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"Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt]
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 "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt]

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MessageSujet: "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt]   "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt] EmptySam 31 Jan 2015 - 18:32



"« Les morts ne racontent pas d'histoire»"







Dans un silence lourd et pesant, un navire s’approchait d’une ville plongée dans les ténèbres d’une nuit sans lune.  Nul flambeau allumé, nulle lumière pour guider le navire à bon port. La nuit était calme. Presque trop. Les villes côtières du Gondor, hauts lieux de commerce, ne ressemblaient en rien à ce qu’ils avaient devant eux.  Ce fantôme de cité. Cet entassement de bâtiments où s’étaient figés les ombres, où le bruit s’était tut, comme sommé de disparaître. Et où la vie, foisonnante et fourmillante jadis, semblait s’être enfuie.  Cette bourgade n’était plus que l’ombre d’elle-même pour ces marins qui y avaient souvent accostée pour y trouver l’espace d’une nuit, un réconfort bien gagné.  

Ils avaient vogué pendant de longues journées, chaudes et harassantes, ces marins à la peau tannée. Ils n’aspiraient qu’à une seule chose maintenant, un repos bien mérité entre les cuisses des quelques joyeuses compagnies, offertes à leurs corps, et payées pour leur apporter ce que même la magnificence de la mer ne pouvait leur donner.  Mais ce port, où nul ne semblait les attendre, les faisait douter. Aucun bruit. Seuls le clapotis de l’eau sur la coque noire du navire, le claquement mou des voiles, les grincements du gouvernail se faisaient entendre. Rien d’autre. Le silence régnait en maitre sur le bateau de fret. Du dernier des trouffions caché dans les cales à grignoter un pain moisi, jusqu’au capitaine, le visage grave, debout sur le bastingage, une sépulcrale pensée se répandait. Ce silence, qui murmurait dans tous les esprits le nom de son démiurge, ne signifiait qu’une chose. La mort. Ce silence, était la seule trace invisible mais si lourde, que laissait derrière lui ce fléau des mortels.

En retrait, debout sur le pont, au milieu de tous ces êtres dont la présence lui était devenue familière, une faible lueur émanait d’une femme voilée. Entre ses mains, une petite chandelle, éclairait les visages burinés, et soucieux. Devaient-ils aller plus avant ? La question se lisait dans leurs yeux noirs comme l’onyx. Sans que rien ni personne ne leur donne de réponse. La femme voilée, cette sorcière qu’il disait le capitaine, et dont nul ne connaissait le nom, ni le visage, pourquoi ne disait-elle rien. Muette comme une tombe, elle gardait ses yeux fixés sur l’horizon, alors que le bateau continuait sa lente avancée vers les quais du petit port. Et nul n’osait l’interroger.  

Dans ces yeux, certains disaient avoir vu l’enfer. D’autres la croyait capable de faire bruler leur âme d’un regard. Ils avaient quémandé au capitaine des explications un jour, en la voyant prier son dieu, et lui brûler –des flammes sortant de ses mains, et qu’ils disaient avoir vu de leur propre yeux- des offrandes qu’il aurait plus approprié de manger. Mais ce qu’ils obtinrent furent des grognements et des cris.  Nulles explications ne leur furent donnés, ils furent rabroués  et s’en retournèrent à leurs tâches, mécontents, mais nullement prêts à se rebeller contre leur employeur. Alors pendant plusieurs jours ils grommelèrent dans leurs barbes tressés de perles et de breloques, des incantations ridicules, serrant contre leur cœur des gris gris venus du Harad censés les protéger du mauvais œil que cette sorcière risquait d’amener sur eux.

Tous, avaient entendus parler d’Abad Tar Calion. Le temple d’Umbar, ville cosmopolite où les pirates avec l’aval du roi, faisaient affaire…mais dont le culte mystique, et secret,  où seules officiaient, des femmes, avait laissé place à toutes les divagations, à toutes les suppositions. On n’y vénérait pas les Valars cela était certain. Ces êtres que l’on révérait au nord, lointains et sans doute imaginaires que nul là bas n’avait jamais vu, tenaient peu de place dans le cœur des suderons. Dans les maisons en brique de sable,  se célébrait  le culte d’un dieu solaire, un être de feu qui avait par la passé vécu dans ce royaume des hommes. Un dieu dont l’incarnation, une prêtresse à la robe couleur du sang, préservait la ville de ses ennemis, et permettait par moult offrandes, que le soleil se lève chaque jour. A bord, certains y croyaient, d’autre non. Mais tous étaient d’accord pour dire que jamais cette femme n’aurait dû monter à bord. Une femme, ça porte malheur disaient-ils. Et nul homme de la mer n’oserait leur donner tord.

La passagère, quant à elle, était bien peu au fait des tourments qu’elle causait à ses compagnons de route. Son regard brûlant scrutant leur port d’escale en quête du moindre signe d’une quelconque présence. Mais la vie semblait avoir déserté ce lieu. Et à mesure que le navire glissait sur l’eau, s’approchant du débarcadère, les contours d’une scène effroyable se dessinaient et les hoquets de dégouts des plus jeunes mousses brisèrent le silence religieux qui s’était installé. Que s’était-il passé ici ? Dans la nuit, tout n’était pas clairement visible. Ni l’eau rouge de sang, ni les visages blêmes et pourris des corps qui flottaient dans la rade du port, mais en revanche, l’odeur qui, soulevée par un vent sournois, arrivait à leur narine, ne laissait aucun doute dans l’esprit des marins. Certains, lapant l’air, eurent même un gout de fer en bouche, sans oser l’avouer. Chacun dans sa fierté de mâle, d’aventurier sans peur, resta silencieux.  Pourtant tous s’agitèrent, un frisson, un malaise parcourant leurs rangs.

-La mort…murmura une voix douce, et féminine, attirant sur elle quelques regards.

A elle aussi, l’odeur parvenait, remuant ses tripes, et pourtant, nauséeuse, elle gardait la face. Elle, connaissait la mort. Des morts, ses rêves en étaient peuplés. Pourtant la voir en vrai, la sentir autour de soi, fixer ses yeux vides, avait quelques choses de déplaisant. C’était un spectacle sordide. Alors pour tenter de comprendre ce qu’elle faisait là, elle se questionna pensivement, pas complètement insensible aux cadavres que la coque du navire heurtait par instants, dans un bruit sourd... Le capitaine lui aurait-il joué un quelconque mauvais tour ? Avait-il prévu de la flouer ? De la débarquer à terre, dans ce charnier, pour ensuite repartir avec ses effets ? Elle ne le permettrait pas. Mais un seul regard vers lui, pénétrant et inquisiteur, l’informa qu’il n’était pas plus au courant qu’elle de ce dans quoi ils venaient de pénétrer. Tant mieux. Elle aurait eu un pincement au cœur à l’idée de devoir faire justice elle-même. Il lui était encore utile, l’abîmer aurait été dommageable à son projet. Osgiliath était encore à deux jours distance. Et elle ne comptait pas s’y rendre à pied. Ni même traverser ce champ de mort.

-Cap’taine qu’est-ce qu’on fait ? Quémanda une voix bête dans l’attroupement de marins qui s’était formé en silence sur le pont.

Jetant un regard aigüe au jeune moussaillon, qui dans sa grande innocence ou inconscience, avait posé tout haut la question que tous se posait tout bas, le capitaine du navire de commerce sembla hésiter un instant. Il avait prévu d’accoster ici pour donner à ses hommes l’occasion de dégourdir leurs trois jambes et d’oublier un peu la présence de sa passagère, mais l’idée de poser pieds à terre au milieu de ce qui lui apparaissait comme un carnage, le rebutait profondément. Il doutait d’ailleurs qu’aucun de ses hommes n’apprécia la chair froide. Il était désolé pour eux mais leur nuit de plaisir venait de leur filer sous le nez.

-Ces fils de putains…partout où ils passent c’est toujours le bordel…un sacré merdier que voilà…

Ces mots, le vieux loup de mer les marmonna, ses plans contrariés, et  pensant sans doute ne parler que pour lui. Mais subrepticement, profitant de l’apathie générale, la silhouette voilée, discrète, s’était rapproché de sa position, suffisamment, pour entendre ses paroles. Elle ne dit rien. Gardant ses questions pour plus tard.

-Si parmi vous il y a des amateurs de trous putréfiés, je ne les retiens pas…mais moi, je les préfère bien vivants…

Si l’homme espérait faire rire, son jeu d’esprit laissa chacun perplexe. Car la plupart des marins, se demandaient surement ce que voulait-dire putréfié, bien plus qu’ils n’avaient compris l’injonction à peine voilée de leur chef. Soupirant devant ce spectacle affligeant, celui-ci crut bon de préciser.

-On décampe !









Dernière édition par Radha Matarishvan le Mer 18 Fév 2015 - 17:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt]   "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt] EmptyMar 17 Fév 2015 - 17:48

Radha ∞ Duncan
"Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."
Des paysages dévastés jonchaient les côtes du Gondor, là où les pirates avaient officié. Duncan avait vu plusieurs de ces tableaux sinistres, et jamais il n'avait été aussi peu fier d'être l'un d'entre eux. Il n'avait pas les mains propres : il avait dérobé des biens et des vies, mais la piraterie, représentait, à ses yeux, davantage la possibilité d'être libre et insaisissable. Ces pirates avaient perdu cela de vue. Seul l'appât du gain régissait leurs actes. Quel forban ne serait pas avide d'or et de pouvoir, après tout ? Mais jamais Duncan ne se serait fié à une rumeur propagée par des orcs. Par ailleurs, même si elle était vraie, il était persuadé que les Hommes avaient tout intérêt à se tenir éloignés de ce qui s'apparentait à de la magie.
Jamais la nuit n'avait été aussi oppressante, comme s'il s'était agi d'une entité à part entière. Le ciel sans lune semblait s'écraser sur la cité, excluant tout espoir de souffle, qu'il fût de braise ou humain. Pas une lumière, ni âme qui vive, n'étaient perceptibles à l'horizon. Si ce vide paraissait surnaturel, il n'en était rien. Les pirates étaient passés ici également. Les éléments semblaient avoir épousé l’amertume de la zone sinistrée, du ciel opaque jusqu'à l'eau, elle-même, qui paraissait figée. Il n'y avait rien de plus menaçant que de voir l'ennemi, prêt à lancer l'assaut, si ce n'était un décor dévasté par les guerres.
Les principes de Duncan n'étaient pas tout ce qui le différenciait des pirates habituels. Outre le fait qu'il ne naviguait plus depuis un certain temps déjà, il n'avait pas toujours été un pirate d'Umbar. Il ne savait pas ce que cela signifiait exactement, il n'était pas forcément fait de cette étoffe-là. Disons simplement qu'il se considérait comme une pièce rapportée, qui avait assimilé certaines choses, et d'autres pas. Il n'était qu'un de leurs esclaves, à la base. La chance, la fatalité ou son tempérament avaient su l'extraire de cette situation délicate, voilà tout. C'était il y a bien longtemps...
Si Duncan avait le temps de contempler ce paysage mort ou son propre passé, c'était bel et bien parce qu'il était solidement attaché à une poutre qui faisait partie intégrante du port. S'il était entouré de cadavres et de puanteur, il était encore vivace. Cela faisait bien des heures qu'il était accroché là, sans moyen de bouger ni de se libérer. La mort viendrait assurément, mais après une longue agonie...
Comment en était-il arrivé là ? C'était simple. Il s'était une fois de plus trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Les pirates qui avaient attaqué cet endroit n'avaient pas cherché à laisser de survivants, dans leur sillage, mais lorsqu'ils virent Duncan, l'occasion fut trop belle. Cobalt connaissait ces forbans, or, ils n'étaient pas de ses amis. Il avait envie d’affirmer qu'il avait vaillamment combattu, mais les pirates étaient plus nombreux et plus hargneux. Ils prirent rapidement le dessus, et songeant qu'une mort rapide était trop douce, ils lui avaient réservé ce destin-là. Après s'être assuré que personne ne viendrait le libérer rapidement, ils l'avaient attaché ici, en proie à la soif, à la famine et au froid. Les chances de survie étaient faibles. Les pirates partirent, laissant cette âme en peine derrière eux.
Duncan était fasciné par le fait que l'existence lui réservât toujours des souffrances inédites. Était-il là depuis une journée déjà ? C'était tout ce qu'il était en train de se demander. Après tout, la monotonie, l'épuisement (qui ne permettait pour autant pas le repos) lui faisaient perdre le sens de la réalité. La poutre était placée de façon à ce que la partie inférieure de son corps soit plongée dans l'eau. Il lui semblait que sa peau souffrait à la fois du contact avec cette eau non potable, et de la déshydratation. C'était un enfer.
Il était déphasé, mais encore conscient. Lorsqu'il aperçut la silhouette massive d'un navire, certes difficile à distinguer dans le brouillard nocturne, il crut d'abord rêver. Il songea ensuite au retour des pirates, qui voulaient peut-être encore passer une nuit ici, ou simplement achever leur travail. Il en frissonna mais il réalisa rapidement qu'il s'agissait d'un navire tout autre. S'agissait-il d'un équipage malfaisant ou potentiellement bienveillant ? Il hésita un instant, car se faire repérer par les personnes qu'il ne fallait pas, pourrait être mortel. Mais après tout, quel autre espoir avait-il ? Il demanda donc de l'aide, de toutes ses forces, espérant être entendu et distingué, malgré la distance qui le séparait du navire.
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MessageSujet: Re: "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt]   "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt] EmptyMer 18 Fév 2015 - 15:22



"« Les morts ne racontent pas d'histoire»"







Le vent poussait encore un peu le navire en direction du port.  Doucement, mais surement il s’en rapprochait.  Sur le pont, il y avait un silence pesant, mêlant effroi et sincère recueillement. Quelques fois, les regards se portaient sur les corps déchirés  accumulés en tas sur les quais. Radha, elle gardait son regard fixé sur ces cadavres empilés. Au début elle s’était sentie nauséeuse, mais la première émotion passé, elle se trouvait désormais partagée. Partagée entre le dégoût et la fascination. Oui la mort avait quelque chose d’irréel, de fascinant. La vision de cette chose flasque et disgraciée qui reste de nous une fois nos esprits évanouit dans l’au-delà, avait pour elle un attrait curieux... Cette froideur, cette dureté, tellement cruelle qu’elle en devenait belle. Oui la mort avait quelque chose de captivant. Néanmoins, elle préférait la chaleur intense de la vie, et la violence impétueuse habitant un corps vivant.

Après être resté quelques instants encore à contempler ce spectacle, les marins, répondant à l’ordre de leur capitaine, se mirent en branle. En silence, comme pour ne pas troubler les âmes de ces gens, morts dans la souffrance. Sans rechigner tous reprirent leurs postes. Chacun, trop heureux de quitter cet endroit sordide, et empestant la mort. Et elle, tout aussi silencieusement, louvoya entre ces hommes pour se rendre aux côtés du capitaine qui d’un pas lourd s’en retournait à la barre de son navire.  

-Vous savez qui est responsable de cette hécatombe.

Sa voix veloutée avait provoqué chez le meneur d’homme, un léger sursaut. Il ne l’avait pas entendue arriver derrière lui. Se retournant brusquement, il darda sur elle, un regard sombre et renfrogné. Dans ce chuchotis éthéré, elle n’avait posé aucune question. Simplement énoncé un fait. Presque accusatrice. Que devait-il dire ? Il n’en savait rien. Il n’avait aucun compte à rendre à cette femme ! Cette sorcière qui le regardait de son regard mordoré, le transperçant d’une désagréable façon. Peut-être que ses hommes avait raison, et qu’elle pouvait lire son âme ?...Sottise ! Ce n’était que des mythes et des histoires que ces idiots se racontaient pour se faire peur. Lui, ne pouvait décemment y croire sans se rabaisser à la bêtise du petit mousse à la cale.

Il se redressa, dans une gesticulation inutile alors qu’elle continuait de le darder de son regard si particulier.  Cette posture d’autorité qu’il adoptait, n’allait surement pas lui permettre de se défiler. Ce genre de comportement ne marchaient pas sur la prêtresse rouge, mais c’était la seule chose qu’il connaissait. Ouvrant la bouche, il allait répondre. Une réponse sans doute désobligeante, pour renvoyer la jeune femme à d’autre occupation.  Une grossière erreur. Mais il fut sauvé par le cri d’un de ses sous-fifres.  

-Un homme à la mer !

Dans un geste parfaitement synchrone, deux têtes se tournèrent dans la direction du cri. Trop heureux de trouver ainsi une échappatoire à la présence dérangeante de sa passagère, le capitaine descendit de son perchoir, s’en allant regardé de quoi il en retournait. Radha, restée sur le bastingage, écouta. Dans l’air, il y avait un cri. Un cri masculin. Désespéré lui semblait-il. De ses yeux, dans l’obscurité de cette nuit funeste, elle cherchait l’origine de ce cri de détresse. A l’écoute, il semblait provenir du petit port. Il était encore possible d’aller voir si un pauvre hère avait réchappé de ce massacre. C’était possible. Mais qui en aurait l’envie ? Tous ces hommes étaient déjà trop heureux de quitter cette rade moribonde, vers des eaux plus clémentes.  Lequel d’entre eux voudrait faire marche arrière ? Il lui apparu rapidement que c’était mal connaitre ces marins que de penser cela.  Plus vite qu’elle ne l’eut crut possible, sur un mot du capitaine, ils mirent les voiles en direction du bruit. Ce fut d’un autre œil qu’elle les regarda s’activer pour secourir ce qui pouvait être une chance de savoir ce qui s’était passé réellement ici.

Glissant doucement sur l’eau, de peur de heurter celui qu’ils cherchaient,  le navire revit voile vers le débarcadère du port.  Avec des torches flamboyantes, les marins tentaient d’éclairer les eaux. Pendant ce qui leur parut durer une éternité, ils cherchèrent à entrevoir le survivant de ce massacre. Mais dans l’eau, rien qui ne soit mort ou putréfié ne leur apparaissait. Pourtant les cris persistaient. Ce ne fut que lorsqu’ils étaient à deux doigt de heurter les quais, qu’ils le virent.

Attaché à une des poutres de bois du dock, la moitié inférieure du corps dans l’eau glaciale, tremblant de fatigue ou de froid, ou des deux, une barbe poivre sel mangeant une partie de son visage adulte, l’homme qu’ils venaient sauver, semblait d’une banalité presque décevante. Du haut du bastingage, Radha observa deux hommes se jeter à l’eau pour aller trancher les liens qui retenaient le malheureux.  Un troisième leur lança un corde. Puis dans un seul mouvement, tous les marins, du plus jeune au plus vieux, se mirent à tirer sur cette corde dans un beau mouvement d’unité. Chacun tirant de toutes ses forces pour remonter au plus vite ses camarades et leur rescapé. L’action ne prit guère de temps, même si elle parut en durer trop. Curieuse, la demoiselle étirait son coup pour voir pardessus les têtes sales des marins, celle du nouveau venu à bord. Au dessus du brouhaha que le sauvetage de celui-ci causait, elle entendit le capitaine ordonner qu’on lui apporte des couvertures et de l’alcool.  De quoi réchauffer le pauvre hère.

Prudemment, la prêtresse s’approcha de la cohue, drapée dans son châle vermeille et frissonnant sous une brise frisquette, Chacun voulait connaitre l’épopée du malheureux, et elle n’était pas en reste. Elle aussi voulait savoir ce qui lui était arrivé. Ce qui s’était passé dans ce village. Pensant surement avoir plus facilement des réponses de l’homme affligé, plutôt que du capitaine rétif. Son regard brûlant se posa sur lui avec une certaine ingénuité. Ses yeux d’ambre le dévisageaient sans gène particulière. Elle avisa alors ses vêtements de piètre facture, son corps ni grand ni petit, ni gros, ni maigre, ni mou ni particulièrement musclé. Il était d’un commun en comparaison aux hommes qu’elle avait déjà côtoyés. S’en était presque déroutant.
Enfin, il y avait bien ses yeux. Ces yeux d’un gris froid et métallique qui avaient, l’espace de quelques secondes, croisés les siens, lui faisant momentanément l’effet d’une douche froide. Ce regard aussi glacé que les eaux d’où il avait été tiré. Elle chercha en eux quelque chose. Quoi, elle ne savait pas.  Peut-être une réponse aux milles questions que sa survie suscitait. Mais la voix du capitaine qui jusqu’alors, discutait avec son second, claqua à son oreille,  grave et autoritaire.

-La demoiselle va s’occuper de lui !  Les autres retournez à vos postes ! Nous partons d’ici.

Pardon ? Et son avis, on le foulait du pieds? Elle n’était pas un de ses hommes. Il ne pouvait pas lui donne d’ordre de cette manière. Radha aurait bien voulu le tuer sur place de son regard de braise, mais elle avait encore besoin de lui, ce serait fâcheux. Resserrant son voile autour d’elle, sous les regards grivois et amusés des marins, la prêtresse défia du regard le satrape, en lui promettant milles souffrances dans son sommeil. Pour sûr elle était curieuse d’en savoir un peu plus sur l’homme qu’ils venaient de sauver, mais de là à s’en occuper, il y avait un gouffre. Cependant lorsqu’on lui mit entre les mains une bouteille d’un alcool douteux, et deux couvertures chaudes, elle n’eut plus la possibilité de refuser. Alors elle fit un effort, ne souhaitant pas donner l’impression qu’elle aurait préféré être ailleurs. Même si honnêtement, c’était le cas.


-Vous avez bien de la chance étranger... mumura sa voix de velours, chargé d'une pointe d'ironie, sachant pertinemment ce que devaient penser bien des marins en la voyant s'approcher du nouveau à bord.


Mais ce fut avec une grande douceur, que la désignée volontaire aux soins du rescapé, posa sur le dos de celui-ci, les couvertures qu’elle avait dans les bras. L’homme était exténué. Il allait avoir besoin d’un bon repas, d’eau, et d’un bon lit. Et de préférence, pas le siens. Ce serait trop demander
.





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MessageSujet: Re: "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt]   "Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."|| Intrigue II [Radha & Duncan Cobalt] EmptyLun 9 Mar 2015 - 12:35

Radha ∞ Duncan
"Les morts ne peuvent pas faire voile vers les mystères, du funèbre océan..."
Le silence était surnaturel, pesant. Le navire disparaissait à moitié dans la brume, qui lui donnait quelque air fantomatique. Duncan se demanda s'il n'était pas en train de le rêver. Il n'avait ni bu, ni mangé depuis des heures, en outre, il avait longuement été exposé au soleil. Ce genre d'hallucination était tout à fait plausible. En ce cas, il courrait plus vraisemblablement vers sa perte. Son état de faiblesse ne lui permettait pas de trop songer aux pirates qui lui avaient réservé ce sinistre sort. Loin de penser à quelque vengeance, il se raccrochait péniblement à la vie, faute d'énergie, et tous ses espoirs étaient placés dans ce bateau qui, s'il était réel, ne rebrousserait pas nécessairement chemin. L'existence dépendait parfois d'instants fragiles. Il fallait ajouter que le silence qui régnait autour de lui était ni plus ni moins de mauvais augure.
Alors qu'il voyait le bateau s'éloigner de plus en plus, et que sa respiration se faisait pénible – sans doute à cause de l'anxiété – le bâtiment parut s’activer. Il se garda bien de crier victoire trop rapidement, mais le fait que le navire revînt vers lui finit par être une évidence. Ces marins allaient-ils le secourir ou achever le travail amorcé par les forbans ? Cette crainte avait beau le saisir, il se figurait que rien ne pourrait être pire que cette lente agonie. Il se crispa malgré tout légèrement, tandis que le bateau approchait de lui. Il ne tarda pas à percevoir des cris d'hommes, ceux d'usage. L'équipage semblait s'activer sur le pont. Peut-être avait-il encore une fois de la chance, dans son malheur.
Et pourtant, il était loin d'être au bout de ses émotions. Les marins avaient beau le chercher, au vu des torches qui s'allumaient progressivement sur le navire, il n'était pas certain qu'ils puissent le trouver. Duncan les alertait comme il le pouvait. Malheureusement, au fur et à mesure que le vaisseau avançait, ces flammes allumées ressemblaient plus à des promesses de menaces qu'à des lueurs d'espoir. N'étaient-ils pas à deux doigts de lui rentrer dedans ? Et pourtant, il put de nouveau respirer. Le navire s'immobilisa ; des hommes se hâtèrent de descendre. Les liens furent rompus et une corde fut nouée. Malgré sa faiblesse, Duncan fit au mieux pour suivre ses sauveurs et monter à bord. L'aide de tout l'équipage était salvatrice. Le pirate avait du mal à réaliser tout ce qui était en train de se passer. Ses sens percevaient ce qui arrivait, mais ils étaient au ralenti, et son esprit peinait à tout assimiler. Il lui semblait qu'il rêvait cet instant, dont il n'était pas même un acteur, mais simplement un spectateur assommé.
Cette sensation ne fit que s'accentuer, une fois à bord. Les marins se serraient autour de lui; tous avaient une question ou une remarque à formuler. Les visages s'entremêlaient autour de lui dans un nuage de couleurs difficiles à discerner. Les voix se mélangeaient les unes aux autres dans une grande cacophonie. Il lui faudrait pourtant leur répondre, tôt ou tard... Une voix se démarqua des autres. Elle mentionna des linges et de l'alcool.
Puis, ce fut comme une apparition.
Une silhouette se démarqua pleinement des autres. Elle était immobile, réfléchie, quand les autres continuaient à s'agiter. Duncan fut captivé par ce regard qui ne cillait pas, ne se détournait pas, et qui semblait contenir les mystères les plus enviés de l'océan. Ainsi, ils avaient autorisé une femme à bord. Superstitieux comme il l'était, Duncan ne put s'empêcher de percevoir cela comme un mauvais présage. Il n'était pas à son aise avec les femmes, en général, même lorsqu'elles étaient tendres. Mais celle-ci... Elle lui paraissait énigmatique, surnaturelle, comme une fatale enchanteresse. Peut-être avait-il tort de se fier à son apparence d'une beauté presque cruelle, et à son attitude emplie d'une sagesse redoutable, mais il ne pouvait rejeter ces préjugés de son esprit. Le regard du pirate était juste métallique, cobalt, c'était le moins que l'on pouvait dire. Il était reconnaissant, il n'avait vraisemblablement aucune raison de se méfier, mais une fois de plus, l'argent fondu de ses prunelles s'était durci, et s'était fait inquisiteur, en allant fouiller – vainement – dans les tréfonds de l'âme de cette femme. Il n'avait aucune intention hostile à son égard, c'était même tout à fait involontaire ; mais heureusement, ce contact visuel ne dura pas.
En effet, son attention fut attirée par le capitaine, qui ordonnait à ses hommes de reprendre leur poste. Duncan serait plus libre de bouger et de respirer ; c'était mieux. En revanche, il allait devoir s'expliquer avec elle... Certains marins semblaient percevoir cela comme une bonne nouvelle ou une plaisanterie efficace, au vu de leurs rires ou de leurs airs grivois. Duncan tâcha de rester neutre, tandis que sa future interlocutrice, voilée, venait vers lui.

« Vous avez bien de la chance étranger... » commenta-t-elle.

Il fut agréablement surpris pas sa voix, dont il appréciait le ton et la douceur. Même si une ironie était palpable, elle s'employait à accomplir la tâche visiblement ingrate qu'on lui avait confiée. Il avait conscience qu'il n'était paradoxalement pas le plus malchanceux des hommes. Son regard, moins farouche, approuvait les dires de cette femme, au reste, il resta encore silencieux.
Ses yeux s'emplirent même de reconnaissance lorsqu'elle lui donna, avec délicatesse, de quoi se réchauffer. Il resta un moment immobile. Même s'il avait la gorge irritée, l'alcool fut d'un grand réconfort. La chaleur commençait doucement à envelopper ses membres et son esprit sortait de sa léthargie, comme s'il se réveillait enfin d'un sommeil tumultueux, mais trop long. Il toussa quelque peu, puis parvint à prendre la parole.

Merci... dit-il, d'abord.

L'éloquence n'avait jamais été son fort, et encore moins, lorsqu'il était dans un tel état. En revanche, il observait l'équipage et cette mystérieuse femme, avec une réelle gratitude. Il aurait voulu s'adresser au capitaine en personne, mais ce n'était sans doute que partie remise. Il se demandait qui ils étaient, pourquoi cette femme était à bord, et où ils se rendaient, mais il avait conscience que ce n'était pas à lui de poser les questions.

Une attaque des pirates d'Umbar, reprit-il. Ils ont emporté ce qu'ils pouvaient, détruit, tué... Ensuite, ils ont passé leur chemin. Cela arrive fréquemment, en ce moment...

Il n'en savait pas beaucoup plus, si ce n'était que les intentions des pirates étaient – à ses yeux – stupides. Il se garda de dire qu'il était plus ou moins l'un d'entre eux, mais il se doutait bien qu'elle se demanderait rapidement pourquoi il avait eu droit à ce « traitement de faveur ».  
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