Comment se faire pardonner ? [flashback][solo]

Sa rencontre avec la naine l’avait laissé….. comme ça. Et puis, la façon dont elle s’était terminée, il se sentait… comme ça. Difficile de clarifier ses sentiments malgré tout le temps passé dessus, à tourner et retourner les choses dans la tête, séparer le bon du mauvais grain, il lui arrivait parfois de voir tout noir et parfois de voir tout rose.. au final, il se sentait comme une naine amoureuse, sauf qu’il était un nain et qu’amoureux, il était bien en peine de dire s’il était amoureux.. après tout, il lui avait parlé quoi ? l’espace d’une micro matinée, même pas, seulement quelques heures. Mais quelle matinée !!
S’il avait pu, il aurait fait une pause dans le temps pour rester avec elle plus longtemps, surtout quand elle souriait et riait et qu’il souriait et riait avec elle et que son cœur battait et battait et… il se devait de se faire pardonner. Encore incertain, il était sûr d’une chose, il lui fallait passer plus de temps avec elle. Il saurait se faire pardonner, avec le temps, avec les mots, elle verrait qu’il n’était pas un goujat malgré ses actions passées, même si lui-même en était venu à douter. Chaque fois qu’il y repensait, il baissait la tête en la secouant, grognait, grommelait, se tapait le front de sa main, il lui était même arrivé de se frapper le front contre un mur avant de remarquer qu’il était observé, embarrassé.
Kili était un nain expressif, tout passait sur son visage, ses joies, ses peurs, ses peines et sa honte. On pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, pas besoin d’être un lettré pour ça mais aux yeux des autres, il devait passer pour un fou. Il avait passé beaucoup de temps à s’entraîner au tir à l’arc depuis, autant parce que sa vie importait à Dame Fraia que parce que cela lui permettait d’occuper son esprit. Il ne s’était jamais autant entraîné, aussi longtemps en une seule journée. Il en avait attrapé une ampoule à l’index et la corde de son arc était bonne à changer, sans parler d’une partie de ses flèches. Il se rendit à l’archerie pour le faire réparer et ce faisant il lui vint une idée. Équipé d’une corde neuve et de nouvelles flèches, il prit son carquois et la direction de l’extérieur, il allait passer la journée dehors.
L’air frais lui fit du bien, fouettant son sang et son esprit d’une brise revigorante. Il avait prétexté une partie de chasse en solo pour sortir se changer les idées mais aussi pour trouver des fleurs à offrir à sa Dame, pour tenter de se faire pardonner. Il aurait tout aussi bien pu l’acheter à un marchand qui l’aurait sans doute mieux composé que lui mais il voulait le faire lui-même, c’était important à ses yeux que cela vienne entièrement de lui.
La forêt grouillait d’animaux en tout genre à cette heure, petits et grands, enfin surtout petits. Kili aurait préféré un animal à bois qu’à pompon pour s’exercer sur une cible mouvante. En traversant la (mini) plaine, il avait débusqué un couple de caille qu’il avait eu juste le temps de viser pour les voir tomber du ciel comme des pierres. A elles deux, elles feraient un bon dîner, même si les attacher toutes deux à sa ceinture lui serra le cœur. Au moins étaient-elles mortes ensembles, côte à côte. Le cerf, il mit du temps à le débusquer, silencieux comme il était, toujours à l’affût, mais il était lui-même sur ses gardes et bientôt, il entendit le bruit caractéristique de sa respiration. Caché dans les fourrés, bien à l’abris dans le sens opposé à la petite brise qui soufflait, il l’observa un moment, sa façon de tourner les oreilles, d’agiter la queue, d’arracher des touffes d’herbes. Il profitait du couvert des arbres pour continuer à manger mais il avait été repéré, débusqué d’après les empreintes qui partaient du point d’eau. Tout doucement, il tendit son arc en le visant, fermant un œil et retenant sa respiration. Tout doucement, il pointa son arc vers son cou, là où l’on devinait l’artère et expirant, il laissa la flèche filer vers sa cible avant de faire mouche. Le reste se passa très vite, l’animal prit de panique mais touché mortellement au cou, tenta la fuite dans la mauvaise direction et le nain eu tout juste la présence d’esprit de rouler plus loin pour l’éviter. A bout de souffle, l’animal échoua sur le sol, roulant des yeux tout en s’agitant pathétiquement avant de se redresser. Kili encocha une nouvelle flèche en lui courant après, tirant dans une patte pour le ralentir. La bête s’écroula à nouveau mais il ne lui laissa pas le temps de se relever, couteau en main, il planta sa lame de toute ses forces, abrégeant les souffrances de la pauvre bête à l’écume sanglante. Une flèche brisée contre une intacte, un maigre prix pour une vie.
Il mit du temps à s’occuper de l’animal avant de le charger sur ses épaules, courbant le dos pour supporter son poids. Une plus grosse bête aurait nécessité de l’aide pour la remonter, il avait bien choisi sa cible aujourd’hui. Traversant la plaine en sens inverse, il s’arrêta pour déposer son butin sur le sol, se reposer. Chasser lui avait changé les idées, la naine avait fini par lui sortir de la tête pour quelque temps mais à peine pensa-t-il cela que son visage, son expression revint à la charge. Passant sa main sur son visage, il s’affala sur le sol et s’allongea de toute son long dans l’herbe, bras et jambes écartés. Le ciel était dégagé, aucun nuages à l’horizon, une journée parfaite en soi. Pourtant, il avait un goût amer en bouche, celui de la culpabilité, celle de l’avoir oublié un court instant.
L’herbe embaumait et les insectes butinaient, dansant autour de lui en bourdonnant et en chantant. Il soupire avant de se redresser en position assise, avisant le cerf qui n’allait pas tarder à attirer les insectes. Pourtant, en voyant les fleurs, il se mit à cueillir un petit bouquet avec celles qu’il trouvait belles et en accord avec la Dame. Ce n’était pas de belles fleurs digne d’un grand bouquet mais de petites fleurs comme un enfant en offrirait innocemment. Pour Kili, elles suffisaient car aucune fleur n’aurait pu égaler la beauté de Fraia. Les mains pleines, il les posa à terre avant d’attraper son cerf pour repartir avec le tout, ferme et décidé, ce soir, il irait frapper à sa porte.