Fili - Le destin improbable d'un nain trop simple

NOM&PRÉNOM ▬  Fili SURNOM ▬ Fee dans les bons jours, Le blond dans les très mauvais. ÂGE ▬ 82 ans PATRIE, RACE ▬ Nain, lignée de Durin. Nous vous passerons l’annexe sur l’arbre généalogique. LIEU DE NAISSANCE ▬ Ered Luin RANG SOCIAL ▬ Pas vraiment à plaindre, voire même à envier pourquoi pas. PROFESSION ▬ Nain d’arme, futur successeur de son oncle Thorin. Si choix il y avait eu sans doute aurait-il préféré se diriger vers une autre voie que celle-ci.  SITUATION AMOUREUSE ▬ Trop jeune pour penser au mariage, point trop pour ne pas admirer une plantureuse créature. POUVOIRS ▬ Une capacité avérée à jongler avec à peu près n’importe quoi ?

VOTRE PHYSIONOMIE ▬ Ni grand, ni petit, Fili ne s’est jamais vraiment démarqué en sortant de la norme. Il est encore jeune, plutôt robuste sans être particulièrement impressionnant. Pas que cela le complexe vraiment, il fait avec ce que la nature lui a donné. Il ne s’estime pas moche, disons que lorsqu’il y prête attention il se trouverait même un certain charme, pas de là à s’extasier cependant ou à se pavaner autrement que par dérision. Sur ce point là au moins, il semble en accord avec lui même. Certes, on ne peut pas vraiment dire qu’il est hérité de sa mère. Sa blondeur gardée de l’enfance adoucit ses traits déjà avenants, accentuant d’avantage un coté adolescent qui a grandit trop vite.
VOTRE STYLE VESTIMENTAIRE ▬ C’est une des choses dont il ne tiendrait absolument pas compte si on ne lui demandait pas de faire un petit effort pour tenir le rang. Tout lui convient du moment que c’est confortable, même lorsque c’est usé jusqu’à la corne, et d’autant plus d’ailleurs. Les mailles trop portées ont ce petit quelque chose en plus que du neuf n’aura jamais. Il n’aime pas particulièrement porter de cuirasse lorsque ce n’est pas indispensable, c’est lourd et désagréable avouons le, même lorsqu’elle est faite sur mesure. Alors il s’accommode, mixe pour faire plaisir à tout le monde et avoir l’air un minimum présentable en apparence.
VOS PARTICULARITÉS ▬ Fili est à vrai dire un monsieur tout le monde. Sans doute a-t-il quelques cicatrices, néanmoins rien de bien marquant.
VOTRE CARACTÈRE ▬ Il vous semblera d’assez bonne nature, sans doute parce qu’il l’est fondamentalement. Enclin à jouer d’un humour parfois potache, parfois un brin vulgaire avec ceux qui lui sont le plus proches et dont il ne craint pas le regard, Fili est un bon nain, sympathique et souriant. Débonnaire oserait affirmer certains, mais ces gens là ne le connaissent qu’en surface sans doute. Kili est une personne simple, du moins aurait-il dû l’être si son ascendance n’avait fait fit de ses penchants naturels. Il était cet enfant aimant, ce frère attentionné, généreux et respectueux des usages sans que ceux-ci ne pèsent sur sa conscience. Gentil, oui, brave, maladroit, sans doute dans l’excès à certains moments d’une criante vérité. Fili est une bonne nature, trop bonne nature pour cette place, pour ce rôle qu’il s’efforce pourtant d’endurer malgré tout, par devoir.

Alors souvent il doute en silence, le montrer lui est pratiquement impossible. Enfouie du mieux qu’il peut le jeune nain ne montre seulement que ses bons cotés, comme si son avenir ne l’inquiétait pas vraiment. Si bien que parfois il semblerait juste inconscient, à s’en attirer des foudres dont il ne souhaite que réchapper ou s’accorder les faveurs. N’allez pas croire qu’il est trompeur, car il n’a jamais été un bon menteur, ni un acteur acceptable. Il tente, il apprend, il essaye mais sa bonhomie ironiquement vaniteuses aux entournures est une cuirasse comme une autre pour s’endurcir, se confronter à ce qui l’attend. Pas qu’il soit vraiment finaud certes, néanmoins son endurance et sa ténacité indéfectible l’aide beaucoup à endurer le poids pesant sur ses épaules. L’honneur et la loyauté envers les siens passe avant ses propres désirs refoulés.

Si on lui avait demandé… Si seulement on l’avait fait… Il aurait choisi de naitre sans titre, pour pouvoir s’épanouir à son allure. Hélas, il l’a toujours senti, c’est loin d’être le cas. Ainsi lui a-t-on mis entre les mains des ustensiles qui n’étaient pas fait pour lui. Il s’en accommode, se sent devenir plus sage mais jamais exempt de cette angoisse de pas être à la hauteur. A défaut d’un autre, il se tiens à sa place, sans trop déborder. Nain tout ce qu’il a de plus banal dans le costume d’apparat d’un prince sans royaume, un costume qui convient à son profil tout en étant éternellement inconfortable.
CE QUE VOUS AIMEZ ▬ En tant que musicien, il apprécie beaucoup de jouer du violon, en solitaire tout comme en groupe lors d'une fête. En dehors Fili aime principalement s’occuper de ses mains. Cela peut sembler idiot mais il a toujours eu un penchant pour les travaux manuels, surtout lorsqu’on exclu les armes et toute pratique qui s’en approche. S’il avait plus de temps pour s’y complaire il approfondirait bien d’avantage ses connaissances en ébénisterie, voire même en lutherie si ce n'était pas aussi compliqué de trouver un maitre d'apprentissage.
VOUS AIMEZ FAIRE LA FÊTE, BOIRE, MANGER ▬ Comme n’importe quel nain qui se respecte : évidement ! Point trop sans faut si on se réfère aux vieux rabat-joies, sinon il serait certainement dans l’abus des bonnes choses avec moins de réserve sur la fin. Enfin ça, c’est ce qu’il se raconte, tout en sachant très bien qu’il a bien du mal à dire non à une pinte de cervoise avec de bons camarades autour d’une partie de dés.
AVEZ VOUS DES PASSIONS DANS LA VIE ▬ Il aimerait bien, à vrai dire elle serait toute trouvée. Hélas, on préfère lui confier une hache ou un arc pour l’entrainer durement. Sincèrement, le travail du bois l’intéresse bien plus, le métier du luthier serait un idéal, tout en restant relégué au rang de curiosité ou de loisir.  
AVEZ-VOUS UN BUT DANS LA VIE ▬
Que sa famille soit fière est déjà une tâche colossale. Fili ne voit pas vraiment plus loin puisque son avenir est pour ainsi dire déjà tracé.
CE QUE VOUS DÉTESTEZ ▬ Trop bon pour haïr, c’est ce qu’on pourrait lui reprocher facilement. Ce serait bien vrai, mais peut-on vraiment en vouloir à un coeur généreux ? Oh, certes, avec toutes ces légendes, tous ces maux, Fili s’est conformé aux discours. Alors oui, il déteste Smaug, il déteste les gobelins et autres pourritures qui gangrènent la terre du milieu, plus par traditions que réelle conviction personnelle lorsqu’on gratte la surface.
PROFITEUR OU DÉBROUILLARD ▬ Profiter des autres lui conférerait un sentiment plutôt désagréable, avouons le. Il peine à demander de l’aide, alors il préfère se débrouiller, parfois à ses risques et périls.
SUR QUI POUVEZ VOUS COMPTER EN CAS DE PROBLÈME ▬ Il est bien entouré après tout, et sait se servir d’une arme, alors il y aura toujours une personne pour venir à sa rescousse, à commencer par son frère, ou son oncle, ou… Bref, toujours quelqu’un.
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE AU DANGER ▬ Il a apprit à se défendre, autant s’en servir. S’il fuyait on ne verrait en lui qu’un lâche et cela il ne peut pas se le permettre sans assumer le poids de la culpabilité. Alors, il y va, en brave idiot parfois, sans mesurer toujours la porté de son geste, ce qu’on peut mettre sur le compte d’un peu d’inconscience autant que de manque de confiance en soi.
UN SECRET QUE VOUS GARDEZ ▬ Le plus tabous de tous, celui qu’il a apprit à taire depuis l’enfance, il n’a aucune envie de prendre la place de son oncle, ou de quiconque d’important.
QU'EST-CE QUI VOUS FAIT HONTE ▬ De nombreuses fois Fili s’est ridiculisé, mais il n’en garde pas de honte véritablement tenace. A présent, cela se rapproche plus de son secret le plus intime. Il a finalement honte de ne pas vouloir du privilège qui lui est accordé.
QUEL TYPE D'ARME AVEZ-VOUS ▬  Fili a sa fidèle compagne, une épée, pas mal pour fracasser des crânes vu le poids et lorsque la lame n’est plus aussi tranchante. Elle l’est rassurez-vous, mais c’est toujours bon à savoir. Techniquement, ils y a bien d’autres « outils de ce genre » qu’il arrive à manier sans trop de mal avec les années. On ne peut pas tout faire, et se concentrer sur le perfectionnement de la pratique d’une telle arme fut déjà un travail de longue haleine qui lui demanda beaucoup d’acharnement et d’huile de coude.
QUELLE EST VOTRE PEUR ▬ Outre le fait de se montrer un piètre successeur et un médiocre soldat aux yeux de ceux qui l’ont précédé, Fili craint par dessus tout d’être un jour séparé de son frère. Que ce soit la mort ou d’autres circonstances imaginer Kili dans une mauvaise posture ou brouillé avec lui hante certains de ses cauchemars.

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VOUS ET LA TERRE DU MILIEU ▬ On lui demanda d’être attentif, et c’est ce qu’il fit comme un énième devoir. Ce n’était pas vraiment plus que cela pendant des années. Pourtant, à présent l’écho du monde se fissure, craque et il est loin d’y être aussi insensible qu’il le montre parfois. Même l’être le plus simple et le plus humble ne peut faire éternellement le sourd et ignorer la détresse qui gronde hors des cavernes. Sa mission n’est pas vraiment là cependant, une fois de plus son oncle avait d’autres projets pour eux. Et cette quête est source d’inquiétude, indubitablement, ce qui occupe énormément ses pensés. Pourtant, il sent que terrasser Smaug serait un bienfait inestimable pour les siens, plus encore que des richesses. Cela sera-t-il suffisant pour repousser les périls de ces terres ? Un part de lui sait que non, mais il espère pourtant que d’autres oserons prendre les armes pour défendre la liberté d’un peuple, la liberté des peuples. Lui est enchainé à un destin qui le dépasse, n’est-ce pas suffisant ?  

Dans cette famille, comme dans bien d’autres, le passé avait été éprouvant, douloureux. De ces cicatrices suintaient encore des cendres qui même froides empestaient jusqu’à l’horizon. Elle avait relevé la tête, pourtant cette part d’ombre demeurait encore, en elle, comme dans cette lignée maudite par les flammes, esclave d’un exil lourd à bien des égards. Les jours plus radieux, cette accalmie temporaire, n’était que le début de ce chapitre là, la première page d’une vie.

Ce jeune prince naquit sur une terre qui n’était pas la sienne. A ses yeux pourtant, si tôt qu’ils furent capables de définir des images nettes, cette montagne lui sembla être un havre de paix, un abri loin des conflits extérieurs, une véritable maison. Il fut aimé par ses parents, cet amour n’était pas seulement un mirage pour l’enfant maladroit qu’il fut. Fili, ainsi qu’on le nomma, était le premier, et part là même lui incombait un devoir dont il ignorait encore la rudesse en cette époque d’innocence. Sa mère était un femme remarquable d’autant que son coeur simple pouvait en juger. Il la regardait toujours avec une affection profonde et sincère, tout comme son père, tout comme ceux qui évoluaient autour de lui. L’enfant était gentil et serviable, pas vraiment un garçon de caractère mais au moins s’accordait-on à dire qu’il ne pouvait blesser personne en toute bonne foi. Semblable à celui dont il partageait plus d’un gène, Fili ressemblait à son père, tant par son apparence que par sa propension à n’être qu’un nain, qu’un simple nain parmi d’autres.

Certains étaient déjà espiègles ou roublards à cet âge, lui ne vivait pas dans ces mensonges, même par jeu. Tout ce que cet enfant touchait, tout ce que cet enfant disait était dépourvu de toute tromperie. A coeur de bien faire, ses oreilles écoutaient les paroles avec une attention jamais tinté d’ironie bien que trop souvent d’incompréhension. Fili n’avait pas besoin de plus que le nécéssaire, il savait se contenter d’un rien pour être joyeux. Naïf, il découvrait sans chercher vraiment à comprendre plus que son esprit ne pouvait appréhender. Déjà il avait conscience de ses limites, et sa mère n’était jamais très loin pour le rappeler à l’ordre lorsqu’il oubliait d’être prudent.

En grandissant le jeune prince reçu une éducation solide. C’est alors qu’il commença à comprendre que son destin était déjà tracé, que son rang lui avait été assigné avant même sa naissance. Fili n’était pas brillant, pas idiot non plus, dans la norme si on avait dû le définir justement. Sa persévérance lui faisait tenir bon sans se décourager. On pouvait lui reconnaitre cette capacité à courber l’échine dans un sourire pour parcourir le chemin le plus long, en bonne tortue plutôt qu’en lièvre. Sa sensibilité grandissait sous l’innocence; la tristesse lu dans des yeux chéris lui apparaissait parfois comme une évidence. Ce passé tragique dont on lui avait mainte fois   parlé venait hanter le présent d’une façon indéfinissable avec ses propres mots. Il aurait voulu s’en débarrasser tout en sachant l’importance que cela avait dans les iris délavés de ses ainés. Alors le petit prince acquiesçait pour faire plaisir, la substance véritable lui échappait cependant. Sans doute faudrait-il des années avant qu’il ne touche du doigt cette blessure mouvante dans le flanc de son peuple.

Son peuple… Pas seulement qu’il fut l’un des leurs, il était plus que cela. Cela aussi lui prit des lunes avant de l’assimiler. Fili n’avait jamais désiré être au dessus, il préférait se sentir entouré, égal à chacun. Ce choix n’était pas son ressort, peu importait combien de fois ses lèvres pouvaient formuler des pourquoi. Elles se turent fatalement, il enterra tout pour se consacrer à ce qu’on attendait de lui. Son affection pour son frère occupait déjà une place prépondérante, sans doute parce qu’il était déjà ce soutien inconscient qui le poussait à être davantage lui-même. Kili avait une place de choix, son second, même son premier si son jugement devait faire la comparaison. Jamais il ne lui en voulu d’être plus brillant que lui avec les années, alors qu’il s’acharnait pourtant à faire au mieux, à défaut du mieux. En tant qu’ainé il prit son rôle avec un certain sérieux qui était loin de lui peser pourtant. Là était un devoir fabuleux que d’être le grand, que d’être le sage, que de préserver ce petit brin de joie qui lui apportait pourtant bien des ennuis déjà. Fili avait besoin de Kili, plus encore que l’inverse sans doute.

Elle lui avait toujours semblé si forte… Sauf ce jour là. Ce n’était pas seulement une galerie qui s’était effondré mais bien plus, une famille, un mythe, et une bonne part d’innocence. Une faille craquelait des murs d’apparence si solide. Lui aussi avait ressenti ce chagrin abyssal, pas que le sien, également celui de cette figure inébranlable. Il sentait pourtant que tenir ses mains froides était la seule chose dont il était capable sur le moment. Son sourire s’était évanouis lui aussi, durant quelques temps. La mort, l’accablement, c’était la première fois qu’il comprenait véritablement de quoi il s’agissait. Le vide et le manque aussi, à chaque fois que son regard se posait sur cette chaise vide. Des cauchemars embrouillaient ses nuits, la perte était une émotion dévastatrice quelque soit l’âge.

Un père, un bon nain était tombé, son modèle enterré sous des gravats. Si ses projets d’avenir avaient subsisté jusqu’ici, à présent, pour elle, pour lui, pour eux, Fili devait les taire. Ces épaules étaient frêles mais cette ténacité indéfectible, un pilier pour ne pas faillir devant l’étendu de la tâche. Enfouir ses craintes était à l’image de ce bonheur pratiquement factice dans lequel la dame les baigna pour leur bien. L’enfant était reconnaissant des efforts de sa mère, trop sans doute pour pouvoir les ignorer et rester les bras ballants. Jamais il ne pourrait être une oreille attentive car le masque de l’adulte ne le permettait pas, alors le jeune prince s’employa à compenser autrement.

Kili était toujours à ses cotés et cette présence n’en devint que plus indispensable après cette épreuve. Collés l’un à l’autre comme des siamois, Fili avait l’assurance de ne pas se perdre en chemin malgré les détours rocambolesques que cela occasionna. Il aimait son frère ne serait-ce que pour ces instants de rire qu’ils partageaient jusque dans la tourmente. Au moins leurs bêtises transformaient-elles cette monotonie camouflée, tout en culpabilisant pourtant l’adolescent au fond de lui-même. Peu à peu, avec ses convictions et la bonne nature qui le caractérisait des jours plus radieux revinrent, cicatrisant cette blessure à jamais visible cependant. Fili était définitivement un garçon tenace à défaut de briller par son intelligence ou ses exploits.

Si un modèle s’était évanouis, un autre prit inévitablement sa place dans un même temps. Ce n’était pas un père, mais enfin, Thorin était ce qui s’en rapprochait le plus. Ce nain là avait toujours impressionné Fili, tout autant que sa mère d’ailleurs, plus encore car il n’avait pas cette douceur maternelle pour arrondir les angles. Cet oncle s’instaura dans son imaginaire comme un but impossible à atteindre, à peine était-il un être vivant dans son aura majestueusement froide. Là aussi il tenta de percer un mystère inexorablement hors d’atteinte pour son esprit. Comprendre était à sa porté même s’il ne le montra pas vraiment au grand jour, incapable de se rider ou de repousser ses limites plus qu’elles ne l’étaient déjà.  

Ses soucis il en les partageaient pas, il ne les partageaient plus. Sa carapace joviale et bon enfant le préservait d’avantage des maux que de pleurnicher. Ca n’avait jamais été dans son tempérament d’ailleurs, ni l’apitoiement, ni le renfermement. Les tours que cela lui jouaient n’avaient qu’une importance relative car changer aurait été se laisser aller à des tourments grandissants à mesure que l’adolescent se rapprochait de sa majorité. Ce poids pesaient sur lui comme une armure de pierre, la seule chose à faire était de la tailler pour s’y faire une place. On lui avait donné de la culture et des armes, il les maitrisaient seulement à force d’années d’acharnement, dénué pourtant de passion, tout juste bon à noyer ses maladresses sous cet air désinvolte. Quand bien même, il n’en demeurait qu’un médiocre diplomate, qu’un passable guerrier, qu’un piètre successeur. Il se devait de faire mieux, mieux que ses essais infructueux, mieux qu’un nain ordinaire, lui qui n’était fatalement que ça. Ce « ça » qu’on donnait à des gens biens mais loin d’être exceptionnels, tout le contraire de son oncle, tout le contraire des autres membres de sa famille.

Si sa mère avait aimé son père, Fili n’était que le reflet d’un attachement qui n’aurait pas dû être. A la veille de ses 70 ans sa filiation l’enchainait comme une malédiction, lui, ce garçon trop gentil et trop simplet qui ne rêvait jadis que de créer la beauté de ses mains. Fili n’était pas du genre à baisser les bras, ce qui le maintenait droit et souriant, tout en sachant pertinemment qu’il n’était que l’ombre de Thorin. Cette indulgence qui ne viendrait pas il se l’accorda à lui-même. Pas de pitié, pas non plus cette protection arasante que lui faisait subir une mère trop envahissante. Juste de l’indulgence, plus il y pensait plus cela devenait une évidence. Jamais il ne serait Thorin, jamais il ne serait parfaitement conforme aux attentes, et il fallait faire avec. Idiot, facile, mais rassurant, une nouvelle force, plus tranquille, plus apaisée sans doute.

Ainsi entra-t-il finalement dans l’âge adulte, laissant certains doutes qui l’assiégeaient depuis trop longtemps coexister plus sereinement. A la place, une nouvelle honte s’instaura en maitre maintenant que des mots venaient parfaire ses pensés intimes. Il ne voulait pas de ce trône, effectivement, il n’en avait jamais voulu. Personne n’était apte à entendre une telle vérité, et qu’importe au fond, il n’était plus temps de renoncer. Il avait acquit des compétences à la rudesse du poignet, elles faisaient corps avec lui à présent. Pas le meilleur, pas le plus mauvais non plus, l’expérience et la pratique avaient leurs bons cotés. Les entrainements étaient devenus plus routiniers tout en lui donnant plus d’espace pour exister et apprendre par lui-même ce dont il était capable, même si ce n’était pas aussi fabuleux que prévu initialement.

Fili ne perdit rien de sa simplicité, il s’affirma d’avantage dans ces traits avec plus de justesse cependant. Faire ce qui lui semblait juste, faire de son mieux pour être digne de la place dont il devait hériter malgré lui demeurait une préoccupation importante évidement. Seule sa façon d’envisager son avenir avait évolué. Etre ce prince admiré et admirable ne lui conviendrait jamais, il pouvait peut-être devenir un prince bienveillant et proche du plus humble. Vivre en solitaire au dessus de la mêlé, il ne pouvait s’y résoudre, et pour cela il y avait Kili, encore et toujours près de lui, ce fidèle allié sans lequel il serait tombé à genoux bien avant. Fiers, ils ne le seraient peut-être jamais, ces aïeux sur les tapisseries, il pouvait juste s’efforcer de leur montrer que sa propre voie n’était pas forcément vouée à l’échec. Du moins, était-ce la seule chose à espérer puisque tout était déjà écris pour lui, avec ou sans grandiloquence.

Puis, arriva ce moment charnière. Cette quête avouons-le, il la trouva un peu insensée dans un premier temps, même s’il se garda de le dire. Smaug n’était pour lui qu’une créature de légende et ce trésors gisant sous ses griffes ne le faisait pas soupirer d’aise. Fili avait ce respect, ou croyait-il simplement suffisamment en son oncle pour le suivre ? Lui-même n’en savait trop rien lorsqu’il prit la route avec son frère. Ce n’était que l’expression de son égoïsme avant qu’il ne repensa à son peuple, à ses voisins, et à ces gens qui avaient tant souffert jadis. Tel était son devoir, une façon de plus de prouver sa valeur dans une quête qui le dépassait largement, et n’était-ce pas suffisant après tout.

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Et voilà, je t'ai tout dit à présent. J'espère que tu t'amuseras bien parmi nous, Fili... En espérant que tu survives en Terre du Milieu !