[Dol Amroth] Rapport d'attaques [Aisling]

Assit dans le petit bureau où j’ai l’habitude de travailler en fin de journée, je laisse ma plume répondre aux mots de cette rose à la langue acérée qu’est Svéa. Mon amie d’enfance réussit toujours à me faire sourire, quelles que soient les circonstances dans lesquelles je reçois ses corbeaux. Avec les attaques actuelles, je dois avouer avoir du mal à trouver le temps de sourire. Les rapports viennent de toute la côté pour nous annoncer des attaques de pirates, et j’ai beau tenter de chercher une solution encore et encore, je ne vois rien à faire. Les pirates font des raids, les uns derrière les autres, dans des villes sans aucune cohérence. C’est comme s’ils choisissaient leurs villes au hasard simplement parce que leur bateau se trouve à côté. Je n’y comprends rien, comme le montre la carte étalée sur la table. On y voit le golfe et de nombreuses croix à l’encre rouge, avec à côté des dates pour signifier les attaques. Certaines, comme Dol Amroth, ont une petite liste de dates, et cela m’exaspère au plus haut point. Ma cité est au cœur de cette carte, du moins pour ce que j’en sais : tous les rapports ne nous sont pas encore parvenus, et je pense que d’autres que moi doivent aussi faire ce travail.

Ma plume crisse sur le papier et j’attrape précipitamment une feuille de buvard pour absorber la goutte qui est tombée sur mon parchemin. Je l’enlève ensuite et constate avec soulagement que la goutte n’a pas eu le temps de tâcher. Je reprends alors ma lettre et termine en jetant de la cendre dessus pour faire sécher l’encre. Je plie le parchemin et y appose mon sceau personnel avant de me lever et de sortir du bureau. Dans le couloir, je remets le pli à un page avec pour consigne d’aller le porter à la volière. Svéa doit attendre ma réponse avec autant d’impatience que j’ai envie de voir la sienne, alors que le pli n’est toujours pas parti. Je soupire et me dirige vers la salle d’audience. Père est indisponible aujourd’hui et c’est mon devoir de prince de prendre place et d’écouter ce que le peuple et les ambassadeurs ont à nous dire.

Avant de commencer, je consulte le registre où doivent s’inscrire les plaignants du jour. J’en parcours la liste sans être réellement concentré, certain que de toute façon je verrais les gens les uns après les autres et que j’aurais le temps de voir leurs problèmes lorsqu’ils me seront exposés. Cependant, je m’arrête sur une ligne et mon regard se durcit. Décidément, les pirates sont partout. Je me tourne vers le conseiller de mon père qui va me seconder aujourd’hui et désigne la ligne. Faites entrer cette Aisling en premier, je vous prie. Il s’incline et s’éloigne de moi pour aller appeler, dans la grande salle d’attente, cette Aisling. Je m’installe, non pas sur le trône de Père, mais sur la table au centre de la pièce où se trouve une carte ressemblant à celle de mon bureau et quelques livres de compte dont je pourrais avoir besoin. J’en attrape un et laisse mon doigt glisser sur l’écriture fine et liée de mon père. Je relève les yeux lorsque la porte se ferme et je désigne la place en face de moi. Installez vous, Damoiselle.