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| Sujet: Quand le passé se conjugue au présent Mer 13 Jan 2016 - 18:57 | |
| Quand le passé se conjugue au présent ANTHEIA & GLORFINDEL De jour en jour on pouvait sentir les temps s'assombrir, l'horizon se voilait à mesure qu'on rapportait des incursions de groupuscules d'orcs de plus en plus nombreuses autour d'Imladris et Glorfindel n'aurait su en faire abstraction. Plus le temps passait, plus les patrouilles autour des terres du Seigneur Elrond s'intensifiaient. Le monde changeait, il évoluait une nouvelle fois vers des épisodes plus sombres qui, peut-être, finiraient par bouleverser une grande partie de la Terre du Milieu. Voilà sans doute pourquoi, soucieux de la sécurité des elfes et quelques hommes vivant à Imladris, il avait assisté au départ d'une patrouille un peu plus tôt dans la matinée. Et si les heures et les jours semblaient passer sur les elfes sans n'en laisser aucune trace, il devait bien avouer trouver le temps un petit peu long depuis leur départ. Nul doute, d'ailleurs, qu'il participerait très certainement à la prochaine avec l'accord du seigneur de la cité. Mais pour l'heure, tout ceci n'était pas d'actualité, les elfes partis au-delà de la Bruinen n'étaient pas encore de retour et ses pensées soucieuses avaient finies par mener ses pas dans l'étude adjacente à la bibliothèque. Livres et écrits avaient une vertu apaisante, ils permettaient de retracer des chemins déjà parcourus par d'autres personnes, elfes et hommes et lui permettaient ainsi de noter quelques nouveautés qu'il n'avait pas encore relevé.
Et à mesure que les pages se tournaient et que les écrits s'imprégnaient sur sa rétine, le temps semblait s'arrêter, suspendu à un fil invisible qui lui fit perdre le compte des minutes et des heures. Entre les lignes son esprit vagabondait, retraçant des histoires qu'il avait lui-même vécu sans que la moindre nostalgie n'imprime ses traits. Avec le temps, Glorfindel avait appris à composer avec les pertes qui pouvaient l'entourer. Proches et amis, humains ou elfes, il faisait bien moins cas des morts que ce que l'on pourrait penser. Certes, certaine tragédies restaient ancrées en lui mais la douleur qu'il pouvait ressentir dans ses moments-là s'estompait souvent bien rapidement. Avantage, sûrement, d'un vie immortelle déjà avancée.
Ce ne fut qu'alors qu'il allait retourner entre les rayonnages afin de trouver une nouvelle perle littéraire à étudier qu'il fut stoppé dans son élan par quelques bruits de pas pressés. Dans l'encadrement voûté de la porte, se dessina le corps d'un des elfes de la garde de la cité et Glorfindel posa sur lui un regard interrogateur alors que ce dernier ne ralentit son pas qu'une fois devant lui. L'elfe s'empressa de lui tendre une liasse de parchemins froissés que Glorfindel attrapa du bout des doigts avant de reposer le volume relié qu'il venait de sélectionner. Et tout en dépliant ces écrits, l'eldar écoutait d'une oreille ce que son compagnon avait à lui dire. Visiblement, la patrouille était tombé sur une jeune femme qui cherchait la cité et intrigués, ils s'étaient arrêtés pour entendre ce qu'elle avait à dire. Convenant qu'elle était trop proche d'Imladris, ils l'avaient tout d'abord questionnée sur les raisons qui l'avaient poussée aussi loin de tout village humain et la conversation se faisant, elle avait fini par leur remettre ses lettres, disant qu'elle était ici pour voir une certaine personne. Glorfindel leva la main, signe qu'il était inutile que le garde continue plus avant, il avait très bien compris les raisons de cette visite inopinée. Rassurant, l'eldar accepta de suivre son compatriote dont les épaules semblèrent se détendre de manière imperceptible. Ce dernier, visiblement rassuré de ne pas avoir fait quelques bêtises que ce soit en amenant la jeune humaine ici, pris la peine de passer devant lui afin de le mener à la jeune femme.
Très honnêtement, Glorfindel n'aurait jamais songé à revoir cette personne un jour tout comme il n'aurait jamais présager la rencontrer dix ans plus tôt dans le Rohan. Il gardait cependant intact le souvenir de cette journée et la façon dont il avait sauvé la jeune femme de ceux qui avaient ravagés son village. Pour lui, qui avait entendu parler d'un homme capable de soigner bien des maux, il avait été simple de remonter le chemin de cette piste pour y conduire l'enfant blessée. Les années qui suivirent, il s'était contenter d'adresser quelques lettres à cet homme afin de prendre des nouvelles d'une part, mais aussi et surtout pour garder contact avec une personne extérieure à Imladris. Une personne qui pourrait, peut-être un jour, lui retracer quelques événements intéressants et le tenir au courant des choses qui se déroulaient loin de sa vision. En revanche, il n'avait jamais pensé que la jeune femme arrive jusqu'à lui. En quittant l'homme, il n'avait demandé qu'une chose, qu'on taise son intervention afin qu'elle n'ait pas à s'en remémorer outre mesure. Guérir d'une blessure psychologique est parfois long, pour certains c'est même insurmontable et se soigner de la perte d'êtres chers pouvait même être fatal aussi bien chez les elfes que chez les hommes. Glorfindel n'avait donc pas souhaité qu'elle en sache trop sur la façon dont elle était arrivé chez cet homme qui se faisait appelé Le Soigneur et il lui avait demandé de garder à sa discrétion son intervention.
L'ombre d'une question passa alors dans ses yeux, si les lettres étaient arrivées en possession de la jeune humaine, qu’était-il arrivé au gardien de celles-ci ? La vie des hommes est fragile et le don de mortalité que leur a légué Ilúvatar arrive souvent plus vite qu'on ne saurait le présager. Etait-il mort ? Avait-il décidé de les lui remettre et, si c'était le cas, quand l'avait-il fait ? Voilà cinq ans qu'aucun message n'avait plus été échangé et Glorfindel n'avait pas chercher à en savoir plus. D'après le dernier mot du Soigneur, l'enfant devenue jeune femme avait choisi de prendre la route et l'eldar n'avait pas cherché à en savoir plus. Lui qui avait pris de ses nouvelles pendant un temps avait considéré qu'elle s'était complètement remise, aussi bien physiquement que psychologiquement et qu'il n'avait plus de réelle raison d'y porter une quelconque intention. Maintenant qu'elle était présente à Imladris, en revanche, les choses allaient sûrement changer et Glorfindel pressa le pas pour arriver aux portes de la cité.
Debout entre deux gardes toujours armés, la jeune femme se tenait là. Ses traits avaient changés, ils avaient vieillis, de même qu'elle avait grandi ; peut-être n'aurait-il pas été capable de la reconnaître au premier coup d’œil s'il l'avait croisée en d'autres circonstances. Aujourd'hui, elle semblait être en pleine forme, rien à voir avec la fillette qu'il avait guidé jusqu'au Soigneur. Pourtant, la forme de son visage ne changeait pas entièrement et un léger sourire se dessina sur le visage de l'Eldar alors qu'il s'approchait d'elle.
« Il me semble que ceci vous appartient. » Sa voix douce traça les contours de la langue commune qu'il utilisait pour se faire comprendre plus aisément de la jeune femme et elle accompagna le geste de sa main alors qu'il lui tendait les quelques lettres. « Je suis Glorfindel et c'est un plaisir de vous rencontrer une nouvelle fois. »
Car pour lui, il s'agissait bel et bien d'une seconde rencontre, certes il avait été discret lorsqu'il avait libéré le cheval près de la maison du village afin que ce dernier se déplace vers la jeune femme. Il avait été d'autant plus discret en suivant leur progression jusqu'à leur destination et ses yeux n'avaient que peu quittés les deux corps en mouvement. En revanche, il doutait très sincèrement que la jeune femme ait eu le moindre souvenir de cet épisode. Peut-être était-ce pour cela qu'elle s'était dirigé vers Imladris sans vraiment en connaître la localisation exacte. Ou bien, d'autres questions éveillaient-elles sa curiosité toute humaine ?
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