Welcome, my shore Welcome, silent wave [flasback Destan & Carmen]

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Elle courrait à travers bois, les larmes aux yeux une énième fois. Essayant de fuir le campement un moment dans un besoin viscéral de se retrouver un peu seule et retrouver sa dignité perdue. Yukka l'avait frappée encore une fois, un violent coup sur la joue qui allait lui laisser une vilaine marque violacée. Elle rejoignait la collection des hématomes qu'elle présentait ça et là  sur la totalité de son corps et qu'elle dissimulait au reste du groupe par d’amples tissus. Cármen commençait à croire que la douceur n'était pas faite pour elle, elle n'avait jamais eu de compagnon qui sache bien la traiter, qui préférait les gestes tendres et qui l'aimait. Elle n'avait pas été éduquée, son innocence avait été brisée trop tôt et peut être qu’en fin de compte c’était tout ce qu’elle méritait. La jeune femme arriva près du bord du lac, se laissa retomber sur les genoux pour profiter de la solitude et pleurer toutes les larmes de son corps

Dans quel enfer vivait elle ? Cela ne semblait pas pouvoir prendre fin.

Yukka allait sûrement demander sa main et comme il avait bien fait de le souligner elle devrait lui être reconnaissante parce que personne d'autre voudrait d'une fille qui avait déjà été mariée, qui a fui le foyer dans lequel elle aurait dû finir ses jours et qui du coup était déshonorée. C'était généreux de la part de Yukka de l'accepter telle quelle n'est ce pas ? Alors la gitane se taisait mais savait désormais au fond d'elle que c'en était trop et qu’elle ne pourrait pas supporter cette vie si elle restait avec lui. Désespérée, désemparée, Cármen se leva et dans un geste qu'elle savait qu'elle ne regrettait pas, sauta dans les rapides de la rivière. Elle ne voulait pas vivre si le destin continuait de s'acharner sur elle, il n’y avait donc pas d’autre choix que d’y mettre fin. Elle était pourtant une jeune femme pleine de bonté et généreuse, elle avait toujours été bienveillante mais ne recevait pas en retour ce qu’elle donnait. Ainsi elle voulait juste disparaître, ne plus avoir honte d'elle même, ne plus être un fardeau pour ses parents qui se souciaient de son avenir et ne pas souffrir toute sa vie de ne pas avoir pris de décision quand elle le pouvait. Voila, elle l'avait fait et elle avait espoir de trouver la paix dans la mort.

Qu’on se le dise, l’instinct de survie prend toujours le dessus malgré la tristesse, c’était effrayant, elle se faisait emmener par le courant à une vitesse folle. Cármen paniquait mais ne criait pas à l’aide, elle aurait ses derniers instants dans la même continuité : dans la terreur. Les vagues l’immergeaient, parfois elle refaisait surface et crachait l’eau qu’elle avait dans les poumons. Elle ignorait ce qu’il y avait au bout, une cascade peut être ? De quoi finir radicalement, ou peut être le calme plat et dans ces cas là elle se noierait simplement. Son cœur cognait contre sa poitrine et le paysage défilait sous ses yeux, masqué parfois par l’eau qui l’empêchaient de voir clairement. Mais elle vit une silhouette sur la rive et ne souhaitant pas être sauvée, elle tenta de disparaitre sous la surface. Le courant en revanche la ramenait toujours, il l’avait alors probablement vue alors elle essayait de ne pas trop s’agiter. De toute façon l’eau était gelée, elle avait peine à bouger. Puis elle fut emmenée vers le fond, quand les rapides pourtant se faisaient moins violentes.

Depuis là, elle voyait les rayons du soleil transpercer l’eau, ses yeux se fermèrent sur cette dernière vision avant qu’elle ne perde connaissance.


   

Il était en permission, comme tous les trois mois, il était autorisé à passer une journée loin de la Porte Noire. Bien souvent il s’en allait se promener pour changer la vision qui s’étendait sous ses yeux depuis quelques années déjà. Il rendait parfois visite à certains de ses amis ou lorsque le destin le permettait et que ses parents se déplaçaient sur Minas Tirith il avait la chance de pouvoir les voir.  Mais ils se faisaient vieux et ces jours là appartenaient désormais au passé. Ainsi lorsqu’il se retrouvait à embrasser ce jour de solitude, il en profitait pour se ressourcer, se reposer dans un lieu peu fréquenté où ni la violence, ni le devoir ne pouvaient l’atteindre. Il avait laissé son armure sur Morannon, ainsi il se déplaçait avec un plastron de cuir et une petite jument à la robe pie blanche qu’il avait affectueusement appelée Oxalis, seule fleur qui poussait dans les sous-bois accessibles du Mordor et que les soldats utilisaient pour cuisiner ou se rafraîchir lorsqu’elle était utilisée en décoction lors des jours d’été trop ardents.
Il s’en était ainsi allé depuis les derniers remparts de la garnison, s’éloignant en remontant le cours du fleuve paisible avant que ce ne dernier ne voit son allure augmenter et ne se torde en rivière large et remuante.

Alors qu’il s’apprêtait à nettoyer ses vêtements dans l’eau claire, s’étant dévêtis de sa tunique et de ses chausses lorsque quelques choses de plus massif passa au milieu des remous. Quelqu’un à vrai dire car il remarqua bien vite une tête féminine sortir de l’eau pour y replonger bien vite, et la femme qui se faisait emporter par leur courant n’avait pas l’air d’y nager ni de s’y baigner avec joie. Le corps semblait balloté par le courant et bien vite la tête qui ressortait au-dessus de la surface ne le fit plus que rarement. L’analyse de tout ceci n’avait duré qu’une fraction de suffisantes pour que Destan jette sur la berge les vêtements qu’il s’apprêtait à rincer et se précipite jusqu’à ses sacoches.
Il courut chercher la corde dans sa besace et l’accrocha en un nœud solide au premier arbre venu avant de courir vers l’eau, accrochant à sa taille de nouveau la corde. S’il se faisait emporter à son tour par les rapides, il ne serait d’aucune aide à la jeune femme qu’il espérait sauver. Il se jeta à l’eau sans réfléchir plus avant, les flots s’entourant autour de lui, tourbillonnant. L’eau était fraîche et mordait sa peau avec force, ses mâchoires s’étaient contractées alors qu’il essayait tant bien que mal de souffler calmement pour supporter la froideur de l’eau. Plusieurs fois sa tête disparu sous le bouillon et il dut forcer pour sortir sa bouche hors de l’eau et enfin respirer, mais il n’escomptait pas ainsi lâcher prise.

L’eau le malmenait mais il avait appris à danser avec elle, il y a longtemps en Dol Amroth, il avait appris lors de ses différents voyages et si plus d’une fois il en était sorti tremblant et bleui de froid, il avait appris à nager dans les rapides et les vagues si fortes que les barques ne passaient pas les bancs sableux. Bien vite il domina le courant pour s’y mouvoir, s’y déplacer et rejoindre le corps qui flottait avant de disparaître de cette jeune femme qu’il avait vu plutôt. Il nageait avec ardeur de peur que sa longe devienne trop courte, bien qu’elle fût une corde elfique, il craignait que la magie qui l’animait s’arrête un jour et que ce fût celui-ci.

Il attrapa le bras de la jeune femme avant qu’elle ne heurte un rocher de plein fouet, la ramenant contre lui avant de tirer, à la force de son bras libre, sur le fil d’Ariane qui le ramènerait à la berge. La sortie de l’eau fût aussi rude que l’entrée et lorsqu’il pu enfin poser pied sur la terre ferme, il était exténué. Il déposa la demoiselle sur le sol, la coucha sur le côté, espérant que l’eau sortent de ses poumons, cela ne sembla pas des plus efficaces. Il n’avait jamais vu de noyés, du moins cela avait déjà été trop tard pour ceux qu’il avait pu voir et pour les autres cela ne relevait que d’une simple ingestion incontrôlée d’eau. Il la redressa et la tint contre lui, faisant pression sur son abdomen pour la faire régurgiter, appuyant son diaphragme pour faire sortir l’eu qui avait infiltré ses poumons.  Il ignorait là si c’était la bonne méthode, ni même quelle autre méthode pouvait-il exister, mais il avait déjà vu cette dernière être pratiquée sur un pécheur tombé de son embarcation et l’adrénaline qui montait en lui ne lui laissa pas d’autres solutions, brouillant ses idées pour ne plus le faire que se focaliser sur cette dernière.

Il la serrait ainsi contre lui dans une étreinte qu’il espérait salvatrice. Il fallait qu’elle vive. Il ignorait tout de la jeune femme, du calvaire qu’elle traversait mais les bleus sur son corps qui transparaissait doucement sous les vêtements et les tissus mouillés le lui apprendraient bien vite. La seule et unique chose dont il était persuadé était qu’elle devait vivre.  Oui, à cet instant, la seule chose qu’il avait sous les yeux c’était une jeune femme, très jeune femme et périr sous les eaux, ce n’était pas quelque chose qu’elle méritait. Il y avait tant de belles choses à voir et à vivre sur cette bonne vieille terre, tant de jours lumineux à embrasser. Elle était trop jeune pour mourir, trop belle pour périr. Alors il continuait de la serrer contre lui, de presser ses mains fermes contre le ventre de la demoiselle, de lui tenir la bouche ouverte pour que l’eau s’en écoule, une fois les pressions exercées et il priait les dieux en murmurant pour qu’ils permettent à la jeune femme de pouvoir de nouveau respirer. Elle devait vivre, il faisait tout pour la sauver.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Le corps ne se battait plus dans les rapides, alors lentement la mort prenait possession de ce dernier. Elle serait un cadavre de plus dans cette rivière, dans ce monde. Elle avait eu conscience que sa décision briserait le cœur de nombreuses personnes mais c’était de sa faute et seulement de la sienne. Cármen n’avait jamais appelé à l’aide pour tout ce qui lui était arrivé et après avoir été sauvée des griffes de ce mari elle avait espéré ne plus être un problème parce qu’elle se sentait déjà souillée. Il est bien difficile pour une femme de vivre avec cela, quand le regard des autres se porte sur vous, qu’ils savent tout et qu’ils vous jugent. Ho ils auraient bien pu dire ce qu’ils voulaient, ces gitans que constituaient son groupe, il y en avait quelques-uns qui étaient mal à l’aise avec elle en sachant ce qui lui était arrivé sans même prendre en compte sa jeunesse et son ignorance. Même si elle avait accepté cela dans le but d’aider ses parents, Cármen demeurerait une femme tâchée par la honte, jusqu’à ce qu’elle se remarie et que l’on passe à autre chose. En attendant elle avait cru voir en Yukka un homme qui saurait changer la donne, mais sans doute sous prétexte que personne ne voudrait d’elle, il en profitait pour en faire tout ce que bon lui semblait. Alors non, elle avait refusé que l’histoire recommence et elle avait donc décidé de mettre fin à sa vie.

Livide, froide, elle n'avait même pas senti qu'on l'avait tirée des eaux in extremis. Cármen se trouvait à cette frontière entre la vie et la mort et plus les instants passaient plus elle plongeait dans les abysses. Il n'y avait pas de douleur, elle se laissait partir comme elle s'était fait porter par le courant et n'aurait pas pu regretter ce geste. Dans d'autres circonstances il aurait été trop tard, si l'on avait attendu peut-être une seconde de plus pour agir, elle serait décédée seule. Mais les pressions sur son abdomen après quelques instants firent trembler son corps dans un violent spasme, elle reprit possession de son corps et cracha l'eau accumulée dans ses poumons. C'était un réflexe physique, si elle avait eu le choix bien évidemment qu'elle aurait tout fait pour quitter ce monde. Elle ne le réalisait pas, elle ignorait où elle se trouvait, elle n'était qu'à peine réveillée que son corps se défendait avec vigueur. Alors elle toussa, se débarrassant de la moindre goutte d'eau pour finalement respirer avec difficulté. Là elle ouvrit les yeux, se laissant aller en arrière pour détendre ses muscles complètement crispés et sa tempe se retrouva posée sur une épaule inconnue. Essoufflée, la gitane observa ce visage doux et inquiet à son adresse, ces yeux argentés qui lui demandaient comment elle se sentait sans prononcer le moindre mot. Elle revenait doucement à elle-même mais ne comprenait toujours pas ce qu'il se passait présentement.

Elle porta sa main tremblante sur la joue de cet homme qui la tenait quand la vision se fit plus claire, et caressa doucement sa peau pour se rattacher au moment présent. Était-il un ange ? Un dieu ? Elle l'espérait car dans ce cas elle avait eu raison de penser qu'elle serait mieux traitée dans l'au-delà, car il n’y avait pas de violence qui se dégageait des traits de cet homme, juste de la bienveillance. Le contact sous ses doigts de sa peau lui paressait tellement réel, elle se demandait si cela était normal ou si elle était victime d’une hallucination. Qui était cet homme qu’elle ne connaissait pas ? pourquoi la tenait-il aussi fermement dans ses bras ? Etait il celui qui allait prendre soin d’elle désormais ?

« Suis-je morte ? Êtes-vous un être éternel ?» demanda-t-elle dans un murmure

Ses doigts quittèrent son visage, elle pouvait maintenant ressentir chaque crampe dans ses muscles, chaque hématome qui l’avaient fait souffrir avant qu’elle ne saute. Se pourrait il qu’il l’ait en vérité sauvée des eaux ? Non elle ne le voulait pas, mais cela lui parut bien vite être une évidence, elle avait juste besoin de ses mots pour le lui confirmer.



   

Il s’était jeté dans la rivière sans hésiter. Ignorant que la jeune femme ne désirait pas être sauvée, que tout ceci était son choix. Elle lorsqu’il l’avait rejoint Elle était glacée, livide, presque teintée de bleue. Les actions de Destan lorsqu’il la tira dans l’eau, hors de l’eau ne semblèrent pas la faire revenir à elle et encore moins lui faire ouvrir les yeux. Lorsqu’il l’émergea totalement du court d’eau glacé, elle ne réagit pas. Elle était déjà partie bien loin. Il craignait qu’elle ait déjà passé la frontière entre la vie et la mort, rejoint les Halls de Mandos et leur paisible silence.
Il avait plus d’une fois appuyé sur son abdomen après l’avoir redressée pour lui faire vomir l’eau qu’elle devait incontestablement avalée. Et elle finit par cracher, tousser ce liquide qu’elle avait accumulé dans ses poumons et enfin respirer. Il relâcha son étreinte pour lui permettre de reprendre son souffle et revenir totalement à elle. Il ne souhaitait pas ses actions aggravent l’état de celle qu’il venait tout juste de sauver. La jeune femme se laissa aller en arrière, Destan sentant ses muscles se détendre au fur et à mesure, la crispation de ces derniers s’atténuant quelques peu. La jeune femme peinait à reprendre son souffle, elle observait le visage du Soldat qui la fixait avec bienveillance au-dessus d’elle.

Et alors que la jeune femme revenait doucement à elle, la vie reprenant son cœur dans ses veines, il ne pu que la serrer contre lui et passer ses mains dans son dos et sur ses bras pour la réchauffer. Sa peau avait pris une couleur blafarde et il ne fallait pas qu’elle tombe dans l’inconscience, le froid ayant bien trop mordu sa chair.
Destan siffla. Oxalis sa jument, intelligente et dressée hennit un peu plus loin, elle l’avait entendu, elle viendrait à lui et alors il pourrait couvrir la jeune femme avec une couverture après l’avoir juchée sur le dos de sa jument et ramenée près du maigre endroit où il avait fait halte un peu plus tôt. Il allumerait arriver là-bas un feu et lui permettra de se réchauffer avant sans doute de la ramener auprès des siens. Sa famille, si elle en avait une, ou la caravane avec laquelle elles voyageaient devait s’inquiéter de ne la voir revenir s’ils ne l’avaient vu tomber à l’eau ou bien pire s’ils l’avaient vu glisser dans les rapides.

Une main tremblante fût portée à sa joue et il fût surpris par ce contact impromptu. La main caressa doucement sa peau et il se laissa faire. Ignorant si cela pouvait permettre à la jeune de mieux percevoir ce monde dans lequel elle était revenu, le toucher était de toute façon bien trop agréable pour le rejeter. Un murmure se fit entendre, il dû tendre l’oreille pour en capter toutes les bribes. La jeune femme qu’il venait de sauver lui demandait si elle était morte et s’il était un être éternel.
Il ne put que lui sourire en retour. Il ignorait qu’elle avait souhaité mourir, il ignorait tout jusqu’à son prénom, mais il savait bien une chose, il n’était pas éternel et ils étaient tout d’eux bien vivants. Il replaça une mèche de cheveux de la jeune femme qui cachait son visage derrière l’oreille de cette dernière avant de lui répondre doucement, sans détacher son regard du sien :

Alors là il deviendrait éternel, jusqu’à ce que le livre ne se perde ou ne soit détruit, que les hommes oubli comment lire et que ce dont parlait l’ouvrage n’intéresse plus personne. Son nom apparaîtrait sans doute dans des archives poussiéreuses dont tout le monde pourrait bien se moquer. Il aurait bien aimé avoir sans doute bien plus d’années à vivre qu’il n’en aurait réellement pour traverser toute la Terre du Milieu et découvrir chacune des falaises, des plaines et des plateaux qui s’y découpaient.
Pour le moment et jusqu’à ce que la vit le quitte, il demeurait mortel. Il ne consolerait sans doute pas la jeune femme par sa réponse, peut-être avait-elle espéré un autre sauveur ? Elle devrait malheureusement se contenter de lui, un vieux soldat comparé à elle et qui n’avait rien d’aussi charmant qu’un elfe. Elle semblait néanmoins encore un peu perdue, sonnée par ce qui lui était arrivée et il ne souhaitait pas le moins du monde passer pour un soudard ou un brigand espérant abuser de sa vulnérabilité alors il s’empressa d’ajouter à la suite de ses précédentes paroles, d’une voix douce qui se voulait apaisante et rassurante :


Il avait bien finit par remarquer les quelques bleus, mais son esprit les avait assimilé à des contusions, hématomes causées par la force des flots qui l’avait fait valdinguer d’un remous à un tourbillon sur de nombreux mètres avec fracas. La jument pie du soldat blond arriva près de celui avec qui elle avait longuement voyagé. Elle ploya les pattes pour se mettre à la hauteur de la jeune femme. Oxalys était une bête intelligente et douce, elle avait compris que la demoiselle ne pourrait se hisser seule sur son dos et son compagnon de route encore trempé et glacé ne pouvait la porter aisément jusqu’à ses affaires.
La jument attendit docilement que la jeune femme soit prête à se juchée sur son dos et maintenir son encolure, la chaleur de l’animal réchaufferait quelque peu la noyée.
Destan avait reposé son regard d’argent sur la jeune femme, précautionneux, prêt à agir, quelque fût ses mouvements, prêt à la soutenir si ses forces la quittaient.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Cet homme dégageait quelque chose qu’elle se serait volontiers laissé contempler pendant des heures, elle ressentait les longues années de labeur mais elle percevait aussi quelque chose de pur et de rare chez les hommes. Il était sans contredit une personne unique, dont la générosité ne devait pas avoir de limites du moment qu’il trouvait cela juste. Même s’il était plus âgé, elle aimait ce visage, cette carrure mais surtout ce qu’il dégageait. Un dieu sans doute, son ange gardien surement, elle se complairait à rester à ses côtés pour l’éternité.

Mais non, la réalité était autre et la douce voix de son sauveur vint la mettre en garde sur ses faux espoirs. Elle était encore sur Arda, les gens qui lui avaient fait du mal résidaient encore sous ce ciel qui s’assombrissait peu à peu et alors, elle avait lamentablement échoué une fois de plus. Cármen déglutit, réalisant ainsi qu’elle n’avait pas traversé les mondes mais qu’elle s’était simplement noyée comme une idiote et qu’on l’avait repêchée, qu’il l’avait repêchée. Elle n’en voulait pas à cet homme, après tout il n’aurait pas pu être au courant de ce qu’elle avait voulu faire et sa bienveillance se traduisait donc par cet acte d’héroïsme qu’il venait d’accomplir. « Il lui avait sauvé la vie » sonnait sans doute mieux que « il l’a empêchée de se tuer » . La jeune femme ne lui répondit pas, prétendant être encore sonnée par ce qu’il lui était arriver parce qu’elle ignorait dans quel état d’esprit elle se trouvait et si elle trouverait encore le courage de se lever pour aller de nouveau se jeter dans les rapides. Elle avait très mauvaise mine, sa peau dorée était terne, blafarde, ses lèvres encore bleues et elle avait horriblement froid.

La tristesse aurait dû la saisir et faire trembler son corps mais elle eu une impression de déjà vu quand il haussa de nouveau la voix. Cela la troubla, elle ne répondit pas non plus quand il lui fit le récit de ce qu’il s’était passé. Elle resta simplement entre ses bras et après quelques instants à récupérer quand ses membres semblaient retrouver de leur mobilité, elle se leva doucement avec son aide pour se hisser sur le dos de sa jument. Mais elle ne voulait pas lui lâcher la main, elle avait encore besoin de sentir les ondes positives et cette aura de bienveillance qu’il émanait, comme si elle s’accrochait finalement à quelque chose, à la vie.

Son attention était restée centrée sur cet homme qui l’avait sauvée des eaux, ses dons de voyance semblaient lui indiquer qu’il n’était pas une rencontre au hasard ou alors l’effet de noyade brouillait encore ses sens. Mais c’était étrange, bien trop étrange. C’était comme si elle le connaissait, comme s’ils s’étaient déjà rencontrés dans une autre vie et son prénom semblait être sur le bout de ses lèvres comme une évidence. Epuisée, la jeune femme sur le dos du cheval ferma les yeux et fini par s’endormir pour apaiser son corps et son esprit. Ses songes torturés la replongèrent alors dans les eaux froides de la rivière, elle se débattait, elle ne parvenait pas à s’en libérer ni à voir le bout de ces rapides. C’était une descente infernale et infinie dans laquelle elle avait le temps de ressasser ses torts et ses erreurs. Elle était blâmée, accusée, et dans son sommeil agité, la fièvre commençait à endolorir les moindres parcelles de son corps. Et puis un nom transperça les épais voiles de ses rêves, qui les dissipèrent et la ramenèrent de nouveau à elle.

Elle se réveilla soudainement, près de la chaleur d’un feu, transpirante et le cœur cognant d’angoisse dans sa poitrine. C’était encore plus désagréable que son premier réveil, cette sensation de tournis, alors instinctivement elle chercha à avoir la présence de cet être qu’elle avait cru éternel, mais son ange gardien tout de même.

« Destan… » avait-elle alors murmuré sans réellement réfléchir en regardant de droite à gauche dans le flou.

Il était pourtant inconnu, mais le destin les avait menés sur le chemin de l’un et de l’autre pour des raisons qu’elle ignorait encore. Ce nom qu’elle avait entendu, c’était le sien, elle en était certaine. Tout se remettait en place dans son esprit et malgré les maux de tête elle trouva finalement la force de s’exprimer davantage.

« Que les valars bénissent ta bienveillance… »



   

Il lui sembla que la réponse qu’il lui avait apportée sur l’endroit où elle se trouvait et ce qu’il s’était produit n’était que peu plaisant pour elle. Il la vit déglutir et il eu l’impression qu’elle ne désirait pas être ici. Elle sembla troublée alors qu’il lui parlait, tentant de la réchauffer alors qu’elle tremblait. Elle avait la peau encore pâle, blafarde. Il pouvait deviner une peau au teint bien plus hâlé, dorée sous la couleur bleutée et froide qu’elle avait pris. La jument du Gondorien arriva et se coucha près de la jeune femme pour la transporter plus aisément. Il flatta l’encolure de la bête tandis qu’il attendait de voir les réactions de la jeune femme. Etait-elle capable de se redresser ? De marcher ? Elle finit par se lever, doucement, tandis que le Capitaine l’aidait à se hisser sur le dos de sa jument. Lorsque ce fut fait, il eu l’impression qu’elle ne souhaitait pas lui lâcher la main, comme si elle avait besoin de lui, de s’accrocher à lui, alors il ne la lâcha pas. Si cela était une aide qu’il pouvait lui apporter il n’escomptait pas la lâcher.

La jeune femme finit par s’endormir épuisée par la lutte qu’elle avait dû mener dans les rapides. Et si le trajet sur le dos d’Oxalys se fit sans bruit, lorsqu’il la porta pour la déposer sur des couvertures qu’il avait installées et après qu’il eût démarré un bon feu, les choses changèrent. Les songes qui habitaient la demoiselle semblèrent se tordre et devenir plus rudes avec elle. Son sommeil montra des phases d’agitation, peu à peu des signes de fièvre firent leur apparition. Il fit alors ce qu’il connaissait dans ce genre de cas bien étrange, mouillant un linge propre pour lui déposer régulièrement sur le front et les bras, espérer faire diminuer la fièvre, la gardant couverte pour qu’elle transpire et chasse ces maux qui s’emparaient d’elle. Il avait également préparé une infusion d’achillée mille-feuille, une plante qui ne quittait jamais les soldats de part ses propriétés cicatrisantes et apaisante. Elle était aussi connue pour faire baisser la fièvre. Ainsi il l’hydrata plusieurs fois durant les heures où elle demeura prisonnière de ses songes douloureux. La veillant avec attention, refusant de la transporte jusqu’à un hypothétique campement dans cet état.

Et alors que la nuit commençait à tomber, elle finit par réintégrer la réalité, se réveillant soudainement. Il eu l’impression qu’elle le cherchait alors il se rapprocha pour lui saisir la main et l’aider à revenir totalement de son voyage nébuleux.
Il tressaillit alors qu’elle murmurait doucement son nom. C’était la première fois qu’il la rencontrait. Il ne lui avait pas donné encore son nom. Cela ne se pouvait. Il plongea son regard couleur des jours de pluie dans celui de la gitane. Il y cherchait des réponses, des explications. Il ne comprenait pas ce qui venait de se produire. Avait-elle eu pendant son épisode fiévreux une illumination ? L’avait-elle déjà vu auparavant sans qu’il n’ait pu s’en rendre compte ? Etait-elle une jeune femme qui avait croisé son chemin lors de chaudes nuits ? Il n’avait pas mené une vie de moine, si son cœur était épris d’une étoile il n’en avait pas moins des besoins humains qu’il assouvissait, mais il n’était pas un goujat, il se souvenait des prénoms ou aux moins des visages des femmes dont il avait partagé la couche. Mais il écarta tout ceci. Elle connaissait son nom, il ignorait le sien. Leur rencontre était-elle dû au hasard ? Les Valars lui envoyaient-il un message ?

Elle le tutoya, bénissant sa bienveillance aux noms des Valars. Les doutes se faisaient plus grands. S’étaient-ils déjà rencontrés ? Il avait l’impression alors qu’il l’observait de pouvoir lui faire confiance, de la connaître, un sentiment mue par son cœur mais il était persuadé de n’avoir jamais croisé sa route, quand bien même elle lui ait fait une impression positive et qu’elle sembla être une belle personne. Son cœur et ses yeux ne l’avait jamais trompé dans ce genre de prédictions, mais elles n’étaient fondées que sur la foi qu’il portait aux autres et rien de plus.
Il n’avait cessé de l’observer, cherchant des réponses. Il se prit à la tutoyer également bien trop pressé par les questions qui poussaient au bord de ses lèvres.

Il ne cessait de la scruter. Il avait appris à gérer la surprise, bonne ou mauvaise, il avait été pris de nombreuses fois au dépourvu tout en parvenant à son sortir aisément, mais en cet instant, il demeurait pantois. Ne sachant comment réagir face à cette femme qui semblait le connaitre et dont il avait ignoré l’existence encore ce matin.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Elle s'était réveillée, d'un sommeil plus qu'agité et il était encore là à veiller sur elle. Malgré le trouble de toute la situation elle se sentait comme emmitouflée dans une bulle confortable, protégée, sauvée. Et bien évidemment comme elle n'avait pas fait attention aux mots qui avaient passé ses lèvres, au lieu de rester discrète, elle avait suscité la curiosité de Destan qui se voyait perturbé de voir qu'elle connaissait déjà son prénom. Elle aurait préféré amener les choses autrement mais le mal être présent ne lui permettait pas de réfléchir avant de parler, cela avait été instinctif. Alors bien entendu il n'avait pas perdu de temps pour lui poser la question. Se connaissaient-ils ? Où ? Quand ? Comment ? Elle percevait le doute en lui et ne souhaitait pas qu'il finisse par se méfier d'elle alors qu'elle avait grandement besoin de lui.

La jeune femme émergeait doucement, les paupières encore alourdies, et finit par lui répondre assez rapidement pour ne pas le laisser perdu dans l'inconnu.

« Nous étions destinés à nous rencontrer, je vois certaines choses. Parfois je comprends, parfois je ne comprends pas...Mais toi j'ai entendu ton prénom en rêve, il m'est venu et maintenant je sais que ce n'est pas un hasard » Répondit-elle d'une voix douce et calme.

Et ainsi elle avait compris le murmure dans la pénombre qui lui avait glissé son prénom à l'oreille et lui indiquer que leurs chemins se seraient croisés à un moment ou a un autre, Elle ignorait encore pourquoi, parfois il y avait une raison précise, parfois il n'y en avait pas, mais il ferait parti de son paysage désormais. Parfois elle avait envie de se détacher de la notion de destin, de croire que tout était déjà écrit et pouvoir prendre ses propres décisions. Mais Cármen y était solidement ligotée, la preuve étant que c'était lui qui l'avait sauvée, c'est la conclusion qu'elle en tira. Elle ne pouvait pas mourir tant qu'elle n'aurait pas rempli sa part d'histoire et tout venait lui rappeler a l'ordre. En attendant elle devait l'accepter, mais sans même qu'elle connaisse Destan au delà de son prénom, elle se sentait rassurée par sa présence, par son aura bienfaitrice et peut être aussi le fait que ses gestes soient exempts de toute violence.

La jeune femme passa sa main sur son front, se sentant plongée dans une désagréable torpeur et compris qu'elle avait attrapé une fièvre à cause de sa mésaventure dans les rapides. Mais la chaleur du feu et de ces couvertures étaient rassurantes. Cármen posa ensuite son regard sur Destan, elle espérait ne pas l'avoir effrayé. Les personnes clairvoyantes existent, étant plus sensibles à certains signes que d'autre et quand certains associaient cela a de la sorcellerie, d'autres savaient entendre raison. Il ne s'agissait pas de flashs clairs, juste des intuitions, des mots, des formes, des couleurs ou des odeurs. Sa main n'avait pas quitté la sienne, elle lui adressa un fin sourire malgré tout.

«  Je m'appelle Cármen »

Comme ça ils étaient sur le même plan, elle connaissait son prénom et il pouvait à son tour mettre un nom sur ce visage. La jeune femme tenta de se redresser pour se mettre assise, par un besoin de s'étirer le dos en dépit des vertiges qu'elle avait. Elle observa alors autour, grimaçant faiblement à cause de son état physique et de ces affreux maux de tête et remarqua qu'elle n'était pas au campement, mais dans un endroit serein près du feu alors qu'il faisait nuit. Il y avait une douce odeur de plantes qui flottait dans l'air, et pour la première fois depuis un moment l'idée d'en finir avec la vie ne traversait pas son esprit. C'était vivifiant, et elle ne pouvait pas expliquer cette sensation parce qu'elle ne savait pas qui était Destan.

«  Merci de m'avoir sauvée, je ne te causerai jamais plus d'ennuis »

Elle en était persuadée, leur relation ne pouvait être que positive, elle le ressentait comme une évidence. Cela la mettait en joie, c'était une bonne nouvelle, il n'y avait plus qu'à laisser le temps faire.



   

La demoiselle s’était réveillée si les stigmates de son sommeil agités demeuraient présents, il demeurait là, à veiller sur elle, prêt à l’aider si elle venait à défaillir. La révélation de son nom par la demoiselle qui n’était pas censé le connaître le surpris. Elle avait piqué sa curiosité par une stupeur qu’il n’avait pas ressenti depuis un temps. Il ne se méfiait pas réellement d’elle, mais il ne comprenait pas comment cela était possible. Néanmoins elle ne le laissa pas longtemps dans l’ombre et le doute
Elle lui expliqua qu’ils étaient destinés à se rencontrer, qu’elle voyait parfois certaines choses, qu’elle comprenait plus ou moins et qu’elle l’avait entendu dans son rêve. Ainsi donc elle était semblable à ces diseuses de bonne aventure et autres voyantes que les soldats allaient parfois voir mais à la différence de ces dernières, elle disait vrai. Il n’osa pas la questionner plus avant. Il ignorait si c’était là un don dont elle appréciait parler et il ne la connaissait pas assez pour le savoir. Ainsi le destin les avait réunis. Il ignorait si c’était là une bonne chose, mais pour la jeune femme cela était certain, elle avait manqué de se noyer et il avait pu la sauver afin qu’elle puisse continuer à vivre et se délecter des centaines d’aubes qu’elle verrait poindre à l’horizon. Il se surpris à sourire avant d’ajouter :

« Alors heureux soit ce destin qui m’ait permis de te sauver la vie et qu’il ait choisi quelqu’un qui ait su nager. »

Le sourire ne quitta pas son visage. Le destin aurait été bien malavisé si quelqu’un d’autre s’était présenté ce jour là et le sourire goguenard qu’il afficha un instant fit s’envoler les doutes et questions qu’il avait pu avoir.
Il n’était pas choqué par son don de clairvoyance, tant qu’elle ne lui annonçait pas sa mort imminente car il espérait bien vivre encore bien des années après ce jour. Il avait vu tant de choses bien plus terribles que la surprise passa pour de l’admiration. Il aurait aimé pouvoir avoir des qualités, des dons comme bon nombre des Hommes qui foulaient cette terre. Certains avaient la chance de posséder une affinité avec les animaux, les plantes parfois quand on pouvait voir leur magnifique potager, il existait même des rebouteux ou des éteigneurs de feu capable de soigner des gens de maux qu’on jugeait parfois incurables. Puis il y avait les elfes, les nains possédaient un savoir-faire inestimable et des facultés bien grande, une longévité supérieure. Il n’était pas envieux. Il avait de la chance d’être en vie et de pouvoir vivre de sa vocation, mais il aurait aimé pouvoir en faire un peu plus.

Il reposa son regard sur la jeune femme qui n’avait eu de cesse de le fixer. Leur main ne s’étaient pas déliées et elle lui adressa un sourire fin alors qu’elle lui offrait son nom. Cármen. Voilà un prénom aux sonorités qui semblaient aussi chantantes qu’un soleil d’été. Il semblait taillé pour elle et il lui sourit en retour.
Il l’avait vu passer une main sur son front alors qu’elle comprenait sans doute qu’elle avait attrapé la fièvre et alors qu’elle tentait de se redresser pour s’asseoir, sans doute pour s’étirer ou trouver une meilleure position, il la vit grimacer faiblement. Il lui proposa un peu des maigres provisions qu’il avait. Du pain, un peu de fromage et de viandes séchées. Tout ceci était en quantité suffisante afin qu’il ait pu les partager avec elle
Elle le remercia ensuite de l’avoir sauvé, lui apprenant qu’elle ne lui causerait plus jamais d’ennuis. Mais elle ne semblait pas annoncer cela comme une évidence sinistre, comme si elle risquait de mourir. Peut-être était-ce là un adieu qu’elle lui faisait, en avance, avant qu’il n’ait pu la ramener auprès des siens. Il eu l’impression qu’il ne voulait pas qu’elle parte. Ce moment qu’il partageait semblait réconfortant pour tout les deux et si le destin en avait décidé ainsi, ils devaient s’y plier. Il hasarda tout de même :

« Mais alors, nous reverrons nous ? » Il ignorait pourquoi il l’espérait tant, mais son cœur le lui demandait. Et alors qu’il attendait sa réponse il lui resservi un bol de l’infusion qu’il avait préparée pour elle, cela continuerait de faire baisser sa fièvre et cela ne pouvait qu’être une bonne chose. Il était étrange comme ils agissaient ainsi que deux compagnons de longue date, ils s’étaient affranchis du vouvoiement ou des politesses de deux inconnus qui se rencontrent. Sans doute une dette de vie effaçait-elle tout ce décorum.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Les crépitements du feu était un bruit de fond s'accordant au chant des criquets et du clapotis de l'eau. Tout ceci se mêlait au son chaleureux de la voix de Destan et de la douceur de ses gestes. Même avec la torpeur, elle se sentait bien, elle se sentait comme si elle avait été libérée d'un poids, que tous ses problèmes étaient à des années lumières d'ici. La nuit sans doute jouait en cette faveur, car elle gommait le paysage alentour, elle gommait la possibilité d'apparition d'un visage qu'elle ne voulait pas voir. C'était comme s'ils s'étaient rencontrés dans un petit monde façonné pour eux, le temps qu'ils discutent et qu'ils apprécient la compagnie de l'autre. Elle aurait voulu que cela dure, mais la fatigue la guettait. Pourtant elle ne désirait pas dormir, parler lui faisait le plus grand bien, ces sourires qu'il étirait étaient comme un rayon de soleil après la pluie.

Destan était là pour elle, lui offrant de la nourriture, une infusion aux senteurs douces et elle accepta volontiers tout l'aide qu'il lui proposait sans faire de manières. Elle espérait pouvoir le remercier par la suite en l'invitant dans le campement pour l'hospitalité. Il serait reçu en héros etelle pourrait aussi découvrir pourquoi est ce qu'ils étaient amenés à se rencontrer. Il l'avait déjà sauvée des eaux, mais elle en était sure, il y avait autre chose. Elle avait tant de questions à lui poser, elle voulait tout savoir de lui et tout lui dire de sa vie personnelle, son intuition lui disait qu'il serait celui qui ne la jugerait pas, cette oreille à l'écoute dont elle avait tant besoin, une main tendue si elle a besoin de conseils. C'était étrange de savoir tout ceci à l'avance ou d'en percevoir les contours, mais elle se trompait rarement sur ce genre de chose et pour le moment le seul contact de sa main dans la sienne la gardait en vie.

La jeune femme se sentait déjà bien mieux avec ce petit repas et cette infusion qu'elle était en train de boire. Cela lui semblait il, était en train de faire baisser la sensation de fièvre. Si son front restait chaud, elle le supportait déjà bien mieux. Destan ne semblait en tout cas nullement effrayé par ce qu'elle était, au contraire, c'était comme si tout ceci était complètement naturel.


«  Bien sûr que oui, je suis sure que l'on se reverra très souvent! »le rassura t-elle

Elle resta un moment assise, elle avait lâché la main de Destan pour se masser doucement les tempes et soupirer mais son sourire se faisait encore, il était fin mais il était quand même là, témoignant du bien être qu'il lui inspirait. Grâce à lui, ce nouveau soleil dans son monde un peu trop chaotique et qui ne demandait qu'à trouver un semblant de paix. Elle avait eu quelque fois des signes d'un destin, d'une rencontre, elle avait l'impression de savoir ces choses là à l'avance sur le moment, c'était toujours comme une évidence. Mais il y avait aussi de ces événements qu'elle ne prévoyait pas ou qui la dérangeaient comme si ce n'était pas ce qui était écrit. Son compagnon actuel par exemple, ses sentiments à son égard étaient mitigés mais concernant son frère, elle savait qu'il allait jouer un rôle important dans sa vie. Et puis il y avait toujours les mots de cette femme qu'elle avait rencontré étant enfant qui lui avait promis qu'elle vivrait un jour un amour qui n'aurait d'égale, qu'elle ne pourrait trouver personne qui pourrait l'aimer comme lui il allait l'aimer. Alors elle savait que ce n'était pas Yukka, mais elle avait hâte de rencontre cet être qui allait partager sa vie et la rendre heureuse. En attendant, il y avait ces petits oiseaux sur son chemin, dont la voix était un joli son; Destan était l'un d'entre eux et elle allait faire en sorte de le garder dans ce paysage là, alors oui, ils allaient se revoir, elle le sentait.


Les minutes passèrent, elle aurait voulu que le temps s'arrête à ce moment là, que le jour ne vienne jamais mais les choses s’accélérèrent plus vite qu'elle ne l'aurait prévu. L'ombre avait évolué dans les ténèbres, menaçante, jusqu'à apparaître par la lumière du feu.

Yukka.


Cármen se mit soudainement à genoux, le visage marqué d'angoisse alors qu'elle vit Yukka venir derrière Destan. Il avait l'air furieux et ses doutes furent vite justifiés quand il arriva sur le côté pour venir la gifler violemment d'un revers de main. Le coup fut si brutal, qu'elle en fut déstabilisée et tomba sur le coté. Elle en saignait, sa peau était sans doute rougie par la frappe et même avec les oreilles sifflantes elle entendit son compagnon lui crier dessus.

«  Une chienne comme toi j'aurais dû m'en douter !! J'espère que t'as aimé te faire fourrer petite salope ! Viens par là, tu mérites même pas que je te ramène! »

Les yeux larmoyants, tout se passait trop vite, quelques secondes à peine elle n'avait ni le temps de pester ni le temps de se débattre que Yukka avait déjà empoigné son bras pour la forcer à se relever tandis qu'elle gardait sa main sous son nez ensanglanté. Un dur retour à la réalité, et déjà elle mourrait d'envie de lui arracher une dague pour s'égorger elle même. Destan n'aurait jamais dû voir cela, et pourtant ça se passait là sous ses yeux, dans cette pénombre qui devenait effrayante maintenant.


   

L’ambiance qui s’était créée autour d’eux, le doux crépitement du feu, le chant des criquets et les roulis de l’eau, tout ceci avait une saveur paisible particulière. Une plénitude depuis longtemps évanouie qui venait de refaire surface entre-eux deux. Sans doute cela expliquait-il le fait qu’ils se soient si bien entendus. Il avait l’impression de la connaître bien qu’il ignora encore tant de chose sur elle, mais les regards qu’ils se portaient semblaient identique à ceux d’une longue amitié. Heureux était le destin qui les avait réunis.
La jeune femme accepta son offre de partager le repas et il sembla à l’ancien Capitaine que cela l’avait aidé à recouvrer ses forces. Et lorsqu’il la questionna sur leurs possibilités de se revoir, elle lui répondit que c’était là une certitude et qu’ils se croiseraient très souvent. Cela avait quelque chose de doux et rassurant. Une promesse joyeuse. La jeune femme avait lâché sa main pour se masser doucement les temps tandis qu’il remettait les braises du feu en place, répondant à son fin sourire par un identique. Il n’avait pas réellement de s’en retourner ainsi vers la Porte Noire. Il aurait déjà dû être en chemin mais il ne se sentait pas pressé par le devoir. Il aurait dû, après tout il était capitaine, il avait des hommes à diriger et des missions à mener à bien. Et cela d’autant plus avec les noirs mouvements qui s’amorçaient du côté de la mer de Nùrnen et des grandes plaines de Gorgoroth.

Occupé à triturer le feu, songeant à ce qu’il devrait accomplir lorsqu’il s’en serait retourné et bien trop à l’aise avec la jeune femme, il avait totalement baissé sa garde et ses sens ne s’étaient pas mis en alerte. Du moins pas avant qu’il ait vu Cármen se mettre soudainement à genoux et que l’angoisse ne vint parer son joli minois. Un homme apparu derrière lui, rapidement des traits furieux sur le visage. Destan ouvrit la bouche pour exposer la situation, s’excuser d’avoir pu paraître incorrect avec la demoiselle ou d’avoir pu froisser quelqu’un. Il n’en n’eût pas me temps. Une gifle violente s’abattit sur le visage de celle qu’il souhaitait désormais considérer comme une amie, son cœur l’y poussant. Un revers de la main si brutal qu’il ne pu qu’être estomaqué par tant de violence. Elle était tombée, elle saignait et déjà l’homme, si on pouvait encore considérer qu’il en était un se mit à aboyer sur Carmen, l’insultant, la dénigrant. Destan aurait aimé que les mots ne se gravent pas dans son esprit. Cela était trop tard.
Il avait été témoin de bien des choses, la barbarie des orcs, la sauvagerie du bestiaire présente en Mordor, si bien qu’il avait oublié que les Hommes étaient eux aussi souvent des monstres. Celui-là venait de le lui rappeler. Destan s’était redressé de toute sa hauteur. Ascalon n’était pas à sa portée et il ne souillerait pas son épée avec cet étranger. Il planta son regard gris devenu aussi tranchant que de l’acier dans les yeux de Carmen.
Il n’avait aucune idée de qui était cet homme, d’où il venait. S’il était le père, le frère l’oncle ou n’importe qui que Carmen connaissait. Il était entrain de lui faire du mal. Il ne l’avait pas sortie des eaux pour l’envoyer dans les flammes et la laisser seule face à cet assaillant. Il ignorait quelles étaient les limites qu’ils pourraient franchir, il ignorait s’il en avait d’ailleurs encore, sans doute la jeune femme ferait-elle cesser son courroux, mais si cet être abject ne retirait pas ses serres de celle que le Capitaine avait sauvée, alors il pourrait jusqu’à y perdre la vie. Destan dusse-t-il le tuer de ses propres mains pour lui faire lâcher prise. Il s’en savait capable. Il s’en sentait capable alors que le sang et la colère montaient et battaient dans ses veines
S’il avait eu le temps de comprendre ce qu’il se tramait sans doute aurait-il pu éviter la première gifle à Carmen. Une fraction de seconde lui permit de faire le lien sur les ecchymoses qui couvraient le corps de la jeune femme. Une fraction de seconde qui lui permit de poser sa main sur le bras qui avait empoigné Carmen. Un mot. Un ordre. A la saveur mortelle, sifflante.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Tremblante par le choc, elle mit un moment avant de comprendre de nouveau ce qu'il était en train de se passer alors que Yukka avait commencé à l'emmener avec lui en direction du campement. Il avait juste tourné le dos à Destan, le prétentieux qu'il était se disait qu'il lui avait fait suffisamment peur pour qu'il n'essaye pas de réagir. Pour Yukka toute personne de dix ans son aîné était décrépi et ne valait plus rien, parce que Yukka était un jeune homme fougueux et immature, capricieux et imbu de sa personne. Il se voyait maitre de ces terres, ne réalisant pas qu'il n'était en réalité qu'un grain de sable sur une vaste étendue de dunes. Mais Destan s'était bel et bien interposé en stoppant leur mouvement, il avait réagit vite, et Yukka avait claqué la langue dans un témoignage de son agacement. Qui osait ?

La jeune femme gardait le pan de sa chemise contre son nez pour essuyer les saignements et leva le regard vers Yukka quand ce dernier fut interpellé par Destan. Son regard était fou, meurtrier. Elle connaissait la violence démesurée qui pouvait l'habiter quand il était contrarié, Destan avait beau être visiblement de loin plus fort et plus expérimenté que lui, il n'en avait rien à faire. Il ne lâchait pas Cármen même après cet ordre, car même si elle n'était pas sa femme, il avait clamé haut et fort ses droits de propriétés sur elle car il la voulait mère de ses enfants. Et puis quoi qu'il en soit, Yukka n'avait d'ordres à recevoir de personne

«  Yukka ce n'est qu'un malentendu, il est mon... »
« Ferme la, femme!!! » lui hurla t-il au visage

La jeune femme tira d'un coup sec pour se libérer de l'emprise de Yukka, elle ne lui était pas totalement soumise, pas quand elle était consciente en tout cas et ces actes de rébellion avaient souvent tendance à envenimer les choses. Il était tout bonnement jaloux maladif, exclusif, possessif, il avait tout un tas de défauts qu'elle ne lui avait découvert qu'au fur et à mesure de leur relation et maintenant elle s'en sentait complètement prisonnière.

« Destan m'a sauvé la vie ! Je suis tombée dans la rivière tu sais bien que je sais pas nager! »

La jeune femme s'était mise entre lui et Destan, car elle savait ce qu'il aurait envie de faire pour ce geste qu'elle venait d'avoir : supprimer sa source de réconfort, attaquer Destan.


«  Ferme la j'ai dit! Je vais le saigner ce type ! » hurla t-il encore en venant la bousculer d'une nouvelle gifle dans la figure qui la déstabilisa.

Et le jeune homme avait dégainé sa dague, ignorant totalement la gitane pour fusiller Destan du regard. Il n'en avait rien à faire de ce qu'il avait pu se passer, il les avait trouvé tous les deux tout seuls et pour lui il ne pouvait y avoir qu'une seule raison. Il traitait souvent Cármen de menteuse et les autres gitans appréciaient tellement Yukka que bien souvent sa parole ne valait plus rien. Mais avant qu'il n'essaye de se jeter sur Destan, c'était Cármen qui s'était redressée soudainement pour venir le pousser et le faire tomber par terre. Elle se foutait pas mal de prendre des coups, Destan n'avait pas à payer pour cela, il n'avait pas à en être mêlé. Mais surtout sa présence avait fait renaître en elle ce courage de lui tenir tête qu'elle avait commencé à perdre ces derniers mois.

De nouvelles injures passèrent la bouche de Yukka qui se releva, cette fois-ci plus féroce qu'un buffle pour venir attaquer Destan de front dans un élan sauvage et avec la ferme intention de lui faire du mal - surtout de le tuer, parce qu'il avait honte au fond de lui, que cette femme qui était supposée être sienne soit en sa compagnie, qu'en plus elle le défende et qu'en plus elle soit parvenue à le mettre au sol.



   

Yukka. Ainsi était son nom. Ainsi lui avait-il tourné le dos songeant sans doute qu’il n’était qu’un voyageur de passage et qu’il le laisserait s’en aller ainsi. Croyait-il avoir effrayé Destan ? le capitaine s’était interposé, posant sa main sur le bras celui qui devait encore se considérer comme un homme alors qu’il était bien moins que cela.
Carmen était tremblante, le choc avait été féroce et il n’y en aurait pas de second, Destan ne le permettrait pas. Ce Yukka avait claqué sa langue dans un signe d’agacement à l’ordre mortel énoncé par Destan. Croyait-il qu’il pourrait s’en affranchir ? La folie meurtrière qui rbulaient dans les yeux de son opposant, Destan n’en avait cure. Les orcs avaient au moins le regard aussi avide de sang et de tripes. Il ne comptait plus les têtes qui avaient roulées à ses pieds. Son esprti entier se focalisa sur le rat qui lui faisiat face désormais. Il s’attelait à analyser sa posture, s ataille, ses msucles, ainsi qu’il l’avait appris si longtemps auprès d’Umbre et d’autres comabattants émérites. Il savait jauger un ennemi. Celui-là ne le tuerait pas.

Carmen qui gardait un pan de sa chemise contre son nez pour stopper le saignement, faisant s’auréoler d’une tâcher vermeil ses vêtemnts. Il ne l’avait pas lâchée. Destan n’userait pas sa salive à se répéter. Si une injonction simple était hors de la portée de cet insecte. Alors les mots ne seraient d’aucun secours, le sactes parleraient bien plus. Cármen essaya de le raisonner. Il la coupa en hurlant. Ainsi donc il était son époux. Quel bien trsite tableau du mari faisait-il là. Si le Capitaine avait eu la chance de prendre épouse, il était certain que jaamis un tel comportement ne lui serait venu. La jeune fmeme qu’il avait sauvée des eaux mértait mieux que cela. Il ne pourrait pas lui permettre de répudier ce mari violent, il en pourrait pas veiller sur elle jours et nuits car son devoir l’appelait ailleur. Mais par son honneur, il ne la laisserait pas sans protection. Cet imbécile ne lèverait plus la main sur elle lorsqu’il en aurait finit avec lui, il en prétait serment.

La demoiselle tira sur le bras de la chose abjecte qui lui servait d’époux, pour se libérer de son emprise et venir se placer entre-eux. Destan avait trop de respect pour Carmen pour la repousser, mais cela était trop tard. Le duel qui s’engageait ne la concernait plus et fichant son regard métal dans celui de son vis-à-vis, il devint sourd à ce que la jeune femme essaya de dire. En revanche ce que répondit ce Yukka lui parvint avec facilitée. Une deuxième gifle s’abbatu sur Carmen. Avait-il dit qu’il allait le saigner ?
Il vit le rat se saisir d’une dague et avant que l’imbécile n’ait pu se jeter sur le Gondorien, Carmen le repoussa et le fit chuter . il mordit la poussière comme une vulgaire poupée. Quel misérable tableau il donnait là. Il se répandit en injures et se releva pour attaquer de front, dans un élan sauvacge et avec l’intention sans doute de l’éventrer le Capitaine. Et si destan était plus vieux, il était aussi plus expérimentés et bien moins sot. Une torsion sur le côté et le rat retourna à la poussière. Puisqu’il en était ainsi. Il l’humilierai comme il avait dû tant de fois humilier carmen. Il le jeterait au sol autant de fois qu’il avait dû y jeter Carmen. Il couvrirait son corps de bleus par autant qu’il avait pu en compter chez la jeune femme. Et si cela ne suffisait pas. Il lui rbiserait chaque os jusqu’à ce qu’il demande grâce et qu’il ne pu plus lever ses bras pour la frapper. Son ordre, sa sentence avait été mortelle. La lutte qui allait s’ensuivre le serait également.
Il ne craignait pas ce cafard. Et alors que déjà l’homme se relevait Destan pris un appui fort, pivota et lança sa jambe arrière en direction de l’imbécile. Il lui décocha un coup de pied qu’il feinta au niveau du plexus avant de lui assenez sa chausse en pleine bouche avec violence. Yukka saignait désormais, ainsi que le faisait Carmen.
Il ficha son regard dans celui de son assaillant, éclairé par le rougeoiement du feu, les cheveux blond de Destan paraissaient auburn, comme s’il avait été à son tour auréolé de flammes. Mais celles qui brûlaient en lui était bien plus puissantes. Cela faisait bien longtemps qu’une telle colère ne l’avait saisi, une telle rage. Et cela n’était pas quelque chose de positif pour Yukka.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Tout avait dégénéré si vite et Destan ne s'était pas fait prier pour réagir. Ainsi que l'avait prédit Cármen, cet homme était d'autant plus malin que Yukka et l'envoya à terre plusieurs fois. Il agaçait le parasite qu'il était, elle le savait fort, il ne rencontrait que très rarement des personnes capable de le mettre à terre aussi facilement. Cela se voyait : Destan est un soldat, un homme qui a connu certaines situation délicates alors que Yukka était un bandit de grands chemins qui ne connaissait rien à la vie. La gitane l'avait laissé faire, ho elle ne s'en délectait pas, mais elle n'était pas contre une correction pour Yukka histoire de lui remettre les idées en place, puisqu'elle n'avait pas la force de le faire comme elle l'aurait voulu. Lui remettre les pieds sur terre lui ferait du bien et peut être qu'après ça il se déciderait à être moins sévère avec elle.

Et puis une énième fois son compagnon au sol, pendant qu'elle se remettait des coups qu'elle avait pris, elle remerciait encore une fois les valars de lui avoir envoyé cet ange gardien. Destan éleva la voix, demandant combien, combien de quoi ? Qu'est ce que ça voulait dire ? La jeune femme voulait pourtant le savoir mais cela ne présageait rien de bon pour Yukka non plus certainement.


« Qu'est ce que tu racontes vieille raclure?! Combien quoi ?! » demanda Yukka en crachant, dédaigneux tandis qu'il se relevait, prêt de nouveau à attaquer.

La jeune femme effaça les dernières traces de sang sur son visage, malgré cela, la fièvre la gardait blafarde. Mais elle était debout, et elle se plaça de nouveau devant Destan face à Yukka qui vint trop près d'elle mais n'osa rien faire. Cela devait cesser dès cet instant. La gitane ne perdait pas la face, elle se tenait droite, elle était mortifiée, mais c'était surtout la lassitude et la fatigue qui la prenait, elle refusait de les voir s’entre-tuer et elle seule était capable de mettre fin à tout ça.

« Arrête Yukka, tu es ridicule ! Destan m'a sauvée, c'est mon ami, et toi tu seras plus rien si tu continues tu vois très bien ou je veux en venir! »

Le regard noir, planté dans celui de Cármen, tandis qu'il se retenait de la frapper encore, il passa le revers de sa manche sur le coin de sa bouche qui était tout aussi ensanglanté que l'était le visage de Cármen quelques instants plus tôt. Il cracha sur le côté en signe de méprise et leva les yeux vers Destan avant d'abandonner le combat, parce que de toute manière il ne faisait pas le poids. Mais la jeune femme connaissait sa perfidie et savait que ce n'était que partie remise, que dès qu'il aurait le dos tourné il allait en profiter. Yukka étouffa un rire, puis rajusta la blouse de Cármen qui tombait sur l'une de ses épaules.

« On rentre, tu viens. »

La jeune femme savait que le campement n'était pas loin, mais elle aurait sans doute préféré se reposer avant de devoir faire de la marche, histoire de récupérer de sa fièvre. Or pour éviter d'envenimer les choses, elle était prête à faire des efforts. Tandis que Yukka semblait s'être calmé déjà, la gitane se retourna vers Destan pour lui expliquer qui était cet homme pour elle. C'est là qu'en profita Yukka pour revenir à la charge, lancer son poing par dessus l'épaule de Cármen pour l'envoyer dans la figure de son sauveur. La jeune femme repoussa de nouveau Yukka, jurant en haradrim, elle l'insultait de tous les noms mais il ne comprenait pas cette langue alors cela ne lui faisait ni chaud ni froid, ce n'était qu'un bourdonnement agaçant.

« Et toi combien de coups t'en veux avant de comprendre que tu fais pas le poids?! » fit Yukka en étouffant des rires moqueurs.



   

Les choses étaient devenues rapides, abruptes, inexplicables et bien trop violentes pour la suite d’un repas calmement partagé. Le capitaine de la Porte Noire ne s’était pas attendu à devoir rentrer en conflit le jour de sa permission. Ni à sauver quelqu’un des eaux, mais les péripéties qui se présentaient à lui semblaient s’être condensées en cette seule journée. Mais il n’escomptait pas les laisser le surprendre ou l’abattre et alors que son adversaire se jetait par plusieurs fois sur lui, espérant le toucher, il le fit s’échoir au sol comme un vulgaire fétus de paille. Il n’était rien pour lui, il n’était pas un homme, il n’était même Destan allait le renvoyer à son état de grain insignifiant.
Par plusieurs fois il avait fait mordre la poussière à Yukka. Il s’était relevé, au moins il pouvait lui concéder un peu d’ego, mais cela ne semblait pas lui suffire et lui montrer que s’il s’entêtait son sort n’en serait que funeste. Ainsi, glacial, il lui posa une question, simple question, un unique mot qui, si le rat avait fait fonctionner sa lueur d’intelligence lui aurait permis de savoir que le moment pour lui était venu de disparaître dans l’ombre doù il était venu. Mais il avait laissé passer sa chance, l’insultant, lui demandant ce qu’il racontait, crachant dédaigneusement au sol. Ainsi soit-il, puisque telle était la volonté du destin et des Valars de le laisser sur son chemin et de l’affronter dans ce duel.
Il n’avait plus d’attention que pour le rat qui lui faisait face si bien qu’il fût légèrement surpris lorsque Carmen s’interposa de nouveau, s’adressant à son époux. Malgré tout le respect qu’il pouvait lui devoir, cette histoire la dépassait désormais, c’était là un conflit qu’il devait régler, lui et ce rat. Il l’avait défié, ce dernier avait répondu, il ne pouvait pas le laisser s’en aller.
Mais il sembla que les paroles de la jeune femme permirent à Yukka de se calmer. Il le vit passer le revers de sa manche sur sa bouche ensanglantée et Destan ne pu que sourire. La première touche était toujours la plus marquante. Il était ravi qu’elle l’ait fait saigner. Et alors que l’homme donnait des signes de retraites, Destan se détendit légèrement. Et alors que Carmen se retournait pour lui parler, son époux frappa Destan. Il avait lancé son poing par-dessus l’épaule de la jeune femme et il avait touché Destan en plein visage. Le corps de la gitane avait fait barrière, ainsi la violence du coup avait-elle été amoindrie, mais l’affront était là. Il se comportait comme un lâche, il était un moins que rien. Comment pouvait-il se considérer encore comme un homme et agir de la sorte ? Carmen essaye de repousser de nouveau son époux, l’insultant en Haradrim. Si Destan ne comprenait pas un mot de ce qu’elle pouvait dire, il en reconnaissait les accents. Qu’avait-il bien pu se passer pour qu’une jeune femme des Terres du Sud se retrouve affublée d’un mari pareil ? La volonté des Valars était bien incompréhensible parfois.
Et le rat l’invectiva de nouveau, se raillant de lui, lui demandant combien de coups ils souhaitaient recevoir avant de comprendre qu’il ne ferait pas le poids. Etait-il sérieux alors qu’il déclarait ces mots ? La poussière ne lui avait donc pas suffit. Mais au moins avait-il presque saisit le sens de sa question, ainsi il avait encore une lueur d’intelligence chez lui, maigre lueur certes mais à la fin sans doute cette dernière lui servirait à prendre ses jambes à son cou. Il l’espérait pour lui.
Et puisqu’il désirait encore rire, il allait l’en faire hurler. Il planta son regard acier dans les yeux sombre de son adversaire, réaffirmant sa détermination en levant ses mains devant lui, en position de garde avant que sa voix ne sonne de nouveau dans le silence qui s’était fait autour d’eux, mortelle une fois de plus :



Il n’avait même pas pris la peine de répondre à la dernière question, il n’en avait cure, sa volonté passait au-dessus des railleries de ce Yukka mais aussi des tentatives de Carmen pour le sauver. Il avait choisi de se battre, il se comportait comme un lâche, qu’il ait eu une dague entre les mains ou non, Destan allait le briser. Os après os s’il le fallait. Mais il allait l’empêcher de nuire.
Jamais Destan n’avait éprouvé une haine aussi tenace envers un être, aussi abject soit-il en si peu de temps. Cela contrastait tellement avec son, caractère d’habitude si calme et bienveillant. Mais il était des choses que son honneur ne pouvait tolérer et les Valars savaient combien l’honneur était important pour un soldat.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Yukka ce petit orgueilleux qu'il était n'avait de cesse de provoquer Destan malgré qu'il s'était pris tous les coups. Et la jeune femme n'avait pas eu peur de s'interposer, ce qui était devenu pourtant rare ces derniers temps mais voir son ami se faire touché avait été la pire chose à faire. Après avoir insulté Yukka de tous les noms, elle s'était alors rapprochée de Destan pour vérifier qu'il ne lui avait pas fait mal, mais les deux adversaire semblaient l'avoir complètement occultée, pris dans cette spirale infernale, d'un besoin viscéral de faire du mal à l'autre pour des raisons différentes. Et Destan lui demandait alors combien d'os il voulait se faire briser, ça allait beaucoup trop loin, il fallait que ça s'arrête maintenant.

Et Yukka étouffa un rire narquois à sa question, prêt de nouveau à se battre avec lui mais la gitane haussa une énième fois la voix en l'interceptant


«  Arrête ! Ça suffit !! »hurla t-elle dans la rage

Yukka bloqué dans son élan soupira de nouveau, il était temps qu'il reconnaisse qu'il ne faisait clairement pas le poids face à Destan et qu'il allait réellement lui briser les os. Sa condition de chef d'un groupe de bandits ne lui permettait pas de se laisser autant emporter alors qu'ils allaient bientôt repartir sur les routes.

«  Reste sur tes gardes, il se peut que je t'assassine quand tu t'y attendras la moins »

Son regard noir dévia sur Cármen, osant s'approcher d'elle pour lui proliférer des menaces alors qu'il serrait les dents. Jamsis il n'avait abandonné de cette manière, mais la gitane était protégée par plus fort que lui et alors il ne pouvait pas la contraindre de le suivre. En revanche, les manipulations mentales étaient toujours efficaces sur elle.


«  Si tu rentres pas demain je te tuerai aussi. Prends garde à toi si tu m'as menti et qu'il t'a engrossée, oublie pas que t'es déjà souillée. »

La jeune femme déglutit, si elle n'avait rien fait avec Destan, Yukka en revanche le faisait régulièrement et elle savait qu'au moindre signe de grossesse, même si c'était possiblement le sien, il n'hésiterait pas à l'accuser et l'humilier il le savait et savait aussi que cela allait la rendre malade d'angoisse, il espérait bien qu'elle allait tout faire pour se faire pardonner et avoir de nouveau ses faveurs. Il détourna les talons, subtilisant un morceau de bois incandescent pour s'éclairer dans la nuit et disparu. Il retournait sans doute au campement, il l'attendrait de pied ferme dès l'aube et la punirait pour son insolence dès son arrivée.

La gitane, tremblante, encore faible et sous le choc posa ses mains sur son visage et se laissa choir au solen soupirant toute la frustration et le stress qu'elle venait d'accumuler. Les battements de son cœur se faisaient rapides comme à chaque seconde ces derniers temps quand il était là. C'était invivable, et elle regrettait de ne pas avoir réussi à se tuer. Voilà qu'elle venait d'apporter des problèmes à un homme qui ne le méritait pas. Cármen demeura assise, les yeux larmoyants, elle se faisait violence pour ne pas craquer.

«  Je suis désolée, tout ça n'aurait jamais dû arriver. »

Coupable, honteuse, elle ne savait plus quoi faire, elle avait besoin de son soutient mais ne voulait pas le voir davantage mêlé à son malheur. Elle trempa un linge propre dans l'eau et lui fit signe de venir s'asseoir près d'elle pour qu'elle puisse nettoyer sa blessure.

« Il est mon compagnon, il me croit déjà acquise alors que je ne suis pas mariée à lui. » expliqua d'abord la jeune femme .



   

Et une fois encore Carmen s’interposa, une fois encore elle essaya de les faire cesser de se battre, de les empêcher d’en venir aux mains. Une fois encore cela sauva la vie de Yukka.
Et le rat se coupa une fois de plus dans son élan. Souhait-il réellement continuer d’attaquer Destan où avait-il finit par comprendre qu’il n’était pas assez expérimenté ou fort pour espérer le battre ? il n’était qu’un enfant capricieux alors que le Capitaine de la Porte Noire était déjà un homme.
Et Yukka le menaça, lui annonçant qu’il devait rester sur ses gardes afin de ne point se faire assassiner. Ce fût au tour du soldat de lâcher un rire à son tour. Croyait-il vraiment pouvoir un jour l’assassiner ? Il ignorait a qui il avait affaire, quel homme il était. Et il menaça Carmen de nouveau, Destan fit un pas vers lui, s’approchant de la gitane et s’approchant bien plus dangereusement de l’homme qui lui servait de compagnon. Il ignorait à quoi il faisait mention, l’unique chose qu’il savait était qu’il était entrain de la menaça, ce lui faire comprendre qu’il la tuerait. Il ne le permettrait pas. Il ne pouvait demeurer auprès de Carmen plus longtemps que ce jour mais il fallait qu’elle s’extirpe de ce marasme dans lequel elle était. Elle ne pouvait demeurer près de lui.
Le rat tourna les talons et disparu dans la nuit. Regagnant sans doute son campement pour pester contre Carmen et l’humilier avant qu’elle n’ait pu revenir, si elle y retournait.

Carmen tomba, tremblante, après avoir passé les mains sur son visage. La tension accumulée depuis quelques instants et qui avait échappé à Destan puisqu’il avait été bien trop pris par le conflit pour le percevoir le poids qui avait pesé sur leurs épaules et leurs cœurs. Comment pouvait-elle supporter cela ? Elle ne le pouvait sans doute pas et les larmes qui emplissaient ses yeux semblaient lui révéler que la chute dans les rapides n’était pas anodine. Et en plus de cela, elle se mit à s’excuser. Et alors qu’elle trempait un linge propre dans l’eau, surement pris près des bagages de Destan, elle invita le Capitaine à s’asseoir. Il porta la main à son visage, son courroux lui avait fait oublier qu’il avait été touché et l’énergie vengeresse qui pulsait encore dans son corps éloignait toute douleur.
Elle lui apprit ainsi qu’il était son compagnon, qu’il n’était pas marié mais se conduisait comme si elle lui appartenait déjà. Cela était insoutenable. Sa conception de l’amour et celui qu’il portait à une certaine Dame Argentée ne pouvait entendre, ne pouvait comprendre qu’un homme puisse ainsi se conduire avec sa compagne.
« J’aurai pu le tuer. » C’était là la vérité. Pour l’aider, pour lui permettre d’aller en paix il aurait été capable d’occire cet homme. Pour lui empêcher de demeurer avec lui, de subir ce qu’elle subissait depuis déjà. Mais était-ce là quelque chose qu’elle souhaitait ? Se séparer de lui ? Après tout, il ne connaissait rien de sa vie. « Les tiens ne peuvent-il pas l’éloigner de toi ? » hasarda-t-il. Espérant que cela puisse être le cas et qu’ils la protègent, mais le destin était parfois si difficile avec les Hommes. Il plongea son regard qui avait repris des couleurs grisées plus douce que durant son face à face avec Yukka bien que le ton de sa voix qui s’éleva fût ferme :

« Tu n’as pas à être désolée de quelque chose qui n’est pas de ton fait. Tu n’as pas à être désolée qu’il ne se comporte pas en homme. Tu n’as pas a être désolée d’avoir choisi un compagnon qui se révèle être un moins que rien. Et tu n’as pas à vouloir disparaître parce qu’il te fait croire que tu vaux moins que lui. »

Ainsi il lui apprenait qu’il avait compris. Le schéma s’était mis en place, les images s’étaient unies : les bleues, la noyade, la volonté d’être passée dans les Halls de Mandos. Elle ne pouvait songer à quitter la Terre du milieu à cause de lui, cela était intolérable.
« Tu n’as qu’une vie Carmen, ce n’est pas à lui de décider à ta place de quelles couleurs tu souhaites la pâré ni de la direction que tu dois suivre. C’est toi seule, alors éloignes toi de lui tant que tu le peux encore, avant que tu ne penses que tu lui dois quoique ce soit. J’ignore tout de toi. D’où tu viens, où tu vas, mais une chose est sûre, tu es bien plus forte que lui. Non pas par la force qui pourrait courir dans tes poings, mais la force que je ressent-là » Et il pointa le cœur puis la tête de la jeune femme et pour la première fois sa jeunesse le frappa. Elle avait encore tant à vivre, tant à découvrir, elle ne pouvait demeurer auprès de lui et il n’était pas clairvoyant contrairement à elle, mais son cœur lui intimait que ce qu’il lui disait était la vérité.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Les douces paroles de Destan lui allaient droit au cœur et lui donnaient du courage, du moins elle se rendait compte que la situation était réellement allée trop loin et qu'elle ne pouvait pas continuer ainsi. La seule solution qu'elle avait trouvée avait été de mettre fin à sa vie sans même chercher de l'aide, mais il lui donnait aussi la motivation et lui soufflait à l'oreille qu'il y avait bien d'autres possibilités. Cármen se sentait idiote même si ses raisons pouvaient se comprendre. Et voilà, ils ne se connaissaient qu'à peine et il s'était déjà donné de la peine pour la sauver et la protéger. Ils étaient comme des amis de longue date mais elle avait réellement l'impression de l'avoir connu quelque part, dans un autre monde peut être, une autre vie. C'était particulier, naturel, et cela l'aidait aussi à surmonter ce qu'il lui arrivait en lui accordant sa confiance sans hésitation. Un jour, elle en était sûre, elle serait celle qui lui viendrait en aide.

Elle l'écoutait attentivement, en silence, essuyant doucement son visage et s'appliquant à le soigner. Entre Yukka et lui, c'était sans aucun doute Yukka qui avait besoin qu'on le soigne, mais la jeune femme voulait le remercier aussi de cette façon. Mais ses mots soudainement prirent un tout autre sens et interpella la jeune femme ; Cármen tressaillit, il venait de comprendre bien des choses et aussi le fait qu'elle avait cherché à en finir en se jetant dans la rivière. C'était douloureux, en parler était difficile car personne jusque là n'avait partagé ses souffrances. Elle avait toujours agi comme si de rien était, comme si elle était heureuse avec Yukka et face aux autres il savait très bien dissimuler la vérité. Il n'y avait bien que son frère cadet, Taavi qui était témoin de tout ceci, mais c'était encore plus compliqué.

« Je suis un cas très complexe, mais surtout un cas irrattrapable. »

Elle vint encore mouiller le linge pour revenir essuyer le visage de Destan, son cœur tremblait dans sa poitrine, il y avait la peur de se dévoiler mais aussi la honte qu'elle éprouvait d'être ce qu'elle était. Parce qu'elle n'avait pas encore réussi à se remettre de ce qui lui était arrivé étant plus jeune, cela demeurait un traumatisme mais elle ne se rendait même pas compte qu'elle vivait encore la même chose.

« Yuuka est le chef d'un groupe qui protège le mien, je lui dois tout...J'ai été mariée il y a longtemps, j'ai fui et Yuuka a juré de veiller sur moi aussi et pour cela il souhaite que je sois sa femme. Je ne l'ai pas choisi comme compagnon, il me dit que c'est ainsi et que c'est ma meilleure option. »

Puis la jeune femme laissa le linge sur un côté, elle avait fini de retirer les quelques traces du sang d'on ne sait qui puis détourna les yeux. Elle ne lui avait pas tout raconté, il manquait certains détails, certaines précisions, mais elle ne se sentait pas de tout livrer d'un seul coup, ce qu'elle venait de dire lui avait été déjà très difficile à prononcer. On pouvait au moins en tirer qu'elle avait eu une très mauvaise éducation concernant le rapport aux autres, l'amour elle ignorait ce que c'était, elle ne pensait pas pouvoir l'éprouver après avoir été usée trop tôt.

« J'ai essayé de m'éloigner de lui, mais il est plus fort et plus malin que moi, il arrive à me faire dire des choses que je ne désire pas prononcer. Demain quand je rentrerai, la situation redeviendra comme avant parce qu'il aura trouvé un moyen de me piéger, c'est un cycle infernal, que j'avais envie de briser »

La gitane soupira, elle se retenait encore de craquer et de verser des larmes, se contentant d'essuyer les quelques unes qui menaçaient de cascader sur ses joues rougies par les gifles qu'elle s'était prises.

« Viens avec moi...si tu es là je trouverai le courage de lui dire non...Et il ne fera rien car tu auras la bénédiction de mon père pour ce que tu as fait. »




   

Il espérait pouvoir lui donner le courage d’affronter le rat qui lui servait de compagnon. Lui faire comprendre qu’elle ne méritait pas une telle situation. Il n’était sans doute pas le mieux placé pour lui dire tout ces mots, mais son cœur ne pouvait les retenir. Ce qui s’était produit entre eux, ce sauvetage, Yukka et les coups, il ne pouvait s’en aller sans mots dires alors qu’il aurait éét pêt à tuer ce moins que rien si cela avait pu apaiser Carmen. Il n’était pas un meurtrier, il était un soldat et s’il avait enfoncé son épée jusqu’à la garde dans l’estomac de Yukka, il n’aurait sû dire si c’était son honneur ou son devoir de soldat qui aurait alors parlé.
Elle mouilla plusieurs le linge pour venir essuyer son visage et il se laissa faire. Il continua de lui parler alors qu’il arrivait sur des paroles qui firent tressaillir la demoiselle. Il ne la jugeait pas, il ne comprenait pas l’entièreté des choses qu’elle avait dû supporter. Et alors qu’elle lui annonçait qu’elle était très complexe et un cas irrattrapable, il secoua la tête. Tout ceci était des balivernes. Irrattrapable de quelle faute ? Il lui donnait tout juste moins d’une vingtaine d’années, elle en avait tant d’autres pour rattraper son erreur d’avoir cru un homme comme Yukka. Là était l’unique erreur qu’elle avait faite.
Et si elle était complexe, ce qu’avait fait le rat était limpide, il l’avait frappée, il lui avait fait du mal, cela n’excusait rien. Un homme ne battait pas sa compagne, il la soutenait, il l’aimait, il l’accompagnait. Il ne l’humiliait pas, il ne la frappait pas.
Elle lui apprit que Yukka était le chef d’un groupe qui protégeait les siens, qu’elle lui devait tout. Qu’elle avait été mariée il y avait longtemps de cela et que ce rat avait juré de veiller sur elle à condition qu’elle soit sa femme. Elle lui annonça qu’elle ne l’avait pas choisi et que c’était la sa meilleure option.
Son sang ne fit de nouveau qu’un tour dans ses veines et il ne pu retirner les mots qui poussaient contre ses lèvres, dicté par la colère qui saisissait son
« Mais de qui protège-t-il les tien ? Il est celui qui apporte la violence, il est celui qui te bat, celui qui t’humilie. C’est faux lorsqu’il te dit qu’il n’y a pas d’autres échappatoires pour toi. Quantité d’Homme en Terre du Milieu seraient prêts à te prendre pour épouse et se moqueraient bien du fait que tu aurais pu être mariée avant cela. Demeurer avec lui n’est pas ton destin, j’en suis persuadé.
Elle déposa le linge sur le côté, elle avait fini de le nettoyer et reprit la parole lui expliquant qu’elle avait essayé de s’éloigner de lui mais qu’il était plus fort et plus malin qu’elle, ce dont Destan doutait franchement. Elle ne parvenait pas à s’extirper du cycle infernal dans lequel elle se trouvait et il ne pouvait l’aidait pas encore, pas maintenant. Il la vit soupirer, se retenant sans doute de craquer, de verser les larmes qui perlaient au coin de ses yeux et il repoussa sa main pour les essuyer à sa place. Elle lui demanda de l’accompagner, que s’il venait elle trouverait le courage de témoigner son refus à Yukka mais qu’il aurait aussi la bénédiction de son père.
Destan la regarda en souriant avant de lui répondre doucement. Il était désemparé face à la situation de sa jeune amie, il ne savait que faire et s’il ne pouvait l’aider, il ne lui restait plus qu’à lui témoigner son indéfectible soutien en priant chaque jour pour que des aurores meilleures se lèvent sur elle, bien plus que des mains.


Il se releva alors, rangea les affaires qu’il avait sorties, dés-empaqueta l’armure qui avait été enveloppé dans sa cape de voyage. Il repassa sa tunique et ferma, une à une, les lanières de cuir de son plastron, puis il enfila les plates frappées de l’arbre blanc du Gondor au-dessus. Il harnacha sa jupe de voyage en toile dure avant de replier la corde elfique qu’il avait utiliser pour tirer de l’eau Carmen.Il termina d’empaqueter le reste de ses affaires et scella Oxalys. Une fois que cela fut fait, le feu éteint, il invita Carmen à prendre place sur sa monture. Ainsi apparaissait-il aux yeux de celle qu’il avait sauvé comme le soldat, le Capitaine qu’il était et ainsi il apparaîtrait à Yukka s’il devait le croiser de nouveau. Il avait ceint son épée Ascalon à sa ceinture et attendit que la Gitane ne lui montre la voie de son campement.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

En arrivant dans le Gondor, les gitans avaient dû s'adapter à l'environnement, ne pas se faire piéger par cette nature trop abondante comparé au désert. Au départ ces terres là leur avaient parut être un véritable paradis, jusqu'à ce que certains meurent empoisonnés ou attaqués par des animaux sauvages. Et puis les nomades dans le Harad, c'était courant, ici il n'y avait pas réellement besoin de changer de lieu de vie puisqu'ils pouvaient labourer la terre pour parvenir à leurs besoin, mais d'autant plus qu'il s'agissait de haradrims et qu'ils n'étaient pas forcément les bienvenus après certains conflits avec le Gondor. Alors Yukka et son groupe les avaient souvent aidé, à faire face à la colère des villageois, aux intempéries et bien d'autres. La gitane leur en était reconnaissante, Yukka était à l'origine de cette aide; c'était surprenant en découvrant son comportement violent et borné. Alors elle ne pouvait jouer avec cela.

« Des orcs, des villageois qui nous chassent, ils nous aident à nous habituer à cet environnement si différent du notre... » avait répondu Cármen à sa question ; si les orcs cela était relativement rare ces temps-ci, ils avaient bien plus souvent des problèmes avec les gens des villages dont ils s'approchaient et cela pouvait aller très loin.

La jeune femme remercia son sauveur d'un fin sourire et en pressant sa main entre les siennes quand il avoua qu'il n'avait pas prévu de la laisser rentrer seule, ce qui la rassura et aida à sécher ses pleurs. Destan était un homme doux, aimant, elle se sentait chanceuse d'avoir croisé son chemin et se sentait revivre. Elle espérait ne pas l'effrayer, ne pas le rebuter, elle comptait bien lui rendre la pareille et lui offrir la meilleure des hospitalités une fois au campement.


La discussion close, il était visiblement préférable qu'ils se rendent directement au campement en profitant de la nuit et du fait que tout le monde dorme, et éviter les scandales inutiles que feraient Yukka. Elle se tourna vers Destan après l'avoir aidé à rassembler les affaires et le vit dans cette belle armure, reconnaissant l'arbre du Gondor ; alors il était un soldat ? Il avait belle allure et cela lui arracha un sourire. La jeune femme s'aventura à redessiner le contour du sceau frappé dans le métal du bout de ses doigts.

« J'avais raison en me réveillant, tu es mon ange gardien »

Quelques mots sincèrent pensés, et elle monta à cheval avec une légère pointe d'anxiété. Elle ne savait pas chevaucher, elle n'était pas très à l'aise, mais tant qu'il y avait Destan pour guider, ça allait. Elle expira doucement, elle savait que les animaux étaient plus sensibles aux états d'âmes des autres et elle ne voulait pas stresser le cheval par sa non expérience. Alors tout au long du trajet, elle s'appliquait à la cajoler, à la remercier en somme pour sa gentillesse et sa dévotion.

Quand ils arrivèrent le feu de camp central du campement était encore allumé avec trois gitans qui montaient la garde.

« Qui va là? »s'exprima un homme avec un très fort accent

La jeune femme avait reconnu la silhouette et la voix de son père, qui en tant que chef veillait souvent les nuits. Cármen descendit de cheval pour se présenter à lui, elle ne parvenait pas à sourire, le remord de ce qu'elle était parti faire la hantait dès l'instant où il posa les yeux sur elle et qu'il la serra dans ses bras. Il était habituel que sa fille s'éloigne du campement mais en temps normal elle rentrait avant la nuit, il avait sûrement envoyé Yukka la chercher, ce qui voulait dire qu'il avait déjà dû lui raconter sa vision des choses. D'ailleurs le père de Cármen après avoir relâché sa fille, lança un regard méfiant à Destan. Que lui avait raconté Yukka ? Quels genres de mensonges étaient ils victimes ? Il avança légèrement la torche qu'il tenait pour voir le visage de Destan et quand il vit son armure, il comprit d'ors et déjà qu'il avait affaire à un soldat et pas n'importe quel vagabond ce qui eu déjà sans doute pour effet de calmer ses a priori. Mais il savait Yukka très hâtif sur ses conclusions mais aussi très borné, Saaed avait l'âge d'être son père et lui avait souvent reproché sa fougue.

« Qui êtes vous? » demanda t-il assez sévèrement

« Père, c'est... »

« Cármen, c'est à cet homme que je m'adresse, laisse le parler »

Elle se tut, en se pinçant les lèvres. Elle aurait voulu d'abord lui effacer toute histoire que Yukka aurait pu lui raconter pour repartir sur une base neutre. Mais son père a toujours été un homme intelligent qui ne croit pas qu'aux premières paroles, et puis il venait de ramener sa fille saine et sauve, de quoi aurait il pu l'accuser? Malgré son regard dur, Hannad, est un homme ouvert d'esprit, qui préfère le dialogue aux règlements de compte



   

« Il y a des soldats pour vous protéger de cela.. » Bien évidemment il savait que certains de ses frères d’armes n’étaient pas tous de la même trempe que lui, mais il en connaissait suffisamment pour savoir que Carmen et les siens pouvaient être protégés par ces derniers, en Gondor du moins. Et c’était ce qu’il allait faire jusqu’à ce qu’il l’ait ramenée auprès de sa famille. La jeune femme le remercia par un sourire tout en pressant sa main entre les siennes.
Carmen l’aida à rassembler ses affaires tandis que Destan terminait de se vêtir, il devrait désormais chevaucher de nuit jusqu’à la Porte Noire et y arriver avant l’aube. La jeune femme s’amusa à redessiner le contour de l’arbre blanc du Gondor et des étoiles scintillantes qui le surplombait, le sceau du Gondor était quelque chose que le Capitaine arborait avec fierté. Elle lui annonça qu’elle avait eu raison de dire qu’il était son ange gardien et cela le fit sourire.
Il l’aida ensuite à monter à cheval, Oxalys était une jument tous et malgré la crainte que Carmen ait pu éprouver en la chevauchant, le trajet se passa à merveilles, les flatteries et les cajoleries qu’elle prodiguait à sa monture l’aidait sûrement. Ils ne finirent par arriver au campement où s’élevait un foyer central et où trois gitans montaient la garde. On les hêla avec un fort accent pour leur demande de s’annoncer.
Destan aida Carmen à descendre d’Oxalys et la laissa s’en aller embrasser leur interlocuteur qui posa sur lui un regard méfiant. Destan soutint se regard en silence jusqu’à ce que l’homme qu’il comprit être le père de Carmen avança une torche près du visage du Gondorien pour mieux le voir.
Le père de Carmen s’adressa à lui, lui demandant sévèrement de décliner son identité. Si sa jeune amie tenta de le présenter, Saaed la coupa pour renouveler ses dires et rappeler que c’était au Capitaine qu’il s’adressait et non pas à sa famille. Destan n’avait dit mots durant cet échange, il était l’étranger qui arrivait au campement, celui dont Yukka devait avoir dépeint un portrait bien terrible et ainsi donc il ne pouvait prendre le risque de noircir ce tableau. Ainsi le Gondorien le salua, une révérence militaire qui du respect que l’on devait à un étranger et un père. La question de ce dernier était légitime, il n’était pas commun de laisser sa fille seule avec un inconnu, bien qu’il l’ait été encore moins de la laisser prendre comme compagnon un homme violent, mais cette pensée, il la garda pour lui. Il plongea son regard acier dans celui de Saaed et se présenta, ainsi qu’il le devait :

« Je me nomme Destan, Capitaine de la Porte Noire. » Et afin de justifier sa présence et ses actes ici il ajouta « J’étais en permission ici quand votre fille a chuté dans la rivière, je l’en ai sortie et j’ai veillé sur elle jusqu’à ce qu’elle se sente en état de vous rejoindre. Lorsque nous allions rejoindre votre camp, nous avons croisé Yukka qui, je suppose, venait s’enquérir de l’endroit où pouvait se trouver votre fille. Nous avons eu une altercation relative à son comportement avec elle où par plus d’une fois cet homme a trouvé judicieux de la menacer et de la frapper et cela devant mes yeux, j’ai estimé nécessaire, en tant que protecteur du Gondor et de tout ceux qui puissent s’y trouver, de défendre l’honneur de votre fille. Et me voici désormais face à vous pour vous la ramener saine et sauve. »

Et ainsi il avait parlé. Chacun de ses mots transmettaient la vérité, il ne pouvait mentir, il n’avait jamais su et tout son être transparaissait l’honnêteté. C’était la les qualités d’un rapport militaire, objectif, formel et détaillé. S’il omettait que la chute dans la rivière était la volonté de Carmen, il n’omettait pas le fait que son compagnon l’avait violenté. Un père devait savoir, un père devait protéger. De toute évidence, pourquoi aurait-il pris le soin de mentir à cet homme qu’il ne connaissait pas ? S’il avait souhaité abuser de sa fille, ce qui ne lui avait jamais traversé l’esprit, il l’aurait laissée seule à l’endroit qu’ils avaient quitté et serait parti dans l’autre direction. Il prenait grand soin de la ramener jusqu’à son père et d’affronter son regard et de lui rapporter ce qu’il s’était produit.
Et si les mots de ce rat qui servait de compagnon à Carmen avait plus de valeurs et sonnaient bien plus vrai que les siens, alors les choses s’annonceraient bien terribles pour sa jeune amie et pour ces étrangers qui croyaient pus aisément les dires d’un rat plutôt que d’un soldat.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Quand elle avait quitté le campement, la veille, a aucun moment elle s'était dit qu'elle pouvait possiblement rentrer. Déterminée, elle était partie sans un regard en arrière, persuadée qu'elle avait trouvé la meilleure solution à faire. Désormais elle rentrait moins convaincue, encore perdue mais elle avait trouvé ce qu'il manquait à sa vie à ce moment là ; une petite voix, sur son épaule qui lui soufflerait que tout ceci n'était pas normal. Elle ne voulait toujours pas embêter sa famille avec ses problèmes, chaque chose en son temps, ou peut être qu'elle ne pourrait jamais avouer ce qu'il s'était passé et tout rentrerait dans l'ordre. Mais aussitôt que son père et Destan furent en contact, son ange gardien vint tout raconter à son père jusqu'à la maltraitance qu'il avait eue à son égard.

Cármen baissa les yeux quand il évoqua le fait que Yukka l'avait violentée sous ses yeux, elle ne lui avait jamais dit et cela choqua son père. Elle sentait son regard empli de colère sur elle, parce qu'elle avait tout gardé, mais le moment était mal choisi pour la réprimander, d'autant plus que cela ne l'aiderait en rien. Il soupira lourdement, s'étant attendu à avoir des explications de la part de la jeune femme qui demeurait pourtant muette, interdite. Qu'aurait elle pu dire ? Elle même ne savait pas par où commencer, elle avait été piégée dans cette toile sans se souvenir quand l'étau avait commencé à se resserrer sur elle. C'était un sujet de conversation très délicat, il en avait conscience mais il n'allait pas la laisser s'en sortir sans un mot au final et elle le savait très bien.

« Nous aurons une conversation avec ta mère Cármen. » annonça t-il avant de l'attirer vers lui pour embrasser son front et la rassurer tout de même. Il s'était fait la promesse silencieuse qu'elle ne souffrirait plus de la présence de Yukka et elle le savait, elle aurait pu l'entendre. D'un côté elle se sentait soulagée, mais de l'autre leur attirer encore des problèmes était un sentiment effroyable. Ils avaient déjà quitté le désert pour elle, elle ne voulait pas qu'à chaque fois ils doivent tout sacrifier. La jeune femme réprima un sanglot puis se détacha de son père en tournant le regard ailleurs pour ne pas pleurer encore. S'il avait en plus su qu'elle s'était délibérément jetée dans les rapides en revanche, elle n'aurait pas eu droit au répit avant la fameuse conversation et elle désirait d'abord demander à Destan de ne rien dire là-dessus.

Puis Saaed tendit la main vers Destan afin de serrer la sienne, comme témoignant de sa reconnaissance mais aussi pour se présenter. Une poigne caractéristique et symbolique, il serait bien accueilli et cela avait aussi ravi la gitane parce que c'était très important pour elle, que l'on accueille correctement celui qui avait pris sa défense sans la moindre hésitation

« Je suis Saaed, le chef du groupe, je vous remercie d'avoir pris soin de ma fille, vous êtes ici le bienvenu. Restez un peu avec nous, nous allons lever le camp bientôt et longer le marais des morts si vous souhaitez faire le chemin avec nous pour retourner près des portes du Morannon. Je ne voudrais pas que Yuuka attende que vous quittiez le campement pour vous attraper, parce que c'est ce qu'il va chercher a faire et il ne sera certainement pas seul. »

La gitane se sentait coupable, toute cette histoire, par sa faute, parce qu'elle n'avait pas été forte, pas assez courageuse et qu'elle avait cru qu'elle serait capable de supporter cela seule. Elle s'était enfermée dans le silence, elle aurait souhaité disparaître, ne plus attirer l'attention, ne plus se sentir couverte de honte pour tout acte qu'elle faisait en croyant bien faire. Elle n'en voulait pas à Destan, il avait fait ce qu'elle aurait fait pour quelqu'un d'autre dans la même situation, il avait dit tout haut ce qu'elle aurait déjà dû dire depuis longtemps, avant que tout ne dégénère.

« En attendant je vous confie a ma fille, les autres ne parlent pas Westron, elle vous montrera où vous pouvez nourrir votre jument, un homme surveille toujours nos animaux. »

Une main encourageante sur l'épaule de Cármen, elle aurait besoin de temps pour se reconstruire après ce qu'elle venait de vivre et son père l'avait compris. La jeune femme observa son père puis releva les yeux vers Destan, espérant que ce qu'il lui avait proposé lui convenait.






   

Lorsque le père de Carmen était arrivé, Destan s’était présenté à lui avec respect avant d’exposer les faits qui l’avait amené à rencontre la jeune femme et les tensions qui étaient apparus lorsque Yukka avait croisé leur chemin. Il savait que cela mettrait Carmen dans l’embarras, mais il ne pouvait taire ce qui s’était produit sous ses yeux. Son devoir de protection l’en empêchait. Ainsi donc, dès que le père de sa jeune amie lui donna la parole, il fit un rapport détaillé de ce qu’il avait vu et ce qui s’était produit. Il ne pouvait laisser la demoiselle en proie à un compagnon qui ne savait pas correctement le traité et ne lui offrait pas la vie qu’elle aurait dû mériter.
Le père semblait ignorer tout cela et en fut choqué, son regard se para de colère et se posa sur Carmen qui baissait les yeux. Il lui en voulait sans doute ne n’avoir rien dit et s’il avait été père, sans doute Destan aurait réagi de la même manière. L’homme finit par soupirer lourdement tandis que Carmen demeurait muette. Il s’adressa d’ailleurs à elle en lui signifiant qu’ils auraient bientôt une discussion avec sa mère avant de l’attirer vers lui pour l’embrasser. C’était là un moment où il espérait que sa jeune amie conte l’entière des choses qu’elle avait vécus afin que Yukka soit bannis, qu’il ait protégé ou nom les voyageurs, contre quelques pièces ou simplement le repas, ils auraient pu trouver bien meilleurs protecteurs que ce rat. Mais cela, il se gardait bien de le dire, ne pouvant remettre en question les décisions du chef de ce groupe.
Néanmoins cela soulagea Destan que le père de sa jeune amie ne la prenne pas pour une menteuse et souhaite la protéger. C’était ce qu’il avait espéré pour elle en racontant ce qu’il s’était produit et il était soulagé que la situation ne s’envenime pas. Si Carmen semblait au bord des larmes, il savait que la situation allait néanmoins s’arranger et que les jours sombres passés avec Yukka s’éloignerait, tant que les parents de Carmen le tenaient loin d’elle où que lui, le Gondorien, pouvait également veiller à sa sureté.
Le Capitaine de la Porte Noire n’avait cependant pas partagé les conclusions qu’il avait tiré sur la chute dans les rapides de la demoiselle et il ne les partagerait pas. Cela aurait sans doute détruit les parents de Carmen d’apprendre le niveau réel des souffrances qu’elle vivait. Ils étaient d’ores et déjà prévenu du fléau qu’elle encourrait et y remédieraient sans doute, mais cela restait un choc qu’ils se devaient de digérer. Il ne pouvait leur infliger plus, ce n’était pas à lui, illustre inconnu de faire cet aveu.
A la suite de son rapport il était demeuré silencieux, attendant poliment de savoir s’il allait prendre congé d’eux et s’en retourner à son devoir de garde de la Porte Noire.

Destan accepta la poignée de main qui lui était offerte et la serra avec force. C’était là un geste symbolique, lui signifiant qu’il était accepté, tout comme ses mots. Il se présenta ensuite à lui, lui donnant son prénom et sa fonction au sein du groupe. Il le remercia également d’avoir pris soin de sa fille avant de lui dire qu’il était ici le bienvenu. Saaed le convia à rester avec eux et faire le chemin en leur compagnie jusqu’à Morannon. Il s’inquiétait que Yukka attende l’occasion qu’il quitte le campement pour lui tomber dessus et lui faire payer ses actes. Bien qu’il n’ait pas craint une telle embuscade, il ne pouvait refuser un tel acte de gentillesse.
Ainsi il hocha la tête avec respect alors que Saaed ajouta qu’il le confiait à sa fille, le reste du groupe ne parlant pas le westron et qu’elle lui montrerait où il pourrait nourrir en toute sécurité sa jument. S’inclinant une nouvelle fois respectueusement face à tant d’amabilités à son égard, il plongea son regard dans celui de Saaed pour lui répondre :

« Je vous remercie pour votre bienveillance et votre hospitalité. Si vous le souhaitez, mes hommes et moi-même nous vous rendrons la pareille lorsque nous serons arrivé à la Porte Noire . Cela sera un honneur pour nous de vous avoir et vous offrir le gîte et le couvert pour le temps que vous estimerez nécessaire. »

Et ainsi donc il se passerait une nuit de plus sans que Yukka puisse lever la main sur Carmen et cela sera une bonne chose. Il reposa ensuite son regard sur Carmen, espérant ne pas l’avoir trop embarrassée en révélant sa relation insoutenable avec le rat qui lui servait de compagnon et il priait pour qu’elle ne lui en veuille pas d’avoir agis ainsi. Il laissa ensuite son regard dériver sur le campement qui semblait bien calme et silencieux.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

Cármen soupira doucement, toute la tension qu'elle avait accumulée en l'espace de quelques heures. Ses émotions dégringolaient et remontaient des pentes, qu'elle ne savait plus sur quel pied danser. Et puis de nouveau avec Destan, le calme environnant lui permettait de retrouver un peu ses esprits. Cármen était fatiguée, la nuit était bien avancée et Destan également avait sans doute envie de se reposer après toutes ces histoires et elle lui adressa finalement un petit sourire malgré le trouble évident dans ses pensées par rapport à ce qu'il venait de dévoiler à son père. La jeune femme l'emmena avec elle pour qu'il puisse laisser sa jument et lui présenta Mus'ab qui veillait sur les chevaux le plus souvent. Mus'ab était haradrim pure souche, il était sans doute le seul qui regrettait la vie dans le désert. C'était aussi l'un de ses plus proches amis, un homme fort, déterminé, d'une sagesse absolue et qui savait bien y faire avec les chevaux. Il apprenait le westron, depuis la veille ; Cármen essayait de lui apprendre quelques mots alors elle en profita pour lui donner quelques mots de vocabulaire en plus.

Puis elle proposa à Destan de la suivre, afin qu'ils aillent finir cette nuit et avoir un tant soit peu de sommeil. ; Il n'y avait pas de signes de Yukka, il était probablement dans la roulotte de la gitane en train de dormir. Elle ne voulait pas prendre le risque de le réveiller pour lui provoquer une crise et déranger tout le monde, alors Mus'ab lui avait proposé qu'ils aillent tous les deux dans la sienne, demandant juste de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller sa femme. Cármen ne voulait pas laisser Destan dormir dehors, pas quand il y avait possibilité d'avoir une couche moelleuse et au chaud. Mais aussi pour lui éviter un réveil mouvementé si Yukka le voyait près du feu au lendemain. Avec elle, il serait protégé.

Saaed revint donner à Cármen des couvertures en expliquant que dès l'aube il chasserait Yukka et elle entra la première dans la roulotte. La femme de Mus'ab un peu surprise, la gitane lui expliqua la situation et cette dernière se rendormit tout aussi vite. Cármen étouffa un rire et étala les couvertures dans le fond de la roulotte sur une autre paillasse qu'avait fait Mus'ab sans doute dans l'espoir d'un message subliminal pour sa femme, parce qu'il voulait des enfants alors il faisait plus de couchettes. Puis elle s'y emmitoufla dans une couverture et laissa de la place à Destan à ses côtés. Le clair de Lune filtrant au travers de la fenêtre éclairait le visage de Cármen qui posa son regard sur Destan

« Merci Destan, pour tout ce que tu as fait pour moi »

Un sourire, le goût de la vie n'était pas revenu mais c'était en bonne voie désormais. La gitane se retourna ensuite, lui faisant dos, parce qu'elle cachait qu'elle avait peur de ce qu'il allait se passer dès le lendemain, la colère de Yukka et de ses envies de vengeances sur elle, sur lui, sur toute sa famille. La nuit fut donc assez difficile, Cármen n'était pas parvenue à trouver le sommeil malgré la fatigue, les pulsations de son cœur accélérés sous l'angoisse de voir le jour se lever sous le signe de la menace.

La femme de Mus'ab était partie dès les premiers rayons du jour, un panier de linge sous le bras et les avait laissés dans la roulotte. La jeune femme observait le soleil se faire un chemin entre les tissus couvrant les fenêtres, du bout de ses doigts jouant avec les quelques poussières qui dansaient dans les rayons de l'aube.

«  Quoi?! Tu te fous de moi Saaed ?! Il est où ce salopard ?? Je vais lui faire sa peau!! »Entendit on crier dehors.

Cármen sursauta, bousculée dans ce moment de paix qu'elle avait tenté d'avoir et tourna la tête vers Destan, Yukka avait hurlé tellement fort que cela avait réveillé tout le monde. La gitane ignorait si son ami était réveillé depuis longtemps ou pas, mais visiblement il était là.

« Ne sors pas s'il te plaît, reste avec moi. »

La jeune femme se retourna dans la couchette, ses mains s'agrippèrent à la chemise de l'homme pour le dissuader de tout mouvement, suppliante et le cœur cognant d'effroi dans sa poitrine.

«  Il va se calmer et s'en aller, reste là »

Et les voix au dehors s'élevèrent dans un violent conflit. Mais elle ne voulait pas le voir sortir et prendre le risque encore une fois de se battre.


   

Il suivit la jeune femme au travers du campement et fût ainsi présenté à Mus’ab qui gardait les cheveux et lui confia Oxalys non sans l’avoir dessellée. L’homme était un Haradrim ainsi donc ils ne purent échanger que de simples civilités, la barrière de la langue étant trop forte entre les deux hommes. Et il suivit Carmen entre les roulottes sans un bruit puisqu’ils allaient passer le reste de la nuit dans la roulotte du gardien des chevaux. Il ne pu qu’acquiescer, cela serait plus confortable que le sol à l’abord du feu de camp mais il ne souhaitait pas non plus que cela cause de problème à Carmen et aux siens.Saaed revient bientôt vers eux leur fournit des couvertures après avoir expliqué qu’à l’aube il chasserait le compagnon de sa fille et Destan entre à la suite de Carmen dans la roulotte de Mus’ab. Il salua l’épouse de ce dernier avant de se placer sur la paillasse et s’enrouler lui aussi dans les couvertures. Le clair de lune qui passait à travers l’ouverture tombait sur le visage de Carmen er cette dernière tourna son regard sur le capitaine pour le remercier ensuite de ce qu’il avait fait. Il sourit en retour avant de détourner son regard vers le plafond de la roulotte et répondre, balayant ainsi les remerciements inutiles :


La tension accumulée en cette journée avec le sauvetage dans les rapides, la veille de Carmen et le conflit avec Yukka eurent raison de ses dernières forces et il s’endormit bien vite, paisiblement avec comme dernière image le sourire de Carmen. Elle était bien mieux ainsi que bleuie de froid et il espérait qu’avec le temps tout finirait par s’arranger et qu’elle aurait repris entièrement goût à la vie. Et ainsi passa la nuit. Il dormit si bien que lorsque l’aube pointa ses rayons à travers la roulotte il en fût réveillé. Si bien même que lorsque la femme de Mus’ab avait quitté la roulotte dès les premiers rayons du jour il lui avait proposé de l’aider mais elle avait refusé. Il était ainsi resté quelques instants sous les couvertures, les yeux clos à réfléchir aux fortifications où il devrait se rendre aujourd’hui et les hommes qu’il devaient voir.

Et puis un cri le tira de ses pensées et il fit sursauter Carmen à ses côtés. Un homme avait hurlé et avait surement réveillé la moitié des pauvres hères ici. Il était aisé de reconnaître Yukka et de comprendre les mots qui venaient de briser le calme de l’aurore. Ainsi donc il souhaitait toujours lui faire la peau. Que cela ne tienne, il allait se présentera lui avec grande joie avant de l’humilier une fois de plus. Il vit Carmen le chercher du regard et lui demander de rester auprès d’elle avant qu’elle ne se retourne surs sa couchette et agrippe sa chemise pour le supplier de rester. Lui répétant qu’il allait se calmer et qu’elle souhaitait qu’il reste là.
Il la serra contre lui et déposa un baiser sur le haut de sa tête, comme un père l’aurait fait avec son enfant pour le rassurer et il se leva pour se poster prêt de la porte de la roulotte. Il fit cela non sans avoir pris son fourreau à ses côtés au cas où cet imbécile se mettait à vouloir chercher Carmen ou bien le Gondorien avec bien trop d’empressement. Il était présentable et rien ne laissait songer qu’il ait pu se passer quoique ce soit avec la jeune demoiselle ce qui était une bonne chose. Il ne souhaitait pas envenimer le conflit bien au contraire. Mais les voix ne faisaient que s’élever dehors et il montrait des signes d’impatiences, serrant sa main sur la garde de son épée, écoutant attentivement ce qu’il se passait en serrant la mâchoire. Il était silencieux, analysait les mouvements et le nombre de voix qu’il pouvait entendre afin de jauger ce qui se tramait dehors. Il ne pouvait se montrer et sortir de la roulotte avec Carmen dans la même que lui, cela n’était pas bon. Il aurait d’ailleurs dû dormir seul dehors ou sa jeune amie dans une autre roulotte, cela n’allait qu’éveiller des soupçons chez ce rat déjà si suspicieux.

Welcome, my shore
Welcome, silent wave

S'accrochant à son ami, pour l'empêcher de partir, elle entendait les insultes fuser à leur égard à tous les deux. Destan tenta alors de la rassurer, il la serra dans ses bras et déposa un baiser sur sa tête qui eu don de la rassurer, alors il allait rester ? Elle n'avait pas eu réponse à sa question et les doutes se firent davantage par la suite. Car la gitane le vit se lever, dans un vent de panique, elle se redressa pour le suivre du regard. Allait il faire le contraire de sa demande ? La jeune femme ignorait ce qu'il était en train de faire ni ce qui se passait dans son esprit, mais au cas où, elle se leva et vint à ses côtés. On pouvait voir ce qu'il se passait au dehors entre les deux pas de tissus couvrant la porte et Yukka s'agitait dans tous les sens, il faisait de grands gestes et voulait visiblement se mettre à la recherche du Gondorien qui avait réussi à avoir plus de faveurs auprès du chef qu'il n'en avait jamais eu. La jalousie brûlait dans ses mots, mais il se sentait aussi humilié d'avoir été ainsi écarté. Mais le père de Cármen haussait la voix aussi, il s'emportait concernant sa file, lui interdisait de la toucher, de l'approcher ou même de la regarder sans quoi il lui arracherait les yeux. Et puis ils en vinrent aux mains, ce qui plongea la gitane dans une angoisse d'autant plus folle qu'elle craignait pour son père. Les gitans les séparèrent tous les deux, Cármen elle, vint se blottir entre les bras de Destan, pour trouver le réconfort qu'il pouvait lui apporter juste par sa présence mais aussi pour le dissuader de sortir et s'en mêler.

Elle le protégeait, en quelque sorte, bien qu'il sache se défendre et qu'il ne soit pas celui à protéger. La tête posée sur son épaule, elle ne voulait plus entendre ces histoires, cela la plongeait un peu plus dans la culpabilité à chaque seconde. C'est ma faute, se répétait-elle - c'est ma faute. Alors elle ne voulait pas que Destan de nouveau soit pris dans les cordages, par sa faute. Il devait rester là, elle serrait sa silhouette de ses bras entourant sa taille, en essayant de calmer le stress qu'elle emmagasinait à chaque son, à chaque menace proliféré par Yukka. Cármen tremblait, elle avait peur, peur pour l'avenir qu'elle ne considérait pas sans vivre en faisant toujours attention autour d'elle. Yukka allait un jour la tuer, c'était une certitude, elle allait souffrir, agoniser sous sa colère et alors elle regrettait encore de ne pas avoir réussi à mettre fin à sa vie sur le coup.

Et puis, il fut chassé du campement, lui principalement, ses hommes pouvaient choisir mais bien évidemment ils avaient choisi de suivre le leader en étant perplexes de la situation. C'était un véritable déchirement entre deux communautés qui avaient vécu ensemble de temps à autres pour le meilleur et pour le pire, mais Saaed prenait un risque considérable en renvoyant ceux qui jusque là les avaient protégés. Les gitans qui constituaient leur groupe principalement n'étaient que familles, anciens éleveurs, pas de soldats, pas de combattants, leurs techniques de défenses étaient pauvres et ils se rendaient compte de cet handicap. La jeune femme relâcha son emprise sur Destan pour regarder au dehors et voir qu'effectivement le calme revenait peu à peu. Ils devaient attendre un peu avant de sortir, au cas où Yukka traine dans le coin. Mais Cármen de toute manière ne se sentait pas de sortir, elle voulait rester enfermée pour le restant de ses jours pour ne plus faire souffrir personne. Il n'allait pas abandonner si facilement, il allait revenir, elle en était sure, il allait revenir et la maltraiter, faire payer cela à tout le monde.

«  C'est ma faute...C'est ma faute...  »Fit elle dans une angoisse monstre, ne pouvant cesser de trembler. Yukka était entré dans sa tête, il l'avait manipulée pour la fragiliser et elle ne savait plus comment faire pour rester forte, ni comment prendre du recul.

Perdue, Cármen plongea son visage entre ses mains et doucement laisser échapper quelques larmes. Saaed attendit un instant puis vint leur rendre visite dans la roulotte en prenant soin de fermer derrière lui. Cármen s'éloigna pour aller se cacher dans un coin, disparaître. Le père de Cármen ne pouvait pas rester très longtemps, alors il observa Destan, c'était lui qu'il était venu chercher, ils devaient partir pendant qu'il était encore temps et ne pas laisser à Yukka l'occasion de revenir à la charge.

« Nous allons lever le camp maintenant et aller vers la porte Noire, pouvez vous nous guider? »fit-il.