— Si tuer n'était pas un crime... Tu serais déjà mort ! ▬ PV Rhaenyc

Le soleil tapait les plaines du Gondor de sa chaleur ardente, tandis que le vent, à la fois sec et léger, laissait tout tissu porté par tout individu voleter. La Cape de Neil ne faisait pas exception, bien au contraire, et cela devenait dérangeant à force ; lorsqu’il fallait remettre cette dernière à sa place car cela vous gênait pour chevaucher, à la longue, il y avait de quoi en avoir ras-le-bol. Avant qu’il ne s’énerve trop, il confia le vêtement au soin des mains de Rhaenyc : ce dernier en tenait le bout pour qu’elle cesse enfin de tourmenter son porteur. D’ailleurs, vous devez surement vous dire : « qui c’est, Rhaenyc ? ». Et je vous répondrais : C’est une tête de mule, une créature qui vous donne envie de brandir vos deux mains pour l’étrangler, rien que pour le faire taire… En tout cas, c’est ce que pense Neil à propos de cet homme originaire d’Eriador. Pour faire court : Neil avait eu le malheur de lui sauver la vie car cela avait été une mission qu’on lui avait confié en échange d’un peu d’argent –qu’il ne daigna même pas prendre tellement il était partit vite–. Depuis ça, l’autre jeune homme ne voulait pas le lâcher ; c’en était même hors de question. Il déclarait aimer le semi-elfe, et le collait comme si ça vie en dépendait. Neil étant quelqu’un qui avait tendance à vite céder, ne pu se résigner à refuser de l’emmener avec lui. Homme faible, oui, ce n’est pas faux… Il croit bien faire car il cède à ce que veulent les autres pour leur faire plaisir ; pour son plus grand malheur.

Même s’il était à présent accompagné dans sa quête, cela n’allait pas l’empêcher de poursuivre son aventure, bien au contraire ! Ils étaient à présent, comme dit plus haut, en territoire du Gondor. Ils devront ensuite passer par le Rohan, puis en remontant Anduin le grand fleuve et en traversant Limeclair, ils réussiront à rejoindre la Lorien. Rien de plus simple, si seulement les routes étaient bien fréquentées… Ce qui n’était pas toujours le cas. Ils avaient du rencontrer une ou deux hordes d’orcs nomades, et même une fois, un troll des montagnes, à se demander ce qu’il faisait là celui-ci ! Mais dans tout les cas, rien de grave car les deux étaient toujours en vie, et entiers. La règle d’or était de survivre même si cela était plutôt compliqué en un milieu si hostile.

Toujours était-il, Neil qui avait chevauché durant cinq bonnes heures d’affilées, sentait que ses reins ne teindraient pas longtemps si ça continuait. C’est avec plaisir qu’il aperçut au loin une étendue d’eau, surement douce, et il ne perdit pas plus de temps afin de s’y rendre, soupirant de soulagement. Rhae semblait euphorique depuis ces cinq dernières heures, et pour cause… Il avait encore une fois réussit son petit manège du « je te supplie et comme t’es une putain de bonne poire, bah tu cèdes ». Cela blasait au plus haut point le semi-nain, qui se disait qu’un jour où l’autre, il le tuerait. Vraiment. –en gros, ce qu'il s'était passé était que Neil en avait marre que Rhae' blablate tout le temps. Ça le stressait, l'irritait. Il l'a donc viré du cheval et avait commencé à s'en aller sans lui, mais l'autre commença à jouer du violon sur le fait qu'il se ferait tuer et donc... Le semi-elfe avait de nouveau, craqué.– Enfin bref ; Neil s’arrêta près de l’eau et descendit rapidement de son cheval tout en grimaçant avant de se mettre sur les genoux, et de plonger ses mains dans l’eau qui était fraîche. Un pur bonheur. Il releva ses bras, et apporta son visage contre le liquide froid, soulageant son visage qui depuis le matin était attaqué par les rayons du soleil. Sentir sa peau humide était l’un des plus grands plaisir après des heures de cavale, dans cette région plutôt isolée. Ils ne venaient que tout juste de dépasser les frontières, donc forcément… Passer du désert aride d’Harad aux pleines verdoyantes du Gondor, ça faisait un beau contraste, mais ça n’empêchait pas qu’ils ressortaient d’un milieu extrêmement sec et étouffant !

Il ne pu s’empêcher de laisser un sourire étirer ses lèvres sous le bien fou que lui procurait la sensation de l’eau contre sa peau. Il secoua ensuite son visage et bu un peu, avant de redresser sa tête trempée,  tout autant que le bout de ses cheveux mis longs et en bazar à cause du vent qui s’était manifesté plus tôt. Il fini par se relever tout en posant une main sur sa hanche, grimaçant. Ce n’était pas qu’il se faisait vieux ou quoi, mais c’est qu’il en avait parcouru, des kilomètres à cheval, durant ces derniers mois ! D’ailleurs, sa pauvre jument commençait aussi à en avoir plein les sabots ; mais il leur restait trois semaines maximum et ils seraient arrivés. En se disant ça, Neil se sentait capable de continuer sa route. Par reflexe, même s’il n’avait pas envie de penser au fait que Rhaenyc existait, il chercha ce dernier du regard et le vit. En fait, ils se fixaient bêtement, tout à coup, car l’autre brun fixait déjà le semi-elfe. Se sentant un peu bête, il haussa un sourcil et se dirigea vers Lindin –sa jument–, afin de récupérer de quoi laver un minimum ses affaires grâce à un bloc de savon qu’il gardait toujours durant ses voyages –ah, le côté entretenu des elfes…– qui parfois étaient longs, et donc ne permettaient pas de correctement se « doucher ». En faisant cela, il se mit à parler, coupant le silence qui s’était installé depuis ces quelques minutes.

— Au lieu de me fixer comme si tu allais me sauter dessus pour m'égorger, tu ferais mieux de te reposer un peu. On repart dans une heure, pas une minute de plus !

Car s’ils attendaient encore plus, la nuit pourrait tomber, et cette région là était vraiment mal gardée… Alors si c’était pour se faire manger au repas d’un Warg, non merci ! C’est en tout cas sur ses derniers mots qu’il réussit à dénicher le savon cité précédemment. Il le sortit de la sacoche, puis chopa du tissu dans lequel s’essuyer –car oui, monsieur avait vraiment ses petites habitudes d’elfe…– et avant de s’en aller entre deux grimaces de douleurs et ce toujours à cause de ses reins un peu plus loin, il se tourna vers Rhaenyc et lui dit naturellement ;

— Je vais me laver un peu. Ne t'aventures pas trop loin, et ne te perds pas ! « Mais je suis pas un gosse, gna gna gna- » 'Veut pas savoir ! T'as compris ? Bien !

Sur ces mots, il tourna les talons et commença à s'en aller plus loin, vers des arbres toujours au bord de la rivière.

On ne sait combien de fois Neil avait du lever les yeux au ciel durant le voyage, mais là ce fut l’ultime fois en écoutant les paroles de Rhaenyc. Ce type… C’était un vrai pervers. Le mercenaire n’avait vraiment pas eu de chance de tomber sur ce cas ; il n’aurait pas pu voyager avec un gars plus calme, plus cool, et normal surtout ? Non, apparemment c’était impossible ! Bon après, il faut avouer que les talents de Rhae pourraient être utiles étant donné que c’était un voleur. Mais en tout cas depuis leur départ, il n’avait pas servit à grand-chose à part de boite à papote ! C’est pour ça qu’au moins, là, Neil espérait pouvoir avoir un moment d’intimité, tranquille, dans l’eau. Il s’éloigna donc afin de ne plus avoir en vu  l’homme qui partageait son voyage à présent et une fois assez loin, posa les affaires qu’il avait pris sur la berge avant de s’asseoir et de commencer par enlever ses bottes, les posant à coté de lui. Il en profita pour immerger ses pieds dans l’eau ce qui était d’ailleurs fort agréable. Bougeant un peu ces derniers, il fini par commencer à enlever toutes ces couches de vêtements du Sud pour se protéger des tempêtes de sables et co. Il se retrouva en chemise et enleva celle-ci pour être torse nu ; sa main tomba nez à nez avec la cicatrice qui trônait sur son torse. Doucement, il posa ses doigts dessus avant de baisser la tête pour la regarder d’une manière nostalgique.

Si seulement tout ne s’était pas passé comme ça. Si seulement elle avait pu effacer tout ces plans de sa mémoire et s’en tenir à ce qu’elle avait dit. Neil avait même eu le faux espoir de pouvoir être père, car malheureusement même si sa fiancée avait été enceinte, elle avait perdu le bébé d’une manière dont ils n’avaient pas pu déterminer. Peut-être était-ce cela qui avait changé sa future et ancienne femme ? Mais au point de livrer son futur mari pour de l’or, quand même… Toutes ces paroles, ces mots, ces caresses, ces moments, ces tendresses, envolés, comme une trainée de poussière. Il avait encore maintenant du mal à laisser tout ça derrière lui, du mal à encaisser la disparition dans sa vie de celle qu’il avait aimé et qui l’avait changé. De la solitude il avait souffert ; elle lui avait apporté tout. Un quotidien dont tout le monde rêve. Deux buts : nourrir sa femme, en prendre soin… Des choses si simples qui avaient fait de Neil un homme comblé, et heureux durant plusieurs années.

Son regard se perdit sur l’eau et il fini par secouer son visage. Pas le temps de penser à ce genre de choses ! Enfin… Relativement, si. Mais il ne voulait pas y penser tout court ; son cœur était encore trop blessé pour penser à ça sans pouvoir retenir une quelconque larme. D’ailleurs, il avait les yeux légèrement humides. Il releva fièrement la tête et entreprit de retirer son pantalon, restant en sous vêtement pour le moment. Il rentra dans l’eau, doucement tout en frissonnant, avant d’y aller totalement. Rien que de savoir qu’il allait pouvoir se rafraichir avec du savon le soulageait à l’avance ! Les voyages à long terme n’étaient vraiment pas ce qu’il préférait. Vivement qu’il soit chez les elfes, là bas, il aurait ce qu’il faut pour être intégralement propre. Retournant vers la berge, il tendit ensuite le bras pour saisir le savon, le mouillant avant de commencer à se savonner les bras avec. Il se lavait paisiblement avant de se mouiller le visage et de se le savonner à son tour, puis s’occupa de ses cheveux. Une fois rincé, il était près à poursuivre sa toilette mais un bruit attira son attention. Relevant rapidement la tête vers l’arbre de l’autre coté de la rivière, il écarquilla les yeux en voyant une énorme branche tomber avec elle… Rhaenyc.

— ...

Il s’en alla directement vers le corps qui remonta à la surface et saisit donc effectivement Rhaenyc avant de secouer la tête de manière à dire « oh toi, oh toi, oh toi », l'air de contenir sa colère qui grimpait en flèche.

— Oh mon dieu, Rhaenyc, t'es un homme mort. JE TE JURE QUE J'SAIS PAS CE QUI ME RETIENT DE...

Il leva son poing lors des derniers mots tout en plissant les yeux et se mordant la lèvre inférieure, mais il ne tarda pas à le rabaisser, car il savait très bien qu’il serait incapable de lever la main sur ne serait-ce qu’une mouche sauf s’il en était nécessaire, pour sa survie par exemple. Le fixant  depuis tout à l’heure droit dans les yeux, il fini par baisser totalement son bras et le lâcha, se reculant mais gardant tout de même une expression très remontée.

— J'attends tes explications, quoiqu'en fin de compte je pense très bien savoir tout comme toi ce que tu faisais perché sur cette branche... Hm ?