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This is no game, little girl
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 This is no game, little girl

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MessageSujet: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyJeu 27 Fév 2014 - 22:15


This is no game, little girl
FLORA & ARADOR




ֆituée à dans le village de Bree, non loin du carrefour entre le Chemin Vert et de la Grande Route de l'Est, l'Auberge du Poney Fringant était à la fois un lieu de passage pour les voyageurs et un point de rendez-vous pour les habitants de la région, tant Hommes que Hobbits. Le bâtiment de trois étages n'était qu'à quelques rangées de maisons de la Porte de l'Ouest. Il comportait deux ailes et une cour au bout de laquelle une arche surmonte l'entrée, décorée d'une enseigne arborant un gros poney blanc. L'auberge s'étendait au pied de la colline, ce qui lui permettait d'offrir aux résidents Hobbits des chambres à leur convenance. L'établissement était la propriété de monsieur Poiredebeurré, un homme bourru mais bon dont le nom s'étale en lettres blanches sur la façade. Les aventuriers fatigués, cherchant du repos et quelques histoires entre amis s'y arrêtaient régulièrement, Bree étant à la croisée de nombreuses routes de la région. Avec une fréquentation qui n'était pas nécessairement des plus respectables entre les voyageurs de toutes sortes, rôdeurs, bandits et autres vagabonds, l'ambiance n'est pas toujours des plus détendues ni l'atmosphère des plus chaleureuses. Néanmoins pour se reposer ou apprendre les dernières nouvelles ou rumeurs des alentours, cela restait l'endroit idéal.

Conçue pour accueillir un grand nombre de voyageurs, d’aventuriers et de conteurs dans une grande salle confortable, le Poney Fringant était aussi une place de choix pour rencontrer des alliés éventuels et commencer des quêtes dans les terres sauvages au-delà de la relative tranquillité d'Eriador. Les habitants de Bree aimaient à dire qu'il s'agit du meilleur établissement que l'on puisse trouver dans la région. Propreté et hygiène y étaient généralement respectés, ce qui évitaient la propagation des parasites et des insectes comme dans la plupart des auberges. Tout y était relativement confortable et la patronne avait un goût certain pour la décoration et l'ameublement. La nourriture - et surtout la bière - n'était pas non plus mauvaise. Il suffisait de s'asseoir à une de ces tables avec sa pinte de bière ou son herbe à pipe et se laisser emporter par les frémissements qui agitaient la salle, parfois sombres, parfois joyeux, parfois musicaux...  Le tenancier et sa femme avaient également engagés quelques jeunes serveuses dont l'une d'elles, Flora, vivait ici depuis quelques années.

✣ ✣ ✣

Ce soir-là, la taverne était bondée. L'air obscurci par la fumée s'élevait des pipes et de la cheminée. Avec l'aisance que conférait l'habitude, Flora traversait avec empressement la grande salle, le plateau chargé de pintes de bières lorsque quelqu’un l’attrapa par le bras. Elle eut tout juste le temps de retrouver son équilibre pour éviter la catastrophe. La bière avait failli déborder et se répandre au fond de plateau mais grâce à son habilité elle avait réussit à garder toutes les bières dans les chopes sans en faire tomber une seule goutte. C’est donc avec un soupir de soulagement qu’elle considéra son exploit, avant de se tourner vers le mufle qui avait osé agir d’une façon si rude, les sourcils froncés et un air exaspéré sur le visage.

HOMME — Hey poupée, vient par là.

Il l'avait attiré près de lui et elle devait de nouveau faire preuve d'équilibre pour ne pas renverser le plateau et son contenu.

HOMME — Ça t'dirait qu'on aille s'amuser un peu toi et moi ? Et je t'montrerai ce qu'est un vrai homme...

Les hommes à la table ricanèrent bêtement. Celui qui l'avait interpellé et lui tenait toujours fermement le bras devait avoir une quarantaine d’années environ, tout à fait le portrait que l’on se fait des bandits ou des mercenaires qui sillonnaient la région. Il était assez sale, sentait la sueur, la terre et la poussière des chemins. Ses habits étaient d’ailleurs tout aussi sales et poussiéreux que sa personne. Il n'avait pas non plus l'air de rendre vraiment compte de l'hygiène. La jeune femme fit mine de ne pas être du tout impressionnée bien qu'elle n'ait pu s'empêcher de remarquer le visage et les bras de l’homme couturés de cicatrices, et l'immense hache qui trôné à ses côtés, posée contre le banc. A cet instant, c'était surtout la colère face à un tel comportement qu'elle ressentait, et non tellement la peur ou l'angoisse. Elle se dégagea avec empressement avant que celui-ci ne pose son autre main libre ailleurs sur son corps, et sans un autre regard à l'ivrogne se hâta pour servir le fond de la salle. Même ce n'était certes pas agréable, ce n'était pas la première fois qu'elle était confrontée à ce genre de situation et sans doute pas la dernière. Elle faisait son possible pour ignorer ces hommes un peu partout dans la salle qui la suivaient du regard, salivant comme des prédateurs devant une proie qui promettait d'être juteuse.

Flora avait déjà compris il y a quelques années que ses nouvelles formes, bien que discrètes, suscitaient une attention dont elle se serait volontiers passée. Cette attention se traduisait le plus souvent par des regards appuyés et des commentaires grivois qu’elle n’avait aucun mal à ignorer, mais, l’alcool aidant, elle générait parfois des tentatives de séduction brutales. Flora avait donc appris à esquiver les mains avides qui se tendaient sur son passage lorsqu’elle circulait entre les tables, et à repousser d’une remarque cinglante les plus audacieux de ses soupirants avinés. Elle était certes jeune, mais elle avait vite compris que personne, ni ses employeurs, ni ses clients de l’auberge, ne la considéraient comme une enfant. Elle avait désormais dix-sept années passées mais elle évitait de se lier avec quiconque, et utilisait ses rares moments de liberté pour s'échapper dans les bois, cueillir des herbes ou prêter ses talents de guérisseuse à ceux qui en avaient besoin. Sa vie de jeune vierge effarouchée et solitaire, son innocence apparente et sa fraîcheur naturelle avaient l'air d'attirer d'autant plus certains hommes, ceux qui cherchaient à posséder ce qui leur était inaccessible.

Elle n'était cependant pas insouciante au point de penser qu'elle pourrait continuer ainsi longtemps. Très vite elle avait compris qu'elle ne pourrait pas toujours échapper à ces hommes si elle devait compter à chaque fois sur quelqu'un pour venir la sauver. Il y a un temps, lorsque certains clients avaient commencé à se faire insistants, elle n'avait pu qu'écarquiller ses grands yeux de biche effarouchée, impuissante. Mais désormais elle n'était plus la même personne, elle savait se défendre et elle ne serait plus la victime attendant d'être sauvée. Elle n'aimait pas la violence et blesser les autres était la dernière chose qu'elle souhaitait, mais apprendre à se défendre avait davantage été une façon de réclamer un certain contrôle sur sa vie. Pour se protéger, elle portait également toujours sur elle un poignard affûté qu'elle avait trouvé dans les affaires de la vieille Badb. C'était une bonne lame qui devait sans doute coûter. L'acier était d'un tranchant redoutable et sa pointe acérée. De plus on lui avait fait savoir qu'il était aussi parfaitement équilibré, si jamais elle souhaitait s'entraîner un jour au lancer...

✣ ✣ ✣

Flora avait fini son service pour ce soir et la salle de l'auberge était pratiquement déserte à cette heure. Elle voulait se rendre aux écuries, un endroit dont elle allait sans aucun doute apprécier la quiétude cet instant. Au moment où la jeune fille passait devant la porte, quelques hommes en sortirent. Sales, l'air mauvais, et visiblement sous l'emprise de l'alcool, ils lui lancèrent des mots et paroles qu'elle ne retint pas. Ce n'était pas une poignée d'ivrognes qui allaient l'empêcher de sortir, surtout quand il s'agissait de se rendre dans le bâtiment juste à l'extérieur de l'établissement. Ce n'est pas comme si elle allait se promener dans les ruelles sombres de Bree.

Elle fut étonnée qu'il n'y ait personne. Les garçons d'écuries devaient déjà s'être couchés ou plus probablement, étaient partis jouer à la taverne du coin. Elle allait en profiter pour rester quelques instants près des chevaux qui logeaient dans les stalles. Parfois il y avait quelques merveilleuses nouvelles montures de clients de l'auberge. Ce soir-là, elle ne put que remarquer un magnifique étalon blanc. Elle s'approcha lentement de lui, leva sa paume tendue contre laquelle l'animal s'empressa de coller son nez chaud. La sensation était toujours tellement agréable. Flora sourit.

A ce moment, elle sentit une main lourde s'abattre sur ses épaules et la retourner violemment, lui plaquant le dos contre la porte de la stalle. Elle leva les mains, prête à répliquer, lorsque son agresseur lui attrapa fermement les poignets.

HOMME — Salut, ma belle. Alors comme ça on n'veut pas jouer avec nous ?

La nuit était tombée mais la lune et les étoiles offraient leur lumière à la rue aussi la jeune fille distingua-t-elle sans mal les quatre hommes qui l'attendaient. Ceux-là même qui étaient sortis de l'auberge un peu plus tôt et qu'elle avait trouvés répugnants. L'homme qui la maintenait était celui qui l'avait arrêté à l'auberge. Ses grandes mains entouraient sans peine ses maigres poignets et elle ne doutait pas qu'il lui suffirait de forcer légèrement sur ceux-ci pour les broyer. A présent qu'il était debout face à elle, elle se rendit compte combien sa propre petite stature paraissait minuscule face à ce géant. Flora se ressaisit bien vite, refusant de céder à toute forme de panique.

FLORA — Lâchez-moi !

Son ton était impérieux, froid, pas celui d'une jeune fille désespérée et en détresse mais définitivement celui de quelqu'un de farouche et qui n'allait pas se laisser faire. Ces coquins allaient être déçus s'ils s'attendaient à la voir tremblante de peur et à les supplier de l'épargner. Pourtant ce petit instant rebelle ne fit cependant que faire rire davantage les hommes et l'étreinte autour de ses poignées se resserra. Elle ne put s'empêcher de grimacer de douleur mais aucun cri n'échappa ses lèvres.

HOMME — Ne t'en fait pas gamine, tu l'regretteras pas. On va t'montrer ce qu'des hommes, des vrais, sont capables de...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase car le genou de Flora était parti dans son entrejambe, le faisant reculer et lui arrachant un cri de douleur. Le talon de la jeune fille percuta ensuite son sternum, lui vidant les poumons. Il se plia en deux et Flora crut voir son opportunité pour s'échapper lorsqu'un des trois hommes restants la rattrapa. Il fut alors stoppé net par un sauvage coup de poing porté au plexus solaire, poussa un glapissement et s'écroula.

FLORA — Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je ne suis pas intéressée par votre offre. Maintenant laissez-moi avant qu'il n'y ait d'autres blessés.

En position de défense, Flora se tenait fière et prête à répliquer et à lancer d'autres coups lorsqu'un des hommes tira une épée et pointa la lame sur sa gorge. Les hommes rirent à nouveau de cette impétuosité qu'ils ne s'étaient pas attendus à retrouver chez ce petite bout de femme, mais ils riaient jaune, n'étant pas habituer à se faire battre par quelqu'un qui faisait presque la moitié de leur taille.

HOMME — Ça suffit ! C'n'est pas un jeu, petite. Tu vas être bien gentille et faire c'qu'on te dit... D'accord ?

Il s'avança vers elle, le bout de l'épée toujours pointée sur sa gorge puis baissa lentement celle-ci, passant dans le creux de son cou, au milieu de sa poitrine, avant de s'arrêter au niveau de son ventre. Puis il rapprocha son visage tout près du sien et se saisit de son menton. Le mélange d'odeurs de sueur, de crasse et d'alcool était répugnant et elle devait réprimer des hauts-le-cœur. Retenant un instant son souffle, elle tourna la tête pour éviter de respirer l'haleine fétide qu'il soufflait désormais sur elle.

HOMME — Tu sais que tu es très mignonne...

L'homme avait placé son bras tenant l'épée autour de sa taille tout en la plaquant contre lui. Tenant son visage en coupe dans sa main, il l'avait à nouveau tourné vers lui, lui adressant un sourire carnassier. En réponse, Flora lui lança un regard furieux, essaya de se dégager et lança sa main pour le frapper au visage.

Elle ne vit pas le coup partir. C'est seulement à l'instant à sa tête bascula violemment sur le côté et qu'elle se retrouva projetée sur le sol qu'elle comprit qu'il l'avait frappé. Sonnée et légèrement nauséeuse, elle avait désormais le nez dans la paille. Ses lèvres étaient désormais colorées d'écarlate et elle pouvait sentir dans sa bouche le goût ferreux du sang. Il avait eu la main leste et l'avait frappé fort. Tant pis pour la partie "je-peux-enfin-me-débrouiller-et-me-défendre-toute-seule".

La jeune fille devait l'admettre, elle ne savait pas si elle pourrait se sortir seule de cette situation cette fois, et elle était trop affaiblie pour appeler à l'aider. Les yeux écarquillés, elle sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine. Cette fois-ci la peur était là, bien présente.



Dernière édition par Flora le Mer 7 Mai 2014 - 9:35, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptySam 8 Mar 2014 - 23:46



And now I'll make you suffer my sufferings

This is no game, little girl Giphy

Dans la nuit de Bree, ses pas se perdaient dans ceux d’autres vagabonds. Entre le bruit de l’eau que frappaient les pieds des hommes, celui des rires gras que l’on entend des tavernes, le bruit des chopes qui s’entrechoquent, il n’y avait nulle place pour le silence. Sa capuche rabattue, cachait son regard. Un regard sombre, orné de cernes, fatigué. Il traversait comme une ombre les rues et ruelles de cette ville des hommes, étape des voyageurs, mais aussi de la pègre. La pègre…ces hommes et femmes de petite condition, souvent de mauvaise foi, et aussi bas et viles que les rats qu’ils abritent chez eux. Ces hommes et femmes pour lesquels il n’arrivait pas à avoir la moindre once de pitié ou de respect. A Bree ils pullulaient. Et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il détestait Bree. Mais il en avait besoin. C’était un point de repos, un point d’information important, et une place forte des hommes de l’Eriador. Un lieu que lui et son peuple se devaient de garder hors des ténèbres venues de l’extérieur…mais celles de l’intérieur, que pouvait-il y faire ? Elles imprégnaient le cœur des hommes, se cachaient dans chaque petite allée, dans les recoins sombres de la ville, prêtes à vous sauter à la gorge. Traîtresses et infâmes, ces ténèbres étaient de celles qu’il ne pouvait combattre avec une lame que pour les transpercer, réduisant au silence à jamais leurs porteurs.
 
Il en était parfois las. Très las. Subir encore et toujours le mépris, ne jamais recevoir un seul dédommagement pour son labeur, être sans cesse sur les routes à connaitre le froid, la faim et la peur. Il était parfois las de cette vie qui n’en était pas une. Il ne savait pas combien de temps encore il pourrait la supporter. Il était perpétuellement aigre, dès lors que s’approchait Bree. Car il savait que ce qui l’attendait dès lors qu’il mettait les pieds dans cette ville, n’avait rien à envier à la compagnie de son cheval et de sa chienne. Ce soir encore, il avait connu au travers d’un ivrogne quelques vexations qui avaient tôt fait de raviver les flammes de sa colère. Des flammes qui avaient menacée de le dévorer, mais qu’il avait tût au fond de lui, leur intimant d’attendre leur heure. Elles auraient tout le temps de s’exprimer lorsque les nouvelles de quelques orcs lui parviendraient aux oreilles. 

Ainsi il avait quitté la taverne où il avait pensé passer la nuit, en compagnie d’un nain tout aussi taciturne que lui, et avait été s’isoler en dehors de la cité dans un bois proche. Il y avait passé près de trois heures, attendant que les choses se calment, aussi bien dans sa tête que dans la taverne qu’il avait laissée.  Mais ce soir, il ne voulait pas dormir à la belle étoile. Il avait encore des choses à faire en ville, des informateurs à questionner, et des provisions à acheter…Et la nuit était déjà bien avancée.
 
Silhouette noire, Arador se mouvait dans les rues de la ville, évitant avec soin les hommes de Bree. Il marchait d’un pas lent, sa monture derrière lui, sa chienne à sa hauteur. Dans ses mains, les rennes d’Asgar tenue fermement, le dunedain cherchait du regard une auberge plus ou moins vide. Il avait bien quelques adresses, mais aucune ne semblait vouloir lui convenir. Son regard se durcissait dès lors qu’il croisait une enseigne. De mauvais souvenirs en tête il grognait dédaigneusement puis reprenait sa route. Il était encore à vif, il se sentait humilié, et ne voulait absolument pas retrouver une ambiance trop avinée. Chat échaudé craint l’eau froide. Aussi il cherchait en vain, un lieu où il était certain de pouvoir dîner et dormir en toute sérénité, et calmer cette aigreur dans son estomacs. Aigreur qui lui tordait la gorge et assombrissait son visage. Le visage de quelqu’un qui n’a pas encore obtenu ce qu’il cherche. Ce qu’Arador recherchait, n’étant pas forcément une couchette pour la nuit, quoi qu’il en pense. Non. Inconsciemment, il cherchait la vermine qui avait ruiné son calme et sa patience. Il cherchait l’homme vers qui sa colère était dirigée. Il avait contre lui une rage sourde. Mais pas seulement contre lui…cette hargne semblait vouloir s’étendre à tout homme n’étant pas de son sang. Tout homme sans honneur ni noblesse d’âme qui croiserait son regard. Il était en colère contre les hommes. Tous les hommes d’une autre lignée que la sienne. Il les voyait, là, faibles de coeur, corrompus par le vice, à s’adonner aux pires vilenies, n’ayant aucun courage. Il les exécrait en cette nuit d’été où son regard voilé, cachait de sombres pensées. Des visions de mort et de souffrance. Des envies des joutes et de batailles. Des idées belliqueuses. Un cœur teinté par la rancœur d’une injustice passée, qui ne pouvait se guérir de lui-même, pourrissant son être de l’intérieur. Il n’en fermerait pas l’œil de la nuit. Il ruminerait tout cela dans sa tête. Il rongerait son frein, refrénerait ses ardeurs. Mais cela ne ferait qu’aggraver son mal. Il devait se décharger de toute cette haine. Qu’importe le moyen, qu’importe sur qui. Sa limite serait bientôt atteinte. Sa patience et son contrôle amenuisés, il n’y avait pour barrière à son courroux, que la simple conscience d’un homme éduqué dans le respect de la vie d’autrui.  Il devait laisser s’exprimer la colère pesant sur son âme. Il avait besoin d’extérioriser toute cette violence qui s’accumulait en lui.
 
Sa conversation avec le nain n’avait rien changée. Ce n’était d’ailleurs pas son but. Elle n’avait fait que détourner son attention l’espace de quelques heures du véritable problème. Le véritable problème étant qu’Arador ne savait pas pardonner.  Il ne savait pas laisser derrière lui les affronts, les querelles et les vielles rancunes. Il n’avait pas appris à absoudre les pêchés des autres, seulement les siens. Il n’avait qu’à courber l’échine et paraitre désolé, lui avait enseigné l’expérience et la vie auprès des hommes de Bree. Ainsi il avait appris à se taire devant l’injure, à ignorer les regards méprisants et à demander pardon pour des fautes qui n’étaient pas les siennes. Tout cela pour pouvoir passer inaperçus. Et il avait l’impression que nul ne comprenait ce qu’il pouvait vivre au quotidien, ses pères et lui-même devant se battre, risquer chaque jour leurs vie pour que ces hommes puissent vivre en paix. Ceux-là même qui crachait sans vergogne sur lui et ses frères, ignorant tout des exploits de ceux qu’ils appelaient des vauriens. Des vagabonds. Des moins que rien. Il ne pouvait plus se taire et prendre sur lui. Il en était venu à la conclusion que tout intérioriser n’était pas la bonne solution. Il en souffrait inutilement. Désormais, il ne se retiendrait plus. Le premier homme qui croiserait sa route aurait intérêt à être trop saoul pour ne serait-ce que le regarder…car cette nuit, Angurva était assoiffée. Assoiffée de sang.
 
Il ne s’en était pas rendu compte, mais sa main avait délaissé les rennes d’Asgar pour caresser doucement la garde de son épée. Un geste inconscient. Il marchait maintenant en direction de la dernière auberge de la rue, située près de l’entrée Est de la ville. De réputation honorable. Un patron plutôt conciliant. Peu de bagarres ou d’émeutes à son actif, elle lui serait toute indiquée. D’autant qu’il se souvenait avoir déjà eu l’occasion d’échanger avec le personnel. Excellent. Il allait enfin pouvoir se poser, dormir, oublier. Et reprendre sa route le lendemain.  Rien ne lui ferait plus plaisir à l’instant qu’un bon lit. Levant les yeux vers l’enseigne de l’établissement, Arador plissa des yeux  dans la pénombre. Sur le panneau de bois se balançant doucement dans un crissement agaçant, « Le Poney Fringant » était écrit en lettres cursives. Il s’aurait s’en souvenir.
 
Il toqua par trois fois. Durant un moment, debout au dehors, il attendit qu’un quelconque garçon d’écurie vienne lui récupérer la bride de son cheval afin de le mener à un box de libre, les yeux fixés sur la porte close. Mais nul ne vint. Il attendit encore un moment, avant de froncer les sourcils et jeter un coup d’œil à travers l’une des vitres de l’établissement. La salle principale était déserte. Nulle lumière, nul bruit, nulle âme qui vive. En même temps il ignorait l’heure, mais se doutait que chacun devait déjà avoir rejoint les bras du sommeil à présent. Soupirant d’agacement, le rôdeur toqua encore, un peu plus fort. Seul le grincement de l’enseigne se balançant au dessus de sa tête lui répondit. Exaspéré, son poing rencontra la porte avec rage. Il allait être contraint de dormir dehors si ça continuait. Reprenant la bride de son cheval, Arador décida d’aller faire un tour près de l’écurie, voir si par mégarde, les écuyers n’avaient pas laissé ouverts quelques box où lui et sa monture pourraient passer la nuit. Un sifflement rappela Anca à l’ordre alors qu’elle commençait à gratter le pas de  la porte. Se remettant en route, le dunedain  ressentit d’autant plus la fatigue qu’il savait désormais où il allait probablement devoir coucher. Entre la paille et le crottin de cheval. Oh joie.
 
Son pas silencieux, sa respiration  lourde, le rôdeur contournait l’auberge, son ombre se fondant dans la nuit. Il pensait pouvoir parvenir à l’écurie sans rencontrer âme qui vive. Il pensait que sa malchance avait une limite, mais il s’était bien trompé. Arrivant devant la porte en bois du dortoir des chevaux, Arador se stoppa net, tendant l’oreille. Il entendait des bruits. Des sons de voix formulant des mots et des phrases dont le sens lui était encore incompréhensible à cette distance. Délaissant son pur-sang, le rôdeur reprit ses instincts, et sa discrétion pour s’approcher encore un peu plus des sons qui sortaient de l’écurie. Il poussa doucement la porte, faisant attention à ne pas la faire grincer, pour arriver devant une scène qui eu tôt fait de faire remonter en lui toute sa colère, assourdit par sa raison clairvoyante.
 
Devant ses yeux, semblait se dérouler le film d’une scène qu’il n’était pas sûr de vouloir comprendre. Il hésitait entre se détourner de tout ceci et faire comme s’il n’avait rien vu, ou au contraire rester là, voir la suite des événements et agir. Dans l’allée des box, quatre hommes entouraient une silhouette féminine, au sol. Il fixa son regard sur le visage de la femme, tournée vers l’un des hommes, et d’où se lisait une pointe de crainte. Flora. La serveuse de l'auberge? Ce nom était venu s’immiscer dans ses pensées comme une évidence. Il la connaissait.  Ou du moins, il lui avait déjà suffisamment parlé pour que son nom et ses traits lui soient familiers. Il ne savait pas ce qui s’était passé un peu plus tôt, mais au mince filet de sang s’écoulant de la lèvre de la jeune femme au sol, Arador devinait qu’ils n’étaient pas simplement en train de contempler les naseaux des chevaux. Et ce mince filet de sang était surement ce qui ravivait au creux de son ventre, les flammes d’une colère, sourde et grondante.
 
-Bonsoir Messieurs. 
 

Finalement, il avait choisi de rester. Il allait rester. Pourquoi ? Il ne le savait pas encore. Pas vraiment. Il devinait que ce choix allait lui apporter quelque chose. Mais quoi ? Impossible pour lui de le deviner. Des ennuis tout au plus. Ou peut-être la vengeance qu’il recherchait avidement. Car en dévisageant avec plus d’attention les quatre hommes, il en reconnu un. Pour l’avoir longtemps méprisé quelques heures plus tôt, il n’aurait pas put l’oublier. Il avait devant lui sa crapule. A quelques mètres. A sa portée. A sa merci. Surprise. Un sourire noir de mauvaises intentions s'esquissait sur sa figure. En lui, une furieuse envie d’en découdre le prenait aux tripes. Un serpent de hargne et de vice lui tordait les entrailles. Son champ de vision sembla se rétrécir. Il ne voyait plus rien, si ce n’était le visage de son homme. Celui-ci ne l’avait pas encore reconnu, et il n’en aurait surement pas le temps. Arador avait dans sa main une petite arme de jet, sortie d'un replis de son manteau, qui n'attendait que le moment où elle fendrait les os et la chair. Sa face était sombre, un rictus sinistre étirait ses lèvres, son regard, aussi sombre que les cachots de Barad Dur, s’était chargé d'une lueur cruelle. Dans sa tête défilaient déjà tous les sévices qu’il ferait subir à l’homme. S’il parvenait à mettre la main sur lui, ce qui n’était pas loin d’arriver, il était clair que même la présence d’une jeune femme extérieure à sa rancune, ne l’empêcherait pas de mettre sa haine à l’œuvre pour ôter ce petit sourire vicieux adressé à la barmaid, des lèvres de l’ivrogne
.





Dernière édition par Arador le Mer 19 Mar 2014 - 12:34, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyMar 11 Mar 2014 - 11:37




Maintenant qu'elle était à terre, les hommes riaient plus franchement, se lançaient des coups d'œil égrillards, s'amusaient de sa détresse. Jamais elle ne s'était retrouvée dans une situation aussi dangereuse, seule contre quatre hommes, et elle savait que si elle commettait l'erreur de crier à l'aide les bandits n'hésiteraient pas à lui trancher la gorge. Elle était en position de faiblesse, après avoir été jeté sur le sol de paille. Son cœur battait violemment dans sa poitrine alors qu'elle essayait de maîtriser la peur qui s'insinuaient en elle.

VOIX — Bonsoir Messieurs.

Cette voix arrivait de nulle part, un miracle presque trop attendu mais qu'elle n'aurait pu prévoir. Cela la fit soudain revenir à elle. Elle connaissait cette voix, c'était celle d'un jeune Rôdeur, Arador, qui parcourait ces contrées et s'arrêtait parfois à l'auberge. Plus d'une fois elle avait secrètement espéré qu'il lui propose de venir avec lui, qu'il l'emmène loin de cette ville, à la découverte monde, pour vivre d'incroyables aventures. Elle pensait vivre une vie morose et sans intérêt mais ce soir lui avait offert son lot d'adversité, et elle s'en serait bien passé.

Elle reconnaissait cette voix mais elle en revenait à peine d'entendre un tel ton. Derrière sourdait la colère, voire même la rage, la haine. Elle n'avait jamais entendu le jeune Rôdeur ainsi et lui d'ordinaire si affable lui paraissait presque étranger. Cela n'annonçait rien de bon visiblement. Un frisson la parcourut. Elle tenta de reculer discrètement vers le fond de l'écurie alors que les hommes avaient leur attention portée sur le nouvel arrivant lorsque celui qui se trouvait juste en face d'elle l'arrêta en pointant son épée sur sa poitrine.

HOMME — Toi tu n'vas nulle part ma jolie, et toi qu'est-ce qu'tu viens foutre ici avorton ? T'es l'garçon d'écurie, c'est ça ? Tu ferais mieux d'passer ton chemin et d'nous laisser à nos affaires gamin, si t'as pas envie d'avoir d'ennuis...

Flora ne pouvait pas voir le visage d'Arador dans l'ombre, mais elle pouvait dire que c'était une très mauvaise idée de s'adresser ainsi à lui en cet instant. La tension dans l'air était presque palpable, étouffante. Elle espérait qu'il ne fasse rien de regrettable et de dangereux car elle avait toujours une lame pointée sur elle.



Dernière édition par Flora le Mer 7 Mai 2014 - 9:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyMar 25 Mar 2014 - 14:01



And now I'll make you suffer my sufferings




Son regard implacable fixé sur les quatre hommes menaçant de leurs ombres agressives la petite femme du peuple travaillant à l’auberge du Poney Fringant, Arador souriait, l’air sombre. Sur ses traits se lisait une perversion sans nom, une envie de massacre que même les plus avides mercenaires lui auraient envié. Son sourire était vicié par tout le sadisme qui remontait par vague de recoins perdus des ses entrailles dont il n’avait jamais eu conscience qu’ils existaient. Il n’y avait plus rien d’humain dans la lueur présente au fond de ses yeux d’onyx. Sur le moment, l’image du rôdeur tranquille et de l’homme magnanime que la jeune femme avait surement déjà dû servir avait complètement disparue, altérée, et déformé par une colère trop longtemps refoulé.  Il n’avait jamais été aussi corrompu par sa rancœur. Tout son être hurlait bestialement réclamant à grand cris, mort et massacres.   Il n’était plus un homme.  Même pas un animal. Un prédateur barbare. Et il venait de trouver sa proie.

HOMME — Toi tu n'vas nulle part ma jolie, et toi qu'est-ce qu'tu viens foutre ici avorton ? T'es l'garçon d'écurie, c'est ça ? Tu ferais mieux d'passer ton chemin et d'nous laisser à nos affaires gamin, si t'as pas envie d'avoir d'ennuis...

Des ennuis? Lentement, tel un serpent dévisageant au loin une proie appétissante, le rôdeur tourna son regard mortel vers l’homme qui venait de parler. Dans son sourire, une joie malsaine s’était glissée, rendant encore plus dérangeante l’expression de son visage juvénile. Son regard darda celui de l’homme venant de l’apostropher, muet et immobile Arador ne semblait pas vouloir répondre à ce congédiement. Les actions ont toujours une portée plus grande que les paroles, lui avaient toujours dit son père. Dans sa main droite, il tenait toujours son petit couteau. Léger, maniable, tranchant. Il le tenait de façon détendu, bien visible désormais…Encore quelques secondes. Puis l’instant d’après l’arme avait disparu, s’étant dans un grognement suivit de gargouillements, enfoncée dans la gorge désormais fendue de l’homme saoul. Sa main en l’air suspendue, dans un mouvement aussi vif et précis que gracieusement mortel,  Arador souriait aimablement à la petite serveuse qui avait désormais en face d’elle un cadavre debout, la bouche ouverte dans un cri muet, du sang giclant de la blessure béante faite à sa gorge. C’était un sourire qui sonnait atrocement faux, et qui ne respirait aucunement la gentillesse et l’amabilité. Un sourire qui ne présageait rien de bon pour les secondes à venir.

En face de lui les hommes, un instant, choqués par la mort aussi sanglante que rapide de leur camarade de beuverie, avait sortis leurs armes lui hurlaient milles menaces et malédictions. A côté le corps du malheureux ayant pris la parole un peu plus tôt venait de s’effondrer au sol, terminant de la souiller de son sang. Arador lui regardait la scène avec un certain amusement morbide. Dans une démarche aussi féline que hautaine il s’avança dans l’écurie, sa chienne derrière lui montrant ses crocs, menaçante, son cheval resté dehors. Il agissait avec l’assurance de n’avoir rien à craindre des lames pointées sur lui, n’attendant qu’un geste pour lui tailler un deuxième nombril.  

-Bonsoir Messieurs. Je me présente…

Il eut à peine commencé sa phrase que l’un des ivrognes se rua sur lui toute lame dehors, hurlant comme un forcené qu’il allait lui faire regretter d’avoir tué son frère. Seul un rire dément lui répondit. Arador évitait les coups d’épées à la manière des elfes qu’il avait appris à imiter. Pour l’instant il n’avait plus d’arme en main son couteau resté enfoncé dans la gorge de son premier sang versé. Il semblait s’amuser des efforts que faisait l’homme pour l’atteindre. Puis sans crier gare il y eu un éclat de métal, froid, implacable, et une main se détacha d’un bras, dans un cri étranglé de pure souffrances.  L’homme, qui l’avait attaqué désormais agenouillé au sol, tenait de sa main restant, un moignon ensanglanté. Désarmé il leva un regard confus par l’alcool et la douleur vers son bourreau qui lui adresse pour faire bonne mesure un rictus dégoulinant de fausse compassion, avant sa tête ne rejoigne sa main au sol sous les yeux médusés des deux dernières vermines encore debout. Toujours souriant, Angurva, son sabre elfique sorti de son fourreau et éclairé par  la mince lueur de la lune pénétrant l’écurie Arador fit un salut aux deux  vermines encore debout. Ignorant la jeune serveuse dont il ne se rappelait que le nom, le rôdeur avait les yeux fixés sur l’un des hommes en particulier. Rabattant sa capuche pour dévoiler son visage, le seigneur des dunedains se délecta de l’éclat de frayeur qui se logea dans les yeux de celui qui quelques heures plus tôt avait tenté de l’humilier pour finir par fuir sous sa lame vengeresse. Mais cette fois-ci, il ne lui échapperait pas. Et il le savait. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que doucement il commença à reculer vers le fond de l’écurie dont la petite porte de sortie apparaissait comme son seul salut, son compagnon inconscient de ce repli pleutre et couard.

-Je me présente, je suis la Mort. Déclama d’un ton grave et parfaitement sérieux, le rôdeur dont le sourire ne faisait que s’agrandir au fil des secondes.

En face de lui le compagnon de la crapule dont il voulait la tête cracha à ses pieds avant de l’attaquer de front, son jugement embrumé par les litres d’alcools qu’il avait dû boire dans la soirée. Et c’est dans un mouvement souples et ample, que d’un coup d’estoc, l’héritier d’Isildur lui transperça, ne laissant aucun chance à son cœur de battre encore quelques instants. Il était désormais couvert de ce liquide poisseux, qui avait repeint le sol et la paille en rouge sang. Ôtant sa lame du cadavre de son troisième homicide de la nuit,  Arador essuya celle-ci sur le corps sans vie du pauvre hère ayant décidé de croiser le fer avec lui à un moment où il aurait mieux fallut le fuir.  Ne restait plus désormais qu’un seul homme. Un seul. Celui dont les cris de douleurs allaient bientôt résonner dans la ville de Bree. Le rôdeur en jouissait d’avance…
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyLun 7 Avr 2014 - 15:54


Trois hommes gisaient à présent à terre dans un bain de sang. Tout s'était déroulait si vite que Flora n'avait pas tout à fait réalisé. Ce n'est que lorsqu'elle vit dans la pénombre le ranger se rapprocher lentement du dernier homme encore en vie, menaçant, et qu'elle sentit cette odeur de sang et de mort la prendre aux tripes qu'elle comprit ce qui venait de se passer.

FLORA — ARRÊTEZ ! Arrêtez, je vous en prie. Ne faites pas ça.

Le visage de la jeune femme était décomposé par l'effroi. Encore sous le choc, elle avait les membres trop faibles pour avoir le temps de se jeter sur le ranger et le stopper dans son élan. Trois hommes étaient morts. Il les avait tué sans la moindre hésitation, sans leur laisser la moindre chance de s'en sortir...

Les paroles qu'il avait prononcé plus tôt résonnaient dans ses oreilles. "Je suis la Mort..." Qui était cet homme ? Était-il réellement le jeune ranger qu'elle avait connu ? Était-ce la même personne qui était responsable de cette boucherie. Tout cela était un cauchemar, un véritable cauchemar...

Flora avait déjà côtoyé la mort auparavant. Il y avait bien eu quelques malades ou blessés qu'elle et Badb n'avaient pu sauver. Mais c'était différent, complètement différent. Jamais elle n'avait vu un être humain en tuer un autre. Elle savait bien que ce genre de choses arrivait bien sûr, mais elle n'en avait jamais été témoin.

Les images semblaient passer en boucle dans sa tête. Les cris qui résonnaient. Le son froid des lames qui s'entrechoquaient furieusement. Les hennissements des chevaux stressés. Les gargouillements de sang. Toute cette violence... La jeune fille en était horrifiée et malade. Elle hoqueta, se cachant la bouche d'une main, les yeux emplis de larmes.



Dernière édition par Flora le Mer 7 Mai 2014 - 9:36, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyMer 9 Avr 2014 - 20:20



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Il était si proche, si proche. Il pouvait presque entendre les battements de cœur de la vermine qui se décomposait au sol. Suppliant d’épargner sa vie. Misérable, tellement indigne. Il ignorait comment les hommes pouvaient tomber aussi bas. Et il ne voulait pas le savoir. Ce soir il avait un affront à laver, et nul temps pour se pencher plus avant sur la déchéance de sa race. Il aurait tout le temps de le faire une fois qu’il aurait accompli ce pour quoi son esprit brûlait de milles flammes noires.

Il s’avançait désormais lentement vers le fond de l’écurie. Tandis que les chevaux, sentant un danger, se mettaient à piaffer et au s’agiter, le rôdeur lui, était entièrement concentrée sur sa tâche. Dans sa main, Angurva, souillée de sang et de chairs, luisait. Angoissante. Son visage, orné d’un rictus cruel, pâle comme la mort, n’avait presque rien de l’humain et du noble homme qu’il était, seul résidait peut-être dans un recoin de ses yeux d’obsidienne, un peu de raison et d’honneur...Encore faudrait-il parvenir à les faire resurgir. Car avançant impitoyablement vers le fond de l’écurie où le vaurien qu’il chassait s’était replié, cherchant à tout prix à ouvrir la porte arrière qui le mènerait sans doute vers une possible échappatoire. Un destin funeste l’attendant pour sûr s’il ne parvenait pas à ouvrir cette porte.

FLORA — ARRÊTEZ ! Arrêtez, je vous en prie. Ne faites pas ça.

Les pas du Rôdeur se stoppèrent. Il était si près désormais, que chaque détail du visage fuyant de sa proie lui apparaissait clairement. Cette vision ne lui donnant que plus envie de planter sa lame dans la chair, quelque soit l’endroit, de l’homme. Mais il avait de ce fait presque oublié la petite femme qui se tenait non loin. Horrifiée par ce qu’elle voyait, sanglotant, et couvrant ses lèvres de sa main fine et tremblante. Dans sa folie il l’avait omis. Mais qu’elle importance lui soufflait une voix dans son esprit. Elle n’était rien pour lui. Pourquoi s’en soucier ? Oui c’est vrai, il pourrait être indifférent à son cri, à sa peur, et continuer sa marche funèbre vers un peu moins d’humanité. Il pouvait…Et c’est ce qu’il fit. A quoi vous attendiez vous. Il n’était pas arrivé à ce point pour reculer sous les suppliques d’une inconnue. Elle ne savait rien de lui. Elle ne savait rien.

Il continua à avancer vers l’homme qui de ses yeux cherchait toute faille qui pourrait lui permettre d’échapper au regard implacable, et mortel du rodeur. Et quand il vit qu’il n’y avait put rien en lui et la lame meurtrière, il se mit à supplier. Il supplia, et supplia encore qu’on lui laisse la vie. Mais Arador n’était plus en état d’écouter. Il s’avançait toujours, et encore. Imperturbable. Tremblant légèrement d’anticipation, d’excitation.  Avant d’être stoppé par un éclat d’argent sorti d’un pan de la veste miteuse de l’ivrogne. Dans un mouvement de surprise, et rapide, un reflexe obtenu au bout de longues années de guet sur les terres du nord, il leva son avant-bras, grognant de douleur –ou de surprise-  quand l’acier d’un petit couteau le transperça. Il sentait la lame remuer dans sa chair, et son cœur tambouriner contre sa poitrine sous l’adrénaline. Il lutta avec l’homme qui venait de le planter, et menaçait de recommencer visant sa poitrine, dans un geste de désespoir, luttant pour sa survie. Arador avait été trop arrogant, ne se méfiant plus de la proie qu’il avait acculé. Ne pensant pas que celle-ci aurait encore assez de ressource pour répliquer.  C’était inacceptable. Il ne pouvait l’accepter. Avec un cri de rage, un cri sauvage, voyant rouge, le rôdeur renonça alors à toute idée de torture, il ne voulait plus jouer. Tous ces cris allaient surement finir par attirer l’attention. Il était non loin d’une taverne fréquenté après tout. Il fallait en finir.

L’homme visait désormais sa poitrine, cherchant à viser le cœur, pour en finir, dans un quitte ou double geste de survie. Il aurait put réussir son coup, Arador encore sonné par la douleur et la soudaineté du coup qui lui avait été porté, mais le vaurien avait trop bu. Et il le regretta, trop tard peut-être, lorsque le fil de la lame lui passa sur la main, la détachant du reste de son corps. Elle tomba dans un bruit lourd, le couteau qu’elle tenait encore fermement maintenue. Et l’ivrogne resta silencieux quelques secondes.  Puis il hurla.  Son cri déchira la nuit, réveillant les chiens bâtards, allumant quelques lumières dans les habitations de la ville. Puis il se tut.

Dans l’écurie, l’homme à genou, tenant son moignon ensanglanté, gémissant douloureusement. Sa respiration erratique, du sang suintant de l’endroit où quelques seconde plus tôt s’était tenu une main. Arador lui, se tenait droit et distant, faisant tout pour ne pas paraitre souffrant. Son visage était fermé. Et ce fut d’une voix tranchante, froide et dure comme la pierre qu’il dit à l’estropié.

-Fait courir le bruit…fait enfler la rumeur… nulle insulte envers mes gens ne sera plus laissée impunie... Maintenant disparait misérable…et prie pour que nos routes ne se recroisent jamais.

L’ivrogne ne se le fit pas dire deux fois, et c’est le dos courbé sous la douleur, qui s’enfuit de l’écurie,  manquant de trébucher plusieurs fois. Lorsqu’il eu disparut, Arador se sentit perdre pieds. Il n’y avait plus rien pour le maintenir debout, sa colère s’étant évanouie aussitôt que son châtiment avait été rendu, sitôt que le sang eut coulé. Il n’avait plus que la douleur pour compagnie. Ah et la petite serveuse bien sûr. Il l’avait négligé jusqu’à présent. Et il ne savait trop quoi faire de sa présence. Devait-il la renvoyer ? Irait-elle parler de ce qu’elle avait vu ? Il n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait, ni de ce qu’il devait faire d’elle. Ce n’est qu’après avoir levé vers elle un regard encore embrumé par des ténèbres venues du plus profond de ses entrailles, qu’il prit une grande inspiration et se décida sur sa prochaine action. Faisant un pas dans la direction de la jeune femme, le rôdeur sentait tout son corps peser comme milles enclumes. Il se sentait tellement vide, et lourd à présent. Comme purgé de toute énergie. Mais au moins avait-il retrouvé un semblant de lucidité.

-Tu dois être Flora…la serveuse. prononça sans émotion sa voix rendue rauque par la douleur.

Il ne savait que dire d’autre. Que pouvait-il dire fasse au visage effrayé, horrifié de la jolie brune. Il avait sauvé son innocence, mais n’avait nullement épargné son esprit de la vision d’un bain de sang. Pour autant il ne ressentait nul regret ou culpabilité. Il était dans l’une des plus grandes et malfamée ville des hommes. Ce genre de scènes, il en avait vu d’autre. Et pensait injustement qu’elle avait dû en voir aussi, même si son air bouleversé suggérait le contraire. Aussi c’est maladroitement qu’Arador remis dans son fourreau sa lame. Il était vraiment en piteux état.
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyJeu 10 Avr 2014 - 10:15


ARADOR — Fais courir le bruit, fais enfler la rumeur… Nulle insulte envers mes gens ne sera plus laissée impunie... Maintenant disparais, misérable, et prie pour que nos routes ne se recroisent jamais.

Sur ces mots, l'homme qui avait eu la main tranché s'enfuit sans demander son reste, terrifié. La jeune serveuse vit le vigilante tituber un instant. Il avait l'air visiblement mal en point, hagard comme le serait sans doute un homme fou qui vient d'accomplir trois meurtres en une nuit et venait d'en blesser un quatrième. Peut-être était-il enfin en train de revenir à ses sens et réalisait-il la boucherie qu'il avait commise ?

Il fit un pas vers elle, couvert de sang, et elle recula aussi loin que possible sur le sol de l'écurie, ce qui ne mit pas longtemps avant qu'elle ne sentit un des murs dans son dos, l'empêchant d'aller plus loin. Le cœur battant avec violence, la bouche entrouverte, elle avait envie de le supplier de l'épargner et de ne pas lui faire de mal mais sa voix restait bloquée dans sa gorge.

ARADOR — Tu dois être Flora… la serveuse.

Flora finit par remarquer l'expression de souffrance qui se peignait sur son visage, ces grimaces de douleur qu'il tentait de dissimuler et le sang qui s'égouttait lentement de son bras jusqu'à sa main. Une partie de ce sang devait donc être le sien... Il avait été blessé. En temps normal son instinct de guérisseuse l'aurait fait se précipiter à sa rencontre pour le soigner, mais elle avait trop peur, bien trop peur de cet homme.

Peut-être aurait-elle finit pas comprendre si quelqu'un avait tué ces hommes en essayant de la sauver, mais pas de cette façon. Il y avait eu chez lui quelque chose... Une forme de bestialité qu'elle ne parvenait pas à comprendre et qui l'emplissait d'horreur. Comme si pendant un moment, toute humanité l'avait quitté. Il n'avait pas fait que rendre la justice, c'était comme s'il y avait trouvé une forme de plaisir, comme s'il s'était trouvé dans son élément lorsqu'il s'était lâché et était entré dans cette danse de la mort...

La jeune femme ne pouvait toujours pas parlé, elle se contentait de fixer le rôdeur de ses yeux écarquillés, le visage baigné de larmes bien que celles-ci aient arrêté de couler. Elle s'était crue forte, suffisamment forte pour ce monde, elle s'était trompée. Elle n'avait pas été préparée à cela, à un tel déchaînement de violence... Peut-être cela lui avait-il finalement ouvert les yeux ? Peut-être était-ce la preuve dont elle avait besoin pour réaliser qu'elle devrait apprendre à devenir encore plus forte si elle voulait avoir une chance ?



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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyJeu 10 Avr 2014 - 16:47



Keep calm and introduce yourself - Part 2



Sans mot dire, Arador laissait son regard glisser sans retenue sur le corps de la jeune serveuse. Elle restait prostrée au sol. Son visage trahissait toute la peur et l’horreur qu’elle avait ressentie. La scène dont elle avait été témoin avait de quoi retourner l’estomac certes. Et lui n’avait sans doute pas fière allure. Il ignorait de quoi il avait l’air, mais ce ne devait pas être rassurant. La jeune fille tentait frénétiquement de s’éloigner de lui. Avait-elle peur qu’il lui fasse du mal ? Qu’il la viole ? Il n’avait jamais compris les vielles femmes de son village qu’il entendait raconter parfois, dans quel état de bestialité elles retrouvaient leur mari. Après une  bataille, il semblait connu que les hommes étaient complètement désinhibés.  Peut-être avait-elle entendu ces histoires elle aussi. Ce qui expliquerait son geste de recul.

Mais il n’y avait pas d’échappatoire. Et il avait encore un peu de lucidité pour ne pas s’abaisser à des gestes qui ternirait son honneur à jamais. Il n’en avait d’ailleurs pas envie. Il faudrait –même à une prostituée chevronnée- beaucoup de patience et de savoir-faire pour le réveiller. Sur l’heure il se sentait presque comme un mort vivant. Il n’avait jamais été un tueur. Tuer des orcs, cela pouvait lui tirer de la satisfaction par moment. Tuer des hommes, en revanche, il n’avait jamais aimé ça. Et pourtant il s’était délecté du goût du sang qu’il avait eu sur ses lèvres. Il s’était enivré du pouvoir qu’il avait eut ses ces vies qu’il avait prises. Il s’était montré sans pitié. Et il avait aimé ça. Alors pourquoi maintenant se sentait-il si vide ? Il se sentait mort de l’intérieur, et pourtant il vivait. Comme un spectre.  Il stoppa son cheminement de pensée. Ce n’était qu’une mauvaise passe. Il n’avait jamais eu autant d’émotions fortes en si peu de temps. Il reprendrait la route et ça irait mieux.

Mais avant il avait encore quelques petites chose à faire. Rentrer son cheval dans un box, parquer sa chienne avec…et dormir accessoirement. Dormir. Pour ça il lui faudrait une chambre. Il n'avait soudainement plus envie de coucher dans la paille celle-ci souillé de sang. Et Le poney Fringant était fermé. Il n’avait vu aucune lumière lorsqu’il était passé devant. Mais il se pourrait bien que la serveuse lui soit utile alors. Elle lui devait. Elle avait une dette envers lui. Il l’avait sauvé d’un viol, peut-être même d’un égorgement. Ces trois hommes il en était presque certains n’auraient pas hésité à lui trancher la gorge une fois leur affaire finit. Et personne ou presque n’en aurait eu rien à cirer. C’était ça la vérité de cette ville.

Distraitement son regard se posa sur les hommes qu’il avait abattus. L’un avait encore son couteau planté dans la gorge, l’un terminait de se vider de son sang sur le dallage et la paille froide de l’étable, et le troisième avait vu sa tête être séparée de son corps. Il ne pouvait pas dire qu’il était fier de lui. En faite il ne ressentait rien quant à leur mort. Ils étaient mort, et alors ? Il y en aurait d’autre pour les remplacer dans les tavernes et les bordels de cette maudite ville. Pour ce qu’il en savait personne ne les regretterait. Mais la jeune fille en revanche…

Reposant ses yeux sur elle, il détailla sa face déformée par l’angoisse et la compréhension de ce qui s’était déroulé juste sous ses yeux. Une pensée fugace concernant la beauté de ses yeux traversa furtivement l’esprit d’Arador alors qu’il relâchait l’étreinte qu’il faisait peser sur son bras blessé. Levant en l’air ses deux mains, il tenta de lui faire comprendre qu’il ne ferait rien. Elle n’avait jamais fait parti de ses plans, et même si il voyait désormais en sa présence une utilité, il ne la toucherait pas…à moins qu’elle le lui demande. Mais il n’était pas sur qu’elle ait envie d’être en contact prolongé avec un meurtrier. Bien trop innocente pour avoir le goût des hommes dangereux. S’il n’avait pas été aussi las et fourbu, le rôdeur en aurait presque rit.  Au lieu de cela, il siffla subtilement ses compagnons de voyage. Le bruit de sabots et le cliquetis de griffe sur le sol se firent entendre avant que la belle tête d’Asgar, pur-sang du Rohan ne fasse son apparition. Suivit de près par la fourrure grise et blanche de sa chienne batarde, croisement entre un chien et un loup. Un chien loup. Attachée à son maitre, mais toujours sauvage.

Doucement, presque comme il l’aurait fait avec un animal sauvage, il tendit celle de ses mains qui n’avait subit aucune blessure, vers la serveuse, paume au ciel, comme une invitation.





Dernière édition par Arador le Mar 15 Avr 2014 - 17:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyJeu 10 Avr 2014 - 18:54


Le visage décomposé par l'effroi, les yeux écarquillés et toujours sous le choc, elle le vit la dévisager. Elle aurait fuit sans doute si elle n'était pas encore paralysée par cette peur qui tétanisait tout son être et faisait trembler son corps avec violence. L'estomac toujours noué par ce qui venait de se passer, elle savait pourtant qu'il ne lui ferait aucun mal. Elle le sentait. Alors pourquoi avait-elle aussi peur ?

Il leva en l'air ses deux mains désormais libres depuis qu'il avait rengainé son épée. Celles-ci étaient peut-être vides mais, rouges de sang, n'en étaient pas pour autant rassurantes. Elle le vit sourire fugacement avant de laisser échapper un sifflement. Ne le quittant pas du regard, elle ne fit qu'entendre le pas lourd d'un cheval et celui plus léger d'un chien qui s'avançaient dans l'étable.

Flora le vit s'approcher encore un peu et tendre lentement sa main vers elle, paume ouverte. Lui demandait-il de lui faire confiance ? Allait-elle vraiment accepter cette main couverte d'un sang qui était en partie celui de ses victimes ? Alors qu'elle hésitait, elle fut surprise lorsqu'elle sentit une chaleur moite et remarqua qu'un grand chien - ou était-ce un loup ? - était en train de lui lécher la main. Elle n'eut pas peur mais au contraire, et alors qu'elle sentait sa langue râpeuse sur sa paume, elle sentit qu'elle se détendait un peu. Celui-ci entreprit ensuite de donner de grands coups de langue sur son visage encore inondé de larmes. Réprimant un sanglot de soulagement, elle caressa gentiment le cou et la tête de l'animal.

Elle n'avait jamais compris l'étrange attrait qu'elle avait sur les animaux. Sans doute était-ce pour cela que ces histoires de loups ne lui avaient jamais fait peur ? Elle savait pourtant que lorsque le gibier manquait et la famine criait, ceux-ci n'hésitaient pas à s'en prendre aux humains. Mais après tout, n'était-ce pas l'ordre naturel et l'homme n'était-il pas encore plus meurtrier avec l'homme ? Ne venait-elle pas d'en avoir la preuve à l'instant ?

La présence du chien-loup et sa fourrure chaude eurent le don de l'apaiser. Bien qu'il sembla être le compagnon de ce maître sanguinaire, mais pas un instant elle ne se sentit en danger. Il s'agissait pourtant visiblement d'une puissante bête, sans doute pas complètement domestiquée et donc tout aussi imprévisible que dangereuse. Elle se releva lentement, et plaqua ses bras sur son corps, ses mains tenant ses avant-bras, comme en protection. Ainsi, elle tentait de dissimuler ses tremblements. Voyant le sang qui s'égouttait du bras du rôdeur elle dit d'un voix blanche, presque dans un murmure :

FLORA — Vous êtes blessé...

Elle ne savait que lui dire d'autre. Elle ne pouvait pas le remercier. Certes, il venait de la sauver d'un drame, mais même dans ce cas, elle ne pouvait cautionner le fait qu'il ait ôté des vies humaines pour le faire. Et surtout avec autant de sauvagerie et non par accident, en légitime défense. Cependant, c'était dans sa nature de vouloir soulager les souffrances des autres. Quoi qu'il ait fait cet homme restait un homme, n'est pas ? Un être humain, avec ses émotions et ses souffrances.

Lentement, très lentement elle s'avança vers le jeune homme couvert de sang. Une fois en face de lui sa main timide s'avança pour toucher l'endroit de sa tenue qui avait été déchiré par la lame et laissait en partie voir sa blessure. Elle la retira avant même de l'avoir frôlé, toujours hésitante. Lorsqu'elle releva la tête, elle put constater à quel point elle paraissait minuscule près du rôdeur. La cœur battant elle accrocha son regard et se perdit dans l'éclat gris de celui-ci.

Il y avait quelque chose... Quelque chose qu'elle n'avait pu voir auparavant... Une douleur, une profonde douleur. Cachée, dissimulée, mais bien présente derrière son regard en apparence froid, presque vide. C'était comme si elle comprenait quelque chose maintenant, mais elle n'était pas sûre... Après la bête incontrôlable et sanguinaire, était-ce l'homme qu'elle voyait désormais, derrière cette barrière froide qu'il semblait s'être construite ? Toujours hésitante et sans vraiment savoir ce qu'elle faisait, elle leva sa main vers son visage, lentement. Enfin, elle posa sa petite main douce sur le joue de l'homme et lui adressa un petit sourire triste.



Dernière édition par Flora le Mer 7 Mai 2014 - 9:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyLun 5 Mai 2014 - 13:29



Tears of blood



Dans sa tête régnait le vide. Un grand froid qui n’avait rien à voir avec l’humidité de l’écurie. Un puits sans fond, sombre et froid dans lequel petit à petit il se sentait plongé. Il avait toujours pensé qu’il n’avait rien à craindre du froid et du vide. Après tout il était un homme du nord. Ses terres n’étaient que ruines, plaine balayées par des bises hurlantes, des montagnes glaciales, des forêts brumeuses… Mais aujourd’hui il devait bien avouer que l’absence d’émotions repentantes qu’il vivait au vu des morts qu’il avait sur les mains avait de quoi l’inquiéter. Il était debout, ses membres raides et tendus supportant sa fatigue. Une douleur sourde, grondante et pulsant sous sa peau, venue de son esprit ou de son bras, il ne saurait le dire, confuse mais bien présente qu’elle était, il ne pouvait la nier.  

Ses yeux regardaient avec le même éclat terne, ceux luisants de larmes d’effroi, que la jeune serveuse du Poney Fringant posait sur lui. Elle s’était reculée sous son regard, fuyant le danger qui émanait de sa personne. Il la dévisageait ouvertement, avec insistance presque. Il ignorait qu’elle vision il renvoyait. Il ne voulait pas vraiment le savoir, il savait à quel point le port du rouge pouvait changer la face d’un homme. Pour elle surement devait-il avoir l’air bien plus dangereux encore que les hommes qui l’avaient acculés ici avec en tête des intentions bien moins louables que les siennes. Désormais leurs sangs couvraient ses mains, parsemaient ses vêtements, constellaient son visage de tâches qui lui seraient difficiles à enlever au fur et à mesure du temps qu’elles passeraient sur lui. La boue, la poussière, et la fatigue étaient des choses bien plus aisées à laver que les sangs et la mort. Sur le corps, sur l’esprit, sur les cœurs. Mais étaient-ils encore en possession des deux derniers.

Il regarda, sans réellement voir, Anca venir lécher de sa langue chaude et râpeuse la petite maint fine et délicate de l’adolescente. Il laissa les doigts de sa main blessée effleurer la fourrure gris perle dont elle pouvait s’enorgueillir. Ce geste d’affection et de réconfort que l’animal prodiguait à la femme-enfant en face de lui, il l’avait tant de fois reçu. Il savait son bienfait, et ne fut point surpris lorsque les doigts délicats vinrent caresser l’animal. Il sentit dans l’air la tension baisser d’un cran. La jeune femme se releva doucement, faisant de ses bras une protection symbolique, lui toujours immobile, la regardait dissimuler ses tressaillements de la sorte. Elle avait dédaigné sa main, préférant se relever seule. Il ne lui en tenait pas rigueur. Il fallait un certain courage pour le faire. Et il en prenait note.

- Vous êtes blessé...

De toute évidence, aurait-il répondu, si toute sa morgue ne l’avait pas déjà quitté. Il se sentait nu devant cette déclaration. Il était blessé. Mais alors, que devait-il faire de cela. Il aurait sans nul doute déjà pris soin de son bras, si les circonstances étaient autres. Là il se contentait de laisser goutter sur le sol déjà gorgée, des larmes de sang traçant milles sillons sur son avant bras, pendant misérablement vers le sol. Aussi il ne dit rien. Son regard continua de fixer le visage encore plein de douceur et d’innocence de Flora. Il la fixait. Elle ne dit plus rien. Il ne s’attendait pas à des remerciements. Et il n’en voulait pas. Il ne pensait pas les mériter. Son acte n’était ni de bravoure, ni de miséricorde, ni même de pitié. C’était l’œuvre d’un fou. Une histoire de vengeance et d’orgueil. Nulle grâce à en tirer loin de là. Aussi ce fut aussi immobile que les statues de l’Argonath qu’il resta là, comme en attente, mais de rien. Incertains qu’ils étaient tous les deux, à se fixer et se questionner intérieurement.  

Aussi, alors qu’il voyait la petite femme s’approcher lentement de l’endroit où il se tenait, silencieux, placide, le rythme cardiaque du rôdeur s’accéléra soudain, sans qu’il ne puisse en comprendre la raison. Sa respiration se fit lourde, et Anca posa sur lui un regard pénétrant. Elle s’avançait prudemment, et alors que sa main fébrilement faisait son chemin vers la fente de sa manche sanguinolente, il se retint de la repousser au loin. Il s’hérissait comme ses doigts n’étaient qu’à quelques centimètres encore de sa blessure.  Comme un fauve blessé il ne voulait pas être touché. Il irait lécher ses plaies, seul, plus tard. Sans elle pour le voir, faible et vulnérable. Son orgueil, plus blessé encore que son corps. Cependant ce qu’il redoutait sans pour autant le comprendre, ne vint pas. Elle ne fit qu’effleurer le tissu de son habit souillé, et se reprit. Il lui en fut profondément reconnaissant, bien que sur son visage ne s’exprima nullement ce sentiment. Il resta de marbre, trop creux encore pour espérer que son visage ne revête d’autre masque.

Pourtant, elle tenta de le lire. Plongeant ses orbes noisette dans le gris sombre de ses yeux, elle accrocha son regard. Et il ne put s’en défaire, et ne s’y employa pas vraiment. Il y avait en eux quelques choses. Quelque chose de frais, de reposant, de calme. Et il ne savait pas comment, mais elle parvenait à le garder calme, et relativement serein alors qu’un peu plus tôt, son état mental vagabondait entre la bête et l’homme. Pourtant, il ne la connaissait pas. N’en éprouvait pas réellement l’envie. Mais son corps et son esprit lui paraissaient réclamer sa présence. Elle retenait toute son attention. Empêcher à ses pensé des refaire surfaces pour le noyer encore sous un torrent d’émotions. Comme une bouée de sauvetage il s’y raccrochait pour ne plus penser. Il ferma les yeux lorsque les doigts fins vinrent se poser délicatement sur sa joue. Ou peut-être était-ce la fatigue. Qui pouvait savoir. Il n’empêcha que le souffle du rôdeur se fit plus doux, alors que les secondes passaient. Sans l’avoir prémédité, il chercha le contacte plus appuyé de cette main innocente.  Ses yeux fermés, concentré sur la douceur de cette touche pure et pleine de compassion, il laissa prendre le dessus sur lui, un instinct primaire.

Bougeant doucement sa tête, ignorant la larmes traîtresse qui dévalait sa joue, en quête d’un autre contact avec cette petite paume chaude et agréable qu’elle lui offrait, il permit à cette main d’effleurer son nez, sa barbe, ses lèvres. Loin était le temps où quelqu’un avait posé la main sur lui d’une façon si chaste, et candide. La dernière fois remontait à un temps où il avait put s’affirmer heureux. Il avait une femme, qu’il aimait et qui l’aimait, un fils, une paix relative sur ses terres. Une vague souvenir. Qui fut recouvert par d’autre aussitôt que la mémoire des mains de sa femme sur lui revinrent le hanter. Il respirait cette innocente main, en appréciait la douceur, quand cette vague de souvenirs afflua. Tous n’étaient pas sombres, loin de là, mais chacun d’entre eux avait en lui une part sensuelle. Une luxure qui dans son état actuel, ne garantissait pas à la jeune fille une pleine sécurité en sa présence.

Il cessa alors de caresser cette main de son visage. Il s’était perdu un instant à s’imaginer de retour dans un passé révolu. Mais pas assez lointain pour qu’il ne provoque plus en lui quelques émois. Son cœur battait à ses oreilles, il s’était sentit revivre pour de courtes secondes. Et pour cela, dans ce moment de bonté qui lui avait été accordé, tenu au bout d’un fil invisible, aucun mal ne viendrait de lui. Néanmoins, il ne pouvait nier que si il n’avait aucune intention de blesser, lui revenaient en mémoire les discussions des vielles dames sur les hommes revenant de combats et leurs élans charnels. Il sentait à la chaleur que produisait le souffle de la jeune femme, un étrange désir l’agiter. Mais fort heureusement il avait retrouvé assez de lucidité pour le brider, et s’en prémunir ; elle n’était encore qu’une enfant à peine entrée dans l’âge adulte, il lui restait suffisamment de conscience pour ne pas abuser de sa naïveté sous les assauts d’un instinct qu’il qualifierait de primaire. Il n’était pas sûr en revanche qu’avec une autre, si celle-ci avait été quémandeuse, il aurait été en mesure de saisir doucement la petite main et la détacher de ses lèvres après les avoir baisé chastement.

-Merci douce enfant… mais une chambre, du fromage, du pain et un peu de vin suffiront pour ce soir.

Sa voix n’était qu’un murmure rauque, mais en elle filtrait subtilement tels le soleil derrière un ciel plombé de nuage, de soupçons de chaleur.



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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyJeu 8 Mai 2014 - 12:16


Flora venait tout juste de remarquer qu'il la dominait complètement de sa grande taille. Elle paraissait minuscule à côté de lui. Petite, fragile et vulnérable. A voir la façon dont il s'était chargé de ces hommes elle n'aurait pu l'arrêter s'il avait décidé de s'en prendre à elle. Elle savait qu'il était dangereux, sombre, et pourtant étrangement elle n'avait plus peur. Elle savait qu'il ne lui ferait aucun mal.

Elle chercha à nouveau à plonger son regard dans le sien mais il ferma les yeux et commença à bouger légèrement la tête de sorte que sa petite main se mit à caresser son nez, sa barbe, ses lèvres... Elle déglutit, rougissant soudain mais ne faisant aucun signe pour s'écarter, figée sur place comme une statue de glace. Un tel contact lui était étranger. C'était bien la première fois qu'elle partageait un tel moment d'intimité avec un homme. Elle ne savait comment réagir mais ce n'était pas du dégoût qu'elle ressentait cette fois, bien qu'elle se sente assez étrange.

Toujours plus consciente de cette présence face à elle, Flora ne voyait pas les secondes défiler. Ils étaient si près maintenant, si près qu'elle pouvait sentir son souffle chaud sur son visage, son odeur d'homme... Son cœur s'était accéléré dans sa poitrine et une sensation inconnue s'agita en elle, comme des papillons la chatouillant de l'intérieur, au niveau du ventre. Celui-ci s'était d'ailleurs contracté et réchauffé d'un seul coup, de même que ses pommettes qui enflammées irradiaient son visage tout entier. Elle était heureuse qu'ils se retrouvent dans le noir en cet instant, ce qui lui permettait sans doute de cacher son embarras.

ARADOR — Merci douce enfant… mais une chambre, du fromage, du pain et un peu de vin suffiront pour ce soir.

Il avait dit cela après avoir saisi sa main et y avoir déposé un chaste baiser. Avec les paroles de l'homme, ce moment presque hors du temps disparut, éclata soudainement comme une bulle, ce qui les ramena à la réalité de manière violente. Flora respira enfin, prenant une goulée d'air frais. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle était restée quelques instants en apnée et que l'air lui avait manqué. La voix du Rôdeur avait été beaucoup plus chaleureuse cette fois quand il s'était adressé à elle, sa sonorité rauque indiquant même une certaine émotion.

Il lui avait parlé comme s'il était d'un autre âge et non seulement par quelques années plus âgé qu'elle, ce que semblait le laisser croire son apparence. Badb lui avait parlé de ces Rôdeurs, lui avait raconté que ceux-ci descendaient en réalité des Dúnedain, ce peuple d'hommes qui habitaient autrefois le royaume d'Arnor. Certains étaient même de nobles lignées comme de celle d'Isildur. Ils étaient dotés d'une vie plus longue que celle de la plupart des hommes. Mais avant aujourd'hui, cela ne lui était sans doute pas venu à l'esprit. Combien de saisons pouvait avoir vu cet homme pour qu'elle paraisse à ses yeux une enfant ?

La jeune serveuse jeta un dernier regard sur les corps inertes autour d'eux, ses yeux brillants encore, preuve qu'elle était loin d'être remise du carnage qui venait de se produire. Cela jeta comme un froid en elle et toutes les sensations qu'elle avait pu ressentir plus tôt s'évanouirent. Elle s'occuperait de cet homme puis elle irait prévenir les gardes de la ville, leur parlerait de ce qui s'était produit et de comment ce Rôdeur lui avait sauvé la vie. Elle espérait qu'il n'ait pas d'ennuis, même si elle savait que les gens craignaient ces guerriers solitaires et cherchaient en général à ne pas avoir de problèmes avec eux.

Elle se dirigea donc vers la sortie des écuries, s'arrêtant un moment pour se retourner, s'assurant que l'homme la suivait. Elle le conduisit donc jusqu'à une des petite chambres libres au rez-de-chaussée, sans doute l'une des seules encore disponibles ce soir-là. Puis repartit pour aller lui chercher à manger : de l'eau, du pain, du fromage et du vin comme il l'avait demandé, mais aussi un morceau de viande accompagné d'un bouillon de légumes. Le laissant commencer à manger elle repartit à nouveau pour aller chercher un bol d'eau bouillie, du linge et des bandages propres, du vinaigre ainsi que du fil et une aiguille.

Lorsqu'elle entra à nouveau dans la chambre, elle évita soigneusement le regard du Rôdeur et posa le bol ainsi que le reste de ce qu'elle avait apporté sur la table. Cette fois-ci, son expression était impénétrable et aucune émotion ne semblait y filtrer. C'est donc avec un ton très neutre et posé qu'elle s'adressa à lui, tout en imprégnant le bout d'un des linges dans l'eau bouillante.

FLORA — Vous devriez retirer votre chemise.

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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyJeu 8 Mai 2014 - 22:14





« Je me repose, mais mon coeur veille. »  

Arador scruta encore quelques secondes le visage de la jeune serveuse. Sa voix semblait l’avoir sortie d’un état seconde, ou de quelques pensées pour lesquels il n’avait aucune curiosité. Il tenait encore ses doigts fins entre les siens, longs, calleux, puissants, quand elle reprit un souffle. Il avait vu, de ses yeux habitués à veiller de nuit sur les terres de ses ancêtres, l’embarras et les rougeurs dont avait été prise la jeune fille. Et cette même chaleur qui avait dût l’étreindre alors que ses lèvres parcouraient sa paume, celle-là même, adoucit l’expression de son visage. Il n’y avait plus sur son visage, la moindre trace de son élan meurtrier. Et même si son bras continuait à le faire souffrir, rien sur ses traits ne témoignait d’une quelconque douleur.

Sans mot dire, il la regarda jeter aux alentour un regard tourmenté, ses jolis yeux noisettes encore pleins d’innocence, mouillé de larmes retenues tout du long. Il n’avait aucune idée de ce à quoi elle pouvait bien penser à la vue de tout ce sang, tout ces corps, toute cette mort. Mais il était certain d’une chose, cette vision lui resterait même après son départ. Alors que lui parviendrais surement à s’en défaire, elle, la garderait longtemps. Peut-être toute sa vie. Il sentit de la pitié, et un sentiment de culpabilité l’assaillir. La jeune fille, à ses yeux encore innocente sur bien de choses, venait de voir son premier-et qu’il espérait dernier - bain de sang. Et il en avait été l’instigateur. Il aurait voulut se sentir plus coupable, mais ce sentiment s’obstinait à être aux abonnés absent. Il ne se sentait pas coupable pour un sous. S’il n’était pas intervenu, elle aurait sans doute et violée. Violée par quatre hommes ivres, puis tuée, ou pire, laissée là telle une loque. Oui car pour lui être encore en vie après un tel acte était pire qu’une mort qui même si elle n’était pas belle ou glorieuse, évitait une longue et lente agonie. S’il était arrivé trop tard, sans nul doute il aurait épargné la vie de la serveuse…selon l’état dans lequel il l’aurait trouvé…si les quatre violeurs ne l’avaient pas trop ravagée.  Mais sur l’heure il préférait ne pas y penser.

La serveuse, après un dernier regard vers lui, s’était finalement éclipsée de l’écurie. A charge pour lui de la suivre. Ce à qui il s’appliqua diligemment, la faim et la fatigue tirant plus d’obéissance de lui que les milles carottes qu’auraient put lui tendre ses deux pères réunis pour l’amener à obéir. Il la suivit de son pas leste après avoir bien sûr, attaché Asgar au devant de l’écurie à une mangeoire, ne voulant pas le laisser en présence des cadavres qui le rendaient nerveux. Derrière lui sa chienne-louve Anca, trottait prestement elle aussi.

Lorsqu’ils pénétrèrent le Poney Fringuant, Arador se retint de pousser un soupir se soulagement, qu’il relâcha finalement lorsqu’il pénétra dans un petite chambre que leur avait trouvé Flora. Sans grâce, abattu par la fatigue, il se laissa tomber sur la couchette modeste avant de grogner de douleur pour avoir forcé sur son bras invalide. Sans réagir, il regarde la silhouette de la jeune fille se fondre dans les ombres alors qu’elle ressortait de la pièce. Profitant de quelque instant de calme, il respira profondément, prêt à s’endormir, seule la faim et la douleur le tenant encore éveillé.  

Quand la jeune fille revint, avec dans ses main un plateau chargé d’un pichet  d’eau, d’une miche de pain, d’un bout de fromage et d’une pinte de vin, il resta coit. Il aurait voulu remercier la jeune fille pour ce qu’elle venait de faire, mais les mots restèrent pris dans sa gorge, sous l’émotion. Mais ses yeux eux, ne se cachèrent pas, et derrière la fatigue s’y exprima une immense reconnaissance. D’autant plus lorsqu’il vit qu’elle avait même ajouté à sa demande initiale, un bol soupe de légume avec un morceau de viande. Il crut qu’il allait pleurer. Depuis quand n’avait-il pas aussi bien manger ? Il ne comptait plus les jours qui le séparaient d’un repas aussi complet. Et il ne savait pas non plus comment il pourrait remercier l’enfant qui faisait preuve d’autant de bonté malgré l’épreuve qu’elle avait subie.

Il hésita à toucher le plat. A côté de lui Anca  le regardait avec de ses yeux intelligents. Il se disait qu’il attendrait que la jeune fille revienne pour la remercier proprement et commencer à manger. Mais son estomac ne fut pas de cet avis, et au premier fumet qui passa sous son nez, il gargouilla magistralement, et Arador ne put résister plus longtemps. Il entama avec un appétit de loup, sa pitance. Ce fut le nez dans son bol de soupe qu’il tenait d’une main, qu’il vit revenir chargé de tissus, de bandage et d’autre choses encore, la jolie Flora, son visage aussi impénétrable que le Gouffre de Helm.  Il la laissa poser son fardeau, terminant sa soupe en silence et mordant dans le pain qui lui avait été porté. Dans un froncement de sourcil, il remarqua distraitement que la serveuse ne l’avait pas regardé une seule fois depuis le début de son service. Et bien qu’il tâche d’en deviner la raison, il ne pouvait que se montrer compréhensif. Aurait-il été aussi calme à sa place ? Il n’en était pas certain.  

Il la regarda tremper un linge dans le bol d’eau fumante qu’elle avait apporté, et ce sans piper mot. Il pressentait ce qui venait. Et il n’était pas sûr d’aimer particulièrement cela. La jeune fille avait amené tout le nécessaire pour soigner une blessure…et semblait partie pour se charger de la sienne. Sauf que nul autre que lui-même jusqu’à présent ne s’était chargé de guérir ses blessures mineures. Il savait désinfecter et recoudre une plaie, remettre un os en place, et d’autre choses encore. Et si il n’était pas aussi ému par la générosité de la jeune fille, il lui aurait sans doute demandé de laisser là les linges, l’eau, l’aiguille et le fil, qu’il se chargerait lui-même de sa blessure. Mais il ne put rien faire d’autre que rester silencieux lorsque de sa voix douce mais ne laissant pas place à la protestation, elle lui intima :

FLORA — Vous devriez retirer votre chemise

Seule la fatigue et l’idée qu’un refus pourrait retarder encore l’heure où il fermerait les yeux, lui firent obéir prestement.  Et même si une certaine appréhension s’insinua en lui quant à la réaction qu’elle aurait en voyage toute ses cicatrices et les bleus parcourant son torse et ses bras, il n’en fut pas moins qu’il ôta, non sans difficulté, sa veste et sa chemise pour lui laisser libre accès à son bras. Avant que ne lui vienne à l’esprit que simplement couper sa manche lui aurait évité de s’exhiber ainsi à ses yeux juvéniles…mais le mal était fait, elle aurait à se débrouiller avec la vision de son corps marqué par les combats et la vie rude des rôdeurs. Assis sur son lit, adossé au mur de la chambrette, il attendit donc.

-Vous êtes sûr que vous saurez soigner cette vilaine coupure Milady?…baîlla-t-il, semblant  sur le point de s’endormir, et retrouvant pour détendre l’atmosphère un semblant d’humour.





Dernière édition par Arador le Ven 9 Mai 2014 - 8:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyVen 9 Mai 2014 - 0:08


Le Rôdeur avait retiré sa veste puis sa chemise sans broncher. Son torse musclé ainsi que son dos étaient recouverts de brûlures, de cicatrices blanchâtres et de blessures plus récentes. Certains de ces blessures n'ayant visiblement pas été traité de la bonne manière avaient laissé de vilaines marques.

ARADOR — Vous êtes sûr que vous saurez soigner cette vilaine coupure Milady?…

Ne pipant mot, elle s'approcha de lui avec le tissu imbibé et c'est avec une grande douceur qu'elle nettoya la plaie sanguinolente du guerrier, puis la désinfecta autour avec le vinaigre qu'elle avait apporté, faisant attention à ce qu'il ne s'en glisse pas trop dans la plaie ouverte. Elle avait ensuite attrapé le fil et l'aiguille qu'elle avait posé à côté d'elle sur la table.

FLORA — J'en ai vu de bien pires...

Elle avait finalement répondu, avec du retard, de manière calme et détachée, et le nez sur le fil qu'elle faisait passer avec la facilité procurée par l'habitude dans le chas de l'aiguille. Elle avait une excellente vue fort heureusement car la faible clarté procurée par les quelques bougies disséminées autour d'eux ne suffisaient sans doute pas à éloigner la pénombre qui régnait dans la pièce.

Il était grand aussi assis sur le lit, elle debout, elle était tout à fait à la bonne hauteur pour débuter son ouvrage. Ce n'était pas la première fois qu'elle procurait ce genre de soin et ses petites mains délicates s'affairèrent sans la moindre hésitation, expertes et méticuleuses. Elle recousit la plaie suintante avec une étonnante rapidité, ses mains douces le frôlant à peine. Lorsqu'elle ferma le dernier point, celui-ci n'avait pas bronché.

FLORA — Voilà.

Elle avait dit cela en se reculant, ce qui lui permit de considérer son travail achevé avec fierté. Lorsqu'il retirerait ces points, elle doutait que la cicatrice soit vraiment visible et peut-être même allait-elle complètement disparaître avec le temps, du moins elle l'espérait. C'était avec un certain soulagement qu'elle faisait ce constat. Il avait été blessé en la sauvant et c'était sa manière à elle de le repayer. Même si ses méthodes et ce qu'il avait fait avait été barbare, terrifiant et sans doute impardonnable, il n'en était pas moins qu'elle ne pouvait s'imaginer ce qui ce serait passé s'il n'était pas intervenu.

Heureusement, il se trouvait qu'elle était guérisseuse, et qu'elle était même plutôt douée dans ce domaine. Badb l'avait remarqué très tôt, la jeune fille semblait être née pour ce métier. Déjà toute jeune, avide de connaissances, la petite Flora avait appris à lire et à écrire presque d'elle-même. Elle retenait également les noms de plantes, leurs facultés, la recette des différentes remèdes et préparations avec une facilité confondante. Cette aisance n'était sans doute pas seulement due à sa grande mémoire, sa vivacité d'esprit ou à sa curiosité naturelle, mais au fait qu'il y avait en elle une véritable volonté d'aider et de se rendre utile aux autres, de faire le bien autour d'elle et de soulager.

Il était vrai que, bien qu'elle le fasse rarement pour de l'argent, Flora préférait de loin sa vocation de guérisseuse à celle de serveuse. Seulement, elle avait choisi de vraiment aider les gens, de proposer ses services à ceux qui étaient dans le besoin, trop démunis pour payer ce genre de soins eux-mêmes. Ce n'était pas que de la charité qu'elle faisait, elle se sentait une réelle responsabilité en raison du talent qu'elle possédait et de l'instruction qu'elle avait reçu auprès de la vieille guérisseuse. Si cela n'allait pas lui apporter la fortune, ce n'était pas non plus cela qu'elle recherchait. Il y avait une bien plus grande richesse, une bien plus grande récompense dans ce qu'elle faisait.

Tout au long de la procédure son visage avait été impénétrable et aucune émotion n'avait pénétré ce masque. Puis soudain, alors qu'elle voyait que sa blessure ne serait au final que bénigne et ne laisserait probablement aucune marque grâce au soin qu'elle lui avait prodigué, elle eut le cœur plus léger, son regard s'éclaira et elle se fendit d'un sourire chaleureux à l'adresse du Rôdeur. Elle se permit même une touche d'humour.

FLORA — Vous survivrez.



Dernière édition par Flora le Mar 20 Mai 2014 - 20:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyVen 9 Mai 2014 - 21:46





« Je me repose, mais mon coeur veille. »  

Les yeux fermés, affalé nonchalamment sur le lit modeste de la chambre, Arador somnolait. Sa respiration lente, ses muscles détendus, glissant doucement dans l’inconscience. Après tant d’émotions, et d’agressivité, la fatigue avait peu à peu raison de lui. Il n’avait même plus la force d’ouvrir les yeux pour observer ce qu’allait fait la jeune fille. Il ne pensait même plus aux évènements de la nuit. Il ne pensait plus à rien. Il ne pouvait plus. Il était vidé. Il ne sentait plus ses doigts, ses jambes, ses bras, son dos, les bouger lui semblaient même un trop grand effort… Il se serait crut mort physiquement si la douleur de son bras ne le rappelait pas aux bon souvenirs de la vie.  Il ne s’était jamais senti aussi piteux. Et vulnérable. En d’autres lieux, il aurait mis de côté toute cette lassitude pour continuer à veiller, il aurait été sur ses gardes. Mais là étrangement il se laissait aller dans la certitude que Flora n’était pour lui d’aucun danger. Il faisait confiance à son instinct, la serveuse ne lui ferait aucun mal.  Et ainsi se défaisait toute la tension de ces dernières heures. Son trait d’humour laissé flottant dans l’air, un vague sourire éclairait son visage.

Il n’esquissa pas le moindre geste lorsque la jeune serveuse s’approcha de lui, tâchant de nettoyer délicatement ses plaies d’un linge imbibé de vinaigre. Et si malgré cette immense douceur, le vinaigre toucha les bords de sa plaie, Arador n’en restait pas moins impassible. Ce coup de couteau n’avait rien de bien impressionnant. Et bien qu’il reste sincèrement douloureux, il avait connu d’autres blessures.  Des meurtrissures qui lui auraient peut-être fait tourner de l’œil. Des éventrés, des bras cassés jusqu’à laissé apparaitre l’os… et d’autre choses encore. Il avait même déjà tranché un membre gangrené une fois. Expérience désagréable, soit, mais formatrice.

FLORA — J'en ai vu de bien pires...

A ces mots calmes et détachés, il sourit doucement. Peut-être finalement l’enfant n’était pas aussi inexpérimentée que le laissait suggérer son visage de poupée.   Ils étaient d’accord. Cette petite lésion n’était pas une blessure sur laquelle s’apitoyer. Et il ne le faisait pas. Trop las pour même réagir lorsque l’aiguille lui transperça la peau. Il la sentait réunir ses chair, et lui docile, continuait de somnoler alors qu’avec habilité la jeune fille s’affairait.  Des ses petits doigts elle recousait sa blessure avec douceur et savoir-faire. Il en aurait presque été surpris. Elle fit un travail remarquable d’efficacité. Et lorsque le dernier point fut fait, il trouva dans sa curiosité, la force d’ouvrir les yeux pour inspecter le travail réalisé.

FLORA — Voilà.

Sur son bras droit, la ligne nette de la couture, nette rouge et légèrement boursouflé, tirait un peu dès lors qu’il faisait un geste. Mais en dehors de cela,  les points de sutures étaient irréprochables. , Pour en tester la résistance Arador plia et déplia ses doigts, serrant le poing, faisant des moulinets de son poignet comme il le ferait l’épée à  la main. Et si quelques gouttes de sang perlèrent de la blessure, ce fut bien tout ce qui se passa. Il était satisfait. Le ventre plein, sa blessure traitée –remarquablement d’ailleurs- il se sentait déjà mieux. Plus calme. Nuls doutes que le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, il serait frais et reposé. Mais tout de même…il jeta encore un regard à sa blessure. C’était du très bon travail. Presque aussi bon que s’il avait été soigné à Fondcombe. Ce qui lui faisait se demander où la jeune femme avait bien put apprendre à soigner ainsi. Cette question cependant ne franchit pas ses lèvres. Elle semblait fière de son travail, autant que lui en était satisfait, et c’était ce qui comptait le plus sur l’heure. Si elle était disposée –et lui-même pas trop pressé- surement lui poserait-il quelques questions…mais pour ce soir il avait un rendez-vous galant avec son lit qu’il ne tenait surtout pas à manquer. Il allait la remercier quand elle lui adressa ces paroles...

FLORA — Vous survivrez.

Arador examina la jeune femme d’un œil agréablement surpris. Elle souriait désormais largement, son visage chaleureux et ses yeux plissés sous un rire retenu, brillant malgré la faible luminosité de la pièce. Il ne s’attendait visiblement pas à ce qu’elle fasse de l’humour après avoir été témoin d’un scène aussi sordide que celle dont il avait été acteur dans les écuries. Elle avait vu sous ses yeux se dérouler une véritable boucherie, et pourtant elle avait encore assez de  ressources pour et beaucoup de courage derrière ce visage juvénile. Et ne tenant pas à laisser son effort ignoré, il lâcha un petit rire gouailleur. Il survivrait pour sûr. Ce n’était pas un ivrogne libidineux qui allait le tuer. Il avait connu d’autre adversaire bien plus dangereux et il s’en était sorti. La mort n’était pas encore prête de le prendre.

-Je n’en doute pas…dans votre intérêt... Susurra-t-iil trouvant dans cette petite provocation la froce de se lever de son lit.

Il avait un sourire de loup en prononçant ces mots. Il ne voulait pas lui faire peur –aucun mal ne viendrais à elle qui porte sa marque, il ne l’avait pas sauvé de violeur pour à son tour la malmener- mais la titiller un peu était pour lui très tentant. Après tout c’était elle qui avait commencé. Elle lui avait tendue la perche, et il ne faisait que la saisir.



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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptySam 10 Mai 2014 - 2:10


Il laissa échapper un rire à sa dernière remarque et elle fut surprise, ne s'attendant pas à une réaction aussi ouverte de sa part à sa petite touche d'humour, ce qui la déstabilisa légèrement.

ARADOR — Je n’en doute pas…dans votre intérêt...

Il avait lâché cela d'une voix basse, presque comme dans un chuchotement, un murmure tout en se levant du lit sur ces mêmes paroles, un sourire flottant sur les lèvres. Il s'approcha d'elle se retrouvant alors tout près de la jeune fille qui avait soudain détourné les yeux en rougissant. Elle avait baissé la tête, le regard tourné vers le sol pour éviter de poser à nouveau les yeux sur la nudité de son torse qui provoquait à présent chez elle une étrange gêne.

FLORA — Que... Que faites-vous ?

Sa voix faible et tremblante indiquait clairement son confusion et son affolement. Les battements de son cœur s'étaient accélérés et son sourire s'était évanoui. Frissonnant, elle avait instinctivement placé ses bras en croix sur elle, incapable de cacher son trouble alors que ses yeux ne cessaient de fixer le sol, incapables d'oser se relever au niveau du corps à moitié dénudé du Rôdeur.

L'image de ses abdominaux comme ciselés sur son ventre plat était encore présente dans son esprit. Son corps n'avait pas une once de graisse, et même s'il était plus fin et élancé que la plupart des hommes, d'une allure presque proche de celle des Elfes, une forte virilité émanait de lui tout en dégageant une impression de force. Elle se doutait qu'il s'agissait même plus que d'une simple impression après avoir assisté à la scène un peu plus tôt...

Il était même dangereux. Même les traits de son visage s'étaient à présent adoucis, il paraissait sans doute bien plus jeune et innocent qu'il ne l'était en réalité. Après ce qu'elle avait vu... Il y avait quelque chose de sombre qui planait autour de sa personne et pourtant, elle avait aussi vu de la lumière, de la douceur, de la bonté... Il n'était pas seulement ce "monstre", cette bête féroce et sanguinaire qui avait découpé ses adversaires sans la moindre pitié.

De toute évidence c'était un bel homme et d'un charme qu'il ne pouvait nier. Pourtant, elle avait rencontré d'autres hommes forts plaisants avant lui, dont certains avaient même tenté de la séduire comme ce charmant barde, mais jamais avant elle ne s'était sentie de cette étrange façon en leur présence, jamais elle ne s'était tenue aussi fébrile et embarrassée face à eux. Peut-être était-ce du au fait qu'il lui avait sauvé la vie un peu plus tôt ? Ou qu'il  se trouvait à moitié nu ?

Cette situation la mettait mal à l'aise bien au-delà de ce qu'elle avait imaginé, en partie d'ailleurs à cause de ses propres réactions. De voir cet homme torse nu, la dominant de toute sa taille avait provoqué un émoi chez elle, une sorte de coup au ventre qu'elle aurait préféré ne pas ressentir. Ces sensations étaient nouvelles pour elle mais signifiaient qu'elle allait devoir s'en méfier et apprendre à les maîtriser.

Il y avait aussi cette peur qu'elle ressentait, bien présente mais totalement différente de celle qu'elle avait ressenti un peu plus tôt face à ses hommes. Elle avait peur à présent non pas pour quelque chose qu'elle redoutait mais parce qu'elle se retrouvait confronté à une situation tout à fait nouvelle et dont elle n'avait pas complètement le contrôle. Son propre corps la trahissait. Sa bouche s'était asséchée, elle avait la chair de poule, tremblait, et son cœur battait dans sa poitrine plus vite que jamais tandis qu'il s'était approché d'elle jusqu'à faire leurs corps se frôler.



Dernière édition par Flora le Sam 10 Mai 2014 - 14:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptySam 10 Mai 2014 - 13:48





Car la nuit est sombre et pleine de terreur... 

Au départ, il avait pensé qu’il serait amusant de voir la réaction de la petite serveuse à  sa petite pique. Il n’avait jamais eut un humour blagueur ou facile. Et même s’il avait voulu s’y adonner, il connaissait très peu de blagues. Il n’avait guère d’affection pour l’autodérision, suffisamment méprisé au quotidien pour ne pas avoir l’envie de rire de lui-même. Ou peut-être était-il encore trop orgueilleux pour ça.  Le comique de situation n’était pas son fort, et il était une personne bien trop impliqué dans la misère du monde pour s’essayer au  comique d’observation. Non son humour n’avait rien pour faire rire les petites filles. Il était froid, amer, cynique. C’était l’humour d’un tueur. Un humour tirant plus sur le noir que le blanc. Ses plaisanteries n’étant souvent compréhensibles ou risibles que par ceux qui avaient déjà vécu autrement que bien au chaud dans leur maison ou protégé du monde extérieur. Ceux qui avaient déjà parcouru les routes de la Terre du milieu, qui avaient vécu l’hiver et les loups, les massacres de villages entier. Qui connaissant la cruauté du monde. Et il était certain que la petite Flora ne faisait pas parti de ces gens. Ces gens comme lui.

Trop jeune. Encore innocente par bien des aspects. Il n’avait pas vraiment pensé à la portée de ses dires avant de parler. Il était bien trop las pour surveiller encore ses paroles. Et si pour lui il n’y avait là qu’une bravade ironique, elle, semblait prendre au sérieux ses mots. Compréhensible. Son épée sanguinolente –bien que dans son fourreau- encore attachée à sa ceinture, du sang sur le visage, son torse bardé de cicatrice lui faisant face, il n’imaginait même pas qu’elle vision troublante il pouvait offrir à la jeune fille. Elle avait peur, c’était évidement compréhensible. Et pour le coup, il regrettait.

A pas de loups, silencieux, il s’était approché progressivement de la petite serveuse. Sans aucune gêne pour sa semi-nudité, il se trouvait maintenant à moins d’un demi-mètre d’elle. Il pouvait la voir rougir, détourner les yeux, trembler sous l’intensité de sa présence. Cette proximité, chez lui, n’éveillait rien. Rien qu’il n’ait déjà connu et appris à maitriser. Son sourire avait disparu. Son regard terne s’était posé sur le visage embarrassé de Flora. Elle était petite et délicate. Jeune et encore candide. Une jolie poupée. Fragile encore. Et qui ne devait pas avoir connu beaucoup d’hiver. Il se sentit un peu coupable de l’effrayer alors qu’elle venait de faire preuve de diligence à son égard. Mais il n’y pouvait rien. Cette chose que les gens voyaient en lui et qui leur faisaient peur, ce n’était pas lui. Il n’était pas « ça ». Pas complètement. Pourtant c’était ce que les gens retenaient lorsqu’ils prenaient le temps de l’observer. Une créature froide, létal, sombre. Il ne niait pas avoir en lui une part d’ombre. Mais quelle créature pouvait s’affirmer entièrement pure.

Son torse effleurait maintenant le corps affolé de la jeune femme. Il sentait en elle la peur comme le ferait un prédateur. Elle transpirait de son être. Elle rougissait, et détournait les yeux. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Cela ne lui tirait aucune satisfaction.  Il voulait qu’elle le regarde, et qu’elle l’affronte. Il voulait qu’elle soit plus forte que ça, qu’elle cesse d’avoir peur. Il voulait voir émaner d’ elle autre chose que l’image timide et policée d’une petite serveuse d’auberge. Il la voulait autrement. Il l’imaginait autrement. Il la façonnait dans sa tête à son idéal. Qui ne correspondait en rien avec la réalité. Toutes les femmes de la terre du milieu n’étaient pas aussi courageuses et indomptables que les shieldmaidens du Rohan, ou encore les belles elfes de la Forêt noire, mortelles et intrépide, ou encore les fermes et inflexibles femmes du nord.  Son peuple. Il  aurait aimé inconsciemment qu’elle leur ressemble. Mais ce n’était pas ainsi que les choses fonctionnaient.

FLORA — Que... Que faites-vous ?

Sans répondre le Dunedain, dont le visage était de marbre blanc, s’empara délicatement des bras de la jeune fille de ses doigts longs et rendus fort par le maniement des armes. Avec douceur et fermeté, il défit aisément le bouclier qu’elle s’était fait. Une bien vaine protection. Immobilisés ainsi, ses bras n’avaient rien d’une défense. Bien au contraire, elle laissait une ouverture plus grande encore à qui voudrait lui faire du mal. En faisant cela, il avait bien conscience de mettre à mal les protections qu’elle mettait en place pour…pour quoi d’ailleurs- il l’ignorait- mais de tout façon se disait-il, si il avait réellement voulut la blesser, ce serait déjà fait, et ce n’était pas cela qui l’en aurait empêché. Il n’avait aucune raison de faire usage de violence. Sa colère était passée … sa cause, enfuie. Ne restait maintenant, plus que le vide, et cette petite flamme lui rappelant qu’il était encore bien vivant.  Elle n’était pas dangereuse cette gamine, petite, mince, fragile et terrifié devant lui. Et pour être franc, il ne frappait jamais une femme sans défense. Et sans défense elle l’était.

Ses bras abaissés, d’un doigt sur son menton, il força la jeune fille à le regarder.  De ses yeux gris comme les orages de Mai, il sonda le regard de la petite serveuse. Ils se frôlaient désormais, sans que cela ne déclenche plus d’émotion chez lui. En revanche, la lueur présente dans les yeux de Flora, fut ce qui l’enjoignit à parler, et répondre à sa question.

-Ce que je fais ? Je vous fais peur…murmura-t-il comme si c'était la chose la plus évidente du monde

Un sourire pince-sans-rire fit alors une brève apparition sur son visage.



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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptySam 10 Mai 2014 - 15:33


Le Rôdeur avait prit ses bras avec autant de douceur que de fermeté pour les écarter de sa poitrine, lui ôtant ce maigre réconfort que pouvait lui apporter la chaleur que leur procuraient ceux-ci, venant ainsi la troubler davantage. Elle n'avait pourtant pas protesté ni replacé sa protection. Elle s'était montrée terriblement passive et docile.

Ses bras à présent ballants le long de son corps il lui fit relever la tête, d'un doigt sur le menton. D'abord elle refusa de le regarder, ses yeux s'obstinant à regarder le sol, puis elle les releva lentement pour rencontrer les siens. Leur éclat froid, intense la frappa à nouveau. Elle ne pouvait mettre de mot sur ce qu'elle y lisait et pourtant c'était comme si elle comprenait d'une certaine manière.

Ils étaient si près l'un de l'autre à présent que leurs corps se frôlaient. Toujours aussi fébrile, elle avait à chaque seconde qui défilait plus conscience de cette proximité. Elle pouvait sentir la chaleur que dégageait son corps, et le sien dont le visage n'était désormais plus la seule chose à s'être enflammée. Elle avait l'impression d'avoir chaud et froid à la fois. Quelle étrange sensation...

ARADOR — Ce que je fais ? Je vous fais peur…

Il souriait de cet étrange sourire. Leurs regards étaient toujours accrochés l'un à l'autre, les yeux écarquillés de la jeune fille louchant légèrement pour garder le contact avec ses yeux du fait de la proximité de leurs visages. Elle déglutit, toujours aussi perdue, incertaine puis entrouvrit légèrement la bouche pour prendre un inspiration. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle était restée quelques instants en apnée et qu'à présent l'air lui manquait.

FLORA — Non...

Elle avait lâché cela dans un souffle, une grande douceur dans la voix, presque comme une caresse. Elle n'en était pas moins toujours enivrée par sa présence, attirée irrémédiablement comme le papillon de nuit à la flamme, ne sachant pas si elle allait se brûler les ailes et courir vers sa propre destruction.

FLORA — Non, vous ne me faites pas peur.

Et c'était vrai. Elle était sincère. Aussi incroyable que cela puisse paraître après ce qui s'était passé un peu plus tôt, aussi inconscient sans doute cela puisse-t-il être, la jeune fille n'avait pas peur de cet homme qui lui faisait face. C'était sa première impression, ce que lui avait dit ses tripes lorsqu'elle avait posé sa main sur la joue du tueur un peu plus tôt. Elle savait qu'il ne lui ferait pas de mal.

Ce qu'elle ressentait par contre, au fond d'elle, ce torrent de sensations et d'émotions incontrôlable... Il y avait là un véritable combat, quelque chose qui la terrifiait d'autant plus que les intentions et véritables sentiments de celui qui lui faisait face semblaient impénétrables.

Tandis qu'elle se hissait sur la pointe des pieds, elle faisait lentement parvenir son visage à sa hauteur, elle leva discrètement la jambe droite. Leurs regards continuaient à se sonder, leurs lèvres se frôlaient presque, leurs deux souffles s'étaient mêlés... Il n'y avait jamais eu une telle proximité entre eux, il n'y avait qu'un pas... Puis soudain, avec une vivacité stupéfiante, la jeune fille avait bougé et une fraction de seconde plus tard il put sentir le contact froid d'une lame plaquée sous son cou.

FLORA — A mon tour de vous faire peur.

Ses yeux étincelaient d'un éclat farouche tandis qu'elle appuyait le plat de la dague contre sa peau de marbre. Elle lui avait susurré ces mots en se rapprochant de son oreille tout en accentuant sa pression. Bien entendu, le but n'était pas de lui faire mal, même si un mouvement de sa part aurait pu lui trancher la gorge, le fil de la dague en acier étant sans doute suffisamment acéré pour ça.

Voilà ce qu'elle lui apportait quand il s'était cru avoir la maîtrise totale de cette situation, alors qu'il se riait de la voir dans l'embarras. Un retournement de situation. Un coup que n'importe qui aurait sans doute qualifié d'imprévisible. Et imprévisible, elle l'était. Sans doute un de ces traits de caractère qui lui avaient permis d'être encore en vie aujourd'hui.

Cette dague, elle ne l'avait pas oublié, plus tôt, avec ces hommes... Cela faisait un moment qu'elle la portait toujours sur elle, attachée près de sa botte droite, cachée par sa robe, invisible. Elle savait qu'il s'agissait d'un dernier recours, et elle ne l'aurait pas sorti tant qu'elle n'était pas sûre qu'elle était prête à frapper. Et frapper, il l'avait fait pour elle, il avait tué pour elle. Il lui avait ôté ce choix.

Cependant, même là, elle restait confuse, hésitante, troublée. Sans doute se demandait-il si tout cela faisait partie d'un jeu. Le réponse était bien entendu "Non". Elle ne jouait pas mais si elle pensait vraiment qu'elle risquait quelque chose avec lui, elle n'aurait pas fait une telle chose. Mais peut-être se trompait-elle ? Peut-être était-elle folle après tout ? Peut-être n'était-il rien d'autre que cette bête quand elle avait vu l'humain derrière ?

La vérité était qu'elle ne savait pas vraiment pourquoi elle faisait cela, même si elle était certaine que ce n'était pas un jeu. Elle ne riait pas, elle ne souriait pas non plus. Son regard était direct, enflammé tout comme son geste. Elle avait réagi avec une telle spontanéité qu'elle n'y avait pas vraiment réfléchi. Peut-être en avait-elle assez qu'on la prenne pour une jeune demoiselle faible et sans défense ? Assez que l'on vienne à chaque fois à son secours comme si elle n'était pas capable de se débrouiller seule ? Ou alors était-elle en colère, frustrée qu'il lui fasse ressentir toutes ces choses et se joue de l'effet qu'il avait sur elle ? Peut-être avait-elle eu tout simplement envie d'effacer ce sourire suffisant de son visage et lui montrer qu'elle n'était pas aussi pathétique qu'il avait l'air de le croire ?'

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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyLun 19 Mai 2014 - 20:31





I know you can be as strong as steel... 



FLORA — Non...

Arador se stoppa. Elle avait murmuré dans un souffle cette dénégation à son encontre. Si doucement qu’aucun autre que lui n’aurait put l’entendre. Son sourire sans joie le quitta. Inutile de feindre quoi que ce soit. Mortellement sérieux, il la regarda d’un autre œil. Attendant la suite de ce mot laissé en suspens, lâché dans un halètement. Il ignorait ce qui se passait dans sa tête sur le moment, et la laisserait exprimer son ressenti. Il ne voulait pas qu’elle pense à lui comme à un monstre. Ce n’était pas lui. Non il n’était pas « ça » . Et il n’avait qu’une envie, c’était qu’elle cesse d’avoir peur. Qu’elle n’ait pas peur de lui. Il n’était pas un monstre. Non.

FLORA — Non, vous ne me faites pas peur.

Ces mots atteignirent son esprit avec force, défaisant en lui un nœud douloureux. Il ne lui faisait pas peur. Il n’était pas si monstrueux que ça en fin de compte. Ou peut-être l’avait-il sous-estimée, et qu’elle était plus hardie que la plupart des gens ayant croisé sa route. Il en lâcha un doux soupir tremblant de soulagement. Il préférait mille fois qu’elle le déteste, plutôt qu’elle ait peur de lui. La haine était une chose qu’il pouvait gérer, mais comment ôter la peur des yeux de quelqu’un ? Il l’ignorait. Et était heureux de ne pas avoir à s’en préoccuper pour l’instant. Il aurait sourit à la jeune femme. Un sourire doux et chaud comme un après-midi de printemps. Oui il l’aurait fait. Il l’aurait remercié doucement, avant de lui souhaiter bonne nuit, après un doux baise-main. Oui il l’aurait vraiment fait. Si seulement les prochains gestes de la jeune femme ne mirent pas tous ses sens de rôdeurs en alerte.

Elle s’approchait de lui, ses lèvres frôlant dangereusement les siennes, murmurant dans son souffle milles promesses informulées. Elle n’avait jamais été si proche et bien malgré lui, cela le perturba. Et il se maudit. Il pouvait maintenant détailler le grain de sa peau, la couleur de ses lèvres, s’imaginant les caresser des siennes. Mais que faisait-elle ?  Elle l’enjôlait ? Que voulait-elle ? Il ne pouvait pas deviner ses intentions, et tous les scénarios qui pouvaient bien lui passer par la tête renforçait son trouble. Mais alors que leurs souffles se mêlaient et que toute lucidité quant à son âge et au fait qu’elle soit encore une adolescente se perdait dans le néant, la douce Flora fit un geste auquel il ne se serait jamais attendu.

-You’re quite a wild cat are you ?

Debout devant la jeune femme, le rôdeur avait prononcé ces mots dans un murmure, les yeux fermé, tendu et plus anxieux qu’apeuré. Il avait sentit plus qu’il ne le vit, l’acier glacé mordre la tendre peau de son cou. Son cœur manquant un battement, il recula sa tête quelques peu, réflexe qui ne lui aurait pas épargné malgré tout de se faire égorger si la jeune femme avait réellement voulu le tuer. Sa respiration sifflante, rapide, son cœur cavalant dans sa poitrine il jeta un regard obscurcis par le désir qu’elle avait provoqué de son audace, sur la jeune fille. Il ne savait pas qu’elle mouche l’avait soudainement piquée pour que son attitude change aussi brusquement. Il ne savait pas, et ne voulait pas vraiment le savoir. Pour l’instant tout ce qui lui importait, c’était d’ôter cette maudite dague de sur sa gorge. Et accessoirement l’ôter des mains de sa propriétaire. Ce n’était pas un jouet par tous les dieux ! Il était aussi agacé qu’inquiet. Agacé de s’être fait surprendre, agacé d’être ainsi vulnérable, agacé de voir qu’elle ne l’avait pas encore saigné comme un porc. Une lame on ne la sort que quand on est sûr de l’utiliser, et on ne la rengaine que lorsqu’elle a fait son office et luit de sang ! Et oui ça l’agaçait aussi de voir la jeune fille sortir une arme contre lui alors qu’il venait de lui sauver la vie. Son agacement se serait presque mué en colère s’il n’avait pas été aussi las et troublé par sa proximité, mais il n’avait plus assez de force pour s’énerver inutilement. Ne lui restait que l’exaspération et l’inquiétude. Inquiétude car malgré tout, la flamme qu’il percevait dans les yeux de l’enfant n’avait rien d’un mirage. Elle pouvait frapper…mais pourrait-elle le frapper lui ? Etrangement, il n’avait pas vraiment envie de tenter sa chance. Aussi écartant ses mains en signe de reddition ou d’innocence, au choix, le rôdeur tenta de désamorcer un conflit dont il ne comprenait même pas la cause.

-Et maintenant? Allez-vous me trancher la gorge ? Alors que je viens juste de vous sauver d’un viol ? Est-ce ainsi que je suis « remercié »? Sa voix montant crescendo, il ne put retenir son dernier mot de transpirer la déception et l’amertume.

Il aurait dû le savoir que ces gens ne pouvaient éprouver de gratitude. Voilà comment les rôdeurs étaient toujours remerciés ! Par la peur, le mépris, la haine ! On leur fermait les portes, on leur présentait des armes. Il aurait dû s’en douter. Tout aurait été bien trop beau si la jeune femme l’avait simplement remerciée. Un simple merci lui aurait suffit pour dix ans. Mais non, voilà que maintenant elle prétendait lui trancher la gorge. Maudite soit la race des hommes simples.

Il était frustré. Certes il avait voulu que la jeune femme s’affirme bien plus face à lui, qu’elle se montre forte, et courageuse…mais pas au point de le menacer d’une dague un peu trop bien effilé. Pourtant malgré cela, il voulait faire preuve de quelque chose dont il n’avait pas été capable depuis bien longtemps. De la sagesse ? De l’autorité ? Il ne savait pas vraiment. Tout ce qu’il voulait s’était se montrer au-dessus de ça. Alors il resterait calme. Malgré que ses émotions se bousculent. Il n’avait aucun envie d’effrayer la jeune femme, donc lui retourner le poignard contre elle ne serait pas une bonne idée. Cela ne ferait que l’effaroucher d’autant plus qu’il pourrait lui faire mal sans le vouloir. Non, il voulait simplement que d’elle-même elle range son arme, ne comprenant déjà pas, pourquoi elle l’avait sortie.

Elle voulait lui faire peur ? Elle voulait qu’il la craigne ? Mais comment pourrait-il faire cela quand il avait connu, la nuit, longue et pleine de terreur. Et le froid, les loups, les orcs. La mort. Elle était encore si jeune, et avait sans doute  toujours connu la vie d’une citadine. Que savait-elle de la peur ? La vraie peur ? Quand seul et sans recours, dans le noir, venait à vous l’ennemi bien armé déterminé à prendre votre vie, que craindre d’une enfant avec un couteau ? Quand les ténèbres vous entouraient ?  Quand la mort vous faisait de l’œil ? Comment pouvait-il avoir peur d’elle une fois ces épreuves traversées? Elle qui tremblait encore il y a peu. Non, s’il avait peur, c’était pour elle. Avait-elle déjà tué ? Un homme, ou une femme, sa lame avait-elle déjà percé la chair? Si non, survivrait-elle au remords qui la prendrait sans doute si jamais par mégarde le fil acéré lui sectionnait profondément la jugulaire ? Oui il avait plus peur pour elle que pour lui. Sa seule envie maintenant, était de lui arracher l’arme des mains et de la secouer pour lui faire prendre conscience de son geste. Et si par là il pouvait également lui apprendre une ou deux choses, alors il serait comblé. D’autre que lui, n’aurait pas attendu pour lui retourner l’arme contre elle. D’autres que lui ne serait pas immobile, plaidant pour un peu de raison et de sagesse. D’autre lui aurait simplement tordu violement le bras, ôté la lame des mains pour ensuite la menacer avec. Et peut-être même en faire usage.

-J’ignore pourquoi vous faite cela…mais laissez-moi seulement vous dire … petite rose…que pour sortir ainsi une lame…disant cela, doucement, il referma l’écart qu’il y avait entre eux…vous devez être certaine… se rapprochant encore, il appuya son cou contre la fil de la lame acérée, du sang perlant alors de la coupure qui résulta de son geste … de vous en servir dans la seconde où elle est dégainée…il continua de s’avancer encore, sa longue main posée sur le ventre de Flora la repoussant fermement jusqu’à ce qu’elle soit dos au mur de la chambre…sinon il vaut mieux la garder au fourreau, …au risque de la voir se retourner contre vous aurait-il put ajouter, mais il ne voulait pas la menacer, c'était inutile. La lame continuait de s’enfoncer dans sa chair au fur et à mesure qu’il parlait. Il en aurait une belle cicatrice. Mais qu’importe, il voulait de tout cœur qu’elle abaisse son arme, et était assez fou pour faire ce qu’il était en train de faire…

La lame pressée contre son coup mordait férocement sa chair, tirant de lui une grimace de douleur. Il sentait un liquide chaud dévaler son coup, glisser sur son torse pou finir sa course au sol. Du sang. Son propre sang. En quantité conséquente, s’il en jugeait la sensation désagréable que celui-ci laissait sur sa peau. Les yeux à demi-clos, la fatigue revenant s’abattre sur lui telle une masse, Arador approcha sa bouche des oreilles de Flora. Il voulait bien se faire entendre. Il n’allait pas crier. Il ne parlerait qu’une seule fois. Et après cela ? Et bien, il s’en remettrait aux Valars pour découvrir enfin ce qu’elle lui voulait vraiment. Bien qu’il se doutait qu’elle-même ne le sache pas avec certitude.

- J’ai n’ai aucun doute que vous soyez courageuse…je sais que vous pouvez vous montrer douce…mais que derrière cette douceur se cache aussi le fer…j’en ai maintenant l’expérience…mais pensez-y…Do you really want me to die by your hand ?



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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptyMar 20 Mai 2014 - 9:30


ARADOR — You’re quite a wild cat are you?

Il avait lâché dans un murmure, les yeux clos, le corps ainsi tendu que le sien. Flora avait le cœur battant. Ses jointures blanchirent lorsque sa main se crispa sur la dague. La respiration du Rôdeur était sifflante. Il avait l'air moins fier soudain et il finit par écarter les mains comme en signe de capitulation.

ARADOR — Et maintenant ? Allez-vous me trancher la gorge ? Alors que je viens juste de vous sauver d’un viol ? Est-ce ainsi que je suis « remercié » ?

Son ton montait, il était visiblement furieux mais ce n'était pas de la colère, plus comme un agacement, une amertume également qui poignait peut-être. La jeune fille se sentit tout secouée par ces paroles. Lui trancher la gorge ? Non, bien sûr que non... Elle ne voulait pas... Elle ne pouvait pas... Déstabilisée, elle sentit lentement sa tension se relâcher, de même que sa prise sur l'arme. De son côté, il parut soudain étrangement calme, comme si quelque chose s'était apaisé en lui.

ARADOR — J’ignore pourquoi vous faite cela… Mais laissez-moi seulement vous dire… Petite rose… Que pour sortir ainsi une lame…

La Rôdeur s'avança doucement tandis qu'elle lui jetait un regard perdu. Que faisait-il ?

ARADOR — …vous devez être certaine…

Arador se rapprocha à nouveau, son torse toujours nu se plaquant bientôt contre le sien, son cou appuyé contre la lame qui mordait désormais sa peau, le faisant saigner.

ARADOR —  …de vous en servir dans la seconde où elle est dégainée…

Continuant à s'avancer vers elle, une main posée sur son ventre, il la fit ainsi reculer jusqu'au mur de la chambre. Elle n'avait plus d'issue désormais. Elle frémissait tandis qu'il contrôlait presque complètement ce qui était en train de se passer. Les rôles s'étaient déjà inversés d'une manière étrange, sans qu'il ait eu besoin de prendre l'arme de ses mains.

ARADOR — …sinon il vaut mieux la garder au fourreau.

Tout en parlant, il s'était avancé de manière à ce que la lame entame la peau de manière encore plus violente. Il saigna bientôt abondamment, ne pouvait cacher une grimace de douleur. Ébranlée par cette situation, Flora se sentit choquée. Elle voulut crier, relâcher la dague, mais elle était comme figer sur place alors qu'il s'était à moitié jeté sur celle-ci, se blessant de manière sérieuse. Jamais elle n'aurait imaginé qu'il puisse faire une telle chose. Il avait approché sa bouche de son oreille. Elle pouvait sentir son souffle chaud sur elle.

ARADOR — J’ai n’ai aucun doute que vous soyez courageuse… Je sais que vous pouvez vous montrer douce… Mais que derrière cette douceur se cache aussi le fer… M’en ai maintenant l’expérience… Mais pensez-y… Do you really want me to die by your hand?

Non, exprimait son regard, ses yeux écarquillés d'horreur. Non, bien sûr que non... Il avait réussi. Il lui avait fait peur. Sa prise sur la poignée de la dague se desserra complètement et bientôt ils purent entendre résonner le bruit froid du métal heurtant le sol. Ses sourcils étaient froncés d'inquiétude désormais, son visage complètement adouci maintenant qu'elle avait perdu cet éclat sauvage.

FLORA — Pourquoi ?...

Sa voix était légèrement rauque, chargée par l'émotion. Ses yeux brillaient de larmes naissantes.

FLORA — Pourquoi faites-vous cela ?...

Elle avait lâché dans un souffle, sa voix mourant sur la fin. La question était sans doute tout autant pour l'acte impensable qu'il venait d'avoir que pour l'effet qu'il avait sur elle. Elle se rendait compte à présent, dague ou pas, a réalité était qu'elle se trouvait complètement désarmée face à lui. Le voir ainsi blessé, saigner par sa faute lui faisait mal. Son cœur s'était serré dans sa poitrine, sa respiration était erratique. Elle tremblait de tout son corps. Elle savait qu'elle avait perdu à présent. Elle rendait les armes. Ce qu'elle ressentait à présent la dépassait de toute évidence, comme toute cette situation.

Elle posa doucement sa main chaude sur la joue étrangement froide du Rôdeur, un peu comme elle l'avait fait un peu plus tôt dans les écuries. La peau de l'homme était désormais plus pale, sans doute à cause du sang qu'il était en train de  perdre. Elle aurait été libre de ses mouvements elle se serait sans doute précipitée pour soigner cette vilaine plaie qui continuait de saigner et stopper l'hémorragie qui faisait ruisseler le sang sur son torse, jusqu'au sol. Mais elle était impuissante, lui face à elle tandis qu'elle sentait toujours le présence du mur dans son dos.

Une main toujours posée sur sa joue, la jeune fille s'approcha timidement, presque hésitante. Son cœur s'accélérait dans sa poitrine tandis qu'elle se mettait sur la pointe des pieds pour que ses douces lèvres — légèrement humidifiées par les larmes dévalant son visage —  se posent sur celles du Rôdeur, avant de se retirer, lentement. Elle savait que ce n'était pas uniquement pour lui exprimer sa gratitude ou à quel point elle était désolée par ce qui venait de se produire, toutes ces choses qu'elle ne parvenait à exprimer par de simples mots... Elle avait simplement envie, de lui offrir cette chose, ce moment si particulier de sa vie. Son premier baiser.

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MessageSujet: Re: This is no game, little girl   This is no game, little girl EmptySam 24 Mai 2014 - 23:25





Thrown by the Darkness 



Il saignait. La lame avait bien fait son office. Sa chair coupée, exsudant un flot écarlate qui, s’il ne risquait pas de lui ôter la vie, entamait sérieusement ses dernières forces. Il côtoyait dangereusement les ténèbres ce soir. Il pouvait se dire chanceux de tenir encore debout, exténué, à bout de nerfs, presque saigné comme un porc… D’autres se seraient déjà écroulés. Mais il tenait encore, pour une raison qui lui était inconnue. Il restait encore conscient, mais les yeux fermés, la bouche entrouverte en une muette prière, la respiration lourde, il semblait à tout moment sur le point de basculer dans l’inconscience. La lame à son cou, penchée sur l’oreille de la jeune et véhémente serveuse, le rôdeur n’avait plus rien de glorieux. Dans ses braies, souillées de sang, à demi-nu, sale encore, et surplombant d’une tête la jeune fille effrayée, quel beau portrait il donnait à voir. Ce n’était pourtant pas sa préoccupation première. Pour tout dire cela ne lui traversa même pas l’esprit. Tout ce qui lui importa là, sur le moment, était la douleur qui pulsait de sa gorge pour se répandre dans sa tête et le mettre au supplice. Il pria grâce aux Valars de lui accorder une délivrance prochaine. Et  il fut exaucé.

Le bruit de la dague sur le plancher de la chambre détendit incroyablement le muscle de son dos, qui tout ce temps, sans le voulait s’était crispés sous la tension. L’enfant avait relaché la pression qu’elle avait maintenu sur son couteau, et sans joie aucune, il  avait senti le fil acéré de la dague se retirer de la coupe nette et profonde –mais pas au point de…non pas à ce point là, n’ayez crainte-  qu’il avait causé, le libérant ainsi d’une crainte…pour lui en imposer une autre, celle de faire une hémorragie. Presque par reflexe, le rôdeur porta une main à sa blessure, faisant pression sur celle-ci tentant d’endiguer la flux de sang. Il sentait autour de lui les choses bouger, son sens de l’équilibre perturbé. Sa force l’avait déjà quitté, et il ne sentait plus du tout ses jambes. Il ne trouvait même plus la force d’ouvrir les yeux. Mauvais signe.

FLORA — Pourquoi ?...

Il se sentit couler. Dans un puit sans fond. Il avait perçu l’émotion, la peur, l’incompréhension  dans cette voix. Pourquoi ? Elle demandait pourquoi…Pourquoi quoi ? Que voulait-elle qu’il lui dise ? Il était tellement fatigué.  Ses mots n’auraient aucun sens. Cela n’avait aucun sens de répondre. Maintenant en tout cas, cela n’en avait pas, pour lui.

FLORA — Pourquoi faites-vous cela ?...

Pourquoi faisait-il cela ? Pourquoi ? Que faisait-il ? Pourquoi…il s’était toujours posé la question. C’était bête comme question, mais tellement naturel dans sa bouche. Un pourquoi qui revenait si souvent dans ses pensées, dans ses curiosités, lorsqu’il était enfant. Mais qui avait fini par s’exprimer avec force et colère une fois adulte et confronté à l’injustice de ce monde. Pourquoi faisait-il cela ?...Faire quoi ? Qu’avait-il  fait ? Enconre ? Encore lui. Toujours lui. C’était toujours de sa faute de tout façon. C’était tout le temps de sa faute. Toujours ! Si père était mort c’était de sa faut à lui ! Il n’avait pas su le protéger, et les loups l’avaient massacré ! Il était là ce jour là…mais père était mort quand même. Il avait été inutile. Si Miriel était morte c’était de sa faute à lui aussi, qui n’avait pas été présent pour la sauver ! Il était absent, et il avait été inutile. Encore. C’était de sa faute ! Toujours de sa faute ! Mais pourquoi ? Était-il si mauvais ? Elrond avait-il eu raison de le chasser ? Ah non… c’était lui qui était parti ! Ce foutu nain avait donc raison, il était un idiot ! Les yeux fermés, Le rôdeur se secoua doucement la tête comme pour chasser ces pensées sinistres qui venaient l’assaillirent au moment le moins opportun.  Voilà maintenant qu’il délirait.  En silence. Pourquoi. Dans sa tête, il souffrait de cette question. En silence ? Pas totalement. Son souffle se fit rauque, pesant, inquiétant. Il se sentait défaillir. Tout s’embrouillait. Il perdait pieds. Si c’était possible, il se pencha d’autant plus sur la jeune serveuse que celle-ci était désormais à deux doigts de son visage. Il eut vaguement le sentiment qu’une main apaisante se posait sur sa joue agrémentée d’une barbe de trois jours.  Et ce fut ce moment que choisirent les lèvres de Flora pour épouser les siennes, dans un baiser humides de larmes et de choses auxquelles il n’arrivait pas à donner un nom. Des émotions ?

Il l’ignorait. Mais elle risquait plutôt de s’y brûler les ailes, car pour ce qu’elle lui offrait, lui sur les bords du néant, n’avait rien à lui proposé qu’un silence de mort et pas même un regard. Ses yeux désespérément clos. Il la regardait sans la voir. Derrière le voile de ses paupières, il la sentait présente encore, petite lueur dans la grande nuit qui envahissait sa conscience. Puis ce fut le noir complet, et il sentit sa chute prendre fin dans un bruit sourd et une douleur aiguë.  

Pourquoi ? Je ne sais pas. Aurait-il répondu, sans émotion dans la voix, incertain, lointain, le visage tourné ailleurs, fuyant.  





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