A very special gift (ft. Aléa)

"A very special gift"

L'ambassadrice de la Lorien avait l'impression de ne pas avoir posé pied à terre depuis des mois. Tout d'abord, il y avait eu Edoras, puis Mirkwood...Et à peine rentrée en Lorien après cette dernière mission, elle avait décidé de repartir. Pour quelque chose de personnel, cette fois.
L'ombre gagnait du terrain. Le mal basé en ce qui s'appelait à présent grand'peur s'étendait et rendait le monde chaque jour plus dangereux. Elle savait affronter certains dangers seuls, mais parfois, il lui avait fallu l'aide d'une personne très chère.
Et c'était pour cela qu'elle avait décidé de repartir. A l'ouest, cette fois. Afin de pouvoir faire un cadeau à cette personne à la mesure de ce qu'elle pensait à son égard. Ou ressentait, plutôt.
Bien sûr, les nains et les elfes ne s'étaient jamais vraiment entendus...Mais Nostariel ne pensait pas pouvoir trouver de meilleurs artisans que chez eux pour exécuter ce qu'elle voulait. Elle avait donc pris la route des montagnes bleus dans ce but.
Elle avait longuement réfléchi à ce qu'elle voulait faire fabriquer pour Elwyn. Quelque chose qui lui rappellerait la maison, mais pas seulement. Quelque chose capable d'exprimer ce que dissimulait son coeur tout en le cachant pour encore un moment.
Elle avait soigneusement noté le message à faire passer. Elle était restée un bon moment dans la biblothèque pour tout coder, mais c'était fait. Et à présent, elle arrivait à destination.
Etant descendue de cheval, elle avait commencé à parcourir les rues de la cité naine qu'on lui avait indiquée. Bien sûr, la plupart des habitants avaient commencé à la dévisager d'un oeil méfiant. Mais qu'importait. Elle osa demander à l'un d'entre eux s'il pouvait lui indiquer le meilleur artisan qu'il connaissait en matière de bijoux. Il ronchonna un peu, mais lui indiqua une direction tout en lui donnant un nom: Barbe-de-feu.
Nostariel le remercia promptement avant d'aller dans la direction qu'on lui avait indiquée.
Barbe-de-feu avait dit le nain...Cela ne ressemblait pas à un prénom. Ce devait être un nom, alors. Il devait être plutôt réputé pour qu'on ne s'embarasse pas de lui associer de prénom. Nostariel n'avait aucune idée de qui elle trouverait, mais elle se sentait plutôt confiante.

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Il y avait déjà quelques semaines que je m'étais installée dans les montagnes bleues et ce déménagement s'était sans aucun doute révélé être la meilleure décision de toute ma vie. Bien que le trajet eût été quelque peu compliqué puisque j'avais dû cheminer cachée entre mes frères, l'arrivée à destination m'avait comblée de bonheur. Enfin, pour la toute première fois de ma vie, je me sentais parfaitement à ma place. Je n'étais plus le mouton roux du troupeau, la curiosité barbue dont certains se moquaient. Ici, j'étais simplement une joaillère de qualité et ma réputation s'était répandue comme une traînée de poudre, si bien que je ne manquais jamais de commandes. Je devais même sélectionner les pièces sur lesquelles je voulais travailler, de crainte de manquer de temps.
Pour être tout à fait honnête, la réputation de mes parents en matière d'artisanat m'avait précédée et il n'avait pas été difficile de trouver une clientèle intéressée par mes pièces.

Ce jour-là, j'avais décidé de m'atteler à la confection d'une broche que je destinais à mon père. Il avait envoyé une missive la semaine précédente et s'inquiétait du bonheur que mes frères et moi avions trouvé dans notre changement de décor. Ces derniers, d'ailleurs, passaient plus de temps à courir par monts et par vaux qu'à s'occuper de leur avenir. Bien que cela me chagrinât, je ne pouvais pas y faire grand chose et j'avais fini par me convaincre qu'ils se décideraient bien à faire quelque chose d'utile un jour ou l'autre. L'objet sur lequel je travaillais représentait un bouclier gravé sur lequel se croisaient une hache et un marteau de forgeron. J'étais présentement occupée à garnir la couleur de notre blason, que j'avais composée de minuscules rubis d'une grande qualité achetés à prix d'or à un commerçant local. Je m'apprêtais d'ailleurs à sertir la plus petite de mes pierres lorsqu'une ombre entra dans mon champ de vision. J'avais disposé mon atelier de façon à travailler face à la porte et d'avoir un accès facile au matériel que j'entreposais en arrière boutique. Il arrivait fréquemment que je sois tellement plongée dans mon travail que je n'entendais rien de ce qu'il se passait autour de moi : cela expliquait que je n'eusse pas entendu le carillon. Je levai les yeux, prête à accueillir un client avec un sourire aimable qui étirait ma moustache soigneusement peignée et ornée de perles multicolores.

"A very special gift"

Les indications avaient menées l'elfe à une petite boutique dans la ville naine. La hauteur de la porte lui suffisait tout juste, et lorsqu'elle poussa cette dernière, un petit carillon sonna.
Une personne du peuple Nain se trouvait installée derrière un établi, et elle leva le nez lorsqu'elle entra. Nostariel fut surprise de constater qu'il s'agissait d'une femme. Si elle avait déjà rencontré des hommes nains, jamais encore des femmes. Il fallait dire qu'elle ne les imaginait pas si semblables à leurs équivalents masculins. Elle les avait certes imaginées petites, plutôt trapues et solides...Mais pas barbues. Pourtant elle devait bien se rendre à l'évidence, les yeux qui la regardaient n'avaient rien de ceux d'un homme. Ils avaient de trop longs cils et étaient trop doux.
Mais cette personne était-elle bien "Barbe-de-feu"? Et non son épouse ou sa soeur?

-Bonjour, la salua alors l'ambassadrice de la Lorien. Etes-vous Barbe-de-feu? La personne dont on m'a parlé comme étant la plus compétente en matière d'objets de valeur?

Elle espérait que le nain qu'elle avait croisé ne lui avait pas fait de mauvaise blague. Les elfes n'avaient jamais été en très bons termes avec le peuple des cavernes, mais ils n'étaient pas ceux qui le faisaient le plus sentir. Nonn, les eldars étaient plus subtiles que cela...

En tout cas, Nostariel n'avait pas bien d'autre choix. Elle avait parcouru du chemin afin de trouver la personne la plus compétente possible pour ce cadeau. Il serait bête d'avoir à faire demi-tour et de se contenter de l'art elfique qu'elle ne voyait que trop souvent. Surtout pour une telle chose...

Fouillant dans l'une de ses poches, elle en sortit une feuille de papier plié qu'elle garda entre son index et son majeur. Entre ses plis se trouvaient des mots écrits en une langue ancestrale afin de brouiller les pistes de qui lirait le message. Le but était qu'il soit déchiffré...Mais plus tard. Par la personne à laquelle il était destiné.

-J'ai besoin de quelqu'un de compétent pour un cadeau, poursuivit-elle. Un cadeau important. Pour quelqu'un qui compte immensément pour moi...Pouvez-vous m'aider?

Elle espérait que la dame Nain accepterait la mission qu'elle avait à lui confier.

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Se trouvait devant moi une personne du peuple elfe. Je le devinai aisément bien que je n'en eusse jamais rencontré, car toute sa personne respirait la finesse et une forme d'élégance que je n'avais encore jamais vue. Cela n'avait en tout cas rien à voir avec les quelques caravanes d'humains que mes frères et moi avions croisées sur la route. Par ailleurs, la taille de la personne ainsi que la forme de ses oreilles me confortaient dans ma supposition.

-Bonjour, s'introduisit simplement la dame. Etes-vous Barbe-de-feu? La personne dont on m'a parlé comme étant la plus compétente en matière d'objets de valeur?

Je redressai les épaules fière comme un paon. Une telle introduction ne pouvait que trouver grâce à mes yeux et je répondis aussitôt en posant mes outils :

"Si fait, madame. Je suis ravie de vous recevoir dans mon humble atelier."

Qui n'était en réalité pas si humble que ça, mais ce n'était là qu'un détail. Si cette dame était à la recherche d'un artisan de talent, alors il convenait de la recevoir un peu mieux. Je retirai mes gants et les déposai sur l'établi le plus proche, en compagnie de la pièce que je travaillais. Je me passai un petit coup de chiffon sur le visage, de façon à être un peu plus présentable en retirant la cendre et la suie inévitables dans mon métier. De chamois clair, l'étoffe passa à une teinte gris charbon qui laissait présager du pire quant à ma physionomie. Je pris donc la peine de frotter un peu plus fort en espérant retirer autant de crasse que possible, et rejoignis finalement ma cliente en me sentant un peu plus fraîche et dispose. Celle-ci avait tiré de sa cape un document dont j'ignorais tout pour l'instant et je lui proposai de s'installer sur les fauteuils dans un coin de la pièce pour discuter tranquillement de sa commande. C'était bien plus commode que de rester plantées debout comme deux poireaux en quête de soleil. La comparaison était hasardeuse, puisque nous n'avions rien en commun, mais l'idée y était. Une image plus juste eût été de parler d'un poireau et d'une asperge, mais ce n'était qu'un détail.

-J'ai besoin de quelqu'un de compétent pour un cadeau, expliqua l'elfe une fois installée Un cadeau important. Pour quelqu'un qui compte immensément pour moi...Pouvez-vous m'aider?

Une commande d'importance, donc. J'ignorais tout des elfes, aussi la possibilité de discuter plus avant avec l'une d'eux me plaisait-elle particulièrement. Je n'avais pour l'heure aucune idée de la pièce que cette dame souhaitait me voir concevoir, aussi répondis-je simplement :

"C'est bien possible, ma dame. Avant de vous l'affirmer, j'ai néanmoins besoin de quelques détails quant à la pièce que vous désirez. Mon domaine d'expertise s'étend des perles pour orner la barbe des guerriers jusqu'aux bijoux délicats pour ces dames en passant par les objets divers que les hobbits affectionnent de s'offrir les uns aux autres à la moindre occasion."

A ce stade, elle aurait aussi bien pu vouloir me commander un anneau nasal pour vache qu'un diadème de qualité royale… Bien que j'eusse émis quelque surprise s'il s'était agi de la première supposition. Avec un peu de chance, elle me demanderait quelque chose d'original qui me donnerait un quelconque défi. Peut être cette cliente me donnerait-elle l'occasion de me dépasser ?

"A very special gift"

Lorsque Nostariel était entrée en ville, elle avait quelque peu perdu l'assurance dont elle pouvait faire montre d'ordinaire. Elle n'avait rien personnellement contre les Nains, mais des années passées à entendre à quel point leur peuple était hostile au peuple Elfe avait suffi à faire naitre en elle une certaine appréhension à leur contact.

Et dans cette petite échoppe...Elle était quelque peu plus rassurée, mais guère davantage.

Lorsqu'elle interrogea la femme-nain sur son identité, celle-ci répondit:

-Si fait, madame. Je suis ravie de vous recevoir dans mon humble atelier.

Donc c'était bien elle "Barbe de feu".

Elle l'informa alors de sa volonté de trouver quelqu'un de compétent pour une tâche importante, et selon l'opinion des habitants, il semblait bien qu'elle avait trouvé.
Elle sortit également de sa poche le papier sur lequel elle avait écrit le message qu'elle souhaitait faire passer.

-C'est bien possible, ma dame, lui dit alors son interlocutrice. Avant de vous l'affirmer, j'ai néanmoins besoin de quelques détails quant à la pièce que vous désirez. Mon domaine d'expertise s'étend des perles pour orner la barbe des guerriers jusqu'aux bijoux délicats pour ces dames en passant par les objets divers que les hobbits affectionnent de s'offrir les uns aux autres à la moindre occasion.

-Vos compétences semblent largement à la hauteur pour ce que je souhaite, déclara donc l'elfe en dépliant doucement sa feuille.

Sur celle-ci était dessinée une feuille de mallorn avec à-côté un texte. Nostariel avait eu un mal de chien à décider de choisir ces phrases en particulier, mais plus encore à les traduire dans l'ancienne langue, le Quenya. Bien sûr, cette traduction n'avait que pour but de brouiller les pistes car le message qu'elle voulait transmettre était très personnel, et la jeune elfe se sentait incapable de tout révéler sans qu'un minimum d'obstacles ne se dressent entre son destinataire et sa signification.

-Voici ce que je voudrais, fit-elle alors en se rapprochant de Barbe-de-feu et en lui montrant ce qu'il y avait sur le papier. Un pendentif rappelant une feuille de la Lorien, un peu stylisée, et derrière laquelle se trouveraient ces inscriptions. Est-ce faisable?

Les phrases étant un peu longues, il faudrait une précision et une minutie exceptionnelles pour les faire ressortir de manière lisible derrière une feuille-pendentif pas trop grande. C'était pour cela que Nostariel cherchait le meilleur artisan possible.

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Ma réponse semble satisfaire la dame et elle déplia son morceau de papier.

-Vos compétences semblent largement à la hauteur pour ce que je souhaite.

Voilà qui promettait : un travail d'orfèvrerie destiné à des elfes… Quoi de plus exotique ? Je frémissais d'avance, l'enthousiasme s'emparant peu à peu de moi comme la marée montante. La cliente s'approcha de moi afin de me montrer son modèle, que j'examinai soigneusement tandis qu'elle parlait.

-Voici ce que je voudrais, fit-elle alors en se rapprochant de Barbe-de-feu et en lui montrant ce qu'il y avait sur le papier. Un pendentif rappelant une feuille de la Lorien, un peu stylisée, et derrière laquelle se trouveraient ces inscriptions. Est-ce faisable?

Je me grattai la barbe tout en réfléchissant à ce que je pourrais faire de cette idée. L'objet pourrait être splendide, sans aucun doute. Peut être pourrais-je utiliser un moule pour créer une feuille d'une finesse comparable à ce que l'on trouverait dans la nature, puis tailler l'objet pour que la forme convienne ? La taille du texte ne m'inquiéta pas vraiment : j'étais une orfèvre de première qualité, et mon matériel de précision me permettait des miracles. Je m'inquiétai d'avantage de ce que signifiaient ces mots… Après tout, les elfes et les nains ne s'entendent guère et je ne tenais pas à être frappée d'une quelconque magie elfe en inscrivant cela sur le bijou. Pour ce que j'en savais, il pouvait aussi bien s'agir de mots d'amour que d'une malédiction sur dix générations ou encore de la recette du soufflé au fromage...

"Je pense pouvoir affirmer que ce travail est dans mes cordes. Bien sûr, nous devrons discuter du métal que vous souhaitez utiliser et éventuellement de ce que vous voudriez y faire enchâsser, pierres précieuses ou filigranes d'autres alliages… Avant d'aller plus loin, j'ai néanmoins besoin que vous me certifiez qu'il ne s'agit pas là d'un texte qui puisse nuire de quelque façon que ce soit. Non pas que je me défie de vous, mais mon père m'a enseigné à me méfier des langues qui me sont inconnues, pour ma sécurité. Vous comprenez, je suppose."

Elle même ne semblait guère à l'aise chez nous et je devinai aisément pourquoi : les rapports entre nos peuples n'était pas des plus cordiaux. Si elle ressentait la même gêne que moi, j'étais certaine qu'elle saisisse mon hésitation.

"Je ne vous demande certainement pas les détails, madame. Je veux seulement l'assurance qu'il ne s'agit pas là d'un quelconque maléfice qui pourrait me causer du tort à un moment où à un autre."

Même si ce n'était pas quelque chose qui se déclenchait immédiatement, on ne sait jamais. Je ne tenais pas à ce que mon travail, transformé en boulet de canon à retardement, explose un jour dans les mains de quelqu'un. Ce n'était pas bon pour le commerce.

"A very special gift"

La jeune elfe s'assurait de poser les bonnes questions. Rien que sa présence devait être perçue comme indésirable, autant ne pas envenimer les choses, même en ne le voulant pas. Surtout en ne le voulant pas.
Elle était ici pour un cadeau, pas pour chercher les ennuis. BIen sûr, on lui dirait certainement en Lorien "Tu aurais pu nous demander plutôt qu'aller courir là-bas", mais Nostariel cherchait quelque chose de mieux que ce que son propre peuple pouvait faire en matière de précision dans la composition de beaux artéfacts, et ça, elle devait admettre que seul un autre peuple le pouvait.

S'approchant, Nostariel dévoila à la Naine ce qu'il y avait sur son papier:

-Je pense pouvoir affirmer que ce travail est dans mes cordes. Affirma cette dernière. Bien sûr, nous devrons discuter du métal que vous souhaitez utiliser et éventuellement de ce que vous voudriez y faire enchâsser, pierres précieuses ou filigranes d'autres alliages…Avant d'aller plus loin, j'ai néanmoins besoin que vous me certifiez qu'il ne s'agit pas là d'un texte qui puisse nuire de quelque façon que ce soit. Non pas que je me défie de vous, mais mon père m'a enseigné à me méfier des langues qui me sont inconnues, pour ma sécurité. Vous comprenez, je suppose.

-Bien sûr, répondit Nostariel lorsqu'elle évoqua les métaux.

Elle y avait déjà réfléchi et elle pensait soit à l'argent, soit à l'ithildin, si possible, qui reflétait la lumière de la lune.
Elle fut quelque peu surprise lorsque la Naine lui déclara se méfier des inscriptions en elfique.

-Je ne vous demande certainement pas les détails, madame. Je veux seulement l'assurance qu'il ne s'agit pas là d'un quelconque maléfice qui pourrait me causer du tort à un moment où à un autre.

Elle-même n'aurait jamais pensé à un tel coup fourré. Enfin, la Naine avait besoin d'être rassurée sur ce point, elle allait donc lui expliquer de quoi il s'agissait.

-Ne vous en faites pas, déclara-t-elle donc. Il s'agit d'un message en Quenya, une langue très ancienne chez les elfes que beaucoup d'entre nous ne savent pas encore lire. J'ai dû m'aider de dictionnaires et demander de l'aide aux plus vieux pour m'assurer de la justesse de la grammaire et des mots employés. C'est pour un ami et si je n'ai pas utilisé le sindarin, c'est parce que je souhaite que le message ne soit pas déchiffré tout de suite. C'est un peu comme un message codé pour un jeu de piste, vous voyez? Afin de retarder le moment où cette chose importante sera dévoilée.

Et les Valar savaient si la signification de ce message avait de l'importance...

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Ma cliente s'approcha afin de me montrer plus en détails son document. Je ne comprenais bien évidemment absolument rien de ce qui y était inscrit mais son explication me réconforta quant au potentiel danger que je courrais à fabriquer cet objet.

-Ne vous en faites pas. Il s'agit d'un message en Quenya, une langue très ancienne chez les elfes que beaucoup d'entre nous ne savent pas encore lire. J'ai dû m'aider de dictionnaires et demander de l'aide aux plus vieux pour m'assurer de la justesse de la grammaire et des mots employés. C'est pour un ami et si je n'ai pas utilisé le sindarin, c'est parce que je souhaite que le message ne soit pas déchiffré tout de suite. C'est un peu comme un message codé pour un jeu de piste, vous voyez? Afin de retarder le moment où cette chose importante sera dévoilée.

Je hochai la tête, le regard à présent illuminé : il s'agissait donc d'un présent particulier, qui avait demandé énormément de travail à ma cliente. Voilà qui me plaisait : j'aimais les gens qui se donnaient la peine de travailler sérieusement à un projet avant de me le soumettre. C'était tellement plus agréable que les éternels indécis qui n'avaient qu'une vague idée de ce qu'ils voulaient et avec qui je devais parlementer des heures avant d'atteindre ne serait-ce qu'une ébauche d'idée… Ce bijou-là, au contraire, était si précis sur le papier que je le visualisais presque dans ma tête. En plus du reste, j'aimais l'idée que l'objet constitue une pièce d'une sorte de jeu de piste qui demanderait à son possesseur bien des efforts pour en percer les secrets… Participer à ma façon à une telle entreprise me faisait envie et le concept lui même pourrait se révéler plus que sympathique dans mes prochaines pièces. Je ferais certainement fureur avec une gamme de bijoux à décoder… Je pris quelques secondes, le temps de la réflexion, puis commentai :

"Si vous me permettez d'émettre un tel avis, ma dame, l'ithildin serait sans nul doute le meilleur matériau pour un tel projet. Mais je dois vous avertir, cela coûte cher et les délais de fabrication seraient un peu plus long : je n'en ai pas en réserve en ce moment, contrairement aux métaux les plus courants."

Le temps ne signifiait peut être pas grand chose pour les elfes, mais je me devais de l'informer de ce détail. On ne trouvait pas de l'ithildin en creusant dans son jardin. Je réfléchissais à toute vitesse sur le moyen le plus approprié de satisfaire à sa demande sous les meilleurs délais et surtout aux moindres frais pour moi. Il était évident que je disposais de quantités confortables de bronze, de cuivre, d'argent et d'or, mais les matériaux plus rares ne faisaient pas partie de mes fabrications les plus courantes.

"Pour un objet pareil, selon la facilité avec laquelle je trouverais la matière première, je pense que vous devriez compter un à deux mois de délai."

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Elle espérait que ses explication quant aux inscriptions suffiraient. La méfiance entre leurs deux peuples était tenace et il était rare de trouver des Nains acceptant de commercer avec des elfes sans réticence. L'inverse était tout aussi vrai, d'ailleurs.

Elle espérait toutefois que ce serait différent ici...Son but n'était pas le mal ou le défi, après tout. Ce qu'elle souhaitait faire fabriquer était bien trop important pour plaisanter.

Fort heureusement, la Naine sembla comprendre cela.

-Si vous me permettez d'émettre un tel avis, ma dame, déclara-t-elle, l'ithildin serait sans nul doute le meilleur matériau pour un tel projet. Mais je dois vous avertir, cela coûte cher et les délais de fabrication seraient un peu plus long : je n'en ai pas en réserve en ce moment, contrairement aux métaux les plus courants.

Nostariel hocha positivement la tête. Il y avait bien des choses rares en ce monde, surtout lorsqu'il fallait les extraire de la terre. Il fallait creuser profond, au bon endroit, les dénicher...Comme si ces choses se cachaient...Enfin, c'était le mal qu'on se donnait pour trouver les choses qui faisaient leur valeur et leur rareté. Il n'y avait qu'à voir le mithril. Aussi rare que résistant. L'elfe se demandait d'ailleurs comment les Nains faisaient pour forger des cottes à base d'un métal capable de protéger de toute agression. Ils parvenaient à soumettre ce qui ne l'était pas par les armes, et c'était suffisamment prodigieux pour que Nostariel décide de leur accorder sa confiance pour ce qui était talent dans l'art de forger.

-Pour un objet pareil, selon la facilité avec laquelle je trouverais la matière première, je pense que vous devriez compter un à deux mois de délai. Annonça encore la Naine.

Ce à quoi l'elfe répondit:

-Je ne suis pas à court de moyens. Je vous donnerai ce qu'il faut. Un à deux mois dites-vous? Cela me convient. Je ne suis pas pressée.

Elle ignorait exactement quand Elwyn allait rentrer de son voyage chez les Hobbits mais d'après ce qu'elle avait compris, il en avait pour un moment. Le temps n'était pas un problème, d'autant plus que quitte à cacher quelque chose, autant le faire autant qu'il était encore possible.
Elle voulait que la chose soit dévoilée...Mais pas facilement et pas tout de suite.

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