it's not a joke? ▵ elrohir

Sa matinée, Elrohir l’avait passée à lire, puis à discuter avec son frère, son double, son clone. Elladan était heureux pour lui. Pour ses fiançailles qui n’avaient pas été officiellement demandées. Elrohir n’avait aucune idée du moment où il lui offrirait une bague, une vraie bague. Une bague qui voudrait dire « épouse moi, je suis prêt maintenant ». Parce qu’Elrohir avait encore des choses à régler. Il avait l’approbation de son père, ça c’était sûr. Mais il devait encore l’annoncer à sa petite sœur, Arwen, et surtout à sa grand-mère. Le rituel du mariage des elfes était simple, et il espérait que Galadriel accepterait de faire office de mère pour lui. D’être celle qui accueillerait Histiel dans leur famille. C’était important pour le prince elfe. Tout autant que sa fille soit présente le jour de ses noces. Sans le parasite.

Elrohir avait décidé de passer la fin d‘après midi avec sa belle. Histiel, dont le sourire le transportait. Histiel dont le regard pétillait toujours. Histiel qui saurait tempérer ses envies de vengeance envers l’humain qui avait décidé de trainer autour de sa fille dans le but d’obtenir sa dot. Elrohir ne voyait pas d’autre solution à cette amourette. L’elfe était persuadé, vraiment, vraiment persuadé que le Parasite voulait juste un peu d’argent. Certainement pour boire un peu, se payer quelques jeunes filles de peu de pudeur, puis retrouver une nouvelle proie facile. Il ne voyait rien en la stature de l’homme qui lui donnait la moindre confiance en lui. Qui partage le lit de sa belle avant même leur mariage, hein ? C’était totalement contre nature pour lui.

Elrohir attendait donc sa belle devant chez elle, un sourire distrait sur les lèvres. La simple idée de la voir lui donnait l’impression que son cœur tout entier était sur le point d’exploser. Elrohir finit par la voir arriver et il fit quelques pas en avant, attendant qu’elle n’arrive jusqu’à lui pour la prendre dans ses bras et la serrer contre lui. Ses lèvres cherchèrent les siennes pour y déposer un tendre et doux baiser. Ensuite, il la relâcha et plongea son regard dans le sien, l’air grave. Histiel, as-tu vu notre fille depuis que nous sommes rentrés de Lothlorien ?

Un sourire grimpa sur les lèvres d’Elrohir alors qu’il entendait la voix taquine de sa tendre et douce lui demander si elle lui avait manqué. Il  nicha son nez dans son cou et laissa ses mains se refermer sur sa taille un instant de plus. Oui, elle lui avait manqué. Elle lui manquait à chaque instant où il n’était pas avec elle. Mais, ça, il ne le lui dirait pas. Pas du tout. Ce serait un bien trop grand pouvoir qu’elle pouvait avoir sur lui. Hors de question de le lui laisser. Vraiment. Elrohir voulait juste s’occuper d’elle. La choyer. La faire se sentir bien. Et, si elle avait trop de pouvoir sur lui, elle le changerait en mauviette. Or, Elrohir était un guerrier. Et, il voulait le rester. Ce serait tout de même étrange de penser ça. Mais, Elrohir n’avait pas envie de sentir ses jambes devenir toutes molles quand il serait au combat. Parce qu’il allait souvent au combat. Et, se faire ratatiner par des orcs juste parce que sa femme l’inquiétait… S’inquiétait… Les deux à la fois ? Non, hors de question. Elrohir avait sa fierté.

Et puis, il ne voulait pas non plus qu’elle lui fasse ce regard tendre auquel il ne savait déjà pas résister. Pour le faire rester ici. Pour qu’il arrête de voyager. Non, vraiment, cette femme avait déjà bien trop d’influence sur lui.

Alors, il changea de sujet. Il lui demanda, d’un air sérieux, si elle avait croisé leur fille. Il fronça les sourcils en l’entendant répondre par l’affirmative. Il se racla ensuite la gorge et désigna le banc devant la petite maison. Je crois qu’on ferait mieux de s’asseoir. Autant dire que ça n’allait pas être particulièrement facile à dire. Il n’était même pas sûr que sa dulcinée le croie. Il posa donc ses fesses sur le bout du banc pendant environ quatre secondes avant de se relever pour faire les cent pas. J’ai rendu visite à Eléanor il y a quelques jours. Je l’ai trouvée… Au lit. En train de… Faire… De s’accoupler avec un va nu pied. Un Parasite. Elrohir sentait la colère monter en lui. En dehors des liens du mariage. Le pansement était arraché. Il n'y avait pas d'autre moyen de dire ça, après tout. Pas de moyen galant, en tout cas.

Elrohir était arrivé sans réellement savoir ce qu’il allait dire à Histiel. Il la fit asseoir et immédiatement, elle paniqua. Vraiment. Elrohir leva les yeux au ciel à la mention de sa fille blessée. Franchement j’aurais préféré, grogna-t-il dans sa barbe inexistante. Il eut un rictus à cette pensée. Blessée plutôt que… « ça ». Oui, c’était dire ce qu’il se passait. Il resta ensuite silencieux durant quelques secondes avant de finalement se relever pour faire les cent pas. Elrohir n’avait jamais été un beau parleur. Il n’avait jamais su trouver les mots qui feraient passer son message sans blesser les gens. C’était un bourrin. Il avait tout du guerrier, parfois. Et là, il était coincé, parce qu’il avait eu beau retourner le problème dans tous les sens, il n’avait pas trouvé le moyen de dire ce qu’il voulait dire sans… hey bien, sans se montrer relativement grossier. Sans s’énerver. Contre lui-même plus que contre sa fille. Parce qu’il voyait bien…. Il voyait bien qu’elle était en train de grandir. Mais il voyait aussi et surtout les erreurs qu’elle commettait. Et il ne voulait pas qu’elle soit blessée parce que… Parce qu’il aurait été un mauvais père. Car, d’après lui, le souci venait de lui. Forcément. Eléa ne pouvait pas faire autre chose qu’imiter les mauvais choix dans lesquels il se complaisait depuis presque trois millénaires. Mais, par-dessus tout, il ne voulait pas la voir souffrir.

Et puis, Elrohir arracha le pansement. Il sortit ce qu’il devait sortir. Tel quel. Sans prendre trop de gants. Le silence s’épaissit entre eux, durant quelques longues, très longues secondes. Jusqu’à ce que sa Belle lui dise qu’il devait être en train de plaisanter. Elrohir secoua lentement la tête de droite à gauche. Pas un sourire ne vint fleurir sur le visage de l’elfe. Evidemment, il s’était attendu à cette remarque. Tout simplement parce qu’il avait longtemps été le roi des plaisanteries et des farces stupides et grotesques. Mais, il ne plaisantait pas. Il ne riait pas. Il était… Désespéré. Voilà, c’était le bon terme. Désespéré. Parce qu’il ne l’avait pas vu venir. Il ouvrit la bouche quand Histiel lui annonça que ça devait arriver. Tu t’y attendais, demanda-t-il, totalement surpris. Yeux ronds, il contemplait sa belle. Mais… Ce n’est pas comme ça que nous l’avons élevée. Ce n’est pas comme ça que… que les gens sont supposés fonctionner. Il tentait de se défendre. D’essayer de comprendre pourquoi Histiel n’était pas aussi choquée et outrée que lui. A ses yeux, c’était grave. C’était tout son monde qui s’écroulait. Il n’avait jamais envisagé qu’elle puisse grandir à ce point. Il soupira et hocha la tête. Ouais, parce que moi je n’ai réussi qu’à mettre les pieds dans le plat. Gros benêt qu’il était. Il avait crié et grogné avant de réfléchir. Et maintenant, il ne pouvait plus rien dire. Du tout. Parce que sa fille ne voudrait sans doute plus jamais entendre parler de lui. Il avait été, il fallait l’avouer, odieux. Mais, c’était pour son bien, quand même !

Et voilà Histiel en train de lui faire la morale. Le jeune homme observa sa bien aimée avec un sourire penaux avant de finalement hausser les épaules. C’était tellement étrange. Il avait l’impression de ne rien comprendre du tout. Rien du tout. Il secoua la tête de droite à gauche. Mais elle aurait dû le devenir. Enfin… Il se passa une main dans les cheveux. Ceux-ci commençaient à pousser légèrement. Ils lui arrivaient jusqu’aux épaules. Il allait falloir qu’il recommence à les couper. Elrohir laissa retomber sa main et il soupira tristement. Elle aurait dû apprendre assez de nous pour ne pas rester comme les humains. Les humains sont tellement… Il fit une grimace. Irrespectueux. Ce n’était pas vraiment le mot qu’il avait l’intention de dire à la base, mais pour être franc, il n’en voyait pas d’autre qui restait politiquement correct.

Elrohir avait en effet passé de nombreuses années dans les terres humaines. Il avait eu le temps de jauger l’espèce humaine. Si les Elfes étaient à son gout trop … coincés, les humains n’avaient pas plus trouvé grâce à ses yeux. Vraiment pas. Leur vie était courte, comme un battement de cil à ses yeux, et ils étaient… Tellement rapides dans tout. Leur cours envers une femme ne durait pas. Ils faisaient tout trop vite. Et, souvent, ils se trompaient. Totalement. Ils étaient malheureux à cause de ça. Elrohir n’avait aucune intention de voir sa fille se tromper. Aucune. Il voulait qu’elle soit heureuse. Mais elle sautait les étapes, les unes après les autres. Comme les humains. Elrohir en était… blessé.

J’ai pas crié, rétorqua Elrohir en détournant le regard. J’ai juste ignoré le parasite et rappelé à Eléa qu’en l’adoptant, j’avais fait d’elle une princesse aux yeux des nôtres et donc qu’elle ne pouvait pas faire n’importe quoi. J’ai pas exposé la totalité de ma pensée sur son va-nu-pied. Donc j’ai vu les fesses comme première vision, au passage. Je vais en faire des cauchemars pendant le reste de ma vie Eléa n’avait pas eu l’air d’apprécier ce qu’il avait dit.  Vraiment pas. Bon, d’accord. Il avait probablement été trop loin. Boudeur, Elrohir observa Histiel avant de soupirer. Ouais, bon d’accord. J’ai pas été tendre.

Elrohir avait toujours espéré, quelque part. Espéré qu’Eléa ne serait pas vraiment une humaine. Il possédait, malgré son grand âge, malgré tout ce qu’il avait pu voir, cette naïveté qui faisait parfois de lui un véritable enfant. Il pouvait ne pas voir les choses les plus élémentaires, tant il était absorbé par autre chose. Il s’était absorbé dans son rôle de père et avait considéré Eléa comme une petite elfe. Dès le départ. Il l’avait élevée pour faire d’elle une princesse d’Imladris. Il avait été son père dans tous les sens du terme. Il ne s’était jamais posé la question de la différence principale entre l’enfant et lui. Leurs races. Les Hommes n’étaient-ils pas les petits frères des Elfes ? Il n’aurait pas dû y avoir de problème. Il n’aurait pas dû y avoir cette différence si fondamentale qu’elle en brisait aujourd’hui le cœur du prince. Eléa n’aurait pas dû avoir une vie aussi courte. Eléa aurait dû vivre pour toujours. Comme lui. Comme Histiel. Comme sa mère et comme son père. Elle aurait dû être leur enfant par le sang. Elrohir ne l’avait jamais souhaité plus fort qu’en cet instant.

Il jeta un regard à Histiel, lorsqu’elle lui demanda en quoi les Hommes étaient irrespectueux. Ils pensent que leur courte vie leur permet tout et n’importe quoi. Ils pensent qu’ils peuvent séduire une femme et la mettre dans leur lit avant de la laisser tomber. Ils pensent qu’ils peuvent voler l’or de leur promise et la laisser devant l’autel, ils trahissent, ils n’apprennent pas de leurs erreurs. Ils… Sa voix se brisa. Eléa n’avait jamais été une Femme jusqu’à présent. Elle était un bébé elfe. Une petite fleur qui s’épanouissait un peu plus chaque jour. Et ce Parasite… Il la changerait. Parce qu’il n’avait aucune manière. Il s’en fichait. Il était grossier. Elrohir ne voulait pas qu’on touche à son bébé. Vraiment pas.

Il finit par raconter dans les grandes lignes à sa promise ce qu’il s’était passé. Parce qu’il le fallait bien. C’était sa mère. Il fallait qu’elle soit au courant. Il fallait qu’elle entende la réalité des choses. Et puis, il fallait qu’elle lui parle. Vraiment. J’espère que tu pourras lui faire entendre raison, dit-il en croisant les bras. Elrohir était inquiet. Pour la première fois depuis qu’il avait adoptée Eléa, il était inquiet. Il avait peur pour elle, pour son futur. Il lui ouvrirait toujours sa porte, à elle. Au parasite, certainement moins. Elrohir ne voyait que le mal en lui. Pas parce qu’il avait partagé le lit de sa fille, non. Mais parce qu’il ne lui avait pas fait la cours proprement. Qu’il n’avait pas demandé aux parents d’Eléa l’autorisation de la courtiser. Elrohir l’aurait fait, si Histiel avait encore eu ses parents. Il les aurait informés. Il leur aurait demandé leur bénédiction. Mais, la situation n’avait pas pu se présenter, puisqu’Histiel était orpheline. C’était à elle de prendre ses décisions. Mais, Eléa avait ses parents. Des parents qui l’aimaient. Le Parasite n’avait pas fait les choses comme il le fallait. Et puis, il n’avait même pas demandé la main d’Eléa avant de la mettre dans son lit. Ce manque de convenance irritait l’elfe au plus haut point. Je lui parlerais, dit-il d’une voix lasse. Plus tard. Quand j’aurais décoléré. Ce n’est pas le moment. Elrohir envisageait de quitter la cité un mois ou deux, tuer tous les orcs qui se trouveraient sur son chemin, se calmer. Et puis, revenir pour parler à Eléa. C’était généralement ce qu’il faisait lorsque les évènements allaient trop vite pour lui, lorsqu’il avait besoin de prendre du recul. Et là, clairement, il avait besoin de beaucoup de recul.

Histiel se faisait la voie de la raison. Elle faisait souvent ça avec lui, et Elrohir avait pris l’habitude de ne pas répondre. Pas tout de suite. Parce qu’il avait tendance à réagir très vite. Très fort. Et ensuite, et bien, une fois que les mots méchants étaient sortis, il ne pouvait plus les rattraper. Vraiment plus. C’était trop tard, le mal était fait. Et, elle pouvait le détester pour ça, un jour ou l’autre. Elle pouvait le haïr et choisir de ne plus lui parler. Ou pire. Rompre ce qu’ils avaient construits depuis un moment. Rompre ce rapprochement entre eux. Et ça, Elrohir ne le voulait pas. Vraiment pas. S’il n’arrivait pas à accepter le comportement de Eléa, eh bien, il ferait ce qu’il faisait à chaque fois. Il attraperait Elladan par la peau du cou et il irait combattre une bonne centaine d’orcs. Pas en même temps, parce qu’il n’y survivrait pas. Mais, les uns derrière les autres. Et, quand il serait calmé, il reviendrait à Imladris. C’était ce qu’il avait toujours fait. C’était la seule chose qui lui permettait de prendre du recul. De vraiment voir que les choses pouvaient aller mieux. Elrohir était un homme d’action. La politique et toutes ces choses qu’Ada tentaient de lui inculquer étaient parfois – souvent – au dessus de ses forces. Car, il n’aimait pas les ronds de jambes. Il était bien trop franc pour faire un bon dirigeant, même s’il avait plus la tête sur les épaules que son frère. Il restait impulsif et incapable de faire des concessions. Il avait appris à en faire, certes. Mais pas sur tout. Il y avait des points qu’il refusait catégoriquement de changer.

Les doigts d’Elrohir se mêlèrent à ceux de sa fiancée et il sourit tristement à ses paroles. Elle avait probablement raison, mais il était à la fois trop épuisé, triste et déçu pour le voir. Ajoutez la colère qu’il ressentait pour ne pas l’avoir vu venir, et vous obtenez un Elrohir qui avait bien besoin de se défouler un coup. Mais, maintenant qu’il y avait Histiel dans sa vie, de manière officielle, il ne pouvait plus… partir du jour au lendemain sans rien dire à personne pour revenir trois semaines plus tard. De toute façon, Elladan et moi devons monter à Mirkwood pour aller voir Thranduil. Je ne lui parlerais qu’à mon retour, avoua-t-il. Il ne précisa pas qu’ils allaient monter un peu plus au Nord pour aller jusqu’à Laketown, histoire de vérifier si cette histoire de dragons était vraie ou pas. Tu auras tout le temps pour lui parler … Il serra les doigts de l’elfe en face de lui et lui sourit tristement.

Elrohir avait besoin de s’éloigner. Pas d’Histiel, ça non ! Jamais. Il l’aimait de tout son petit cœur d’elfe et il le savait bien : jamais il ne pourrait l’éviter. Bon, sauf si elle devenait embêtante. Mais, ce n’était pas dans ses projets. Histiel avait toujours été la voix de la raison, pour lui. Elle avait toujours été là pour lui et elle lui avait toujours fait comprendre, parfois à grand coup de phrases qui le faisaient se sentir idiot, qu’il allait trop loin. Mais, Elrohir avait une vilaine manie. Il avait une très vilaine manie qui ne partirait jamais, peu importe combien de fois on lui tapait sur le crâne. Ou qu’on lui tirait les oreilles. Elrohir était du genre à s’énerver vite. Il sentait la moutarde lui monter au nez encore plus facilement que les nains s’enfilaient un tonneau de bière. Et, quand la moutarde était montée, il était bien souvent trop tard : il criait, il râlait et ensuite… Il allait bouder.

Une part de lui était persuadée que cette « tare » provenait de son sang humain.

Et, pour le coup, Elrohir avait prévu d’aller bouder à Mirkwood, avec Elladan. Cela lui semblait être un plan parfait pour laisser la moutarde redescendre. Elladan avait toujours la bonne idée au bon moment. C’était fou. Ainsi, il allait s’éloigner de sa fille et de sa défloration, mais aussi et surtout de la source de sa colère : le Parasite. Oui, répondit-il à Histiel avec un sourire. Au moins, ce voyage – qu’il comptait bien faire durer un peu – allait lui permettre de prendre du recul sur tout ça, et il le savait : quand il reviendrait, une part de lui aurait accepté l’existence du parasite. Sans aller jusqu’à se mettre à l’apprécier, il n’aurait plus envie de l’écrabouiller sous sa chaussure juste en le voyant.

Elrohir observa un instant sa belle alors qu’elle lui demandait quand il allait partir. Il haussa simplement les épaules en guise de réponse. Lorsqu’Elladan sera prêt. Elladan devait aller à Fangorn avant de repartir pour Mirkwood, si Elrohir avait bien suivit ce que lui avait dit son frère. Il a quelques affaires à régler à Fangorn avant de repartir pour le Nord. Donc probablement pas avant une ou deux semaines. Elrohir baissa les yeux vers ses doigts, qui tenaient toujours enlacées les mains d’Histiel. Tu sais qu’il n’aime pas rester ici très longtemps. Elladan avait toujours eu plus de difficultés à rester à Imladris. Elrohir y voyait surtout les souvenirs positifs qu’il avait eus avec sa mère. Elladan y voyait la souffrance de la séparation et la douleur qui cuisait toujours dans son cœur. C’était une des rares choses qui séparaient les jumeaux d’Elrond.

Dans tous les cas, Elrohir le savait : il ne pouvait pas rester en place. Certes, il était là bien plus souvent que son frère, mais ce n’était pas possible pour lui d’être là « tout le temps ». Il avait besoin de s’éloigner, de se retrouver dans autre chose. Et puis, pour être totalement franc, son frère lui manquait drôlement quand il n’était pas là. Il avait besoin de passer du temps avec celui qui avait partagé la quasi-totalité de ses journées jusqu’à ce que leur mère parte pour Valinor. L’absence d’Elladan était un morceau de son cœur qu’on arrachait à chaque fois qu’Elladan se faisait la male et qu’Elrohir ne le voyait pas partir. Son frère avait cette tendance à disparaitre à l’aube, avant même que le prince ne soit levé, et Elrohir restait là, avec l’impression qu’il ne le reverrait jamais.

Il n’était pas certain qu’il pouvait expliquer cela à Histiel. Certes, sa promise était compréhensive et elle acceptait de l’écouter quand il partait dans ses idées plus ou moins folles, mais ce n’était pas forcément facile d’expliquer à quelqu’un qui ne l’avait jamais connu ce lien particulier qui liait les jumeaux entre eux. Mais, comme Histiel le disait, il avait encore le temps, réellement. Fangorn n’était pas la porte à côté. Tu as raison. Et puis, un voyage comporte toujours des imprévus. quelques jours de retard pour visiter un endroit qui avait changé depuis le dernier passage. Une route bloquée par les inondations, obligeant à faire un détour. Une attaque d’orcs… oui, pas d’attaque d’orcs. Elrohir refusait qu’il arrive quelque chose à son frère. Ou à Elinà.

Elrohir ne répondit pas à la remarque de sa promise. Pas vraiment. Parce qu’il n’y avait rien à dire. Il l’attira contre lui et déposa un baiser sur son front. Ensuite il s’éloigna pour rentrer dans la maison d’Elrond où il prendrait le temps de réfléchir à toute cette histoire. Parce que, c’était quand même un véritable casse tête.

sujet terminé.