Sujet: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Mer 4 Juin 2014 - 17:01
Qui sème le vent récolte la tempête
Dwalin | Ilhy Sombrelande
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J'avançais cahin-caha, devant Fili et deux autres nains qui l'aidaient à marcher. J'avais volontairement tourné le dos à mon roi : je ne voulais me concentrer que sur une seule chose, avancer. Le soleil était aveuglant, dans son aube naissante, formant sur le ciel encore assombri des nuances colorées chatoyantes. Je ne sais combien de temps cela nous prit, mais nous arrivâmes enfin en vue des Montagnes Bleues. Ce fut un soulagement global, et je crois qu'à partir de là, nous puisâmes dans nos forces pour rentrer plus vite. Ma blessure au bras et à la cuisse me cuisaient comme si on les avait chauffé à blanc, mais malgré mon léger boitement, je ne fis pas ma fillette. Fili était blessé bien plus gravement ; j'imaginais sans mal l'emplâtre collant qui devait agglutiner sa tunique. Miam.
Je ne rêvais que d'un bon bain et d'un plat bien chaud. Le froid était insidicue xet mordant, après la tempête de la nuit ; en voyant la foule de gardes nous faire des signes et le brouhaha en nous voyant revenir, j'aspirais à rentrer à l'auberge et à dormir deux jours d'affilé. Je laissais les autres nains rassurer leurs proches et j'allais m'adosser à un mur, le souffle court. Fili allait sûrement être accueilli en héros, ou un truc du genre. Je réalisais soudain que nous étions un de moins dans l'équipe. Enfin, disons que je réalisais brusquement ce que cela signifiait. Je passais mes mains sur mon visage et la bonne humeur qui transparaissait sur mes traits disparut : ce nain avait une famille, et cette expédition lui avait arraché. Je me sentais terriblement fautive, et l'envie de me rouler en boule et de pleurer me tenta un instant avant de disparaître dans les méandres de ma fierté. J'étais fautive, oui ; j'avais insisté pour amener Fili avec moi dans cette expédition, et avait également insisté pour suivre les traces. Tout cela était de mon ressort ; j'étais bien décidé à faire comprendre cela à Thorin. Je sentis soudain un arôme qui me mit l'eau à la bouche, et je vis Kali, la femme de l'aubergiste, me tendre un quignon de pain encore chaud et une outre pleine de bière.
▬ Kali, je ... commençais-je, mais elle secoua doucement la tête en me présentant la nourriture. ▬ Mange, petite.
Là où je me serais sentie amoindrie chez d'autres, ses paroles me semblaient criantes de vérité. J'avais besoin de reprendre des forces, de me reposer, de me laver, de me soigner. Mais une chose à la fois ; je pris le morceau de pain et croquais dans la mie. Le goût savoureux et moelleux m'emplit la bouche et j'avalais tout rond le reste, sentant avec bonheur le poids dans mon estomac. Soudain, Kali s'esquiva et je compris qu'elle était partie faire de même avec les autres nains. Voyant la foule se disperser, je ne vis plus Fili. Où était-il passé ? Bah cela n'avait pas d'importance. Je restais ainsi, adossée au mur, me massant épaules et cou. Enfin, je triturais le cuir englué de sang et grimaçais en sentant les plaies se rouvrir ; de la terre gelée s'y était installée, je la sentais qui grattais furieusement dans ma chair.
Je bougeais enfin, vacillais et me réadossais au mur. Ma jambe avait décidé de faire grève ; elle ployait sous moi, ingrate et traîtresse. Je grimaçais encore et allais jusqu'à m'asseoir sur un muret de pierres basses. J'étais sale, pire qu'une souillon, et j'étais prête à m'enfoncer dans les affres de la culpabilité ; je repoussais mes cheveux roux qui avaient connu des jours plus flamboyants et me forçais à me relever.
▬ Allez, je vais pas faire ma chochotte quand même quoi ! Je vais me lever, aller à l'auberge, et dormir pendant les deux prochains jours. Sympa comme programme non ?
Ou la fatigue me faisait délirer, ou je me parlais toute seule. Ou au mur. Au choix. Je frottais mes yeux cernés et caves, grattais le chaume léger de mes joues et essayais de nouveau de me lever, en vain. L'épuisement combiné à la douleur de l'estafilade relativement profonde donnait de quoi nourrir la rébellion de mon corps. J'eus un gémissement agacé ; allons, Fili n'avait pas agi ainsi ! Il était futur roi ! Je devais prendre exemple sur lui ! Je me rassis, après avoir essayé cinq fois de me lever et enfouis mon visage dans mes mains, incapable de bouger ou de faire quelque chose. Comme un animal, la culpabilité me rongeait et mes pensées étaient à présent tournées sur le nain mort, sur Fili, sur les autres nains relativement blessés.
J'étais la seule fautive.
Dwalin
AZAGHÂL KHUZD ♦ NAIN
♦ PSEUDOs : Dwal ♦ MESSAGES : 6430 ♦ RÉPUTATION : 2993 ♦ AVATAR : Graham McTavish ♦ DC & co : Tobold & Csiasan ♦ DISPONIBILITÉ RP : ~ A discuter— RACE DU PERSO : Nain et fier de l'être. — ORIGINAIRE DE : Exilé d'Erebor, réside actuellement à Ered Luin — ÂGE DU PERSO : 168 ans et toutes ses dents (mais pas ses cheveux). — RANG SOCIAL : Seigneur nain. — MÉTIER PRATIQUÉ : Guerrier dans l'âme et avant tout. Il passe les jours calmes à la Forge. — ARMES DU PERSO : Tout est une arme pour lui. Sinon : Marteau, Haches, Dagues, Armure de poings, Crâne — ALLÉGEANCE〣GROUPE : Sa loyauté va à Thorin et à son frère aîné. — VOYAGE AVEC : Ses armes. — AMOUREUSEMENT : Veuf depuis 80 longues années. En proie aux regrets et à l'hésitation, à la crainte de blesser et celle de trahir.
Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Mer 4 Juin 2014 - 20:38
La tempête
Dwalin n’avait pas été heureux quand Thorin avait annulé la mission de secours pour le groupe qui avait été envoyé à l’assaut des orcs. Même s’il comprenait sa décision, au vue de la tempête, elle le rongeait. Il n’aimait pas se sentir impuissant, et détestait par dessus tout qu’on lui dise de simplement ne rien faire. Mais bien sûr, il était probablement trop tard. Il n’y avait aucune raison pour qu’ils ne soient pas déjà revenus. Malgré cela, le doute l’étreignait et il passa quand même quelques heures sur les remparts, entièrement harnaché et prêt à partir dès que cela serait possible.
Mais la soirée avait basculé quelques heures. Quand il avait appris par Thorin que Fili et Ilhy s’étaient joints au groupe…. là, le monde s’était nappé de silence. Qu’avaient-ils faits ? Ce n’était pas possible. Mais il ne demanda pas que la nouvelle lui soit répétée. Une telle chose ne lui aurait pas été annoncée à la légère. Là, l’angoisse commença. L’attente s’étira, pire encore. Les questions, les remords, les scenarii tournant dans sa tête alors qu’il se murait dans son propre silence face à la gravité de la situation. Face à ses propres sentiments, rampants, acides.
A Kili, il avait tout juste posé une main sur l’épaule, sans un mot. son regard était certainement assez éloquent comme cela. Mais il n’avait pas osé parler à sa mère. Il aurait voulu lui dire quelque chose, lui dire qu’il ferait tout ce qu’il pourrait, mais c’était faux, complètement faux. Il ne faisait rien d’autre qu’attendre. Il était inutile et cela le rendait fou. Il aurait dû partir avec cette satanée expédition en premier lieu… Quitte à y laisser la vie. Alors non, il n’avait pas parlé à Dìs. Il ne l’avait pas même approchée, peut-être par peur de s’entendre dire en face qu’il aurait dû y être, peut-être par honte que ce n’ait pas été le cas, peut-être parce qu’il savait que son angoisse et son chagrin ne ferait que multiplier le sien. Comment pouvait-il lui faire face dans ces circonstances ? Alors il avait fait demi-tour, rapidement. Il avait repris place dans une des tourelles, il avait tourné le long des remparts, encore et encore. Il y était resté toute la nuit durant, changeant de point d’observation dans l’espoir d’y voir une percée, une accalmie, de pouvoir enfin foncer et tenter de secourir les… les blessés. Blessés. Perdus dans le blizzard. A l’abri dans une grotte. Il s’accrochait à cet espoir, ce vain et maigre espoir. Le groupe ne pouvait pas avoir été balayé, ni par les orcs, ni par la tempête. Il ne pouvait avoir été massacré, ne pouvait avoir été enseveli, ne pouvait avoir été gelé à jamais au coeur de la nuit.
Quand Thorin apparaissait, entre deux allers et retours pour prendre et donner des nouvelles, Dwalin ne disait mot. Il ne pouvait rien dire, à lui non plus. Car il pouvait se mentir à lui-même, s’accrocher à des fragments d’espoirs, mais il ne pouvait lui mentir, pas à lui. Ils savaient tous deux à quoi s’en tenir. Et la situation les tuaient tous les deux, il le savait, il le sentait. Thorin avait peut-être envoyé l’expédition mais ce n‘était pas de sa faute, pensait Dwalin. Car ils auraient dû avoir le temps de rentrer. Ils auraient dû connaître le terrain pour savoir où trouver un abri. Ils auraient dû savoir évaluer la force de leur ennemi à temps. Et ils auraient pu, s’il avait seulement été avec eux. Il aurait dû être présent. Quoi que ce fut qui ait mal tourné, il aurait dû être présent. S’il avait su que les jeunes avaient décidé d’y aller… S’il avait été là au départ… S’il avait demandé à rejoindre la petite troupe, pour sortir, au lieu de… Il passait son temps à s’incruster sur les missions, pourquoi pas celle-là ? Son poing s'abattit contre le mur le plus proche, dans un grognement de frustration. Ne pas avoir prévu, ne rien avoir fait augmentait sa culpabilité. Mais ne rien pouvoir faire le rendait fou. Cette fois, ce fut Thorin qui posa sa main sur son épaule, la serrant un instant comme un écho à son propre geste envers Kili, et il se calma légèrement. Le coeur lourd, il s’éloigna du mur pour reprendre le poste qu’il s’était donné, fixant à travers l’épaisseur des carreaux la tempête qui faisaient rage, miroir de celle qui s’abattait toujours en lui.
Et enfin… l’aube arriva, et bientôt sous le soleil matinal, dans l’étendue blanche presque infinie et aveuglante, une ombre se profila. Un groupe. Des nains. Leurs nains. La machine se mit en branle, les gardes se mirent à courir alors qu’il beuglait quelques ordres. Prévenir Thorin. Trouver un soigneur. Préparer des couvertures, de la soupe chaude. Prévenir les familles. Envoyer des éclaireurs les aider immédiatement et vérifier si d’autres choses étaient nécessaires. Un éclaireur revenu, on su bientôt qu’il y avait plusieurs blessés, et un mort. Bört était tombé. Dwalin laissa échapper une prière à Mahal dans un murmure, afin qu’il le reçoive dans ses halls. Les autres s’en sortiraient, fort heureusement, et la nouvelle le soulagea. Il n’avait pas osé espérer que l’issue soit aussi favorable. Il se joignit ensuite à ceux qui attendaient devant les grandes portes que les survivants reviennent. Il y avait plus de monde qu’il ne l’avait anticipé, les familles et les amis, plus les curieux s’étant réunis. C’était carrément le bazar et cela eut pour effet de l’énerver un peu plus. Alors que les malheureux rentraient, il trouva d’abord le médecin qu’il avait fait mander, puis coupa à travers la masse de nains.
Le premier qu’il trouva fut Fili. Blessé à l’épaule, assez profondément apparemment. Mais il était inutile de s’attarder sur lui seul. Dwalin savait qu’on allait l’amener voir son oncle immédiatement : Waldur faisait déjà son apparition pour l’emmener dans le grand hall. Le guerrier ne désirait pas le retenir, ni le mettre en retard. Thorin saurait bien mieux que lui s’exprimer sur la situation à son égard. Il avait beau savoir communiquer avec lui en un seul regard, il était doué avec les mots quand il le souhaitait. De ce côté-là, le roi faisait la paire avec Balin. Jamais le guerrier n’aurait une telle éloquence. Il faut dire qu’il avait toujours trouvé mieux à faire que de polir sa verve. Quoi qu’il en soit, il ne tenta donc pas de l’arrêter pour lui parler. Il se contenta de le fixer avec le plus grand sérieux tout en pestant dans sa barbe à voix basse. C’était bel et bien du Khuzdul mais le son rauque, grondé, presque craché, ressemblait bien plus à un grognement qu’autre chose pour quiconque à portée d’oreille, Fili y compris. Son regard était noir et grave, incisif. Il reflétait toute sa colère, durement refoulée, toutes les heures d’attente et de supplice qui leur avaient été infligées. Non, il n’avait pas le temps pour ça. Il se détourna de l’héritier, car il savait qu’on s’occuperait de lui sitôt qu’il aurait rejoint son oncle. Son épaule serait soignée par les meilleurs guérisseurs de la Montagne et il aurait droit au discours qu’il méritait. Les autres, en revanche avaient besoin de lui... ou il avait besoin d’eux.
Il les trouva rapidement, du moins une partie d’entre eux, et il tira derrière lui le médecin qu’il avait fait venir pour qu’il vérifie leurs blessures, sans ménagement aucun. Il demanda tout aussitôt aux trois nains un résumé des évènements. Un des hommes, habitué, lui fit un panorama de la chose de la façon la plus concise qui soit, non sans essayer d’appuyer sur le courage et la vaillance des deux jeunes, mais Dwalin savait à quoi s’en tenir. Il demanda seulement où était la naine, comme elle n’était pas à leurs côtés. Mais quand ils lui firent un geste de la tête pour lui montrer Ilhy, un peu plus loin, le guerrier ne put que froncer à nouveau les sourcils, un grondement résonnant déjà dans son thorax. Il s’approcha de la silhouette assise, en la hélant.
« - ILHY ! »
Sa voix gronda au-delà du brouhaha autour de lui. Rien qu’en lui jetant un coup d’oeil rapide, il pouvait voir qu’elle était exténuée, transie de froid et blessée en plusieurs endroits. C’était tout juste si elle parvenait à se tenir correctement, à l’aide du mur sur lequel elle était appuyée. Mais comme pour Fili, cela ne fit qu’attiser sa colère, et il la transperça d’un regard sombre, accusateur. Son poing droit s’ouvrit et se referma imperceptiblement, comme s’il cherchait à se résonner lui-même, et il expira distinctement. Ces jeunes n’avaient AUCUNE IDEE de ce qu’ils avaient fait. Il se planta face à elle et la cogna droit dans l’épaule sans autre forme de procès, ni sans se retenir. Un écho au coup qu’il avait planté un peu plus tôt dans le mur, et qui avait laissé sa main clairement abîmée, un exutoire à sa rage et à ses autres sentiments qu’il ne savait guère exprimer..
Dernière édition par Dwalin le Mar 17 Juin 2014 - 11:54, édité 2 fois
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Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Mer 4 Juin 2014 - 21:02
Qui sème le vent récolte la tempête
Dwalin | Ilhy Sombrelande
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J'avais décidé de me redresser, de faire quelques pas, mais ma jambe refusait toujours de bouger, comme mon corps tout entier. J'avais le souffle court, et je grattais méthodiquement la plaie à mon bras, faisant couler du sang salie de terre neigeuse. Je grimaçais, en sentant la douleur remonter le long des nerfs, mais alors que je relevais la tête en entendant quelque chose, j'eus le temps de grogner sous la douleur. Mon épaule venait d'être assaillie par un coup ni gracieux ni gentil ; fort et puissant, qui résonna dans tout mon corps comme le rappel que je n'étais pas la seule à avoir vécu cette disparition de l'expédition. Dwalin. Dwalin. Dwalin ... Sa carrure si imposante face à moi me rassura, et alors que mon épaule s'engourdissait à cause de sa frappe, que la douleur se répandait en moi, autre trille physique, je fis l'effort de me redresser autant que je pus ; j'avais l'air bancale, tenant sur une jambe, l'autre repliée pour ne pas m'appuyer dessus. Mon regard vide se posa sur lui, et mon visage ne trouva pas la force de sourire.
▬ Dwalin ... Je ... Je suis désolée.
Ma voix était voilée de larmes, que je contenais à grand peine. Face au guerrier imposant, à celui qui avait été mon précepteur ces derniers mois, une émotion inédite se fit sa place en moi, insidieuse, tenant compagnie à la culpabilité et à la ferme intention d'aller me dénoncer : la honte. Une honte cuisante, au point que je me sentais brûler de l'intérieur : l'avais-je déçu ? De toute évidence, oui. Je ne pus soutenir plus longtemps son regard et je baissais mes paupières, qui se mirent à piquer, traîtresses.
▬ Il faut que ... Que j'aille voir Thorin !
Je fis un mouvement, pour vaciller et me retenir à mon ami. Je crois que ce fut à ce moment là que je craquais. Je fondis en larmes, incapable de me retenir. J'étais forte, j'étais guerrière, j'étais tout ce que je voulais, mais là c'était plus que je ne pouvais en supporter. Je me décollais de mon cher ami, pour ne pas avoir à le serrer contre moi, même si c'est que je désirais au fond. Je ne méritais pas son soutien, encore moins qu'il me console. Je prononçais, la voix hachurée, entrecoupée de larmes et de rires désespérés, hystériques :
▬ C'est ma faute ! C'est ma faute tout ça ! Et Fili qui ... Bört ... Je ... Fili ... Si il était mort, Dwalin, je ne ... Je n'aurais pas pu ... J'ai été prétentieuse, et je suis ...
Je passais mes mains sur mon visage pour en chasser les larmes, mais elles revenaient, coulant sur mon visage meurtri. Je reniflais sans aucune grâce, inquiète, rongée de remord et de honte. Je m'étais voûtée, comme pour reccueillir en mon sein la douleur qui me prenait le corps tout entier, à présent. Mais ce n'est pas de douleur physique que je pleurais ; c'était que mon esprit était à deux doigts de se rompre.
▬ Vous avez dû vous faire beaucoup de soucis, et pour ça aussi je suis désolée. J'irais ... Je dois aller voir Thorin ... C'est moi qui ai insisté, et Fili ... Fili, il a été blessé ! On s'occupe de lui ?
Je ne pouvais cacher mon inquiétude toute particulière pour l'héritier, surtout pas en cet instant. Je déglutis, essuyais sans aucune grâce mon nez humide de larmes et de morve, et toussotais pour reprendre, ayant le sentiment que mon inquiétude pour l'héritier aurait pu être mal interprétée :
▬ Je veux dire ... Il a ... Il a pris une flèche tu sais et ... Les autres vont bien, je crois ... Sauf Bört ...
J'essayais de chercher des excuses à mes inquiétudes quant au prince. Mais c'était normal que je sois angoissée pour lui, non ? J'inspirais encore, ma crise de larmes étant passée. J'étais moi-même surprise de mon propre excès de tristesse ; je m'étais toujours promis de rester forte. Mais face à la perte probable de Fili, à la perte réelle cette fois d'un autre ami, j'étais démunie. Je regardais mes mains, flasques ; et je continuais d'une petite voix :
▬ J'irais m'excuser auprès de Thorin et Fili. Et si le roi veut me renvoyer chez moi, je suivrais ses ordres ...
Cela signifierait la perte à jamais de tout bonheur. Si on me renvoyait chez mes parents, cela voudrait dire dans les griffes de Mère : on allait m'envoyer à la potence faite de rubans et de froufrous. Je serais sûrement mariée et aurais des enfants avant d'avoir pu songer à tout ce que j'avais perdu. Je fermais les yeux en grimaçant, le visage tourné vers le sol, pour que Dwalin n'ait pas d'autres raisons d'avoir honte de moi. J'étais perdue, ça se voyait et se sentait ; un mot de lui, un mot et je m'effondrerais. Même si j'avais la force en moi, je n'avais en cet instant plus la volonté d'avancer. J'avais failli ; j'aurais dû protéger Fili. Il avait failli mourir ; à cette idée mon sang se glaça de nouveau.
Non pas lui. Jamais lui.
Dwalin
AZAGHÂL KHUZD ♦ NAIN
♦ PSEUDOs : Dwal ♦ MESSAGES : 6430 ♦ RÉPUTATION : 2993 ♦ AVATAR : Graham McTavish ♦ DC & co : Tobold & Csiasan ♦ DISPONIBILITÉ RP : ~ A discuter— RACE DU PERSO : Nain et fier de l'être. — ORIGINAIRE DE : Exilé d'Erebor, réside actuellement à Ered Luin — ÂGE DU PERSO : 168 ans et toutes ses dents (mais pas ses cheveux). — RANG SOCIAL : Seigneur nain. — MÉTIER PRATIQUÉ : Guerrier dans l'âme et avant tout. Il passe les jours calmes à la Forge. — ARMES DU PERSO : Tout est une arme pour lui. Sinon : Marteau, Haches, Dagues, Armure de poings, Crâne — ALLÉGEANCE〣GROUPE : Sa loyauté va à Thorin et à son frère aîné. — VOYAGE AVEC : Ses armes. — AMOUREUSEMENT : Veuf depuis 80 longues années. En proie aux regrets et à l'hésitation, à la crainte de blesser et celle de trahir.
Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Jeu 5 Juin 2014 - 16:45
La tempête
Il inspira et expira profondément à nouveau. Il l’avait cognée. Et ça n’avait peut-être pas fait disparaître sa rage et le tourbillon qui se faisait en lui, mais ça faisait tout de même du bien. La jeune fille se releva pour se mettre débout, avant de s’excuser d’une voix morne et sans vie, et d’annoncer avec les yeux brillants qu’elle voulait voir Thorin. Pour quoi faire ?!
« Thorin est occupé. »
C’est tout ce qu’il répondit, d’une voix assez dure. Oui, il était occupé, bien sûr ! Il était occupé à mettre les points sur les I de Fili (et il en a deux, alors ! /out/). A lui faire comprendre que son comportement avait été irresponsable. Qu’il était tout juste digne d’un enfant, certainement pas d’un futur souverain. Que ses agissements avaient de graves répercussions et ne pouvaient être pris à la légère. Il était occupé à lui dire tout ce que Dwalin aurait voulu lui dire, mais avec de grands mots, mieux encore. Que croyait-elle donc ? Soudain, il vit à son mouvement qu’elle n’était pas stable sur ses jambes et allait clairement tomber sous peu. Ses grandes mains fermes se posèrent de chaque côté de la jeune naine, la tenant par les épaules un instant alors qu’elle avait elle-même le réflexe de se retenir à lui. Et là, quelque chose sembla craquer, et la jeune naine se détacha de lui avant de se mettre soudainement à pleurer. Il eut lui-même un mouvement de recul assez clair, et se mit à grogner dans sa barbe quelque chose de complètement inintelligible. Non mais pleurer… non, quoi ! Il se tourna à droite puis à gauche en grommelant. Et voilà qu’en plus de pleurer, elle énonçait des âneries !
De ses propos hachés, frénétiques, presque sans queue ni tête, il retint qu’elle se sentait coupable, et était particulièrement attachée à Fili. Pour Dwalin, elle avait l’air d’être en état de choc plus qu’autre chose, surtout. Ses nerfs avaient manifestement lâché, elle pleurait, tremblait, fixait ses mains d’un air vide, et semblait se vider peu à peu de son énergie. Sans compter qu’elle parlait sans cesser et sans trait de pensée véritablement cohérent, ce qui n’était pas du tout son habitude. Elle commençait, changeait de propos, posait une question, ne lui laissait pas le temps d’y répondre pour continuer, déblatérer encore et parler d’excuses, de fautes, de renvoi chez elle… Il lui mit une baffe.
« Tais-toi. »
La claque fut plutôt cinglante, mais l’intention était déjà moins violente que le coup qu’il lui avait décoché quand il l’avait retrouvée quelques minutes plus tôt. Plus calme, et moins empli d’une rage débordante, disons. Cela devrait aider à lui faire retrouver ses esprits. Enfin, c’était une technique comme une autre et Dwalin n’était pas connu pour sa subtilité. Si ça marchait sur ses congénères, ça devait marcher sur Ilhy. Elle sembla se figer, et il la fixa alors avec le plus grand sérieux, tout en annonçant à son tour, sa voix grondant encore :
« Thorin a d’autres choses à faire à l’instant, tout comme toi. Tu vas faire nettoyer et bander ces blessures. Tu vas changer de vêtements et manger quelque chose de chaud. Et tu vas faire tout ça sans broncher. Fili est soigné de son côté. »
Et engueulé. Mais ça, elle n’avait pas à le savoir pour le moment. Surtout si elle débordait autant de culpabilité. Ses esprits retrouvés, elle serait capable de débouler dans le grand hall pour clamer que tout était de sa faute. Ce qui était stupide. Si Fili avait choisi de l’écouter, les avait fait intégrer à l’équipe, avait choisi de faire poursuivre la route au groupe, c’était lui le responsable. S’il choisissait d’user de son rang pour commander ainsi, qu’il écoute ou non un de ses sujets il prenait la responsabilité entière de la chose quoi qu’il arrive. Penser qu’il se soit laisser influencé par une fillette qui n’avait même pas encore été intégrée officiellement à la garde... où avait-il la tête ? Oh, Dwalin avait bien une idée. Il les avait vu s’entraîner, et faire la fête, ces deux-là. Les propos d’Ilhy à l’instant n’avaient fait que le conforter dans son idée. Lui-même avait été mené par le bout du nez par Frerìs en son temps, il pouvait comprendre. Être un jeune nain amoureux promettait quelques surprises. Mais jamais, au grand jamais, elle n’avait influé au-delà de la raison dans les décisions qui avaient trait à son métier, à sa sécurité et à celle de ses hommes. Pourtant Mahal sait qu’elle avait essayé plus d’une fois. Cette affaire ne pouvait absolument pas être justifiée par un simple « cette fille me fait tourner la tête, je n’ai pas su dire non ».
Il alla choper le soigneur qui terminait à peine un bandage léger sur un de leurs collègues : « Ca, c’est plus urgent » et fit un signe directif à Ilhy juste après : « Taverne ». Il savait qu’elle y résidait depuis un moment déjà. Il ne lui fit pas l’affront de la balancer sur son épaule comme un sac à patates, mais l’attrapa quand même finalement sous l’aisselle, du côté où sa jambe était blessée afin de l’aider à marcher… et la traîner sans grande douceur jusque dans ses quartiers. Le premier nain y soignerait le second et l’un comme l’autre n’avaient visiblement pas leur mot à dire sur la question s’ils n’avaient pas envie de subir le courroux du géant, qui ne grommelait plus mais dont le visage en disait assez long sur son état d’esprit. Pas content.
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Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Jeu 5 Juin 2014 - 17:21
Qui sème le vent récolte la tempête
Dwalin | Ilhy Sombrelande
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Tout était confus, et j'inspirais. Au moment où le souffle sortait de mes lèvres crevassées, la claque frappa ma joue en un son qui tinta comme une cloche dans ma tête. Je restais un instant ainsi, immobile, à suivre son conseil ; cela me fit du bien, de ne plus me lamenter sur moi-même, et je pris conscience de l'état dans lequel j'étais. J'inspirais une nouvelle fois, histoire de calmer les tremblements qui m'avaient pris. Mon regard se posa sur le nain, dur comme un ciel d'orage, mais pas à cause de ce qu'il avait fait. J'avais pu, cette fois encore, compter sur lui. A quoi devais-je ressembler, à piquer une crise de nerfs en pleine rue ? J'accrochais nos regards et l'écoutais, l'angoisse et la honte continuant à se véhiculer dans chaque goutte de sang qui parcourait mes veines.
Dwalin était sage, et ses paroles reflétaient la vérité toute nue. Mais la vérité elle-même était trop tranchante pour que je m'y colle ; certes, on allait s'occuper de Fili, et je devais faire tout ce qu'il avait énoncé, mais ... Il y avait tellement de mais ! Je me contins cependant, ne voulant plus me répandre en geignements. Je me contentais de hocher la tête, convaincue de la raison dont il faisait preuve, mais désirant toujours que l'on me châtie pour ce que j'avais fait. Au moins, Fili aurait les soins qu'il méritait, par les ersatz de médecines que j'avais prodigué. Les souvenirs de cette nuit me revinrent, et si ils recélaient encore une partie sombre et désirable, j'y voyais à présent autre chose. Alors que je tâtais le torse de mon prince à la recherche de côtes cassées, que je lui faisais avaler de force par le moyen trouvé - un baiser - l'infusion, des gens s'inquiétaient pour nous. Cette idée suffisait à enlever tout amusement ou joie que j'avais pu éprouver près de Fili.
Je me laissais faire ; je n'avais pas d'autre choix, et ma fierté était tombée aussi bas que mon estime de moi. Dwalin m'aida donc à claudiquer jusque la taverne ; Kali étant sortie, ce fut son mari qui nous accueilli et il se mit à discuter de ce dont avaient besoin les médecins.
▬ Je ne suis pas blessée sérieusement, je vous assure ... fis-je d'une voix agacée, en laissant cependant le guérisseur examiner mes plaies.
Assise sur ma couche, je fus obligée de retirer mon manteau aux pans arrachés, mais l'on m'évita de devoir retirer ma chemise. Ma pudeur était sauve. On examina donc ma plaie au bras, qui fut enduite d'un onguent cicatrisant, mais l'estafilade profonde à ma cuisse allait demander des fils. Je grimaçais en voyant l'aiguille, mais laissais cette dernière percer ma chair. J'eus droit à une rasade d'alcool fort, et la bouteille passa dans les mains du guérisseur quand il eut fini pour nettoyer la plaie à vif. J'allais la garder, cette cicatrice. On me laissa seule un instant, le temps que je puisse changer de vêtement ; une bonne tunique bordée de fourrure, un pantalon chaud, des bottes sèches, et j'étais comme neuve. Comme neuve, hormis mon visage tirés au traits dignes d'un revenant. Je me dirigeais vers Dwalin, assis dans la pièce principale - entièrement vide, d'ailleurs, tous devaient s'occuper, au-dehors, des nains revenus. Je m'assis lourdement, alors que la chaleur de l'alcool, de la pièce et de mes vêtements détendaient mes muscles et faisaient sursauter mon corps de douleur.
▬ Je ne mérite pas de pardon. Je n'en demande même pas. J'ai insisté pour faire partie de cette expédition. C'est également moi qui ai voulu poursuivre un peu plus, sur la route, alors que les traces semblaient se disperser. Nous nous sommes fait surprendre - ils étaient plus nombreux, trop nombreux, et il y avait des archers ...
Je secouais doucement la tête et repoussais en arrière d'un geste de la main mes cheveux sales. On me servit un bol de soupe fumante et une pinte de bière, et je dévorais sans en laisser une miette ; dormir et prendre un bain, dans n'importe quel ordre, me semblait les prochaines étapes importantes de cette journée, mais alors que j'essuyais d'un revers de main ma bouche, je repris, grave et sérieuse. Il n'y avait plus trace de tristesse ou de désespoir en moi. J'avais grandi, au détriment de toute raison ; j'avais fait face aux conséquences, et même si cela me donnait la nausée, je voulais quand même continuer.
▬ Nous avons réussi à tous les tuer. Fili était blessé. Bört est tombé. Je me tus à cet instant, le visage creusé de peine, mais ma voix continua son épopée, alors que je repoussais la culpabilité qui serpentait dans mes entrailles.
▬ Nous allions rentrer ... Je peux te le jurer, mon ami, nous voulions rentrer, mais ... Le sol s'est ouvert sur Fili et moi. Nous avons tourné dans un abysse de terre gelée, et j'ai perdu conscience. Lui aussi sûrement.
Mon ton était devenu monotone, mon regard perdu dans le vide. Cela contrastait si fort avec mes vraies émotions, comme si je me détachais de moi-même et de mes souvenirs pour ne pas avoir à en souffrir. Je décidais de garder pour moi ce qui s'était passé cette nuit ; Dwalin n'avait pas besoin de savoir les détails. L'idée de les lui cacher était horrible, mais par pudeur pour moi, pour Fili, je gardais ces petits fragments dans ma mémoire.
▬ On a fait du feu, alors que la tempête faisait rage ; nous avions atterrit dans une espèce de grotte, par son plafond crevé. J'ai soigné Fili avec des herbes, et nous avons dormi quelques heures en attendant de pouvoir repartir ...
Nul commentaire sur tout ce qui s'était passé. J'avais fait une pâle copie de rapport, mais c'était à cela que ça ressemblait. J'inspirais encore, hésitante, puis plantais mon regard dans celui du nain face à moi.
▬ Quel châtiment je mérite, pour avoir fait erreur sur erreur, comme ça ? Quel châtiment méritais-je pour avoir mis la vie de mon compagnon le plus précieux en péril ? Pour avoir poussé si loin nos retranchements qu'un nain en était mort ? Je tus ces questions.
Désabusée. Coupable. Terriblement coupable. Je ne plaisantais pas. Je méritais d'être punie, et pas d'une simple tape sur les doigts. Si l'on voulait me renvoyer chez moi, j'y étais prête. Cela ne me ferait pas plaisir, mais j'y étais prête. J'avais presque ce à quoi j'avais toujours aspiré : la reconnaissance de mes pairs. Fili, Dwalin, mes compagnons, tous voyaient en moi leur égale, une amie. Mais je gâchais tout, avec mon impatience. Je baissais le regard et finis ma chope, espérant qu'elle me ferait tout oublier et sachant parfaitement que ça ne serait pas le cas.
Dwalin
AZAGHÂL KHUZD ♦ NAIN
♦ PSEUDOs : Dwal ♦ MESSAGES : 6430 ♦ RÉPUTATION : 2993 ♦ AVATAR : Graham McTavish ♦ DC & co : Tobold & Csiasan ♦ DISPONIBILITÉ RP : ~ A discuter— RACE DU PERSO : Nain et fier de l'être. — ORIGINAIRE DE : Exilé d'Erebor, réside actuellement à Ered Luin — ÂGE DU PERSO : 168 ans et toutes ses dents (mais pas ses cheveux). — RANG SOCIAL : Seigneur nain. — MÉTIER PRATIQUÉ : Guerrier dans l'âme et avant tout. Il passe les jours calmes à la Forge. — ARMES DU PERSO : Tout est une arme pour lui. Sinon : Marteau, Haches, Dagues, Armure de poings, Crâne — ALLÉGEANCE〣GROUPE : Sa loyauté va à Thorin et à son frère aîné. — VOYAGE AVEC : Ses armes. — AMOUREUSEMENT : Veuf depuis 80 longues années. En proie aux regrets et à l'hésitation, à la crainte de blesser et celle de trahir.
Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Ven 6 Juin 2014 - 19:03
La tempête
Ilhy semblait avoir repris ses esprits, et ne pleurait plus. Le nain s’employa donc à la voir soignée et nourrie. Arrivés à la Taverne, ils discutèrent très rapidement avec le tenancier afin qu’il leur apporte un peu tout ce dont ils allaient avoir besoin, notamment du linge, de l’eau et de l’alcool. Dwalin n’écouta même pas les protestations de la petite, qui tentaient de clamer qu’elle n’avait rien de sérieux, et continua à la traîner jusqu’à sa couche. L’autre nain commença alors à s’affairer, cherchant son matériel dans le sac qu’il avait amené avec lui, et après un moment de réflexion, Dwalin arrêta sa main de la sienne, avant d’annoncer simplement :
« Je serais en bas, si besoin. »
Puis il regarda la jeune naine, et enfin le médecin. Un regard appuyé, qui indiquait clairement -ou du moins il l’espérait- que s’il osait la découvrir plus que le nécessaire l’imposait, il allait lui arracher la tête. Mais s’il restait habituellement auprès de ses compagnons le temps des soins, il n’avait rien à faire dans la chambre d’une jeune fille. Moins de personnes seraient là pour l’observer, mieux ce serait, à n’en pas douter. Il s’exécuta donc, pour aller prendre place dans la taverne. Il y prit une bière et commanda de la soupe pour Ilhy, le temps que le soigneur fasse son office. Quand ce dernier le rejoint, Dwalin échangea quelques mots avec lui, lui tendit une petite bourse et le remercia. Il ne fallut pas longtemps avant qu’Ilhy ne vienne s’asseoir à ses côtés. Elle s’était changée et semblait déjà mieux, malgré la fatigue persistant sur ses traits et son visage toujours sale. Elle n’attendit pas, et pris la parole, commençant à lui raconter ce qu’il s’était passé la veille. Dwalin ne chercha pas à la couper, la laissant s’exprimer sans entraves.
Son propos était bien plus cohérent que précédemment, et il ne regrettait pas la baffe qu’il lui avait mise. Elle raconta comme elle avait insisté pour sortir avec le groupe et poursuivre lorsqu’il leur aurait fallu rentrer. Il la laissa manger sa soupe tout en poursuivant, même s’il avait déjà eu vent de tout ça auprès des trois autres nains. La surprise d’un ennemi plus nombreux qu’il ne l’avaient anticipé, la bataille, la crevasse. Arrivée à ce passage de l’histoire néanmoins, un petit silence légèrement gêné sembla s’étirer. Ce ne fut pas long, mais il était assez clair qu’elle ne lui disait pas tout à propos de ce qu’il s’était passé dans cette grotte. Et Dwalin pouvait assez facilement s’imaginer pourquoi, ou plutôt de quel type d’évènements elle n’avait pas envie de parler. Objectivement, ce n’était pas ses affaires. Il n’avait pas à y mettre son nez, et ce serait malvenu et quelque peu malsain qu’il le fasse. Mais deux jeunes, tombés dans une crevasse, blessés, gelés jusqu’aux os dans une grotte glaciale et humide, sûrement trempés à cause de la neige, avec pour seule perspective une mort probable.... il visualisait très bien. S’il avait été dans cette situation, s’il avait cru ne plus revoir Frerìs, il… il n’aurait certainement pas rejoint les halls de ses ancêtres sans un adieu. Pas sans avoir tenté de réchauffer son corps du sien et murmuré son amour encore et encore contre ses lèvres. Son coeur se serra à la pensée. C’était ce qu’il avait fait, à la fin.
Elle planta son regard dans le sien, le sortant du même coup de ses pensées funèbres, et lui demanda quel devait être son châtiment pour avoir fait erreur sur erreur. A cette demande, il ne put que s’adosser un peu plus lourdement contre le dossier de sa chaise, croisant les bras. Il la fixa ensuite avec un regard lourd de sens, ses mots déjà bien pesés au vu de ce qu’il avait entendu, d’abord auprès de ses compagnons de route puis maintenant :
« Pour avoir pris soin de Fili? L’avoir soigné, empêché de mourir de froid, ramené ? Il serait mort si tu n’étais pas tombée dans cette crevasse avec lui. Pour le reste, il aurait dû savoir mieux que de suivre l’avis de quelqu’un qui… »
Qui n’était même pas dans la garde, qui n’avait pas assez d’expérience, qui ne savait pas de quoi elle parlait. Elle comprendrait sans qu’il n’ait besoin de s’exprimer dessus. Il voyait bien qu’elle se sentait déjà fortement coupable, il aurait fallu être aveugle pour ne pas s’en rendre compte, et il n’avait pas besoin d’en rajouter. D’ailleurs, cela serait probablement la pire des punitions. La mort de Bört sur sa conscience. Ce n’était pas comme s’il pouvait la virer d’une garde dont elle ne faisait pas même encore partie. Il ajouta tout de même :
« La prochaine fois, tu sauras être plus prudente. Lui aussi. ...Mais vous n’êtes pas près de ressortir. D’ailleurs, tu es relevée de ton entraînement jusqu’à nouvel ordre. Je ne veux pas te voir traîner avec la Garde. »
Au-delà de l’aspect punitif qu’elle verrait sans nul doute dans ses propos, il souhaitait aussi lui donner du repos le temps que ses blessures se referment. Il avait lui-même trop de fois réouvert ses plaies par un comportement trop insouciant. Cela lui donnerait aussi l’occasion de réfléchir à ses actions, dans l’attente d’une décision plus... définitive. Thorin envisagerait peut-être de la renvoyer chez ses parents, mais ce n’était pas à lui de s’exprimer en son nom. Et s’il y avait véritablement quelque chose entre les deux jeunes gens, ce n’était pas en la remettant sur la route direction les Monts brumeux qu’ils les calmeraient. Cela ne conduirait qu’à pire, probablement.
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Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Sam 7 Juin 2014 - 9:35
Qui sème le vent récolte la tempête
Dwalin | Ilhy Sombrelande
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Dwalin n'en attendait pas moins de moi. A quelle hauteur étaient ses espérances ? De combien l'avais-je déçu, exactement ? Je commençais à être trop épuisée pour penser. Mais mon coeur était gonflé d'émotions brouillonnes. Reconnaissance, chagrin, inquiétude. J'avais du mal à mettre de l'ordre dans mes esprits, mais j'étais assez lucide pour remercier mon ami. Nous enlevâmes nos mains au même moment, et j'eus l'impression d'avoir mal fait, quand il détourna son regard de moi. Je ne compris pas trop, puis préférais ne pas y attacher d'importance. J'avais fait ce qui me semblait juste ; certes je n'avais jamais réellement eu de contact avec Dwalin, mais je n'avais pas cru qu'il puisse éviter mon toucher volontairement. Peut-être était-ce un réflexe ? Je me levais et me retrouvais devant lui, debout.
Me reposer, c'était une très bonne idée. J'allais tomber sur le lit et dormir trois jours, j'en étais certaine. Kali, à quelques rangées de tables de là, rangeait les couverts et essuyait les tables. Je l'entendais s'affairer. Je crois que ce fut parce que je me concentrais sur elle que je ne vis pas Dwalin s'approcher. Et en un battement de coeur je fus serrée contre lui. L'émotion qui m'envahit était une sensation chaud et rassurante. Comme si j'étais un louveteau que sa mère venait de retrouver. Mes mains étaient posées sur son torse puissant, et je sentis mes doigts se crisper sur sa tunique, comme pour palper la réalité de ce geste si familier, si doux, si intime. Je ne comprenais pas, mais je ne voulais pas mettre de logique sur cela. Je profitais juste, de sa présence tiède et virile. J'adorais Dwalin. Il avait été le premier à me donner ma chance, et je savais bien qu'il m'aimait bien aussi à sa manière. Au début, je l'avais vu qui me regardait en m'entraînant ; même si il venait moins, j'étais certaine qu'il se tenait au courant de mes progrès. Il était une espèce de professeur chouchou ; j'étais là, moi aussi, quand il entraînait les autres. Je regardais de loin, n'osant pas participer. Mais j'étais là. Parce qu'il comptait pour moi.
Il se recula, l'air un peu surpris lui aussi de son geste. Mais surtout, je lisais qu'il était rassuré. Je lui avais donc fait si peur que ça ? Il hocha la tête et s'éloigna. Il disparut au dehors et je restais immobile, les bras ballants, encore incertaine de ce qui venait de se passer. J'avais l'impression d'avoir été lavée des souillures de cette nuit ; comme si cette étreinte me prouvait que j'étais en vie et que je méritais de l'être. Je vivais, et je n'avais pas le droit de me lamenter comme je l'avais fait.
▬ Kali, je vais me coucher.
Je partis dans ma chambre, retirais mes bottes et ma veste, et me couchais, vêtue de ma chemise et de mon pantalon. Si la douleur était encore là, la fatigue la muselait - ça et les herbes qu'on m'avait donnée. Je fermais les yeux, exténuée, mais des images venaient à mon esprit. Bort, à terre, le ventre crevé de la lance. Fili blessé, son épaule plantée d'une flèche. Le sang, au sol, mélange de celui des nains et des orcs. Ce moment où nous avions glissé dans la terre, comme avalés. Je refoulais ma tristesse, et durcis mon coeur.
▬ J'ai sauvé Fili. Il est vivant. Je n'ai plus à m'en faire pour lui. Je dois me concentrer sur moi. Pas sur lui.
J'allais devoir me sortir Fili de la tête : il n'était pas correct de ma part d'espérer autre chose qu'être sa compagne d'armes. C'était déjà bien assez ; j'étais heureuse d'être venue. J'avais rencontré Fili, mais aussi Kili, l'adorable Kili, oui, et Dwalin, et Béryl. J'avais pris la bonne décision en venant ici pour prouver mon courage. J'avais juste été trop prétentieuse. Je devais faire la part des choses ; avoir des émotions pour l'héritier blond ne faisait pas partie de mes intentions. Et j'allais devoir étouffer mon amour pour lui rapidement, avant que cela ne me blesse trop fort. Je refusais de nous laisser une chance, parce que l'on avait aucun avenir ensemble. J'étais laide, sans barbe et pas assez féminine ; qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir faire avec une noble déchue qui se conduisait comme un mâle ? Non, je devais arrêter de me conduire en enfant. Avoir décidé à voix haute de ce que je devais faire m'aida à me calmer, et je posais la tête sur l'oreiller.
Et pourtant, quand le sommeil m'attira à lui, ce ne fut pas de combats ou de sang que je rêvais, mais d'un contact chaud et rassurant, et d'un goût salé, d'un baiser. Mon premier baiser.
Dernière édition par Ilhy le Mar 17 Juin 2014 - 11:17, édité 1 fois
Dwalin
AZAGHÂL KHUZD ♦ NAIN
♦ PSEUDOs : Dwal ♦ MESSAGES : 6430 ♦ RÉPUTATION : 2993 ♦ AVATAR : Graham McTavish ♦ DC & co : Tobold & Csiasan ♦ DISPONIBILITÉ RP : ~ A discuter— RACE DU PERSO : Nain et fier de l'être. — ORIGINAIRE DE : Exilé d'Erebor, réside actuellement à Ered Luin — ÂGE DU PERSO : 168 ans et toutes ses dents (mais pas ses cheveux). — RANG SOCIAL : Seigneur nain. — MÉTIER PRATIQUÉ : Guerrier dans l'âme et avant tout. Il passe les jours calmes à la Forge. — ARMES DU PERSO : Tout est une arme pour lui. Sinon : Marteau, Haches, Dagues, Armure de poings, Crâne — ALLÉGEANCE〣GROUPE : Sa loyauté va à Thorin et à son frère aîné. — VOYAGE AVEC : Ses armes. — AMOUREUSEMENT : Veuf depuis 80 longues années. En proie aux regrets et à l'hésitation, à la crainte de blesser et celle de trahir.
Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Lun 16 Juin 2014 - 1:15
La tempête
Il avait donné sa sentence, annoncé qu’elle n’aurait plus le droit de prétendre à un entraînement, ni ne pourrait plus fréquenter la Garde pour une durée indéterminée. Cela ne serait pas aisé pour la naine, il le savait, ayant eu un apperçu assez net de son caractère dans les derniers mois. En d’autres circonstances, il n’aurait pas été étonné de la voir débarquer malgré ses blessures, car tourner en rond et ne rien faire était trop rude. Mais il la privait de cela. Elle aurait à trouver une autre activité, un autre exutoire pour sa fougue lorsqu’elle irait mieux. Et Dwalin avait beau être gentil à ses heures, il ne la ménagerait certainement pas s’il venait à apprendre qu’elle avait passé outre cette punition avant qu’il ne se décide lui-même à la lever. Il ne savait si Ilhy parviendrait à tenir, mais il valait mieux pour elle que ce fut le cas. La naine acquiesça, avant de lui assurer qu’elle s’y résolvait. Il l’écouta encore s’excuser sans demander aucun pardon, et annoncer qu’elle essaierait de retrouver sa confiance et celle de Thorin, affirmant qu’elle ne referait pas les mêmes erreurs et que sa conduite serait dorénavant des plus exemplaires. Ce fut au tour de Dwalin d’hocher la tête, répondant très sobrement.
« Je n’en attends pas moins... »
Il ne releva pas la suite, ne sachant trop si elle parlait de Thorin, ou de quelqu’un d’autre. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas à lui de présumer de l’existence ou de l’absence d’un quelconque grief de la part d’un autre que lui-même. De plus, le ton était tel qu’il lui sembla qu’elle se parlait presque à elle-même plus qu’elle ne s’adressait à lui. Il la regarda un instant, pendant qu’elle semblait perdue dans ses pensées. Elle avait toujours l’air fatiguée, éreintée même, et cela était parfaitement compréhensible. Sûrement vaudrait-il mieux pour lui qu’il parte à présent. Sa place n’était pas aux côtés de la jeune fille et la place de cette dernière était dans son propre lit, à se reposer.
Il fut sorti de ses pensées par un Merci. Simple et sans fioritures. Leurs regards s’accrochèrent un instant, et il sentit la main plus fine d’Ilhy se poser sur la sienne au-dessus de la table. Il la retira en un mouvement presque réflexe, alors qu’elle en faisait déjà de même, et se leva alors de sa chaise, brisant ainsi leur lien visuel qui n’avait duré qu’un bref instant. Il n’était pas prêt pour cela.
« Je vais te laisser te reposer. »
Levé de sa chaise, il avait contourné la table pour se mettre à hauteur de la naine, mais hésitait légèrement à présent. Il était heureux qu’elle soit en vie, mais ne savait trouver les mots adéquats pour l’exprimer avec justesse, sans se trahir pour autant. Thorin, la lignée entière de Durin, avait tremblé et fait les cents pas avec lui cette nuit, dans cette attente qui les avait rendus fous. Ils avait eu peur pour le prince, leur héritier, leur famille. Dwalin avait eu peur pour Fili aussi ; il le considérait comme son neveu de coeur et l’imaginer tombé était une peine immense. Il lui semblait qu’il lui avait fait défaut, et il ne se serait jamais pardonné sa mort, quand bien même il n’avait pas de réel tort dans l‘affaire. Mais il avait aussi tremblé pour quelqu’un d’autre. Pour l’équipe, oui, c’était normal ; ils étaient ses frères d’armes, même ceux qu’il ne connaissait que peu. Mais il avait réellement frémi en apprenant que sa protégée était avec eux. S’il pouvait seulement se permettre de penser à elle en ces termes. Il poussa un soupir de défaire, et attira finalement la jeune naine à lui, ses mains agrippant les épaules frêles. Il ferma les yeux un instant, se laissant aller à cette proximité qu’il ne s’était plus permis depuis longtemps, avant de sentir le regard de la tavernière sur eux et de lâcher la petite après ce qui n’avait été que quelques toutes petites secondes.
Il était heureux qu’elle soit en vie, oui. Plus qu’elle ne pourrait le comprendre, probablement. Plus que ce qu’il aurait voulu s’en donner le droit.
Beryl n’était pas fou, il avait su immédiatement. Il avait vu que Dwalin venait bien plus souvent leur rendre visite que ce qu’il ne l’avait pas fait dans les dernières années. Il avait souri en l’entendant lui demander des nouvelles de son entraînement, et promulguer plusieurs suggestions, sans pour autant accepter de s’en charger lui-même. Il lui avait plusieurs fois tapé amicalement l’épaule en le surprenant à observer les progrès de la naine dans l’encadrement d’une porte, sans chercher à révéler sa présence. La voir faire avait fait rêver Dwalin d’un autre monde. Lui avait rappelé ces petites haches qui n’avaient jamais servi qu’à orner une tombe de pierre froide. Il avait gardé un oeil sur elle, et ses progrès l’avaient rendu fier là où il n’en avait nul droit. Finalement, cela l’avait effrayé. Alors il s’était tenu un peu plus à l’écart, s’était fustigé. S’il avait veillé de loin, dans l’ombre, il savait que ce n’était pas sa place et que ce ne le serait jamais. Il n’avait pas s’investir. Et il ne pouvait pas avoir un substitut, car il ne voulait pas trahir celle qui était sa fille. Mais cette nuit, il avait regretté ses choix, amèrement. Regretté de ne pas lui avoir donné le meilleur, de ne pas l’avoir entraîné lui-même, se prenant à penser que cela aurait peut-être pu lui sauver la peau. Oh il savait que ce n’était qu’une illusion, qu’un de ces contes que l’on se raconte à soi-même, mais il n’avait pu empêcher ce sentiment de culpabilité de l’envahir, encore et encore. Et à présent qu’elle était revenue, il ne savait s’il devait poursuivre, ou changer son attitude.
En attendant, il se contenta de la regarder, et de hocher la tête à son attention, sans un mot. Il ne désirait pas se donner en spectacle. De plus, s il avait voulu se protéger des fantômes de son passé, ce n’avait pas marché ; mais il pouvait toujours veiller à que cela continue de fonctionner pour elle. Il ne donnerait pas matière à de quelconques ragots qui pourraient entacher la réputation de la jeune naine. D’autant plus si elle choisissait de fréquenter Fili, cela serait assez dur pour elle.
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Sujet: Re: Qui sème le vent récolte la tempête. [Terminé] Mar 17 Juin 2014 - 11:31
Qui sème le vent récolte la tempête
Dwalin | Ilhy Sombrelande
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Dwalin n'en attendait pas moins de moi. A quelle hauteur étaient ses espérances ? De combien l'avais-je déçu, exactement ? Je commençais à être trop épuisée pour penser. Mais mon coeur était gonflé d'émotions brouillonnes. Reconnaissance, chagrin, inquiétude. J'avais du mal à mettre de l'ordre dans mes esprits, mais j'étais assez lucide pour remercier mon ami. Nous enlevâmes nos mains au même moment, et j'eus l'impression d'avoir mal fait, quand il détourna son regard de moi. Je ne compris pas trop, puis préférais ne pas y attacher d'importance. J'avais fait ce qui me semblait juste ; certes je n'avais jamais réellement eu de contact avec Dwalin, mais je n'avais pas cru qu'il puisse éviter mon toucher volontairement. Peut-être était-ce un réflexe ? Je me levais et me retrouvais devant lui, debout.
Me reposer, c'était une très bonne idée. J'allais tomber sur le lit et dormir trois jours, j'en étais certaine. Kali, à quelques rangées de tables de là, rangeait les couverts et essuyait les tables. Je l'entendais s'affairer. Je crois que ce fut parce que je me concentrais sur elle que je ne vis pas Dwalin s'approcher. Et en un battement de coeur je fus serrée contre lui. L'émotion qui m'envahit était une sensation chaud et rassurante. Comme si j'étais un louveteau que sa mère venait de retrouver. Mes mains étaient posées sur son torse puissant, et je sentis mes doigts se crisper sur sa tunique, comme pour palper la réalité de ce geste si familier, si doux, si intime. Je ne comprenais pas, mais je ne voulais pas mettre de logique sur cela. Je profitais juste, de sa présence tiède et virile. J'adorais Dwalin. Il avait été le premier à me donner ma chance, et je savais bien qu'il m'aimait bien aussi à sa manière. Au début, je l'avais vu qui me regardait en m'entraînant ; même si il venait moins, j'étais certaine qu'il se tenait au courant de mes progrès. Il était une espèce de professeur chouchou ; j'étais là, moi aussi, quand il entraînait les autres. Je regardais de loin, n'osant pas participer. Mais j'étais là. Parce qu'il comptait pour moi.
Il se recula, l'air un peu surpris lui aussi de son geste. Mais surtout, je lisais qu'il était rassuré. Je lui avais donc fait si peur que ça ? Il hocha la tête et s'éloigna. Il disparut au dehors et je restais immobile, les bras ballants, encore incertaine de ce qui venait de se passer. J'avais l'impression d'avoir été lavée des souillures de cette nuit ; comme si cette étreinte me prouvait que j'étais en vie et que je méritais de l'être. Je vivais, et je n'avais pas le droit de me lamenter comme je l'avais fait.
▬ Kali, je vais me coucher.
Je partis dans ma chambre, retirais mes bottes et ma veste, et me couchais, vêtue de ma chemise et de mon pantalon. Si la douleur était encore là, la fatigue la muselait - ça et les herbes qu'on m'avait donnée. Je fermais les yeux, exténuée, mais des images venaient à mon esprit. Bort, à terre, le ventre crevé de la lance. Fili blessé, son épaule plantée d'une flèche. Le sang, au sol, mélange de celui des nains et des orcs. Ce moment où nous avions glissé dans la terre, comme avalés. Je refoulais ma tristesse, et durcis mon coeur.
▬ J'ai sauvé Fili. Il est vivant. Je n'ai plus à m'en faire pour lui. Je dois me concentrer sur moi. Pas sur lui.
J'allais devoir me sortir Fili de la tête : il n'était pas correct de ma part d'espérer autre chose qu'être sa compagne d'armes. C'était déjà bien assez ; j'étais heureuse d'être venue. J'avais rencontré Fili, mais aussi Kili, l'adorable Kili, oui, et Dwalin, et Béryl. J'avais pris la bonne décision en venant ici pour prouver mon courage. J'avais juste été trop prétentieuse. Je devais faire la part des choses ; avoir des émotions pour l'héritier blond ne faisait pas partie de mes intentions. Et j'allais devoir étouffer mon amour pour lui rapidement, avant que cela ne me blesse trop fort. Je refusais de nous laisser une chance, parce que l'on avait aucun avenir ensemble. J'étais laide, sans barbe et pas assez féminine ; qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir faire avec une noble déchue qui se conduisait comme un mâle ? Non, je devais arrêter de me conduire en enfant. Avoir décidé à voix haute de ce que je devais faire m'aida à me calmer, et je posais la tête sur l'oreiller.
Et pourtant, quand le sommeil m'attira à lui, ce ne fut pas de combats ou de sang que je rêvais, mais d'un contact chaud et rassurant, et d'un goût salé, d'un baiser. Mon premier baiser.
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