Aetheron avait savamment décidé de quitter son petit hameau natal, sentant quelques tensions refaire surface. Cela faisait donc plusieurs jours qu’il vagabondait dans la contrée qu’il avait toujours côtoyé : le Rohan. Il ne comptait pas la quitter de ci-tôt Il s’y sentait à l’aise, dans son élément. Il connaissait parfaitement bien les terrains les plus propices à la chasse, et à posteriori, les coins à éviter. Hors de question de se retrouver dans une situation indélicate ; il comptait voyager calmement, traquer quelques bêtes pour se nourrir. Partager avec d’autres, si jamais d’autres il y avait sur son chemin. Découvrir —car oui, même après plus d’une décennie de voyages intensifs à répétition, il y avait toujours de quoi émerveiller nôtre archer— seul était enrichissant, certainement plus pédagogique, mais d’un affreux ennui. Même si sa monture était d’une endurance impressionnante, attachante et loyale, se déplacer sans personne avec qui concrètement échanger pouvait se révéler démoralisant, rappelant alors au jeune homme son manque de contact social.
Cela faisait un jour que le cavalier longeait une rivière ; c’était un parfait moyen pour se désaltérer à tout moment de la journée, se rafraîchir, éviter les insolations et entretenir son cheval. Une chaleur insupportable accablait Aetheron, qui peinait à protéger sa vue des rayons du soleil. Heureusement pour lui, quelques nuages vinrent mettre fin à son supplice. C’était un climat idéal pour parcourir une bonne distance, en comptant les pauses bien évidemment. Il en aurait d’ailleurs besoin d’une dans moins d’une heure. Il n’avait grignoté qu’un bout de pain rassis en tant que petit-déjeuner ; un repas peu consistant, somme toute. Il prit l’initiative de chasser dans le but de trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Aetheron était confiant, il avait l’habitude de pratiquer cette activité dans des lieux semblables aux plaines.
Il mit pied à terre et remplit sa gourde, afin d’être sûr de ne pas mourir de déshydratation si sa traque l’écartait des cours d’eau. Il aperçut un petit bosquet près d’un point d’eau à l’allure confortable. Il s’y installerait plus tard, la place semblant dépourvue de vie humaine. Aetheron attrapa son arc et banda une flèche. Il lança sa monture à toute allure en amont de la montagne. Connaissant la faune de ces lieux, nôtre humain savait pertinemment que les animaux ne se permettraient pas d’être ainsi à découvert, dans une plaine, à la vue de tous les volatils carnassiers —Aetheron comptait attraper un lièvre. Ainsi, il se rapprocha des endroits plus favorables à la recherche de cette bestiole.
Chasser sur sa monture était un de ces moments qu’il préférait. Voir un chasseur ainsi en harmonie avec sa monture, capable d’anticiper tout mouvement brusque de la part de son compagnon ou de la cible. Bien souvent, il ne ratait pas sa proie. Son cheval n’était peut-être pas le plus rapide ou performant, il lui était d’une grande aide. Aetheron ne manquait pas de le féliciter en lui offrant toute sorte d’aliment. Et il allait devoir trouver une compensation, car, comme il l’avait planifié, la traque avait été fructueuse. Un lièvre, assez volumineux —il ne mangerait jamais tout— s’était quasiment jeté dans la gueule du long. Une flèche bien placée et hop, un repas.
Aetheron rebroussa chemin et rejoignit le petit coin de paradis qu’il avait noté plus tôt. Le soleil était à son zénith. Un petit lac, une météo étonnamment bonne, un déjeuner alléchant. Que demandez de plus ?
Il descendit de sa monture. Il passa la main sur son museau, puis attrapa ses guides. Aetheron perçut un hennissement. Mais celui-ci ne provenait pas de son cheval. Intrigué, l’homme avança davantage, et fut stupéfait de constater qu’en effet, un autre canasson attendait sagement à l’ombre d’un arbre. Il avait fier allure, et était bien équipé. Il devait sans aucune hésitation appartenir à un homme —aisé. Sa carrure l'impressionna, et il ne put qu'admirer cette bête à la musculature très développée. Il devait sans doute faire preuve d'une rapidité époustouflante.
Il jeta des regards un peu partout, avant de songer à inspecter l’arbre quelques minutes après —peut-être n’était-il pas le seul à aimer se percher. Il trouvait cette situation bien incongrue de sa part. Et tout naturellement, un autre homme s’y reposait paisiblement. Conscient qu’il était probablement en train de troubler son repos, mais néanmoins décidé à s’établir ici, il prit la décision d’engager une discussion.
«
Bonjour. Pardonnez mon dérangement, seriez-vous contrarié si je venais à m’installer ici égale… »
Les traits de cette personne lui rappelaient vaguement quelqu’un. Ne bénéficiant pas d’une mémoire remarquable en matière de reconnaissance faciale, Aetheron pensa tout d’abord à une méprise, une erreur. Mais plus il inspectait son interlocuteur, plus ses hypothèses se concrétisaient. Il n’osa cependant avancer ses théories et reprit :
«
J’ai de quoi me restaurer, souhaiteriez-vous vous joindre à moi ? Au fait, je me nomme Aetheron Ysgramor, d’Underharrow ».
Aetheron guida son cheval près de l'eau afin de l'abreuver, tout en prêtant une oreille à la réponse de l'homme. Il ne voulait pas négliger son coursier ; fier Rohirrim qu'il était, préserver sa bonne santé était primordiale pour lui.