Always lost in the sea...But now we're here (ft. Morwen)

Always lost in the sea...But now we're here

Gwenhwyfar ft. Morwen

Le Gondor était un lieu risqué où se rendre quand on était une personne recherchée. Surtout que Gwen n'était pas seulement recherchée en tant que pirate...Ou ex-pirate, plutôt. Non. Il y avait quelque chose d'autre qui gravitait autour d'elle. Quelque chose de néfaste et qui voulait sa mort pour d'autres raisons que la simple application de la peine capitale prévue par la justice gondorienne.
Mais lorsqu'il y avait des affaires à faire ou des "courses" à faire pour quelqu'un qui la payait pour cela, il n'y avait plus de peur ou de réserve. Non. Elle devait aller là où se trouvait l'artéfact à ramener et ne jamais faillir à sa tâche.

C'était encore une fois pour une mission rapatriement qui lui avait été confiée que Gwen s'était retrouvée dans un petit village tout près de Pelargir. La journée était belle, sans trop de nuages, et il y avait du monde dans les rues. L'idéal pour se fondre dans la masse. Quand il n'y avait personne dans les rues et qu'une nouvelle personne arrivait en ville, cela suscitait toujours des questionnements.
Sortie de l'auberge où elle avait déposé ses affaires avant de fermer à clé, elle était finalement sortie prendre l'air et observer les environs depuis la place du village. Sortant une boussole de sa poche, elle avait dirigé le regard vers ce que le cadran indiquait comme étant le sud-ouest. Il lui restait encore de la route à faire, mais pas autant que le chemin qui l'avait amenée jusqu'ici. Il lui fallait atteindre une grotte où se trouvaient apparemment enterrés des bijoux volés par des trolls à une famille fortunée qui avait eu le malheur de passer tout près d'un repaire plus d'un siècle auparavant. Une jeune demoiselle avait mis celui qui avait employé Gwen au défi de retrouver une parure complète, refusant de l'épouser si il échouait, et c'était ainsi que Gwen s'était retrouvée en route pour le sud du Gondor, la jeune fille n'ayant pas pas précisé que son fiancé devrait retrouver ce qu'elle lui avait demandé lui-même.

L'ex-pirate se trouvait donc sur la place du village et rangeait la boussole dans l'une des poches de sa veste lorsqu'il lui sembla, plus loin, voir un visage familier.
Quelqu'un de son passé qu'elle n'avait pas vu depuis bien longtemps. Une véritable éternité, même.

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But now we're here...

All this time I was finding myself, and I didn't know I was lost. So wake me up when it's all over.

Voilà quelques jours déjà que Morwen avait quitté Minas Tirith, accompagnée de sa garde personnelle et d’un convoi de marchandise pour se rendre dans un petit village en bordure de Pelargir. Elle s’était installée dans l’une des meilleures chambres de l’auberge du coin et les habitants l’avaient accueillie avec beaucoup d’enthousiasme et de remerciements. La noble dame avait, après tout, amenée avec elle de quoi nourrir la population locale et reconstruire quelques bâtisses endommagées lors du passage des pirates, il y a quelques semaines de cela. Cette mission diplomatique était néanmoins un couvert à sa véritable présence près des frontières de l’Harad. Des histoires sombres se tramaient dans le désert voisin et la jeune femme avait pris des précautions supplémentaires en plus de la petite troupe menée par Destan qui avait été envoyé en éclaireur sur les lieux de l’ennemi. Si une guerre était à l’aube d’éclater, il fallait le savoir à tout prix. Et plus que tout, il fallait être prêt à l’essuyer.

C’était ainsi que Morwen était parvenue à convaincre secrètement l’intendant du Gondor de déplacer son armée le long des frontières de l’Harad, histoire de se préparer au pire. Si leur voisin tentait de les attaquer, les forces gondoriennes seraient prêtes à répliquer. Mais histoire que les plans de la dame restent secrets le plus longtemps possible, les troupes avaient été déplacées en petites unités et sur une période de temps étalée. La rumeur courait comme quoi Minas Tirith envoyait de l’aide pour reconstruire les zones toujours sinistrées. Un subterfuge simple, mais efficace. Personne n’avait besoin d’en savoir plus, outre Morwen qui menait l’expédition, l’Intendant et le capitaine de la garde de la dame.

Cela devait bien faire deux jours qu’elle était arrivée ici, en attente des nouvelles du messager qu’elle avait envoyé à Destan. La jeune noble avait avisé Saruman de ses déplacements, ainsi, le corbeau ne devrait point avoir de difficulté à la retrouver à si courte distance. À vol d’oiseau, elle était peut-être tout au plus à une heure ou deux de Pelargir et de la frontière. C’était un aller-retour rapide.

En attendant, cette journée-là, Morwen conversait avec les marchands, s’enquérant de leurs problèmes et de leurs besoins. Beaucoup lui offraient des vivres et des biens en signe de gratitude et voilà qu’elle s’était retrouvée à trainer un panier rempli de pain frais, de fruits séchés, de broderies et autres cadeaux fabriqués ou préparés par les soins des habitants. En se promenant d’un commerçant à l’autre, le regard de la belle fut attiré par un visage qui lui parut familier. La dame de Lossarnach mit quelques secondes à replacer ces traits qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps et qui avaient quelque peu gagnés en âge depuis. Ses pupilles s’agrandirent d’abord de stupeur après l’avoir reconnue, surtout parce qu’elle la croyait morte. Tout du moins, c’était ce qu’on lui avait dit. Morwen fendit la foule en quelques enjambées, s’excusant distraitement lorsqu’elle bousculait quelqu’un.

« Gwen !? » fit-elle, comme pour être sûre qu’elle ne s’était pas trompée. « Gwen, c’est toi ? »

Oui, c’était bien elle… Il n’y avait aucun doute. Sa mémoire ne lui jouait pas de tour. La cadette attrapa doucement le  bras de sa vieille amie.

« Je te croyais morte… Que fais-tu ici ? Pourquoi n’as-tu pas donné de nouvelles à personne ? »

À peine retrouvée, que déjà elle la bombardait de questions sans trop se demander si les lieux étaient appropriés pour cela. Morwen la regarda de la tête aux pieds ; mais quelle accoutrement ! Voilà qu’elle avait troqué les robes pour un habit d’aventurier… Que tramait-elle ? La vie politique l’ennuyait-elle au point d’avoir fait perduré la rumeur de son décès ? Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête, mais elle se retint de l’agresser davantage, patientant qu’elle lui réponde en premier lieu. De toute manière, elle comptait bien retenir Gwen le temps qu’il faudrait pour qu’elle lui réponde. On ne faisait pas croire à sa mort pour s’en sauver par après sans explication !

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Gwenhwyfar ft. Morwen

Gwenhwyfar mit quelques secondes avant d'être certaine, mais lorsqu'elle vit la jeune femme avancer en sa direction en la regardant droit dans les yeux, elle sut qu'elle ne s'était pas trompée. Elle aussi la connaissait. Elle l'avait reconnue, c'en était la preuve.
Celle-ci ne tarda pas à la rejoindre.

-Gwen? L'interrogea-t-elle. Gwen, c’est toi ?

L'interessée tenta d'esquisser un sourire avant de répondre, mais celui-ci était maladroit. A moitié figé et tordu. Elle ne perdit pas davantage de temps et finir par aquiescer d'un rapide mouvement de tête.

-Oui, répondit-elle. Oui, c'est...moi.

Cela faisait tellement longtemps...Combien d'années déja? Plus de six, de sûr. Tant de choses s'étaient passées depuis la dernière fois qu'elles s'étaient quittées...Il y avait eu le départ, l'attaque, l'enlèvement, son sauvetage, Sveyn, l'exécution et son retour à terre avant sa reconversion...Sans parler de son cousin qui cherchait à présent à l'éliminer.
Tant de choses qui risqueraient d'être difficile à expliquer...Tant de choses qui ne lui ressemblaient pas...

-Je te croyais morte…Lui dit son amie en lui attrappant le bras. Que fais-tu ici ? Pourquoi n’as-tu pas donné de nouvelles à personne ?

Gwen jeta un regard alentour. Il y avait des regards sur elles...Enfin, davantage sur son amie qui semblait avoir une certaine réputation en ces lieux. Mais la foule réunie sur cette place faisait suffisemment de bruit pour ne pas entendre ce qu'elles pourfaient se dire. Pour l'instant, en tout cas.

-C'est une longue histoire, lui dit-elle. Ou plutôt de longues histoires. Et loin d'être les plus drôles, en plus.

Elle marqua une pause tout en vérifiant la distance entre elles et les personnes qui les regardaient.

-Mais si tu ne crains pas de les entendre, poursuivit-elle, peut-être devrions nous trouver un endroit plus discret. Il y a trop d'oreilles sur cette place...Et trop d'yeux. C'est un peu embarassant.

Et surtout s'il y avait parmi ces gens des personnes avec des instructions provenant de l'un de ses rares parents encore de ce monde, cette place risquait de devenir l'endroit recueillant ses dernières paroles en plus de son sang. Ce qu'elle ne souhaitait bien évidemment pas, ayant passé trop de temps à survivre pour trépasser aussi bêtement.

C'était d'ailleurs pour cela qu'elle essayait de voir si le chemin du retour pour l'auberge n'était pas trop encombré.
Apparemment, cela semblait facile d'accès. Mais il faudrait que Morwen accepte de la suivre. Sinon, cela était inutile.

-Contente de te revoir également, Morwen ajouta-t-elle avant de lui adresser un discret "suis-moi" et de repartir d'où elle venait.

Les explications allaient venir, seulement elles se feraient ailleurs. Là où les risques se trouveraient réduits.Et quoi de mieux qu'une auberge ou les voyageurs avaient tous leurs histoires? Ainsi elles sembleraient moins suspectes qu'au-milieu des passants et des marchants qui avaient les yeux rivés sur Morwen...Et sur Gwen par ricochet.

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All this time I was finding myself, and I didn't know I was lost. So wake me up when it's all over.

C’était bien elle, Morwen n’avait point rêvée, elle ne l’avait pas méprise pour une autre personne. Gwen était vivante, face à elle, parée d’un sourire maladroit, bien que sincère. La cadette nota rapidement le malaise qui semblait prendre son amie disparue devant tous les regards tournés vers elles. Il fallait avouer que la dame de Lossarnach passait difficilement inaperçue dans la foule, d’autant plus qu’elle s’offrait beaucoup de visibilité depuis son arrivée ici. Qu’à cela ne tienne, elles trouveraient un endroit plus tranquille pour discuter. Gwen semblait en avoir long à raconter et Morwen beaucoup de questions à poser, dont plusieurs viendraient probablement avec le récit que sa compagne aurait à relater.

« Bien entendu que je ne crains pas de les entendre. J’en meure d’envie, même. » rétorqua-t-elle un peu plus bas cette fois pour éviter les oreilles indiscrètes.


Aucune histoire ne la ferait frémir au point de pas vouloir l’écouter. Ainsi, la cadette acquiesça sans contredire la demande de Gwen pour trouver un lieu plus propice à cette discussion. Morwen se demandait bien dans quel pétrin son amie s’était mise les pieds pour ainsi craindre de parler en public. Décidemment, il y avait plus derrière cette fausse mort qu’il  n’aurait pu y paraître au départ. Heureusement, Gwen ne semblait pas fermée à l’idée de lui fournir les explications qu’elle désirait, celle-ci paraissait même encline à fournir plus qu’elle ne le demandait en premier lieu.

La dame de Lossarnach suivit donc ce visage retrouvé à travers la foule sur le chemin du retour de l’auberge, là où elle-même avait une chambre dans les étages supérieures. C’était une coïncidence certaine que toutes deux ne soient pas croisées plus tôt. En plein milieu de la journée, les lieux étaient plutôt tranquilles et moins fréquentés qu’en soirée, alors lorsqu’elles mirent les pieds dans l’auberge, il ne leur fut pas difficile de trouver un coin tranquille, loin des oreilles indiscrètes.

Morwen choisit une table dans un coin près d’une fenêtre, un petit emplacement qui formait une sorte de cloison et qui invitait à l’intimité. La jeune femme s’y déposa, mais avant d’avoir commandé une choppe d’hydromel pour elle et peu importe ce que désirait Gwen. Leurs boissons leur furent apportées rapidement par l’aubergiste, avec une mie de pain et un peu de fromage. La cadette donna quelques pièces et celui-ci s’esquiva, les laissant seules.

« Tu sembles en avoir beaucoup à raconter… » coula enfin Morwen en se callant contre sa chaise.

Elle jeta un regard discret autour pour s’assurer que personne ne porterait une oreille indiscrète vers leur conversation, mais tous semblaient occuper dans leurs propres échanges de parole.

« Vas-y, je t’écoute, dis-moi tout. »

Ou autant qu’il était possible pour elle de lui en dire…

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Gwenhwyfar ft. Morwen

Morwen ne craignait pas d'entendre ce que Gwen pouvait avoir à raconter. Elle en mourait même d'envie, d'après ses propres dires.
Détrompe-toi, lui répondit alors mentalement son amie depuis longtemps perdue, car lorsque tu sauras tout ce que j'ai fait et vécu, tu souhaiteras ne jamais rien avoir entendu.
Mais elle aussi voulait tout lui dire. Parler à quelqu'un, vider son sac...Ce qu'elle n'avait pu faire depuis bien longtemps.
Alors elle ouvrit la voie vers l'auberge où elle logeais pour le temps qu'elle serait ici.
Comme elle l'avait prévu, Morwen suivait le mouvement.

Elles parcoururent la rue et poussèrent la porte du lieu. Mais si Gwen avait mené jusqu'ici, ce fut son amie qui choisit la table. Une qui se trouvait devant une fenêtre et plutôt éloignée des autres. Tant mieux. Là elles pourraient discuter sans que personne ne puisse se trouver suffisemment près pour écouter sans qu'elles ne le remarquent.

Elles s'y installèrent et commandèrent à boire, de l'hydromel chacune, et l'aubergiste ne tarda pas à revenir avec des boissons ainsi que quelque chose à manger.
Puis Morwen débuta son interrogatoire.

-Tu sembles en avoir beaucoup à raconter…Lui dit-elle.

Ce à quoi Gwen se contenta de répondre par un aquiésçement avant de boire une gorgee de sa boisson. Oui, toutes ses années donnaient beaucoup de choses à dire...Mais est-ce que les choses demeureraient les mêmes après cela?

-Vas-y, je t’écoute, poursuivit la jeune dame, dis-moi tout.

Gwen soupira avant de finalement se lancer.

-Si tu as cru que j'étais morte...C'est parce que je devrais l'être depuis déja des années, commença-t-elle. Depuis que notre bateau a été attaqué par le Morgoth. C'était père qu'ils voulaient mais il est mort en voulant me sauver...Et comme il ne restait plus que moi, c'est moi qui ait été enlevée...Je n'ai plus de famille, ils ont tous été massacrés. Je ne dois la vie qu'au sacrifice de mon père et au fait que ces pirates voulaient une rançon.

Sa famille...Il ne lui restait plus personne...Elle prit une nouvelle gorgee afin d'éloigner les images qui lui venaient.

-Je ne sais plus combien de temps j'ai passé attachée et frappée si je tentais de m'échapper...Mais j'ai ensuite été récupérée par une autre bande de pirates qui en voulait au capitaine du Morgoth. Eux m'ont mieux traitée mais à l'origine, eux aussi voulaient en profiter pour obtenir une raçon grâce à moi. Mais les choses ne se sont pas tout à fait passées comme prévu.


De sûr, si Morwen n'avait pas tressailli à ce début de récit, résister face à la suite ne serait pas évidente. Comment allait-elle réagir en apprenant que sa vieille amie était devenue une pirate?

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Morwen s’était callée contre son siège en empoignant son verre d’hydromel qu’elle porta à ses lèvres avant d’en prendre une gorgée. Une partie d’elle frémissait à l’idée d’avoir tous les détails, de finalement savoir après tout ce temps. Dans quelles histoires s’était-elle retrouvée pour que même six ans plus tard, qu’elle n’ait point donné signe de vie et qu’elle agisse comme si des oreilles indiscrètes pouvaient les entendre ? Bien du mystère qui lui serait révélé sous peu, maintenant que les deux amies étaient dans un lieu un peu plus tranquille et à l’écart des regards d’autrui.

La dame de Lossarnach fut navrée d’apprendre les circonstances de la mort de ses parents et de son enlèvement, bien que le décès de ses géniteurs ne lui aient point été inconnus, les bruits courent rapidement parmi la noblesse, surtout lorsqu’il est question de succession. Morwen posa une main réconfortante sur le bras de Gwen, support silencieux accompagné d’un regard concerné. Elle ne la pressa guère à continuer, mais celle-ci semblait prête à enchainer son histoire qui déjà paraissait pleine de péripéties. Ce qu’elle raconta par la suite ne sembla guère plus élogieux pour elle. Évidemment, il ne fallait pas s’attendre à de la dentelle de la part des pirates, mais l’idée de savoir que Gwen eut été maltraitée par ces brigands des mers lui laissait un pincement dans la poitrine.

Morwen se permit une gorgée supplémentaire de son hydromel, conservant malgré tout un visage neutre face aux révélations de son amie. Qui avait-il à dire ? Les évènements passés ne pouvaient pas être changés et ne pouvaient pas non plus être oubliés. Il ne servait à rien de s’y apitoyer. La cadette déposa son verre contre le table, plongeant son regard dans celui de Gwen.

« Je suis vraiment navrée d’apprendre ce qui t’es arrivée… Certainement que cela a dû être difficile pour toi. Mais de te voir aujourd’hui me laisse entendre que tu t’en es tirée malgré tout. »

Tout indiquait qu’il  y avait une suite à cette histoire, que ça ne s’arrêtait pas là. Dans sa simple façon de laisser sa dernière phrase en suspend, cela présageait des péripéties plus étonnantes encore que ce qu’elle lui avait raconté jusqu’à présent. Morwen ne se serait jamais imaginé que Gwen se serait retrouvée à vivre une telle aventure.

« Qu’est-il arrivé ensuite ? Qu’entends-tu par les choses ne se sont pas passées comme prévues ? »

D’autres questions survolaient son esprit, mais chaque chose en son temps. Les autres viendraient pour la suite ou seraient répondues en temps et lieux dans la discussion. La dame de Lossarnach s’était recalée dans sa chaise en attente de la suite qui s’annonçait toute aussi croustillante, sinon plus.

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Gwenhwyfar ft. Morwen

Les quelques mois passés à bord du Morgoth avaient été épouvantables. Gwen ne se souvenait que trop bien de ces coups qu’elle avait pris. Elle ne devait la sauvegarde de sa vertu qu’au fait que ces monstres devaient la garder immaculée s’ils espéraient qu’on les paie. Sinon, elle n’osait pas imaginer ce qui lui serait arrivée dans cette cabine…

Finalement, elle avait été tirée d’affaire. Pour une autre prison, certes, mais une bien meilleure jusqu’à ce que Sveyn ne se décide à briser ses chaînes pour de bon.
Sveyn…Penser à lui lui donnait un pincement au cœur…

La jeune femme osa un regard sur son amie. Elle n’avait pour l’instant que dévoilé une partie de son histoire, mais cela aurait peut-être suffi à faire reculer son interlocutrice.
Ce qui, fort heureusement, ne fut pas le cas.

-Je suis vraiment navrée d’apprendre ce qui t’es arrivée… Lui fit comprendre Morwen. Certainement que cela a dû être difficile pour toi. Mais de te voir aujourd’hui me laisse entendre que tu t’en es tirée malgré tout.

Gwen acquiesça. Oui, elle s’en était tirée, mais pas vraiment de manière honorable. Une dame devenue pirate…Quand ce point de l’histoire serait abordé, elle craignait la réaction de son amie. Elle ne la regarderait certainement plus avec les mêmes yeux.
Mais elle ne pourrait pas éviter le sujet.

-Qu’est-il arrivé ensuite ? Lui demanda Morwen. Qu’entends-tu par les choses ne se sont pas passées comme prévues ?

Voilà…Le point de non-retour. Gwen aurait pu mentir, mais son amie s’en serait rendu compte facilement. Elle n’avait donc d’autre choix que de dire la vérité, même si celle-ci n’était pas des plus faciles à dires, ni à entendre, certainement.

Elle inspira, et raconta.

-Au départ, j’avais peur, déclara-t-elle. Mais ils me traitaient bien. Alors j’ai commencé à m’habituer à eux. Leur capitaine m’ordonnait de rester en cabine lorsqu’il y avait des abordages, afin qu’il ne m’arrive rien…Et un jour, alors qu’il se trouvait en mauvaise posture, je suis allée le sauver. Parce que j’avais peur de tomber sur pire…Mais pas seulement. Parce que…Je commençais à m’attacher à eux tous. Et finalement, comme le Gondor semblait faire la sourde oreille, ne répondant ni oui ni non à leur demande de rançon, ils m’ont accepté comme l’une des leurs. Ils m’ont donné des vêtements plus adaptés, des armes, m’ont appris à m’en servir…Je suis…Devenue une pirate pendant quelques années.

La piraterie était derrière elle, à présent. Elle avait raccroché lorsque Sveyn  avait été exécuté…Mais cela n’effaçait pas ce qu’elle avait été. C’était gravé en elle.
Et si elle n’en éprouvait aucune honte dans sa vie de tous les jours, devant une ancienne amie…C’était différent.

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