"Apprendre à tourner sa langue sept fois dans sa bouche..." || feat Thranduil

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-Père…où envoyez-vous Duilin,Edrahil et Finraen ? demande une voix posée dans un sindarin parfait.

Du haut de ses 30 ans, le visage juvénile, les traits lisses et délicats, un léger duvet commençant à faire son apparition sur son menton, Argonui venait de faire son entrée dans le cabinet de son père adoptif. Il était légèrement essoufflé, mais dans un semblant de dignité, le tout jeune adulte tentait vainement de dissimuler sa cavalcade à travers la cité. Affichant un air tout à fait innocent sur son visage semblable à celui d’un adolescent de 18 ans, le jeune prince tentait de garder un semblant de grâce et de flegmatisme devant son seigneur et père. Peine perdu. Les coins de ses lèvres tressaillaient, retenant un sourire, et ses yeux brillaient d’anticipation.

Il avait aperçu au détour d’un couloir les trois elfes, chargé de nourriture et de sacs de voyages. Ils discutaient à voix basse dans leur langue maternelle, et les seuls mots que le jeune homme aient put capter avaient retenu son attention et attisé sa curiosité. Voyage. Est. Thranduil. Message.Il s’était alors rapproché des eldars, et avec une innocence toute feinte, leur avait demandé poliment où ils comptaient se rendre. Malheureusement pour lui, leur confidence ne pouvait être achetée par ses yeux de biche éplorée. Aussi après de nombreuse tentative infructueuse n’ayant servis qu’à amuser les trois elfes, Argonui entreprit de se renseigner auprès de la seule personne pouvant détenir ces renseignements. Celui de qui ils recevaient leurs ordres. Elrond. Son père. Alors qu’il s’apprêtait à se rendre dans son bureau il entendit Edrahil lui crier de faire vite, qu’il partait dans cinq heures. Souriant comme au jour où il avait appris à monter à cheval, il courut aussi vite que ses longues jambes le lui permettaient. Et c’est sans délai qu’il parvient au bureau d’étude du seigneur d’Imladris.

Plongée dans la lecture d’un livre énorme qui ferait pâlir Argonui s’il avait à le lire, le Semi-Elfe ne leva pas les yeux quand son « fils » pénétra ses quartiers, absorbé par son ouvrage. Cependant, perceptibles aux regards aguerris, l’ombre d’un sourire planait sur ses lèvres.

-Et en quoi cela peut-il bien t’intéresser Norìma ?

Le jeune homme loin de se laisser démonter, s’approcha d’une des cartes épinglée à un mur en pierre noble de la pièce. La parcourant rêveusement du doigt, s’attardant un peu plus longtemps sur les régions de l’Arnor et de l’Arthedain, il laissa son regard dériver vers une immense forêt à l’est dont le nom était Vertbois. Et il sut exactement comment il allait amener son père à lui dire ce qu’il désirait savoir. Celui-ci avait maintenant levés ses yeux profonds vers lui. Il se sentit alors transpercé par ce regard sans âge. Il n’était plus aussi sûr de lui désormais.

-Je les aie entendu parler de la Forêt Noire…aussi je souhaitais en savoir plus sur ce lieu. Il parait que d’autres elfes vivent là bas. Que leur territoire est le plus grand et le plus dangereux de tous les domaines elfiques ! Et que leur roi possède une magie très puissante, est-ce vrai ? Commença à s’emballer le jeune héritier, perdant son plan initial de vue.

Rigolant dans une barbe inexistante, Elrond se délectait du spectacle de ce jeune chien fou qu’il savait plus curieux que la décence ne le voudrait. Le jeune homme n’avait qu’une seule envie depuis quelques mois, partir à l’aventure, découvrir de nouveaux horizons. Cependant il ne savait rien encore du monde. Aux yeux des elfes il n’était encore qu’un enfant. Un enfant très doué au maniement de l’arc et l’épée, mais un enfant tout de même. Aussi malgré tout l’amusement que pouvait lui procurer cette scène qu’il avait vu venir de loin, le Peredhel gardait tout de même une part de sérieux. Il savait ce qu’allait lui demander Argonui. Rencontrer les elfes Silvains. Voir la Forêt Noire. Mais était-il prêt à le laisser s’en aller ainsi aussi loin avec pour seule escorte quatre de siens ? Non pas vraiment. Toutefois il pourrait lui interdire de quitter Fondcombe que le jeune homme téméraire trouverait un moyen de suivre ses messagers. Se levant d’un mouvement fluide, Elrond s’approcha alors du jeune Dunedain et posa une main sur son épaule.

-Vas.

Devant le regard d’abord incrédule puis surexcité de son jeune protégé, l’elfe se sentit obligé de tempérer ses ardeurs.

-Il ne me plaît guère de te voir partir ainsi pour Mirkwood. Certains seraient d’avis que ce n’est guère prudent. Mais je te le refuserais que tu trouverais tout de même un moyen de t’y rendre, je me trompe ?

Sa question n’étant qu’une affirmation, il continua sans attendre de réponse.

-Dis à Finraen d’emmener avec lui cinq hommes de plus et…

Il n’avait pas finit sa phrase que le jeune homme avait bondi, s’élançant de nouveau dans les couloirs après avoir crié un « Merci père », à la volée. Laissé seul, debout au centre de la pièce, le seigneur elfe secoua la tête, exaspéré. Un jeune chien fou. Rien de plus, rien de moins. Au moins il ne partirait pas seul. Avec cinq hommes à ses côtés, le jeune garçon serait un peu plus en sécurité. Et il pourrait avoir l’esprit un peu plus tranquille. Enfin, jusqu’à ce qu’il croise Thranduil. Avec cet elfe, l’on n’était jamais sûr de rien.

oOoOoOo

Incroyable. C’était le seul mot qui venait à l’esprit d’Argonui alors qu’il admirait l’architecture du palais du Roi Thranduil. Lui et sa garde rapproché venaient d’arriver à Mirkwood après plusieurs jours de voyage. Fatigué pour sa part, le jeune homme ne désirait qu’un bon bain et un lit accueillant. Cependant il y avait encore à faire pour ses accompagnateurs. Ils avaient un message à délivrer. Lequel ? Il n’en sut absolument rien, car très poliment il fut séparé de ses gardiens et mené dans une autre partie de la cité. Ne résistant pas le moins du monde, trop absorbé par la beauté de ce qu’il voyait, l’héritier d’Isildur, fut mené dans une chambre où on le laissa seul.

Ce lieu était pour lui tout simplement formidable, et dégageait une aura mystérieuse et envoutante. Tout était différent d’Imladris. L’architecture, l’atmosphère, les elfes eux-mêmes n’étaient absolument pas les même. Il régnait une toute autre ambiance ici. Aussi il se demandait si finalement il avait bien fait de venir. Après tout il n’était pas d’une grande utilité. La preuve, il avait été écarté des discussions. Argonui ne savait pas si cela était pour lui plaire ou pas. Car pour l’instant tout ce qu’il désirait c’était un bon bain. Heureusement pour lui, les elfes attachaient de l’importance à l’hygiène. Aussi une salle d’eau était présente dans sa chambre.

Reprenant un semblant de dignité après s’être lavé, le Dunedain s’étendit sur le lit mis à sa disposition. Il ne lui fallut guère plus de quelque minute pour s’assoupir. A croire que ce voyage l’avait véritablement épuisé, car il dormir plus de deux heures. Ce n’est que le sentiment angoissant d’être observé, et les instinct de survie qu’il avait développé au cours de son voyage, qui le réveillèrent en sursaut. Il y avait quelqu’un dans sa chambre il en était sûr.

-Qui est là ! Oh Duilin ! Tu m’as fait une des ces peurs.

Un bel eldar à la chevelure sombre et à la démarche féline, sourit malicieusement au jeune prince qu’il avait désormais pour habitude de taquiner. Sortant de l’ombre, il regarde son jeune seigneur remettre en état sa longue chevelure, réputée sa beauté.

-Vous êtes plus bruyant qu’un ours enrhumé, Norìma.

Grommelant de fausses menaces dans sa barbe naissante, le jeune homme n’était guère d’humeur à plaisanter. Il détestait ce genre de réveil. Ceux dans l’urgence et l’angoisse. Les elfes eux dormaient les yeux ouverts et avaient le sommeil très léger de sorte qu’il était toujours difficile de dire s’ils dormaient ou non. Il pouvait quitter leur sommeil dès lors qu’ils le désiraient. Lui en revanche n’était pas si bien loti. Enfin, trêves de bavardages.

-Que me veux-tu ?grogna –comme un ours- le jeune homme.

Le Noldor fit quelques pas en avant, se plaçant bien en vu du Rôdeur. Son visage prit un air grave qui laissait présager quelque chose de très sérieux.

-Le Roi Thranduil souhaite vous rencontrer. Il a formulé le souhait de diner en votre compagnie après que votre nom ait été évoqué dans notre discussion…Cependant je me dois de vous prévenir. Il y a bien plus que ce que les apparences ne peuvent laisser suggérer chez Thranduil. Soyez toujours attentif.

Sur ces paroles, le messager sortit de la pièce, laissant Argonui se débrouiller avec cette information et son avertissement. Celui-ci l’esprit encor embrumé, préféra laisser de côté tout cela pour le moment. Il avait faim. Il s’en rendait compte maintenant qu’on lui annonçait le diner. Aussi il n’allait surement pas refuser. Se levant afin de se rendre présentable, il se dirigea vers une armoire présente dans la chambre où il découvrit accrochés des vêtements elfiques. Après tout il allait faire la rencontre d’un Roi, autant faire bonne figure, et bon hôte. Des seigneurs il en avait déjà croisé. Mais des rois… elfes en plus…jamais. Aussi c’était une première pour lui. Stressé ? Non pas le moins du monde voyons.

Franchissant une série de porte, guidé par deux elfes sylvaines austères, il arriva enfin à la salle des fêtes. Prenant une grande inspiration, il poussa la dernière porte le séparant de Thranduil Greenleaf. Roi des Elfes de la Forêt Noire.

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Pupil and Master
your shyness will not save you

Malgré le fait que peu de gens venait jusqu’à Mirkwood, le peuple de cette région restait assez ouvert les uns aux autres pour pouvoir organiser des festins et des beuveries pour les diverses fêtes durant les saisons. Thranduil, au dessus de tout ça, choisissait personnellement où, quand et comment, supervisant ; nourriture, boisson, quel animal chasser… Car oui, contrairement aux rumeurs crétines sur les elfes, certains prenaient la peine de se nourrir de protéines. Certains elfes de certaines régions et traditions ne mangeaient que des fruits, et des légumes, tous issus de la terre notre mère : mais d’autres, respectait la chaîne alimentaire et appréciait à chasser quelques belles bêtes pour manger correctement autour de leur table. Le roi des elfes de Mirkwood, lui, prenait plaisir à la chasse mais dans un cadre unique à se nourrir, ce qui était tout à fait normal. En revanche, il n’aimait pas que l’ont s’en prenne à torturer des animaux. Il aimait profondément ceux-ci, ainsi que la nature. Donc à sa table se dresserait nombreuses viandes, nombreux légumes et fruits, et un bon vin choisit avec précaution ; de son goût pour l’alcool il faisait plaisir à ton son royaume car il savait quoi choisir précisément et pour quel type de nourriture. Dans tout les cas ; même s’ils ne recevaient pas souvent, ils auraient sût comment recevoir.

Et ce soir là en particulier, le festin était somptueux. La musique résonnait dans toute la citée, et une bonne humeur s’entendait facilement de loin. Ces elfes étaient de très bons joueurs, surtout les sylvains, mais tous avaient déteints les uns des autres au fil des années. La boisson coulait à flot, on se passait les fruits, et l’ont mangeait de bon cœur. Une longue, longue table, des elfes dansant, chantant, tandis que ceux qui s’occupait de l’ambiance jouait avec entrain de la harpe et d’autres instruments tellement magnifiques. Thranduil était assis, au bout de la table, contre sa grande chaise, plus grande que celles des autres étant donné qu’il possédait plus un fauteuil, en fait. Un fauteuil de bois, sculpté, semblable à celui de son trône. Il contemplait avec un regard calme et limpide son peuple, sa coupe pleine. Sa main se dirigea d’ailleurs vers cette dernière, et il saisit d’une manière délicate et pleine de grâce le récipient, l’apportant à ses lèvres pour pouvoir gouter à nouveau à ce liquide tellement doux et aussi frais que l’eau pure. Il ne mangeait pas, il ne disait rien, car il attendait une personne tout en particulier. Quelqu’un d’en soit important. Le descendant d’Isildur, Argonui, Dunedain. Mais malgré tout, le blond ne songeait pas à cette royauté. Il tenait tout de même à rester en tête à tête avec l’homme qui allait arriver d’un moment à l’autre.

Les paupières closes du roi des elfes qui était en train de se délecter du met de son verre s’ouvrirent alors sans attendre, lorsque la grande porte s’ouvrit. Il rabaissa d’un geste lent et calculé sa coupe, avant de la poser sans toutefois la laisser quitter sa main. Il fixait alors avec ses grands yeux bleus et son air interdit la jeune personne étant entrée ici ; les gardes se mirent en ligne et attendirent alors que l’homme s’avance assez pour qu’un de ces derniers vienne le devancer et lui dire d’attendre dans une courbette. Ce dernier se redressa ensuite et s’en alla jusqu’à son Roi, se penchant une fois près de lui pour lui murmurer.

— “ i' edan ier sinome, Aran vuin.”

Ce qui signifiait littéralement « Il est arrivé, mon Roi ». Thranduil ne quitta pas des yeux le jeune homme qui attendait plus loin. L’air impénétrable, il ne bougeait pas, puis finalement bougea ses lèvres, remerciant son garde qui du coup s’en alla à nouveau vers l’humain pour lui demander de le suivre. Pendant ce temps, notre roi des elfes se leva, lâchant lentement la coupe d’entre ses doigts fins et délicats, avant de s’en aller doucement vers un coin plus reculé. Il avait attendu que le dunedain ait été déjà conduit à l’endroit où lui-même se rendait pour s’être lever et l’y rejoindre. Une table moins grande mais grande quand même, plus « privée » étant donné qu’il n’y avait plus aucun autre elfe sauf quelques gardes qui surveillaient. Dans cette zone, l’on entendait encore les chants, de loin, ainsi que les instruments des elfes de Greenwood. Thranduil arriva doucement, habillé de sa longue robe elfique grise et ouvragée, ainsi que sa couronne en bois et en baies d’automne, époque de l’année à laquelle ils étaient actuellement. Ne prêtant aucun regard au jeune homme qui avait été installé à table, il s’assit au bout de cette dernière : Argonui était juste à coté de lui, ou plutôt, non loin en face. (en gros, Thranduil est a un bout de table, et Argonui sur le coté droit, mais près du blond).

Leur assiettes étaient déjà présentes, et alors qu’un elfe s’en allait quérir de quoi leur servir une entrée, Thranduil restait calme, levant sa main jusqu’à une belle cruche en bois sculptée qui contenait de ce précieux vin choisit par le roi lui-même. Il servit ainsi son hôte, avant de lever son regard bleu, profond et perçant pour fixer son interlocuteur.

J'espère que ça te plait u_u, ah et au passage, je savais pas si tu voulais qu'il ai poussé les portes et retrouvé directement Thranduil seul qui l'attendait ou ce que j'ai fait... Si tu veux que je change quelque chose, surtout n'hésite pas !

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Argonui désormais encadré par une rangée de gardes, avait pénétré d’un pas lent et peu assuré, dans la grande sale de réception où, nonchalant, se trouvait assis le Roi des Elfes sylvains. Il y avait une table au centre. Des chaises. Le couvert était mis. Le jeune homme debout les bras dans le dos, manqua un battement de cœur lorsque les yeux du souverain s’ouvrirent soudainement, sentant une émotion étrange le parcourir. Lui donnant des frissons. Ce n’était pas de la crainte –que pouvait-il lui arriver-… mais plutôt de l’anxiété, un stress caractéristique de ces moment que l’on ne veut pas gâcher et qui n’arrivent qu’une fois. Car ces yeux d’un bleu limpides, aussi froid que la Bruinen en hiver, s’était posés sur lui avec insistance, sans pour autant que ces lèvres fines n’aient prononcé un mot. Avait-il fait quelque chose de mal pour être ainsi accueilli. Avec autant de silence et de flegme. Le jeune homme douta, et se tritura l’esprit. Entre temps, l’un des gardes s’était approché du souverain, et lui avait chuchoté alors ces paroles.

“ i' edan ier sinome, Aran vuin.”

Il n’entendit rien de ce qui fut murmuré à l’oreille du roi, mais devina aisément que l’on parlait de lui. S’avançant encore de quelques pas, sous l’œil imperturbable de Thranduil, le Dunedain tenta de garder un visage neutre de tous sentiments. Un vague remerciement du suzerain, et le garde s’en vint vers lui, l’incitant à le suivre. Argonui obéit, et vit du coin de l’œil le souverain immortel se lever à son tour. Avec une grâce unique aux elfes, et une lenteur presque sacrée, il déposa le verre cristallin qui reposait entre ses doigts. Mené vers une table, il fut indiqué au rôdeur une chaise. S’asseyant sans bruit, il attendit et vit Thranduil faire de même, mais cette fois-ci sur un siège magnifiquement ouvragé. Toujours avec une élégance que même dans ses rêves les plus doux il ne pourrait posséder. Loin des chants et des réjouissances se déroulant aux niveaux inférieurs et à d’autres endroits de la forteresse, les deux seigneurs s’observaient désormais sans un bruit. Placés l’un près de l’autre, Argonui en profitait pour détailler son vis-à-vis avec encore une certaine innocence mêlée d’appréhension.

Et lorsque la main de Thranduil se leva pour aller saisir une somptueuse cruche de vin leur ayant été apporté, le jeune homme ne put que suivre des yeux ce mouvement parfait. Des elfes avaient été leur quérir de quoi se restaurer. Désormais ils n’étaient que tout les deux, sans compter les gardes veillant à ce que nul ne s’invite à leur entrevue. Les yeux de Thranduil toujours fixés sur lui, le jeune seigneur ne savait guère où se mettre. Il n’avait jamais ressenti une telle pression au travers d’un regard si ce n’était lorsque son père, Elrond Peredhel, tentait de lui faire comprendre quelque chose sans user d’un seul mot. Ou alors qu’il le regardait simplement, cherchant à découvrir quelque chose sur lui que lui-même ignorait. Il n’empêche qu’il était en ce moment atrocement gêné.

Il ne se sentait absolument pas à sa place. Tout d’abord car il s’était improvisé membre de ces compagnie de messagers, faisant se déplacer avec lui une dizaine de garde de Rivendell. Ensuite il ne voyait pas l’utilité de sa présence dans ce lieu. Il n’avait aucun message à délivrer. Aucun présent à offrir. Il était venu sans rien. Ou du moins rien qui puisse –d’après lui- intéresser un roi comme Thranduil. Il se sentait…déplacé, dans ce cadre. Aussi il ne savait point pour quelle raison le Roi de elfes aurait souhaité le rencontrer…Et quoiqu’il puisse afficher il appréhendait tout de même de connaitre la réponse. Cependant sa curiosité était bien plus forte que ses doutes, et c’est d’une voix d’où perçaient l’incertitude et le questionnement, que l’hériter d’Isildur s’adressa pour la première fois à Thranduil Oropherion.

-Vous m’avez fait mander Majesté ?

Ou comment dire poliment : Que faisons-nous ici à nous regarder dans le blanc des yeux. Car il faut toujours se montrer diplomate. Une qualité qu’Argonui n’a apprit, et n’applique que depuis peu de temps. Apprenant à réprimer son impulsivité, à penser avant de parler, ou agir. Peut-être que tout ceci était un test. Un moyen de le mettre à l’épreuve. Autant le prendre ainsi. Car après plusieurs minutes de silence, le jeune homme ne voyait aucune raison valable à sa présence. Donc surement cela devait-il être un simple curiosité du roi, cherchant à savoir ce que pouvait bien valoir l’enfant d’Imladris, le protégé d’Elrond. Car cela Argonui l’ignorait, mais les Noldors –le clan de son père adoptif- n’était pas toujours en très bon termes avec les sindars –dont fait parti Thranduil- de longs conflits, de vieilles rancœurs, les ayant éloignés. Une chose que peut-être Elrond avait oublié de lui mentionner. Thranduil lui était donc particulièrement hostile, tenant également les Noldor pour responsable de la mort de son père Oropher.

Aussi, inconscient de tous les possibles enjeux qui pouvaient se jouer maintenant avec sa simple présence dans cette forteresse, les avertissements de Duilin flottant dans une part lointain de son esprit, Argonui était tout simplement dans l’attente d’une réponse. Car peut-être ce repas partagé n’était que de la courtoisie entre sang bleu après tout. Pourquoi être toujours sur ses gardes si demanda alors le jeune homme. Il finirait par avoir des cheveux blanc bien avant l’âge. La vie de rôdeur n’était pas encore à sa porte, qu’il se comportait déjà comme l’un d’eux. Méfiant, aux aguets. Il devait absolument se détendre ou il finirait par se faire une peur de tout ce qui ne lui paraissant pas normal. Et pour cela, une seule solution à sa portée. Il leva la coupe de vin à ses lèvres, goutant ainsi la meilleure boisson lui ayant déjà été servie dans sa courte existence. Appréciant le nectar, il vit revenir les bras chargés de victuaille les deux elfes partis un peu plus tôt. Il retint un sourire satisfait. Le diner pouvait commencer. Car après un si long voyage il devait avouer que son estomac lui rappelait sa condition de -très- jeune adulte.

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