shana - [fiche validée]

NOM&PRÉNOM ▬ Shana. SURNOM ▬ Son frère Reda l'appelait souvent Nana, surnom qui a été repris par beaucoup des membres de la troupe. Mais Shana reste un prénom assez court pour être utilisé souvent. ÂGE ▬ Vingt-six ans. PATRIE, RACE ▬ Shana est une Haradrim, fille de Kleïan le magicien et de sa femme Jelba. LIEU DE NAISSANCE ▬ Ses parents étant des saltimbanques, artistes itinérants, Shana est née sur la route quelque part dans le désert du Harad. RANG SOCIAL ▬ Shana a eu la chance d'avoir été mariée à un riche marchand. Elle s'est sédentarisée et vit désormais dans une grande maison à An Karagmir. PROFESSION ▬ Danseuse, poète, maîtresse de maison. SITUATION AMOUREUSE ▬ Mariée, avec deux adorables enfants : Sheïma qui a bientôt 9 ans, et Caleb qui en a 4. Elle est d'ailleurs enceinte de son troisième enfant.POUVOIRS ▬ Aucun.

VOTRE PHYSIONOMIE ▬ Shana est une femme assez petite aux formes généreuses et harmonieuses. La danse qu'elle pratique depuis toujours et sa vie sur les routes lui ont conféré un corps gracieux mais robuste, fragile et fort à la fois. Sa sédentarisation et ses maternités ont eu raison de la minceur et de la jeunesse fougueuse de son corps mais Shana reste une belle femme qui ne se laisse pas aller à la luxure et à la paresse. Elle reste tout de même une jeune femme au visage et aux expressions parfois angéliques et enfantines. Son visage rond porte les traits caractéristiques des femmes du désert, si son teint basané et baigné de soleil n'est pas déjà une preuve suffisante de ses origines. Ses cheveux crépus sont sa plus grande fierté et elle en prend grand soin, appliquant des masques plusieurs fois par semaine. La plupart du temps elle ne les coiffe pas, les laissant emprunter leur volume et leur forme naturelle, mais il lui arrive de les relever à l'aide d'un bandeau ou d'un foulard. Ses yeux sont d'un vert clair et sont incroyablement expressifs, à tel point qu'il lui est difficile de réussir à cacher ses émotions ; ses pupilles sont telles une porte ouverte sur son âme. Son regard est doux, patient et bienveillant, mais il peut être également très sérieux, autoritaire ou glacial lorsque que cela est nécessaire.
VOTRE STYLE VESTIMENTAIRE ▬ Niveau vestimentaire, Shana aime les tissus colorés et légers. Elle a développé un goût pour les tenues raffinées que portent les dames issues de la haute société et c'est l'un de ses plaisirs coupables. Son mari étant un riche marchand, elle a dû apprendre assez vite à s'habiller correctement pour assister aux repas et recevoir les partenaires commerciaux de son mari. Lorsqu'elle est simplement chez elle, Shana porte des tenues plus décontractées et aime les robes ou les pantalons légers et volages qui la gardent au frais et épousent ses mouvements. Elle aime parfois se vêtir du même style tenues qu'elle portait lorsqu'elle était avec sa troupe de gitans, en particulier lorsqu'elle danse ou qu'elle reçoit ses parents lors de très rares occasions. Elle apprécie les bijoux, en particulier les bracelets et les boucles d'oreilles. Elle n'a jamais été une grande admiratrice des dorures et des parures avant son mariage, mais en vieillissant elle y a pris goût. Lorsqu'elle sort de la maison où qu'elle reçoit des invités, Shana porte un léger voile coloré sur sa tête, généralement un foulard très fin posé délicatement sur ses cheveux sans pour autant les cacher. C'est une coutume traditionnelle pour les femmes mariées et Shana est fière de la pratiquer.
VOS PARTICULARITÉS ▬ Quelques cicatrices sur ses bras et ses jambes, souvenirs d'une enfance passée à courir, danser et donc bien sûr tomber assez fréquemment.
VOTRE CARACTÈRE ▬ Shana est avant tout un être qui respire la joie, le bonheur et l'amour. La petite fille qu'elle était souriait plus que de raison. Curieuse, émerveillée par le moindre geste, le moindre rire et les petits miracles de la vie qui régalaient ses yeux d'enfant. Elle aimait la vie, les oiseaux dans le ciel et le soleil. Le ciel bleu, les chants et les musiques de sa troupe et d'ailleurs. Elle aimait le sable et les dunes qui l'avaient vu naître, les roulottes et l'odeur du bois peint. Les gens et leurs différences amusantes, les soirées autour du feu et les grandes plaines d'herbes qu'elle découvrait au cours de ses voyages. Tout l'intriguait et tout l'intéressait. Elle aimait danser plus que tout, sentir le vent caresser son visage et l'hilarité qu'elle ressentait lorsqu'elle tournoyait à ne plus pouvoir en sentir ses jambes.
Cette petite fille heureuse et innocente est toujours là, mais la vie l'a quelque peu éraflée. Shana a grandi entourée de sa famille et des membres de leur troupe, elle n'a jamais été seule. Et pourtant elle n'a pas reçu d'amour ni d'attention de la part de ses parents, trop préoccupés par leur propre ego et leur propre succès pour réellement se soucier des petits êtres qu'ils avaient mis au monde. Son père ne s'intéressait que vaguement à ses deux fils qui pourraient un jour reprendre le flambeau et constituaient une main d’œuvre utile et efficace. Sa mère était une femme effacée et trop dévouée à son mari pour avoir un caractère bien à elle ; tout ce qu'elle a appris à sa fille était d'être belle, docile et discrète. Seul son frère Reda semblait l'aimer et Shana jetait tout son dévolu sur lui. Il était son seul repère et son départ fut brutal pour la petite fille qui se retrouva perdue. Les manipulations de son autre frère détruisirent son innocence aussi bien du point de vue physique que psychologique.
Aujourd'hui Shana est une femme bienveillante et joviale, mais elle n'est plus la jeune fille naïve qu'elle était. Elle sait profiter de la vie et des chances qu'elle lui offre, mais elle est désormais réaliste et a les pieds bien ancrés sur terre. Elle a confiance en son mari et en ses proches, mais se méfie des gens qu'elle ne connaît pas. Elle sait diriger sa maison avec une autorité douce mais rigide, de la même façon qu'elle élève ses enfants.
Shana est généreuse et même si elle a pris goût aux confort de sa vie aisée et sédentaire, elle reste une femme simple et accessible. Elle ne refuse jamais de donner à ceux qui sont dans le besoin et aime s'engager dans la vie de la communauté. Le commerce de son mari ne l'intéresse que très peu ; Shana est une artiste, une amoureuse de l'imagination et de la création. Mais elle a tout de même appris les rudiments auprès de Namvar et l'aide lorsqu'il en a besoin. Elle est une oreille attentive et loyale, une bonne conseillère qui prend les problèmes des autres très à cœur et fait tout son possible pour les aider.
Shana a beau être tolérante, elle a tout de même extrêmement du mal à pardonner. Ce n'est pas une rancunière pure est dure car la vengeance n'est pas dans son esprit, mais sa confiance est extrêmement difficile à récupérer une fois qu'elle est bafouée.
En tant que mère, elle chérit ses enfants plus que tout autre chose au monde. Elle tient la violence en horreur et malgré tous ses efforts, ne parvient pas à l'accepter. Par contre il ne fait aucun doute qu'elle serait prête à mourir pour protéger Sheïma et Caleb. Contrairement à ce qu'était sa propre mère, Shana est aussi expressive dans ses démonstrations d'amour que dans celles de ses déceptions.
CE QUE VOUS AIMEZ ▬ Shana aime sa famille, son mari, ses enfants. Elle aime aussi ses amis et son personnel. Shana aime danser évidemment, et la musique. Elle aime aussi la lecture, qu'elle pratique depuis son mariage, et s'est mise à la poésie après la naissance de Sheïma.
VOUS AIMEZ FAIRE LA FÊTE, BOIRE, MANGER ▬ Shana a toujours aimé faire la fête. Les réunions festives sont ce qui la rend la plus heureuse au monde. Elle aime les démonstrations de joie et le partage du bonheur. Elle aime manger évidemment, en particulier les plats relevés et épicés qui sont dans sa culture. Elle aime boire mais a passé l'époque où elle buvait pour se rendre encore plus joyeuse qu'elle ne pensait pouvoir l'être. Aujourd'hui elle boit raisonnablement lors des repas et partage parfois une bouteille avec Namvar lorsque celui-ci le désire.
AVEZ VOUS DES PASSIONS DANS LA VIE ▬ Bien sûr, la danse est la première de ses passions. C'est bien plus qu'une passion en fait : la danse fait partie intégrale de son être.
AVEZ-VOUS UN BUT DANS LA VIE ▬ Shana désire voir ses enfants grandir et souhaite qu'ils restent une famille unie. Plus que tout, elle espère que ses enfants restent soudés et ne s'abandonnent jamais - qu'ils ne l'abandonnent pas.
CE QUE VOUS DÉTESTEZ ▬ Shana n'aime pas vraiment les tâches ménagères mais se force tout de même à aider ses employés en charge de l'entretien de la maison. Car ce qu'elle déteste le plus, c'est l'ennui, mais aussi et surtout avoir l'impression de profiter des gens. Avoir des gens à son service n'a pas été une chose facile pour elle qui avait l'habitude de tout faire au sein de la troupe de gitans, et même après dix ans, cela reste quelque chose d'assez étrange pour elle.
PROFITEUR OU DÉBROUILLARD ▬ Débrouillarde. Shana a toujours su se débrouiller, et même si elle mène aujourd'hui une vie confortable, elle n'a pas oublié d'où elle vient.
SUR QUI POUVEZ VOUS COMPTER EN CAS DE PROBLÈME ▬ Shana a entière confiance en son mari Namvar. Elle sait qu'elle peut compter sur lui quoi qu'il arrive, et il compte sur elle également. Elle a confiance en ses dames de compagnies qui travaillent pour elle depuis son mariage, surtout en Djermina. C'est elle qui lui a appris les rudiments de la vie de dame, elle qui a mis au monde ses enfants. Elle voit en elle comme une mère qu'elle aurait rêvé avoir et lui fait entièrement confiance.
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE AU DANGER ▬ Shana n'est pas une battante ni une femme au courage exceptionnel. De plus, elle a trop à perdre : ses enfants. Elle chercherait donc une solution pour prendre la fuite.
UN SECRET QUE VOUS GARDEZ ▬ Shana ne garde pas de secret particulier, mais elle ne parle pas de cette période où son frère la vendait à des hommes pour que le spectacle de son père ait plus de succès. Namvar est au courant, mais ils n'en parlent jamais et Shana agit comme si elle n'y pensait plus mais ces souvenirs restent ancrés dans sa tête, surtout maintenant qu'elle voit sa propre fille grandir.
QU'EST-CE QUI VOUS FAIT HONTE ▬ D'avoir été salie par des hommes qui payaient son frère. D'avoir été utilisée comme un objet alors qu'elle n'était qu'une enfant.
QUEL TYPE D'ARME AVEZ-VOUS ▬ Shana n'a pas d'arme.
QUELLE EST VOTRE PEUR ▬ La solitude est la plus grande peur de Shana. Elle ne supporte pas de se sentir seule, inutile et transparente. Elle a besoin d'attention et a besoin de se sentir aimée, a besoin d'aimer. Maintenant, elle a aussi une angoisse extrême de perdre ses enfants.

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VOUS ET LA TERRE DU MILIEU ▬ Shana ne connaît pas grand chose de la Terre du Milieu en dehors du Harad. Elle a visité des villes et villages du Gondor de nombreuses fois, et est allée une fois au Rohan, mais c'est à peu près tout ce qu'elle connaît. Depuis qu'elle possède des livres et parchemins, elle s'est instruite un minimum sur le monde extérieur, mais toutes ces régions, toutes ces races étrangères ne sont que des idées dans son esprit. Tout cela est si différent, si étrange et surtout extrêmement loin et cela la touche très peu. Elle n'a jamais rencontré d'elfe, de nain, de hobbit. Il est très rare qu'elle croise même un homme ou une femme à la peau blanche maintenant qu'elle n'est plus sur les routes. Shana vit excentrée dans une douce oasis qu'elle chérit, et a oublié ses rêves enfantins de découverte.
Elle est tout de même au courant de ce qui se passe au loin, car elle adore écouter les récits des voyageurs. Ces derniers temps cependant, Shana a l'impression que ces histoires ne sont plus aussi légères et merveilleuses qu'elle l'étaient avant. On entend parler d'Orcs, ces créatures qu'elle pensait seulement imaginaires, on entend parler de raids meurtriers et certains disent que le Mordor semble être plus sombre et funeste que jamais. On dit que les vents tournent et que les pirates sont plus terribles et plus assoiffés de sang que jamais. Shana entend ses histoires et ne sait vraiment quoi en penser. Tout cela est étrange, dérangeant, effrayant. Mais ici, ils ne craignent rien. Ici, ils sont loin de tout, ils sont en sécurité. C'est ce qu'elle pense, et c'est ce qu'elle se dit pour se rassurer lorsque ces récits lui font froid dans le dos. Ici, rien ne peut leur arriver.

« Gentes dames, mes seigneurs, pour le plus grand plaisir des yeux merveillés, venu des sables mystérieux au désert l'Harad... Kleïan le magicien ! » Elle levait alors les bras et ses mains libéraient une poudre mauve et parsemée de ce qu'elle appelait de la poussière d'étoiles. Jelba souriait, bougeant son corps au rythme des tam-tams. Sa voix exotique et son westron approximatif annonçaient de manière sensuelle avant chaque numéro l'arrivée de celui qui se prétendait être le plus grand prestidigitateur au sud du Rohan. Kleïan sortait de derrière le décor, portant avec fierté ses vêtements hauts en couleurs et son turban de soie mauve. Son regard dégageait une confiance en soi frisant l'arrogance, ses traits étaient renforcés par un maquillage savamment dosé et habillés de cette fine moustache qu'il soignait au quotidien avec la plus grande attention. Il lançait un regard théâtral à Jelba qui prétendait être soudainement ensorcelée par son charme, puis le rejoignait en dansant pour finir dans ses bras sous les quelques applaudissements des spectateurs qui s'étaient arrêtés pour regarder.
Derrière les cinq maigres panneaux qui constituaient le décor, Shana était assise dans la poussière, jouant avec sa poupée de tissu. Ses deux frères s'agitaient autour d'elle, attentifs à l'avancement du numéro, prêts à rentrer au moment convenu pour apporter du matériel et apporter une contribution nécessaire aux différents tours de passe-passe – qui constituaient en général à faire disparaître leur mère aux yeux du public. « Slayn, vite, la table, » ordonna Reda en haradrim, et son petit frère se pressa de pousser la petite table de bois jusqu'au rideau par lequel ils entraient sur la « scène ». Shana leva les yeux quelques secondes de son jouet pour observer Reda tirer une grosse boîte et suivre Slayn de l'autre côté. Avant de passer le rideau, il s'arrêta et son regard se plongea dans celui de sa petite sœur. « Ne t'inquiète pas Nana, je reviens tout de suite. » Il lui sourit, puis disparut. Shana ne bougea pas, les yeux rivés sur le rideau, observant sans ciller les pans bouger sous la bise du soir. Reda reviendrait, il revenait toujours.

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Ses petits pieds couraient maladroitement sur les graviers, slalomant entre ces gens à la peau et aux habits si différents des leurs. Shana tenait entre ses doigts d'enfant un panier qu'elle tendait à ces grandes personnes, leur offrant un sourire aussi pur et innocent que l'était son cœur. Rares étaient ceux qui s'en retournaient sans ne rien lui donner, ne pouvant résister à ces grands yeux verts et à ces fines bouclettes brunes. Les piécettes même les plus insignifiantes tintaient au rythme de ses pas, et Shana s'en faisait une musique dans sa tête, adaptant sa course aux ondes musicales qu'elle s'inventait, tournoyant sur elle-même quand la joie l'emportait et que des notes s'échappaient de sa petite bouche déjà si créative. Les gens riaient, amusés par cette distraction supplémentaire, et son petit trésor musical s'agrandissait au fil de sa danse. Puis les gens s'en allaient, et Shana retournait en courant dans la roulotte tandis que ses frères terminaient de ranger le décor. Kleïan se faisait démaquiller par Jelba, revenant lui-même sur les réussites et les échecs de sa performance. Lorsque Shana ouvrait la porte de la roulotte, aucun de ses deux parents ne tournaient la tête, et Shana se contentait d'aller poser le panier de pièces aux pieds de son père, qui accordait tout de même un regard à sa contenance. « Ces blancs sont de sales rapiats, » cracha-t-il ce soir là d'un air dédaigneux, et Shana détala. Elle sortit de la roulotte et courut jusqu'à ses frères qui finissaient de ranger le matériel dans la charrette. Riant, elle grimpa sur la roue et se hissa sur un fauteuil. Slayn grogna et la chassa d'un geste de la main. « Dégage de là, moustique, » ordonna-t-il, et Shana sauta de la charrette sans se faire prier pour aller rejoindre Reda qui traînait derrière lui le dernier panneau du décor. Il lui sourit en la voyant trottiner vers lui, puis hissa le panneau dans la charrette pour le ranger à sa place. Après quoi il fit le tour et asséna une claque derrière les oreilles de Slayn qui émit un glapissement outré. « Parles mieux à ta sœur, » prévint-il en pointant son frère d'un index menaçant. « Ou la colère du ciel sera la dernière dont tu devras te soucier, je le jure sur l'amour de Jelba. » Slayn baissa la tête docilement et les deux frères s'affairèrent à attacher les liens qui maintenaient le matériel en place pendant la route. Shana se mit alors à chanter, observant le soleil rouge qui au loin s'enfonçait de plus en plus dans le sol en abandonnant le monde aux ombres de la nuit. Ses pieds bougeaient, aussi libres que les oiseaux qui traversaient le ciel une dernière fois avant la fin du jour, et des ses mains dressées au-dessus de sa tête, elle rêvait qu'elle pouvait les attraper et s'en aller avec eux. Pour voir le monde d'en haut, voir les nuages de plus près et voler par-delà les mers et l'horizon. Libre comme le vent, témoin de l'immensité du monde, baignée de soleil et de bonheur. Reda la souleva du sol et Shana eut un petit cri de surprise tandis qu'il la portait sur ses épaules. Il riait, conscient de lui avoir fait peur, et courut jusqu'en haut d'une colline duquel ils regardèrent le soleil disparaître. « Danse, danse et chante, Nana. Tu es un trésor, une plume d'or que les gens ne peuvent qu'effleurer et ne peuvent comprendre. N'écoute pas ce qu'ils te diront. Ris, chante et danse. Ne t'arrête jamais, s'il te plaît. »

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Le sable bouillant chatouillait légèrement la peau de ses pieds, et le vent venait inlassablement agiter les quelques mèches rebelles qui s'échappaient de son turban. Après de longues années, ils étaient enfin de retour dans le désert, leur caravane errante affrontant les éléments de cette fournaise qu'ils connaissaient si bien. Shana se réjouissait d'avoir quitté les contrées herbeuses des hommes blancs pour retrouver les dunes chaudes et orangées qu'elle aimait tant, même si l'exotisme du Gondor avait amusé sa curiosité d'enfant. « Shana. Ici, vite. » La jeune fille s'exécuta, quittant son admiration des dunes sous la lumière du soleil déclinant pour rejoindre sa mère. Jelba lui prit la main sans ménagement et l'emmena à sa suite rejoindre les autres femmes de la troupe qui s'occupaient de préparer le dîner. Ce soir là fut une soirée comme les autres où les chants et les danses des gitans autour du feu semblaient célébrer la beauté des étoiles qui étaient leurs hôtes en cette nuit claire. Shana laissa son corps s'exprimer au son de la musique et dansa jusqu'à s'en épuiser, enivrée par cette passion et cette joie qu'elle ne savait s'expliquer mais qui coulait dans ses veines depuis toujours. Les rires et les acclamations des autres la remplissaient de bonheur, et à chaque nouveau danseur qui s'ajoutait à leurs folles envolées, un rire clair s'échappait de sa petite gorge de jeune fille. Puis le temps venait pour elle de rejoindre les siens, et son regard gorgé de joie se heurtait à l'indifférence froide de ses parents, occupés à vanter les mérites de Kleïan à leurs compagnons. Mais ce n'était pas leurs yeux qu'elle recherchait, c'était ceux de Reda. D'un brun aussi chaud que la terre brûlée, aussi doux et profond que l'était son être tout entier, en ces yeux seulement elle savait qu'elle pouvait se perdre sans jamais s'oublier. Mais Reda n'était plus là, et en l'espace d'une seconde son monde s'était de nouveau effondré. A la place de ce regard rassurant se trouvaient les yeux verts et glaçants de Slayn, qui la jaugeait sans cesse avec un air appréciateur qu'elle ne savait comprendre. Il tapota l'espace libre à côté de lui, lui intimant de venir s'asseoir. Shana s'exécuta, et ils restèrent assis ainsi sans rien dire pendant de longues minutes, observant les autres gitans s'amuser autour du feu. « Slayn, où est Reda ? » L'adolescent soupira, clairement agacé. Il pris une poignée de sable dans sa main et regarda les grains s'échapper entre ses doigts, perdant soudainement son habituel sourire énigmatique. « Je te l'ai déjà dit. Il nous a abandonné. Il s'est trouvé une jolie fermière et s'en est allé. » Il lui adressa un sourire sans joie et Shana frissonna. « Je ne te crois pas, » dit-elle doucement, sur un ton hésitant qu'elle aurait voulu plus ferme que cela. Il eut un rire métallique. « C'est parce que tu es idiote, Shana. Ne pose plus de questions. » La jeune fille obéit et se tut, ravalant les larmes qui lui venaient aux yeux par habitude. Elle sentit que Slayn la détaillait du regard et se força à fixer un point du feu pour ne pas bouger sous son inspection. « Tu sais, on pourrait vraiment faire quelque chose de toi. Tu danses si bien, après tout. »

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Les applaudissements des spectateurs, les regards séduits et appréciateurs... tout cela était pour elle désormais. Elle avait grandi en les voyant toujours adressés à ses parents, mais depuis que Slayn la faisait danser avant les numéros de son père, c'était elle qui était admirée et félicitée. Elle dansait pour eux sur des pas et des enchaînements de sa propre création, vivant et respirant son art, sentant l'émotion de chaque geste décuplée sous les regards de ceux avec qui elle les partageait. Shana avait bientôt treize ans, et pensait n'avoir jamais été si heureuse. Slayn l'avait poussée à montrer ce qu'elle valait, et si ses parents avaient été réticents au départ, ils s'étaient bien vite ralliés à l'idée dès qu'ils virent ce qu'elle était capable de faire. « C'est bien Nana, tu as été formidable encore ce soir, » le félicita Slayn un soir après que le spectacle fut terminé. Ce jour là ils avaient été payés par un petit bourgeois pour divertir les convives de son banquet, des opportunités que leur affaire obtenait de plus en plus depuis que Slayn avait pris en main l'organisation. Il embrassa le front de sa petite sœur et glissa sa main dans le bas de son dos pour la pousser à le suivre. Shana se sentit rosir de plaisir à l'idée d'avoir bien dansé, et d'avoir prouvé ce qu'elle valait une fois de plus. « Il y a quelqu'un qui aimerait te rencontrer. Il faudra que tu sois très gentil avec lui, Shana, c'est très important, d'accord ? » Il s'arrêta devant une porte et posa les mains sur ses épaules, baissant la tête pour qu'ils se regardent dans les yeux. « C'est très important, Shana. Il faut que l'on fasse plaisir à ce monsieur, d'accord ? » Elle hocha vivement la tête, désireuse de faire ce que lui disait son frère, désireuse d'aider ses parents comme elle le pouvait, de donner le meilleur d'elle-même comme elle le faisait quand elle dansait. « D'accord. » Il lui sourit et passa la main dans ses cheveux avant d'ouvrir la porte et de la pousser devant lui dans la pièce. Un homme de l'âge de son père au teint maladif et à la disposition plutôt grasse était assis sur un divan et les pria de s'installer, indiquant à Shana de s'asseoir sur un tabouret devant la cheminée. Slayn et cet homme commencèrent à discuter d'affaires, de marchandise, de paquetages et de palefreniers sans que Shana ne sache de quoi il retournait exactement. Elle se demandait ce qu'elle faisait là, assise sagement sur ce tabouret sans que personne ne veuille apparemment lui parler, sans qu'on ne lui demande rien. L'homme blanc la regardait souvent, la détaillant de haut en bas avec un regard qu'elle n'était pas sûre d'apprécier. Au bout d'un moment, Slayn et l'homme se levèrent et se saluèrent, et Shana fut prise d'un terrible pressentiment. Slayn allait partir. Il allait l'abandonner, lui aussi, la laisser là entre les mains de ces étrangers et ne plus jamais revenir. « Je te laisse avec Monseigneur, Nana. Rappelle toi de ce que je t'ai dit. » Il se pencha vers elle et lui embrassa le front, et de sa main gauche il tira doucement le foulard qui ornait son cou, dévoilant une de ses épaules. Figée par la terreur et l'incompréhension, elle ne bougea pas lorsqu'il s'éloigna et sortit de la pièce.

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Slayn ne l'abandonna pas. Il revint la chercher, à chaque fois, après chaque soir. Elle aurait préféré qu'il ne revienne jamais.

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Shana serrait la main de sa mère un peu trop fort, mais si Jelba en souffrait elle ne le montra pas. Elles suivaient le chemin que leur ouvrait Kleïan dans la foule qui occupait la ville en ce matin de marché, une foule bruyante, odorante et vivace qui contrastait avec leurs expressions graves et déterminées. Ils finirent par arriver sur la place principale, où la foule se dispersait entre les étals et où il était plus facile de respirer. Pour des nomades et des amoureux du grand air, affronter les populations denses des villes était toujours une expérience étonnante, et Shana n'avait jamais vraiment apprécié l'exercice. Mais son esprit n'avait pas eu de temps à accorder à ce problème aujourd'hui, tiraillé par les sentiments contraires qui lui rongeaient le cœur. Kleïan s'arrêta et relâcha Slayn qu'il tenait par le bras. Shana suivit docilement sa mère qui rejoint son mari sans mot dire. Kleïan, le regard sévère, jeta un baluchon dans les bras de son fils sans ménagement. Le jeune homme s'en saisit de justesse, et leva ses yeux perçants avec une lenteur qui ne lui ressemblait pas. Shana tressaillit. Son regard d'ordinaire si vif et calculateur semblait comme éteint, comme si on avait retiré toute l'énergie de son corps fin et gracieux. « Pars, maintenant, » déclara la voix grave et mécanique de leur père dans un adieu qui sonnait comme une sentence. Les deux hommes se regardèrent pendant de longues secondes, puis son frère détourna les yeux, trouvant ceux de Jelba. Le silence qui régnait alors donnait à Shana l'envie de hurler et de pleurer à la fois, mais rien ne pouvait plus changer ce qui avait été détruit. Slayn finit par lui accorder un dernier regard qu'elle ne put déchiffrer, avant de se retourner et de s'éloigner d'un pas résigné, ses épaules semblant alors supporter un poids bien trop lourd pour lui. Shana sentit son cœur se briser en regardant ce deuxième frère disparaître ainsi dans la foule. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu coupable, bien que tout son être lui criait que Slayn avait mérité ce qui lui arrivait. Il avait même eu de la chance d'être simplement banni de la troupe ; quand Kleïan avait découvert les agissements de son fils, sa colère avait été si terrible qu'il avait bien failli tuer son propre fils en le rouant de coups. Jamais Shana n'avait vu son père ainsi, et jamais elle n'avait eu aussi peur de sa vie. Le chef de la troupe avait porté son jugement, condamnant le jeune homme à l'exil, sauvant la vie de Slayn ainsi que l'honneur de Kleïan. Personne ne pourrait jamais sauver l'honneur de Shana, elle le sentait dans sa chair et dans son corps. Mais pour la première fois de sa vie, alors qu'elle tenait la main de Jelba dans la sienne et que Kleïan posait sa main sur son épaule, elle avait l'impression qu'elle comptait à leurs yeux. Elle avait l'impression qu'ils l'aimaient.

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Cármen lui donna un discret petit coup de coude, et, quand leurs regards se croisèrent, elle fit un signe de la tête on ne peut plus équivoque. « Va lui parler, » chuchota-t-elle d'un ton malicieux, un grand sourire aux lèvres. Shana savait très bien de qui elle parlait, mais se refusa de lui jeter un coup d’œil, craignant d'être repérée. Elle baissa légèrement la tête, faisant mine de se concentrer sur sa couture. Elle fit une grimace effrayée que seule son amie pourrait voir. « Mais de quoi ? Je ne sais pas quoi lui dire, » avoua-t-elle. « Je ne sais pas parler, j'aurais seulement l'air bête. » Les années avaient passé, le temps avait fait son effet, mais Shana ne s'était pas encore trouvé de mari. Kleïan lui en avait proposé trois différents, et avait eu la rare sensibilité de ne pas lui forcer la main – elle se disait que c'était peut-être sa façon à lui de se faire pardonner de ses erreurs. Et puis ils avaient rencontré Namvar, le cousin de Cármen. Il avait le même âge qu'elle mais semblait bien plus âgé. Il était bien bâti et son expression sérieuse et réfléchie en faisait une image diamétralement opposée à celle que renvoyait Shana – et c'est probablement pour ça qu'elle avait littéralement fondu intérieurement en le voyant pour la première fois. Elle ne se l'expliquait pas, mais devant lui elle perdait complètement ses moyens bien qu'elle ne le connaissait pas en-dehors de ce qu'elle l'entendait dire et de tous les bons souvenirs que Cármen lui racontait avoir vécu avec lui. La jeune femme leva les yeux au ciel, paraissant être autant amusée qu'exaspérée. « Bien sûr que non tu n'auras pas l'air bête, » dit-elle en soupirant, « C'est en restant assise dans ton coin à l'admirer de loin que tu as l'air vraiment bête, Shana. » Celle-ci posa ses bras sur ses genoux, abandonnant son ouvrage qu'elle n'avançait pas de toute manière, et laissa tomber sa tête en arrière dans une démonstration de son incroyable déchirement intérieur. C'est vrai qu'elle avait l'air ridicule à se terrer dans son coin, essayant de rester discrète pour mieux pouvoir admirer cet homme qu'elle ne s'expliquait pas aimer à ce point. Elle avait même évité de danser la veille au soir autour du feu pendant que tout le monde s'amusait comme la tradition le voulait. Elle n'avait pas voulu danser devant lui, soudainement trop timide et angoissée par sa présence qu'elle n'avait pas dansé. S'était-elle imaginée être subtile en faisant cela ? Comme si tout le monde n'avait pas remarqué son absence, elle dont on disait dans la troupe qu'elle avait appris à danser bien avant de savoir marcher. Elle émit un petit grognement et donna une tape joueuse sur l'épaule de son amie. « J'en ai marre que tu aies toujours raison ! Je suis complètement ridicule, » admit-elle dans un rire que Cármen rejoint de bon cœur. Quelques minutes plus tard, Shana s'était jetée à l'eau, entamant sa première réelle conversation avec Namvar. Certes, elle eut certainement l'air un peu niaise et un peu idiote sur le coup.
Mais Namvar demanda sa main à son père une semaine plus tard.

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Shana entra dans la salle de jeux, les pans de sa légère robe violette virevoltant derrière elle. Le soleil brillait dans le ciel et l'air aujourd'hui n'était pas étouffant comme il pouvait l'être bien souvent. Ces journées étaient les plus formidables et Shana se sentait plus vivante et plus heureuse que jamais lorsqu'elle pouvait enfin sentir contre sa joue la faible caresse d'une bise venue d'un lointain océan. « Djermina, » appela-t-elle de sa voix chantante et radieuse tout en s'approchant de la fenêtre en slalomant entre les jouets en bois. « Djermina, aujourd'hui nous devons ouvrir en grand toutes les fenêtres ! » Sur ces mots, elle ouvrit en grand la fenêtre et avala une grande bouffée de cet air vivifiant, les yeux fermés, un grand sourire étirant ses lèvres charnues. Elle entendit Djermina lui répondre au loin et le bruit d'une fenêtre qu'on ouvre faisant écho à celui qu'elle venait à peine d'effectuer. Elle ne rouvrit pas tout de suite les yeux, profitant de cet instant de pure quiétude, écoutant les sons relaxants de la vie autour de leur grande maison. Des gens discutaient au loin, sûrement les jardiniers qui s'affairaient. Elle reconnaissait la voix de sa vieille soigneuse, Lynia, certainement en train de raconter les mésaventures de sa vie à une des jeunes domestiques qui étaient au service de Namvar et de sa famille. Shana aimait ces femmes et ces hommes qui travaillaient pour eux, qu'elle côtoyait au quotidien. Ils étaient presque des membres de leur famille, eux aussi, et Shana n'aurait pu rêver d'une famille plus unie. Namvar était peut-être un homme dur et peu expressif, qui aimait les choses organisées et menait son affaire d'une main de fer, mais il n'en n'était pas moins un mari attaché à sa famille. Shana l'aimait tendrement et portait en son cœur cet amour qu'elle s'était jurée de lui vouer jusqu'à la fin de leur vie, et après encore si les Valar le voulaient bien.
Et que serait une famille sans ses enfants ? Shana sourit en entendant indistinctement les voix aiguës de ses petits résonner au rez-de-chaussée, et sa main vint doucement se poser sur son ventre encore plat. Sheïma et Caleb. Ses trésors, la chair de sa chair. Shana les chérissait, les couvrait d'amour et les éduquait avec la bienveillance et l'attention qui lui avaient tellement manqué pendant sa propre enfance. Leur vie était un miracle pour lequel elle remerciait chaque jour le ciel. Et si les Valars étaient bons, bientôt un ou une nouvelle petite âme viendrait les rejoindre dans ce havre de paix que Namvar lui avait offert toutes ces années auparavant. Jamais elle n'aurait cru aimer cette vie de sédentaire, elle qui aimait tant les routes, qui aimait tant son désert. Oh il n'était pas loin, certes, mais Shana avait fini de le arpenter encore et encore. Elle était devenue une maîtresse de maison, une poète et une mère hors pair et cela lui convenait. Elle savait entretenir les conversations, réchauffer l'ambiance d'une soirée mondaine et mettre à l'aise les invités de son mari. Elle savait que Namvar lui faisait confiance et qu'ils étaient de véritables partenaires désormais, après toutes ces années. Que pouvait-elle vouloir de plus ? Si ce n'était ce bébé qu'elle portait en son sein, auquel elle espérait pouvoir donner la vie après une série de fausses couches et la triste mort de sa seconde fille Malyah – qui avait rejoint les étoiles du soir – elle ne manquait de rien. Elle était heureuse, tout simplement.
Shana ouvrit les yeux, respirant sereinement, et rejoint la seconde fenêtre de la pièce qu'elle ouvrit à son tour, portant son regard appréciateur sur le jardin verdoyant qui lui faisait face. L'allée centrale était assez longue mais invitante et son regard fut attiré par deux formes qui la remontaient. Elle fronça les sourcils et attendit que les individus s'approchent un peu plus pour pouvoir tenter de les reconnaître. Lorsqu'ils eurent passé le second palmier sur la droite, elle vit qu'il s'agissait d'un homme et d'une femme, marchant presque collés l'un à l'autre. Elle se pencha à la fenêtre un peu plus, ayant le pressentiment qu'elle connaissait cette femme d'une façon ou d'une autre.
Lorsqu'elle la reconnut, son cœur rata un battement. Elle cligna des yeux, ne croyant pas en sa chance. « C... Cármen ? »

   
   

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   Et voilà, je t'ai tout dit à présent. J'espère que tu t'amuseras bien parmi nous, Shana... En espérant que tu survives en Terre du Milieu !