[Intrigue IV ~ "Les Contre-rouages"] - It's good to see you, old friend [Lorlas & Lucan]

Intrigue IV • "Les Contres-rouages" - Feat Lorlas ( @Brogar )

It's good to see you, old friend• Précédemment : "Les Contre-rouages [RP de groupe]" •

L

ucan poursuivait son chemin dans les rues de la cité portuaire de Pelargir à la recherche d'informations concernant les moyens de gagner le Harad en cette période de tensions. Des renseignements qu'il avait déjà pu tirer des marins ou de vieilles connaissances, en qui il avait toute confiance et surtout qui ne posaient pas trop de questions, il ressortait qu'aucun navire ne faisait voile vers le Sud par peur d'être attaqué et coulé. Il semblait donc que de la mer ne viendrait aucune aide pour le groupe mené par Destan.

Cependant Lucan poursuivait sa quête, cela prendrait le temps qu'il faudrait mais il finirait bien par trouver une solution à leur problème. Il le fallait. Comme il en avait l'habitude le mercenaire était déterminé à employer toute son énergie et sa ressource dans la mission qui lui avait été confié par Morwen de Lossarnach.

C'était ainsi qu'il fonctionnait toujours et en partie grâce à cela qu'il avait acquis l'excellente réputation dont il bénéficiait désormais dans son domaine d'activité. Tout en réfléchissant le grand brun marchait d'un pas sûr dans ce dédale de rues qu'il connaissait fort bien à force de passages dans la ville. Son dernier séjour remontait tout de même à plusieurs mois déjà, presque un an à bien y réfléchir, bien avant les premières attaques pirates que le Gondor avait dû essuyer.

Ayant écopé d'une sale blessure au cours d'une mission, Lucan s'était vu dans l'obligation de demeurer quelques temps dans la cité portuaire en attendant que la plaie cicatrise, au risque sinon de voir l'infection la gagner. Le mercenaire avait alors mis ce temps à profit pour explorer un peu les environs mais aussi pour, dirons-nous, vérifier par lui-même la réputation de certaines tavernes de Pelargir connues pour leur excellente boisson. Que ce soit en galante compagnie ou autour de chopines bien remplies entre deux parties de dés, il y avait passé quelques soirées mémorables. Il en avait d'ailleurs partagé un bon nombre avec quelques amis rencontrés au cours de précédents passages dans la cité. Des soldats du Gondor dont le peloton d’infanterie était cantonné en ville lorsqu’ils ne se trouvaient pas en mission de garde le long du fleuve Poros. Cependant ses pas ne l’ayant pas ramené dans cette région jusqu’à présent, le grand brun n’avait pas revu ces hommes depuis qu’il avait repris la route une fois sa convalescence forcée terminée.

Lucan en était là de ses pensées mais demeurait alerte et attentif. Il allait le long d’un des nombreux quais de la cité portuaire, Vendavel, son fidèle compagnon équin, marchant à ses cotés. Il avait beau y avoir un peu de monde, l’endroit lui paraissait tout de même moins bruyant et agité que dans ses souvenirs. Une tension latente presque palpable planait insidieusement dans l’air, des regards inquiets scrutaient l’horizon, des bouches demeuraient muettes. Les stigmates des récentes attaques menées par les pirates étaient encore bien visibles et douloureuses dans les esprits des habitants, et cela ne rendait que plus inquiétantes les rumeurs annonçant l’approche d’une nouvelle calamité risquant de s’abattre sur eux à tout instant. L’air de rien le grand brun écoutait et entendait, laissant discrètement trainer ses oreilles. Ces mêmes rumeurs parvenues jusqu’à la Cité Blanche semblait bien trouver ici un écho dans la réalité, Lucan mémorisa quelques informations qui pourraient peut-être s’avérer utile pour la suite.

Cependant un événement vint troubler sa discrète enquête. A quelques pas de là, sur le large quai bordé d’un coté de tavernes, échoppes et autres bâtisses, des voix graves haussèrent soudain le ton et quelques cris fusèrent dans l’air marin. Le mercenaire s’avança de quelques pas afin de comprendre ce qui avait déclenché ce début d’esclandre. Et alors qu’il fut enfin assez prêt pour discerner les silhouettes de deux hommes qui avaient visiblement quelques désaccords, il reconnut sans le moindre mal la haute silhouette d’un de ces fameux soldats devenus des amis au fil des rencontres et des parties de dés bien arrosées. Cependant il ne vit nul autre soldat dans les parages et son ami ne portait point d’uniforme. A cette heure et en cette période de troubles ces détails parurent bien étranges à Lucan qui s’avança tout de même un peu plus, jusqu’à être assez près pour pouvoir poser sa main libre sur l’épaule de l’homme qui lui tournait encore le dos.

« Lorlas ? »

Lucan avait une bonne mémoire des noms et des visages, aussi n’avait-il aucun doute sur l’identité de l’homme qu’il avait reconnu comme étant son ami, bien qu’il ne l’ait pas revu depuis de longs mois. Son ton interrogeait donc plutôt le fait de le trouver ici, vêtu en civil. Sans doute le soldat serait-il également étonné le trouvait ici sans arme ou cuirasse apparentes et dans une simple tenue de marchand itinérant.

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~ Lorlas ~

Lorlas souffla doucement, repoussant faiblement une mèche de cheveux sombres qui, par sa négligence, lui tombait souvent devant les yeux. Son regard vogua autour de lui, observant les choses au milieu de la tension qui continuait à régner ici… des passants marchant rapidement avec un but, des maçons sur leurs échafaudages réparant un bâtiment abimé, une patrouille de soldat…dont il n’en connaissait aucun.
Les effectifs de l’armée avaient changé, comblant les trous avec des bataillons d’autres lieux, faisant apparaître des inconnus qui pourtant étaient censé être ses frères.
C’est ce qui lui était arrivé… pris comme un pion, proprement installé dans un autre peloton, un autre régiment…au milieu de visages inconnus qu’il ne pouvait pas approcher. Car ce n’était pas Leol, ce n’était pas Barathil, ce n’était pas Ramloth…non, ils n’étaient aucun d’eux, maintenant ils n’étaient que des souvenirs dans son esprit…Ce peloton si particulier fait de gamins des rues, heureux d’apprendre à la dure, aimant leurs sergents comme des pères qu’ils n’ont pas eux, devenus des frères, le bouclier de l’un protégeant l’autre alors que la lame d’un autre empêché l’ennemis d’approcher. Sans autres familles pour les pleurer, ils ne vivaient plus que dans son esprit…pour les hauts placés ils n’étaient qu’un nombre de soldat en moins pour défendre leur pays, un simple chiffre dans leur stratégie déjà oublié. Il souffla, amer, alors qu’il fixait sa main… Sa famille était morte, décimée, massacrée, car pas assez nombreux pour protéger le village. Au moindre clignement des yeux il pouvait encore voir les visages morts, déformés et ensanglantés de ses amis, la tête de son sergent roulant au sol à ses pieds…il frissonna serrant ses bras sur ses épaules avant de reprendre sa marche.

Autrefois il avait parcouru ces rues accompagnées de ses compagnons. Sages et bien rangés lors d’une patrouille, mais turbulents et joueurs quand venaient le temps des pauses. Une taverne faisait leur bonheur, une bière et des jeux et leur soirée se finissait en beauté…plus maintenant. Ses nouveaux collègues avaient bien tenté de l’entraîner dans une de ces soirées, mais ils avaient vite abandonnés face à son visage sinistre. Un jour un d’eux avait osé lui dire que la vie continuait, qu’il devait être heureux d’avoir survécu, qu’il devait se bouger le fion et fasse à son apathie il avait fini par dire qu’il ne voulait pas d’un type pitoyable comme frère d’arme. Lorlas l’avait frappé, le sonnant en un seul coup, hurlant qu’il n’était pas son frère…bien sûr il avait été puni pour agression, mais plus rien ne semblait l’atteindre.
C’est alors qu’il avait réalisé quelque chose. On leur avait toujours dit qu’ils étaient là pour protéger le peuple, qu’ils devaient donner leur vie pour eux, c’était leur but… Mais maintenant qu’il n’avait plus ses frères d’armes, il se rendait compte que ce but n’avait jamais été le sien. Vivre et combattre auprès de sa famille, obéir aveuglément à ses sergents, voilà ce qu’était son but…maintenant il n’avait plus rien de tout ça. Il devait continuer sa vie et protéger le peuple, mais…il n’en avait plus la force…cependant il savait qu’il décevrait ses anciens frères s’il abandonnait, mais il se sentait si…désœuvré…

Lorlas errait dans les rues sans but précis. Ses supérieurs l’avaient mis en « permission longue durée » afin qu’il ait le temps de récupérer suite à la perte de son peloton blablabla qu’il puisse rejoindre sa famille pour soulager son cœur blablabla…Lorlas n’avait pas pu s’empêcher de grogner à ces déclarations. Une longue permission pour faire son deuil ? C’est ça oui, il avaient juste bien remarqués que ses entraînements se passaient mal entre les flashbacks et le fait qu’il ne pouvait tout simplement pas se lier aux autres soldats. Cela faisait de lui un maillon faible de leur formation, il en avait conscience…on le dégageait tout simplement. Et la famille ? Si s’était SON sergent, il aurait parfaitement su qu’il n’en avait pas… il ne voyait pas à quoi servait cette permission a part aggraver l’état déplorable de son esprit…c’était une mise à pieds déguisées oui…

Tout à ses grommèlements intérieurs, il ne fit pas attention aux sabots frappant le sol…puis son dos fut brusquement poussé pour ne pas dire frapper par une grande masse et il fut projeté dans le caniveau sous les cris effarés des passants. Il se retourna immédiatement en se levant, hurlant tout un tas d’injures envers le cavalier qui avait finalement dû s’arrêter sous les cris outrés des badauds. Il gronda en frottant son épaule, le fait de s’être fait littéralement éjecté par un cavalier aussi dangereux n’arrangeaient pas son humeur…encore moins par le fait que c’était quelque chose qui lui arrivait régulièrement (bizarrement il n’entendait jamais arriver les cavaliers et plus d’une fois il se faisait littéralement poussé par des cavaliers se moquant des passants) et c’était devenu une blague récurrente pour ses frères pendant leur vie commune, au point qu’ils disaient qu’il devait être capable de résister à une charge de wargs à force. Et ce rappel que cette blague ne lui serait jamais encore dite fit encore plus éclater ses humeurs…alors quand le cavalier descendit de cheval pour visiblement venir en découdre à cause de ses injures colorés d’anciens garçons des rues, Lorlas n’attendit pas pour s’hérisser prêt à rabattre le caqué à l’abruti. Il aurait très bien pu dire qu’il était de la Garde et faire cesser l’altercation immédiatement, mais il était en vacance non ? Alors s’il voulait se farcir un type pour se passer nerfs il le ferait… Face aux insultes de l’homme il écarquilla les yeux s’apprêtant à frapper et quand il vit l’homme jeter un regard satisfait par-dessus son épaule il comprit qu’il y avait embrouille. Il allait se faire attaquer par derrière par un de ses acolytes! Alors quand il senti une main se poser sur son épaule, l’instinct l’emporta immédiatement. Son poing fusa en se retournant et rencontra le visage de son « agresseur »…et c’est seulement à ce moment-là qu’il se rendit compte que l’agresseur en question venait de prononcer son nom…et qu’il le connaissait…

Il se statufia le poing levait pour un autre coup en fixant l’homme qu’il venait de frapper avec des yeux écarquillés.

« Lu…Lucan ? » Pendant un instant il pensa que son esprit traitre venait encore le torturer en lui montrant un visage familier et amical, qui avait même fait partie de sa petite famille…avant qu’il ne revienne rapidement à la réalité en entendant le rire moqueur de l’homme avec qui il se disputait à la base.
Le temps qu’il se retourne l’homme était remonté en selle et avec un regard goguenard repartait en trombe et en bousculant les passants. Ne pouvant pas se retenir en comprenant l’entourloupe dans laquelle il venait de se faire prendre, encore plus qui avait blessé un ami, Lorlas retourna au milieu de la rue.

« LACHE ! COUARD ! LA PROCHAINE FOIS QUE TU TE POINTES ICI TU DORMIRAS DANS LES GEOOOOOOOOOOLES ! » il hurla rageusement sous le regard des passants qui ne savaient pas si ils devaient s’outrer devant sa violence ou l’encourager à cause de la dangerosité de l’homme qu’il menaçait.

Puis il se précipitât à nouveau vers son ami, qui était bel et bien là vu que son poing n’avait clairement pas rencontré du vide.

« Lucan ! Je suis désolé, je pensai que c’était un de ses alliés qui allait m’attaquer par derrière. Je n’ai pas réfléchi plus je suis un peu…à cran… » et c’était peu dire, surtout que l’ambiance général dans la cité rendait un peu tout le monde à fleur de peau.

Il tendit la main à son ami pour serrer son bras, les sourcils froncés en fixant le visage de l’homme.

« Rien de cassé ? Tu as besoin d’un guérisseur… ? » il s’inquiétât en le fixant, parce que même si il n’était pas une force brute comme une première ligne, l’armée (et les tavernes) lui avait appris à donner un bon crochet du droit. Tout à son inspection son regard dériva sur la totalité du corps de son ami son froncement de sourcils s’aggravant au fur et à mesure. De loin, il n’aurait jamais reconnu l’homme vêtu ainsi. C’était vraiment étrange de voir le mercenaire dans des vêtements de civils et surtout sans les lames sombres qui le caractérisaient. Immédiatement il sentit l’inquiétude monter en lui, soucieux pour l’homme en le voyant aussi « démuni ».

« Lucan… » il répétât, ne pouvant s’empêcher d’égoïstement dire le nom d’un ami sans en voir le visage mort qui lui correspondait. « Je suis vraiment navré de t’accueillir ainsi, mais… je suis vraiment heureux de te voir… » il souffla, un sourire tirant sur ses traits épuisés ce qui n’étaient pas arrivés depuis…ce jour-là…

« Mais qu’est-ce que tu viens faire ici ainsi… » il jetât un regard sur lui de haut en bas de manière significative, parlant clairement de son manque d’armes. « Je crains que tu ne trouveras que trouble et triste compagnie dans cette cité… » il souffla, n’ayant toujours pas lâché son bras, au contraire sa prise s’étant resserré comme si l’homme allait se volatiliser d’un instant à l’autre.

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ucan aurait dû se douter que son geste s’avérerait être une très mauvaise idée. Il connaissait bien Lorlas et savait que le soldat avait naturellement le tempérament vif et le sang chaud bien qu’ils fussent, en temps normal, contenu par un cadre de discipline et sa rigueur toute militaire.

Mais il s’agissait avant tout d’un vieil ami dont il n’avait guère de raison de se méfier. Aussi le grand brun ne s’était-il pas méfier une seconde. La surprise de voir le soldat seul et en civil l’avait emporté sur le reste et le mercenaire n’eut même pas le temps de penser à esquiver le coup de poing qui jaillit subitement dans sa direction à la rencontre de son visage.
Pris de court et relativement sonné par la force du coup qu’il venait de recevoir, Lucan fit quelques pas en arrière. Déséquilibré, il dut finalement poser un genou à terre, venant plaquer par réflexe une main sur son visage et lâchant par là même la bride de Vendavel qui, visiblement aussi surpris que son cavalier, fit un léger écart de coté.

Une douleur sourde monta instantanément, tant et si bien que le mercenaire ne put retenir un juron. Il lui fallut une paire de minute pour recouvrer ses esprits et constater, en retirant la main de son visage, que celle-ci était maculée de sang. La belle affaire !

« Nom d’un chien Lorlas ! », grogna t-il sous le coup de la douleur vive.

Pourtant le soldat s’était presque immédiatement confondu en excuse en reconnaissant celui qu’il venait de gratifier d’un sacré crochet. Il semblait bien décontenancé tant par son geste que la présence de Lucan à Pelargir. Ce qui ne l’empêcha néanmoins pas de retourner en plein milieu de la chaussée pavée pour hurler après le cavalier qui s’éloignait satisfait que la vie ait joué un sale tour à Lorlas avant que ce dernier ne puisse lui faire voler quelques dents.

Ayant retrouvé toute sa contenance, le mercenaire s’apprêtait à se redresser lorsque le soldat revint à ses cotés lui tendant la main pour l’aider à se remettre sur ses pieds.

« A cran… C’est le moins que l’on puisse dire oui. Pelargir est-elle devenue si dangereuse que tu craignes être attaqué en plein jour dans une rue bondée ? »

Agrippant fermement son bras – c’est qu’il avait une sacrée poigne le bougre ! – Lorlas fixa le visage du grand brun avec insistance. Sourcils froncés, il s’inquiéta de l’état de son ami, ce qui aurait presque pu faire rire Lucan qui se contenta d’une moue.

« Heureusement non, rien de cassé. Ne t’inquiète pas, j’en ai vu d’autres », dit-il en essuyant son nez écorché qui saignait encore un peu.

« Pas le temps pour un guérisseur, je ferai sans, ce ne sera pas la première fois. »

Le mercenaire constata que la mine de son ami s’assombrit un peu plus en le détaillant. Il fallait dire que Lorlas le savait mercenaire, habitué à le voir avec son équipement de voyageur et guerrier. En ce jour il était vêtu comme la plupart des personnes qui arpentaient les rues et quais de la ville portuaire, ni plus ni moins. Aucune arme n’apparaissait à son coté, lui qui était connu pour posséder des lames noires jumelles, aucune pièce d’armure n’habillait sa haute stature. Il en allait de la réussite de la mission pour laquelle il avait été engagé. Malgré tout un léger sourire se dessina sur son visage aux traits tirés et marqués lui donnant presque un drôle d’air. Cependant le soldat semblait réellement heureux de le voir.

« Content de te voir aussi mon ami », lui répondit Lucan.

Lorlas le questionna finalement sur sa présence dans la cité, visiblement ennuyé et étonné de l’y trouver sous cette apparence de simple voyageur. Néanmoins le mercenaire ne lui répondit pas immédiatement, jetant un coup d’œil discret autour d’eux. La précédente altercation avait suscité la curiosité des badauds qui les observaient avec une certaine attention.

« Viens ne restons pas ici », lâcha simplement le grand brun en reprenant la bride de Vendavel.

Son camarade lui semblait bien sombre et au vu des événements récents il était possible de craindre le pire. Toutefois Lucan devait aussi se concentrer sur sa propre mission et il n’était pas certain de vouloir entraîner son ami dans pareille expédition qui prenait de plus en plus des airs de mission suicide.

« Je ne suis pas ici par hasard, j’ai accepté un nouveau contrat », se contenta t-il de dire en marchant, veillant sans en avoir l’air à ce qu’il n’y ait pas d’oreilles indiscrètes dans les parages. Mais les personnes qu’ils croisaient étaient toutes affairées à leurs propres tâches, se moquant visiblement bien de ce que ces deux là pouvaient se raconter, après tout elles avaient leurs propres soucis.

Lucan marqua une pause, il réfléchissait. Lorlas connaissait bien la ville et la situation alentour, certes plus aucun navires ne quittait le port en direction du Harad mais il y avait bien d’autres chemins, peut-être son ami les connaissait-il ? Il n’y avait pas d’autres moyens, ses recherches avaient été infructueuses jusqu’à présent et il n’avait pas l’intention de rentrer bredouille. Destan et son petit groupe avaient besoin de ces informations. Le mercenaire lâcha un profond soupir, s’engager lui, en toute connaissance de cause, dans une mission dont il pourrait peut-être ne pas revenir était une chose, y entraînait un ami en était une autre. Et cela ne lui plaisait pas du tout, mais il ne voyait pour le moment aucune autre issue à ce problème.

« Lorlas, je cherche à gagner le Harad », dit-il doucement, « Or aucun navire ne s’aventure encore dans les eaux du Sud. Toi qui connais bien la région, n’aurais-tu pas connaissance d’une route discrète et relativement sûre ? »

Lucan ne pouvait lui donnait guère plus d’informations, cette mission ne tenait pas qu’à lui et il était même possible qu’il n’en connaisse lui-même pas tous les tenants et les aboutissants.

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~ Lorlas ~

C’était bien sa veine ça, frappé à cause d’un quiproquo un rare visage amical, tout ça à cause d’un abruti dangereux. Malheureusement celui-ci était parti et c’était bien dommage, Lorlas aurait bien passé ses nerfs dessus qu’importe que ce soit remonté a ses supérieurs il était en « vacances »…
Cramponné au bras de son ami, il fixa avec inquiétude son visage espérant qu’il ne lui avait pas brisé le nez vu qu’il l’avait tout de même envoyé à terre…bien que cela pouvait aussi être dû au fait que Lucan ne s’attendait pas être accueilli avec autant de fougue.

« Pelargir panse encore ses plaies mon ami, les choses sont assez imprévisibles…et comme tu le sais je suis habitué aux attaques en traitres. » A force de le côtoyer lui et ses frères a la taverne ou autres, Lucan avait entendu bon nombres de leurs mésaventures comme enfants des rues. Bien qu’ils aient appris la discipline et la rigueur de militaires avec plaisir, les restes de leur jeunesse étaient toujours là. Honneur et dignité dans un combat ? Tout un tas de stupidité, ce n’était pas comme ça que l’on survivait dans la vraie vie…

Le soldat s’inquiétât ensuite à haute voix de sa blessure puis de sa présence ainsi « dévêtue » dans la ville, car voir quelqu’un habituellement armé jusqu’aux dents sans armes apparentes donnés l’impression qu’il était nu. Il en reçu aucune réponse, son ami se contentant de lui faire reprendre la route en récupérant sa monture. Ce n’était pas inquiétant comme réponse, pas du tout… Il se mit donc à marcher à ses côtés, attendant qu’il parle quand il le désirait.

Un contrat qui le forçait à être vêtu comme n’importe qui ? Sans arme ? Cela semblait être un drôle de contrat, quelque chose surement d’assez poussé que de simplement « taper les ennemis » si il devait se camoufler ainsi. Dans tout les cas c’était assez perturbant de le voir aussi démuni, comme si les choses n’étaient pas normales, que quelque chose était fausse. Si il ne lui avait pas littéralement frapper le visage avec son poing il se demanderait surement si son esprit abimé ne lui jouait pas des tours.
Lorlas se mit donc à marcher à côté de son ami comme si de rien n’était, bien qu’il était certains que les habitants étaient bien trop occupés à réparer la ville et/ou pleurer leur mort pour s’intéresser aux deux hommes.
Lucan semblait pris dans ses pensées pendant quelques instants alors le soldat se contentât de poser son regard assombri autour de lui. Il observait la ville être soigneusement reconstruite, des échafaudages parfois fait avec des débris recyclés lui paraissaient assez inquiétants. Malgré le ciel bleu, l’ambiance restait lourde et triste. Ce n’était plus vraiment sa ville et même si ils reconstruisaient les bâtiments ça ne ramènerait pas les morts à la vie. Les gens s’entraidaient, se soutenaient et Lorlas se sentait aussi seul que désemparée face à son avenir. Sans ses frères d’armes et la rigueur implacable de leur capitaine tout semblait trop flou, rempli de choix peu engageant… mais heureusement Lucan était soudainement apparu, comme un souvenir des temps heureux et une pierre a laquelle se rattacher. Il redoutait le moment où il devrait lui dire que tout les autres avaient disparus, car il était surement étrange de le voir seul…bien que son ami semblait être bien trop perdu dans ses pensées importantes pour ça. Ho il ne pouvait pas lui en vouloir, Lucan avait une vie bien remplie et fascinante. De plus si il avait une mission assez particulière pour être en… camouflé ? Il devait avoir beaucoup de chose à réfléchir.

La question le prit presque par surprise tant elle était faiblement dite surement pour la cacher des oreilles indiscrètes. Immédiatement le soldat fronça le nez.

« Quelle folie te conduit dans ce lieu maudit ? » Il s’étonna dans une question plus rhétorique qu’autre chose. C’était certainement lié à son contrat et comme souvent le mercenaire ne devait surement pas avoir l’autorisation d’en parler. Mais le Harad ? Avec toutes les rumeurs qui trainaient en ce moment ?

Toujours en marchant il fixa son ami avec les sourcils froncés.

« En effet je connais une telle route, je l’ai déjà pris plusieurs fois pour diverses raisons… » mais il n’était pas certain de vouloir l’indiquer à son ami pour le voir partir dans une aventure bien trop dangereuse dans des terres hostiles quelque soit le but de sa mission. Il ne voulait pas une nouvelle mort sur la conscience…c’était égoïste, mais maintenant il ne lui restait qu’un ami qui allait et venait, cependant…Il fini par pousser un gros soupir.

« Mais avec les temps actuels je ne peux pas t’assurer qu’elle soit complétement sûre, mais elle reste discrète si on veut…jeter un œil, dirons-nous, aux terres de Harad. » Il souffla à nouveau, repoussant les cheveux noirs qui recouvrait son visage émacié par la tristesse, comme si il avait pris plusieurs années en seulement quelques mois. « Cependant toi et tes…compatriotes ne pourraient pas la prendre sans guide tant elle est sinueuse et trompeuse, vous risquez de faire fausse route à de nombreuses reprises. Néanmoins une fois connue comme je la connais elle parait bien plus simple… »

Pourquoi lui disait-il ? Pourquoi il poussé le besoin d’un guide ? Pourquoi il sous-entendait qu’il pouvait en être un ? Il ne le savait pas vraiment. Il n’était pas mercenaire. Il ne connaissait absolument rien à cette mission. Il était juste un soldat en permission, en mise à pieds cachée, peu importante. Il était un soldat sans compagnie à qui on avait dit de se changer les idées en rejoignant sa famille… comment se changer les idées là où tout lui rappelait que tout était perdu ? Faire quelque chose de complétement inconsidéré et inconscient digne de sa jeunesse d’indiscipliné semblait une bonne chose. Et puis il se moquait bien du but de sa mission, s’il pouvait l’accompagner, restait avec cette bride de sa vie encore vivante et la faire traverser cette route qu’il connaissait presque par cœur, cela lui allait…l’égoïsme était réconfortant.

« Si tu es pressé cela va être compliqué de trouver quelqu’un, tout le monde est trop occupé pour jouer aux guides pour rejoindre des terres maudites…hormis si bien sûr tu as un ami qui se moque bien des buts de la mission même si cela conduit là-bas, qui connait bien la route et ses dangers, a quelques compétences aux combats, n’a pas d’attaches et ne demande rien de plus que de se changer les idées quitte à connaître la mort de trop près… » Finalement pas de temps pour la subtilité.

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