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| Sujet: Imagine Dragons [Solo][Flashback] Lun 2 Juin 2014 - 11:48 | |
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Imagine Dragons
J e me tournais délicatement vers Branir et mon sourire se crispa un instant. La chair de poule roula sur mes bras nus, alors que je me demandais si j'avais bien entendu. Le nain avait l'air aussi gêné que moi, mais son regard était posé sur moi, volontaire et affirmé. Et il répéta ces mêmes mots, qui formèrent un écho du cataclysme précédant dans tout mon corps. « Ilhy, est-ce que tu voudrais m'épouser ? » Les paroles peuvent faire des ravages, et ces simples mots que, d'un côté, j'avais toujours espéré entendre ne me plaisaient nullement. J'étais une femme, et je savais qu'un jour, je me marierais et enfanterais. J'étais heureuse en y pensant, mais ce n'était pas pour tout de suite. Je secouais délicatement la tête, en baissant les yeux. Je n'avais pas la force de soutenir son regard plein d'espoir. « Branir, il y a nombre de naines ici qui seraient ravies de te prendre pour époux. Tu trouverais beaucoup mieux qu'un ersatz de guerrier. Tu aimes les naines à la barbe fournie et aux formes rondes, non ? » A force de fréquenter la garde, j'en avais appris beaucoup sur ses membres. Branir était né aux Montagnes Bleues, et il était parfois mon compagnon d'entraînement quand je voulais en apprendre plus sur les haches qu'il maniait avec brio. Il inspira, souffla par le nez, et haussa les épaules, cherchant ses mots. « C'est vrai mais ça ne m'empêche pas de voir que tu es une naine bien, Ilhy. Tu es courageuse, forte, volontaire. Tu n'as pas peur de dire ce que tu penses. J'apprécie ce côté de ton caractère. Mes envies ont changées, et je veux une femme forte, capable de me soutenir, de me comprendre, et quoi de mieux qu'une guerrière ?» Ma présence l'avait fait changer d'avis. J'aurais dû être contente, et même plus que ça : un nain que j'appréciais, qui se trouverait faire un bon époux, me demandait ma main. C'était plus que ce que mes parents avaient jamais espéré. Et pourtant je me retrouvais à devoir refuser - et pour quelle raison fumeuse ? Je pouvais me marier et continuer mon train de vie, je le savais, surtout après ce qu'il venait de me dire. Ses mots me touchaient ; qu'on voit en moi une femme désirable et forte, c'était ce à quoi j'aspirais. Mais je continuais de secouer la tête. Je me devais d'être courtoise et douce avec les mots que j'allais prononcer. « J'ai toujours rêvé qu'on me dise ce genre de choses, tu sais ? Qu'à la fois, on me trouve belle et courageuse, femme et guerrière. Mais ... Branir, je ne veux pas t'épouser. Je ne t'aime pas de cette façon, et je ne pense pas que ça changera. » « Tu es une guerrière, mais n'oublie pas que ton premier devoir reste de perpétuer ta race. Tu ne pourras pas rester longtemps célibataire ; ferais-je un si mauvais mari ? » Il était perdu ; il ne comprenait pas mon rejet. Que pouvais-je lui dire ? Que mon coeur battait pour un autre ? Je m'y refusais ; je ne voulais pas que qui que ce soit soit au courant. J'avais déjà bien assez de mal avec mes propres émotions ; je me voyais mal déclarer aussi calmement que possible : ça ne sera pas possible entre nous, car j'aime le lion de Durin. Ridicule, autant que mes sentiments. Par bien des côtés, j'étais jeune et inexpérimentée ; j'avais déjà vu mes comparses jeter leur dévolu sur un homme, et l'attraper dans leurs filets. Non seulement je ne savais pas comment faire, mais je ne sais si j'en avais envie. L'homme que j'aimais était un noble de haut rang ; même si notre société ne se basait pas là-dessus, j'étais mal à l'aise à cette idée. « Ca n'a rien à voir avec toi, sache-le. Et puis, il n'y a pas un contingent de naines nobles venues de je ne sais où qui sont arrivées il y a peu ? » « Peut-être, mais je les ai entendu parler et elles en ont surtout après les hauts nobles, du genre le Roi sous la Montagne, ou ses héritiers. » Je n'eus pas le réflexe de me hérisser. Normal. C'était tout à fait ordinaire ; ces naines étaient sûrement de la haute société, des filles de seigneurs, et elles regardaient à leurs hauteurs. Kili, Thorin ... Fili. « Je leur souhaite bien du courage » grondais-je, un peu plus sèchement que ce que je désirais. Je soupirais, et passais la main sur mon visage. J'avais envie d'éclater de rire en imaginant de jolies naines essayer de draguer Thorin ou Kili. Mais quand j'en arrivais aux images mentales faisant évoluer Fili avec l'une d'elle, toute aussi fictive, le scénario en était différent, pointu, douloureux, piquant. Et si Thorin lui ordonnait de se marier ? Ou si il tombait sous le charme de l'une d'elle ? Rien n'était à écarter. « Branir, je suis navrée, mais je refuse. Trouves-toi quelqu'un qui saura s'occuper de toi, et qui te rendra heureux, tu le mérites mon ami.» Je ne le touchais pas, ne fis aucune accolade amicale ; peut-être aurait-il vu en cela un encouragement. Je fis volte-face et m'en allais de la façon la plus naturelle que possible ; je savais qu'ici, je n'étais plus noble, mais j'aurais voulu l'espace d'un instant le redevenir. Redevenir un parti présentable. Et puis, est-ce en pantalon troué et en chemise pleine de sueur que je comptais plaire ? Je n'avais jamais su comment plaire - je ne m'en souciais pas, habituellement, en réalité. En robe, j'avais l'air d'une truite engoncée dans de la soie. Et c'était de toute façon indécent d'encourager Fili à me regarder - non ? |
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