Excusez-moi, auriez-vous un peu de magie ? {PV. Bilbo ♥}

Une nouvelle journée venait de débuter, il y avait deux heures de cela, depuis que le soleil s’était levé, haut dans le ciel et annonçant une température estivale surement jusqu’à ce que la lune pointe à nouveau son nez le soir venu. La Comté s’était doucement éveillé, en même temps que le chant des oiseaux. Mais ce n’était pas toute cette petite population qui nous intéressait en ce moment même, plutôt une jeune Hobbit assise devant son miroir, ajustant quelques mèches de ses cheveux blonds comme les blés avant de sourire comme pour s’affirmer qu’elle avait fini ce qu’elle était en train de faire. Elle se nommait Ruby et, dans un mouvement rapide et pressé, se leva de son petit tabouret de bois taillé et ouvragé afin d’aller jusqu’à l’entrée de sa maison et ainsi se saisir d’une cape, la posant sur ses épaules. Elle était habillée d’une belle robe en tissus de couleur crue, beigée aux lacets croisés sur le devant de celle ci. Ses joues étaient roses, ses yeux pétillaient de vivacité, et c’est seulement armée de son petit panier en osier au bras qu’elle s’aventura en dehors de chez elle, marchant d’un pas sûr sur les petits sentiers jusqu’à arriver à Hobbitbourg.

Ce qui était drôle chez Ruby, c’était qu’elle ne cessait de s’émerveiller pour peu, et surtout sur des choses qu’elle ne connaissait pas. Pleine de vie, elle allait voir elle-même les autres habitants afin d’engager des discussions, demandant comment allait la famille, les enfants, les cousins, les cousines, enfin bref : toute la branche familiale. Et puis, cette petite curieuse adorait avoir des nouvelles informations. Non pas qu’elle jazais ensuite dans le dos, non, au contraire ; elle aimait surtout être informée des nouvelles choses qui se passait sur cette bonne vieille terre tout simplement car sinon, elle s’ennuyait. Après tout, une vie de Hobbit signifiait très peu d’aventure en soit, et cela, Ruby en avait souffert et avait même changé cela au point que ses voisins la prenaient pour une petite folle suicidaire à s’aventurer hors des terres de la Comté. Mais aussi surprenant que cela pouvait l’être, elle les laissait parler, levant juste ses yeux cristallins au ciel tout en esquissant un petit sourire amusé. A quoi bon vivre si ce qu’on fait de notre vie n’en vaut pas la peine, à quoi bon avoir des jambes si l’on ne peut pas gambader partout et courir dans l’herbe folle, à quoi bon avoir des yeux et ne pas s’en ravir ainsi des paysages de notre magnifique monde ? Pour elle, c’était logique. On vivait pour découvrir, apprendre, se surprendre, s’enrichir, s’émerveiller. Mais peu de personnes pensaient à cela ici, malheureusement. Cela l’attristait au fond, car combien de fois souhaitait-elle pouvoir parler de ses aventures solitaires à quelqu’un qui partagerait son avis ?

Parcourant les étales d’un air guilleret, la jeune demoiselle s’empressa d’acheter un ingrédient qu’elle cherchait ce depuis plus d’un mois. Heureuse comme tout, elle allait pouvoir tester l’une des potions qu’elle rêvait de faire depuis quelques temps à présent. Cela lui rappela d’ailleurs à quel point elle aurait aimé avoir quelqu’un pour l’aider dans ce qu’elle faisait. Elle avait interrogé quelques habitants à propos de possibles mages dans la région, et le seul nom qui lui était revenu était « Bilbo Baggins ». C’était un Hobbit tout comme elle, mais la demoiselle n’avait pas pensé à aller le voir, tout bêtement car elle n’avait pas eu le temps dernièrement. Légèrement perdue dans ses pensées, elle se convainquit d’elle devait dans la journée, partir à sa rechercher afin de l’interroger gentiment sur un possible magicien étant passé dans la région il y a quelques temps de cela. Sait-on jamais, il lui répondrait peut-être quelque chose d’utile ?

Achetant tranquillement l’ingrédient repéré, Ruby releva doucement la tête avant d’hausser les sourcils. Elle aperçut la silhouette d’un Hobbit qu’elle n’avait jamais croisé encore ici. Prise de curiosité, elle demanda à un passant qui était ce bonhomme qui semblait mystérieux à ses yeux. L’autre lui répondit qu’il s’agissait de Bilbo Baggins, et à peine eut-il fini sa phrase que Ruby s’en alla presque en hâte, laissant pris de court son vis-à-vis qui se frotta l’arrière de la tête, hébété. Si elle se dépêchait soudainement, c’était tout bêtement car ce bon vieux Bilbo était en train de s’en aller sur un sentier, loin du marché, surement car il avait fini ses emplettes. Elle lui courut donc après, avant de l’interpeller de sa voix douce et fluette.


Elle fini par s’arrêter, espérant que la personne en question accepte gentiment d’en faire de même afin de se tourner vers elle. Ruby ne savait pas à quel énergumène elle allait avoir à faire, mais en tout cas, elle priait très fort pour qu’il ne soit pas trop trop expéditif, sait-on jamais.

Bilbo ferma les yeux et huma l'air. Encore une magnifique journée qui s'annonçait en perspective ! Il n'avait pas à se plaindre, car cela durait depuis plusieurs jours déjà. Le soleil était souvent au beau fixe et cela ravissait grandement Bilbo. Il sortait enfin de sa solitude et de son humeur ronchonne causée par le mauvais temps, la neige, le froid, et le ciel couvert. Aujourd'hui, le printemps pointait enfin le bout de son nez et le temps se maintenait. Les températures avaient déjà remonté, mais Bilbo n'avait pas vraiment ouvert les yeux sur le changement climatique, comme s'il n'osait pas croire que l'hiver s'en était enfin allé depuis un petit moment déjà. Parfois, le temps était capricieux, et il craignait toujours quelques retours, des giboulets de neige ou quelque chose du genre, s'en approchant. Le soleil et la chaleur combinés lui apportait du baume au cœur et il sentait l'inspiration lui revenir. Il se sentait prêt à reprendre la plume pour griffonner quelques mots, continuer son roman. Cependant, avant de se pencher là-dessus, il jugeait bon et même fort judicieux de s'offrir un délicieux repas, histoire d'illuminer davantage cette merveilleuse journée. Son garde-manger commençait doucement à se vider, il était peut-être temps pour lui de faire quelques achats sur le marché.

Bilbo inspira profondément, saisit son manteau et le jeta sur ses épaules. Un panier à la main, il se dirigea d'un pas tranquille en direction du marché.

Oh, il croisa de nombreux hobbits qui allaient et venaient, il les salua poliment, mais la plupart lui répondirent par un grognement à peine audible. Quelque peu déconcerté, Bilbo décida de les ignorer et continua sa route, bien décidé à ne pas perdre sa bonne humeur. Il ne réalisait pas à quel point il sortait peu de chez lui. Les hobbits l'avaient presque oublié et son nom était devenu une légende. C'était à se demander s'il existait vraiment, s'il était bien réel, car rares étaient les fois où le hobbit pointait le bout de son nez hors de son trou. Oh, il lui arrivait de rester au-devant de sa maison pour admirer le paysage en tirant sur sa longue pipe, mais franchir son portail de bois était un véritable défi. Seul le manque de nourriture pouvait le tirer hors de chez lui.

Arrivé sur le marché, Bilbo visita plusieurs stands, sélectionna ses ingrédients en fonction de leur couleur, de leur forme, et même de leur odeur ! Il s'y trouvait depuis une demi-heure environ et reniflait un fruit à plusieurs reprises sous l’œil attentif du vendeur.

- Vous l'avez touché, vous l'achetez !
- Mais enfin, il a une odeur épouvantable, ce fruit !
- C'est pas mon problème.

Bilbo lui jeta un regard incongru, puis fit sonner les pièces dans sa bourse bien pleine. Le vendeur satisfait le pria de déguerpir bien vite avant qu'il n'abîme ses fruits et ce fut à ce moment précisément que le hobbit décida qu'il avait terminé ses emplettes. Il avait tout ce dont il lui fallait.

Il s'éloigna donc du marché en sifflant un air guilleret, satisfait de ce début de journée fort sympathique. Et puis, soudainement, derrière lui, une petite voix fluette, inconnue à son oreille, l’interpella. Étonné, Bilbo s'arrêta et se retourna vivement. Il eut bien du mal à cacher sa surprise et son ravissement, car c'était une magnifique créature hobitienne qui demandait ainsi son attention. Il se sentait également flatté qu'elle connaissât son prénom, mais lui n'avait pas cette chance-là.

Bilbo ne répondit pas sur le coup et admira plutôt la chevelure flamboyante de la jeune demoiselle, des cheveux dorés comme le blé au soleil, un teint laiteux qui soulignait deux petites prunelles d'un vert forêt profond, des lèvres pulpeuses, une gorge délicate et... Bilbo releva brusquement son regard, les joues roses, et se racla bruyamment la gorge. Il eut d'abord pour idée de la flatter sur sa robe afin de justifier son attitude, mais se souvint qu'il ne s'était pas encore présenté – bien que cela ait peu d'importance – ni même qu'il ne lui avait pas encore demandé son prénom.

- Oui, c'est effectivement moi, acheva-t-il enfin de dire. Et à qui ai-je l'honneur ?

Soulagée de voir que son interlocuteur se stoppait finalement, Ruby s’arrêta de courir pour ensuite simplement marcher jusqu’à pouvoir se tenir pas trop loin de lui, histoire d’être plus à l’aise pour continuer ce qu’elle comptait dire. Elle reprenait alors son souffle, tout en se mettant à sourire, portant sa main contre son cœur tout en fermant un instant les paupières, l’air soulagée qu’il eut daigné lui accorder son attention. Sait-on jamais, après tout, il y avait nombreux hobbits grincheux en ville, qui ne se seraient pas gênés d’envoyer paitre plus loin la petite demoiselle. Mais, elle était véritablement ravie que cela ne se soit pas produit avec Bilbo. Au contraire, ce dernier semblait particulièrement surpris et plutôt content d’avoir été appelé par son prénom, et aussi par la personne qui justement l’avait interpelé. Amusée, Ruby regarda un instant les rougeurs et l’allure du hobbit face à lui, toujours ce sourire aux lèvres, avant de l’étirer un peu plus. Il était plutôt beau, aux yeux bleus et à la chevelure ondulée, d’un châtain voir blond cendré. C’est sûr, il y avait beaucoup plus moche. Mais connaissant Ruby, la demoiselle ne s’était pas fait remarquer cela car elle aurait plutôt regardé la belle veste que portait son vis-à-vis en se demandant quel type de tissus il avait pu utiliser, ou plutôt, la personne qui l’avait cousu, avait pu utiliser. On ne la refait pas.

Reprenant ses esprits, elle poursuivit donc sa phrase, redressant son regard ciel vers celui de son tête-à-tête.


« Sonnecor » devrait surement rappeler quelque chose à Bilbo. Après tout, l’ancêtre de Ruby avait découvert et inventé l’herbe à pipe, cette culture rependue à présent dans toute la terre du milieu. Alors, en général, lorsque l’on entendait son nom de famille, on s’exclamait « Oh, mais tu es la arrière petite petite petite petite fille de ce bon vieux Tobold Sonnecor ! », et toujours en général, elle se contentait d’hocher la tête tout en levant les yeux au ciel car s’en suivait une série de questions barbantes.

Reprenant d’emblée après sa phrase, la demoiselle replaça légèrement sa robe avant d’allonger son monologue, ses mains aux doigts fins secouant un petit bout de tissus de sa tunique tout en replaçant correctement le nœud de sa cape.



Reprenant d’emblée après sa phrase, la demoiselle replaça légèrement sa robe avant d’allonger son monologue, ses mains aux doigts fins secouant un petit bout de tissus de sa tunique tout en replaçant correctement le nœud de sa cape.

Mais pour ce pauvre Bilbo, pas le temps de répliquer que la petite blondinette fini par délivrer une dernière sentence, essayant, sait-on jamais, de ne pas perdre la prise de son poisson, maintenant qu’il avait mordu à l’hameçon. Drôle d’image, mais en gros, elle avait trop peur qu’il lui file entre les doigts.