AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...
-26%
Le deal à ne pas rater :
Bosch BBS8214 Aspirateur Balai Multifonction sans fil Unlimited ...
249.99 € 339.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyLun 6 Oct 2014 - 15:23

Elrond et les six gardes à qui il avait donné l’ordre de le suivre galopaient depuis déjà plusieurs heures sans que l’ombre d’un autre cavalier ne leur apparaisse. Arador était introuvable, et pourtant, Elrond était quasiment sûr de la direction à prendre. Parfois, le bruit très lointain, même pour des oreilles d’elfe, du bruit que faisaient les sabots sur l’herbe humide et la terre meuble, laissait penser à Elrond qu’il avait raison de suivre cette route sinueuse. Toutefois, rien n’était moins sûr que ce soit le cheval d’Arador et non celui qu’un quelconque autre vagabond solitaire se pressant pour ne pas passer la nuit entière dehors, ou un coursier avide d’apporter une missive de la plus haute importance d’un point à un autre. La Terre du Milieu était vaste, et nombreux étaient ses habitants, se croisant au hasard, se ratant de peu, à toutes heures du jour et de la nuit. Arador n’était certainement pas le seul à élancer son destrier à vive allure ; d’autres hommes pouvaient tout aussi bien être dans cette situation similaire et, qui sait, peut-être était-ce l’un de ces inconnus que le Seigneur Elfe et ses sous-fifres suivaient, ignorants… Elrond ne cessait d’injurier sa propre personne, se sentant terriblement stupide. Que ne donnerait-il pas pour faire marche arrière, revenir à l’instant où Arador le suppliait de céder à sa requête d’envoyer avec lui une escorte, pour s’assurer dans les landes d’Etten que son paternel était sain et sauf ? S’il le pouvait, il lui donnerait son accord sans une once d’hésitation. Mais Elrond n’avait pas le pouvoir de percevoir l’avenir. Il devait, comme la grande majorité des êtres de ce monde, faire des choix aux moments présents et, parfois, être confronté aux regrets les plus atroces à supporter…

« Seigneur Elrond ! Je ne vois Arador nulle part… Êtes-vous sûr du chemin que nous empruntons ? »

Le plus jeune des gardes, d’esprit plus audacieux et moins facilement intimidé, venait à nouveau de prendre la parole, sans que cela n’ait d’incidence sur la vitesse de leur course. Elrond mit un long moment à lui répondre, ne sachant trop quoi lui dire tout en restant sincère et en gardant la face. La panique qui l’avait saisi lorsqu’il s’était rendu compte de la disparition d’Arador avait mis à mal sa réputation d’elfe sage au cœur solide, et il se doutait bien que s’il émettait ses propres doutes vis-à-vis de ses compagnons, il pouvait perdre une partie de leur estime. Mais il avait déjà trop menti ce même soir et il ne souhaitait pas refaire la même erreur.

« Non, je ne suis certain de rien. Mon intuition et les quelques informations que je sache me conduisent à suivre cette voie, cependant… Je puis me tromper… »

Un lourd silence accueillit cet aveu. Aucun des gardes, pas même le jeunot, n’émit de nouvelles paroles. Le Seigneur d’Imladris sentait le poids de leurs regards éberlués derrière lui, certainement aussi lourds de reproche et de confusion, mais il essayait de ne pas s’en soucier. Qu’était sa réputation face à la vie d’Arador ? Rien. Il aurait tout le temps, plus tard, de rattraper cette soirée et de retrouver sa dignité à leurs yeux.

Bientôt, les sabots de leurs montures foulèrent les landes d’Etten, là où Elrond pensait retrouver Arador. Il en fit part à ses compagnons, qui reçurent cette nouvelle avec un sourire narquois pour certains, une totale impassibilité pour d’autres. Elrond comprenait leurs réactions ; ils devaient penser qu’il tentait de faire bonne figure, de leur assurer vainement qu’il savait, à présent, où ils se dirigeaient. Pourtant, Elrond le savait réellement, maintenant. Si Arador ne se trouvait pas dans cette contrée, il avait fui ailleurs, là où le Peredhel n’avait aucune piste. Et jamais plus il ne le reverrait, si Arador ne décidait pas à revenir de lui-même… Elrond pourrait envoyer régulièrement des troupes à sa recherche, il aurait peu d’espoir qu’une d’elles le ramène à lui et à la douceur de leur foyer. Diverses émotions continuaient de faire chavirer le cœur de l’elfe meurtri, du chagrin à l’angoisse, de l’angoisse à la colère, de la colère à la résignation… en une ronde infinie de laquelle Elrond, pensait-il, ne sortirait peut-être jamais.

Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyLun 6 Oct 2014 - 21:54




« Lorsqu’un troupeau de moutons est uni, le loup n’ose l’attaquer. »



Le bruit de tonnerre des sabots d’Asgar sur le sol pavé de Fondcombe, avait laissé placé à un martellement sourd mais puissant alors que le paysage se vidait de ses forêts pour laisser défiler devant ses yeux une lande glacée. De ses poings blanchis par la tension qu’ils exerçaient, Arador s’accrochait de toutes ses forces à la crinière de son cheval pour ne pas finir désarçonné, la fatigue ne l’aidant pas à se concentrer sur la bonne posture à adopter. Et si l’animal piaffait parfois, avertissant son maitre de relâcher sa prise, celui-ci ne faisait que se décramponner un moment pour recommencer de plus belle un peu plus loin, l’enjoignant alors à galoper plus vite encore. Une chance pour le rôdeur que ce soir là, l’animal soit d’humeur magnanime, sinon, il y aurait bien longtemps que sa folle chevauchée aurait pris fin. Il aurait surement finit, projeté dans ce sombre décor, par un destrier fortement mécontent. Non seulement d’avoir été sorti de son sommeil, mais aussi de subir les émotions négatives de son cavalier qui n’avait d’ailleurs pas pris la peine de le seller, le montant à cru et ce faisant, tirant un peu trop fort sur ses long poils lui servant alors de rênes. Ainsi, que l’animal se montre conciliant, contrairement à son maitre, relevait de Dame fortune. Peut-être avait-il senti que celui-ci était perturbé. Pourquoi pas après tout. Certains chevaux faisaient preuve parfois d’une intelligence émotionnelle dépassant celle des hommes, parvenant même à étonner les elfes. Toujours fut-il que celui-ci galopait aussi vite que le lui permettait ses muscles pour répondre aux attentes de son compagnon, fendant la plaine.

Sur son dos, Arador, le visage fermé, les traits tirés par la fatigue et l’angoisse, gardait les yeux fixés sur l’horizon, cherchant frénétiquement un point de lumière, un trait de fumée, des odeurs de nourriture, les indices d’un campement. Quelque chose qui lui permettrait de se diriger plus précisément.  Mais pour l’instant, seul, le vent hurlant à ses oreilles, rien ne lui sautait aux yeux ni aux narines. Aussi, après deux heures de chevauché intense, il stoppa un moment sa monture, prenant malgré son empressement, un temps de réflexion. Se mettant un instant à la place de son père, il se demandait où celui-ci aurait bien pu établir son camp ? La question était simple, mais pourtant si compliquée à la fois, car il ne savait rien de la mission dont s’était imparti le chef des Dunedains. Il se sentit tout à coup bien seul, sa voix intérieure étouffée, diminuée par le sifflement du vent, et le froid de la nuit noire s’infiltrant dans ses vêtements, peu chaud pour la saison. Et la fatigue. Cette fatigue qui jouait avec ses nerfs, tirait encore sur la corde de sa résistance physique et mentale, amenuisant un peu plus ses réserves d’énergie. L’air glacial n’arrangeant rien. Il allait descendre de sa monture pour tenter, un peu en désespoir de cause, de trouver des traces de passage au sol, quand tout à coup, il l’entendit. Le cri du loup. Ce simple son parvient à le figer et le faire trembler. De peur ou d’excitation il n’aura su le dire. Il n’empêchait que l’inquiétude était bien présente dans ses pensés alors qu’il tournait la tête vers l’origine du bruit. L’oreille tendue, Asgar se mit à piaffer, certainement inquiet lui aussi. Pourtant ce fut dans la direction du hurlement nocturne qu’Arador le poussa à aller, s ûr désormais de tenir une piste.

Il chevaucha encore un moment, et le cœur battant aussi vite que les sabots d’Asgar frappaient le sol herbeux, Arador vit enfin apparaitre un feu de camps, sa fumée caractéristique montant vers le ciel. Mais alors que sur son cœur s’ôtait un poids considérable, heureux d’avoir possiblement trouvé les siens, Arador fit l’expérience du sentiment d’horreur que pouvait ressentir ceux qui, impuissants, voyaient se réaliser devant leurs yeux leurs pires cauchemars. Comme sortis des sombres montagnes bordant la lande, des petits points se dirigeaient rapidement vers le campement endormi. En contrehaut par rapport à la scène, le jeune dunedain muselant sa panique, fit une chose censée. Pour la deuxième fois de la soirée.  La première étant lorsque, quittant ses appartements, il s’était retourné, saisissant son cor de chasse avant de disparaitre dans la nuit. Faire sonner ce cor dans la plaine afin de réveiller les rôdeurs, et à son insu avertir les elfes de sa présence, étant la deuxième. Soufflant dans la corne blanche de toutes ses forces, le jeune homme ressentit une pointe de soulagement le saisir alors que le camp s’agitait, les hommes sortant de leurs sommeil, réveillés par leur guetteur. Talonnant sa monture, il descendit telle une flèche la pente le surélevant par rapport à la scène. L’adrénaline coulant dans ses veines, il eu l’idée de saisir son arc et tenta d’encocher une flèche, visant les loups s’approchant du campement. Mais autant il était un bretteur de talent, autant à l’arc son niveau ne lui permettait pas de tirer à cheval. Abandonnant son idée première, il harangua Asgar priant pour que celui-ci soit plus rapide que les loups. Il devait arriver au campement avant eux ou bien...il ne voulait même pas y penser. Pour le moment, seules ses actions pouvaient changer les choses telles qu’il les avaient vues dans son rêve, alors il agissait. Peut-être pas de façon très réfléchie, mais au moins, agissait-il.  

Devant lui le camp se rapprochait à toute allure, et en quelques minutes, il fut au milieu de ses semblables, étonnés de cette apparition soudaine, leurs armes dégainés, méfiants, pour certains. Un léger sentiment de fierté le titilla alors qu’il voyait les hommes de son père, l’air grave, prêts à se défendre. Et non pas comme dans son rêve, surpris, alors qu'ils subissaient une embuscade. Asgar avait été au delà de ses attentes, il était parvenu à son but avant les carnassiers. Mais cette avance ne durerait pas, il devait faire vite. D’un geste rendu malaisé par la fatigue et les crampes qui le prirent aux cuisses, le jeune dunedain descendit de sa monture, et  leva prestement les mains en signe de paix, demandant d’une voix forte d’où perçait l’inquiétude, à parler à son père. Il n’en eu hélas, pas l’occasion, car à peine celui-ci s’approchaIt, reconnaissant dans ce nouvel et impromptu étranger, son fils, que les loups pénétraient leur campement.


Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyMer 8 Oct 2014 - 21:50

Le son d'un cor retentit, perçant l'atmosphère de sa note grave et claire, distincte entre mille. Elrond ne put s'y tromper, c'était le son d'un cor elfique, et aucun elfe n'avait de raison à être dans cette contrée hostile. Il fut rassuré, pensant qu'il pouvait décidément toujours faire confiance à sa déduction et à son instinct, et un sourire faillit naître sur son visage blême. Sa joie d'avoir retrouvé les traces d'Arador s'estompa aussitôt ; si son cor sonnait ainsi, à ne pas s'y tromper, Arador était en danger ! Le cœur d'Elrond, sans une once de repos en vue, se remit à battre et, en chœur avec lui, le galop de son étalon s'intensifia. D'une même volée suivirent les montures des six gardes qui suivaient, sans mot dire, confiants en leur Seigneur. Ils avaient également entendu le cor et n'avaient aucun mal à deviner la raison pour laquelle Elrond reprenait une course effrénée. Par respect, ils se turent ; par compassion, ils se hâtèrent avec la même vélocité que leur chef, l'un d'eux tâtant du bout des doigts l'arc pendu à son dos, s'assurant de sa présence, et vérifia le nombre de flèches dans son carquois. Un demi-sourire satisfait prouva qu'il était prêt à se battre pour la vie d'Arador.

La distance qui séparait Elrond de son protégé lui paraissait être sans fin. Sous son crâne, sa propre voix hurlait : « Plus vite, bon sang ! Plus vite ! » Mais il n'osait exprimer ouvertement ces ordres envers son cheval car, sous ses cuisses, il sentait les palpitations affolées du cœur de l'animal et, à juste titre, son maître craignait qu'à tout moment il ne s'écroule, rompu d'épuisement. Elrond le savait solide, mais n'importe quel fier destrier pouvait voir son organe imploser sous l'effort d'une telle chevauchée. Elrond s'inquiéta également pour les chevaux de ses camarades. Une œillade en arrière lui confirma ses craintes, il les vit, l'écume imbibant leur mors, l’œil grand ouvert, pas loin de ne plus pouvoir poursuivre sur un tel rythme. « Tenez bon, tenez bon... » pria silencieusement Elrond, la mâchoire crispée ainsi que ses mains, telles des serres accrochées aux rênes.

Il leur fallut encore un long moment avant de percevoir, parmi les ombres que les grands arbres dessinaient dans l'herbe folle et la mousse typique des forêts humides, une clarté vacillante. La lumière des feux d'un campement apparut, d'abord légère, progressivement plus vive tandis qu'ils avançaient toujours plus profondément dans les bois. Bientôt, ils en virent les flammes, léchant les branches les plus basses sans les atteindre vraiment. Ils avaient déjà ralenti la cadence, les chevaux étant incapables de courir ainsi en terrain boisé, et ils freinèrent davantage lorsqu'ils surent que le camp était juste à quelques mètres. Ils le virent enfin, leurs montures au pas, et s'avancèrent encore, fébriles. Bien vite, une lance, puis deux, puis plusieurs en un seul mouvement, se pointèrent vers les sept elfes et une voix grondante de menace clama, sous un heaume modeste :

« Qui va là ? Qui êtes-vous ? »

Aucune once de peur ne perçait sa voix. Elrond glissa de la selle, ses jambes endolories étant heureuses de retrouver le sol. Il baissa la tête, faisant miroiter l'argent de sa tiare, et fit des gestes amples en signe de salut gracieux, faisant valser ses tissus parme et finement brodés. Le regard, seule chose visible chez l'Homme qui le tenait à sa merci de son arme, s'écarquillèrent. Il comprit rapidement qu'il n'avait pas affaire à de simples elfes ; si les six autres étaient d'allure humble, celui qui se tenait devant lui était, de toute évidence, d'une haute lignée. Sans savoir encore son nom, il baissa sa lance, imité par les autres soldats, et eut un bref hochement du chef pour signifier son respect. Tout de même encore méfiant, il insista :

« Je voudrais tout de même savoir qui vous êtes. »

Elrond arqua un sourcil. Il n'allait pas lui en vouloir de ne pas le reconnaître à son apparence, cet Homme n'était qu'un lieutenant certainement, et ne pouvait avoir vu, et donc pas mémorisé, son visage, ni même savoir reconnaître la tiare qui était le reflet physique de son rang chez les elfes. Il se racla la gorge, eut un léger sourire, malgré son cœur loin d'être apaisé, et se présenta courtoisement. Les yeux du soldat s'agrandirent, effarés, demanda si le Seigneur d'Imladris souhaitait voir leur chef, et, à cela, Elrond répondit par l'affirmative. Il fit mention également d'Arador, mais le soldat se retirait déjà au pas de course. Les six gardes descendirent de leurs montures et deux d'entre eux s'occupèrent à les attacher, pour qu'ils puissent se reposer. Le plus jeune, toujours, se posta auprès de son Seigneur et demanda :

« Je ne vois Arador nulle part, pourtant, aucun doute là-dessus, ce fut lui qui souffla dans le cor... Où peut-il être, Seigneur Elrond ? »

« Le camp est peut-être plus vaste qu'on ne le pense, nous ne voyons pas bien dans une telle pénombre, et avec tous ces arbres aux troncs épais... Venez, nous allons le chercher. Le soldat nous retrouvera bien, j'imagine. Je veux d'abord voir mon fils en vie. »

A peine avaient-ils commencé à déambuler parmi les Hommes, espérant trouver Arador, que les hurlements de loups se firent entendre. Même pour un elfe, ces cris étaient un signe funeste, présage de mort, principalement ceux-ci. On ne pouvait confondre le chant des loups, le soir, ayant le rôle de rameuter au même endroit tous les membres de la même famille, avec de tels hurlements, lourds de menaces. Elrond pensa au rêve d'Arador aussitôt. « Finalement, c'était bien un rêve prémonitoire... » Il n'avait pas le temps de se morfondre de remords. Il clama haut et fort à ses gardes, mais aussi aux Hommes autour de lui :

« A vos armes ! Défendez-vous ! »

Les soldats se figèrent, le regardèrent, et certains même se mirent à rire. Un elfe avait peur de quelques hurlements à la lune ? Il avait peur des loups ? On railla Elrond, mais il les ignora ; seul lui importait de trouver Arador au plus vite, avant que la dernière chose qu'il lui resterait de lui soit sa dépouille déchiquetée.

« Soit, mourrez, si cela vous sied ! » s'exclama Elrond, ayant lui-même dégainé son épée, suivi docilement par ses fidèles gardes. L'archer prit son arc au poing et encocha une flèche, trottinant à la suite de son Seigneur et des autres.

Moins d'une minute plus tard, ils entendirent les premiers cris de douleur ou de rage. En quelques secondes seulement, le bruit du fer déchirant la chair et des mâchoires des canidés claquant dans l'air commença en un brouhaha continu. Arador n'était visible nulle part. Elrond se refusait à paniquer, mais il avait beaucoup du mal. Heureusement, se défendre contre les bêtes sauvages canalisaient ses émotions violentes. Essayant vainement que sa voix parvienne à se hausser au-dessus du vacarme environnant, il se mit à appeler Arador, tout en évitant de se faire mordre et en lacérant de sa lame les corps des loups à sa portée.

« Arador, où es-tu ? Aradooooor ! »
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyJeu 9 Oct 2014 - 16:41





« Ligote tes sentiments d'une formule, Emprisonne ta douleur d'une ceinture, Le loup qui ne montre jamais son sang Par l'autre loup sera laissé vivant.  ».




Arador avait déjà eu l’occasion de croiser des loups ordinaire dans sa vie. C’était l’une des choses qui pouvait vous arriver si vous chassiez en forêt. Pour un chasseur, croiser un loup n’était alors pas quelques choses d’improbable. La plupart  des trappeurs savaient gérer la menace qu’un individu seul pouvait représenter... Une meute...cela devenait déjà plus compliqué. Et là nous ne parlons que de simples loups, 70 centimètre au garrot en moyenne. Les loups qui attaquaient les troupeaux, chassaient le cerf, ou encore l’élan. Oui ceux-là Arador les connaissaient bien. A Fondcombe, il avait la chance d’avoir comme compagnie, le croisement d'une chienne et d'un loup. Et si le caractère en résultant n’était pas tout à fait le même, il pouvait aider à comprendre certaines réaction. Mais là, en face de lui, se tenait quelque chose, qui ne ressemblait à aucun loup qu’il ait eu la chance de voir. La bête lui montrant ses crocs sur l’heure, ne correspondait à rien de ce qu’il connaissait. De loin, elle avait pourtant l’air d’un loup…mais de près, votre cœur se gelait de frayeur tant la différence se révélait grande.

De la taille d’un jeune étalon, l’œil intelligent luisant de malveillance et de perfidie, les croc longs comme de petits canifs, le poils noir et dru, l’haleine pestilentielle, la créature qu’il avait en face de lui, avait à son sens tout d’une mutation d’un loups en quelque chose de plus sombre, de plus vicié, et qui lui glaçait le sang. Des wargs, avant ce soir là, il n’en avait jamais vu. Et il allait ce jour, apprendre à les craindre, et les haïr tout autant. Dans sa main, son long sabre trembla alors qu’a ses oreille parvenait les premiers bruit des combats. Un cri d’agonie mêlé de gargouillement et de grognement à vous retourner le ventre. Surement un des guetteurs. Derrière lui les hommes de son père resserrent leur prise sur leurs lames se regardant l’air grave, prêt à en découdre mais par pour autant prêts à charger la bête les premiers. Prudents, ils restaient là, à observer le monstre qui avait fait irruption devant eux. Arador aurait voulu être assez courageux pour porter le premier coup, mener l’assaut, mais jaillissant de derrière, lui, ce fut son père qui attaqua le premier, le flanc de l’animal s’ornant alors d’une flèche empenné de bleu.

Ce fut alors le chaos. Comme un signal de départ pour les véritables hostilités, la bête chargea le groupe d’homme, grossière erreur, car aussitôt mise à mort par deux mouvements de lames. Derrière, lui Arador entendait son père crier des ordres, les hommes se disperser en binôme, chaque binôme prenant alors un warg à sa charge. L’idée n’était en cela pas mauvaise, sauf que le nombre de leur ennemi surpassant le leur. Et très vite, les duels se firent désavantageant pour les Dunedains les moins adroits à l’épée. Le père d’Arador, lui, s’en sortait relativement bien pour le moment, doté d’une maitrise de l’épée apprise auprès des elfes et affinée par des années de combats. Ses mouvements étaient précis, leur portée, mortelle. A la vue de cela, le cœur des rôdeurs se trouvait ragaillardi et inspiré, et ils redoublaient d’ardeur. Tant et tant, que bientôt, leur infériorité numérique ne fut plus un véritable souci.

Sa première frayeur passée, Arador prenait désormais plus d’assurance dans son combat contre les créatures. Mais ce n’était pas suffisant. Tellement que parfois, son père, jamais bien loin, devait agir pour lui épargner des coups mortels, plongeant sur lui pour le pousser plus loin abattant dans le même temps la créature prêt à le déchirer. Et Arador, horrifié, se rendait compte petit à petit que cela nuisait à l’homme. Chaque fois qu’il devait intervenir pour le sortir d’un mauvais pas, celui-ci perdait en concentration et en performance. Et même si pour l’instant dans la mêlée, cela n’avait guère de conséquence, il n’en restait pas moins que le danger d’un faux-pas fatal restait élevé.

Dans sa tête, Arador s’insinuait la pensée que c’était peut-être finalement lui qui allait causer la mort de son père. En étant arrivé à un moment critique, il avait surement déstabilisé le meneur d’homme, et peut-être qu’en ce moment même, il parasitait ses pensées par sa seule présence dans le camp. Il se disait que, le sachant désavantager face au wargs, celui-ci devait surement garder constamment un œil sur lui, cet œil même qui pourrait lui éviter de se faire tuer. Cette pensée commença alors doucement à lui triturer l’esprit, l’empêchant de se concentrer correctement. Il fallait qu’ils se séparent. Cela devenait indispensable. Et pourtant s’il disparaissait soudainement son père s’inquièterait alors, et finirait de toute façon, déconcentré. A la minute où il pénétrait le camp, il s’était condamné à ce dilemme inextricable. Désormais, il était perdu entre son cœur, sa logique, et une fatalité qui tournoyait autour de sa tête comme un vautour.

Comme pour appuyer cela, alors qu’il assénait le coup de grâce à un énième animal, il ne vit pas se jeter sur lui dans un angle mort, un autre wargs, celui-ci surpassant les autres autant en volume qu’en laideur. Le choc fut plus brutal et douloureux que tout ce qu’il avait déjà connu. Il percuta violemment le sol, sa tête s’y cognant tout aussi durement, et lui faisant perdre, l’espace de quelques seconde, connaissance. Son souffle se coupa. Et telle une poupée de chiffon, il resta au sol, étendu sur le dos, pendant quelques secondes. Malgré la douleur, et la peur, il allait pourtant se relever, quand pesa lourdement sur lui, une patte griffue, unie à une gueule pleine de dent, le surplombant. A ce moment même il réalisa que ce soir, ce n’était pas son père, qui allait mourir, c’était lui.





Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyVen 10 Oct 2014 - 2:05

La bataille faisait rage. Elrond n'avait plus combattu depuis des lustres et les muscles de son corps, raides par l'intensité de l'effort, avaient encore du mal à se remémorer les parades qu'il connaissait, en premier temps. Il lui fallut souvent battre en retraite, entouré des autres elfes, le souffle court, pour ne pas se faire tuer bêtement par l'une de ces affreuses bêtes. Le Seigneur d'Imladris finit tout de même par reprendre contenance et, lorsqu'il se sentit psychologiquement et physiquement prêt, assez échauffé, la hargne l'envahit, faisant vibrer tout son être d'une sombre énergie qu'il pensait avoir oublié. Un cri roula dans sa gorge et éclata. S'extirpant du cercle que les gardes formaient autour de lui jusqu'à maintenant, il fonça, l'épée serrée dans son poing, brandissant l'arme au-dessus de sa tête et frappant du tranchant dans le but de décapiter un warg. Le coup toucha juste et l'animal s'écroula, l'échine béante, le sang s'éparpillant par jets. Elrond prit le temps de regarder son oeuvre. Une mine furieuse déformait ses traits habituellement si doux et sages. Il ordonna d'une voix grondante à ses hommes de sauver un maximum de soldats et partit de son côté, en solitaire, dans l'unique but de retrouver Arador. Malgré la fureur qui l'envahissait progressivement, sa peur ne le quittait pas.

Des hommes tombaient et, en moins grand nombre, des wargs. Elrond aurait pu s'en émouvoir, mais seule lui comptait la vie d'Arador. Il aurait tout le temps, lorsqu'ils auraient exterminés jusqu'au dernier ces monstres, d'ensevelir les corps de ces malheureux. A plusieurs reprises, l'elfe dut interrompre sa recherche pour faire face à un de ces gigantesques loups. L'un d'eux lui donna du fil à retordre ; il semblait être né pour lui ôter la vie et, crocs à découvert, le fixait intensément. Elrond y lut toute la volonté meurtrière de l'animal et sut qu'il devait vaincre ou mourir dans les minutes à venir. Sa lame, déjà imprégnée de sang au point de ne plus en percevoir l'éclat du métal, se tenait pointée vers la bête.

« Qu'attends-tu pour venir t'y empaler ? » le nargua Elrond tout en affichant un air déterminé. Il ne mourait pas ce soir.

La bête féroce chargea, son hurlement faisant frissonner l'elfe. Tant de haine... Etait-ce possible ? La gueule d'où s'écoulait un mélange de sang et de bave vint s'entrechoquer sur l'épée et l'elfe, tenant bon, tint l'arme à deux mains dans la tentative de repousser l'énorme mufle. Les crocs crissèrent sur le fil de l'épée en un bruit insupportable, qui fit grincer des dents l'elfe. Profitant de cette légère déconcentration, l'animal élargit ses mâchoires et les claquèrent aussitôt, frôlant de peu le bras du Seigneur. Celui-ci s'écarta à temps d'un bond, fit quelques pas en arrière pour se donner de l'élan et, tournoyant sur lui-même, ses tissus si somptueux voletant derrière lui, il donna une frappe de toute sa puissance. L'animal reçut le coup sur le poitrail, qui lacéra sa chair. Un lambeau de peau couvert de poils hirsutes et poisseux de sang, se mit à pendre, mettant à l'air libre les muscles. Elrond put les voir distinctement rouler ; il en eut un haut-le-cœur. Des guerres, il en avait vécu, mais cela faisait si longtemps qu'on peut dire que de telles visions lui provoquaient l'effet d'une première bataille. Pourtant, plus il mouvait son épée, plus son corps se rappelait des meilleures façons pour tuer ses adversaires. Cela dit, Elrond n'avait pas souvent du combattre contre de telles monstruosités. La bête perdait son essence vitale avec abondance, et de la peau lui pendait entre les pattes antérieures, toutefois, il paraissait ne pas s'en soucier le moins du monde. Cette observation effara Elrond ; un ennemi pour qui la mort et la douleur n'avait pas d'effet était plus que redoutable. A l'instant, il craignit pour sa vie et, surtout, de ne jamais pouvoir dire à Arador à quel point il regrettait...

Il ne pouvait se permettre de perdre. Malgré la terreur que lui inspirait la bête, il se reprit. Les hurlements de douleur des soldats ne l'aidant pas à retrouver sa bravoure, il poussa un autre cri, qui explosa de plus en plus fort, ce qui lui permit de n'entendre que sa voix et de voir son courage revenir. Sa lame, dégoulinante d'écarlate, exerça un tourniquet mortel à une vitesse fulgurante et, tandis que la bête levait seulement la patte, la lame vint lui trancher l'artère. Un couinement plaintif, inattendu, et suivi du bruit mat d'une chute. Penser à Arador redonnait des forces au vieil elfe et il se promit de songer à lui tant que dureraient les combats.

Elrond se remit à courir, regardant de toutes parts et tentant de repérer la silhouette familière de son fils adoptif. Personne ne lui disait rien, dans ce fouillis d'humains gesticulant ; il ne put voir que des armures dunedaines ruisselantes de sang qu'Arador ne portait certainement pas. Elrond se refusait de se laisser aller au désespoir et aux pensées funestes que, s'il ne le trouvait pas, c'était qu'il avait succombé à l'assaut des loups...

« Aradoooor ! »

La panique perçait distinctement dans sa voix. Alors qu'il s'apprêtait presque à abandonner, son regard fut attiré par un warg noir penché sur un corps qui semblait encore vivant. Les flammes mêlées à la pénombre ne le permirent pas de distinguer tout de suite le visage ainsi à la merci de la gueule, à deux doigts d'en arracher la carotide du cou ainsi offert, mais Elrond n'hésita pas une seconde à se ruer aussitôt pour porter secours à la victime. Ayant parcouru la moitié de la distance, il put enfin reconnaître l'homme allongé sur le dos, l'énorme patte le plaquant au sol. Elrond accéléra, et tandis que l'animal allait arracher littéralement la tête d'Arador, l'épée du Seigneur Elfe vint se planter entre deux côtes du warg. Ce dernier mugit, fou de douleur, eut à peine le temps de croiser son regard rougeoyant avec celui d'Elrond et d'y échanger toute sa rage, avant de mourir. Son corps tomba sur le côté, écrasant sous son poids les jambes d'Arador et lui arrachant une plainte. Elrond s'agenouilla et poussa de toutes ses forces sur le cadavre, s'aspergeant copieusement de son sang, sans qu'il ne s'en soucie guère. Les chevilles dégagées d'Arador, son mentor l'enlaça, n'ayant jamais été aussi heureux qu'en cette nuit. Il prit son visage entre ses mains, le barbouillant quelque peu, et l'embrassa sur le front délicatement.

« Te voilà sain et sauf, je suis rassuré... »

Rapidement, Elrond se rendit compte que sa joie n'était pas totalement partagée...





HRP:


Dernière édition par Elrond le Mer 29 Oct 2014 - 19:00, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyVen 10 Oct 2014 - 22:26





« Ligote tes sentiments d'une formule, Emprisonne ta douleur d'une ceinture, Le loup qui ne montre jamais son sang Par l'autre loup sera laissé vivant.  » - Part Two.






Le souffle putride de la bête roulait sur son visage couvert de sueurs froides, lui soulevant le cœur. Etendu sur le dos du sang lui coulant dans le cou, venant surement du choc brutal entre sa tête et le sol, Arador était incapable de se relever. La force de l’animal le clouait au sol et il sentait son cœur tambouriner contre sa poitrine, menaçant de la perforer. Sur son visage, se lisait l’effroi pur qu’il ressentait à la vue de l’instrument de sa mort. Une gueule béante, suintante de bave et de sang où quelques petits morceau de chairs pendouillaient, et qui donnait sur une gorge profonde. Dans sa tête, le vide. Paralysé par la peur, il n’arrivait plus à penser à rien. Il aurait pu sortir un poignard de quelque part et le planter dans les muscles de la bête, ou alors dans son œil, ou dans sa bouche, ou dans sa gorge. Mais dans ce moment, potentiellement létal, absolument rien ne lui venait. Il regardait avec une espèce de fascination mêlée d’horreur, sa fin venir, prenant, sadique, tout son temps.

Ce n’était pas ainsi qu’il s’imaginait quitter ce monde. Déchiqueté par une bête sauvage, tout bêtement. Le visage arraché, le gosier déchiré, laissé gisant sur le sol alors que la créature, son œuvre finie, irait s’acharner sur un autre de ses semblables.  Non, il s’était imaginé, adolescent, une fin plus glorieuse, ou alors plus solennelle, entouré de ses proches, de sa famille, déjà bien âgé. Il s’était vu partir après avoir bien vécu. Au pire. Dans un combat épique avec un incroyable bretteur, le duel se finissant sur une égalité dans la mort, au mieux. Mais là, nous étions loin de tout cela. Et la douleur. Si la mort en elle-même était effrayante, la douleur, et l’agonie l’était pour lui tout autant, si ce n’était plus. Imaginez, être mutilé atrocement par une rangée de crocs surement infectieux, avant d’être laissé à l’abandon, mourant, pourrissant, seul dans une souffrance incommensurable. Non ! Tout sauf ce supplice. S’il devait réellement mourir aujourd’hui, il préférait que ce soit rapide, qu’il ne sente rien. Une flèche, un coup d’estoc droit au cœur, un arrêt cardiaque, tout cela lui irait parfaitement si cela pouvait éviter qu’il ne se retrouve massacré par un vil animal.
Dans sa tête, le rôdeur ne pensait pas que quelqu’un puisse venir à son secours et le délivrer de ce funeste destin lui faisant face. Chacun des dunedains avait à gérer sa propre menace. Chaque épée était prise dans un combat coriace. Et très peu avaient leurs arcs tendus. Il savait aussi que sa situation actuelle était de sa responsabilité. Il était celui qui était venu dans ce guêpier. Il était celui qui n’avait pas assez d’expérience pour combattre ce type d’adversaire. Il était celui-ci qui s’était fait surprendre. Personne n’était à blâmer pour son état. Personne…sauf…sauf peut-être lui. Si seulement, il l’avait écouté ! Si seulement il lui avait donné une escorte. Ou si encore il avait été plus clair et ferme dans ses propos. Si et si et si…avec des si, il ne serait surement pas vivant –peut-être plus pour longtemps d’ailleurs- aujourd’hui. Et le monde tel qu’il existait ne serait pas, non plus. Il ne pouvait donc le blâmer, lui qui n’avait toujours voulu que son bien.

*Mais comme l’enfer peut être pavé de bonnes intentions…*

Elrond n’avait voulu que son bien en lui refusant ce qu’il demandait. Toutefois, ce refus exprimé dans son intérêt, n’avait fait que de déclencher une réaction –qui aurait du être prévisible pour l’elfe millénaire- en chaine, l’ayant mené à sa présente posture.  Il aurait dû regretter d’être venu. Sans pour autant y parvenir. Il riait amèrement. Au final il n’aurait pas fait grand-chose. Et ça le frustrait plus que tout. Il ne saurait jamais si son rêve était réel ou pas. Si son père allait réellement mourir ou pas. Il ne saurait jamais si sa désobéissance aurait pu le sauver, vu qu’il ne lui restait surement plus que quelques secondes surement avant que l’animal vicié ne se jette sur lui. Ne lui restait plus rien que l’attente, vu que son corps ne répondait pas, et que son esprit semblait vidé de toute volonté, l’arrière de sa tête l’élançant terriblement. Il était prêt à s’abandonner à la cruauté de la bête, prêt à laisser sa vie à la merci de ces crocs, trop ébranlé, trop déboussolé, trop sonné pour songer à se battre. Il allait mourir. C’était ce que le destin avait prévu pour lui ce soir semblait-il.

Pourtant quelqu’un en avait décidé autrement, une voix au loin criant son nom. Mais Arador fermait déjà les yeux, fuyant la vision  de sa fin toute proche. Aussi, la gueule de l’animal s’approchait fatalement de sa tête, quand un mugissement soudain lui fit rouvrir les yeux. Il eut à peine le temps d’entrevoir la douleur et la rage dans les yeux de l’animal que celui-ci s’effondrait…sur lui, lui coupa une nouvelle fois le souffle, son cœur battant de façon erratique. Sa plainte, rauque et brève s’étouffa dans les bruits de combats l’environnant.  Néanmoins son supplice ne fut guère long... bien qu’il lui sembla durer une éternité. Quelqu’un poussa rapidement et avec force le cadavre de l’animal s’étant effondré sur ses membres. Le sang de la bête qui trempait ses vêtements, l’écœurant davantage que la vue de sa plaie béante. Il se sentait sale, puant et visqueux. Savoir que ce sang qui le recouvrait aurait put être le sien lui donna partiellement la nausée. Il aurait voulu remercier son sauveur, mais aucun mot ne lui venait. Il était trop sonné pour cela. Pourtant il parvint à rire intérieurement. Un rire nerveux de soulagement. Soulagement d’avoir échappé au dieu de la mort. Pas aujourd’hui se disait-il intimement.

Ses jambes dégagées, il eut à peine le temps de respirer un bon coup, qu’il se retrouvait aussitôt pris dans une étreinte puissante. Son nez s’emplit d’une senteur bien connue qui le réveilla doucement de sa torpeur morbide. Une odeur familière et chaleureuse, quoique altérée par celle, ferreuse, du sang. Il avait encore du mal à donner un visage à cette senteur, ses pensées encore prisent dans l’instant qu’il avait passé si près de la mort. Pourtant, sans pouvoir dire pourquoi, il se sentait soulagé d’avance à l’idée d’en découvrir le propriétaire. Des mains vinrent prendre en coupe sa face, le forçant à regarder son sauveur et ainsi croiser son regard d’un bleu limpide. Son cœur manqua quelques battements, descendant dans son estomac. Elrond était en face de lui, étalant un peu maladroitement de ses doigts le sang présent sur sa peau, lui baisant le front, des sentiments forts lisible dans l’intonation de sa voix lorsqu’il dit :

« Mon fils... Te voilà sain et sauf, je suis rassuré... »


A cela, Arador resta muet, hébété quelques instants. Puis soudainement, il enserra dans une douloureuse étreinte, l’elfe. Il huma son odeur, puisa des forces dans cette proximité incongrue au milieu de la bataille. Si il y avait bien une personne que le jeune dunadan ne s’attendait pas à croiser ce soir, c’était bien le Peredhel. Leur dispute était censé les avoir éloignés, pourtant les voici qui se retrouvaient. Certes pas dans les meilleures conditions, mais tout de même, quelle chance insolente pour le jeune homme. Aussi l’enfant caressa lui aussi le visage de l’immortel, ne semblant pas y croire, avant de demander d’une voix faible, le regard parcourant les alentours, comme perdu.

-Mon père… Il se trouvait là plus tôt…où est-il…

Celui-ci n’était plus dans son champ de vision. Surement avait-il été forcé de se déplacer alors qu’Arador se retrouvait en difficulté. Cette idée fit renaitre dans l’esprit d’Arador, la peur de la fatalité pesant au dessus de leur tête. Il fit de maladroites tentative pour se relever et saisir de nouveau son épée. Il devait retrouver son père. Autour d’eux, quelques hommes étaient mort ou agonisaient de leurs blessure. Mais nulles traces d’Argonui. Et plus que de le rassurer, cela l’alarmait, son instinct lui hurlant de le retrouver au plus vite. Il aurait le temps de remercier l’elfe et implorer son pardon plus tard…







Dernière édition par Arador le Mer 5 Nov 2014 - 17:08, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyJeu 30 Oct 2014 - 15:21

Arador peina à se relever. D'un mouvement agile, repoussant le sol de son bras droit, Elrond se mit debout et offrit ensuite son aide à son fils adoptif. Il gardait le silence, soucieux, posant un regard compatissant sur Arador tandis que celui-ci quémandait la présence de son véritable père. Comme Elrond le comprenait... D'un œil furtif, il parcourut l'assemblée agitée où éclataient maints bruits de luttes, cris et autres chocs d'épées sur des crocs immenses. Les hommes combattaient avec bravoure et force digne de tous dunedaìns, mais cela ne les empêchait pas de tomber l'un après les autres... Pour un warg, cinq hommes trouvaient la mort également... Elrond en fut peiné, car une part de son cœur était aux Hommes de ce monde, mais il savait gardé le recul nécessaire pour ne point se laisser abattre. Il poussa un profond soupir, tenant fermement Arador par les épaules, et lui dit avec le plus sérieux du monde :

« Ton père doit se battre farouchement pour épargner la vie de ses soldats. N'aie crainte. Je ne connais que peu d'êtres sur cette terre pouvant se vanter d'autant défier la mort elle-même... »

Il mena Arador dans un coin reculé, se servant des soldats et de ses propres gardes comme protection et se frayer un passage jusqu'à un lieu plus ou moins isolé. Là, il força un Arador tétanisé par l'angoisse et la crainte à s'asseoir sur un tronc d'arbre. De ses deux mains sur ses épaules, lui toujours debout sur ses jambes, il enfonça son regard dans celui de son protégé et, d'une voix ferme, lui tint ses paroles :

« Tu as reçu un choc certain, il te faut te reposer. » Arador résista, faiblement, voulant retourner à la recherche de son père. « Ecoute-moi, pour une fois, Arador ! » La douceur de la voix d'Elrond faisait place, à présence, à l'acidité d'une colère durement réprimée. « Dans ton état, dans ce combat, tu ne servirais qu'à ajouter un mort de plus parmi les autres. Tu m'as désobéi une fois, mettant ta vie en péril, à cela, je te pardonne ; mais je ne te permettrai pas de faire à nouveau cette erreur. Tu es jeune, trop jeune peut-être, pour comprendre à quel point ton sang est d'une importance capitale, Arador. Tu es l'héritier d'une longue lignée et il te faut vivre, quitte à ce que, à tes yeux, tu passes pour le dernier des lâches. Je partirai moi-même chercher ton père et je donnerai ma vie pour le protéger s'il le faut, car ma propre lignée est assurée par mes fils et ma fille. Au cas où je sois arrivé trop tard... Toi... Vis. A tout prix. »

Il relâcha l'étreinte de ses mains sur les épaules d'Arador et se redressa de toute sa hauteur. Elrond avait toujours paru doux et humble, plein de sagesse à Arador, peut-être même paraissait-il quelque peu vieux dans sa façon d'être. En ce jour macabre, Elrond avait changé de visage. On aurait pu croire à un roi dont les yeux étincelaient de fougue et de loyauté envers la vie de ses sujets. Sa bouche se tordait en une moue téméraire, décidée, et rien dans son attitude n'indiquait que son corps avait déjà subi six mille interminables années. Le combat avait ravivé sa jeunesse oubliée.

« Ceci sera peut-être le dernier ordre que je te donnerai... »

Était-ce l'éclat d'un chagrin qu'Arador pouvait ainsi voir dans ces prunelles grises qui le fixaient avec une ultime intensité ? Rien de moins sûr. Elrond, sans laisser son protégé voir l'émotion véritable qui agitait son esprit, se retourna prestement, le laissant là, en sécurité. Tandis que ses pas le ramenaient au cœur même du combat, Elrond savait au fond de lui qu'Arador aurait beaucoup de mal à suivre sa directive... Le ferait-il ?


HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyMer 26 Nov 2014 - 23:06





« Ligote tes sentiments d'une formule, Emprisonne ta douleur d'une ceinture, Le loup qui ne montre jamais son sang Par l'autre loup sera laissé vivant.  » - Part Two.





Arador fermement poussé par Elrond, se laissait mener à l’écart des violents combats, docile, encore trop sonné pour ne serait-ce que songer à protester. Dans son esprit, la mort et son baiser glacé étaient encore si proches, sa pestilence, persistante dans ses narines. Il avait été si près de vivre ses derniers instants, que le fait d’être encore en vie lui paraissait incongru, irréel. Mais autour de lui, les corps sans vie de plusieurs de ses semblables lui rappelaient l’effroyable réalité de ce moment.

Pourtant malgré ce traumatisme, sa conscience profonde restait toujours tournée vers son père, et ses premiers mots lui furent dédiés, le réclamant. Où s’en était-il allé ? Laquelle de ces engeances, l’avait éloigné de lui ? A ses mots, l’elfe millénaire avait soupiré, puis avait pris le jeune homme par les épaules pour l’éloigner des affrontements. Ceci étant fait désormais. La rumeur des combats faiblement atténuée, il pouvait parler.

« Ton père doit se battre farouchement pour épargner la vie de ses soldats. N'aie crainte. Je ne connais que peu d'êtres sur cette terre pouvant se vanter d'autant défier la mort elle-même... »

Le dunadan aurait put en sourire, ragaillardi, si seulement, l’insupportable idée que cette fois-ci peut-être la mort remporterait le défi, ne s’imposait pas à lui, narquoise. Épargner la vie des siens, avait toujours été la priorité de son père. N’en déplaise à Arador. Même si parfois il aurait apprécié que l’homme songea avant tout à lui, à sa propre famille, avant de songer aux autres. Mais tel était son rôle de chef. Un rôle qui lui incomberait dans le futur, et qu’il devrait honorer. En dépit de toute considération personnelle, car tel était son destin. Seulement, il espérait que celui-ci prenne son temps avant de lui imposer ses devoirs. Son père avait encore de longues années à vivre devant lui, si il passait la nuit. Et cela, nul, pas même Elrond le sage, ne pouvait le lui certifier. Dans sa gorge se formait doucement une boule, alors qu’il imaginait –son esprit très, voir trop, créatif- le vide que la mort de son père créerait en lui, et  l’existence qu’il devrait mener.

Fondcombe avait toujours été sa maison. Il ne se voyait pas vraiment vivre ailleurs pour le moment. Loin d’Elladan, d’Elrohir, d’Arwen, de Lindir, d’Elrond, et de tous les autres qui avaient accompagnés son enfance, son adolescence, et aujourd’hui sa vie de jeune adulte. Il ne se voyait pas laisser derrière, la quiétude de la grande bibliothèque de la cité, le bruissement frais de la Bruinen au petit matin, les notes de musique enchanteresses qui parfois s’élevait dans les airs…et tant d’autres choses encore auxquelles il était fortement attaché. Tout cela, abandonné, pour une vie d’ascète,  dans les froides terres des royaumes de ses ancêtres déchus.  C’était certes égoïste… mais il n’était pas encore parfait –malgré les efforts de ses tuteurs. Et si imaginer la mort de son père lui était déjà insoutenable, les conséquences de celle-ci finissaient de l’angoisser.

Sans comprendre pourquoi, un silence –seulement imaginaire- sembla s’être fait autour du jeune héritier. Son cœur battant d’autant plus fort dans sa poitrine que son esprit s’affairait à imaginer milles scénarii où la mort ne cessait de le narguer, et où son avenir lui paraissait bien sombre. Sans le vouloir, il se mit à respirer plus vite, plus fort, sans pouvoir se contrôler. Elrond lui intima avec douceur de se reposer. Levant les yeux vers cette figure d’autorité, le jeune premier eut quelques réticences. Il devait retrouver son père.  Mais ce n’était pas au gout du seigneur elfe, dont la patience était mise à rude épreuve.

La tirade que le Peredhel laissa Arador sans voix, tétanisé par une force invisible, les rouages de son esprits, stoppés nets. Il ne savait que dire, que faire, que penser. C’était une véritable déclaration d’amour, de confiance et d’abnégation que venait de lui soumettre celui qui, toute sa vie, avait été comme une seconde figure paternelle, prenant même parfois la place de la première. Dans les yeux d’Arador, quelques larmes pointèrent le bout de leur nez, sans pour autant s’écouler. Devant lui, ise tenait cet être entouré d’une aura de majesté et de noblesse d’âme, et son cœur se gonfla un instant, d’amour et d’admiration. Voilà ce qu’il voulait être. Etre comme Elrond. Mais jamais il ne l’aurait admit, même en cet instant troublé.

« Ceci sera peut-être le dernier ordre que je te donnerai... »

A ces mots, Arador sursauta. Le ton de la phrase lui fit peur un instant. Son regard se heurta à celui de l’elfe, et ce qu’il y vit, finit de mettre à mal toutes ses convictions, remuant ses tripes et les empoignant cruellement. La peine inscrite dans ces yeux bleus était un spectacle qu’il n’aurait jamais voulut voir. Et dont il n’aurait jamais voulu être l’auteur. Sa fouge, sa jeunesse, et son entêtement, les avaient menés là. Mais pourtant il était certain que ce rêve n’était pas qu’une chimère.

Il observa sans réactions Elrond repartir à l’assaut dans la nuit. Incapable de faire quoi que ce soit. L’elfe avait été clair. Il devait rester là, en sécurité, attendre. Vivre. C’était honnête. C’était logique et plein de bon sens. Mais quelque part en lui, grondait cet entêtement. Sa place était auprès de son père.  Pourtant il se sentait tout à coup las, comme incapable de bouger. Incapable de prendre une décision.  Ses certitudes avaient été balayées, retournées contre lui. Il se sentait presque coupable maintenant. Quel bourbier avait-il engendré par sa témérité.

Se prenant la tête entre ses mains, le rôdeur en profita pour essuyer les larmes bordant ses yeux. Il resta un long moment ainsi. Cachant sa face, plongé dans l’obscurité la plus totale. Voilait-il son visage, de honte et de chagrin ? En partie... Autrement, il tentait de s’écouter. D’écouter, son corps. Son esprit. Ce que son âme ou son instinct, lui soufflait de faire. Et ce n’était point chose aisé après toutes ces émotions de faire silence en soi. Qu'est-ce qui était plus important...obéir à Elrond en restant à l'abri et en vie, ou s'assurer que son père était sain et sauf, le protéger de tout danger?

Étrangement, en réponse à cela, il se rappela de la première fois qu’il était parti chasser avec son père biologique. C’était lors d’une froide journée d’hiver. Le gibier était rare…Et décidément, il se révélait médiocre à la tache ce jour là, manquant ses cibles, faisant fuir ses proies dans son empressement. A ses côtés, imperturbable, quoique probablement agacé, son père le laissait commettre erreur sur erreur. Au bout de la quatrièmement occasion manquée, l’adulte prit le jeune adolescent à part, entre quatre yeux.

- A quoi penses-tu Arador ?

Le jeune, surprit, regarda son père. Hésitant, il finit par répondre après un court temps de réflexion.

-A plein de choses…la distance entre moi et la biche, l’endroit où viser, si je l’atteins comment on va faire pour la transporter, la dépecer, la faire cuir…plein de choses. Pourquoi ?

Un long soupir et le père secouant sa longue crinière sombre, lui répondirent dans un premier temps. Puis, avec un air désolé, le paternelle admonesta son fils.

-Et bien tu pense trop ! Cesse de trop te projeter dans le futur. A force, tu oublies l’instant présent et manques tes objectifs. Recentres-toi sur la chose la plus importante. La biche. C’est à elle, et seulement à elle que tu dois penser. Fais le vide de tout le reste et concentres toi uniquement sur cette biche, jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle. Et là peut-être pour pourra-t-on commencer à penser à comment la transporter…Une chose à la fois jeune homme.

Sur ces paroles, les deux dunedain reprirent la chasse. Arador ne rapporta rien ce jour là, laissant à son père le soin d’achever un daim qui eu  la malchance de croiser son chemin. Néanmoins ses progrès furent significatifs dans les jours qui suivirent et ses sens, aiguisés.

Revenant dans l’instant présent, l’enfant devenu homme, appliqua ainsi ces conseils qui avaient eux tendance à sombrer dans l’oubli. Il tente de se focaliser sur le visage de son père, toute sa pensée concentrée sur sa seule personne. Il dût alors faire le tri. Ce qui resta fut la seule et dernière image de son père qui avait, lui tournant le dos, dirigé  vers l’est. Le reste fut écarté. Et comme animé par une nouvelle énergie, né de quelques parts au fond de ses entrailles, Arador, après un moment où le temps lui parut mit en suspens, se mit en quête de l’objet vers lequel tout son être se sentait attiré, ses pas, guidés par son seul instant. Maintenant résolument ses angoisse à l’écart, et la honte aussi malgré qu’elles lui tordent encore l’estomac.  Il désobéissait à Elrond. Encore. Pour la dernière fois… peut-être ? Non, promis, sembla souffler une brise léger transportant avec elle la ferreuse odeur du sang.







Dernière édition par Arador le Sam 17 Jan 2015 - 17:26, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyJeu 8 Jan 2015 - 0:12

HRP:

Elrond, tandis qu’il crapahutait parmi les divers assauts, elfes et hommes contre monstruosités, avait énormément de mal à ne pas penser à Arador qu’il avait laissé derrière lui. Un pressentiment, un mauvais pressentiment pour être plus exact, ne cessait de tambouriner dans ses pensées voltigeuses. Abasourdi, le jeune homme lui avait obéi, mais quelque chose lui susurrait à l’âme que l’amour du fils à son père serait plus fort que les ordres, peut-être trop pompeux, trop distants au problème initial, que le Seigneur d’Imladris avait malgré tout proféré à l’égard du fils. Il savait qu’il n’aurait pu laisser Arador s’élancer à la bataille, corps et âme, à nouveau. Toutefois, l’avoir sommé de rester inerte et d’attendre patiemment – patiemment ! quelle ironie ! – que les événements se calment, tout en sachant que la vie de son paternel était en train de se jouer non loin de lui, c’était pure stupidité. Elrond n’avait fait que ce que sa conscience lui avait dicté, il avait prononcé ces paroles dans de bonnes intentions, mais c’était bien là son seul pouvoir : avoir de bonnes intentions. L’emprise sur Arador qu’il avait toujours réussi à garder durant ces longues années s’était envolée en éclats. L’amour et la mort, ce soir, avait gagné le pas sur son autorité. Avec cette certitude, Elrond tentait vaille que vaille de retrouver le père véritable d’Arador, pour éviter à ce dernier de trouver sa fin dans ce remue-ménage sanglant.
Plusieurs wargs tentèrent d’éviscérer l’elfe au passage, mais le Seigneur les pourfendait un par un, avec plus ou moins de difficultés selon la bête. Les minutes s’écoulèrent, sous les cris et les hurlements d’agonie, autant humanoïdes qu’animaux, et la nuit se teintait de rouge progressivement. La lune éclairait cet immense massacre de ses clairs rayons, rendant le spectacle plus infâme à voir qu’en plein jour, les ombres et la lumière courant en alternance sur les corps déchiquetés, les visages méconnaissables, et les fourrures encore à peine frémissantes de vie et suintantes d’écarlate. Le chef des dunedaìns… Toujours introuvable. Autant parmi les cadavres que ceux gesticulant encore, l’arme au poing. Elrond commençait tout doucement à perdre espoir, à se demander par quel maléfice il ne savait trouver cet homme qu’il désirait tant amener auprès d’Arador, pour que les deux puissent s’en tirer sains et saufs. Quoique, même s’il retrouvait le père, celui-ci ne le suivrait peut-être même pas, préférant continuer à se battre qu’abandonner ses hommes… Un problème à la fois. Le Seigneur Elfe parcourait d’un regard vif la plaine mais les mouvements de la foule l’empêchait de décerner chaque visage, de les scruter un par un pour y pêcher celui tant voulu. Alors qu’il examinait ainsi les soldats, il ne fut plus assez attentif, et le sang qui brouillait une partie de sa vue l’empêcha de voir l’énorme silhouette arriver sur sa gauche. Une de ces affreuses bêtes déboula sur lui, griffes et crocs dehors, et le choc manqua assommer Elrond sur le coup. Sonné, il leva péniblement son épée dans l’intention de trancher devant lui, malgré sa vision très trouble. Il aurait pu mourir, mais deux soldats arrivèrent à l’instant et mirent en pièces l’énorme animal. Cependant, ils ne virent pas qu’Elrond était en mauvaise situation, et coururent à nouveau se battre, plus loin, laissant le Seigneur elfe avachi dans l’herbe poisseuse et humide, dos au sol, visage vers le ciel. Les étoiles, non plus des points précis de lumière, étaient comme des taches bleutées et lumineuses sur un fond obscur…
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyDim 18 Jan 2015 - 16:22





« Ligote tes sentiments d'une formule, Emprisonne ta douleur d'une ceinture, Le loup qui ne montre jamais son sang Par l'autre loup sera laissé vivant.  » - Part Two.





Il marchait à grandes enjambées, maladroit dans ses gestes, fébrile dans sa démarche. Du regard, il scrutait les ombres du camp, petit ilot de vie perdu dans cette plaine déserte, battue par des vents hurlant en communion avec les loups. Au sol, son regard suivait traces de sang et empreintes de pas mêlée, et l’herbe souple ployait sous lui, son bruit étouffé par les bourrasques de vent, comme pour masquer sa progression. Il ne savait pas trop où il allait ainsi, à si vive allure. Il n’avait aucune idée de son point d’arrivée. Mais c’était résolument qu’il y allait, son cœur battant à la chamade sous l’appréhension, comme poussé par une main puissante et invisible. Certain l’appelleront  destin, d’autre instinct, et d’autre encore intuition. Mais c’était bien mu par cette force qu’il ne pourrait clairement définir, qu’il s’éloignait plus encore de l’épicentre des affrontements pour se retrouver en marge du camp. A la recherche de son père, ni le traumatisme, ni la fatigue, ni même le remord, ne semblaient pouvoir l’arrêter. Il marchait résolument, les yeux rivés au sol, l’oreille ouverte, tous ses sens en alerte, l’esprit tourné vers un sel but.

Pourtant, il lui arriva de s’arrêter, un soupçon de doute l’étreignant lorsqu’il semblait perdre la piste qu’il suivait. Ce, avant de repartir de plus belle, ses pas rapides, devenant alors des foulées saccadées. L’angoisse donnait à ses jambes une furieuse envie de courir. L’oreille tendue, il tentait de capter à travers les sifflements du vent, le moindre son, le moindre indice qui le mènerait à son père. Une voix, le bruit d’un combat. Mais tout ce qu’il percevait, c’était le vacarme des bourrasques, mêlé à celui des affrontements qui semblaient vouloir s’amoindrir, signe que la bataille s’achevait. La voix grave et autoritaire de son père en était absente. Et il sentait grimper en lui la peur, et l’accablement. Il avait désobéi à Elrond afin de retrouver cet être cher. Si il n’y parvenait pas, à quoi aurait servi sa désobéissance. Elle n’aurait servi qu’à montrer à son mentor à quel point il était inconscient. Un jeune chien fou. Téméraire et irresponsable. Ce n’était pas ce qu’il désirait. Il voulait juste que tout le monde aille bien. Il voulait juste retrouver son père, puis rentrer à Fondcombe, oublier cette nuit et passer à autre chose.

Ce qui, il l’admettrait certainement, était un peu naïf de sa part. S’il pensait qu’après tout ces évènements, il pourrait retourner à Fondcombe et continuer sa petite existence tranquille, enveloppé, protégé dans le giron des elfes, il se trompait lourdement. Cela, le Peredhel ne le permettrait surement pas. S’il survivait à cette nuit –car tout pouvait encore arriver, le meilleur comme le pire-, il se ferait surement admonester vertement. Peut-être même serait-il sanctionner sévèrement. Il devrait peut-être même quitter la cité Elfique et prendre ses responsabilités plus tôt que prévu. Si l’elfe le décidait ainsi, il n’aurait rien à ajouter, ni même à contester. Il le savait. Ses fautes –même s’il ne les reconnaissait pas toutes- les menaient doucement vers bien des conflits. S’il était mis en face des ses actes, il aurait surement du mal à les regarder en face, mais il ne pourrait les nier. Il avait agi comme un pauvre fou, et s’était rué au devant du danger, sans mesurer toutes les conséquences de ses actes.

 L’amour qu’il avait pour son père se révélant plus fort que sa raison, plus fort que l’autorité de l’elfe millénaire. Mais l’amour n’était-ce pas la chose la plus important qu’un fils puisse avoir envers son père ?  Il avait placé ses sentiments au dessus de toute logique, au-dessus de tout.  Le regrettait-il pour autant ? Non pas vraiment. En réalité, la question ne s’était pas encore clairement imposée à lui. Il culpabilisait d’avoir rajouté une charge supplémentaire à son père, d’être une distraction pour lui. Mais s’il avait fait ce qu’Elrond lui avait demandé lorsqu’il s’était rendu à son cabinet, aller se recoucher, dormir, et attendre le lendemain pour s’enquérir du bien-être de son paternel, il s’en serait terriblement voulu. Il était perdu entre ces deux états. La culpabilité, mais en même temps la conviction d’avoir fait ce qu’il fallait, ce que son cœur lui dictait de faire. Entre autre, cela se révélerait-il finalement bénéfique pour chacune des personnes qu’il avait indirectement impliquées avec lui dans sa fuite en avant ?

Pour l’instant, il laissait de côté tout ce questionnement, il ne pouvait pas être partout à la fois, à se remémorer le passer, à agir au présent, et à se préoccuper du futur. Il avait fait le choix d’agir au présent. Et il se devait d’assumer ce choix. Penser de trop n’apportait jamais rien de bon. Pas assez également, mais dans ce cas-ci, il avait besoin d’avoir l’esprit dégagé. Il devait continuer à avancer sans que ces pensées ne le perturbent dans sa traque, ne le ralentissent ou ne lui fassent rebrousser chemin.

Le bruit des combats, les cris rauques des quelques hommes agonisant de leurs blessures, les hurlements du vent, tout ce vacarme s’estompait à mesure des minutes. Et bientôt le silence retomba sur la pleine. Le silence ? Non pas tout à fait. De là où il était, à plusieurs centaines de mètres du camp, à la lisière d’une petite forêt , il percevait faiblement, un grognement sourd. A ses pieds, les traces de sang s’étaient faites plus abondante, et en son âme il priait pour que ce sang ne fût pas celui de son père.  Durant plusieurs secondes qui lui parurent durer des heures, il resta planté là devant le bois sombre, à regarder luire le liquide sur les herbes haute. L’émotion le prenait à la gorge, et il se sentit manquer d’air, une crainte aigüe lui transperçant les poumons. Et si tout ce sang était celui de son père, que ferait-il ? Que pourrait-il faire ?

Il n’eut guère le temps de se poser plus de questions. A  travers les  arbres, un cri avait percé les ténèbres. Rauque et glaçant, il tétanisa d’effroi le jeune dunadan. Il y avait dans ce hurlement une souffrance aigüe. Un deuxième cri. Bondissant, Arador fila à travers les résineux, sollicitant dans sa frayeur, toute la force et l’agilité de ses jambes élancées. Le vent sifflait de nouveau à ses oreilles, et de ses yeux ivres d’angoisse, il cherchait la provenance de ces cris. Et plus le seconde passait, plus il devenait fou. Il partait dans une direction, puis de nouveaux cris l’entrainaient dans une autre voie, et alors qu’il se croyait proche d’arriver, des gémissements le poussaient ailleurs.

Il courait. Il courait plus vite qu’il n’avait jamais courut. Il louvoyait entre les arbres, puis filaient en ligne droite avant de bifurquer tout à coup, sans jamais trouver ce qu’il cherchait, comme pris dans un cauchemar. De ses yeux, coulait des larmes de frustrations et de peur qu’il ne cherchait même pas à retenir. Il en était certains, ces cris étaient les cris de son père. Mais il avait beau chercher, courir, l’appeler de sa voix forte, il ne parvenait pas à le rejoindre. Comme si quelque chose ou quelqu’un souhaitait plus que tout retarder leurs retrouvailles. Peine perdu ! Le jeune homme ne mit guère longtemps encore, avant de tomber nez à nez avec l’horreur.

Sous ses yeux, gisait au milieu d’une tache sombre, un homme. Sa jambe tordue dans un angle écœurant, et une mare de sang sous lui s’agrandissant à vue d’œil, il rampait. Désespérément, il tentait de s’éloigner de la créature qui dans sa gueule avait encore des traces de sa barbarie. Et de là où il était, Arador n’arrivait pas à concevoir, que cet être à l’agonie, était son père. Le choc était trop grand. Il voyait le corps bouger, et chacun de ces gestes lui retournait l’estomac. Son cœur semblait vouloir transpercer dans sa poitrine, tellement il battait fort, son sang pulsait ses oreilles devenues sourdes, ses tripes se tordaient violement, et sa gorge s’était douloureusement nouée.  Mais surtout, il n’arrivait pas à parler, il criait. Il criait son horreur, sa peine, sa rage. Il hurlait à l’animal une promesse d’agonie. Il hurlait à son père la douleur de le voir ainsi défait. Il hurlait à la lune spectatrice muette, peut-être complice, de cette nuit cauchemardesque.




Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyVen 6 Fév 2015 - 15:55

Le combat continuait à faire rage mais s’amenuisait au fil des minutes. Les cris étaient moins nombreux, autant du côté des hommes que des monstres, et les épées cliquetaient dans l’atmosphère avec moins de vigueur. Une pluie diluvienne s’était abattue sur le champ de bataille, étouffant les derniers hurlements et le bruit de la lutte sous des trombes d’eau. Elrond, d’habitude immaculé dans des soieries et des draps de satin, n’était plus qu’un tas de tissus déchirés, salis par la boue et le sang, son visage si pur disparaissait sous la crasse, ses cheveux défaits dégoulinaient sur ses épaules et son dos, pareilles à une cascade obscure. Il avait perdu sa tiare, sa cape, il l’avait abandonnée pour échapper à un warg avant de se retourner pour lui planter son épée dans le cœur, manquant de peu d’avoir la tête arrachée par une patte meurtrière. Il tenait sur ses jambes qu’avec les ultimes forces de la survie et son regard furetait de tous les côtés pour essayer de retrouver les siens. Seulement deux des gardes qui l’avaient suivi avaient survécu et, alors que les combats s’achevaient enfin, ils le rejoignirent, essoufflés, le cœur au bord des lèvres. Pas un Homme, ni même un Elfe, ne s’habitue jamais aux corps déchiquetés sur un champ de bataille…

Elrond, précédant les deux survivants, retourna là où il avait laissé Arador, désireux de le savoir sain et sauf. Cependant, il n’était pas dupe et avait très peu d’espoir que son protégé l’ait écouté réellement et avait obéi à ses directives qui, avec le recul, semblait stupides à Elrond. Le Peredhel, en effet, arrivé à l’endroit où Arador aurait du se trouver, ne le vit pas. Il ne fut qu’à peine étonné, à peine contrarié, et un immense chagrin l’emplit. Pas un murmure ne s’échappait des cadavres jonchant le sol spongieux de la plaine. Pas un mouvement ne venait perturber ce calme lugubre. Les larmes d’Elrond se mêlèrent à la pluie sur son visage blême… Arador avait voulu retrouver son père et avait succombé. Tout était de sa faute. Il aurait du envoyer une patrouille pour rassurer le jeune homme, le garder près de lui, en sécurité, à Imladris, il n’aurait jamais du faire preuve d’autorité qui, à présent, lui apparaissait clairement abusive. Il pleura en silence, ses compagnons Noldor, témoins de cette scène rare chez leur Seigneur, gardant un mutisme respectueux mêlé d’un certain embarras. La voix d’Elrond éclata alors, enrouée, si différente d’accoutumée :

« Occupez-vous d’ensevelir ces pauvres hères. Si vous trouvez Arador… Appelez-moi. »

« Qu’allez-vous faire, Seigneur ? »

« J’ai besoin d’un instant de répit… et de prier. »

Les soldats n’insistèrent pas. Ils se lancèrent des regards appuyés, inquiets, qu’Elrond vit malgré lui, malgré les larmes et la pluie brouillant sa vue ; néanmoins, il n’avait pas le cœur à leur répliquer que tout irait bien. Non seulement il mentirait ouvertement, mais sa voix avait déjà bien eu du mal à sortir de sa gorge serrée pour leur donner cet ordre. La paire d’elfes se mit à creuser une fosse, sous la drache, tandis que le Peredhel s’écartait de ces lieux pour s’enfoncer un peu dans la forêt, sous l’abri des arbres, tremblant, à bout d’énergie, les peines lui déchirant cœur et entrailles. La vie d’un elfe, longue, était jalousée par les Hommes du commun, sans qu’Elrond, plus le temps passait, ne comprenne réellement cette envie sordide. Qui pouvait bien désirer autant de voir ceux qu’on aimait mourir l’un après l’autre, sans qu’on ne puisse rien y faire, le temps avalant les âmes des vivants alors qu’il ne faisait que narguer les immortels ? Elrond avait choisi de vivre parmi les Elfes et non les Hommes, comme son frère Elros. Il avait pris le parti des immortels mais, à cette époque, il ne se doutait pas lui-même ce qu’une telle existence impliquait. A présent, il savait. Ce n’était que peines et fardeaux à porter sur des épaules qui, progressivement, n’avaient plus la force de soutenir tant de souvenirs douloureux. Alors qu’il s’enfonçait un peu plus profondément dans la forêt, il se laissa aller contre un arbre et s’abandonna à sa tristesse. Ses sanglots s’intensifièrent, brisant la plénitude de cette nuit. Tandis qu’il pleurait sans pouvoir s’arrêter, il finit par entendre un cri déchirant, empreint d’une immense détresse, ce qui éveilla l’esprit d’Elrond. Arador ? Cela se pouvait ! Le Noldor n’hésita pas plus longtemps et se mit à courir agilement entre les arbres, vers la source de ce hurlement, le cœur à nouveau vivace, nourri par un espoir fou.

Il avait couru ainsi un bon moment avant de voir le warg. Le dernier, certainement, hissé sur de longues pattes velues, son corps énorme et sombre, sentant le chien mouillé, le poil trempé collant sur sa peau, la gueule béante et couverte de sang. La langue sortait, au même rythme qu’un grondement sourd, nimbé du fluide vital de sa dernière victime. Il vit également Arador, face à la créature, l’œil si ouvert qu’on voyait le blanc tout autour de l’iris. Il était pétrifié d’horreur – sans qu’Elrond ne vit tout de suite la vraie source de cette peur. Il pensait que ce n’était que le warg, n’ayant pas encore remarqué le corps gisant, mourant, d’Argonui, qui rampait péniblement vers son fils. Dégainant sa longue lame, Elrond ne réfléchit pas un seul instant et fonça sur le monstre. Celui-ci se retourna, s’ensuivit un duel, griffes et crocs contre épée, où Elrond crut plusieurs fois défaillir. Seule l’idée de sauver Arador lui permettait de tenir bon et, finalement, de vaincre, d’une parade habile qui vint taillader les flancs de long en large de la bête. Elle s’effondra lourdement, les intestins s’échappant de son ventre ouvert, baignant la terre d’un peu plus de sang encore. Elrond, le souffle court, sortit enfin de sa torpeur et regarda alors Arador, un sourire naissant sur les lèvres. Il l’avait sauvé, il était vivant, il… ! L’elfe cessa de sourire subitement. Le jeune homme lui lançait un regard assassin.

« Arador… Que se passe-t-il ? »

Ce fut là qu’il vit enfin Argonui, ayant expiré son dernier soupir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptyVen 6 Fév 2015 - 23:11





«Il est des fois où les mots ne parviennent à exprimer toutes la peine d'un coeur brisé » .





Ce n’était pas réel. Cela ne pouvait être vrai. Il ne pouvait pas être là, le corps brisé,  affalé dans son sang avec sa jambe retournée, l’os apparent par endroit, à le supplier du regard.  Ce n’était pas l’odeur ferreuse de son sang qui emplissait ses narines, lui faisant rendre son soupé. Non ce n’était pas ça. Ce n’était pas possible. Et pourtant…Il était debout là, accablé. Les bras lui tombants, impuissant, le visage tordu par l’horreur et la douleur, son cœur,  broyé dans sa poitrine. Il avait mal. Terriblement. Sa bouche encore entrouverte après avoir rendu tout ce que pouvait contenir son estomac, s’était figée dans l’horreur.  Il n’avait d’yeux que pour le corps mourant de l’homme qui, tout en rampant misérablement, le regardait intensément, l’empêchant de se détourné du spectacle de son agonie. Ces yeux gris clairs, si semblables aux siens, l’avaient happés et le transperçaient d’un dard empoisonnés par la mort. Dans ce regard, il n’y avait presque plus rien. Les croiser, était comme plonger dans les eaux glacés des cavernes de Mandos. Ils étaient encore ouverts, mais plus pour longtemps, il le savait.  Et il restait là, faible, incapable d’aider celui pour qui il aurait parcouru le monde, celui pour qui il aurait pu donner sa vie. Il était là, pitoyable, pas même foutu de s’agenouiller auprès de lui. Trop de sang, il y avait trop de sang, et il trop lâche pleurait-il en lui-même. La tragédie qui survenait, alors qu’il avait tout fait pour l’empêcher, le confondait. Cette vision, réelle cette fois, lui coupait les jambes, lui sectionnait les bras. Elle le sabrait cruellement dans son courage, dans ses résolutions. Il ne savait que faire.

Pleurer ? Il devrait. Il devait pleurer par tous les dieux ! Se presser auprès de son père pour pleurer sa douleur et sa peine en le serrant contre lui.  N’était-il pas anéanti par ce qu’il voyait ? Si. Par Eru oui il était détruit de l’intérieur. Pourtant ses yeux restaient résolument secs, la  rivière de larmes en eux, bloquée par le désarroi qui l’étreignait. Crier ?  Il n’avait plus de voix. Sa plainte avait déchirée la nuit, expulsant dans l’air une infime partie de la souffrance qu’il ressentait présentement. Le reste, implosait en lui, bouillait ses entrailles, dans un magma d’émotions.  Sa gorge n’émettait plus que des hoquets malheureux. Il ne pouvait rien faire. Se mettre à genou auprès de son père pour le supplier de tenir bon ? C’était stupide, il ne passerait pas la nuit. Il aurait du mal à l’admettre, mais il impossible que l’homme survive à ses blessure. Et puis… Le Warg était toujours là, prêt à le tuer lui aussi, prêt à se battre pour transpercer de ses crocs, sa chair. Il n’avait pas le choix, il devait rester debout, et faire face. Se battre ? Il ne lui restait que ça. Mais il n’avait plus son épée. Se battre toujours ? Un grognement de la bête le sortie de sa torpeur. Se battre ? Son œil tomba en clignant, sur la lame de son père. Se battre ? Non, tuer. Il allait tuer. Tuer cette créature maudite pour venger son père.

Son cœur à cette idée, manqua quelques battements avant de se mettre à cavaler de nouveau comme un cheval fou. Tel un poison, propulsé dans ses veine à la vitesse des pulsations de son organe emballé, la soif de sang,  la colère, lui firent l’effet d’une drogue. Il allait occire cette bête. Il allait étriper cette chose immonde qui avait osé toucher à ce qu’il avait de plus précieux. Il allait vider de ses tripes cette engeance et lui faire subir milles tourments. Son agonie n’aurait de fin que dans sa mansuétude…une vertu  qu’hélas pour elle, il ne connaissait pas. De lui, ne proviendrai plus aucune pondération. Les verrous de son humanités sautaient un à un alors que ces vœux belliqueux et sanguinaires s’imprimaient dans sa chaire.

-Père…

Une dernière fois, sa voix rauque, mêlant rage et désolation, supplia. Il supplia le cadavre à ses pieds de n’être qu’une vision de l’esprit. Une illusion. Une frayeur qu’il se faisait à lui-même. Il suppliait les dieux que ce corps meurtri, agonisant, ne soient pas celui qu’il avait cru être. Que ces traits tant aimés, corrompus par la douleur, et par le sentiment d’une fin toute proche, ne soient que mirage. Faites que je me fourvoie. Que je me trompe, martelait-il  dans son esprit. Un espoir vain, et mort né, le gardait encore lucide…Un espoir, suspendu par une corde fine au dessus de sa tête, tel une invisible épée de Damoclès…

-Ara..Arador, fuis…

Il ne fut entendu de nul être qui vive, mais le claquement de cette corde vacillante, coupée nette par le murmure voilé qui émana du corps moribond, laissa derrière lui un silence funèbre.  Dans l’esprit du jeune éphèbe, le temps s’était arrêté. Déconnecté de la réalité, par peur peut-être de l’accepter. Il ne sentait plus son corps. Il ne sentait plus son cœur battre à la chamade, il ne sentait plus le froid mordant, il ne sentait pas non plus les larmes débordant de ses yeux. Il  avait décelé dans ces prunelles grises, une émotion que l’on ne ressentait qu’une fois dans toute une vie. Celle qui accompagnait la mort, celle qui demeurait jusqu’à ce jours sa hantise. La Résignation. Cette voix…il l’avait connue chaleureuse, pleine de vie. Et là…Elle était faible, voilée, lui demandant de fuir. En elle, la supplique, était déchirante. Dans les yeux de l’homme, il n’y avait plus aucune peur. Seulement une requête informulée, la dernière. Vivre. Il devait vivre.  Vivre. Une autre voix, un autre regard lui soufflait la même prière. Mais il n’écouterait pas. Encore une fois. Il ne pouvait pas… C’était pour lui qu’il était là...Pour lui, il était prêt à tout ! Il était son père. Il ne pouvait pas fuir. Il ne le voulait pas. Quitte à y laisser sa propre vie, il ne partirait pas…pas sans avoir usé sa lame sur les os de son assassin.

Dans sa tête, annihilant toute raison avec elles, la colère, la haine, et la douleur s’entrechoquaient.  Le désespoir, contenu dans les soubresauts de ses mains, parcourues de frisson, cherchait à saisir l’arme vengeresse, abandonnée non loin, que l’homme avait dû lâcher dans sa chute.  Les yeux écarquillés, le regard comme dément, Arador ne voyait plus rien. Rien d’autre qu’elle. Cette gueule béante. Cette machine de mort,  vers lequel tout son être tendait. Un orifice puant dans lequel il ne désirait qu’une chose, fourrer son épée. Il ne savait pas s’il y arriverait. Il n’y pensait même pas. Que son père ait été mis en échec par l’animal ne le refreinerait pas. Il était déjà loin. Dans sa tête, une tempête grondait, menaçant de se déchainer.

Il ne savait pas ce qu’il attendait. La créature lui faisait face, le jaugeai de ses yeux vicieux. Les phalanges blanchies, il serrait la garde de l’épée de son père. Mais les secondes s’écoulant, son père agonisant, il ne se passait rien. Lequel de deux carnassier s’élancerait le premier ? Arador semblait pourtant bien parti pour charger. Mais soudainement, la bête secoua son horrible tête, du sang –le sang de son père, il en était sûr- gouttant de ses babines retroussées. Arador se mit en garde, -le warg semblait avoir sentit quelque chose- prêt à le transpercer au moindre pas en avant.  De ses prunelles, rendus rouges de colère, il fixait la patte de l’animal qui s’élevait, paré à frapper. Mais rien ne se passa pas comme il l’attendait. Tout arriva très vite. Il allait porter un coup de taille, droit dans la gueule du loup de Guntabad, quand soudain, comme sortie de nulle part, une ombre vint lui ravir sa vindicte. L’animal s’était alors détourné de lui, s’en prenant désormais à l’intrus.

Figé par la confusion, le jeune rôdeur regardait d’un œil révolté le spectacle qui se déroulait sous ses yeux.  Il en aurait hurlé de rage. En lui il explosait !  Ce n’était pas juste. C’était son combat ! De quel droit ce moment lui était volé ! C’était son père qui était à l’agonie à cause de cette immonde créature!  C’était donc à lui de tuer la bête ! C’était son devoir ! A lui, et à personne d’autre. Il était furieux.  Le visage de l’impudent qui osait s’interposer entre lui et sa proie, lui restait inconnu. Mais déjà… il le maudissait! De quel droit…de quel droit…ces mots se répétaient en boucle dans sa tête. Il en devenait fou. Son regard fiévreux, suivait le combat sans le voir, alors que sa rage atteignait de nouveaux sommets. Il se fichait de savoir qui survivrai à cette lutte. Il les tuerait tous les deux. La bête, si elle survivait, et l’homme, si la bête mourrait. Car il lui aurait volé cette mort. Oui, il les tuerait tous les deux, ainsi sa vengeance serait malgré tout accomplie. Oui c’était bien. C’était juste.

Il nota à peine que la bête trépassait, lorsque dans un geste résolu, froid, sa lame se leva vers le vainqueur. L’homme avait gagné. Très bien. Il allait le tuer maintenant. Il était disposé à la faire. Ce serait facile. Ce serait simple. Plus simple que s’il avait dû affronter la bête. Finalement. Parfait. Il allait s’avancer, quand inopinément, le guerrier jusqu’alors caché par sa chevelure, et l’ombre de la nuit, fut révélé par un rayon de lumière. La lune. Cet astre si perfide, venait de faire de nouveau des siennes en le coupant dans son élan.

-Elrond…

Il murmura si bas, que même à cette distance, l’elfe n’aurait put l’entendre. Debout, victorieux, le Peredhel se tourna vers lui, et comme si de rien n’était, un sourire s’amorça sur son visage sans âge. Pourtant, il dût voir l’éclat sombre qui hantait les yeux de son protégé, car presque instantanément toute allégresse quitta son visage.

« Arador… Que se passe-t-il ? »

Comment, que se passait-il ? Ne voyait-il donc pas ?! En lui-même Arador hurlait de rage. S’en était trop. Trop pour lui. Il se trouvait là profondément bouleversé, à se demander si il avait bien entendu ce que l’elfe venait de lui demander.  Il ne parvenait presque plus à retenir ce volcan d’émotions qui grondait en lui.  L’elfe n’avait surement pas voulu le provoquer, mais c’était ainsi qu’Arador comprenait sa question. Que se passait-il ? Que se passait-il ?! Il se fichait de lui ! Le jeune voyait rouge. Dans ses mains, la lame à double tranchant de son père tremblait d’une fureur difficilement contenue. Il voulait hurler à la figure de l’elfe, des choses plus atroces les unes que les autres ! Il voulait le blesser. Lui faire mal. Pour qu’il comprenne, et qu’il ne pose pas une autre question stupide. Mais rien ne lui venait. Il s’agitait. Muet, cherchant ses mots, cherchant de l’air ! Et plus il restait silencieux, plus il se crispait.  Plus il se crispait, moins il trouvait ses mots.  Il n’en pouvait plus. Devant ce manque d’éloquence, il ne voyait se dessiner, qu’une seule solution. Lâchant son arme, le garçon en désespoir de cause, mu par la colère, fonça sur Elrond. Il ne savait plus ce qu’il faisait. L’attrapant par le col, il l’entraina au sol, tomba avec lui. Puis dans un premier temps, il se mit à le frapper. Le frapper. Le frapper encore. Puis il hurla. Ses cris de rage se répercutant en écho dans la plaine.  Il ne s’en rendit pas compte, mais il pleura aussi. De ses yeux coulèrent toutes les larmes qu’il avait jusqu’alors espéré dédier à son père. Et il continuait à frapper. Jusqu’à l’épuisement de ses dernières forces, ce que ses poings n’aient plus aucune consistance.   Puis il se leva en titubant, hagard, et sans mots, comme il aurait dû le faire dès qu’il l’avait vu, Arador alla s’échouer près du corps de mutilé de son père.



Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptySam 7 Fév 2015 - 0:52

« Mais que… ? »

L’ahurissement fut à son comble lorsque, des larmes de rage coulant sur son visage déformé par la haine, Arador se rua sur Elrond qui venait pourtant de le sauver. Le Peredhel ne comprit pas ce comportement pour le moins étonnant dans de telles circonstances et, sous l’effet de la surprise, ne chercha même pas à se défendre. Le dunedaìn renversa l’elfe et les deux êtres roulèrent dans un enchevêtrement de tissus, roulant dans la boue sous une pluie battante, à peine stoppée par les branches des pins. Les coups d’Arador se mirent à pleuvoir sur son mentor qui ne poussa pas même un cri de protestation. Après quelques instants, l’elfe tenta tout de même de repousser l’assaut de son protégé, attrapant ses poignets fermement pour le maintenir. En vain car, trempée, la peau glissa sous ses doigts rendus malhabiles par la frayeur et le choc d’une situation inattendue et effarante. Arador se remit à le frapper, de plus en plus fort, toute sa hargne ressortant, et il hurlait des injures, des reproches, et ce fut là qu’Elrond comprit réellement pourquoi son fils adoptif lui en voulait tant… Il avait désiré se venger du warg ayant tué son père, il lui en voulait affreusement de l’avoir empêché de partir plus tôt, de ne pas l’avoir cru, de ne pas avoir cru en son rêve. A nouveau, le semi-elfe s’était laissé faire, l’abattement sombrant sur son âme, le chagrin devenant plus profond tandis qu’Arador, celui qu’il avait tant chéri et voulu protégé, celui qu’il avait tenté de séquestrer à Imladris par crainte du pire, ne semblait jamais vouloir cesser de lui cracher à la figure tout le mal qu’il pensait à présent de lui.

Peu de gens ont pu voir le Seigneur de Fondcombe dans un tel état, si sale, si blessé en son esprit, n’ayant plus que la force de se relever par la seule nécessité de ne pas mourir maintenant. Arador l’avait enfin lâché et s’était écarté vivement de lui, comme pris de dégoût, pour lui tourner le dos, les épaules basses, le visage caché sous un rideau de cheveux crasseux. Son corps, comme s’il répondait à une autorité extérieure à lui-même, se dirigea à la façon d’un fantôme vers le corps en lambeaux d’Argonui, qui n’était plus de ce monde. Elrond, à nouveau sur ses jambes, des jambes flageolantes, observa cette scène avec un sentiment tenace d’y être intrus. Il ne sut que faire, ni qu’exprimer, dans un moment aussi tragique, surtout qu’il concevait que tout ça relevait de son entière erreur. Il n’avait pas écouté Arador, avait refusé son aide à Argonuiet toutes ces morts, pas seulement celle du chef des dunedaìns, lui incombaient. Elrond se sentit plus sale que l’était sa physionomie. Il avait rarement eu tort dans sa longue, très longue existence, mais en ce jour funeste, où le pire était advenu par sa faute, il se dit que toutes les fois où il eut raison et avait évité de bien terribles événements n’avaient plus aucune valeur alors que cette fois, une seule, avait valu la perte d’un être cher. Il le sentait dans ses entrailles que plus jamais Arador ne porterait de regard aimant sur lui, celui d’un enfant adorant sa figure paternelle. Arador ne lui offrirait plus que le mépris qu’il méritait amplement – cette ultime pensée acheva d’effondrer Elrond. Ses pieds le menèrent tout de même vers Arador, il s’agenouilla de façon machinale auprès du cadavre encore chaud, dont le sang traçait d’infimes sillons écarlates parmi les feuilles mortes qui s’effritaient dans la terre humide. Il avança une main fébrile et vint fermer en douceur les paupières d’Argonui, gardant le silence, n’osant pas lever les yeux sur Arador. Il resta ainsi plusieurs minutes, les sanglots de son protégé éclatèrent dans la nuit d’un noir d’encre ; Elrond n’avait pas le cœur à perturber cette litanie d’un cœur meurtri par ses propres pleurs. Il aurait tout le temps après de larmoyer sur cette double perte. Toujours sans regarder Arador dans les yeux, il susurra, sa voix n’étant plus que l’ombre de ce qu’elle fut :

« Que puis-je faire pour me faire pardonner, Arador ? Que puis-je faire ? »

Ses yeux anthracites larmoyèrent, sans réellement pleurer. Il était livide, son corps ressemblait à celui d’un vieillard, ses traits étaient tirés et on pouvait y lire alors tous les siècles et les siècles qu’avait bravés Elrond, et toutes les peines qu’il avait endurées, ajoutant celle-ci aux multiples instants où son esprit s’était senti déchiré. On pouvait y voir une terreur innommable. Celle qu’Arador ne puisse jamais lui pardonner réellement.
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Invité
avatar

Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... EmptySam 7 Fév 2015 - 22:47





«Il est des fois où les mots ne parviennent à exprimer toutes la peine d'un coeur brisé » .






Au travers des ruelles dallées d’une grande citée, un bel enfant cavalait entre les colonnes de pierres sculptées, pleurant toutes les larmes de son petit corps. Dans sa main, une épée de bois, dans ses yeux, la peur et l’innocence de son bel âge.  


OoOoO


Dans une rivière de sang, il avait mis genou à terre. Tout son corps tremblait. Violement. L’humidité congelait ses muscles. Mais il ne bougerait pas. Qu’importai sa personne. Son aise. Il n’en avait cure. Le froid du vent hurlant le saisissait. Il n’en avait cure. Ses mains étaient meurtries et douloureuses. Il n’en avait cure. Sa gorge s’était âprement nouée. Il n’arrivait pas à respirer ? Cela n’avait aucune importance. Plus rien n’avait d’importance. Il avait échoué. Il avait failli. Celui qu’il avait tant espérer sauver de la fatalité, était finalement là, guerrier défait, enveloppé une dernière fois dans ses bras transis. Du regard, il caressait ce visage engourdi. L’homme n’avait pas encore trépassé. Pas tout à fait mort, loin d’être vivant. Il retenait son souffle. Mortellement blessé, il se raccrochait encore à la vie, tenace, face  au visage de son fils penché au dessus de lui. Encore un petit peu. Un tout petit peu de temps, c’était tout ce qu’il demandait, tout ce qu’il lui restait.  

Arador ne disait rien. Il ne pouvait rien prononcer. Les mots sortaient de sa bouche comme les plaintes d’animal blessé. Sa vue était brouillée de larmes. Son visage déformé par le chagrin. Sa colère, disparue, tout comme la chaleur qui avait abrité ce corps amorphe entre ses bras. Il cajolait de ses doigts tremblotants, la peau froide de cet être cher, dans lequel il sentait la vie s’éteindre, doucement. Tout doucement. Tellement lentement que s’en était un supplice. Il aurait voulu que le temps s’arrête. Que son père lui reste encore ainsi une éternité. Si seulement ils n’étaient pas mortels.


OoOoOoO


Au détour d’un jardin, le garnement voyait se dessiner devant lui la silhouette noble de son protecteur.  Il était assis sur un banc de marbre, sa longue tunique bleu trainant au sol, un livre en main. Dans une plainte larmoyante, le bambin s’élança vers lui.  A son approche, l’homme releva la tête, surpris. Grand, svelte, avec une longue chevelue sombre et des yeux sages et chaleureux, mais surtout des oreilles pointus, majestueux, il s’accroupi pour accueillir le bambin...

-Allons, calme-toi, raconte moi…Pourquoi pleure-tu ? Demanda, la voix grave et consolante de l’adulte.

Chignant, le gamin tenta de ravaler ses larmes. Sa petite voix perchée, entrecoupée de sanglot, énonça avec toute la difficulté du monde.

-C’est…c’est…c’est le Tito! Je l’ai… trouvé…tout froid,…dans… dans la cuisine. Il…y bouge… plus !

Les sourcils de l’homme se froncèrent imperceptiblement. Il connaissait l’animal. Un petit être que le cuisinier avec sorti d’un broc il n"y avait pas si longtemps, nul ne savait comment il était arrivé là. Une petit bête dont le garçon s'était entiché et dont il ne se séparait plus. Et réciproquement, il n’allait nulle part sans que la créature ne le suive au petit trot. Inséparables, l’enfant lui portait une affection sans borgne. Une pointe d’inquiétude se lut alors sur le visage sans âge de l’elfe.

-Peux-tu me montrer ? Où est-il ?

Sans attendre la petite main chaude de l’enfant agrippa la sienne, le tirant avec empressement. Sans délais, le petit l’amena aux cuisines. Et là il vit le chat, étendu là, immobile, les yeux fermés. Il n’eut pas besoin de le toucher, il savait déjà ce qu’il en était. Le plus dur serait de l’expliquer au petit garçon qui le regardait à présent avec des yeux pleins d’espoir. Car l’animal était surement mort.  De quoi ? Il ne savait pas, mais ce n’était pas le plus important.

-Alors ? Tu pense qu’il est malade ? Il va se réveiller hein, dis ?! Implorait l’enfant en trépignant.

Le regard désolé que l’elfe jetât sur le garçon, éveilla chez celui-ci une forte angoisse. Il se remit à balbutier. S’accroupissant à sa hauteur, l’adulte passe un bras rassurant autour des frêles épaules, glissant affectueusement une main dans sa crinière noire.


OoOooOoO


Le temps semblait s’être arrêté autour d’eux. Il n’y avait plus rien. Rien qui ne compte plus que le visage noble, figé dans la douleur, reposant contre sa poitrine. Arador ne voyait rien d’autre que ces yeux gris, posés sur lui comme en prière. Ni le sang suintant de la chair béante de l’homme. Ni celui présent sur ses mains.  Ni les entrailles de la bête se répandues sur le sol, ni le visage affligé d’Elrond derrière lui. Seulement son père.  Son père qu’il aimait tant. Il avait bravé la nuit, les ténèbres pour le rejoindre. Il avait tout tenté. Il avait supplié. Il s’était échappé. Il avait galopé aussi vite que les forces de son cheval le lui avait permis. Il s’était battu. Il avait frôlé la mort. Mais ça n’avait pas été suffisant. Il avait échoué. Il n’était pas parvenu à le sauver. On l’en avait empêché. Il l’en avait empêché. Rien de tout cela ne serait arrivé, s’il l’avait écouté. Si seulement il l’avait considéré autrement que comme un enfant…Si l’avait considéré comme un adulte…si il avait prit en compte ses craintes, au lieu de les minorer. Il aurait put changer les choses si seulement on lui en avait donné la chance. S’il lui en avait laissé la chance.

Le voilà qui tentait de se rapprocher de lui. Il l’entendit d’une oreille, son pas léger. Si il avait put, il lui aurait hurlé de ne pas s’avancer plus. Il ne voulait pas de sa pitié. Il n’en avait pas besoin. C’était inutile, ça ne le sauverai pas. Il…il était presque…presque…parti. Il ne pouvait dire le mot. Il n’arrivait pas à se l’imaginer. C’était...trop dur.  Le prononcer  serait comme forcer la chose à arriver... Ce serait comme lui donner une existence. Et tout le temps qu’il tiendrait son corps contre lui, il ne parviendrait pas à admettre que son père était en train de le quitter. Désespérément, il s’imaginait que son cœur battait encore, que sa respiration même infime, existait toujours. Il s’illusionnait.  Il se donnait du temps. Il retardait le moment fatidique où il n’aurait plus rien dans ses bras qu’un cadavre. Pourtant, c’était déjà le cas.

La main d’Elrond, dans un geste qu’il avait dû répéter d’innombrables fois dans sa longue existence, vint tarir ses derniers espoirs avec une cruauté qu’il ne soupçonnait même pas. Pourquoi. Pourquoi semblait-il toujours vouloir rajouter un poids de plus à sa douleur. En fermant délicatement les yeux de son père, surement emplit de bonnes intentions, il n’en était pas moins en train de plonger dans la désespérance, le cœur de son protégé. Il lui ôtait ses dernières secondes de répit. Ses dernières illusions. Il lui volait une fois de plus un moment qui n’aurait dû appartenir qu’à lui. Il en pleurait. Incapable de vociférer à nouveau. Sa gorge nouée d’un sentiment puissant d’injustice, inapte à formuler sa pensée confuse. Alors, il rugit sa peine, enfouissant son visage dans les cheveux collants du corps tiède affaissé contre lui. Il laissa tout ce qu’il ressentait s’exprimer dans ce cri. Il enfonça ses doigts dans le tissu sale,  agrippa la chaire morte fiévreusement, se balançant comme un enfant. Il ne lui restait que ça.

« Que puis-je faire pour me faire pardonner, Arador ? Que puis-je faire ? »


OoOoOoOoO


« Que puis-je faire ? Que puis-je faire pour qu’il se réveille ?» questionna l’enfant

La question était naïve. Il ne pouvait rien faire. Il n’y avait rien à faire. Absolument rien .L’animal était inanimé, vraisemblablement mort. C’était flagrant aux yeux de l’adulte. Mais il ne pouvait ainsi énoncer la vérité à son petit protégé. En réalité, il ne savait pas comment annoncer la chose. Devait-il pour autant laisser à l’enfant un espoir illusoire ? Sans doute que non. Il était gêné. Jamais il n’avait été confronté à ce genre de situation où deux choses aussi éloignés que la mort, et l’innocence d’un enfant, étaient réunies.  

-Tu ne peux rien faire Arador. Répondit-il posément  tout en caressant délicatement la chevelure du petit garçon. Il ne se réveillera pas.

A ces mots, l’enfant ouvrit de grands yeux, être commença à sangloter, comme si il avait compris que s’en était fini de son ami poilu. Comment l’aurait-il comprit? Il n’en savait rien. Et cela l’étonnerait toujours. Cette capacité qu’avaient les jeunes esprits à comprendre les choses sans même avoir besoin de les nommer. Pour autant il n’en était pas heureux. Contre lui, le petit garçon pleurait, pour la première fois, la perte d’un être cher. Ce n’était pas facile, pour aucun d’eux. Le matou, était encore pimpant la veille. Sa mort  soudaine et inattendue, il n’était pas sûr que l’enfant la comprenne, ni l’accepte.

-Pourquoi ? Pourquoi tu ne peux pas le réveiller ?

L’efle soupira. Ce n’était pas si simple. Il ne savait que faire. Il devait pourtant trouver les mots…

-Parce que…il est parti rejoindre le ciel des chats, l’endroit où les esprits de tous les chats vont ses reposer une fois qu’ils sont trop fatigués pour rester sur terre avec nous. Un endroit tellement lointain qu’un fois là-bas, ils ne peuvent plus revenir.

Le petit seigneur s’arrêta de pleurer, laissant derrière ses sanglots, un silence moite. Se détachant de son père adoptif, l’enfant le visage mouillé de larmes, s’approcha de la petite bête. Délicatement, tout en reniflant bruyamment, il la prit dans ses bras. Puis son regard cristallin, pénétra celui  pétris de savoir et de connaissances, d’Elrond Peredhel. La question qu’il posa alors, la dernière, ébranla ces yeux sages.

-Et toi…un jour aussi tu vas mourir ?

La question reste quelques secondes en suspens et laissa un moment l’adulte coït. Lui. Mourrir. D’où avait-il apprit ce mot, Elrond n’en savait rien. Cela ne venait pas de lui. Il devrait s’en enquérir. Mourir. Arador comprenait-il seulement la signification de ce mot ? Possible. Peut-être avait-il été trop condescendant envers l’enfant alors que celui-ci en savait plus que ne le laissait suggérer son âge. Et cette question…il n’y avait presque jamais été soumis. Son cœur se serrait à l’idée qu’enfant déjà il  puisse penser à cela. La réponse était simple. Il n’allait pas mourir. Du moins, surement pas comme l’enfant devait s’imaginer la mort. Il ne pouvait pas lui répondre simplement que jamais il ne mourrait. Du moins, pas avant longtemps. Si longtemps qu’il aura surement alors perdu le compte des années, le temps glissant sur lui comme l’eau sur la feuille. L’immortalité, même pour lui était un concept bien difficile à expliquer.

-Tout le monde meurt un jour.

Enfouissant son nez  dans la fourrure grise du minet Arador retourna se lofer contre la poitrine chaude de cet havre de réconfort qu’était l’elfe millénaire. Il ne sembla pas se préoccuper de la réponse de celui-ci qui éludait largement la question. Il n’avait pas vraiment envie de savoir en faite.

-J’aimerais que tu ne meurs jamais. Qu’on reste vivant pour toujours. Murmura la voix pleine d’émotion de l’enfant, étouffée dans l’épaule couverte de soie bleue.  Ignorant de ce fait le regard emplis d’amour que posait sur lui, son père.


OoOoOoOoO


.Ses larmes ravalés un instant, il ôta son nez de l’odeur ferreuse du sang, et leva les yeux vers cette voix sourde. Son regard, impitoyable, il le planta dans celui, désolé, au bord des larmes, du seigneur elfe. Et les mots qu’il prononça alors, ferme et implacable, sa voix aussi tranchante que le fil de son sabre, furent comme un glas, sonné tristement.

-J’aimerais que tu meurs…qu’il soit encore vivant…Je souhaiterais tant…que vos places soient échangés.

Son murmure était aussi mortellement glacial que le désert du Forodwaith. Son regard ne laissait rien voir d’autre que sa profonde blessure. Peut-être qu’il ne pensait pas un mot de ce qu’il disait. Ou peut-être que si. C’était impossible à deviner à l’instant. Lui –même n’en savait trop rien. Il voulait qu’Elrond souffre, certes. Qu’il meure, ça il n’en était pas certain…quoique…non. C’était des paroles cruelles. Mais elles ne reflétaient que l’ampleur de son tourment.  Ils les lâchaient comme un venin, espérant que cela apaiserait sa souffrance.




Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty
MessageSujet: Re: Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...   Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils... Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Dans les Landes d'Etten - Je t'en prie, ne meurs pas, mon fils...
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Dans le sang ou dans la bière ? (PV Álfdís)
» De père à fils
» Brogar fils de Torgar
»  Rigel - Fils prodigue
» Dans l'ombre du départ

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
☁ Lonely Mountain :: détente des Hobbits :: Cimetière :: RPs-
Sauter vers:  
hobbit rpg hobbit nains hobbit nains lotr sda hobbit nains lotr sda hobbit nains hobbit nains hobbit rpg hobbit rpg hobbit rpg hobbit rpg tolkien hobbit rpg hobbit rpg
© Lonely Mountain 2016 ♦ Le forum appartient à l'intégralité de son Staff. Design et codage by Dwalin et Kili, bannière de LRG, avec des éléments de Dark Paradize et Neil. Sources de codes trouvées sur des plateformes d'aide de codage, notamment Never-Utopia. Remerciements à tous ceux qui ont soutenu le forum et à vous, nos membres, d'être chez nous et de faire perdurer l'aventure. Nous vous aimons très fort, bande de wargs mal lavés ! ▬ Le Staff.