why are you here? ❄ adrahil

Adrahil s’était isolé quelques heures. Il avait trouvé un endroit dans la cité qui semblait désert à toute heure du jour, et il s’était assit contre un arbre. Son regard était perdu dans le vide. Il avait une main posée sur son genou relevé et l’autre sur sa cuisse. Il ne savait plus comment tourner le problème dans sa tête. Vraiment plus. Parce qu’il en avait assez de cet endroit. Oh, pas de la beauté des lieux, ça non. Imladris était probablement l’endroit le plus merveilleux qu’il ait jamais vu. Chaque détail des habitations, chaque plante semblait être à sa place pour former un tableau de perfection absolue et totale. Il ne pouvait pas rêver de plus bel endroit.

Mais, il n’était pas chez lui. Ce n’était pas sa maison. Et, surtout, la raison pour laquelle il se trouvait là le dépassait tout simplement. Il n’arrivait pas à s’y faire. Devoir courtiser une princesse elfe… Une princesse humaine élevée par des elfes, plus particulièrement, il n’y arrivait pas. Il n’arrivait pas à se dire qu’il devait mentir à cette demoiselle simplement parce qu’on le lui avait ordonné. Ce n’était pas sérieux. Vraiment pas. Pas agréable du tout. Surtout que son cœur était pris depuis sa plus tendre enfance.

Mais, avait-il le choix ? Pas vraiment. Les deux princes d’Imladris avaient menacé de mettre à mal les relations diplomatiques entre sa cité et celle où il était désormais coincé. Il ne pouvait pas faire ça à son père, surtout quand celui-ci avait approuvé le plan de bout en bout. Parfois, Adrahil se demandait si son père n’était pas un peu fou. Parce qu’il voulait marier son fils de force, sans lui demander son avis. Adrahil pensait que les unions se construisaient sur un peu plus que de la politique, voyons. Des choses plus profondes. Des points communs. Des sourires échangés. Un amour qui naissait. Alors, certes, il n’avait jamais espéré aimer sa femme au premier regard : il avait toujours été conscient qu’il y aurait une part de politique dans son mariage. Mais, tout de même ! Il ne pouvait pas juste … Juste se retrouver, comme ça, à être marié parce qu’il devait être marié. En plus, cette fille en aimait un autre. Ce n’était pas juste pour elle.

Adrahil poussa un soupir et laissa sa tête partir en arrière. Il ferma les yeux. Décidément, il n’y arrivait pas. Il ne voyait pas de solution à ce souci. Un bruit retentit alors sur le côté et Adrahil tourna la tête, voyant une elfe brune s’approcher de lui. Il se leva d’un bond et s’inclina légèrement. Ma Dame, dit-il simplement, tout en se demandant ce qu’elle faisait dans cet endroit où il passait quelques heures presque chaque jour pour éviter ses gardes et Elrohir.

L’elfe lui répondit en commun qu’il était la personne qu’elle souhaitait voir. Le jeune homme fut surpris. Qu’est ce que, lui, pauvre mortel, pouvait bien avoir fait pour attirer une elfe ? A moins qu’elle ne soit comme les démoniaques jumeaux d’Elrond et ici pour lui extorquer quelque promesse. Adrahil commençait à se demander réellement ce qu’il se passait dans cette cité. Les elfes, jusque là, lui avaient semblé être de nobles créatures, mais bon. Au final, il avait l’impression que s’il y avait autant de légendes sur les elfes, c’était parce que les humains ne voulaient pas frayer avec de telles créatures. Et, pour le coup, ils avaient raison. Quand on voyait ce que ça avait apporté à Adrahil, il se demandait si ça valait le coup de continuer toute cette mascarade. En quoi l’alliance avec Imladris pouvait-elle être plus importante que son intégrité morale, hein ? Heu… , fit-il, un peu perdu devant ce que lui disait l’elfe. Effectivement, Ma Dame, c’est la première fois que je vous vois, dit-il simplement. D’un autre côté, il avait vu tellement d’elfes ici, qu’il ne pouvait littéralement pas reconnaitre tous ceux et celles qu’il avait vus. Je vous en prie, dit-il en désignant le sol. Il s’installa à côté d’elle, se demandant littéralement ce qu’il allait bien pouvoir faire pour vivre cette histoire sans s’en sortir avec de nouvelles séquelles elfiques.

Adrahil se demanda littéralement s’il avait réellement un ancêtre elfe. Il se demandait littéralement ce qu’il se passait dans leur tête pour être aussi.. tordus. Enfin. Il y avait des tordus chez les Hommes aussi. Il le savait bien. Il suffisait de voir les pirates qu’il avait combattus quelques mois auparavant. Avant qu’Elrohir ne débarque à Dol Amroth pour lui dire qu’il y avait un traité à renégocier et qu’il ne se mette à le manipuler pour lui faire éloigner sa pupille d’un va-nu-pied, indifféremment de ce que Adrahil pouvait souhaiter. Puis-je vous demander votre nom, Ma Dame ? Il me semble que vous me connaissez, mais je ne sais rien de vous. D’un autre côté, il ne devait pas y avoir beaucoup d’humains dans la cité d’Elrond, ça non. Il était plus facile pour les elfes de découvrir qui il était que le contraire. Adrahil sourit. Je m’excuse de ne pas avoir quelque chose à vous proposer à boire. Etre méfiant n’était pas réellement une chose qui devait le retenir d’avoir les bonnes manières qu’il avait toujours eues.

Enchanté, Ma Dame, répondit-il avec un sourire. Visiblement, elle connaissait son nom et son rang, mais cela ne l’empêcha pas de se présenter rapidement : Je suis Adrahil de Dol Amroth. Il sourit et hocha la tête, pour saluer l’elfe correctement. Il ne savait pas s’il fallait lui faire un baise main. Ou ce genre de chose. Quoi qu’il en soit, comme il n’avait prévu de voir personne, il n’avait pris ni provision ni quoi que ce soit à boire, et il s’en excusa auprès de son invitée imprévue. Il n’était pas tout à fait certain qu’elle le prenne mal, après tout. N’était-elle pas celle qui venait rompre l’isolement dont il avait besoin ?

Effectivement, répondit-il avec un léger sourire. Après tout, il se demandait ce qu’une Dame Elfe pouvait faire face à lui, surtout qu’elle avait visiblement entendu parler de lui. Il ne savait pas par où commencer à lui demander des explications. Après ses mauvaises expériences avec les jumeaux d’elrond, il avait du mal à savoir comment réagir face à eux. Ni comment leur parler. Ni comment leur dire ce qu’il pensait. Et, d’ailleurs, les paroles de Dame Histiel étaient inquiétantes, d’ailleurs. Il l’écouta jusqu’au bout, jusqu’à finalement l’entendre lui demander de parler sans craintes. Il inspira un grand coup et se passa les mains sur les yeux. Par quoi commencer, hein ? Il ne le savait pas vraiment. Il tourna la tête vers la jeune femme. Vous m’assurez que je n’aurais aucun ennui ? Le Seigneur Elrond ne m’en voudra pas si je vous révèle la vérité ? Il avait une expression inquiète sur le visage. Le Seigneur Elrohir a été pourtant très clair… Si jamais quelqu’un découvrait ce qu’il manigançait, le traité entre Dol Amroth et Imladris serait rompu et… Il secoua la tête de droite à gauche. Pardonnez-moi. Je suis incohérent.

Il se redressa souplement – certes, moins qu’un elfe – et il fit quelques pas avant de se retourner face à l’elfe. Il y a quelques semaines, le Seigneur Elrohir est venu à Dol Amroth pour renégocier le traité entre nos cités. Il a demandé à ce que je l’accompagne ici pour lui rendre un « service ». Ce service consistait à éloigner sa fille adoptive de quelqu’un qui… n’était pas de son rang. Je n’ai pour l’heure vu qu’une seule fois Dame Eléa, et je dois avouer ne pas savoir comment me comporter avec elle. Ce n’est pas qu’elle ne me plait pas… Elle est très belle et très aimable mais… je trouve le procédé du Seigneur Elrohir… Il laissa sa phrase en suspens, cherchant ses mots… Malsain. Ce n’est pas en forçant quelqu’un à tomber amoureux qu’on va… forcément changer ses sentiments ou le rendre heureux.