Fut un jour fort lointain de l'an 2681, où une petite fille aux oreilles pointues vit le jour. Les jours passèrent et une crinière cuivrée fit son apparition sur le sommet de son crâne. Elle était pâle, avec un visage rond, un nez fin et deux perles bleues foncées qui ne tarderaient pas à s'éclaircir. Son poids mis un temps fou à se stabiliser, elle était souvent bien trop en dessous de la moyenne pour les médecins de Mirkwood.
Le visage d'ange de l'enfant se contractaient souvent en de violents spasmes, tandis qu'un torrent de larmes se déversait sur ses joues rougies par les flammes lacrymales. Pourtant, c'était juste un bain. Un bain peut-être un peu trop chaud pour cet enfant, mais il fallait bien la laver. La mère sentait entre ses mains le cœur de l'enfant hurler. Il grondait comme un ouragan. "Loin, loin, emmène moi loin" beuglait l'organe dans la poitrine de l'enfant Elfe. Elle ne s'arrêta de hurler seulement quand l'air lui manqua, mais sa bouche était toujours béante, ouverte en un trou noir d'où vomissait un hurlement silencieux des plus atroces. Comme si l'eau lui faisait mal. La douce mère sentait entre ses bras les tremblements terrifiés d'un enfants à la simple vue de l'eau.
Laurelin était une mère aimante, attristée par la phobie peu conventionnelle de son enfant. Elle était même allé voir le seigneur de Mirkwood pour savoir d'où venait le terrible mal des eaux dont souffrait sa fille. Mais rien y fit. Et La fillette ne que put braver sa peur.
En 2831, vint une douce surprise à la petite elfe de tout juste 110 ans. Une petite sœur. C'est probablement l'une des choses les plus adorables qu'elle n'ai jamais vu.
Les années passèrent. Mais pas assez.
Guerre.
Morts.
Sans nom.
Sans visage.
Sans fin.
Mort.
Mort.
Maman.
Maman.
MAMAN.
Elle était trop jeune pour comprendre. Trop jeune pour comprendre ce qu'était ce massacre. Trop jeune pour savoir bien des choses. Mais ce qu'elle savait, c'est que sa maman était morte. Et la mort signifiait qu'elle ne la révérait jamais. Elle n'a pas comprit que sa maman était morte en soldate pour les elfes de sa patri. Juste qu'elle était morte et qu'elle ne la reverrait jamais. Elle n'avait jamais eu à faire à la guerre avant ça. Elle n'avait jamais pensé être séparée de sa mère avant ça. Contre toute attente, la jeune elfe continua de se montrer à son naturel. Les mêmes mots parfois même cruels, la même sociabilité, la même énergie, la même soif de savoir, la même discrétion. Elle n'a rien demandé à personne. N'a pas accepté les condoléances. Ni l'aide. Elle c'est mis une rengaine. Elle a fait tourner en boucle un vieux disque rayé, toujours avec la même chanson : "tout va bien". Elle n'a jamais supporté d'voir perdu sa mère. C'est étrange. Car elle n'en a jamais rien montré. Elle n'a jamais réussi à la pleurer. Quand la jeune elfe a appris la mort de sa mère, une seule pensée à fuser dans son esprit..
Elle ne lui avait jamais dit qu'elle l'aimait. Le père de la jeune Elfe ne c'est pas remis du décès de sa chère compagne. La mort de la douce Elfe a également beaucoup perturbé la cadette de la famille. Arelys, quand à elle, semblait d'un marbre verni impérissable. Pourtant, sa maman lui manquait. Atrocement même. Mais alors qu'elle rejetais toute l'aide dont elle aurait eu besoin, elle se renferme et cesse de penser à ça. Elle réussi à se convaincre elle même que sa Maman n'a jamais existé. Qu'il ne faut pas de Maman pour être né. Réflexion faite, elle trouvait ça complètement stupide. Mais c'était ça, ou accepter que sa Maman soit morte. Chose insupportable pour elle.
Elle s'éloigna progressivement de sa famille. Laissant son père et sa sœur agoniser, loin d'elle. Ils étaient pour elle un poison auquel elle ne pourrait résister. Un poison auquel ils pourraient s'immuniser. Avec de la patience. Beaucoup de patience. Mais elle, sa patience s'était amenuisée avec le temps. Sans trop qu'elle sache comment et pourquoi.
Arelys a toujours aimé la neige. Mais elle l'a encore plus aimé quand sa chère petite sœur lui a prêté un arc pour qu'elle s'exerce. Elenna du lui montrer la posture de son torse, de son bassin, de ses jambes, de ses bras. Etant une flûtiste débutante, elle pris le pas assez rapidement. La posture était la même. Les jambes en arc, le dos bien droit, sur le côté pour pas se faire mal. C'est la même chose à la flûte. Arelys braqua son arc pour la première fois. Elle visa un arbre. Sa sœur replaça ses bras légèrement sur la droite. La jeune elfe était surprise que les bras de sa sœur ne tremblaient pas d'un poil. Arelys tira. Confiante, elle regarda son premier tir. La flèche parti droite et forte. Pour l'instant, tout va bien. Mais après, ça a mal tourné. En effet, la flèche se tourna sur elle même et alla se loger dans une vitre.... Oups.. ?
Eheh....
Non.
Non. Non. Non. Non. NON ! NON NON NON
NON ! pensa la fille quand on la convoqua pour faire parti de l'escouade de son père. Faire parti d'une équipe de patrouille n'était pas un poids en sois. C'était aller dans la forêt et couper par la grande cascade qui la tétanisait.
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Non. Répondit-t-elle d'une voix forte et espiègle. Ce n'est pas sa faute... Cette elfe qui n'avait pas l'habitude de parler ne contrôlait pas la puissance de sa voix. Ni sa hauteur. Ce qui était un hurlement d'autodéfense face à une peur panique se transforma rapidement en désertion. On ne lui avait pas reproché tant que ce qu'elle pensait. Mais son père, lui, pensait que cela était pour la jeune fille un déshonneur et lui porterait de terribles préjudices dans son avenir d'elfe.
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Ma fille, tu dois faire un effort... Il est bon de se taire aussi parfois... Dit-t-il le regard triste.
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Je ne peux pas, père. Rétorqua-t-elle, sur la défensive.
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Ca te rassurerait si je te disais ce que l'on va faire ? Proposa le père de cette elfe braqué contre le monde entier.
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... Elle ne su que répondre.
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Arelys... Tu me diras un jour, pourquoi tu as peur comme ça ?Prise au dépourvu, elle regarda l'elfe et rabaissa aussitôt son regard. Trop pénible à supporter. Un regard détruit, qui peine à se reforger une âme dans les débrutis de ce qu'il en reste. Mais celle d'Arelys n'a pas encore terminé ton travail.
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Je ne sais pas vraiment d'où ça vient... J'ai juste p-peur de me noyer... J'ai l'impression que l'eau elle même veut me dévorer pour ne plus rien laisser sur son sillage. Qu'elle va m'emporter et ne plus jamais me laisser partir. Dis-je d'une petite voix.
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Tu sais, on ne fera que les traverser. Il n'y a rien de terrible. On va juste aller voir si les araignées ne font pas de siennes dans la forêt. C'est juste de l'observation. Arelys reste silencieuse. Les mots de son paternel ne la rassure pas du tout. Elle angoisse. Elle se dit que de toute façon, même si elle dit non, et qu'elle le répète jusqu'à le graver à son ADN, elle n'aura jamais le choix. Arelys a toujours refusé de sortir de Morkwood, spécialement pour ça. Pour ne jamais avoir à traverser des eaux. Même passer sur un pont. Elle en était incapable.
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Viens avec moi, Arelys. Dit l'elfe avec un sourire bienveillant. Elle sait très bien ce qu'il va faire. Et il en est hors de question.
Mais...
Elle prit la main de son père et le suivit docilement.
Un soleil de plomb faisait flamboyer ses cheveux d'un étincelant roux. Mais ses yeux étincelaient d'une toute autre magnificence : celle de la peur.
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N'aie craintes mon enfant. Je suis là, tout ira bien. Arelys mit un pied dans l'eau. Elle lui montait jusqu'aux mollets. Elle se figea et s'accrocha à son père, la tenant par les épaules. Elle avança à pas lents. Très lents. Elle senti ses tremblement redoubler quand l'eau atteint ses cuisses. Sentir la chaleur des mains de son père ne la rassurait plus du tout. L'eau déversaient leur hurlement déferlant dans ses oreilles dans un bruit assourdissant. Ce n'était pourtant qu'une petite rivière. Tout ce qu'il y a de plus calme, il n'y avait pas le moindre courant. Le père de l'elfe c'était bien gardé de l'emmener dans des eaux turbulentes. Elle n'avait aucun soucis pour se soulager ou se laver. Juste un petit pincement, qui durait tout le long de son action, la plus rapide possible. Mais là... Elle avait de l'eau jusqu'aux cuisses. Elle se sentait vulnérable. Piégée entre des murs de pierre.
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Tu veux continuer ?Non. Telle aurait dû être sa réponse. Mais elle a continué. Et sa panique en sentant l'eau effleurer son dos fut telle que le père Bettenberg dû rattraper sa fille et la faire sortir de l'eau avant qu'elle ne se noie. Ses jambes ne la portaient plus, elle était revenue 240 ans en arrière. Dans les bras de sa mère, à hurler de terreur au contact de l'eau.
Aussitôt sortie de l'eau, elle agrippa l'herbe et remonta sur le sol meuble. Elle couru aussi vite qu'elle le put vers les intérieurs. Il lui fallait de la pierre. Quelque chose de dur et de sec sous ses pieds. Elle se réfugia dans sa chambre, se mise en fœtus sur le sol, attendant que sa terreur ne fusse qu'un mauvais rêve. Son père toqua à la porte. De nombreuses fois. Mais jamais elle n'a répondu. C'est quelques jours plus tard, qu'elle est sortie d'elle même de son trou. Poussée par la faim.
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Père. Je veux partir. Dit elle un jour, afférée à des occupations bénignes.
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Pourquoi donc Arelys ? Questionna l'elfe masculin d'un ton détaché. Ca n'était pas la première fois qu'elle émettait ce souhait. Et jamais il n'avait émit de réponse.
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Pour avoir un avenir. Pour voyager. P--
Bien ma fille. Bien. Fais donc. Le cheval de ta mère t'est revenu de droit de toute manière. Et ta sœur aussi partira d'ici un jour. Sur le coup, elle contempla son père avec de gros yeux.
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C'est un cheval immortel ? Demanda-t-elle avec son habituelle voix fluette et grésillante.
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Oui, du moins de la même descendance. Le plus jeune ira à ta sœur. Après ses mots, elle était restée muette. Elle n'a même pas dit au revoir à son père. Elle n'a jamais su qu'il était souffrant. Et elle ne le saura qu'à sa mort.
Et elle parti à cheval. Asriel était un cheval rapide et docile. Un peu petit. Mais il ressemblait à la protagoniste de cette piètre histoire : frêle, à la recherche d'un but. Désireuse de fuir. Elle aussi, comme ce cheval, faisait tâche dans le tableau des autres elfes. Elle était plus petite que ceux de son âge, plus maigre, au teint plus bleuit, plus timide, plus hésitante. Trop discrète. Elle ressemble toujours à un elfe enfant.
En réalité, Arelys ne voulait pas partir. Ce que l'elfe cherchait, c'était un but. Un sens à sa vie et à son inutilité. Un sens à la mort de sa mère. Un sens à tout. Elle voulait voyage. Elle voulait apprendre. Elle voulait être utile et non pas un fardeau pour le peuple des elfes.
Alors, elle parti sur le chemin de Foncombe. Espérant y trouver ce qu'elle était venu y chercher.
A dos de cheval, une jeune elfe s'aventure loin des terres de chez elle. La peur s'accroche au ventre de la rouquine tandis que l'amertume s'empare de son cœur. Son âme, luisante d'une lueur bleue clair scintille au creux de son être. La patience est peu à peu consumée par le pessimisme. Un immense brasier de pessimisme. L'âme de l'elfe, pur et fragile, se consume d'un poison dont elle ne peut se défaire.
Alors, Arelys s'enfuit. A dos de cheval. Asriel ne court pas aussi vite que le vent. Encore moins aussi vite que les cascades qu'elle entend au loin, mais il court. Et cela la remplie de pa... De pa.... De pessimisme... Elle ne trouvera jamais sa place, elle n'a jamais eu de place. Et si elle s'en trouvait une ? Tout reviendrait à zéro. Encore. Les choix qui s'offrent à elle n'en sont pas. Elle n'a pas eu le choix d'être partie. Pas eu le choix d'être une elfe. Pas eu le choix de son nom. Pas eu le choix de sa peur. Pas eu le choix de son origine. Pas eu le choix de son époque. La notion du choix est-elle abstraite ?
Galope Asriel. Songe l'elfe en laissant son âme vagabonder dans les tréfonds des enfers de la Terre du Milieu.
File comme el vent et emmène moi sois au bûcher sois à la liberté. Mais la liberté n'existe pas. Murmure le pessimisme de Arelys. Ne reste-t-il donc plus de patience et d'espoir en cette âme ? Elle eu l'impression que tout autour d'elle cessait son ascension. Les pas du cheval devinrent moins fluides à ses oreilles. Le vent dans sa chevelure cuivrée sembla se métamorphoser en un hurlement de rage.
Please. Murmure l'incontrôlable voix patiente.
It's a beautiful day outside. Murmure à voix haute la jeune elfe.
On days like these.. You should juste... La voix s'arrête. Le paysage se bloque. La respiration de la jeune femme aussi. Sa monture est en suspension dans les airs. Même leurs cœurs semblent s'être arrêtés. Les échos de la patience disparue de Arelys ricochent dans l'esprit de la jeune fille. Provoquant de petites crevasses dans la structure du cœur de la montagne elfique qui se dresse dans univers mental de la fille qui fuit.
Let me burning in hell. A ces mots, les vents se remettent à fouetter la chevelure d'Arelys qui c'était perdue dans ses pensées. Perdue dans son pessimisme. Elle a cherché la patience. Qui a fini par être dévorée avec avidité par la créature dévastatrice appelée Pessimisme qui se cache à l'intérieur de sa tête. Le regard de la fille s'assombrit. Le bleu de saphir prend une teinte cristalline. Sa peau semble blanche comme la neige maintenant qu'elle est au soleil. Elle lève son regard vide de patience et d'espoir vers le ciel. Bleu. D'un bleu lactique hypnotisant qui appel la jeune elfe d'un murmure doux et apaisant. Elle pourrait le toucher, si elle le voulait. Si elle essayait. Toucher un ciel de cristal du bout de la main. Une certaine éternité. La plus belle des éternité. Elle a une allure maternelle. Cette éternité livide et morose.
Le sourire de Arelys, l'empourprement de ses joues, le bleu saphir de ses yeux. Ca évolue à nouveau sur son visage. Un masque verni et incassable. C'est une belle comédie qu'elle s'apprête à jouer, notre elfe de la seconde chance. Sa souffrance, elle la confie au pessimisme. Elle, elle garde sa patience. Elle savoure son odeur de menthe et le goût sucré qu'elle laisse sur son palet. Les chutes illusoires de Fondcombe lui montre leur étincelante. Le soleil fait flamboyer au dessus de sa tête une myriade d'étincelles cristallines qui meurent lentement dans l'air en chantant. Les gouttes d'eau mourantes chantent la berceuse des rivières.
Pourtant, en regardant en contre bas, le vertige de ces cascades rugissantes lui donnent l'impression qu'elles vont l'engloutir pour ne plus jamais la laisser s'en échapper. Asriel semble sentir sa peur, car cela affute la sienne et il double son galop. Elle redresse à nouveau son regard bleu vers la toison colorée de milliards de teintes de bleu et de blanc. Elles se mélangent, fusionnent, se cassent. Mais les cascades. Toute cette eau. Ces torrents des enfers qui se déversent dans une rivière sans fin, en demandant qu'à engloutir le moindre elfe qui passerait par là. La moindre personne venue demander l'asile auprès d'un peuple pacifiste.
Asriel emporte Arelys hors du domaine des eaux. Le poids pesait sur sa patience se fit plus léger. Mais, cette même patience, tait déjà bien laissée par les coups que l'elfe c'était assénés à elle même. Sans pitié. Pourquoi avoir de la compassion envers sois même ?
Just let me burnig in hell. Cette phrase fit écho dans l'esprit d'Arelys. Ca raisonne. Raisonne. Raisonne. Et raisonne sans interruption. Toujours avec cette même voix glauque et menaçante. Haineuse. Ca lui fait mal à la tête. Une terrible migraine.. Une abominable douleur lancinante qui traversa son crâne de part en part... Mais Arelys est une très bonne comédienne.
Elle descend de son cheval, en silence. Elle attend qu'on la remarque, en silence. Elle caresse d'une main distraite la robe lustrée du cheval, en silence. Elle sent le cœur d'Asriel battre sous une pulsation arythmique, en silence. Elle se demande si son cœur bat comme ça aussi, en silence. Elle se demande si elle devrait le laisser retourner à Mirkwood, en silence. Elle sens sous sa paume le cœur de l'équidé se stabiliser jusqu'à reprendre un rythme sinusal régulier, en silence. Elle observe d'un regard synthétique et éteint la bâtisse qui se dresse devant elle.