Luthien ó Dorthonion - If I look back, I'm lost...[le retouur !!]

Luthien naquît quelques années après que la grande guerre de la Dernière alliance ne vint à bout de Sauron. Elle vit le jour sur l’île de Tol Fuin, dernier vestige de ce qui fut autrefois le pays des pains, plus connu sous le nom de « Dorthonion », un magnifique plateau boisé au nord du Beleriand aujourd’hui englouti sous les eaux…Sa famille a toujours vécu sur ces terres, comme ses ancêtres, les elfes Noldor, qui connurent les grandes guerres qui les opposèrent aux forces de Morgoth. Le pays fut prit et reprit à de nombreuses reprises et gouverné par de nombreux conquérants, qu’ils soient humains ou elfes. Cpendant, nous ne sommes pas là pour retracer l’histoire du monde et des temps de jadis, mais bien pour narrer l’histoire d’une elfe Noldor au sang pur nommée Luthien.

De son enfance, elle y puise ses meilleurs et plus beaux souvenirs. Un temps de paix après les inlassables guerres que connu sa région. Les années d’insouciances et de jeux dans les verdoyantes collines encore stigmatisées par les affres des batailles. Les baignades interdites dans les étangs. C’était les gamins avec qui elle passait tout son temps et avec qui elle bâtissaient des châteaux dans le même sable. C’était les pas dans les mêmes empruntes qu’ils marchaient vers leurs lendemains…C’était les éternelles promesses enfouies sous des tapis de terre et confiées à la douceur de l’herbe. Luthien doit soit sa vie de petite fille épanouie grâce à la situation sociale de ses parents. Entre son père qui était un très grand forgeron et marchand d’arme et sa mère musicienne professionnelle et reconnue, elle ne manquait jamais de rien. Bien qu’ils savaient que le bonheur ne s’achetait pas, qu’il s’offrait en abondance, se partageait sans contraintes, ça faisait toujours du bien de vivre aisément. Luthien était une enfant, choyée, aimée, et par-dessus tout écoutée. Copieusement écoutée. Très colérique, petite fille, elle parvenait à obtenir ce qu’elle désirait par la mise en œuvre de quelques caprices consternant et scrupuleusement joués. On peut mettre cette faiblesse parentale sur le compte qu’elle était tout simplement fille unique et que ses parents lui offraient tout ce dont ils n’avaient jamais eu dans leur jeunesse. Luthien était capricieuse, certes, mais ce n’était pas une enfant méchante ou odieuse. Elle était douce et attentionnée avec ses géniteurs et ne piquaient jamais de crise pour leur dérober un ou plusieurs câlins. Elle était une petite fille avec ses qualités et ses défauts, tout ce qu’il y avait de plus normal. Et il valait mieux voir de fausses pleurnicheries que des larmes engendrées par le désespoir, la peine et la douleur. Ses parents en eurent versés que trop quand le Beleriand disparu emportant ainsi tous les êtres qui leur avaient tenu à cœur.

Luthien grandit en favorisant davantage la convenance et les bonnes manières qu’une fille de son rang devait avoir au profit de ces jeux enfantins que les vents des saisons avaient emporté sur leur passage. Malgré les longues années d’existences qu’elle avait à vivre, Luthien prit conscience qu’il y avait un temps pour tout. Elle qui enfant était très turbulente, devint une femme posée et sereine. Si durant une longue période de sa jeune vie d’elfe, elle s’initia aux armes et au combat avec son père, c’est aux côtés de sa mère qu’elle découvrit l’art de la musique et de la poésie. Enfant, elle lui racontait souvent les contes et les légendes qui peuplaient ce monde. Dans l’immensité de ses rêves chimériques, Luthien s’imaginait prendre la peau de ces héros qui venaient à bout de ces dangereux ennemis. Elle avait une idée utopiste et fantaisiste de la guerre. Jusqu’alors la vie l’avait toujours tenue à l’écart des conflits du monde, elle était donc loin d’imaginer la véritable atrocité des batailles. Elle n’allait pas tarder à être désillusionner.

En 1974 du Troisième Âge, la mer rapporta à l’île plusieurs rumeurs à propos de la chute de l’Arthedain. Il se disait sur les côtes qu’un bon nombre de Dunedains furent chassés de leur royaume et poussés vers le Lindon. Ils avaient été envahi et dépossédé de leurs terres par les armées du Roi-socier Angmar, un des précieux et fidèles serviteurs de Sauron. Le peuple était désemparé, disloqué et sans chef. Leur Roi avait disparu. On apprit plus tard que le monarque s’était réfugié dans le Nord et son cadavre fut retrouvé à la dérive, noyé, dans la baie de Forochel…C’est à cet instant que les alliances se reformèrent afin de lutter ensemble contre le même mal. Tout les hommes et elfes masculins en âge de tenir une arme se devaient de répondre à l’appelle de la guerre. C’est avec honneur et fierté que le père de Luthien s’engagea dans les armées elfiques du Lindon. Les Gondoriens, les elfes de Fondcombe et du Lindon ainsi que ce qui restait des derniers Dunedains combinèrent leurs efforts et partirent en guerre contre le Roi-sorcier. Leurs efforts ne furent pas vains puisqu’encore une fois, l’Alliance démontra qu’avec une union soudée, le mal finissait toujours par être terrassé. Cependant, quiconque sait que chaque grande guerre s’accompagne toujours de grands sacrifices. Luthien ne revit plus jamais son père. Il lui restait cette vision de lui sur une barque, s’éloignant au loin comme un point sur l’horizon jusqu’à disparaître, happé par un manteau de brume épais. Sa vision de la guerre changea du tout au tout.  

La guerre fit des ravages autres que ceux qui se voyaient. Le chagrin de ceux qui restent est  quelque fois inconsolable. Luthien joua plusieurs sonates et chanta plusieurs poèmes en l’honneur de ceux qui avaient donné leur sang. Bien qu’encore jeune et déjà le cœur meurtri, la jeune femme gagna très vite en maturité. N’ayant plus de père sur qui compter et la défendre, elle se devait d’être la force mentale et physique qui avait abandonné sa mère. Le souvenir des êtres perdues revenait dans leur conscience à chaque instant comme des fantômes du passé. Luthien n’avait pas perdu que son père, elle avait vu disparaître tout ses amis d’enfance, eux aussi, partis défendre leur conviction. Si elle désirait tenir le choc, il n’y avait pas d’autre solution que celui de partir, de quitter cette région peuplée de déchirure et de peine. Du temps où son père était forgeron, il avait de très bons amis qui demeuraient plus vers l’Est, dans le royaume sylvestre, non loin de la célèbre Montagne Solitaire, demeure richissime du Roi sous la montagne. Luthien adorait cette histoire…qu’ils furent des nains ou non, la famille de Luthien s’était toujours tenue éloignée de cette hostilité légendaire qui déchirait les deux races. Elle ne pouvait détester quelqu’un qu’elle n’avait jamais vu sous prétexte que cela se faisait depuis des générations…C’était décidé. Demain elles partiraient.

Oh, surtout ne pas se retourner ni des yeux ni de la tête. Ne pas regarder derrière seulement voir ce que je me suis promis et pourquoi, et où, et comment…Si je regarde en arrière, je suis perdue…

En quittant le Lindon, elles firent une halte à Mithlond plus connu sous le nom des Havres-Gris. L’horizon inconnu qu’ils offraient était tentant mais aussi effrayant. Peut-être un jour suivraient-elles le courant de ses eaux, mais tel n’était pas encore leur destination. Au loin, en direction du Sud se dressait la chaîne des Montagnes Bleues. Le cœur de Luthien palpita devant la beauté du paysage comme tout droit sorti d’un conte. Elle aurait pu demeurer ici, si tant la proximité de son foyer n’était pas si présente. Surtout qu’à quelques km à l’Est s’était tenue la bataille contre le Roi-sorcier. Leur voyage s’annonça long et périlleux mais il sembla que rien ne pouvait les détourner de leur route. Même quand les premiers ennuis montrèrent le bout de leur nez, Luthien ne vacilla jamais. Elle remercia les pénibles et interminables heures d’entraînement au combat avec son père. Quand on lui avait ramené le corps de son père, elle s’était emparée de ses armes : un arc en If, une dague et une épée. Elles lui étaient d’une meilleure aide en sa possession et surtout, elles rendaient ainsi hommage aux mains de l’elfe qui les avait forgées.

La première fois que Luthien arracha une vie – si tant une existence de la sorte pouvait être définit ainsi – c’était à un orc, seul, dans les plaines qui bordent Fondcombe. Il s’agissait certainement d’un éclaireur, quoi qu’il en soit, elle n’hésita point un instant pour décocher sa flèche qui vint se loger dans l’œil de sa cible. La créature sanguinaire qui lui servait de monture connut le même sort funeste que son cavalier. En passant à côté du cadavre, elle ressentit comme un drôle de coup dans la poitrine. Ce n’était pas de la pitié ou de la culpabilité mais de la haine, du mépris comme jamais elle avait pu en ressentir avant. Inutile de préciser pour quelle raison, cela semblait évident. Elle avait toujours pensé que ce serait plus dur et plus grisant mais il n’en fut rien. Elle en éprouva même une satisfaction malsaine.

Parvenues à l’orée de l’ancien Vertbois-Legrand, rebaptisée Forêt Noire en Rhovanion, ce n’est pas sans connaître le danger que Luthien pénétra dans cette sinistre forêt peuplées de créatures maléfiques. Il était hors de question de faire demi-tour maintenant après le chemin et les combats qu’elle avait mené pour en arriver là. A cette époque en 1980 du T.Â. les bois n’étaient pas encore aussi corrompus qu’au jour d’aujourd’hui. Sauron avait fait ériger  Dol Guldur en l’an 1050, c’était encore assez récent et le mal se profilait discrètement. Espérer survivre n’était pas insensé quand on connaissait les lieux. Seulement, pour nos deux étrangère, le danger de cette forêt leur était inconnu et c’est non sans surprise qu’elles tombèrent dans l’embuscade des arachnides, créatures démoniaques à l’appétit légendaire et insatiable.

Une histoire lui revint alors à l’esprit alors qu’elle se démenait de toutes ses forces dans les visqueuses entraves en soie. Ungoliant. Ce fut le nom qu’elle prononça mentalement. Le nom d’Ungoliant ne lui était pas inconnu. Célèbre pour ses actes atroces en compagnie de Melkor, notamment tout deux acteurs de la mort des Deux Arbres, l’unique source de lumière du monde. Les ancêtres de Luthien doivent certainement encore trembler face à ces deux noms. Ungoliant, en plus d’avoir dérobé les Silmaris, avait dévoré bons nombres d’elfes Noldor et quand le temps de son alliance avec Melkor toucha à sa fin et que les Balrog la firent fuir, c’est en Ered Gorgoroth qu’elle élut domicile, la chaîne de montagne qui séparait le Beleriand du Dorthonion. Se pourrait-il que l’origine de ces immondices soit directement liée à cette Terreur d’un ancien temps ? Elle ne voyait là que cette explication, ils devaient être les rejetons du monstre d’antan. Quand la fatigue et l’asphyxie l’emportèrent sur elle, ses dernières forces, elle les consacra à essayer de délivrer sa mère, déjà prisonnière d’un cocon de soie tel un vulgaire moucheron.

Quand elle se réveilla, c’était dans des draps frais et propre qui véhiculaient un doux parfum floral. Elle en profita pour observer l’environnement apaisant et enchanteur dans lequel elle se trouvait jusqu’à apercevoir sa mère accompagnée d’un couple d’elfe. Ils devaient à peu près être d’âge avec sa mère. Elle s’en voulut de ne pas les avoir reconnu dès le premier instant, mais il y avait des centaines d’années qu’elle ne les avait pas vu. Deux elfes, d’une grande beauté aux traits délicats et finement dessinés à la chevelure d’or entrèrent dans la chambre. Sa mère, qui avait eu le temps de s’entretenir avec eux et de raconter leur périple ainsi que la raison de leur exile, l’informa qu’il s’agissait du roi Thranduil, seigneur de Mirkwood, et de son fils, le prince Legolas à qui elles devaient toute deux la vie. Ce fut à cet instant précis, alors que ses yeux timides se posaient sur ce monarque à l’allure enchanteresse, qu’elle fut irrévocablement charmée. Il eut suffit d’un seul regard pour qu’il mette le feu à sa vie. Il leur offrit l’hospitalité et le droit d’asile aussi longtemps qu’elles le désireraient. Luthien ne comprit pas tout de suite cette soudaine générosité de la part du Roi, après tout, elles s’étaient aventurées, à leurs risques et périls, sur un domaine dangereux et appartenant aux elfes sylvestres. Thranduil ne l’aurait sans doute jamais avoué, mais ses sujets disaient de lui que malgré ses apparences détachées et glaciales, il était un Roi soucieux, respectueux et d’une grande générosité pour son peuple. Quand il s’agissait d’aider les siens, même pour un elfe venu d’une autre contrés, il n’avait pas pour habitude de lui tourner le dos et c’est donc sans surprise que les deux étrangères intégrèrent la communauté. Un jour Legolas lui raconta l’arrivée de l’Ombre sur Vertbois-Legrand et l’exile que connu Thranduil et les siens. Il avait tout perdu, on lui avait tout prit mais jamais il n’abandonna. Il rebattit un repère souterrain assurant ainsi la sécurité et la sauvegarde des siens, leur apportant l’espoir qui les avait abandonné. Cet aveu renforça les sentiments de la jeune femme pour son nouveau protecteur. Il leur offrit plus qu’elles ne pouvaient en attendre et s’établirent donc à Mirkwood. Luthien eut 961 ans pour prouver sa valeur en améliorant son niveau à l’arc et au combat jusqu’à devenir une guerrière aguerrit. Elle contenu tout ce temps cette flamme vive et infatigable en elle, sachant l’élu de son cœur hors de sa portée. Elle avait l’amitié et l’affection de son fils et, quelque fois, se permettait de croire que Thranduil la considérait, ne serait-ce qu’un peu, c’était déjà plus que ce qu’elle pouvait espérer. Elle ne voulait surtout rien gâcher, elle était si heureuse de revoir sa mère sourire et revivre que pour un éclat de rire de sa part, elle aurait abandonné toute volonté à trouver le bonheur parfait et complet. Il était hors de question de jouer les ingrates et les capricieuses. Si tel était le sacrifice, elle le ferait. Ses exploits au combat la montrèrent digne d’incorporer les troupes de Thranduil. Legolas avait été un très bon professeur, elle lui devait tant…elle lui devait tout.