais entendus. Il y avait aussi de brefs murmures de réconfort des femmes autour, mais il y avait surtout des cris. Rambert raviva le feu, la neige dans le chaudron à peine fondue lui donna une excuse pour sortir de la maison. Ils auraient besoin de plus de bois, avec un nouveau-né dans la famille, aussi il se chargea de couper une bonne pile de bûchettes. Mais ça ne changea rien, il pouvait toujours entendre les cris de sa femme. Ce n'était pas parce qu'ils montraient la douleur, mais de la façon dont ils étaient emplis de panique, qui faisait marteler le cœur de Rambert dans sa poitrine.
Rambert savait que sa femme allait mourir. Les sages-femmes n'auraient pas été chercher le guérisseur s'il n'y avait pas un sérieux danger. Rambert n'avait jamais vu une vraie personne morte ; et il ne souhaitait franchement pas que la première soit sa femme. Il se souvint de son rire, lorsqu'elle lui avait appris à danser. Son visage avait rougi jusqu'aux joues ce jour-là, mais elle avait prétendu ne rien remarquer.
Et là, alors qu'il était revenu s'asseoir dans la cuisine, le regard dans le vide, pensant que le monde était en fait vraiment un endroit terrifiant, il y eu un dernier cri, encore plus agonisant que les autres,  qui le fit trembler jusqu'à la moelle. Il disparu dans un écho lointain, résonnant dans sa tête. Il ferma doucement les yeux, dans le silence traînant, retenant les larmes.
Creuser une tombe dans un sol gelé allait être quasiment impossible, mais il se promis qu'il le ferait pour sa femme. Il ne voulait pas qu'ils gardent son corps dans la cabane du croque-mort jusqu'au printemps. Il était fort. Il le ferait même si cela lui prenait un mois. Elle lui avait appris à danser..
La porte de la cuisine s'ouvrit en craquant, et le guérisseur se faufila entre les chaises, apportant quelque chose.
« Rambert, approchez. » il lui tendit une petite chose couverte de sang avec des tous petits bras et de toutes petites jambes « lavez-le doucement. » Puis il partit.
Rambert n'osait pas bouger, de peur d'écraser cette minuscule petite chose. Il la tint dans ses bras, et de ses douces mains de joaillier, entreprit de le laver. Et soudainement, il commença à sourire. C'était une personne, un esprit, nouveau dans ce monde. C'était ça, la magie de la vie.






Miss Sanderholt avait été depuis le plus jeune âge du garnement, la gouvernante attitrée de la famille Doreath. Depuis quatre ans que la mère était morte en couche, elle avait élu domicile dans une chambre de la maison, juste à côté des cuisines, où elle occupait la plupart de son temps libre quand elle n'avait pas à garder le jeune Leoden. C'était un petit garçon plein de vie, parfois trop peut-être : rares étaient les activités capables de canaliser son énergie débordante. Il venait souvent dans les cuisines pour se faufiler dans les placards pendant que ses camarades de jeu le cherchaient sans succès. Au plus grand désarroi de Miss Sanderholt, il laissait les casseroles éparpillées sur le sol sans jamais se préoccuper de les ranger, ce qui lui valu, le jour où elle l'attrapa avant qu'il ne se cache, des remontrances dont il garda longtemps le souvenir.

Monsieur Doreath lui enseignait – quand il n'était pas occupé à son oeuvre de joaillier – la plupart des choses qu'il avait à savoir, mais c'était avec Miss Sanderholt qu'il passait la plus grande partie de sa journée. Elle le levait, l'habillait et le faisait manger chaque matin, et elle entamait le processus inverse chaque soir. Dans la journée, elle avait plusieurs heures durant lesquelles elle devait lui apprendre la lecture, mais ce petit énergumène aux cheveux en bataille portait bien plus facilement son attention sur les chevaux à l'extérieur. Miss Sanderholt avait bien de la peine dans son éducation, mais elle se devait d'aider Rambert.
Le petit bout d'homme grandissait rapidement, sans jamais perdre une once de son énergie inusable. Miss Sanderholt avait du se rendre à l'évidence : le petit Leoden n'avait que faire de savoir lire les Contes et Légendes de la Terre du Milieu, c'était bien un rohirrim, qui n'avait à l'esprit que de savoir se débrouiller sur le dos d'un cheval. Elle en avait donc fait sa mission, que de lui apprendre à monter, malgré sa jeunesse évanouie dans les méandres du passé. Monsieur Doreath était fier de son fils, même si son éducation était plus difficile que ce qu'il avait pu imaginer, et que de toute évidence il ne s'intéressait pas aux activités de la lecture et de la joaillerie. Miss Sanderholt priait souvent au ciel que Madame Doreath ne soit pas partie, elle aurait eu moins de travail avec ce jeune petit infernal.






Du haut de ses dix années, Leoden était déjà un grand garçon. Il s'était quelque peu assagi ; il ne courait plus comme un effronté dans les rues, même si son trop plein d'énergie n'avait pas péri au fil des années. Au dépit de Monsieur Doreath, qui aurait voulu que son fils prenne la suite des activités de sa maison de joaillerie comme lui après son père, le jeune garçon savait maintenant monter à cheval comme n'importe lequel de ses amis écuyers, et apprenait malgré lui à obéir aux ordres de ses maîtres. Le seul dont il craignait vraiment les remontrances restait son père, mais il ne laissait pas cette appréhension transparaître en son visage. Il avait de longs cheveux qu'il refusait de faire couper, mais Miss Sanderholt avait tout de même réussi à arranger sa crinière pour qu'elle paraisse sous son meilleur jour. Le jeune garçon menait une vie des plus banales, aux rengaines qui se faisaient parfois monotones.






Alors qu'il arpentait les sentiers sinueux des forêts qui entouraient son village, il entendit un drôle de bruit derrière lui. Il se retourna furtivement, aux aguets, mais c'était déjà trop tard. Lorsqu'il comprit d'où venait le bruit, il ne put s’empêcher de laisser échapper un cri avant que sa main ne vienne se fixer devant sa bouche, béante. Des gens qu'il n'avait jamais vus auparavant venaient de se jeter sur un garçon d'à peu près son âge – et venaient aussi de le remarquer. Sans se concerter, et avant même que le petit Leoden n'ait eu le temps de réfléchir, les deux hommes se rapprochaient dangereusement. Que pouvait-il faire ? Courir ? Non, ils le rattraperaient bien assez vite.
Bouche close, il ramena ses bras le long de son corps, et se tint bien droit, presque fier. Les hommes ne posèrent pas de question, pourtant il avait déjà plein de réponses en tête à leur fournir s'ils demandaient telle ou telle chose. Mais ces hommes-là n'étaient pas venus pour avoir des informations. Et sans qu'on ne lui demandât son avis, il fut jeté, avec l'autre petit garçon, dans un fourgon tiré par des chevaux.
Le voyage dura longtemps. Pas des heures, mais des jours. Il devina qu'ils étaient sans doute sortis du Rohan, peut-être même avaient-ils passé les frontières du Gondor. Il ne savait pas. Le transport était pénible et inconfortable, et ce fut un vrai soulagement lorsque les jeunes hommes sentirent les chevaux ralentir.
Le fourgon vacilla avant de s'arrêter pour une halte au pied d'une modeste forteresse. Les jeunes hommes furent ordonnés de descendre par un soldat de forte carrure, qui portait sur lui assez d'armes pour massacrer à lui seul une armée de bonne taille. Les six jeunes hommes marchèrent en silence, sous la pluie drue, et on les mena dans un vestibule de pierre sombre, dans lequel on leur demanda d'attendre, et s'ils le voulaient, de s'asseoir à même la pierre. Au bout d'un moment, un homme s’avança à leur rencontre :
« Vous êtes ici pour être dressés. » Ce mot fit froid dans le dos de Leoden, mais il ne bougea pas. « Vous devez vous soumettre à nous si vous voulez garder la vie, et ensuite vous exécuterez chaque ordre que l'on vous donnera. Si l'un d'entre vous souhaite se manifester, qu'il le fasse maintenant. »
L'un des gamins fit un tout petit pas en avant, en levant le bras d'un geste timide afin de se faire remarquer de l'homme. Aussitôt, sans lui laisser une seconde de répit, l'homme fit un signe de tête, et l'un des gardes s'approcha, et enfonça son épée dans le buste du garçon. Avec stupeur, les autres tentèrent de ne pas montrer leur réaction, et d'éloigner leur regard de la scène morbide.

Il furent placés dans des cachots, par groupe de deux, avec à peine assez de place pour y tenir tout en longueur. Leoden se trouva bienheureux d'être avec un jeune homme qui partageait ses sentiments, et avec qui il pouvait se lier d'amitié pour faire face à cette difficile épreuve. Galtero et lui passaient la plupart de leur temps ensemble, et ne suivaient que quelques leçons séparément. On leur avait expliqué qu'ils devaient être formés, d'abord pour leur apprendre les bases rudimentaires de leur future occupation. On voulait faire d'eux des mercenaires, des chasseurs, des pilleurs. Tout cela au service d'on ne sait qui, puisque jamais le suprême supérieur n'avait daigné leur rendre une visite dans leurs cachots.

Au bout de quelques années de cet entraînement quotidien, de maniement d'épée et de ces conditions de vie insalubres, personne ne s'était imaginé que leur vie allait prendre un tournant encore pire que là où elle les avait déjà menées.
« Je suis Constance. » annonça une voix féminine sans le dos de Leoden alors qu'il était en train de manger à une table avec ses camarades. Il esquissa un mouvement de tête pour apercevoir à qui appartenait cette douce voix, mais avant qu'il n'ait pu se retourner complètement, il prit un grand coup dans le crâne, qui le mit à terre. Il cracha du sang, ses oreilles bourdonnaient, et il ne pouvait pas se relever. Il essayait de prendre une inspiration, mais il ne pouvait pas non plus. Il entendit de nouveau la voix au dessus de lui, alors qu'une botte lui poussait l'épaule pour le mettre sur le dos.
« Je vais m'occuper de te dresser. Et je vais te briser. » annonça-t-elle, d'un ton glacial. Et il se prit un nouveau coup. Leoden se battait pour ne pas être emporté dans le néant. Il fallait qu'il reste conscient, qu'il se batte ; il ne comprenait pas. Mais toutes ses forces l'abandonnèrent lorsque le troisième coup atteint sa mâchoire.






Les yeux de Leoden s'entrouvrirent un bref instant. Son esprit était encore embrumé, sa vue troublée. Il était ventre à terre, le visage contre la pierre glacée du sol. La pièce n'était éclairée que par une torche vacillante, et les murs pavés n'avaient pas de fenêtre pour qu'il sache s'il faisait jour ou non. Il avait un goût de fer dans la bouche ; du sang. Il essaya de savoir où il se trouvait, et surtout pourquoi. Une douleur pénétrante étreignit sa poitrine lorsqu'il essaya de prendre une profonde respiration. Tout son corps était endolori. Son cœur battait dans ses tempes. C'était comme si on l'avait passé à tabac. Il tenta d'évaluer la situation : son épée était toujours dans son fourreau, et sa chemise, toute rigide du sang qui avait séché dessus.
Il tourna la tête, et du coin de l’œil, aperçu Constance. Elle était assise à une table, une coupe à la main, de laquelle elle buvait, le regard rivé sur lui.
« Ici. » ordonna-t-elle, désignant un point invisible sur le sol, juste devant elle. Péniblement, Leoden se releva, et claudiqua jusqu'à l'endroit qu'elle lui pointait. Elle se leva, écarta la chaise d'un coup de pied, lui tournant le dos pendant qu'elle passait un gant. Brusquement, elle se retourna, lui flanquant un revers de main dans la mâchoire. Les piques de fer du gant lui arrachèrent un gémissement avant de partir en éclaboussure de sang.
« J'aime mieux me servir de ma main, on sent davantage ce qu'on fait. » dit-elle, un sourire fendant son visage. Elle était belle, en dépit de ce qu'elle pouvait lui avoir déjà fait. « Écarte ta main de ton visage. »
Leoden obéit, et replaça ses bras le long de son corps, ne comprenant pas ce qui se passait. Il sentait le sang goutter le long de son menton. Il trembla de douleur, mais se jurait de ne pas le lui laisser sentir. Les yeux fermés, il retint son souffle jusqu'à ce qu'elle ne s'écarte.
Elle se dirigea vers la torche qui était accrochée au mur, et la prit doucement dans ses mains. Elle revint s'asseoir, et au même moment, jeta aux pieds de Leoden une épaisse chaîne en argent.
« Passe ça sur tes poignets. » ordonna-t-elle. Il s’exécuta. Elle vint accrocher le reste de la chaîne sur un crochet pendant du plafond. Impuissant, les bras tendus vers le haut et les fers lui coupant les mains, Leoden sentit Constance déchirer sa chemise pleine de sang. L'air frais de la pièce lui donna des frissons le long de la colonne. La torche à la main, la femme s'approcha dangereusement.
« Je veux que tu comprennes.. » commença-t-elle « .. que tu ne retrouveras pas ta liberté. Que je vais te briser, et que tu n'auras d'autre choix que de me supplier d'arrêter, et de m'obéir. » elle pencha doucement le poignet, et la flamme dansait furieusement devant les yeux de Leoden. Puis il comprit. Un hurlement de douleur lui échappa alors qu'elle appuyait le flambeau incandescent contre son torse. Il ne pouvait même pas tomber à genoux..
Elle recommença à plusieurs endroits avant de détacher les chaînes, et envoya l'homme par terre d'un coup de genou. Il se retrouva sur le dos, et elle appuya son instrument de torture contre son flanc une nouvelle fois, alors qu'il n'avait même pas eu le temps de prendre une respiration. Cela dura longtemps, et ce petit jeu ne cessait d'amuser sa ravissante demoiselle ; elle faisait en sorte qu'il soit sur le point de s'évanouir, avant de lui laisser quelques minutes de répit, et c'est tout ce qu'il eut pendant plusieurs heures, pensant qu'il n'en verrait jamais la fin vivant. Il aurait fait n'importe quoi pour éviter la souffrance. Jusqu'à l'implorer de mettre fin à ce supplice, mais il avait beau le lui demander, elle ne céda pas.
« Tu as deux heures de repos. » lui souffla-t-elle. Et malgré ces propos, il désirait la mort comme une délivrance. Ce n'était que le premier jour. Et beaucoup d'autres suivraient..

De son regard inquisiteur, elle le dévisageait, haletant et couvert de sueur. Avide de lui plaire, il était à sa merci, et il savait qu'elle n'avait pas une once de compassion. Il se livrait à sa tortionnaire, corps et âme – s'il en avait encore une. Il se battait contre lui-même pour ne pas céder à la terreur de la voir s'approcher avec son gant. Il tâchait de ne pas rester trop longtemps à terre quand elle le frappait, parce que les répercussions pour ne pas s'être relevé assez vite étaient souvent pire que ce qui l'avait envoyé au sol. Elle passait souvent quelques minutes à tapoter dans sa main le morceau de bois ou de fer qu'elle utilisait, histoire d'exacerber son angoisse, avant de le lui envoyer vilement dans la mâchoire ou dans les côtes. Il n'avait plus aucune dignité, il était le petit chien de Constance. Il avait beau supplier, implorer.. Rien n'y faisait, elle était tout aussi impitoyable que le premier jour, et ne cédait jamais. Il dormait rarement, puisqu'elle le laissait souvent passer la nuit pendu à ses chaînes ; il n'avait que peu de nourriture, et quand c'était le cas, il devait manger par terre, à même la gamelle. Leoden avait perdu la notion du temps, mais avec tous les jours qui passaient, l'activité ne semblait pas perdre d'amusement pour la belle Constance. Il n'était plus Homme.







Il savait, sans même en avoir parlé avec lui, que Galtero devait subir les mêmes épreuves de son côté. Les soirs où ils dormaient ensemble dans les caves, quand Galtero enlevait ses vêtements, Leoden pouvait apercevoir à la lueur des torches, les mêmes cicatrices que lui avait sur le torse et dans le dos. Les mêmes brûlures. Les plaies, les côtes cassées. Ils avaient ce genre de leçons régulièrement, en plus de celles qu'on leur donnait pour leur apprendre leur métier, même si Galtero et les autres étaient pris en charge par des hommes – Constance étant une des rares femmes ici. Depuis que ces leçons-là avaient commencé, ils ne parlaient presque plus. Le seul vrai contact qu'ils avaient était lorsqu'ils dormaient ensemble dans leur cachot, serrés l'un contre l'autre. C'était comme si, en plus de le priver de toute dignité, on avait voulu aussi lui soustraire le peu de répit qu'il pouvait avoir. Le mutisme de son ami participait à le rendre de plus en plus fou, et il se disait que s'il mourrait, personne n'aurait plus d'estime pour lui que pour un chien errant.







Constance se campa derrière lui, alors que ses bras, toujours tendus vers le haut, retenaient son poids tout entier dans des fers qui lui brisaient les poignets. Il s'attendait à recevoir un coup, à sentir encore la douleur irradier son corps, mais rien ne venait. L'appréhension grandissait au fil des secondes égrenées, mais elle se contenta de saisir une poignée de ses cheveux pour lui faire tourner la tête.
« Je vais te montrer quelque chose de nouveau. » commença-t-elle, alors qu'elle passait sa main sur son torse, remontant jusqu'à saisir sa gorge dans le creux du gant de métal. Elle serra légèrement. Il déglutit. La bouche contre son oreille, elle lui murmura comme une amante : « Inutile de t'opposer à moi, ou tu vas juste t'étouffer. »
Elle l'emmena à l'écart du regard des autres, dans une chambre qu'elle verrouilla, où nul ne pourrait venir les déranger. Il était forcé de se livrer à elle – même s'il avait des doutes sur le droit qu'elle avait d'agir ainsi, aussi, il avait décidé qu'il n'en parlerait pas. Cette femme était séduisante. Elle était désirable à s'en damner. Devenait-il fou ? Troublé et bizarrement inquiet, il la regarda ôter ses vêtements, découvrant une à une de grandes cicatrices blanches fendant sa peau de part et d'autre de son joli corps. Alors qu'elle l'attirait vers elle dans une étreinte menaçante, il devina qu'elle avait du partager les mêmes souffrances qu'elle lui infligeait impitoyablement. Dans ce baiser passionné, elle se pressa contre lui ; elle était devenue son souffle et lui le sien. Sous son poids, il la sentait raffermir sa prise dans sa nuque, alors qu'elle étouffait des gémissements, les muscles tétanisés. Cette tempête faisait rage dans leurs deux corps. Sans comprendre pourquoi, Leoden répondit à ce baiser avec une passion et une sauvagerie égales à celles de son amante. Constance saisit la boucle de la ceinture de l'homme qui l'embrassait, et entreprit de l'ouvrir, avant de chuchoter :
« Ce soir, ni toi, ni moi, ne dormiront.. »







Leoden passa les quelques semaines qui suivirent avec Galtero, sans voir un cheveu de sa belle Constance. Il s'était longuement demandé pourquoi elle l'avait abandonné dans le cachot avec les autres plutôt que de le prendre dans sa chambre, mais il devinait qu'il aurait eu bien moins de repos si cela avait été le cas. Il n'avait toujours que peu de nourriture, et s'étonnait de garder une musculature aussi imposante malgré cela. Galtero, lui, avait les joues un peu creusées. Cela faisait maintenant plusieurs années qu'ils se connaissaient, et qu'ils partageaient les mêmes leçons, et le même couchage dans les caves. Pas qu'il n'y ait plus d'intimité en eux, mais ils avaient subi tellement d'humiliation qu'ils n'avaient plus aucune dignité. Ils n'étaient que de vils animaux, bons pour les jeux de ces gens tortionnaires. Ils les avaient parfaitement dressés, ils n'osaient même plus fuir quand ils étaient lâchés dans la ville. On les envoyait piller des épaves, des vieilles maisons. Parfois même ils endossaient le métier de chasseurs de prime, qui bien sur ne revenait pas dans leur poche.
Une fois, ils avaient été envoyés à Minas Tirith. Le voyage avait été plutôt long, juste pour piller quelques boutiques sur les demandes d'autres commerçants. Ils avaient fini par tuer un homme et sa femme qui avaient refusé de leur donner leur butin. C'était aussi le premier jour où Galtero avait embrassé Leoden. Il ne s'en souvenait presque pas, aussi furtif que cela avait été. Ce jour-là, Leoden s'en souvenait surtout pour toute l'horreur qu'il avait amené dans son cœur. Il avait été malade pendant plusieurs jours, vomissant du sang à maintes reprises. Il ne se remettait pas d'avoir eu besoin de tuer salement un homme qui ne lui avait rien fait. Et bien sur il serait puni pour ça. Il le savait très bien. Mais il dépérissait de ne pas voir celle qui était maîtresse de son cœur, que cela occupa tout son esprit le reste du voyage de retour.











Lorsque tout son corps se languit soudain dans la douce agonie du désir, il sut, avant même de ne pouvoir la voir, qu'elle était entrée dans la pièce. Ses narines s'emplirent de son intimidable parfum, et déjà le désir ardent de capituler devant elle lui brûlait le cœur. Comme un mouvement furtif dans la brume, il ne pouvait discerner l'origine de la menace, mais curieusement, dans le peu de lucidité qu'il lui restait, il savait sans aucun doute qu'il y en avait une, et le délicieux danger ajouta à son excitation.
Avec le désespoir d'un homme pris d'assaut par un ennemi écrasant, il chercha du bout des doigts la garde de son épée, tentant de maintenir sa détermination pour ne pas se soumettre à cette femme tentatrice. Ce n'était pas le métal rutilant de la lame qu'il cherchait, mais les dents tranchantes de la rage que son arme soulevait ; une rage aveugle qui lui suffirait pour résister. Mais avant qu'il n'ait pu esquisser un mouvement, elle lui avait déjà brisé trois côtes et il roulait à terre.
Dans sa confusion mentale, il se demanda, presque détaché, comment il faisait pour être encore en vie après tant de torture. Mais comme si elle avait lu dans ses pensées, ce mot lui vient à la bouche.
« Mon amour » murmura-t-elle près de son visage. « Tu n'as pas bien travaillé. » dit-elle sur un ton méprisant. « Et tu vas devoir payer.. »
Et c'est ce qu'il fit, pendant deux jours durant, alors qu'il n'avait qu'en tête de lui plaire et de la tenir dans ses bras. Mais qui était-il, quel animal, pour se dire qu'il pourrait prendre cette ravissante femme pour lui alors qu'elle était tellement plus loin que cela ?
Le dernier jour de la torture, alors qu'il en voyait à peine la fin, il eut le privilège de pouvoir s'endormir pour quelques heures, les mains de Constance caressant ses cheveux. Il ne voulait plus se soustraire à son emprise, il était lié à elle.. Et contre toute attente, après tant d'années, elle avait ravi jusqu'à ses sentiments. Il était incapable de penser à autre chose qu'à sa belle Constance.






Dans la confusion matinale, les deux hommes blottis l'un contre l'autre sur leur maigre lit de paille s'éveillèrent au claquement de la grille de métal qui les gardait enfermés dans les cachots.
« Debout, vous avez du travail. » annonça la voix du maître de Galtero. Hâtif de sortir de sa prison, ce dernier se mit rapidement sur ses pieds pour passer ses vêtements. Leoden quant à lui, avait plus de mal à se mouvoir : ses côtes n'avaient pas tout à fait cicatrisé. Constance venait de moins en moins le voir, et il se demandait jalousement si elle ne s'était pas trouvé nouvel amant parmi ses camarades. Il aurait été prêt à tuer cet homme-là, s'il se mettait entre lui et l'objet de son amour.
Une fois sur leur chemin pour la ville qu'on leur avait indiqué, Galtero lui lança sans gêne :
« Pourquoi tu ne cherches plus à t'éloigner de cette sorcière qui se sert de toi ? »
Leoden hésita un moment, ne sachant pas s'il devait punir son ami pour avoir insulté sa Constance. Il ne savait plus où il en était. La folie avait déjà empli sa tête depuis des années de sa présence ici, avant même qu'il ne rencontre Constance.
« Moi » annonça Galtero avec assurance. « Je ne rentre pas ce soir. C'est fini, toute cette mascarade. Je veux une vie. »
Il esquissa un sourire en regardant Leoden. Ce dernier avait compris que son ami s'était libéré de son maître ; il pouvait partir, il n'avait plus d'attache. Mais ce n'était pas le cas de Leoden. Constance attendait certainement son retour, pensa-t-il pour essayer de se rassurer.
« Viens. On s'en va, on se tire. Elle ne saura pas où on est, comment tu veux qu'elle sache ? On se cachera peut-être un moment, mais je ne rentre pas et je ne peux pas te laisser leur dire où je vais. Je sais que tu leur dira si Constance te torture. Quoi qu'elle ne doit même plus en avoir besoin maintenant que tu t'es vendu à elle. » Serait-ce une once de jalousie, qui traînait dans ces paroles ? se demanda Leoden. Cependant cette fois-ci, Galtero n'avait pas essayé de l'embrasser. Pas que Leoden n'en avait pas envie, il l'avait déjà fait, mais son cœur appartenait à Constance. Sa Constance. Que cet homme en face de lui avait insultée.
Sans toutefois s'en rendre compte, il s'était déjà jeté sur lui, son couteau dans la main gauche, l'autre sur sa gorge, serrant de toutes ses forces pour que son adversaire cesse de se débattre. Pour cet affront, il devrait périr. Ainsi il n'oserait plus insulter sa belle. Mais qu'avaient-ils fait de lui.. Un vil assassin sans merci et sans vergogne..? Constance ne prenait même plus de son temps, ni pour le dresser, ni pour l'inviter dans sa couche. Juste pour le punir. Il ne rentrerait pas ce soir, pas plus que le défunt Galtero.






C'est dans les tavernes des villes qu'il écume que Leoden passe ses soirées. N'étant pas retourné voir son père, et n'en ayant pas hérité non plus, il a perdu la légitimité de son nom ; cependant il aime à le mentionner lorsqu'il se présente, cela lui donne l'impression d'être plus respectable. Il ne s'approche pas des filles qui lui proposent leurs services, et repousse aussi celles qui viennent simplement pour discuter, quitte à devenir menaçant. Il ne parle pas avec beaucoup d'hommes, il se contente de demander son chemin ou une chambre, et très souvent, des gobelets d'hydromel. Boire éloigne de lui bien des pensées dont il ne veut plus. Il continue son métier de pilleur et de chasseur de prime, se mettant au service de n'importe qui pour pouvoir subvenir à ses besoins. Il n'a jamais déçu un seul de ses clients et a régulièrement des courses, il peut donc se permettre de nourrir deux chevaux, qu'il utilise dans son métier et pour ses voyages. Il a bonne réputation dans le coin où il travaille bien qu'il soit itinérant, et a déjà chassé des têtes sur lesquelles il y avait de très gros prix. Tuer n'a plus rien à lui prendre, son Âme est nue devant la mort. Il ne sait plus pourquoi ni pour qui il vit, ni même s'il se rendrait un jour à Constance. Elle ne pouvait pas le trouver tant qu'il se cachait. Mais à quoi bon vivre si ce n'est pour faire ça ? C'était une question qui restait encore à résoudre.. D'autant qu'avec sa notoriété grandissante, il ne pourrait plus continuer ainsi, et il n'en avait point envie.

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Et voilà, je t'ai tout dit à présent. J'espère que tu t'amuseras bien parmi nous, Leoden... En espérant que tu survives en Terre du Milieu !