Dead men tell no tales ~ Eard & Selen [terminé]

Dernière édition par Selen le Dim 17 Jan 2016 - 1:46, édité 1 fois

Dead men tell no tales

O, are you a pirate or a man'o'war ?

L’Allegria était pour les pirates ce que les pierres précieuses étaient dans un trésor. Un gros tas d’or voguant sur les mers avec un équipage des plus sanguinaires. Il était cible de nombreux concurrents, ce dernier avait commencé comme étant navire corsaire pour Umbar pour finalement se détacher des lois. Ainsi le bâtiment avait vu sa notoriété grandir au fil des années, passant entre les mains de plusieurs capitaines et se faisant une grande réputation, prouvant que les ports d’attache ne faisaient que restreindre les capacités. L’Allegria avait à son bord, des hommes tous horizons, il suffisait de se trouver dans une taverne mal famée lorsqu’il mouillait sur les côtes pour rencontrer les officiers. Selen avait réussi à se faire recruter par le quartier maitre du navire, ce dernier complètement saoul n’avait pas pris le temps de la détailler plus que cela. Dans le milieu de la piraterie, seuls les motivés comptaient de toute manière car la plupart finissaient morts au combat ou bien engloutis par la colère des mers durant les tempêtes. Elle montait ainsi à bord du navire le lendemain au petit jour sans plus de mal, si ce n’était qu’elle se devait de faire attention à ce qu’on ne la reconnaisse pas ou que l’on ne sache pas qu’elle était une femme. Avoir une femme à bord, ça porte malheur, sans oublier qu’elles étaient si rares dans ce monde là qu’on finirait forcément par l’attribuer à un navire ennemi.

Selen se faisant appeler Soren par nécessité, portait un chapeau dans lequel elle y avait dissimulé ses cheveux. Ses yeux étaient cernés de noirs, elle avait endurci ses traits grâce à ce qui ressemblait plus à des peintures de guerre qu’elle se devrait de refaire chaque jour. Concernant ses formes trahissant son genre, un tissu solidement attaché à sa poitrine pouvait effacer ce plus gros problème, elle n’avait plus qu’à choisir des vêtements amples par-dessus d’autres couches et le déguisement était simplement parfait. Son entrée sur le navire ne passa pas inaperçu, comme à chaque fois qu’arrivait un nouveau moussaillon, certains d’entre eux ne se privèrent pas de la menacer et lui envoyer des boutades très peu à son gout mais qu’elle ignora superbement. Selen ne souhaitait pas se faire remarquer et devrait prendre sur elle, elle qui a le sang chaud, pour la bonne exécution de sa mission.

C’était assez comique, elle reprenait la peau de sa personnalité masculine à ses début sur le Crépusculaire mais avec son expérience de quartier maitre et de grande pirate. Elle savait ce qu’il fallait faire, ce qu’il ne fallait pas faire et cela allait lui permettre de ne pas trop attirer l’attention sur elle. Ainsi on lui donna ses premières corvées, qui sans grand étonnement fut d’abord de briquer le pont. Un passage obligatoire, le temps qu’elle voie comment ils fonctionnaient sur ce navire. Selen passa les premiers jours à obéir tout simplement, laissant ses yeux trainer discrètement pour trouver là où le capitaine rangeait ses richesses. Ce navire était un gros galion, dont les nombreuses sales pouvaient induire en erreur, or elle n’avait pas le droit à l’erreur. L’objectif d’Aaren était de couler ce bâtiment après en avoir pillé les richesses autant que d’effacer son nom de sa liste noire et qui lui faisait de l’ombre à ses projets d’avenir. Le Crépusculaire ne possédait pas assez d’armements ni de protections pour lui faire directement face, ce qui avait poussé Aaren à envoyer Selen en infiltration afin de connaitre ce bâtiment dans les moindres détails, et saboter ses défenses avant l’assaut.

Etant donné qu’elle se montrait utile et pas gênante au bout de quelques jours, on l’autorisa à délaisser ses serpillères et la crasse pour participer aux manœuvres du bâtiment. Selen se fondait dans la masse avec brio sans pour autant essayer de participer aux conversations de l’équipage. Elle se contentait d’être une ombre parmi les autres. Toujours se tournant dans son hamac, faisant dos aux hommes et rêvait aux voiles de son navire lorsque l’heure était arrivée de dormir. Elle avait fini par attirer la curiosité de certains, de fait qu’elle savait très bien se battre, qu’elle était efficace mais que quoi qu’il arrive elle gardait une aura de mystère autour d’elle. Selen ne disait rien d’elle même, se contentant de sourire en baragouinant bêtement quelques phrases avec un accent incompréhensible pour dissuader toute personne de continuer la conversation avec elle. Ainsi, au lieu de l’approcher, on se contentait de lui lancer des regards intrigués, elle était là sans réellement l’être, aussi indispensable que l’ancre du navire et tout aussi inutile lorsque celui-ci n’était pas à l’arrêt.
Une semaine, puis deux semaines s’écoulèrent, Soren était un matelot parmi les autres, parfois cible de commérages, parfois au cœur des compliments. Quoi qu’il en soit, elle avait réussi à infiltrer le bâtiment comme elle le souhaitait et à être une partie de ce dernier. De ce fait là, elle pouvait librement circuler sans qu’on vienne l’emmerder avec des corvées ou des broutilles.

Ainsi, par une soirée tombant sur la rive, alors que les pirates s’étaient endormis rassasiés par un festin arrosé de rhum, Selen avait attendu d’entendre les premiers ronflements gras des hommes. Les yeux clos, elle ne dormait pas, patientant dans l’ombre de pouvoir agir. Lorsqu’elle les rouvrit soudainement, elle constata que tout le monde avait bien bu à son saoul, elle vérifia en claquant des doigts sous le nez de son voisin qui rumina quelques instants dans sa bave avant de se remettre à ronfler. Un large sourire malicieux étira les lèvres de la jeune femme qui en profita pour se lever. A pas félins, elle sorti de la cale pour aller sur le pont. Il n’y avait personne ici, tout le monde dormait à points fermés. Selen retira son chapeau dans un réflexe pour le poser sur un canon, ses longues boucles brunes retombant en cascade dans son dos, la jeune femme sorti de l’intérieur de sa blouse un parchemin adressé à Aaren ainsi qu’un morceau de viande gardé du repas. Elle attira le rapace messager du Crépusculaire en l’appâtant avec la viande et noua le message avant de lui ordonner de s’envoler. Le navire n’était pas loin, elle savait qu’Aaren suivait dans l’ombre le temps que son quartier maitre amasse bien assez d’information sur le bâtiment. Lorsque l’oiseau prit son envol, disparaissant dans l’épais manteau de nuit, Selen se dirigea avec un petit sourire empli de satisfaction vers la cabine du capitaine à pas feutrés. Elle entrevoyait la lumière dansante des bougies témoigner qu’elle n’était pas la seule à être réveillée alors que le capitaine était sans doute en train d’étudier ses cartes retranché dans ses appartements. Néanmoins par curiosité, la jeune femme s’approcha des portes vitrées de couleurs chaudes, elle se baissa afin de tenter d’entrevoir au travers une quelconque silhouette qui lui permettrait d’espionner.

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Les bateaux n’était pas l'élément premier d’Eard. Le Rohan n’a jamais été connu pour ses navigateurs, et les canassons n’apprécient jamais de se retrouver ballotter sur les vagues. Pour dire vrai, le pauvre gamin n’avait jamais vu la mer avant de s’approcher de ce port miteux où on l’embarqua. Mais quelque soit la différence entre ses habitudes et celles du navire un homme meurt de la même manière qu’il soit les deux pieds sur la terre ferme ou en équilibre au dessus des mers. Et vu que c’est surtout dans ce but que le jeune Dunlending s’était vu embauché… pas de révolutions majeures dans son travail.

L’Allegria, le bâtiment s’appelait. Un truc immense, avec plusieurs mats, de nombreux ponts, et suffisamment de canons pour détruire les défenses d’une petite ville. Sans parler du capitaine, qui, pour faire dans l’euphémisme, ne mettait jamais Eard et ses comparses au chômage technique. En clair, pillage massacres et carnages à foison. Ça lui donnait un bon exutoire, à lui qui en avait bien besoin, et le fait de récupérer un pieds du butin en plus ne gâchait en rien le plaisir de tapoter joyeusement sur les navires qui osaient croiser leur route.
Au final, Eard s’était acquis sa petite place au milieu de l’équipage. Il était souvent dans les premiers à sauter à l’abordage, et avait pour l’instant réussi à en sortir vivant (pas intact, mais bon…) ce qui était un exploit digne d’être mentionné. Pour le reste… le fait qu’il n’apprécie que moyennement la compagnie des autres membres d’équipage, préférant prendre du temps pour soit dans le petit espace qu’il s’était aménagé sur la figure de proue, ça aidait pas mal à gonfler les on-dit. Pas assez pour qu’on vienne l’emmerder avec, mais juste assez pour qu’on le laisse tranquille.

La nuit, en ce jour là, était plutôt belle. Les étoiles brillaient au firmament de cette lueur qui ne peut être vue qu’au milieu de la mer. Les nuages disparates jetaient une ombre nébuleuse sur la lune laiteuse qui éclairait les mouvements presque dérivant de leur bâtiment. Les embruns s’élevaient avec les brumes de la nuit, créant dans la douce chaleur du soir une atmosphère féérique, tout droit sorti des contes et des légendes de l’ancien orient. Pour une fois, le jeune Dunlending avait abandonné son siège au côté de la demoiselle de proue pour se jucher au milieu des cordages, prenant repos sur un noeud de cordes pour regarder ciel et horizon se dessiner devant lui, à l’infini de son regard. Il se trouvait donc à se balancer tranquillement, en pleine contemplation de la vacuité de l’existence face à un si vaste univers, quand un craquement sur le pont interrompit sa méditation existentialiste.

Un mousse, en bas sur le pont, sortait des cabines. Et bien soit, il avait bien le droit de faire ce qu’il voulait, la nuit appartient à tout le monde. Eard allait s’en retourner à son petit monde quand il vit quelque chose de moins normal. Le mousse délia ses cheveux, révélant une opulente crinière brune, et reçut sur son bras la visite d’un volant messager. L’attention du Dunlending était piqué, état qui ne s’arrangea pas quand “le” mousse renvoya le messager, porteur d’autres nouvelles. Attrapant son épée à la main, il commença à se laisser glisser le long du mat, basculant de cordage en cordage, essayant de faire le moins de bruit possible. Tout le monde dormait à par lui, personne n’avait du remarquer la silhouette dans l’obscurité.

Après quelques minutes, il finit par se poser au sol, son épée à la main, cherchant sa cible dans l’obscurité nocturne. Un coup d’oeil permit de la retrouver, sa silhouette se découpant dans le peu de lumière venant de la cabine du capitaine. Il s’approcha doucement d’elle, aussi discrètement que possible, remerciant le ciel de préférer les pieds nus aux lourdes bottes habituelles. Concentré qu’elle était sur la porte de la cabine, la petite dame ne l’avait pas remarqué approcher. Un sourire au lèvre, Eard prit donc son temps pour aller poser délicatement l’acier de sa lame sur le cou dénudé de cet étrange moussaillon, avant de chuchoter, d’une voix calme et amicale.

“J’imagine qu’il y a une très bonne manière d’expliquer tout ce qui ce passe ici….”

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O, are you a pirate or a man'o'war ?

Quelques ombres au travers des vitres, même avec les yeux plissés il lui était difficile de clairement entrevoir ce qu’il se passait à l’intérieur. Balayant le peu de champ de vision qu’elle avait du regard au travers de cette vitre, elle pu reconnaitre au loin le capitaine du galion, grassement endormi sur l’un de ses fauteuils. Il manquait cruellement de classe et de charisme contrairement à ses prédécesseurs, et surtout contrairement à Aaren. A ses yeux, nul autre que lui n’avait assez de cran et d’ambition pour être la plus grande calamité des mers. Un rictus orna les lèvres de Selen qui profita de son inconscience pour regarder un peu l’intérieur de la cabine et y repérer notamment des clefs ouvrant des coffres, quelques indices concernant aussi les faiblesses du navire qui pourraient lui être fort utiles à envoyer à Aaren en plus de celles qu’elle lui avait déjà transmises. Ce n’était plus qu’une question de temps avait que ce bâtiment se fasse couler par le Crépusculaire, Selen avait déjà hâte de quitter cet équipage et reprendre son poste de quartier maitre. Jouer les mousses n’avait rien de très agréable, pas du fait de se prétendre être un homme mais surtout pour les coups qu’elle aurait volontiers rendus.

Selen n’eut néanmoins pas le temps de laisser ses yeux trainer là où il lui était interdit qu’elle senti se loger à son coup une lame glaciale. Elle pouvait reconnaitre cette sensation d’entre toutes que celle de se faire menacer sans s’y attendre pour l’avoir souvent vécue. Ainsi la pirate ne montra pas de résistance et ne fit aucun geste brusque malgré que son envie première aurait été de se retourner et poignarder la personne qui était venue. De nombreuses questions se bousculaient déjà dans son esprit, la première étant de savoir, qu’avait il vu exactement ? Elle avait pourtant vérifié que personne ne se trouvait sur le pont mais ce petit malin s’était sans doute caché dans un angle mort. Puisqu’elle n’avait pas faite énormément de bruit, elle avait l’espoir que ces représailles concerne seulement son geste indiscret vis-à-vis du capitaine. Quoi qu’il en soit elle serait sans nul doute très bientôt fixée.

Selen se redressa lentement, levant les yeux vers la personne qui visiblement l’avait repérée. Un matelot, comme elle, ça la rassurait en un sens, au pire ça aurait pu être un officier et sa mission aurait sans doute été compromise. De la faible lueur provenant de l’intérieur de la cabine, elle avait pu reconnaitre son visage, ses traits durs et caractéristiques. Selen étira un large sourire à l’entente des sous-entendus qu’il lui faisait. Selen se demandait à quoi il pensait en particulier ; le fait d’épier le capitaine ? Le fait de ressembler étrangement à une femme ? A moins qu’il ne l’ait vue envoyer un message, à moins que ce soit tout cela à la fois. Histoire de sauver les meubles, la jeune femme fit quelques pas en arrière pour plonger son visage dans l’obscurité. Elle ne pourrait pas garder ce silence plus longtemps, son but n’était pas de sa dissimuler derrière des mensonges mais bien de bavarder pour tenter de savoir ce qu’il avait vu exactement. De ce fait là, Selen jouait encore son personnage au masculin, les traces d'encre noire sur son visage pouvaient encore lui sauver la mise. Elle s’exprima maladroitement, les premiers mots qui lui sortirent d’entre les lèvres ne furent pas réellement réfléchis.

« J’voulais voir si les rumeurs concernant notre cap’tain étaient vraies, ‘parait qu’il s’fait des bains de rhum tous les soirs. »

Quoi qu’il en soit cet homme était désormais une menace pour elle, un potentiel cafard qui irait tout raconter au capitaine et qui lui ferait foirer ses plans. Le soudoyer ne servait à rien, le capitaine le payerai sans doute plus pour avoir des informations s’il voulait en jouer. Tout comme lui faire promettre de ne rien dire à ce qu’il avait vu était parfaitement vain puisque ce genre de mot ne faisait pas parti du vocabulaire des pirates. Il lui restait alors comme solution de se débarasser de lui afin d’être tranquille. Selen fit quelques pas, les mains levée en bon signe de coopération et en profita pour jeter de vives œillades sur l’environnement qui les entourait.

« Allons l’ami, t’es ivre, tu débloques complètement ! Baisse ton sabre que je retourne me coucher.»

Tant qu’il ne baissait pas sa garde, Selen ne pouvait pas agir, sa lame était bien trop proche pour prendre le risque de sortir la sienne et de croiser le fer. Il n’avait pas l’air d’être ivre, à vrai dire les mots étaient sortis de sa bouche pour gagner du temps et le dissuader de ne pas jouer au con.

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Il ne pouvait détailler le visage du matelot dans la noirceur de la nuit, ne pouvant distinguer s’il s’agissait réellement d’un homme ou d’une supercherie. Il ne se souvenait d’aucun membre d’équipage aux cheveux longs, mais il pouvait se tromper. Par contre les quelques pas vers l’arrière qu’il fit suffirent largement à ennuyer le guerrier, qui se pressa vers l’avant, gardant l’acier de sa lame sur le cou du malheureux.

“Je te déconseille de trop danser, tu pourrais chuter sur quelque chose de coupant.”

Il avait chuchoté ces quelques mots. Il ne savait pas vraiment pourquoi, à vrai dire. Il aurait pu hurler, réveiller les membres d’équipages et le capitaine, et le pauvre mousse se serait probablement fait balancer par dessus bord pour nourrir les serpents de mer. Après tout, qui l’aurait écouté dire qu’Eard était bourré ? Cependant, quelque chose le retenait. Peut-être était-ce simplement l’excitation de cette rencontre sous la lune, ou la curiosité qui le poussait à vouloir savoir ce qui ce passait dans les environs… et s’il voulait satisfaire sa curiosité, il n’y avait pas milles manière. Il allait devoir discuter. Et éviter de trop ouvrir la gorge du malheureux.
Il se fichait comme guigne que quelqu’un jette un coup d’oeil dans la cabine du capitaine. A vrai dire, il n’avait que faire du capitaine ou du bateau. Il était embauché ici, juste une lame de plus, et sans la loyauté qui lie les marins à leur bâtiments. Mais si des coups de pute se jouent dans le coin, autant s’en tenir informé.

“Les rumeurs sont vrais, en même temps il s’en est jamais caché. C’t’un crevard alcoolique. Contrairement à moi, je préfère le calme de l’air nocturne. Mais je serais pas contre partager un verre avec le piaf qui t’apporte ces messages. Des nouvelles de ta petite maman j’imagine ?”

Il recula légèrement sa lame, la gardant toujours assez près pour être menaçante mais laissant au moins à sa victime la capacité de déglutir. Il n’avait clairement pas envie de lancer un gros combat, et normalement il ne voudrait pas non plus, de peur de réveiller l’équipage et de causer un bien gros foutoir. Cela ne voulait certes pas dire qu’il était tranquille, mais il pouvait au moins laisser par courtoisie quelques libertés à celui qu’il interrogeait.

“On vas faire les choses gentiment, Ok ? Déjà tu vas faire quelque pas en avant, que je vois ta jolie tête à la lumière de la lune. Ensuite, tu vas m’expliquer à quoi rime cette petite ronde version espion. Je préviens, j’ai aucune patience pour les gens qui me racontent des conneries, donc si tu veux pas repeindre le bois du pont, il vas falloir répondre directement.”

Le mousse jetait des oeillades dans tous les coins, cherchant visiblement un moyen de se sortir de ce traquenard. Ça indiquait pas s’il était coupable ou juste terrifié, mais au moins ça forçait Eard à rester sur ses gardes. Si jamais le petiot tentait une course, et bien, on devrait embaucher quelqu’un d’autre au prochain arrêt. Mais si jamais il commençait à raconter quelque chose d’intéressant, peut-être que Eard le laisserait partir tranquillement… restait à voir ce qu’il avait à lui proposer dans l’affaire.

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O, are you a pirate or a man'o'war ?

Pas de chance pour elle cette fois-ci. Selen était habituellement bien assez discrète pour qu’on ne la remarque même pas. Jusque là son travail avait été impeccable, quelque chose était contre elle pour que ses plans risquent de foirer au dernier moment. Aaren l’avait envoyé ici parce qu’il avait confiance en ses capacités, tout autant à faire ce qui lui était demandé comme de faire face à ce genre d’imprévu. Et puisqu’elle lui était loyale, elle ne risquait pas de se retourner contre lui. C’était en fait bien trop, bien trop facile d’arriver à ses fins sans avoir quelques embuches sur son chemin. Le fait que ça arrivait maintenant compliquait sa tâche, mais la pirate restait confiante, encore et toujours. Elle fut d’abord étonnée de voir qu’il avait mordu à sa première fausse excuse, alors qu’elle s’était exprimée de façon tout à fait grossière et masculine. La jeune femme hocha la tête d’un mouvement vif mais se demandait pourquoi lui répondre aussi calmement alors qu’il y avait toujours cette lame prête à lui découper la gorge.

Fronçant les sourcils, observant simultanément son interlocuteur et son arme, elle s’attendait à ce qu’il finisse par la baisser. Hors, dès la fin de ses propos, le pirate lui fit une première remarque concernant l’oiseau qu’elle avait appâté pour qu’il reparte ensuite. Selen haussa les épaules en hochant positivement la tête en faisant preuve de mauvaise volonté, n’ayant pas mieux trouvé comme excuse qu’une lettre à sa maman. Quoi qu’il en soit lorsqu’il recula légèrement sa lame, Selen l’observa d’un air suspect et méfiant. Toutefois elle gardait le silence, s’attendant à ce qu’il développe ses derniers aveux tournés de façon assez comique en réalité. Le sourire de Selen s’étira dans la pénombre sous les menaces finalement grandissantes et sous jacentes, adressé à celui qui aurait dû être un compagnon si seulement elle était là de manière tout à fait honnête. Ce n’était pas imprévisible qu’il lui déferle ce genre de propos, mais visiblement il semblait déjà bien plus malin que la moitié de l’équipage de ce bâtiment. D’autres auraient sans doute fermé les yeux sur ce qu’ils venaient de se passer, pour se retrouver étrangement absents lorsque la cloche retentirait. Selen le jaugea un instant, se disant qu’il n’allait pas être chose aisé de se débarrasser de lui au vu de sa sobriété et de son entêtement.

« Si tu insistes. » Fit elle simplement

La jeune femme posa son index sur la pointe du sabre de l’homme de manière tout à fait inoffensive pour l’inciter à se reculer un peu plus le temps qu’elle sorte de la pénombre. Elle se rapprochait ainsi du pirate non sans ignorer le fait qu’il puisse lui planter sa lame dans le ventre. Elle fit ainsi preuve d’un grand calme, n’ayant de toute manière pas assez de temps pour dégainer son arme au risque qu’il l’envoie à terre. La lumière lunaire vint éclairer le cobalt de ses yeux cernés de noir, dévoilant son visage tout aussi peinturluré comme le masque qu’elle portait constamment depuis son arrivé ici. Maintenant qu’il la voyait mieux, est ce que cela changeait réellement quelque chose ? La pirate lui adressa un regard interrogateur, avant qu’elle ne passe à ses exigences suivantes qui étaient de lui révéler ses intentions. Contre toute attente, là-dessus aussi, Selen opta pour le choix de la coopération et ne perdit pas plus de temps dans les bavardages et autres machinations. Puisqu’il était déjà mort pour elle, elle l’autorisait ainsi à connaitre ses desseins, ainsi elle ne se priva pas d’étirer les commissures de ses lèvres dans un large sourire, sans omettre le moindre détail, ainsi qu’il l’exigeait.

« J’ai l’intention de piller, saccager, mettre à sang et envoyer ce bâtiment par le fond avec la plus grande sauvagerie possible. »

Sur ses mots son sourire s’était élargi de manière bien plus mauvaise et sadique. Selen entreprit de ramener ses cheveux en arrière pour les attacher dans une prise de confiance suffisamment provocatrice à l’égard de son interlocuteur. Elle en avait rien à faire de ce qu’il pouvait bien penser de qu’elle venait de dire, autant qu’il la croie ou pas. En revanche, elle se demandait ce qu’il comptait faire maintenant qu’il avait en face de lui un moussaillon pire qu’un mutin. Peut être ferait il aussi le lien avec sa correspondance. Quoi qu’il en soit, Selen restait étrangement calme.

« Que penses-tu faire alors ? Me tuer ? Me dénoncer ? Me jeter aux fers ? »

Selen étouffa un rire moqueur, elle avait hâte que la tension se dénoue.

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Bon, première réalisation, la personne qu’il avait devant lui était effectivement une femme. Bien camouflée, au maquillage parfait, mais une femme néanmoins. Avec les cheveux dégagé et une bonne suspicion, c’est bien plus facile à identifier. Deuxièmement, c’était une femme plutôt jolie dans son genre, très garçonne et directe certes, mais avec une forte qui rend… intéressante. Loin d’une bimbo blonde mais quand même. Et troisièmement, elle semblait se jouer du fait qu’il avait une lame pointé sur elle, ce qui pouvait signifier deux choses : soit elle ne pensait pas qu’il allait sérieusement l’attaquer, soit elle avait quelque chose de prévu en cas d’attaque. Pour la première option, ce serait une erreur de sa part, et pour la deuxième… il allait devoir rester sur la défensive et faire attention.

Eard fit un petit mouvement de tête, afin qu’elle commence à parler et qu’elle explique ses raisons. Il s’était attendu à de nouvelles dénégations, du marchandage, voir du mensonge pur et simple, mais certainement pas à ça… Envoyer par le fond avec la plus grand sauvagerie possible, rien que ça… Probablement l’envoyée d’un ennemi, un corsaire en vadrouille ou une quelconque vengeresse de quat’sous qui voulaient tuer ceux qui avaient abattus sa famille. Bon dieu, dans quoi avait-il bien pu se fourrer. A peine avait-il le temps de réfléchir à une réponse qu’elle s’avança, bravache, demandant ce qu’il allait faire d’elle..

Il réfléchit quelques secondes, la regardant droit dans les yeux. Pendant presque trente secondes, il resta immobile, cherchant quelque chose à dire, quelque chose à faire. Puis il n’en puis plus, il éclata de rire. Bon pas trop fort, histoire de pas réveiller l’équipage, mais un rire nerveux. Bien sûr, sa lame restait pointée vers la demoiselle au cas où, mais si elle avait décidé de courir maintenant elle aurait eu ses chances. Cependant, il se reprit vite, chassant les derniers gloussements d’un petit effort de volonté. Faisant quelques pas en arrières, il baissa son épée, la gardant toujours prête à l’emploi mais dans une positions bien moins aggressive. Ne pouvant s’empêcher de sourire, il répondit joyeusement à la question de la demoiselle.

“Rien de tout ça, voyons, ça serait le comble de la mesquinerie.”

Essayant de revenir à une expression plus neutre pour prouver son sérieux, et vérifiant qu’il n’y avait pas grand monde alentours, il continua.

“Après quelque mois d’essai, j’me rend compte que la piraterie n’est pas pour moi, j’vais débarquer au prochain port. Donc tant que tu fais pas ça trop tôt, tu peux faire ce que tu veux avec ce navire, son capitaine et l’équipage, j’en ai à vrai dire que peux de choses à faire.”

Il scruta attentivement la demoiselle, cherchant un signal pour savoir si elle se détendait, et qu’il pouvait donc lui aussi retourner à plus calme posture. En attendant, toujours l’épée au clair, il rajouta, reprenant sur le visage le petit sourire chafouin digne des belles entourloupes et des meilleurs bagarres.

“Par contre, même si je n’ai pas réellement envie de participer à vos beaux projets, j’imagine qu’un petit quelque chose pour me dédommager des sensations forte de cette nuit ne serait pas incompréhensible, n’est-ce pas ? Entre nouveaux amis…”

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O, are you a pirate or a man'o'war ?

Elle avait fini par détester qu’on la fixe, qu’on la détaille, durant une période ou elle se faisait passer pour quelqu’un d’autre elle avait toujours l’impression que le moindre trait de travers pouvait la trahir. Fronçant les sourcils, elle n’avait qu’une envie, c’était de retourner dans l’ombre maintenant qu’il avait eu un aperçu de ce qu’elle était. Il avait alors sans doute deviné que c’était une femme, à en juger de la vive surprise qui passa au travers de son regard, elle ne pouvait alors plus faire semblant. La jeune femme se racla la gorge, forcer sur ses cordes vocales pour rendre sa voix plus grave qu’elle ne l’était n’était pas de tout repos. C’était au moins ça. Elle fut cependant étonnée de ne pas se recevoir de remarques quand à ce sujet, il est connu pourtant qu’une femme à bord porte malheur, d’autant plus que les femmes pirates n’étaient pas ce qu’il y avait de plus répandu. Une chance de plus, ou peut être pas, les instants qui allaient arriver lui diraient si elle avait raison de croire qu’il n’était pas aussi misogyne que les autres qui refuseraient de croiser le fer avec ce qu’ils appelaient communément « le sexe faible ». Qu’à cela ne tienne, désormais démasquée, Selen se contentait d’épier les moindres faits et gestes de son interlocuteur alors qu’elle lui avait demandé ce qu’il allait faire.

Elle eu un geste de recul, dans un réflexe de surprise alors qu’elle ne s’était pas attendue à l’entendre rire suite à de tels propos. Selen aurait pu se saisir de cette occasion pour s’échapper, voire même lui sauter à la gorge pour lui faire avaler ses rires, mais elle n’en fit rien, intriguée, la pirate plissa des yeux, se demandant ce qu’il y avait de si drôle. Son visage changea du tout au tout, peut être avoir aperçu qu’elle ne plaisantait pas, il en profita pour s’éloigner un peu, restant sur ses gardes tout en étant moins menaçant à son égard. Selen n’avait pas bougé, une grimace sur le visage encore prise d’incompréhension.

Selen fut toutefois étonnée de tomber sur un homme qui ne semblait plus motivé par la vie de pirate et que puisqu’il s’en allait, le sort de l’Allegria lui importait peu. La jeune femme lui adressa un regard suspicieux, se demandant s’il ne tentait pas de l’embobiner à son tour. Après tout, elle l’avait fait elle-même, pourquoi pas lui ? Il ne faut jamais aire confiance aux pirates. Elle le toisa de haut en bas comme si elle aurait pu trouver la vérité dans son comportement. Ainsi qu’il l’avait piquée de curiosité, Selen le laissa déballer son flot de paroles tout aussi souriant d’une personne sans reproches. Naturellement elle se détendit un peu, puisqu’il n’avançait aucun geste hostile à son égard, ces premières minutes en sa compagnie seraient vouées à la discussion afin de comprendre ce que l’autre voulait pour que dans les deux camps ils soient pleinement satisfaits. Jusqu’à ce que tout devienne bien plus intéressant, lorsqu’il lui demanda dédommagement, La jeune femme laissa éclater un rire clair d’amusement. En réalité il y avait un fort contraste entre ses aveux d’homme n’ayant pas été charmé par la mer que par ce qu’il venait d’exiger de manière très subtile.

« Tu dis ne pas vouloir continuer sur cette voie et pourtant tu parles comme un pirate. »

Quel homme n’ayant pas pris gout à l’avarice exigerait dédommagement pour si peu ? Il semblait en avoir bien assez dans la caboche pour se servir lui-même, pourquoi aurait il besoin qu’on lui fasse compensation ?

« Si tu veux de l’or, pourquoi ne vas-tu pas te servir toi-même dans les coffres avant que je ne les vide ? »

L’or était la première chose qui lui était venu à l’esprit concernant ce qu’il désirait en retour, puisque tout homme sur les mers en est complètement avide.

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Eard rangea son épée. Le temps des affrontement semblait être passé, chassé par les rires nerveux de ceux qui se rendent compte qu’au final, la situation peut profiter à eux deux. Eard fit quelque pas en arrières, s’étirant les jambes avant d’aller s’adosser contre le mat, cherchant à soulager au moins légèrement l’engourdissement de ses muscles. La tension était passé et une certaines fatigue commençait à les prendre, qui ne durerait certes pas longtemps mais pourrait se révéler gênante.

Elle l’avait détaillée de pieds en cape, probablement pour juger ce qu’il donnerait comme adversaire en combat où en affaire, et semblait être contente de ce qu’elle avait vu. Intéressant, en soit, qu’une pirate le trouve au moins à la hauteur d’une négociation. Il avait pris comme un compliment sa remarque sur son ton de voix, même s’il ne partageait pas son avis. Mais après tout, les mercenaires et bandits quelconques se ressemblaient souvent, qu’ils soient sur terre ou sur mer.

“Peut-être, merci, mais j’ai tendance à préférer mon cheval à ce rafiot, et il me manque le temps où je n’étais pas tout le temps trempé. Si c’était une proposition d’embauche, je me vois malheureusement contraint de décliner.”

Quant au reste… de l’or. Ma foi, c’était une proposition parfaitement honnête. Mais à vrai dire, elle ne l’intéressait pas plus que ça. Il en aurait suffisamment une fois débarqué, au vu de ce qu’il s’était gagné, pour faire un bout de chemin sans problème. De plus, mieux vaut ne pas accumuler trop d’or lorsqu’on voyage sur les routes du Gondor, les voleurs sont prompts à l’attaque et doués à la rapine. Non, définitivement, ce n’était pas le plus intéressant. Certes, il aurait pu juste laisser à la demoiselle la possibilité de faire son travail sans encombre, par pure galanterie, mais…. et bien, peut-être qu’en effet la vie de pirate avait déteint sur lui. Ou alors avait-il juste envie de jouer un peu, par cette nuit chaleureuse.

“L’or, j’en aurais assez en débarquant. De plus, amasser les riches sans ne plus savoir qu’en faire ne me tente pas plus que ça. Mais je suis sûr qu’en bonne et valeureuse damoiselle pirate, vous saurez marchander. Je ne suis pas très cher, si vous me proposez quelque chose d’intéressant, je sauterais sur l’occasion. Et si vous trouvez bien, je pourrais même faire en sorte de vous aider jusqu’à la fin de mon service.”

Allait-elle la surprendre, sa déclaration ? Possible. Sinon, ça voudrait dire qu’un boucanier comprenait qu’on puisse refuser de l’or, et ce n’était pas demain la veille qu’une telle bestiole naîtrait. Mais bon, elle avait de la ressource. Pour avoir réussi à passer incognito sur un navire pendant aussi longtemps, et avoir monté de si bon plan pour couler un adversaire, il était peu probable qu’elle se laisse arrêter par un marin d’eau douce tel que lui. Au pire, elle tenterait de le combattre, si elle se laissait guider par l’idiotie. Il ne la tuerait peut-être pas, si elle était douée, mais le bruit des échanges réveillerait probablement l’équipage, qui pourrait assister joyeusement au spectacle, et l’équarrir une fois attraper. Non, elle essaierait de l’acheter. Et vu qu’il ne connaissait lui même pas son prix, cela pourrait faire montre d’une petite enchère assez rigolote.

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Il avait fini par ranger son sabre, visiblement ayant remarqué qu’elle n’agirait pas pour le moment. C’était une grave erreur de sa part de baisser sa garde, car au moindre faux pas elle n’allait pas hésiter à sortir le sien. La piraterie n'était pas un monde où il était bon de prendre ses aises. Mais Selen n’en fit toujours rien, l’observant un instant avec un léger sourire au coin des lèvres alors qu'il lui expliquait les raisons de sa volonté de quitter les rives. Ainsi donc Selen trouvait un peu plus de véracité dans ses propos sans pour autant le croire sur parole. C'était un choix qu’elle pouvait comprendre et ainsi elle n’allait pas épiloguer dessus puisqu'il allait bientôt pouvoir lui faire ses preuves.

Cependant ce fait lui rappela lorsqu’il lui avait avoué vouloir débarquer au prochain port ; au vu de la position du navire par rapport aux côtes et des projets du Crépusculaire sur le point d’aborder ce dernier, elle n’était pas sure qu’il ait en réalité le temps de revoir la terre entre temps. Car un galion se coulera plus facilement s’il est éloigné des autres vautours qui risquaient d’en profiter, surtout si le navire attaquant a un plus petit gabarit et moins de canons. Un détail fâcheux pour ce type, qu’elle ne se gênerait pas de lui soumettre afin que le marché qui allait être fait soit aussi bénéfique pour elle que pour lui, voir plus pour elle, tant qu'à faire.

« Je doute que l’on attende que L’Allegria repasse par un port, vu sa position ces jours ci elle est déjà dans nos filets. J’imagine que tu devines ce que cela signifie... »

En temps normal et en humble pirate, elle ne marchande pas, elle prend.

Or, les événements récents n’avaient pas tourné à son avantage alors Selen allait devoir la jouer en finesse. Faisant quelques pas sur la droite puis sur la gauche tout en réfléchissant, Selen avait détourné son regard de l’homme. Puisqu’il semblait être ici depuis bien assez longtemps, il saurait sans doute lui apporter certaines réponses qui feraient que ça ne lui poserait pas de problème de déroger à ses bons vieux principes de ne jamais faire d’accord avec un pirate ne venant pas du Crépusculaire. Sur ces mots annoncés avec ses grands airs emplis de la plus belle ironie sous jacente, Selen poursuivit ainsi en modifiant quelque peu les termes du contrat en le tournant tout simplement à son avantage en partant du principe qu’elle était certaine que le Crépusculaire arriverait à ses fins avec ce qu’elle avait déjà amassé comme infirmations sur ses défenses. Elle s’avança un peu plus tandis qu’il avait entreprit de s’adosser contre un mat. Bras croisés, elle lui faisait face. Tels deux adversaires en train de jouer aux cartes, Selen posait là ses meilleurs atouts. Puisqu’il ne voulait pas d’or, il n’avait qu’à être plus explicite sur sa demande.

« Du coup nous allons faire à ma façon. Si tu as de belles infos à me donner concernant les coffres et les cachettes du navire tu auras une place sur ma frégate et l’on te ramènera à terre. En revanche si tu n’as rien à m’apporter que des bavardages mielleux je me passerais de toi mais tu auras la vie sauve. »

A quoi bon avoir la vie sauve si c’est pour être sur un navire condamné ? Selen y avait déjà réfléchi, dans le pire des cas il prendrait une chaloupe, dans le meilleur des cas il était forcé de l’aider, le tout était de ne pas préciser de quelle manière elle voyait réellement les choses. Pour elle les détails étaient désormais clairs mais elle n’était pas à l’abri d’enchérissements, et alors elle devrait s’adapter pour rajouter un peu plus d’allure à sa demande. Elle avait déjà visé fort ; Sa vie épargnée contre tout le reste valait sans aucun doute son pesant d’or puisque le cliquant ne l’intéressait pas.

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“Que je résume. Tu m’offres, ma vie, que j’ai déjà, contre la tienne, que tu n’as plus ? Me prendrais-tu pour une du, ou pour un quelconque pigeon.”

Eard sortit sa lame, jouant avec du bout du poignet, la faisant tournoyer dans sa main. Finalement, il y aurait peut-être combat. Si la piratesse continuait à se foutre de lui ainsi, il n’aurait pas beaucoup d’autres choix que de se battre. Pas que ce soit ce dont il ait envie, mais après tout, un combat de plus ou de moins.. cela lui permettrait de prendre un peu d’exercice, au cas où elle se révèle être un adversaire correct.

“Je m’explique. Je sais maintenant que ce rafiot n’a plus que quelques jours, donc au pire je prend une chaloupe et rejoint la côte, au mieux j’explique au capitaine ce qui ce passe et on trouve un moyen de vous emmerder. Bref, dans tous les cas, j’m’en sort.
Quant à toi… Imagine qu’un combat éclate, ou que je change d’avis. Je gueule, j’explique aux gens ce qu’il ce passe… au mieux tu arrives à t’en sortir à la nage et ta mission est foirée, au pire ton corps vas nourrir la poiscaille. Bref, chiant pour toi.”

Il avait les deux yeux braqués sur la jeune femme. C’était le moment le plus critique, celui où la possibilité qu’elle attaque pour le mener au silence était le plus fort. Mais il avait son épée dégainée, en mouvement et prête à l’emploi. Si elle attaquait, il aurait au moins le temps de se défendre jusqu’à ce que les autres arrivent et remarque qu’une jeune femme attaquait leur marin.
Le combat se déroulait autant dans leur tête que sur le pont. S’il arrivait à la faire céder, il pourrait avoir à peu près ce qu’il voulait. Sinon, il se retrouvait rond comme un couillon, et elle pourrait faire à peu près ce qu’elle voulait. Histoire d’éviter ce genre de cas gênant pour tous les deux, il restait l’espoir d’un compromis, qui malheureusement baissait à chaque instant.

“Mais bon, la discussion reste ouverte. Si je roule avec vous et qu’on atteint pas le port, j’vais en effet avoir besoin d’un peu d’or. Et bien sûr d’un petit bout de chemin jusqu’à un port où je puisse débarquer. Après… je pourrais faire comme dans certaines chanson et demander une mèche de vos cheveux, très chevaleresque, ou faire comme dans d’autres chanteries et demander un truc moins noble, mais vous essayeriez de me crever les yeux.”

Il réfléchit quelques instants, et sourit avant de reprendre avec un rire dans la voix.

“Ce qui m’intéresserait, c’est un petit combat contre vous, j’avoue. Pas ici et maintenant avec le risque de réveiller tout l’équipage, non. Mais si en plus d’un peu d’or et d’un trajet j’avais l’occasion de me décrasser contre une piratesse, ça m’intéresserait. Histoire de voir si vous valez autant une épée à la main que des promesses d’or dans la gueule.”

Accepterait, accepterait pas… l’offre n’était immense, mais pouvais être trouvé offensante, voir carrément mal interprété. Après… et bien il n’avait pas l’honneur de connaitre la demoiselle ici présente, et ne savait donc pas comment elle réagirait. Peut-être l’attaquerait-elle tout de suite pour avoir eu l’outrecuidance d’avoir dit ces paroles, peut-être éclaterait-elle de rire. Le plus intéressant, c’était bien d’attendre de voir ce qu’elle allait dire, non ?

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Selen haussa les épaules, faussement innocente alors qu’il avait dû voir clair dans son jeu. Le but n’avait pas non plus été de la jouer en transparence, si elle l’avait voulu elle aurait déjà usé de force pour obtenir ce qu’elle voulait et de lui fermer son clapet. Néanmoins elle était curieuse de savoir comment il allait faire pour essayer d’enchérir et demeura toute aussi attentive qu’il l’avait été. Elle fut cependant surprise de savoir qu’il serait capable de retourner sa veste, quitte à faire de ces mesquineries son dessein si par malheur elle mettait en place ses dires. La proposition qu’elle lui avait faite avait de quoi être vexante s’il l’on comprenait les faits sous jacents, malgré tout voir sa vie épargnée restait un argument convaincant à ses yeux et de ce fait là il reconsidérait sans doute la chose. Prendre la chaloupe pour rejoindre les côtes n’était pas impossible, mais restait risqué en cas de tempête. De ce fait là, Selen eu le réflexe d’observer le ciel, à la recherche de signes distinctifs alors qu’il l’observait après cette première déclaration. Il avait sorti sa lame mais la pirte ne s’en senti pas moins menacée, car l’un comme l’autre semblait avoir compris qu’il allait falloir faire quelque chose pour qu’ils s’en sortent avec de bons bénéfices. La pirate reposa son regard azur sur le pirate, n’ayant pas bougé d’un pouce pour écouter ce qu’il avait à dire. Visiblement il était suffisamment raisonnable pour reconsidérer la chose et faire en sortent qu’ils s’entendent bien. Le faire embarquer sur le Crépusculaire et l’emmener à port n’était pas un problème, mais comme elle l’avait précisé c’était à condition qu’il lui offre autre chose que son silence vis-à-vis de sa couverture.

Quand à savoir ce que lui, voulait, lorsqu’il évoqua une mèche de ses cheveux ou quelque chose de « moins noble » se référant sans doute à de la sauterie, Selen étira un large sourire. Au moins elle n’avait pas à lui dire ce qu’il encourait pour de tels sous entendus. Et de là elle le trouvait déjà très différent des autres écumeurs des mers sur qui elle avait pu tomber durant toute sa vie de pirate. Elle avait cette impression qu’il ne resterait pas qu’un souvenir mais qu’à l’avenir ils auraient sans doute l’occasion de marchander encore. Selen était sensible à ces choses là, c’est ce qui faisait d’elle une capricieuse, une acharnée et surtout le fait qu’elle ne l’avait toujours pas attaqué.

Mais Selen n’était pas au bout de ses surprises, lorsqu’il lui demanda vouloir un combat contre elle en guise de dédommagement. Se moquait-il d’elle ? A priori, Selen ne savait comment prendre ce genre de demande. Entre possibilité qu’il s’agisse d’un plan foireux en partant du principe qu’il la sous-estimait autant que de l’intrigue concernant ses capacités, car en tant que femme dans ce milieu il devait sans doute se douter de se place importante. Quel pirate enverrait une femme pour ce genre de mission délicate ? Eux qui les préféraient sagement sur terre avec leurs batards dans les bras. De ce qu’il disait cela semblait plus être de l’ordre de la curiosité.

« Un combat contre moi ? J’avoue que c’est assez inhabituel..... » Fit elle dans un rire.

Aussi surprenant soit il, Selen pouvait se satisfaire d’un tel deal. Il serait sans doute surpris de voir le talent qu’elle avait aux armes, formée par son capitaine depuis ses douze ans, si Selen avait réussi à se faire une place dans la piraterie ce n’était certainement pas à cause de ses beaux yeux. Elle resta un moment à l’observer, scrutant les moindres mouvements dans ses yeux avant de hocher positivement la tête en signe d’accord préalable. Elle avait d’abord besoin de savoir s’il avait des informations intéressantes à lui donner avant d’envisager de continuer la conversation. Inutile de tourner plus autour du pot, le temps lui serait bientôt compté et elle n’était pas très fan d’éternels bavardages concernant ce genre d’affaire, à force d’enchérir, ils finiraient par perdre de vue l’essentiel.

« Qu’as-tu à dire, concernant les coffres ? »

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“Lancer toutes mes informations maintenant, et me faire abandonner sur un navire en train de se faire attaquer ? Ca serait dommage. Et ne me parles pas de parole donnée, j’ai commencé à apprendre ce que vaut celle d’un pirate…”

Ils avaient trouvés un accord, heureusement. Enfin, à quelques détails près, sa connaissance des coffres par exemple. C’était certes important de savoir comment ils allaient négocier cela, mais au moins ils avaient les bases de leur grand accord, et le risque qu’ils aient à se trancher dans le lard dans l’instant avait nettement diminué. Eard rangea donc épée et commença à se détendre. La petite joute verbale était intéressante, et, chance parmi les chances, la piratesse avait l’air de l’apprécier aussi. Ses larges sourires alors qu’il débitait ses insanités et son humour sarcastique en était la meilleur preuve. Mieux valait que ce soit le cas, l’inverse aurait probablement mené à une escarmouche. Elle avait même rit à sa proposition de duel, ce qui voulait dire que celle-ci ne l’avait pas entièrement offensée.

“Ma foi, je juge la valeur d’une personne au combat. Si nous avons un temps plus calme sur votre bâtiment, je serais plus qu’heureux de constater cette valeur. Et puis, je commence à avoir marre de planter ma lame dans des pauvres marins incapable de se défendre. Une bonne alternative me ferait du bien avant que je débarque.

Hum… A la tête de la demoiselle, arrêter maintenant le bavardage pourrait être une idée intéressante. Il allait devoir lui faire confiance de toute façon pour son échappatoire, alors autant essayer de commencer maintenant. Certes, il pouvait toujours lui donner une partie d’information, histoire de se garder une petite réserve sous la main. Avec ce qu’il avait à dire juste maintenant, sa place à bord du bateau était normalement garanti, alors autant en profiter un peu.
Il avait quand même eu de la chance de passer autant de temps hors des quartiers de l’équipage. Personne ne faisait attention à un homme seul, allongé quelque part ou assis à regarder l’horizon. De manière générale, on ne le voyait même pas, ce qui lui permettait à lui de voir bien des choses.

“Par rapport aux trésors… Les trucs qui sont montrés à l’équipage sont faux. C’est pour éviter les envie de chapardage, j'imagine que tu comprends. Dans les coffres planqués et gardés au fond de la cale, y a rien. Du toc et des cailloux, j’imagine. Le capitaine a fait monter en douce les vrais coffres dans sa cabine. Probablement planqués sous sa couche, de ce que j’ai entendu. J’imagine que c’est un détail qui pourra se révéler utile quand vous pillerez ce rafiot.”

Il lui fit un petit sourire, et se laissa glisser le long du mat pour finalement s’asseoir par terre, dans une position plus confortable pour ses jambes. D’un signe de tête il l’invita à faire de même. Après tout, quelque soit la gravité du sujet, ils n’étaient pas obligés d’en parler inconfortablement.

“Je crois que c’est suffisant pour me faire monter à bord, non ? Il me reste quelques infos en plus, d’ailleurs. Je pourrais penser à vous les dire, contre quelques bonus bien sûr.”

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La pirate leva les yeux au ciel, il avait certes raison mais le temps lui était compté, avoir les informations en une seule fois l’aurait bien arrangé pour ne plus avoir à faire à lui jusqu’au moment de l’abordage. Mais visiblement il avait l’air d’assez bien l’apprécier pour devoir se la coltiner jusqu’à l’arrivée des voiles du Crépusculaire sur l’horizon. Selen allait donc devoir faire avec, fort heureusement il n’était pas crétin et avait au moins su attirer son attention de part sa demande inhabituelle d’un duel dès que le moment serait le bon. D’ailleurs il ne serait pas déçu du voyage, Selen n’était pas de ces marins à se laisser facilement avoir au combat, Aaren l’avait suffisamment bien entrainée et endurcie depuis ces longues années. Quoi qu’il en soit, juste pour ce fait là, Selen n’insista pas, de toute façon ça n’aurait servi à rien car elle ne pouvait se montrer plus persuasive.

Néanmoins il ne lui en fallut pas plus pour cracher le morceau sur les secrets de ce bâtiment et de ses trésors. La pirate s’était soudainement figée, attentive au moindre détail de ses paroles, les enregistrant dans son esprit mot après mot. Elle ne fut pas surprise de savoir que les coffres qu’elle avait vus étaient des leurres, mais que sa véritable fortune se trouvait dans sa cabine - Une vraie poule couvant ses œufs. Elle plissa des yeux, se demandant pendant un instant s’il disait vrai ou s’il se jouait d’elle. Qu’avait il a perdre de la prendre pour une idiote ? Lui-même l’avait dit que quoi qu’il en soit il pouvait s’en sortir vivant. Elle analysa son regard pendant quelques secondes, à la recherche du geste ou du regard de côté qui ferait la différence ou qui trahiraient un mensonge. Mais elle n’en découvrit pas la moindre trace et quelque part elle en fut rassurée. Elle n’avait pas de temps à perdre avec ce genre d’illusions, Aaren s’impatientait certainement et il lui fallait récolter plus d’informations au plus vite. Selen allait bien évidemment aller vérifier ses dires, elle n’avait pas le droit à l’erreur et les hypothèses n’avaient pas la place avec autant de choses en jeu.

Le matelot visiblement à l’aise se laissa glisser contre le mat pour s’installer tranquillement et l’invita à faire de même afin qu’ils puissent continuer leur conversation. Selen hésita un moment et puis finalement prit place à ses côtés avant d’écouter ce qu’il avait d’autre à dire, non sans esquisser un sourire crispé. Décidément il serait du genre acharné, ce n’était pas pour lui plaire et Aaren ne l’aimerait probablement pas s’il savait tout ce qu’il essayait de marchander. Selen détourna son regard de l’homme, sorti sa gourde de rhum afin d’épancher sa soif. Elle n’était pas assez éméchée pour tenir ce genre de discours sans avoir envie de lui sauter à la gorge pour lui faire bouffer ses entrailles s’il continuait comme ça. Il avait déjà sa place sur le Crépusculaire sain et sauf et qu’en plus ils fassent une escale pour lui, le prix était suffisamment élevé pour qu’en plus elle lui offre d’autres avantages. Elle profita de boire à longues gorgées pour réfléchir un peu à la situation dans laquelle elle était, des aveux qu’il lui avait fait jusqu’à ses réclamations. Après avoir retiré le goulot de ses lèvres, Selen s’essuya d’un revers de manche et reporta son attention sur l’inconnu.

« Je croyais que tu n’étais pas difficile. Si tu réclames un bonus à chaque fois tu risques de me mettre en colère, tout comme le capitaine de mon navire...»

Elle lui fit passer sa gourde, dans un geste de bonne piraterie, le rhum se partage même avec les personnes que l’on n’estime pas forcément. Elle le faisait comme un pas en avant vers un accord sur le point d'être conclu.

« Ne crois quand même pas que je vais te croire sur parole moussaillon, ainsi que tu me l’as dis la parole donnée ne vaut rien venant d’un pirate. Quoi que tu prétends être, à bord de ce bâtiment tu en es un… Je vais vérifier tes propos d’abord et tu vas venir avec moi. Si tu dis vrai tu auras éventuellement tes bonus, dans la mesure du faisable. »

La pirate étira un large sourire avant de laisser aller son dos contre le mat.

« Puisque je te dois ton silence tu as déjà ta place à bord et vivant jusqu'au prochain port mais trompe moi et je ne promets pas ton état physique ni l'accueil que tu auras par mon équipage.»

C'était tout à fait compréhensible au vu de la position dans laquelle il la mettait. De chaque côté des concessions allaient devoir être prises.

« Quel est ton nom ?»

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Eard attrapa la bouteille de rhum et en descendit une grande goulée. Il avait énervé la piratesse, ce qui n’était, au final, pas si dérangeant. Après tout, si elle n’avait pas été là avec ses manigance, il aurait pu débarquer tranquille et avec une bonne paye à la prochaine escale, sans avoir à se préoccuper de sauver sa vie. Mais bon, après cette petite méchanceté, arrêter la saloperie serait peut-être une bonne idée. Après tout, si jamais elle décidait de le jeter à la mer après qu’il ai posé pieds sur son bateau, il ne pourrait que difficilement l’en empêcher. De plus, elle avait eu l’amabilité de transmettre ses propositions, et de lui faire passer le rhum.. ce n’est pas rien.

“Désolé, je n’avais aucunement l’intention de te mettre en colère. C’est juste que dans la situation où je me trouve, j'essaie de voir ce que je peux en tirer. Après tout, mes plans initiaux de débarquer tranquillement et de me payer mon matos sont un peu tombés en poussière, n’est-ce pas ?”

Savoir maximiser sa position, c’est important, surtout quand comme Eard on a l’habitude de se retrouver à crever la dalle le long des chemins. Savoir sortir les bon mots et les bonnes propositions sauve la vie, même si c’est uniquement par l’entremise d’un petit bout de pain. Après, qu’elle le croit menteur… c’était largement compréhensible, vu l’entourage des gens de mer. Peut-être était-il même la première personne qu’elle croisait à ne pas mentir comme un arracheur de dent. Cela, il ne pouvait le savoir, mais il pouvait au moins lui prouver sa bonne foi. Il avait une certaine aigreur dans la voix, qui passa vite alors qu’il lançait ses paroles.

“Écoute, je n’ai ni envie de me faire tabasser par des marins en colère, ni de faire chier ceux qui sont assez gentil pour me bouger. Ça ne serait pas courtois. Donc, un conseil : Le capitaine fait garder les faux coffres par un type de confiance, histoire que personne ne découvre le pot-au-roses. Si tu te sens, tu peux rentrer dans la cabine de notre cher alcoolique pour vérifier ce que je raconte. Sinon j’peux t’aider en distrayant le guetteur dans la cale. Après, si t’as pas besoin de moi… et bien je ne vais nul part, donc tu vas trop avoir de mal à me retrouver.”

Il n’avait, à vrai dire, pas la moindre idée de combien de temps il y avait entre leur discussions et l’attaque. S’il faut, leur échappée devrait se faire dans la soirée, ou peut-être auraient-ils une semaine pendant laquelle il devraient continuer la mascarade. De même, il ne savait pas comment elle comptait les faire se déplacer jusqu’à son bâtiment, sans que personne ne les voient et sans qu’aucun soupsçon ne soit formulé. Mais ça, c’était son affaire, après tout, elle devait déjà y avoir réfléchi, même si c’était pour avoir un passager clandestin.
En tout cas, malgré tous ces questionnements stressant, un semblant de politesse semblait subsister, à moins que ce ne soit que la vile envie de savoir contre qui taper plus tard. Autant se dire que sa première idée était juste, et répondre dans la même veine. Quoiqu’un peu plus sarcastique.

“On m’appelle Eard Wrecca. Enchanté. Et serais-je noble coeur assez audacieux pour demander le nom de la charmante princesse qui vint à mon secours ?”

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L’atmosphère était moins électrique, a partir du moment où ils avaient réussi à trouver un terrain commun sur lequel s’entendre, il ne pouvait en être autrement. Il se présenta alors, nom et prénom et lui arracha un sourire, presque amical. Après tout il était courtois avec elle, même si les termes qu’il employait à son égard n’étaient pas le genre de chose qu’elle avait l’habitude d’entendre. Car si se faire traiter de «harpie, de salope et de trainée » de la part d’inconnus ne lui faisait absolument plus rien, entendre « princesse et charmante » dans la même phrase à son attention lui sonnait quelque peu étrange à l’oreille. Ca aurait pu la déranger, mais au lieu de ça, la pirate étira un large sourire, étouffant un rire. Pas sûr qu’il la considère à nouveau comme une princesse ou même charmante tout court après avoir vu ce dont elle était capable et ses manières grossières. Elle avait joué un jeu jusque là, il était le seul sur ce navire qui avait connaissance de sa véritable identité et donc le seul qui aurait droit de savoir son vrai prénom.

« Soren pour l’Allegria, Selen pour mon navire et pour toi maintenant. »

Elle lui tendit la main, enfin, pour sceller le fait qu’ils étaient tombés d’accord tout autant pour cette nouvelle rencontre qui allait être fructueuse s’il avait été honnête avec lui. Il ne débarquerait pas les mains vides s’il se montrait coopératif et qu’il n’essayait pas de se jouer d’elle. Selen avait se montrer reconnaissante aussi incroyable cela soit il. Il le saurait en temps voulu, tout comme le reste des informations, le but n’était pas non plus de lui faire de faux espoirs si par hasard elle changeait d’avis et si les choses tournaient mal pour elle. Sans que son sourire ne s’éteigne, Selen serra la main de Eard avant de déclarer officiellement ;

« Et bien Eard, nous sommes d’accord, tu auras ton dû, mais je veux d’abord vérifier le mien. »

Pour ce faire, même avec les conseils qu’il lui donnait elle ne souhaitait pas aller par les leurres mais souhaitait se rapprocher de la cage aux lions directement afin d’être certaine de son coup. Elle avait bien assez d’audace pour le tenter, le tout était de rester discrète et de se montrer maline et alors aucun dommage n’arriverait ; une chose pas impossible pour elle, après tout c’était là, la raison de sa venue ici et avait suffisamment assez confiance en elle pour oser. Si elle voulait que ça fonctionne, elle allait avoir besoin de l’aide d’Eard, qu’il le veuille ou non. Cela pourrait autant lui permettre de comprendre à qui elle avait à faire et les capacités de ce dernier et découvrir un peu plus de sa personne. Selen lui accorda un regard avant de lui montrer du doigt la cabine du capitaine. Là-dessus, elle lui dévoila la première partie de ses intentions, à savoir quelle cible elle visait.

« Je vais aller là-dedans, tu vas m’y aider. Je te dirais demain à quoi je pense pour y parvenir. » Fit elle dans un sourire avant de se lever.

Trouver des coffres vides n’allait pas l’avancer sur la véritable cachette des coffres même si les rumeurs seraient bien plus que probable avec ça. Ce n’était tout simplement pas suffisant, elle ne pouvait s’en contenter. Selen avait déjà un plan, mais ne pouvait lui dire quoi par principe et toujours dans le souci d’être méfiante. En attendant elle n’avait plus grand-chose à lui dire, elle avait hâte d’être au matin pour mettre ses projets en place et voir s’il disait vrai même si rester à ses côtés pour discuter lors d’un moment convivial était tout aussi tentant. Elle lui laissa tout de même loisir de finir la gourde de rhum, en signe amical et puisqu’ils avaient l’air de bien s’entendre en fin de compte.

« Bonne nuit ! »

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Au moins se quitteraient-ils en bonne entente. Elle avait l’air d’avoir apprécié ses mots, malgré leur part de sarcasme, ce qui ne pouvait qu’améliorer sa situation. Après tout, moins elle le méprisait, mieux il serait traité lorsqu’il se retrouverait sur son bâtiment. Eard avait accepté d’un signe de tête reconnaissant la gourde de rhum qu’elle lui avait laissé avant de partir, et l’avait salué d’un signe de tête alors qu’elle se levait d’un signe de tête pour partir.

“Bonne nuit à toi. Tu sais, j’aime beaucoup me tenir à la proue le matin. On peut se caler sous la statue, et personne ne vient par la en général. “

Elle avait fixé l’heure du rendez-vous, il en fixerait le lieux. Pas par simple envie de contrôle ou d’égalité sur ce point, mais parce que, en tant que grand solitaire, il connaissait parfaitement bien les endroits où on pouvait ne pas être dérangé sur l’Allegria. De base, sa présence suffisait à empêcher les gens d’approcher, mais c’était encore mieux s’ils n’avaient de base pas envie de venir. Mais si Selen, vu que c’était son nom, savait qu’il se tiendrait là au matin, au moins pourrait-elle sans problème venir le trouver pour mettre en place leurs plans.

Il resta là un moment après qu’elle soit partie. Il était venu là en premier lieux pour regarder le ciel et les étoiles, et malgré l’interruption, il comptait bien le faire au moins un moment. Mais il se rendit à la raison, et finit par aller se coucher bien plus tôt qu’il ne l’aurait voulu. Demain serait une journée active. Pas question de l’attaquer du mauvais pieds, mal réveillé ou juste pas frais. Et la seule façon d’être sur de ça était de se coucher tôt. Déjà que dormir sur ces bateaux, au milieu de la promiscuité grouillante de l’équipage n’était pas chose facile, le faire alors que des plans commençaient à se mijoter dans sa tête était mission quasi-impossible.
Cependant.. la fatigue vient à bout de tout. Et dans son matelas, Eard s’endormit paisiblement, silencieux autour des autres marins qu’il s’apprêtait à trahir, et qui seraient bientôt envoyés par le fond. Le fait de se retrouver dans une pièce pleine de morts en sursis, ignorant de leur sort, ne l’empêchait étonnamment pas de dormir comme un loir.

Quant il se réveilla, le soleil n’était pas encore tout à fait levé au dessus de la mer calme. Une lueur rougeâtre montait au dessus des vagues écumeuses, éclairant le pont du navire d’une lumière irréelle, digne de récits de fée et d’esprits. Comme tout les matins, il fit ses exercices sur le pont, travaillant successivement sa souplesse, son équilibre, et son épée. Certes, cela ne valait pas la pratique contre un adversaire réel, mais cela avait le mérite de le maintenir en forme. Une fois son petit rituel fini, il remit sa chemise, rengaina son épée, et alla s’installer aux côtés de la figure de proue, attendant Selen avec une certaine impatience. Elle n’avait donné aucune précision à part matin, mais cela l’aurait étonné qu’elle le précède. La question qui restait maintenant était le temps qu’il allait attendre avant qu’elle décide de se ramener.

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Sous la jolie mélodie des ronflements rauques de l’équipage, Selen avait fini par s’endormir, bercée dans son hamac sous les légers mouvements qu’infligeaient les vagues sur la coque. Ce n’était pas aussi confortable que le lit dans sa cabine mais au pire le confort n’était qu’un détail. Ses pensées étaient constamment tournées vers la réussite de sa mission à tel point que même en rêve elle entendait la voix d’Aaren résonner sous ses directives la concernant. Le matin arriva, elle fut réveillée comme si un boulet de canon avait transpercé la coque alors qu’un officier retourna son hamac pour l’obliger à se réveiller. Selen resta un moment à terre, le temps que les hommes arrivant derrière passe et qu’elle puisse se dissimuler dans un coin. Selen ne prévoyait pas sortir par là, encore moins pour aller rejoindre Eard car on la verrait forcément et on la soupçonnerait de mauvaises intentions. Alors elle attendit que les hamacs et les matelas miteux se vident, que tous les pirates soient sortis pour se pointer.

Selen se rinça le visage et fit partir les dernières traces de noir qui avaient persisté sur son visage avant de s’essuyer grossièrement. Ses traits féminins étaient ainsi réapparus et c’était plutôt agréable de ne pas avoir à porter un genre de masque quelques temps durant. De toute façon elle ne comptait pas se montrer pour aller rejoindre Eard près de la proue, car le pont grouillait de pirates. Alors elle sorti par l’une des fenêtres de la coque en passant par la cuisine pour y voler un peu de nourriture. Elle profita que les canons n’étaient pas sortis pour se faufiler dans l’ouverture. Puisque le navire n’était pas en mouvement, il était plus facile pour elle d’attraper les prises et d’escalader la coque sans se faire repérer jusqu’à arriver près de la proue où elle remonta jusqu’à poser la main sur la plateforme où elle devait retrouver son camarade. En se hissant elle l’y découvrit, comme convenu et seul.

« Ahoy ! J’espère que tu as bien dormi, ça va être agité aujourd’hui. » Fit elle avec un large sourire espiègle.

Selen se hissa un peu plus en poussant sur ses bras avant de se laisser glisser pour s’asseoir à ses côtés et lui tendit une tranche de pain. Elle jeta un regard en arrière et au dessus afin de vérifier que le coin était assez bien choisi et qu’ils ne puissent pas être surpris. Puisqu’on ne l’avait pas tuée dans son sommeil, Eard gagnait en rangs dans son estime, ce qui la motivait à penser qu’il lui avait dit la vérité à propos des coffres. Mais puisque de simples pensées ne suffisaient pas, elle lui avait demandé qu’ils puissent se retrouver afin qu’elle puisse le tenir au courant des préparatifs concernant ces vérifications. Selen avait déjà tout bien pensé, chaque chose allait venir les unes après les autres mais pour que son action ne soit pas repérée elle se devait de tout mettre en place dès le matin. Elle observa un instant Eard en silence, comme si dans son regard elle aurait pu y déceler une dernière étincelle de fourberie qui l’empêcherait de dire ce qu’elle avait à lui dire. Les dés étaient jetés, elle n’avait plus d’autre choix désormais que de lui accorder un peu de sa confiance et lui révéler les premiers faits de son plan qui serait mis à exécution dans la nuit.

« Je vais d’abord avoir besoin de remèdes, tu monteras la garde pendant que je cherche ce dont j’ai besoin. Ils sont dans un coffre, le capitaine ne laisse pas ces remèdes là à la portée de n’importe qui. Je vais devoir crocheter le cadenas et je ne veux pas qu’on l’on m’y surprenne. »

Le local où se trouvaient les remèdes n’étaient pas accessibles à n’importe quels matelots mais bien qu’aux officiers. Ils allaient devoir user de discrétion pour y parvenir sans se faire prendre. L’heure était idéale, puisque tous les officiers allaient entre le point et la cabine du capitaine afin d’avoir ses premières directives, son cap mais aussi occupés à donner les premières tâches à l’équipage. La cale était vidée, et même si le galion comptait bon nombre de pirate, le matin était toujours le moment où l’on avait besoin de plus de monde pour les premières manœuvres et préparer le bâtiment à voguer. Elle termina la tranche de pain qu’elle avait pris pour combler sa faim matinale et fit descendre le tout avec un peu de rhum coupé à l’eau. Rien de tel pour se réveiller que le rhum, chez les pirates cette boisson était plus que vitale. Selen adressa un regard à Eard avant de continuer ;

« Ce soir nous entrerons dans la cabine mais je veux faire en sorte que rien ne nous dérange jusque là. Je n’ai pas le droit à l’erreur, je suppose que tu comprends ?»

La pirate sorti de l’intérieur de sa veste un fragment de miroir et sa pate noire pour camoufler les traits de son visage trahissant son genre. Les peintures de guerre étaient courantes chez les pirates, qu’elle en ait un peu plus que la moyenne n’était pas forcément dérangeant et la plupart des matelots pensaient déjà qu’il s’agissait que de cicatrices dissimulés sous d’épais traits sombres tantôt opaques tantôt estompés pour jouer d’illusions d’optiques.

« Les ordres qu’à donnés le quartier maitre ce matin me laissent penser qu’ils ne prévoient pas d’attaquer des navires, ils pensent avoir suffisamment de munitions pour tenir encore quelques semaines...Là est son erreur, enfin bon, la journée va être tranquille, heureusement pour nous. »

Selen termina les détails de son déguisement, camouflant ses cheveux sous son chapeau de moussaillon.

« Tu as des questions avant qu’on y aille ? »

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Eard grignotait négligemment la tranche de pain que Selen lui avait tendu alors qu’il l’écoutait parler. Une double intrusion dans la cabine du capitaine. C’était couillu, mais pas irréalisable, surtout que le capitaine n’allait probablement pas vérifier le contenu de tous ses coffres entre les deux passages. Cependant, il restait quand même un problème majeur, qui était de mettre en place le plan prévu. Pour la première, ce n’était pas problématique, mais pour la seconde… Le soir, le capitaine était en général à l’intérieur de sa cabine, à dresser les plans avec ses officiers où à cuver son rhum. Dans tout les cas, quand même trop éveillé pour ne pas remarquer une visite dans ses coffres. Ce qui voulait dire que Selen prévoyait de l’utiliser comme diversion violente pour faire sortir ce gros tas alcoolique. Chose qu’Eard n’aimait pas trop. Les chances de se faire pincer sont bien plus haute quand on doit faire en sorte que tous le monde regarde dans votre direction.

“Ouaip, j’ai une question. Pourquoi ne pas rentrer dans la cabine maintenant ? Contrairement à ce soir, le capitaine sera pas dedans, la porte a des chance d’être encore ouverte, et il est possible d’élaborer une excuse pour qu’on traîne devant ou dedans.”

Il la regarda refaire son maquillage, étonné de la qualité de sa patte artistique. S’il n’avait pas su qu’elle était femme, il aurait bien pu ne pas la reconnaître. Déjà qu’elle était arrivée là avec une discrétion parfaite et d’une direction incongrue, il comprenait aisément comment elle avait pu passer inaperçu si longtemps sur le bateau. Mais si elle commençait à foutre un coups de pieds dans la fourmilière comme elle comptait le faire, elle allait devoir la jouer encore plus finaude. Ou se retrouver avec pleins de gens peu amènes autour d’elle.
Regardant dans l’horizon lointain, Eard se demanda ce qu’il ferait si jamais ils en arrivaient à se faire prendre. Après tout, elle aurait la main dans le sac, et lui.. pas grand chose. La vendre était une solution raisonnable. Après tout, il avait bien vendu le navire. Mais cela ne changerait pas les plans de leurs poursuivants. La neutralité ? A voir… Peut-être ne se feraient ils simplement pas prendre.

“Ensuite… tu veux quel genre de garde devant la porte. Je peux rester devant l’entrée avec mon épée sorti et embrocher le premier qui ose ne pas s’enfuir, mais ça serait assez peu discret et dangereux. D’un autre côté… j’avoue que faire une immense diversion de l’autre côté du navire me mettrait un poil trop en péril pour que je l’accepte sans bronché. Surveiller les portes pour qu’on ne soit pas dérangé me semble bien.”

Il arrêta de parler. Il avait dit tout e qu’il avait à dire. Toutes paroles supplémentaire pour débattre de ça serait un vol de temps sur les choses qu’ils avaient à faire, et qui devraient être entreprise le plus tôt possible. Elle lui expliquerait mieux, il ferait un signe de tête, et ils iraient, de toute manière. Un plan n’était pas meilleur qu’un autre, tant qu’il y avait des trucs à faire. Certains plans avaient juste de meilleurs probabilités d’issues… intéressantes. Concluant sa partie, il lança un regard et un sourire sarcastique à la jeune femme qui faisait descendre son pain à grandes goulées de rhum.

“Quand vous voulez, princesse. Votre chevalier servant est prêt à vous servir.”

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« Il y a trop de monde sur le pont en plein jour ! La nuit est toujours propice à certains vices qui réduisent les pirates à un état végétatif lorsqu’on en abuse en excès. Ce sera bien plus aisé de profiter de certaines faiblesses pour qu’on passe inaperçu. »

Elle avait l’habitude d’évoluer et d’agir dans la pénombre, le Crépusculaire avait de ces marins qui préféraient la nuit au jour pour attaquer. Pas seulement pour le fait que ce soit d’une fourberie sans nom mais surtout parce qu’elle inspire grandement son capitaine ; piller sous la Lune est tout un art. Eard le saurait bien assez tôt, ce qu’elle envisageait de faire demandait à ce qu’il y ait le moins de personnes possibles éveillées, y compris le capitaine. Leur acte ne serait pas remarqué, elle allait tout mettre en œuvre pour et il allait comprendre suffisamment tôt ce qu’elle avait derrière la tête. Elle écouta ses dernières demandes, des détails qu’elle comptait lui dire une fois devant le local mais puisqu’il le faisait maintenant elle pouvait lui expliquer cela, ils gagneraient du temps une fois en bas. Il n’avait pas été question de lui demander de rester planté devant la porte, ça ne serait pas passé aux travers de regards indiscrets surtout dans un lieu où un moussaillon n’avait rien à faire.

« Tu n’as pas besoin de faire le chien de garde parce que je ne devrais pas être embêtée à cette heure là, mais il suffit que tu gardes un œil dessus non loin et que tu dissuades les hommes qui essaieraient de rentrer. Tu m'a montré tes talents en termes de marchandage, tu pourrais bien faire ça pour moi non ? » Fit elle dans un sourire

Sur ces dernières explications, la jeune femme retint un rire derrière un large sourire, peu habituée qu’on la nomme par de tels surnoms comme « princesse » Après tout elle n’avait pas l’étoffe d’une noble, mais c’en était pas moins désagréable, ça changeait de catin ou d’autres termes usuels à la gent féminine dès que celles-ci sortaient du lot. Eard n’avait pas encore fait preuve de misogynie, il suivait les directives d’une femme et passait accord avec elle sans user de tels propos. C’était sans doute pour cela qu’elle ne l’avait pas encore tué, il lui paraissait fort bien sympathique. L’avenir dirait si elle avait eu raison ou tort de lui proposer un tel marché.

Quelques instants de plus et Selen sorti la première de l’endroit dissimulé à la vue des matelots avant d’être visible par ces derniers. Il y avait foule, mais la pirate n’était pas suffisamment imposante pour qu’on la remarque, on remarquait alors à peine sa présence, elle glissait entre les silhouettes telle une ombre avant de regagner la cale. Elle attendit Eard, observant l’intérieur pour vérifier que la voie était libre. Plus loin elle entendait des bavardages, le cuistot se plaignait à un officier, on l’entendait suffisamment fort pour ne pas l’avoir entendu. Selen fit en sorte d’alléger ses pas jusqu’au local. Une fois la main sur la poignée, la pirate lança un dernier regard à Eard. S’il voulait la trahir il le ferait sans doute maintenant, ne plus l’avoir dans son champ de vision allait la gêner mais elle n’avait pas le choix que de lui faire confiance.

« Si tu me vends, même si j’ai les fers aux mains je te ferais longuement agoniser avant de te tuer.»

Ses yeux cobalt plantés dans les siens tels des lames dans une carcasse ne mentaient pas, même en se sachant condamnée s’il tentait quoi que ce soit elle jurait de ne pas périr avant de le lui avoir fait payer. Sur ces mots, Selen s’enferma dans le local et parcouru d’un regard la pièce. Elle n’y était entrée qu’une fois mais se souvenait d’avoir vu ce coffre renfermant les remèdes les plus puissants et les plus dangereux. Elle ouvrit les placards, fouillant les moindres recoins pendant quelques minutes. Selen jetait des regards méfiants vers la porte, toujours dans le doute et la crainte de voir débarquer l’équipage. Jusqu’au moment où elle entendit des voix, doublées de pas provenant clairement de derrière la porte. C’est à ce moment là qu’elle trouva le dit coffre mais n’y toucha pas et l’extirpa de sa cachette avant d’aller coller son oreille contre la porte afin d’écouter et vérifier qu’Eard ferait ne nécessaire pour l’éloigner ou le réduire au silence.

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Il attendit quelques minutes que la jeune femme se soit extirpé de leur cachette pour se diriger lui aussi vers la cale. Ils seraient moins suspects s’ils y allaient seuls et non à deux. Marchant résolument vers les entrailles du navire, il adopta une attitude particulière qui l’avaijt aidé à se sortir de nombreuses situations : l’air de savoir parfaitement ce qu’il faisait. Entre cette certitude imprimée sur son visage et sa carrure imposante, les gens tendaient à le laisser tranquille et à ne pas trop s’interroger sur sa destination. Il rejoignit la jeune femme à l’entrée et l’accompagna jusqu’au local. La discrétion n’était pas son fort, et il était bien incapable de camoufler ses bruits de pas comme le faisait Selen, mais ce n’était pas si grave que ça. Après tout, les gens n’entendraient les bruits que d’une personne, qu’ils retrouveraient dans le couloir et non dans un local interdit.

Alors qu’elle ouvrit la porte, il se mit en position, assis dans le couloir près de la porte du local. La jeune femme lui lança un dernier regard assassin, accompagné d’une menace contre sa santé en cas de trahison. Eard se contenta de lever les yeux aux ciels (ou du moins, au plafond) et répondit d’un air parfaitement ridiculement dramatique.

“Moi qui croyait que notre amitié profonde avait permi de nous épargner ceci… Votre manque de confiance me trou le coeur, princesse.”

Il avait fait attention de ne point parler trop fort, mais il était sûr qu’elle l’avait entendu, autant la remarque que le sarcasme qui suppurait à travers. Pour être honnête, il n’avait pas pensé à la trahir, sinon il l’aurait fait de manière bien plus efficace au milieu de la nuit. Après tout, elle était bien plus sympathique que les autres membres de l’équipage, malgré sa tendance à balancer des menaces à qui-mieux-mieux et sa dureté en fare. Et puis elle était sa fournisseuse d’amusement du moment. Pirater un naivre de l’intérieur procurait bien plus d’adrénaline que de simplement dénoncer une traitresse et attendre qu’elle soit pendue à la mature.

Maintenant, il fallait attendre qu’elle ressorte, et accessoirement faire en sorte que personne ne rentre avant qu’elle ne le fasse. Tâche plutôt simple, vu que personne ne cherchait à rentrer dans ce local, en règle générale. C’était même si beaucoup connaissaient son existence. Eard commença donc à se détendre, jouant avec son poignard, lorsqu’il entendit les bruits à l’entrée du couloir. Apparemment, sa chance avait décidé de le laisser tomber aujourd’hui.
Ils étaient deux. Le premier était un officier du bateau, dont il ne se rappelait pas vraiment le grade. Pas second, mais pas beaucoup en dessous non plus, bref juste assez pour être chiant si jamais il décidait de lui donner un ordre. Le second.. même s’il l’avait vu plusieurs fois, Eard n’avait jamais compris réellement ce qu’il pouvait être, précisément. Infirmier, sorcier, prestidigitateur, charlatan professionel… bref, si c’était dans ce local que se trouvait les herbes du monsieur, il avait une bonne raison d’y rentrer. Il allait dont devoir les intercepter, mais vu la présence de l’officier.. ça allait être compliquer.

“Excusez moi messieurs, mais je rentrerais pas là dedans si j’étais vous. Un abrutis à renverser de l’huile de lanterne dans la salle, tout le plancher en est plein. J’ai envoyé un mousse chercher de quoi nettoyer c’te merde, mais en attendant… sauf votre respect, vaudrait mieux que vous rentriez pas. Ca vous éviterais de vous transformer accidentellement en steak trop cuit.”

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Selen était collée contre la porte, l’oreille attentive au moindre son, à la moindre parole qu’elle percevait au travers de celle-ci. Eard ne la vendit pas, comme convenu et détourna l’attention des personnes venues en prétextant un accident d’huile à lampe. La pirate serrant les dents craignait qu’ils passent outre ces explications et fassent comme bon leur semble, ainsi que tout pirate aurait l’habitude de faire, ainsi que cela fonctionnait sur son propre navire. Toutefois les arguments avancés de Eard et les solutions mises en place pour y remédier semblaient leur donner raison. Le cœur battant d’adrénaline, la pirate chercha du regard un moyen pour elle de passer inaperçu au cas où ces derniers décideraient finalement de ne pas l’écouter. Elle se fit silencieuse jusqu’à les entendre grommeler et détourner les talons. Dès lors elle ne perdit pas plus de temps et retourna au coffre pour entreprendre de forcer la serrure à l’aide d’instruments. Ele entendit d’autres personnes passer par ici mais il était bien trop tard pour elle de penser à faire autre chose alors que ses outils étaient incrustés dans le trou de la serrure. Quelques secondes avaient suffit pour que le verrou ne cède, elle s’empressa de retirer le cadenas et ouvrit le coffre, balayant les fioles à la recherche de ce qui devait se trouver ici.

La pirate déglutit, sans doute sous la pression, elle trouva le dit remède après quelques longs instants de recherche. Eard ne pourrait pas garder trop longtemps la porte sous menace que cela devienne bien trop suspect, elle espérait qu’il faisait preuve d’assez de persuasion pour leur éviter le drame. La jeune femme rangea le remède à l’intérieur de sa veste avant de refermer le coffre et le placer à l’endroit même où elle l’avait trouvé. Puis elle sorti et referma doucement la porte du local derrière elle, échangeant un regard avec Eard et lui proposa de ne pas rester dans le coin.

« C’est bon, je l’ai trouvé ! » Fit-elle discrètement

Elle ne lui avait pas expliqué à quoi cela servirait, mais il le découvrirait bien assez tôt puisqu’elle avait encore besoin de son aide pour parvenir jusqu’à la cabine du capitaine cette nuit sans que cela ne se sache. Il était plus sécurisant pour elle de lui dévoiler ses plans en temps voulu et faire en sorte que tout se déroule selon ses plans, quitte à ne pas écouter son avis et ses conseils. Selen entreprit de leur trouver un coin silencieux où ils pourraient discuter, gardant tout de même un œil sur la cale tandis qu’ils s’étaient terrés dans le fond de celle-ci.

« Nous allons devoir attendre ce soir pour passer à la suite... » Annonça t-elle.

La pirate reporta son attention sur son allié, se demandant encore pourquoi il la suivait alors qu’il serait tout aussi facile pour lui de la dénoncer et de continuer tranquillement sa vie. Il prenait de nombreux risques, et même si elle lui était reconnaissante jusque là de ne pas l’avoir vendu, elle persistait à se méfier de lui. Ces sentiments là seraient sans doute évincés une fois qu’elle aurait vérifié la véracité de ses propos concernant les coffres du capitaine. Elle avait hâte, tellement hâte que tout ceci se termine. Vivre ici comme un simple matelot était réellement insupportable. Elle avait noté de nombreuses failles dans l’organisation du galion qui lui causerait sa perte. Pour Selen rien n’était plus idéal que sa frégate, dont les voiles aux reflets violacés ondulaient dans son esprit toutes les nuits, nourrissant son être d’un manque qu’elle ne connaissait que trop bien. Ne pas être elle-même était tout autant une chose compliquée, même si elle avait vécu en prétextant être un homme pendant dix ans, devoir se cacher constamment était ennuyeux et frustrant. Fort heureusement la suite du plan allait être plus amusante, tandis que ses yeux se posèrent sur les tonneaux de rhum que l’équipage avait ramassé lors de leur dernier abordage. Un large sourire étira les lèvres de la jeune femme, empli de malice et sans doute de mauvaises intentions.

« Es tu du genre festif Eard ? »

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D’autres gens arrivaient, et Eard priaient pour que Selen sorte vite de là. Il avait déjà fait diversion pour deux personnes, une troisième était en chemin, mais si d’autres venaient il serait réellement compliqué de faire quelque chose. Le marin qui passait par là avait pu être distrait en disant qu’un officier était au courant et qu’il devait garder l'accès, certes, mais ce genre de ruse allait vite être découverte. Et une ruse de se genre découverte ne pouvait mener qu’à une exécution sommaire, chose que le jeune homme préférait éviter.
Après avoir fait suffisamment montre de ses muscles pour faire partir l’intiguant, il toqua trois coups discrets sur la porte, espérant presser Selen de sortir. Il n’avait pas la moindre idée de pourquoi elle devait rentrer là dedans, ni ce qu’elle devait récupérer. Cela ne cadrait pas dans ce qu’elle lui avait expliqué, mais poser des questions à un moment aussi tendu pourrait être assez mal perçu.

Il jurait encore dans sa tête quand la porte s’ouvrit dans un léger grincement, laissant apparaitre le visage de Selen, les mains vides mes sur les lèvres la confirmation de la réussite de sa mission. Il se leva prestement, et la suivit dans le coin de cale qu’elle avait choisi. Jouer au mousse lui avait au moins apprit des choses sur le navire, car l’endroit était effectivement discret, éloigné de tout axe de passage et camouflé à la vue des éventuels fouineurs par un pan de mur abaissé.
Eard lui jeta un coup d’oeil discret. Elle n’avait pas l’air plus stressée que ça, à part la tension descendante du vol qui venait d’avoir lieux. Elle avait probablement déjà eut l’occasion de faire des choses de ce genre, peut-être même dans des circonstances semblables.. Au moins, la panique n’entrerait pas en jeu au mauvais moment, c’était déjà un point positif.

“Je sais. Vas falloir qu’on agisse normalement entre temps. Ou alors qu’on disparaisse tous les deux complètement. Pas sûr qu’ils ne le remarque ou même s’amuse à nous chercher.”

Le navire était grand, avec suffisament de pauvre mousses pour que personne ne s’intéresse en particulier à l’un d’eux. Et les tires au flanc, sans être fréquents, n’étaient pas inexistants sur se navire. Se planquer une journée pour s’offrir un somme supplémentaire ne serait rien d’unique aux yeux des officiers, qui ne sortiraient sûrement pas le fouet pour ça.
Il fit une petite pause dans ses pensées pour évaluer la question de la pirate. Son sourire ne lui disait rien qui vaille, ajoutant à la question un sens qui aurait presque pu passer inaperçu, et qui força Eard à répondre lui aussi par un petit sourire.

“Ma foi, j’ai rien contre un peu d’amusement, tant que je reste en vie pour en profiter après coup, si tu vois ce que je veux dire. Les charges suicidaires, c’est pas spécialement mon truc, mais si votre altesse a eut l’idée d’un plan plus audacieux que la moyenne, je suis tout ouïe.”

Normalement, ils devraient faire quelque chose de discret, sobre et efficace. Mais pour le coup, si elle lui donnait la possibilité de foutre quelque claque à des gens sur le passage, il ne lui en tiendrait pas rigueur. Bien au contraire, il avait bien besoin de se détendre le bras.

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Terrés dans un coin discret de la cale, les deux traitres complotaient désormais. Tout pouvait encore basculer, se tenant l’un et l’autre par chantages ou menaces, tandis que Selen avait encore du mal à croire l’honnêteté de ses paroles. Disons qu’il était peu coutume pour un pirate d’être honnête mais n’en étant un qu’à moitié, ce code ne s’appliquait pas complètement pour lui. C’était encore suffisamment intriguant pour Selen pour qu’elle décide de lui laisser la vie sauve, a son grand étonnement elle n’avait pas présenté de pulsions meurtrières à son égard et l’envie de l’égorger au moment où il s’y attendait le moins ne s’était pas encore manifesté. Bien au contraire, jusque là il lui attirait aussi de la sympathie, il fallait l’avouer, ses remarques étaient pertinentes et même si cela concernait ses propres plans, elle les prenait en compte. Ainsi elle hocha la tête lorsqu’il prposa de se faire oublier ou de faire comme si de rien était jusqu’au moment d’agir. Selen était du même avis, même si la seconde option lui smeblait plus logique au vu de ce qu’elle avait en tête.

A ce propos, Eard était forcément curieux de savoir ce qu’il allait se passer et sa question quand au fait qu’il soit fêtard ou pas avait forcément suscité son intérêt. Il lui répondit alors, sans doute inquiet de ce qu’elle avait en tête. Elle l’écouta alors, avant de se décider à le rassurer un peu…

« Rien de cela… » Fit elle non sans dissimuler un sourire amusé

Eard avait déjà nourrit son esprit de divers hypothèses. Selen ne prendrait pas le risque d’un plan peu discret en sachant les siens trop éloignés pour lui venir en aide au cas où. Elle continuerait de faire profil bas tant qu’elle n’avait pas assez d’informations nécessaires à envoyer à Aaren. Elle s’était quand même laissé loisir de laisser le doute planer, le temps de décider jusqu’où iraient les informations qu’elle lui donnerait sur ses intentions. Elles seraient dès lors bien plus claires alors qu’elle sollicitait une nouvelle fois son aide, espérant qu’elle ne regretterait pas son geste en lui donnant une tâche aussi importante qu’était celle qu’il recevrait.

« Je compte simplement sur toi pour veiller à ce que le stock de rhum y passe au repas de ce soir, plus y sont ivres plus profond est le sommeil, si tu vois où je veux en venir… » Termina t-elle dans un sourire narquois.

Si c’était lui qui exécutait une telle tâche, ce serait sans doute plus crédible que le pseudo homme qui n’avait pas autant de carrure une bouteille de rhum à la main. Si Selen s’était fait discrète jusque là ce n’était pas pour soudainement sympathiser avec l’équipage et les inciter à boire en leur racontant des histoires à dormir debout. Tout ce qu’il devait éviter de faire c’était de ne pas tomber lui aussi dans l’excès. S’il se laissait appeler par l’alcool et qu’il roupillait tranquillement avec eux, elle pourrait toujours entrer dans la cabine du capitaine, mais pas sans aprioris et pas sans avoir une assurance supplémentaire et sans avoir son appui quand à l’endroit exact où devait se trouver ses coffres. Le sang ne coulerait pas ce soir, ce serait que de simples mesures de vérifications afin que le coup porté dans le dos soit plus fatal le jour où les vagues engloutiraient ce bon vieux galion.

« Je m’occupe du capitaine, je te confie l’équipage et les officiers. On se retrouve sur le pont à l’extinction des feux, lorsque leurs ronflements résonneront dans la cale. »

Ainsi qu’ils s’étaient retrouvés par mégarde cette nuit là où ses plans furent soudainement perturbés par son arrivée. Tout compte fait ce n’était pas si mal, il lui évitait d’avoir de fausses informations tout comme il lui était agréable de savoir qu’elle avait un allié sur ce navire inconnu même si elle n’était pas sûre de sa position au cas où Selen viendrait à se faire démasquer. Elle attendit quelques instants, au cas où Eard avait d’autres remarques, dans le cas contraire ils allaient faire passer cette journée comme si de rien était, comme si rien de tout cela n’avait eu lieu jusqu’au moment opportun.

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La journée se passa tranquillement une fois la cale quittée. Eard réussit même à suffisament intimider un de ses camarades pour que celui-ci lui offre très courtoisement de le débarasser de certaines de ses tâches, lui offrant la possibilité de siester tranquillement à l'arrière du bâtiment. S'ils agissaient de nuit un bon repos serait nécessaire à la bonne marche des opérations. Naviguant tranquillement dans le domaine des rêves, il pensait à ce qu'il pourrait faire quand cet stupidité serait enfin terminée. L'action qui se déroulait maintenant était plus à son goût, il fallait l'avouer, mais il serait quand même bien plus heureux sur la terre ferme à essayer de trouver un endroit calme sur le dos de Vent-Vif.

Il avait pu trouver quelques gens appréciable et une paie passable, mais ce n'était pas.. chez lui. Il avait encore un meilleur endroit à trouver, un où il se sentirait accepté et valide, et ce n'était pas celui-là. Au moins aurait-il eu la possibilité de s'amuser avec cette drôle de piratesse.
Le soir vint plus rapidement qu'il s'y attendait, enrobant le bateau dans une teinte rougeâtre sous le reflet des lumières crépusculaires. Le début des opérations, saluées par toute la beauté d'un ciel marin. Eard se dirigea vers la cantine, bien décidé à exécuter avec zèle les ordres qu'on lui avait donné. Celle-ci était bien évidement remplie jusqu'à ras-bords de pirates attendant bruyamment leurs repas et leur alcool du soir. Les faire boire ne serait pas plus compliqué que ça.. après tout, c'était eux qui le demandaient.

Eard n'eut qu'à s'asseoir parmi les gens, et à lancer un toast. Une ode aux pillage et à l'or gagnée, à la fierté des pirates et à leur future richesse. Et à se jeter le premier verre. En quelques secondes, tous les braillards du bateaux l'avaient imité, pas forcément emballés par ses paroles mais complétement accrochés par l'idée de pouvoir se bourrer la gueule avec une bonne excuse. Le tonneau mis en perce fut rapidement vidé, juste au moment où Eard en ramenait un autre des stocks, le jetant en pature à ces bêtes assoiffées.
Les concours de boissons commençaient, encourageant l'alcoolisme latent, et vite les gens commencèrent à rouler sur la table. Eard réapprovisionnait régulièrement la pièce, relançant de temps en temps des toats et autres imprécations alcoolisées pour entretenir l'élan de la pièce. Et au moment où l'alcool retombait et que le couvre-feux se mettait en place, forçant les fêtards à regagner leurs pénates, il se glissa dehors. Se cachant sous la figure de proue, où personne n'irait l'idée saugrenue d'aller chercher, il attendit le moment convenu pour aller rejoindre Selen.

Le pont était effectivement désert comme ils l'avaient espéré. Apparement, Selen s'était "occupée" du capitaine et des officiers, ce qui pouvait signifier pour eux quantité de destins plus ou moins sympathiques. Plutôt moins sympathiques. Se collant contre le mat, essayant de se fondre dans les ombres, il essaya de repérer de ces yeux vifs l'arrivée de Selen. Une fois là, elle lui révélerait la suite du plan, qu'elle n'avait pas trouvé utile de lui révéler précédemment.
Lui suffisait d'espérer qu'elle n'ait pas eu d'accident avant leur rendez-vous....

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Les deux mutins s’étaient quittés, chacun passant la journée de leur côté dans la plus grande normalité possible. Selen s’était afférée sur le pont, obéissant aux ordres que le maitre d’équipage lui donnait alors qu’ils voguaient tranquillement à travers la houle. Rien n’aurait pu prédire que ce moussaillon au visage bariolé préparait un mauvais coup, il y avait de toute manière bien trop d’hommes présents pour qu’on la remarque elle plutôt qu’un autre. Ainsi c’était une bonne chose pour elle, même si d’abîmer les mains aux cordages n’était pas une chose qui lui avait manqué jusque là. Elle avait hâte de retrouver sa place de quartier maitre et de revoir enfin des visages qu’elle connaissait bien.
La soirée débuta, le soleil déclinant de ses couleurs chatoyantes se noyait dans le voile nocturne. Dès les premières senteurs provenant des cuisines, de la viande allègrement arrosée, Selen savait que c’était bientôt le moment pour elle d’entrer en scène. Elle avait fait une courte apparition au repas des l’équipage afin de se construire des alibis mais aussi pour vérifier qu’Eard se tenait bien au plan. Elle ne lui avait adressé qu’un sourire avant de descendre son verre et s’était éclipsée sans que l’on ne s’en rende compte. Puisqu’ils étaiet tous bien occupés, Selen alla jusqu’en cuisine

« Willy est ivre mort, il m’a demandé d’apporter le plat du capitaine à sa place. »

Le coq maugréa des insultes à l’égard du matelot qui devait faire le service ce soir. Mais ne chercha pas plus amples explications avant de lui refourguer les plats en lui ordonnant de se bouger le cul. Par chance, ou malchance, Selen était donc le p’ti gars commis d’office pour rapporter le diner au capitaine et ses officiers tandis qu’ils avaient pour habitude de se retrouver dans la cabine afin de pouvoir profiter de leurs avantages. D’hors et déjà elle n’avait qu’à constater la qualité de leur repas par rapport à celui de l’équipage, sans doute arroseraient-ils cela avec un vin noble, trop raffiné pour le palais des autres. Le coq la menaça une dernière fois de la faire rôtir si par malheur elle renversait la moindre goute de sauce. Selen sous l’identité d’un homme se contenta de hocher maladroitement la tête avant de détourner les talons. C’est en remontant les escaliers qui la mèneraient à la cabine qu’elle pouvait faire tranquillement ses petites affaires. Quelques goutes par-ci par là de ce remède somnifère, et elle s’assurerait que leur repos soit tellement léger qu’ils ne les entendraient pas passer. Les saouler jusqu’à épuisement n’aurait pas été assez prudent les concernant alors que cela suffisait amplement pour l’équipage. Selen espérait seulement que Eard faisait correctement son travail alors qu’elle faisait des allers-retour entre la cuisine et la cabine. C’est lorsqu’elle fut appelée en service dans la cabine qu’elle comprit que le remède faisait déjà effet. Le capitaine peinait à tenir correctement son verre et lui demandait alors qu’il le serve.

« T’as vu ça ?! Ils ne tiennent même pas l’alcool !! » Ricana le capitaine.

Les officiers étaient en train de dormir profondément, l’un d’eux avait la tête dans son assiette qu’il n’avait même pas eu le temps de finir. Selen lui adressa un large sourire complice avec son capitaine.

« Alors votre place en tant que capitaine est amplement légitime.. » Fit-elle en remplissant son verre de vin.
« T’es un bon gars toi ! Comment tu t’appelle déjà ? » Demanda t-il avant d’ingurgiter grossièrement son verre.

Mais il n’eut pas le temps de le finir qu’il sombra dans un sommeil profond, épuisé. Le sourire innocent de Selen dévoila ce qu’il y avait sous ce masque de simple mousse ; la fourberie, les mauvaises intentions. Elle claqua ses doigts près de l’oreille du capitaine, à deux reprises, afin de vérifier qu’il était complètement pris dans les toiles oniriques.

« Je m’appelle Selen. Dormez bien capitaine.» Fit-elle en lui prenant son verre des mains avant de le poser sur la table pour qu’il ne tombe pas.

Désormais la voie libre, la pirate s’empressa d’ouvrir la porte de la cabine qui donnait sur le pont. Ce dernier était vide d’équipage alors qu’ils avaient tous été noyés dans l’alcool. Elle le repéra aux ronflements faisant gronder la cale mais aussi à la silhouette de Eard se découpant dans l’obscurité. La jeune femme lui adressa un sourire et l’invita à prendre part à leur petite réunion

« Mais ne reste pas seul, viens profiter de l’ambiance ! »

Dès qu’il l’eut rejoint il pouvait voir le diner ayant tourné à la sieste, 4 pirates profondément endormis sur leur chaise. Après avoir refermé la cabine derrière eux, elle s’empressa de fouiller le capitaine dans l’attente de trouver une clé qui leur permettrait de vérifier la contenance des coffres. Bien que le puissant somnifère administré leur permettrait de ne pas être repérés, il ne fallait pas trainer non plus.

« Alors ? Montre-moi sa cachette. »

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