Linaëwen

NOM&PRÉNOM ▬ Linaëwen SURNOM ▬ Lina ÂGE ▬ 625  PATRIE, RACE ▬ Elfe Sylvain LIEU DE NAISSANCE ▬ Mirkwood RANG SOCIAL ▬ AiséPROFESSION ▬ GuérisseuseSITUATION AMOUREUSE ▬ En couple mais chut.... POUVOIRS ▬ Elle possède le don de guérir  qu'elle a développé au fil des sièces

VOTRE PHYSIONOMIE ▬ Linaëwen est une elfe. Elle est donc plus grande qu’une humaine. Fine et élancée, elle se tient toujours droite, la tête haute. Elle possède de longs cheveux bruns légèrement bouclés qui tombent jusqu'au milieu de son dos. Elle a de grands yeux vert amande, très expressifs. Toutefois, à la clarté du jour, ils virent quelque peu au jaune et deviennent plus envoûtants que jamais. Et son regard se met à briller lorsqu'elle contemple quelque chose qui attise sa curiosité et son intérêt.
Elle a des traits à la fois doux et froids. Elle pourrait paraître peu abordable de prime abord mais elle offrira rapidement son plus beau sourire, créant autour d'elle une véritable vague de chaleur et de bonne humeur.
Son teint est quelque peu pâle et ses joues naturellement rosées. Elle a de longs doigts fins et des ongles toujours parfaitement entretenus. N’oublions pas ses oreilles pointues. Elles ont beau être presque toujours dissimulées sous sa chevelure de jais, on les devine aisément.
Elle a également un grain de beauté sous l’oeil droit qui ne fait qu’accentuer son charme naturel. Elle a tendance à rougir dès qu'elle est un peu gênée.
VOTRE STYLE VESTIMENTAIRE ▬ Linaëwen est souvent vêtue de longues robes de soie aux couleurs pastels qui mettent en valeur la couleur de ses yeux. Ornées de broderies d’or et de perle, elles subliment la beauté naturelle de celle qui les porte. Elle a toujours autour de sa taille, une sacoche contenant quelques herbes médicinales. Ses cheveux sont toujours lâchés, libres pour le vent de souffler entre les mèches. Elle arbore un bijou d’argent au sommet de sa tête, dont le port est des plus élégants.
C'est du moins ainsi qu’elle est parmi les siens.
En dehors de sa forêt, sur les routes ou lors de ses recherches de plantes, elle enfile un pantalon de cuir qui facilite ses mouvements. Son haut est fait d'un tissu souple et respirant souvent de couleur rouge. Sans oublier une armure faite sur mesure qui la protège en dehors de ses murs. Dans son dos, une épée dans son fourreau brodé d’or s’est ajouté à sa panoplie du petit voyageur. Évidemment, à sa ceinture se trouve toujours sa sacoche aux merveilles. Elle ne la quitte jamais. Elle a ôté l’ornement de ses cheveux et les noue à l'aide d’une broche d’or pour empêcher des mèches de lui tomber devant les yeux. Elle porte également un long manteau gris à capuche pour dissimuler son visage ou par temps de pluie.
VOS PARTICULARITÉS ▬ Elle s'est découvert un vrai talent avec son épée mais elle perd tous ses moyens sans elle et sans son bouclier. Elle tente de remédier à  ce problème.
VOTRE CARACTÈRE ▬ Linaëwen est une elfe d’une grande douceur. Cela se voit dans ses gestes, sa façon de se déplacer de parler. Elle n'utilise jamais un mot plus haut que l'autre, elle prend le temps et réfléchit toujours avant de s’exprimer. Le ton est calme et posé, reposant même. De cela découle une grâce qu'elle a vraisemblablement pris à Dame Elbereth.
Toujours à l'écoute de ses prochains, elle a su acquérir une sagesse que l’on attend pas forcément chez une aussi jeune elfe. Elle tente toujours de donner conseils à ceux qui en recherchent. Cela ne l’empêche pourtant pas de n’en faire qu'à sa tête. Son père n'a de cesse de lui répéter de s’en tenir à son rôle de guérisseuse, mais elle a à coeur de suivre son instinct et ses envies. Ce qui n'est pas du goût de ses proches évidemment.
De nature très curieuse, c'est ce trait de caractère qui la définit le mieux. C'est celui qui la pousse à découvrir de nouvelles personnes, de nouvelles plantes, de nouvelles techniques de combat. Elle aurait certainement pu se contenter de la Forêt Noire et de ses habitants, mais son besoin de découvrir le monde a été plus fort et le sera toujours. Évidemment, elle tient à revenir de temps à autre pour s’assurer que ses proches se portent bien. C'est le minimum qu'elle leur doit, faisant de son mieux pour éviter les humeurs de son père. Mais c'est sur les routes aux côtés de Brey qu’elle s'épanouit le plus.
Vous l’aurez compris, Lina pourrait être une parfaite pacifiste et pourtant. Elle a eu l’un des meilleurs professeurs qui lui a appris à se défendre et se battre avec une épée. Elle a recours à la violence qu'en cas d’extrême nécessité, préférant guérir et soigner plutôt que de blesser et donner la mort. Mais elle sait les temps durent et qu’ils ne vont pas aller en s’améliorant. Elle le voit tous les jours sur les routes qu'elle parcourt.
Très généreuse également, elle n’hésitera pas à donner ce qu'elle a aux plus nécessiteux. Elle a grandi dans l'opulence et s'est rapidement enquise de ceux qui souffraient de faim dehors, au-delà des murs qui la protégeaient, l'aveuglaient même. Elle est aussi d'une extrême pudeur. Elle ne montre pas ses sentiments en public, qu'ils soient positifs ou négatifs. Ses joues prennent de vives couleurs dès qu'on lui porte un intérêt particulier. Elle tente néanmoins de se montrer taquine pour détourner l'attention de son visage empourpré.
C'est une femme très indépendante qui ne supporte pas de se plier aux ordres. Elle a fait profil bas très longtemps et quand elle a "fui" sa famille, elle a décidé que nul ne lui dicterait ce qui était bon ou non pour elle de faire.
CE QUE VOUS AIMEZ ▬ Lina aime toutes les choses de la vie, surtout les bonnes. Elle aime les sermons de son père. Elle aime la voix apaisante de sa mère. Elle aime les bras protecteur de Brey. Elle aime le soleil qui se lève et qui se couche le soir pour laisser la place à sa soeur la lune. Elle aime le chant silencieux du vent dans les branches des arbres. Elle aime l'odeur de la sauge sauvage. Elle aime le bruit d'une lame que l'on retire de son fourreau.
Lina aime Breignir. Elle aime tout chez lui, le bon comme le mauvais. Elle l'aime d'un amour qu'elle ne saurait décrire avec des mots.
VOUS AIMEZ FAIRE LA FÊTE, BOIRE, MANGER ▬ Raisonnablement. Lina a été élevée dans l’art de la discrétion et des bonnes manières. Elle n'est donc pas femme à festoyer dans les bars avec des amis.
AVEZ VOUS DES PASSIONS DANS LA VIE ▬ Pourrait-on dire tout ? Sa curiosité la pousse à se donner à fond dans tout ce qu’elle entreprend. Elle y met tout son coeur et pourrait même se condamner pour l’une de ses passions.
AVEZ-VOUS UN BUT DANS LA VIE ▬ Protéger et sauver le plus de monde possible. Elle sait cela n'être qu'une utopie pourtant.
CE QUE VOUS DÉTESTEZ ▬ La lâcheté et la violence gratuite l’horripile. Elle se fâche difficilement mais pourrait s’emporter en un claquement de doigt face à une injustice.
PROFITEUR OU DÉBROUILLARD ▬ Elle est totalement débrouillarde. Profiter ne fait pas partie de son éducation.
SUR QUI POUVEZ VOUS COMPTER EN CAS DE PROBLÈME ▬ Sur cet homme qu'elle ne devrait pas fréquenter. Elle a une confiance aveugle en lui. Elle s'est même lentement éloignée des siens à cause de ce qu’elle ressent pour lui.
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE AU DANGER ▬ Elle dégaine son épée, prête à en découdre. Elle n'est pas une femme à qui l’on dit de s’asseoir et d’attendre. Elle aime prendre les choses en main et ne laisse personne lui dicter ses actes.
UN SECRET QUE VOUS GARDEZ ▬ L’homme avec lequel elle aime passer ses nuits.
QU'EST-CE QUI VOUS FAIT HONTE ▬  L'esprit parfois trop étriqué des siens qu'elle a longtemps partagé.
QUEL TYPE D'ARME AVEZ-VOUS ▬ Elle utilise une longue épée forgée par son propre père. Il aurait voulu la léguer à son fils, mais il n'eut qu'un enfant.
QUELLE EST VOTRE PEUR ▬ Perdre les siens à cause de la folie des Hommes.

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VOUS ET LA TERRE DU MILIEU ▬ Lina est totalement révoltée par ce qu'il se passe et par tous ceux qui osent fermer les yeux. Ce qui la poussa à enfin quitter sa terre natale fut Breignir, quand elle le découvrit, mourant, à l'orée des bois qui menait chez elle. Ses blessures n'étaient pas dues à une simple chute. Alors il avait fallu qu'elle parte de chez elle, qu'elle voit de ses propres yeux, qu'elle prodigue de l'aide à ceux qui en avait besoin. Toutes ces années à perfectionner son don lui seraient enfin des plus utiles.

Linaëwen était la fille de Dame Elbereth et du Seigneur Nòm. Ce dernier faisait partie de la cour du roi Thranduil. Il avait toujours été un admirateur du roi, faisant tout pour attirer ses bonnes grâces. Discret, prudent, trouvant toujours les bons mots pour que ses idées soient entendues et appréciées à leur juste valeur. Lina tenait de lui pour cela.
Dame Elbereth était encore plus discrète et bien moins bavarde. En particulier depuis qu’elle avait eu son adorable Linaëwen. Le père s’était renfrogné de ne pas avoir de fils pour héritier mais n’avait pas non plus renier la chair de sa chair. Car en posant ses yeux dans les siens, il lui sembla y lire un avenir glorieux et prometteur. Dame Elbereth consacra tout son temps à l’éducation de sa fille. Elle serait certainement amenée à épouser un noble - c’était ce qu’ils espéraient tous les deux. Sa mère ne voulait pas non plus faire de son « petit rossignol » une femme docile comme elle l’était. Elle voulait que Lina puisse avoir ses propres idées qu’elle défendrait une fois en âge de le faire. Alors elle l’éduqua dans ce sens. Evidemment, la mère de Lina était loin d’être malheureuse, bien au contraire, mais elle voulait que Lina puisse autant de choses qu’elle le voudrait.
Elle l’appelait son « petit rossignol » car la petite adorait chanter et enchantait son entourage de sa voix fluette et gracile. Quand elle vous regardait droit dans les yeux tout en chantant, vous ne pouviez faire autrement que de rester là sans bouger à apprécier le spectacle. Un art qu’elle pratiquera de moins en moins avec le temps mais qu’elle n’abandonnera jamais totalement. Elle le faisait souvent sans rendre compte, perdue dans ses pensées, ses rêves et elle chantonnait. Elle le continuait de le faire encore aujourd’hui.

Peu avant sa puberté, sa mère commença à lui enseigner l’art de la guérison. C’était un don qu’elle avait perçu chez son enfant mais elle avait un peu attendu avant de lui enseigner ces secrets. Elle attendait qu’elle soit en âge de s’y intéresser vraiment. Elle avait inscrit tout ce qu’elle savait dans un livre à la reliure en cuir rougie par le temps. Chaque soir, elles feuilletaient ensemble le journal de Dame Elbereth qui répondait aux questions toujours plus nombreuses de la jeune demoiselle. Rapidement, Lina prit les choses en main, complétant les informations qu’avaient récoltées sa mère. Elle corrigeait ce que sa mère avait déjà noté, ajoutait, enlevait. Elle s’était appropriée le manuscrit qui deviendrait son livre de référence plus tard. Cela demandait du temps, de la concentration, de l’énergie et parvenait quotidiennement à attiser sa curiosité. Il y avait toujours plus à apprendre. Il y avait encore des plantes qu’elle ne connaissait pas, qu’elle n’avait pas encore vu et étudié. Un jour, elle y parviendrait, elle s’en fit la promesse.

Cependant, avec le temps, cela ne lui suffit plus. Elle souhaitait toujours guérir ses semblables et en apprendre d’avantage sur les plantes qui poussaient sur la Terre du Milieu, mais elle sentait que ce n’était plus suffisant pour elle, plus assez stimulant. Son esprit s’en satisfaisait, mais pas son corps. Alors pour changer de la pratique de la médecine, elle se lança dans la couture. Ca ne lui plu pas vraiment mais elle pouvait se vanter d’être une véritable touche-à-tout. Mais ça ne dura pas longtemps, là encore, ça n’était pas suffisant.

Alors elle se tourna vers un nouvel art que son père avait dit être réservé aux mâles de l’espèce. Elle avait vu nombre de ses pairs s’entraîner à l’art du combat, des jeunes demoiselles y compris, et après plusieurs mois à les observer sans rien dire, elle osa demander à ce qu’on le lui enseigne. Comme la majorité des siens, elle commença par tenir un arc. Il y passa des heures entières, des journées, des semaines même. Mais elle se révéla être bien moins douée qu’elle l’espérait. Elle finit par accepter le fait que ce n’était pas pour elle. Ce n’était qu’une question d’armes toutefois, car elle n’abandonnait pas le combat pour autant. Non seulement pour se défendre elle - bien qu’à cet instant elle n’avait aucunement l’envie de quitter Mirkwood  -  mais également pour défendre ceux à qui elle tenait. Son professeur, aussi déterminé qu’elle à la faire progresser. Il lui donna alors des dagues, pour voir si c’était là les armes qui lui conviendrait le mieux. Là encore, ce n’était pas fameux. Une fois de plus, elle n’abandonna qu’après de nombreux mois d’acharnement. Il fallut de nombreuses tentatives infructueuses pour qu’elle trouve enfin son arme de prédilection. Ce serait le maniement de l’épée. Tout lui avait plu dans cet objet. De la lame qui glissait hors de son fourreau, au son de deux lames qui s’entrechoquaient. Un sourire victorieux avait alors illuminé son visage.

L’apprentissage de ce nouvel art demanda d’avantage de temps et d’énergie à la jeune femme. Elle voulait se perfectionner. Ne pas être la meilleure non, mais qu’une fois l’arme en main, qu’il soit impossible ou presque de la lui enlever. Son professeur était des plus habiles et elle n’aurait pu rêver meilleur précepteur. Ils s’entendaient parfaitement bien tous les deux. Si bien qu’ils avaient fini par se voir en dehors de leurs entrainements. Il fut le premier à l’accompagner dans la forêt, l’avait poussé même à le faire. Elle n’avait jamais osé franchir les portes auparavant. Elle avait surtout craint que son père ne finisse par la retenir de force ici. Mais étonnement, en apprenant que son héritière avait mis les plantes de côté pour se consacrer à la même passion que lui, il décida de lui léguer l’épée qu’il avait normalement forgé pour un fils. Elle n’avait pas caché la joie immense qui l’avait envahie. Son père était finalement bien moins froid qu’elle ne l’avait pensé. Mais au moment où elle lui souhaita la bonne nuit, il lui confia qu’il aimerait qu'elle rencontre un certain elfe. Et il la laissa ainsi, dans le couloir, le regard perdu dans le vague. Elle savait pertinemment ce que cela voulait dire. Il ne lui laissait même pas le choix de faire ses propres rencontres. Elle passa des jours à ruminer, à protester et s’était évidemment plainte à sa mère.

Dame Elbereth avait du user de beaucoup de patience et d’arguments pour convaincre son époux et sa fille. L’un avait pris sa décision sans consulter personne et ne laissait le choix à personne. L’autre voulait vivre sa vie, découvrir le monde. Elle voulait prendre ses propres décisions, comme sa mère le lui avait enseigné. Chaque jour elle s’évadait dans la forêt, avec ou sans son maître d’arme - mais souvent tout de même. Ce dernier faisait de son mieux pour servir les intérêts de Nòm qu’il admirait en tentant de convaincre la demoiselle. Tous les arguments étaient bons et il parvint à lui faire admettre d’au moins le rencontrer.

« Je n’aurais rien à perdre certes, mais je ne peux concevoir qu’il me jette dans les bras d’un parfait inconnu convaincu que ce serait la meilleure des choses qui puisse m’arriver… »

Plus que réticente, elle avait refusé de mettre l’une de ses belle robes, préférant garder son pantalon et son armure. Elle avait l’allure d’une guerrière alors qu’elle n’en avait pas l’âme. Malheureusement, l’elfe que Nòm lui présentait, ne s’arrêta pas à cette première impression. Elle pouvait aisément reconnaitre qu’il n’était pas désagréable à regarder. Ils vinrent à discuter en tête à tête et chaque fois qu’il ouvrait la bouche, Lina le dépréciait d’avantage. Il tentait de lui prouver qu’ils pourraient être parfaitement heureux ensemble mais il était loin d’être convaincant.

« N’avez-vous jamais rêvé de mieux ? D’un monde où vous seriez libre d’être qui voulez, avec qui vous voulez ? Ou vous ne seriez pas obligé d’obéir à des règles qui vous semblent absurdes et désuètes ? Vous pourriez vous repaître de mets dont vous n’avez jamais rêvé. Vous pourriez visiter des terres encore jamais explorées. Vous partageriez des moments de joie simples avec des amis de fortune, rencontrés à une taverne bondée dont les clients seraient de différents horizons, de différentes races…. »

Plus elle parlait et plus il la regardait admiratif mais ne semblait pas comprendre le moindre mot qui sortait de ses lèvres. Elle rougit quelque peu, leva les yeux au ciel. Il lui avoua ne pas avoir en grande estime les autres peuples qui foulaient cette terre. Il n’aurait pu trouver meilleure façon de faire fuir la demoiselle. Alors elle quitta le domaine en direction de cette chère forêt si reposante. Elle apprit plus tard que son prétendant avait quitté Mirkwood pour Valinor. Elle en fut toutefois navrée.


Au milieu des arbres, des plantes et des animaux, elle appréciait le silence. Non, ce n’était pas un vrai silence. Elle entendait ce qui se tramait. Ce n’était encore que de simples murmures lointains, mais ils étaient bien là. Ils annonçaient la venue de moments troubles. Ils annonçaient des heures à venir plus sombres que la plus noire des nuits sans lune. C’était un grondement sourd à peine audible qui semblait prendre de l’ampleur de jour en jour. Ce bruit trouvait écho dans la poitrine de Lina. Elle rêvait d’autre chose encore. Elle voulait voir plus que ce qu’elle avait toujours vu entre ces murs, cette forêt.

Puis un jour, comme répondant à son silencieux appel, alors qu’elle se décidait enfin à dépasser les portes de verdure qui la séparait du reste du monde, elle tomba nez à nez avec un homme. Ce dernier, mourant, était certainement venu chercher de l’aide. Ses blessures étaient graves mais elle pourrait le soigner, elle le devait. Pourquoi ? Elle s’était longuement posée la question. A présent elle savait que c’était ainsi qu’elle était. Elle se faisait un devoir de sauver tout le monde. Peut-être aussi était-elle destinée à lui sauver la vie.

Elle l’emmena à l’abri de tout et de tous. Elle ne prit pas le risque de le ramener chez elle, sachant pertinemment que personne ne l’accueillerait à bras ouverts. Elle leur créa alors un abri sûr, reculé dans la forêt. Elle s’appliqua à le soigner, prenant le temps qu’il faudrait pour le remettre sur pied. Elle resta auprès de lui, ne sachant même pas combien de temps ils demeurèrent ici. Elle passa des heures à le regarder, détailler chaque détails de son visage, de son corps. Elle finit par le connaître par coeur. Chaque cicatrice qui striait sa peau, chaque ligne d’encre bleue dans son tatouage. Quand enfin il rouvrit les yeux, ce fut comme s’il pouvait lire en elle. Breignir. Elle demeura auprès de lui, jusqu’à ce qu’il fut en état de reprendre le route. Mais quand il fit ses adieux, Lina insista pour se joindre à lui. Elle ne pouvait se résoudre à passer le reste de sa longue vie loin de lui. Elle ignorait encore d’où venait ce besoin étrange d’être auprès de lui. Evidemment, il refusa qu’elle se joigne à lui. Mais bornée comme elle l’était, elle insista jusqu’à ce qu’il finisse par accepter. Le plus dur à présent, serait de le faire accepter à sa famille. Quitter Mirkwood n’était pas une mince affaire.

« Comprenez bien que je ne vous abandonne pas, je ne le pourrais jamais, mais j’ai besoin d’en voir d’avantage. J’ai besoin de faire mes propres expériences, mes propres choix, mes propres erreurs. J’ai besoin de voir ce que le Monde a à offrir. N’est-ce pas ainsi que vous m’avez élevé ? N’est-ce pas là ce que tu voulais que je fasse, » demanda-t-elle enfin à Dame Elbereth.

Car jamais elle ne pourrait les abandonner, ils le savaient aussi bien qu’elle. Ils savaient également à quel point leur fille pouvait être entêtée. Il fallut quelques jours de réflexion qu’elle leur accorda sans broncher. Si la réponse finale était positive, alors l’attente n’aurait plus aucune importance. Evidemment, elle tut l’autre raison - d’un mètre quatre-vingt douze - qui la poussait à partir. Elle profita de ces quelques pour saluer ses amis et en particulier son maître. Elle le remercia encore pour tout ce qu’il lui avait enseigné et elle lui promit qu’elle ne manquerait pas de le voir quand elle reviendrait. Quand enfin ses parents acceptèrent, ils lui firent promettre de revenir aussi souvent qu’elle le pouvait et pas seulement pour une journée ou deux. Nòm lui céda une jument pure sang qu’il espérait lui remettre le jour où il prendrait le chemin de Valinor. Elle rassembla des affaires, n’oubliant pas son recueil de guérisseuse, sa sacoche et des vivres.

Ce fut ainsi que Linaëwen parvint à parcourir la Terre du Milieu en compagnie d’un homme qu’elle apprit à connaître et à apprécier. Ce qu’elle ressentait pour lui était d’ailleurs troublant car ça ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait connu jusqu’alors. Ils restèrent ensemble des années à patrouiller dans différentes régions et villages. La cause qu’il défendait était plus que juste et elle ne pouvait se résoudre à s’éloigner de lui. Pourtant où qu’ils aillent, elle était toujours regardée avec intérêt et inquiétude, la réputation de sa race la précédait. Mais ses talents étaient rapidement reconnus et appréciés des villageois qu’ils croisaient.
Même lorsque Brey revint auprès des siens, elle demeura à ses côtés. Pour le soutenir dans cette dure épreuve et toujours pour prodiguer des soins à ceux qui le réclamaient.

Plus elle passait de temps aux côtés de l’humain, plus elle ressentait des choses qu’elle n’aurait jamais cru possible. Chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui, sa poitrine devenait douloureuse et son palpitant s’affolait plus que de raison. Chaque fois qu’il lui souriait, l’air autour d’elle semblait lui manquer. Mais jamais elle ne se serait éloignée de lui. Jamais elle n’aurait voulu faire taire ces sensations inédites et divines. Petit à petit, elle comprit ce qu’il lui arrivait. Elle comprit pourquoi elle était ainsi en sa présence, à sourire naïvement chaque fois qu’il prononçait son prénom.

Une nuit, alors qu’ils logeaient tout dans une auberge pour se reposer, elle ne parvint pas à fermer l’oeil de la nuit. Allongée, les yeux grands ouverts, elle se languissait d’avantage de l’avoir près de lui alors qu’elle le savait dans la pièce à côté. Elle se leva rapidement, une main contre le mur, prenant le temps de peser le pour et le contre de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Les pour étaient évidents. Elle savait que les sentiments qu’elle avait pour lui étaient réciproques. Elle l’avait compris à la façon dont il la regardait. Il faisait d’elle la personne la plus belle et la plus importante de sa vie. Son père regardait sa mère exactement de la même façon et elle savait l’amour qui unissait ses parents.
Les contres en revanche étaient aussi évidents. Elle était une elfe et lui un Dùnadan. Il était mortel. Elle avait des milliers d’années devant elle. Elle pourrait mourir le jour où il ne serait plus. Son coeur se serra alors dans sa poitrine, plus douloureusement encore que lorsqu’il n’était pas prêt d’elle. Elle prit une profonde inspiration et se rua dans sa chambre, en pleine nuit, faisant fi des convenances et de son éternel pudeur. Ce serait maintenant ou jamais. Il était manifestement surpris de l’entendre et elle était plus que soulagée de se libérer de ce poids qui peser sur sa poitrine.

Puis ils reprirent la route qui finit par les mener jusqu’à Arathorn qui affrontait des orcs. A chaque coup qu’elle évitait, elle remerciait secrètement celui qui lui avait tout appris sans oublier de jeter un regard à son bien-aimé. Elle fut alors en première ligne lorsqu’elle vit le prince des Dùnedain s’enfuir avec Dame Gilraen. L’avenir était encore plus noir qu’elle ne l’aurait pensé. Ce que les arbres lui avaient murmuré étaient vrai. Et ce n’était que le commencement…

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Et voilà, je t'ai tout dit à présent. J'espère que tu t'amuseras bien parmi nous, Linaëwen... En espérant que tu survives en Terre du Milieu !