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Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2

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 Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]

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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyLun 24 Mar 2014 - 14:30



Come on boy, don't be shy...


Continuant de se dévêtir sans la moindre gêne, Arador donnait maintenant dos au jeune fermier. Sa chemise, sa veste en cuir, ses brassards et, son manteau, ôté, ne lui restait plus que ses bottes, son pantalon. Peu dérangé par sa semi-nudité, le rôdeur attrapa une chaise traînant dans la pièce et s’assit dessus nonchalamment, entreprenant de se débarrasser ses chausses usées par les chemins.

« J’hébergerais et nourrirais votre chienne... si vous acceptez de répondre à mes questions ? Enfin, après votre bain, bien entendu. »

Relevant la tête pose plonger ses yeux dans ceux d’Alensil, Arador esquissa un air faussement surpris. Avant de secouer la tête d’exaspération mêlée d’amusement. Reprenant son ouvrage, à savoir ôter ses bottes, il ne retint pas un petit rire caustique. Ce garçon avait de quoi le divertir. Autant pas sa jeunesse, son orgueil, et sa naïveté. S’il pensait pouvoir tenir un argument comme celui-ci devant un rôdeur, il était bien présomptueux. Ancan, sa chienne avait déjà vécu bien des hivers. Elle avait déjà connu le froid, la faim, la soif. Elle ne souffrirait pas d’une nuit d’automne passée dehors. S’il souhaite le faire parler, il allait devoir faire des efforts. Car pour le moment, c’était un bien piètre chantage qu’il lui mettait sous le nez. Mais au moins avait-il le mérite de le faire rire. De toute façon, il n’avait pas prévu de refuser.

Au fur et à mesure des minutes qu’il passait ici, Arador voyait une idée se dessiner dans son esprit. Il voulait des informations, cela était un fait, mais il ne pouvait pas laisser le jeune homme ici. Il avait dans la tête une idée pour ce jeune fermier, qui, à ce qu’il pouvait préjuger de sa maison et de l’absence de sa mère, vivait désormais seul. Il avait même un projet pour lui. Et si leurs échanges avaient été plutôt houleux depuis leur première approche, le rôdeur tenterait de se rattraper en répondant honnêtement aux questions que le jeune homme semblait vouloir lui poser. Même si en contrepartie, il ferait en sorte de lui aussi recueillir des informations qui lui seraient nécessaire pour comprendre comment de telles lettre étaient arrivé ici, en apprendre plus sur le jeune homme et son lien avec les rôdeurs, et peut-être l’amener à lui faire prendre conscience doucement de ce que tout ceci impliquait. Pour lui, comme pour Arador.

Enfin déchaussé de ses bottes, le jeune dunedain se leva, ses mains se portant désormais à sa ceinture. Dans son esprit, trottait déjà un avenir pour le paysan. Mais il aurait tout le temps d’y penser. Pour l’instant il avait à répondre à son « ultimatum ». Souriant, il dit d’un ton badin.

-Et bien nous voici avec un accord, très cher ! Cependant il n’est nul besoin d’attendre la fin de mon bain, car je pense que vos questions doivent être de la plus haute importance ! J’ai passé l’âge de m’effaroucher de la nudité.

Disant cela, il tira d’un coup sec sur sa ceinture pour l’ôter de sa taille et la lança non loin de ses bottes. Tournant dos de nouveau au fermier, il fit glisser de sa taille ses braies qui tombèrent alors au sol et qu’il envoya négligemment  sur la petite pile que formaient désormais ses vêtements. S’étirant tel un fauve sortant de sa sieste, ses muscles secs mais dessinés à force d'entrainement et de batailles se mouvant puissamment, l’homme, que l’exposition de son corps bardé de cicatrices fines ne semblait pas déranger, se gratta nonchalamment l’épaule avant de se retourner sans gêne pour inviter du regard le jeune fermier à aller chercher sa chienne au dehors. Il ne savait pas qu’Alensil désirait de son côté du temps pour réfléchir et remettre en ordre ses idées. Et même s’il le savait, il n’aurait pas changé sa déclaration. Il aurait bien au contraire, profité de la confusion du jeune homme pour retourner l’interrogatoire, et ainsi l’amener à parler de lui.

Aussi, même si extérieurement, Arador ne montrait que du détachement face à cette nudité qu’il étalait sans pudeur, intérieurement le rôdeur s’amusai d’avance des réactions qu’il allait surement provoquer en agissant ainsi. Provoquer. Il n’était pas un maître dans cet art, mais autant dire qu’il appréciait les moments où il pouvait en faire usage sans craindre de représailles armées. Surtout quand en face de lui sa victime était encore jeune et ne manquerait pas de lui faire savoir sa gêne. Il ignorait en revanche qu’Alensil lui-même considérait son corps avec un tout autre regard que lui Si Arador voyait ses cicatrices à lui comme des marques de ses exploits guerriers, ou encore ses fautes, Alensil lui, n’avait aucune fierté à exposer les siennes, préférant les cacher aux regards des autre qui ne manqueraient pas alors de murmurer sur son passage. Mais les deux hommes se connaissaient trop peu pour que le rôdeur puisse avoir connaissance de cela. Aussi se dirigea-t-il tranquillement vers la salle la fraîcheur et l’humidité ambiante, faisant courir malgré tout sur sa peau d’opale un frisson.

Pénétrant dans la salle d’eau, il trouva un grand bac en métal remplit à moitié d’eau. Y plongeant un doigt, il en apprécia la température, et n’hésita pas longtemps avant de s’y glisser, ne retenant qu’à peine un soupir satisfait. Il semblait avoir laissé derrière lui toute la tension accumulée durant son voyage et imprégnées dans ses nerfs. S’asseyant dans le bac d’eau chaude, il se laissa aller à ferme les yeux pour relâcher la raideur de ses muscles progressivement. Pour l’instant, il se détendait, il entamerait sa véritable toilette plus tard.  Pour l’instant l’eau était encore à peu près claire et il ne voulait pas encore la souiller de crasse, de sueur et de terre. Car alors il ne se sentirait pas l’envie d’y rester.

-Ainsi donc je vous attends pour l’interrogatoire, sieur Alensil. S’écria-t-il à travers les parois de bois de la salle d’eau, rigolant intérieurement de l’embarras dans lequel pourrait probablement se trouver le jeune homme.

Il se rappelait comment lui-même n’appréciait pas les gens se mettant à nu devant lui. Mais c’était sans compter un vieil ami. Un vieil ami oui. Il se rappelait de son visage, souriant narquoisement alors que se profilait des opportunités de baignade. C’était lui qu’il lui avait apprit à ne plus craindre la vue d’un corps nu, ni le regard d’un autre sur le sien.  Mais il y a bien longtemps déjà qui a disparu. Par sa faute d’ailleurs. Mais cela, Arador ne voulait pas y penser. Pas maintenant.




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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyJeu 27 Mar 2014 - 19:59


Quand il est temps
►Feat. Arador

Il avait saisi la perche qui lui était tendue, proposant un nouveau marché au voyageur. Mais si l’intrus arrêta un instant de triturer ses lacets pour le regarder, surpris, il laissa bien vite échapper un rire moqueur. Bien entendu, il n’était pas pris au sérieux… Alensil aurait pensé que le bien-être de sa chienne valait bien de répondre à quelques questions, mais il semblerait qu’il s’était trompé. Il ne put empêcher une moue de s’emparer de son visage, et se retint de lever les yeux au ciel. Il ne lui demandait pourtant pas grand chose… Quelques réponses au sujet de son père, il n’y avait pas là de quoi faire un drame. Il ne demandait pas à ce que soit révélés des secrets d’état.... ou du moins, si c’était le cas il n’en serait pas le moins du monde conscient. Ce n’était pas cela qui l’intéressait, et il ne se rendait même pas compte que sa curiosité pouvait en effet éventuellement aller en ce sens.

Quoi qu’il en soit, il avait là une occasion unique, et il ne comptait pas la laisser passer entre ses doigts sans rien tenter. Sa proposition était rejetée, il en ferait une autre. Ou il tenterait une autre approche, il ne savait pas encore… Il commença déjà à réfléchir à ce qu’il pouvait bien faire quand l’homme finalement, accepta malgré tout :

-Et bien nous voici avec un accord, très cher ! Cependant il n’est nul besoin d’attendre la fin de mon bain, car je pense que vos questions doivent être de la plus haute importance ! J’ai passé l’âge de m’effaroucher de la nudité.

La dernière partie de la déclaration le piqua au vif. Arador semblait le narguer, comme s’il avait senti son léger malaise précédent concernant sa nudité et sous-entendait à présent que cela démontrait qu’il n’était encore qu’un gamin. Mais cet embarras n’avait pas été provoqué par sa semi-nudité en elle-même, simplement par le fait qu’il ne savait comment se comporter face à ses cicatrices, préférant finalement ne pas y porter son regard. C’était une autre forme de pudeur que celle à laquelle le voyageur pensait.
De plus, il avait la très nette impression que l’on se moquait ouvertement de lui en évoquant ainsi l’importance de ses questions d’un air narquois, comme s’il ne s’agissait de rien. C’était pourtant de son héritage dont il était question. De ses racines, quand bien même il ne savait rien d’elles. Et là était le problème, justement. Il soupira pour lui-même, laissant échapper en un souffle  une déclaration qu’il ne pensait pourtant pas utile :

« C’est important pour moi. »

Le rôdeur n’avait-il pas lu ses lettres pour comprendre que tout cela n’était pas une simple affaire de basse curiosité sans intérêt ? Alensil l’aurait bien fixé dans les yeux pour marquer son point, pour montrer que si lui prenait le tout à la plaisanterie, il était pour sa part parfaitement sérieux, mais l’homme choisit alors de lui faire dos le temps de défaire le reste de ses vêtements. Si le fermier ne put s’empêcher de laisser ses yeux traîner un instant sur le royal fessier, ils étaient de nouveau pudiquement détournés quand Arador se retourna finalement vers lui. Tant pis s’il passait pour un blanc-bec… De plus, avoir un peu de retenue dans ses actions n’était pas forcément un mal, dirait sa mère.

Du coin de l’oeil, il le vit s’étirer avant de se retourner enfin, pour croiser son regard et lui indiquer silencieusement de commencer par remplir sa part du marché. Alensil hocha la tête, sans un mot non plus, et se détourna de lui pour rejoindre la porte, de son allure toujours légèrement traînante. Il l’ouvrit pour faire entrer la chienne, et, ne sachant pas son nom, se contenta du terme générique pour l’appeler :  « Le chien ? Viens là... ». Il jeta un regard discret au voyageur qui pénétrait dans la salle d’eau et retourna dans la pièce, entendant le bruit d’un corps qui se plonge dans l’eau comme la porte avait été laissé ouverte.
Hésitant, il fit presque un tour sur lui-même, regarda Anca, et lui dit : « Trouve-toi un coin et sois sage. Oh, et ne monte pas sur les lits ! ». Sait-on jamais… Entendant la voix d’Arador s’élever, il fronça les sourcils légèrement, sa voix légèrement agacée trahissant son état d’esprit :

« J’arrive ! »

Il n’avait pas le temps de réfléchir, de peser ses mots, de cibler ce qu’il voulait savoir exactement… Il se dépêcha néanmoins, allant tout d’abord remettre ses feuillets à l’abri dans sons ac de voyage. Ensuite, il retira le baquet d’eau du feu pour le remplacer par une marmite en cuivre qui avait manifestement connu de meilleurs jours, son éclat disparu et le métal cabossé par endroit. Il prit le tout premier récipient en main, et se dirigea vers la salle de bain, songeur. Il était embêté par le fait qu’il n’avait pas eu le temps de réfléchir plus avant à ce qu’il allait demander, même si rien ne disait que quelques dizaines de minutes supplémentaires aurait réellement été utiles.
Il déposa le bac près de la baignoire, afin qu’Arador puisse s’en servir de la façon qui lui convenait le mieux, dans le bain directement ou en eau de rinçage. Silencieux, et sans vraiment regarder l’homme nu présent dans sa baignoire, il rapprocha une chaise qui était appuyée contre un mur et y prit place. Il frotta son menton du dos de sa main d’un air semi-absent, avant de la reposer sur son genoux.

« Donc. Mon père... »

Il n’était pas sûr de savoir où commencer. Il ne savait rien de lui, si ce n’était quelques banalités. Il avait donc encore tout à apprendre. Sa mère n’avait jamais voulu lui donner de détails à son sujet, arguant qu’elle n’en savait pas plus que lui. Alensil n’avait jamais su si elle disait vrai ou cherchait à lui dissimuler la vérité. Ne lui avait-elle pas déjà menti par le passé ? Quelle était la frontière entre ses fables et la vérité ? « Il était grand et brun, tu lui ressembles un peu. » disait-elle. « Un grand voyageur. » Il était supposé avoir péri en Mer, avant d’être soudainement mort sur les routes, bien des années après son supposé premier décès. Son fils lui en avait voulu longtemps pour ses mensonges, avant de comprendre qu’elle avait dû se protéger elle-même, s’inventer un amour qui n’avait pas existé, un mari fictif et une raison à son absence. Qu’elle avait tenté de le protéger aussi, même si cela n’avait jamais vraiment empêché les villageois les plus jeunes de le traiter de bâtard pour autant…

« Puisque vous dites l’avaoir connu...» Il était sincèrement gêné de devoir avouer qu’il ne savait rien sur son propre géniteur, et n’avait toujours pas posé ses yeux sur celui qu’il était pourtant supposé interroger. « Je voudrais en savoir plus sur lui. Qui il était, ce qu’il aimait… Où il habitait lorsqu’il ne voyageait pas… »

Ohir. Tant de questions enrobaient ce nom. Tant d’interrogations étaient liées fermement à son ombre. Et d’autres encore se rajoutaient, maintenant qu’Alensil se retrouvait à douter de son propre sang. Si Arador était si vieux, quel âge avait ce père qu’il n’avait pas connu ? Quelle était son espèce ?... Il releva finalement le regard sur son invité, ses prunelles trahissant malgré lui son inconfort, mais aussi en partie, la détresse qui l’étraignait... Il avait attendu des réponses sa vie entière, incapable de faire autre chose qu’imaginer et spéculer. Maintenant qu’il caressait l’espoir de se faire une idée réelle de la vérité, ce n’était pas le moment de lui mentir, pas le moment de le rejeter.  
Et dans tout ça, Alensil ne savait pas qu’Arador ignorait de qui il parlait... C’était à peine s’il était au fait qu’il s’agissait d’un de ses hommes, et le rôdeur venait maintenant d’apprendre qu’il n’était plus de ce monde. Peut-être comprendrait-il alors pourquoi le sujet n’était pas lieu à plaisanterie, pourquoi le fermier avait réagi aussi négativement en le voyant bafouer la seule relique qu'il avait de son père.


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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyMer 9 Avr 2014 - 23:00




I need a name

« C’est important pour moi. »

Ces mots prononcés plus tôt avaient atteint quelque chose. Surement un peu de la compassion que le rôdeur cachait derrière la gangue de glace qui entourait son cœur endurci par de nombreuses années de solitude. Des mots qui remuèrent en lui quelques souvenirs, tristes pour la plupart, certain plus que d’autres. Il les chassa, les réprimant dès lors que leurs contours commençaient à se dessiner dans son esprit. L’homme ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il avait été réellement heureux. Et il ne voulait pas vraiment s’en rappeler maintenant.

Désormais dans son bain, les muscles détendus, la tension de ces derniers jours de chasse à l’orc relâchée, le rôdeur n’en restait pas moins à l’écoute de chacun de bruit provenant des gestes de son hôte. Il entendit distinctement le soupir agacé, les cliquetis des griffes de sa chienne sur le sol dur, le froissement de vêtements, le bruit de bottes. Rien n’échappait à son oreille. Et c’était pour le mieux.  Rien ne pouvant ainsi le surprendre. De l’eau dans ses mains, il en répandit une partie sur ses cheveux, l’autre sur son visage. Avec un léger souffle, Arador contempla la saleté qui glissa alors de sa tignasse brune pour rejoindre l’eau du bain. Depuis quand ne s’était-il pas décemment laver ? Il avait cessé de compter les jours.

Distraitement, il distingua la voix du jeune homme qui ordonnait à sa chienne. Il retint un petit rire. Nulle ne pouvait commander à l’animal. C’était un esprit libre. Bien patient serait celui qui arriverait à lui tirer obéissance. Il lui avait fallut la sauver de la mort, et de nombreuse année de vagabondages pour parvenir à tisser avec l’animal des liens autrement plus fort que celui simple de maitre à vassal.  Et même en cela, il ne parviendrait jamais complètement à retenir l’animal. Et ne le désirait pas. Car lui-même friand de liberté.

Sur cette pensée, le rôdeur commença à frotter la peau de son cou, l’en débarrassant de la crasse s’y étant logée. Il commença à faire de même avec son torse lorsque le jeune fermier revint avec un bac d’eau pur qu’il déposa non loin de la baignoire. Avec un signe de tête, le rôdeur l’en remercia. Il savait que cela devait coûter au garçon. Autant car il avait bien conscience de ne pas être d’une compagnie très agréable, autant car l’eau surement avait-il du la puiser plus tôt pour un autre but. Aussi il ne regrettait pas d’avoir payé d’une pièce d’or les service qui lui étaient rendus. Maintenant, lui restait encore une tâche à accomplir avant d’avoir rentabilisé complètement sa monnaie.

« Donc. Mon père... »

Nous y étions. Ainsi commençait l’interrogatoire. Dans quel sens irait-il ? Serait-il à l’avantage d’Arador, qui sans nul doute en profiterait pour extirper toutes sortes d’informations au jeune homme…ou Alensil parviendrait-il à tirer les vers du nez, à son invité ? Pour sûr le rôdeur espérait que cet conversation soit à son avantage, mais il avait bien appris que rien n’était jamais gagnée d’avance. Aussi les mot du paysan, la tonalité de sa voix, sa postur,e et les traits de son visage…tout cela éveilla en lui un sentiment étrange. Il lui semblait se revoir lui-même de longues années plus tôt, dans le bureau d’un certain Semi-Elfe. Un elfe qu’il avait longtemps appelé son père, avant de réellement chercher à savoir qui était réellement son paternel. Il ne se rappelait pas de tous les détails de la conversation qu’il avait eut. Mais pour sûr, cette entrée en matière ne lui laissait pas le droit de se conduire avec nonchalance. Un soupçon de l’identité de l’auteur des notes et récits de voyages lui avait effleuré l’esprit, mais désormais il en était sûr. Et cela était d’autant plus troublant que désormais il se sentait dans l’obligation de traiter le jeune homme avec des pincettes. Pourquoi ? Et bien les affaires de familles étaient pour lui un sujet sensible. Et il se rendait compte maintenant qu’il savait, que ses actes envers le fermier, avaient été quelques peu légers. Mais pour sa défense, égoïste certes, il n’en savait rien. Toutefois par considération le rôdeur changea subtilement d'attitude, se montra plus...à l'écoute dirons-nous.

« Puisque vous dites l’avoir connu...»

Stoppant tout mouvement, Arador mit enfin toute son attention à l’entière disposition des paroles d’Alensil. Il avait décidé de ne plus agir avec désinvolture.  Le sujet ne s’y prêtant d’ailleurs pas vraiment. Le père d’AlensiI. Un rôdeur du Nord comme lui, à ce qu’il avait lu dans ces feuillets que le garçon cachait encore dans son pantalon. La pensée le fit sourire mentalement. Il cherchait lui-même à en savoir plus sur cet homme mystérieux qui citait son nom dans ses récits. Désormais il était conscient que celui-ci avait une valeur sentimental aux yeux de son hôte, et s’il avait été un peu moins « vieux », rompu à la vie dur des terre du Nord, et sa compassion effeuillé, il aurait sans nul doute adoucit son regard. Inutile de préciser qu’il ne le fit pas. Il avait déjà vécu bien des choses, et c’était peut-être injuste, mais il ne se sentait pas le devoir d’épargner les autres là où lui avait tant souffert.    Néanmoins, un certain honneur lui intimait toutefois d’être honnête et sincère avec le garçon. Il avait déjà pas mon écorché sa  fierté, et son l’intimité sans réel but. Et tout paysan qu’il soit, , le garçon pourrait se révolter plus durement de son attitude et se refermer complètement. Ce qui serait embêtant, Arador cherchant lui à savoir le nom dudit père.

Mais pour revenir à l’interrogatoire, et après ce petit moment de réflexion  le rôdeur se sentait le devoir de remettre à l’heure quelques pendules, histoire de ne pas se retrouver pris à défaut. Il avait certes dit avoir connu l’auteur des lettres…mais comme il était connu de beaucoup de dunedains... L’auteur de ces lettre en étant un, de cela il était sûr…et oui il était probable qu’il l’ait connu. Mais cet écrivain pouvant être n’importe qui dans son entourage proche où lointain, il n’avait cependant pas de nom ni de visage précis en tête pour répondre à des questions précises. Au départ, il avait surtout sorti cette affirmation comme un moyen de capter l’attention du garçon au tempérament primesautier.

« Je voudrais en savoir plus sur lui. Qui il était, ce qu’il aimait… Où il habitait lorsqu’il ne voyageait pas… »

Et il avait désormais sur les bras des questions auxquelles il ne pouvait donner de réponses précises. Enfin si, il pouvait toujours répondre…mais ce serait surement très vaguement, et cela sonnerait comme encore une mauvaise blague. E t même s’il pouvait affirmer qu’il ne se préoccupait pas de ce que l’on pouvait bien penser de lui, il lui était étrange de cerner au fond de lui-même, qu’être déprécier par le jeune homme n’était pas ce qu’il voulait. Il ne voulait pas vraiment être apprécié non plus. C’était autre chose. Mais il ne pourrait pas en parler. Aussi, rejeter sa tête en arrière, il tourna son regard vers celui du fermier qui semblait confus quant à ses désirs. Un peu gêné peut-être.  Le jeune homme était assis non loin de lui, de sorte qu’il pouvait détailler chaque trait de son visage. Un visage qui avait des similitudes avec certain de ses semblables. Mais rien qui ne puisse l’aider à deviner de qui il pourrait être le fils. Après tout, des rodeurs du nord, l’on savait bien que tous étaient bruns, grand, et portait noblesse et sagesse sur leurs visages. Et mis à part la noirceur de ses cheveux et la finesse de certains trait de sa figure, rien ne laissait apparent qu’ils étaient parents.

Enfin ce qui importait déjà pour l’instant c’était de stopper la litanie de question qui risquait de lui tomber dessus quant à la mécompréhension d’Alensil quant à ses paroles. Mais quelle idée de toujours faire des doubles sens aussi. Quelques fois Arador maudissait les elfes pour lui avoir inculqué cette façon de ne jamais vraiment en venir au fait. Cette façon de toujours louvoyer avec les mots, les énigmes, les points de vues et les sens-cachés. Il s’en serait bien passé en quelques occasions comme celle-ci. Levant la main pour couper court au flot de paroles l'assaillant, Arador s'exclama.

« Je t’arrête tout de suite garçon…J’ai dit que j’ai connu celui qui a écrit ces lettres…mais je n’ai jamais dit que j’ai connu ton père. Si tu veux des réponses précises à tes questions, il va d’abord falloir me donner un nom…où je pourrais passer le reste de mes jours à te raconter l’histoire de chaque rôdeur ayant croisé mon chemin»

Et il est fort probable que tu n’y survive pas…que tu ne me survive pas surtout, voulut-il rajouter…mais il se retint, ce serait un trait d’humour qu’il surement ne serait pas apprécié pour l’heure. Assis de façon plus ou moins confortable dans la « baignoire » du fermier, le chef des dunedain se demanda distraitement, s’il pourrait emmener le garçon avec lui après cette nuit. Après tout, il en apprendrait beaucoup plus sur la vie de son père en allant dans le nord, qu’en restant ici à chérir des feuilles de papier jaunis. Mais ce ne fut qu’une pensée, qui disparue aussi vite qu’elle était arrivée, le laissant de nouveau  attentif.





Dernière édition par Arador le Mar 20 Mai 2014 - 21:10, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyMer 23 Avr 2014 - 16:06


Quand il est temps
►Feat. Arador

Les questions se bousculaient dans sa tête. Il ne savait où commencer mais formula quelques premières interrogations, pour tâter le terrain. Demanda d’abord des choses vagues, ce que son père aimait par exemple… finissant par une autre plus précise et plus pernicieuses : où il habitait. Derrière celle-là se cachaient bien d’autres choses, qui le hantaient depuis tout petit. Mais il n’eut pas le temps de penser plus avant. Il ne comptait pas révéler aussitôt ses pensées à ce sujet, déjà suffisamment honteux de devoir admettre de pas connaître son propre père, et mériter son appellation de Corniaud, mais peut-être aurait-il demandé d’autres simili-banalités, oui. Il s’arrêta cependant tout net, discipliné, en voyant la main se lever devant lui, l’eau laissant entendre son léger clapotis sous ce geste.

« Je t’arrête tout de suite garçon…J’ai dit que j’ai connu celui qui a écrit ces lettres…mais je n’ai jamais dit que j’ai connu ton père. Si tu veux des réponses précises à tes questions, il va d’abord falloir me donner un nom…ou je pourrais passer le reste de mes jours à te raconter l’histoire de chaque rôdeur ayant croisé mon chemin »

Mais celui qui avait écrit ces lettres était son père… Le fermier avait laissé l’homme s’exprimer, dubitatif, avant que ne s’échappe finalement de sa bouche un rire bref et sombre, proprement désabusé. Il était si stupide. Peut-être que le voyageur avait bien fait de le prendre de haut et le prendre pour un idiot finalement, c’était bien ce qu’il était apparemment. Pour aller jusqu’à croire ses propos et espérer comme une pauvre gourde qu’il pourrait enfin avoir les réponses que sa propre mère s’était toujours refusée à lui donner. Ce, le jour-même où il passait sa dernière nuit chez lui. Une telle coïncidence… était pure folie. Et lui, était la poire de l’histoire. Il se pencha légèrement, tête baissée tandis que sa main passait sur son visage. Quel imbécile s’attardait encore à chercher ses racines à son âge de toute façon ? Il était un bâtard. Les garçons de la ville l’avaient toujours appelé ainsi et il aurait mieux fait de s’y faire plutôt que d’espérer il ne savait quel sottise. Ce n’était pas comme si ces réponses allaient le rendre plus heureux de toute façon, si ? Elles ne pouvaient décemment atténuer la peine qui étreignait son coeur, de se savoir seul au monde à présent. Chasser un fantôme n’aiderait en rien. Même si c’était son rêve de petit garçon... il était temps de grandir.
Il ne serait pas son père. Qui qu’il fut. Il était sa propre personne. Pas le résidu de sa semence. Sa mère l’avait élevé seule et ce Ohir n’avait rien fait d’autre que lui mettre des idées de voyages en tête. Il ne serait pas cet homme. Cet homme incapable de comprendre derrière les mots de celle qu’il a engrossée que Si, elle a besoin de lui, quoi qu’elle dise. Cet homme qui préfère sa liberté à ses responsabilités. Ou, pour tout ce qu’il en savait, avait peut-être bien une autre famille ailleurs, une vraie et officielle. Cet homme qui avait écrit à peine quelques mots sur des années, comme si cela pouvait suffire à se dédouaner. Comme si cela avait pu suffire à un fils.  

Alensil prit une profonde inspiration avant de relever la tête et finalement se redresser, sans manquer de regarder son invité, cette fois. Ses yeux, sombres mais perçants, se plongeant dans ceux du rôdeur. Il rompit le contact visuel pour se lever, prenant toujours appui sur la même jambe sans même y prêter attention.
Le voyageur avait eu l’air sérieux, pourtant, quelques minutes avant. Comme s’il était réellement prêt à l’écouter, et à lui parler. Mais l’annonce lui avait fait l’effet d’un seau d’eau glacial. Ca réveille et remet les choses en perspective. Rien ne lui disait qu’Arador saurait lui répondre. Rien ne lui assurait qu’il lui dirait la vérité. Et encore une fois, rien de tout cela ne garantissait que cela le changerait en bien, ou saurait l’apaiser... Il se le figurait réellement pour la première fois. Et il se sentait vide.
Même sa colère et sa fougue avaient disparue, et il eut beau fouiller au fond de lui un instant, il eut beau avoir l’envie de vouloir s’énerver, de vouloir lui décocher une droite en plein visage pour lui apprendre à jouer ainsi avec les gens, Alensil ne trouva même pas la force en lui pour ce faire. Il était simplement vide, et soudainement fatigué de tout cela. D’avoir couru et chasser toute ces années après une idée, qui ne pourrait de toute façon jamais être à la hauteur de ses espérances.
Sans un mot, il parcourut les quelques pas qui le séparaient de la porte de la salle d’eau et l’ouvrit, laissant entendre le très léger grincement familier. Il y marqua tout de même une pause, et annonça sans prendre la peine de jeter un coup d’oeil en arrière, d’une voix quelque peu monocorde mais néanmoins parfaitement audible :

« Ohir. Son nom c’était Ohir... »

Après quoi il referma la porte derrière lui. Symboliquement, disait-il au-revoir à ce Ohir ? C’est ce qu’il aurait aimé penser, mais rien n’était moins simple. Déjà, les pensées se bousculaient à nouveau. Il tacha de se faire ferme, de les repousser. Mais l’une d’elle s’imposa à lui. Certes il n’était pas son père, mais comment pourrait-il jamais fonder une famille et avoir un fils lui-même, s’il ne possédait pas quelques informations sur son sang ? Que faire si ses enfants lui demandaient pourquoi il avait l’air d’une jeune homme à soixante ans (pour peu que ce soit possible, et que ce fut son cas) ? Il fallait qu’il puisse leur donner ces informations-là au minimum. Combien de temps ils auraient devant eux. Combien il en avait devant lui.
Tant pis. Il ne voulait pas retourner dans la salle de bain, et décida qu’il poserait la question plus tard, sérieusement. De toute manière, s’il était un sang mêlé il n’y aurait aucun moyen de prédire avec justesse sa longévité. Sauf si le cas s’était déjà présenté. Mais en attendant, il sortit prendre l’air et puiser un peu d’eau pour qu’ils puissent boire, et pour rallonger la soupe qui leur servirait ensuite de dîner.


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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyMar 20 Mai 2014 - 23:52




« C'est pataud, un homme, quand il est ému, il ne sait pas exprimer ses sentiments, par pudeur virile. »


Arador avait toujours sût qu’il n’était pas doué avec les sentiments. Ou du moins il avait déjà suffisamment blessé de gens autour de lui pour l’avoir compris. Les siens comme ceux des autres n’étaient jamais à l’abri. Il se savait toujours constamment en danger lorsque s’approchait de trop près une âme meurtrie. Car lui-même durement éprouvé, et pas totalement guérie, ne savait comment gérer peine et douleur. Comme il venait de le démontrer à l’instant en tuant dans l’œuf l’espoir d’un jeune garçon qui souffrait de n’avoir jamais connu son père. L’espoir qu’il avait eu de trouver des réponses auprès du Dunedain, le jeune garçon l’avait vu s’évanouir à l’instant où celui-ci leva la main pour l’interrompre. Presque inconsciemment, en coupant l’élan du fermier, Arador avait voulu se protéger égoïstement. Se protéger d’un nouveau désastre…qu’il avait finit immanquablement par provoquer.

Le rire sombre et sans joie du jeune homme le secoua plus durement qu’il ne l’aurait souhaité. Il n’avait pas voulu ça. Ce n’était pas de sa faute ! Il s’en persuada. Pourtant la culpabilité revint l’aiguillonner alors qu’Alensil passait sur son visage désabusé une main rendue rude par le travail des champs il supposait.  Lorsque le garçon planta son regard sombre, acéré, dans le siens, le rôdeur voulut s’excuser pour ses paroles, c’était sa dernière chance de le faire…mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Il resta muet, et observa le jeune homme se lever dans l’intention de quitter les lieux. Qu’avait-il fait ? Pourquoi cela devait-il toujours se passer ainsi !

« Ohir. Son nom c’était Ohir... »

Ce furent les derniers mots d’Alensil avant que celui-ci ne referme derrière son passage, la porte de la salle d’eau. Sans même un regard en arrière. Arador lui, se sentit tout à coup misérable. D’un geste  aussi rageur que dépité, il jeta son poing dans l’eau. Comment avait-il encore put se montrer aussi détestable ? Que se passait-il dans sa tête pour qu’il n’arrive pas à converser avec le jeune homme sans automatiquement lui causer du tort ! Il se savait difficilement empathique, mais à ce point il n’en revenait pas lui-même. Sa tête rejetée en arrière, son souffle douloureux, le rôdeur ferma les yeux, essayant de sa souvenir de la dernière fois où il avait eu une véritable conversation avec quelqu’un…la dernière fois où il avait put parler sans que ses mots ne déclenchent aigreur ou encore colère. Il ne se rappelait pas. Tout ce qu’il revoyait c’était le miroitement d’une chevelure auburn, aux éclats cuivrés, et deux yeux bleus pénétrant, lui forant le cœur avec sadisme. Miriel. Sa douce épouse.  La mère de son fils. Pourquoi l’avait-elle abandonné ? Pourquoi était-elle partie ? Elle l’avait laissée seul avec ses démons, et un fils qui grandissait, lui devenant de plus en plus étranger. Elle était la dernière personne avec qui il avait encore été lui-même. Vraiment lui-même. Pas ce simulacre, qui ne répandait autour de lui que morgue, et dédain.  Que les valars lui pardonnent…

Son lourd soupir et les clapotis de l’eau dont il usait, furent les seuls bruits qui emplirent la pièce dans les minutes qui suivirent le départ du fermier. Tentant de mettre de côté sa culpabilité, le rôdeur entreprit de se nettoyer de toute la crasse le couvrant. Il frottait fort, très fort, peut-être trop, la peau d’albâtre qu’il avait hérité de sa mère disait-on. Il laissait sur elle les marques rouges d’un traitement acharné. Il s’était frotté comme pour ôter sur lui autre chose que la saleté de la route. Il ne savait pas quoi, mais il fallait que ça sorte. Cette gêne pourtant ne fit à son grand dam que s’accentuer. Et de guère lasse, il finit par reposer l’éponge qui lui avait été prêté. Sortir du bain s’avéra plus difficile que prévu. L’homme se sentait pataud. Avoir relâché autant de tension l’avait amolli, et le temps qu’il retrouve toute sa force, il sentit ses jambes lui faire faux-bon l’espace d’une seconde. Sortie du bain, l’eau laissée derrière lui grise et saumâtre, Arador se rhabilla des vêtements qui lui avaient été alloués. Attachant ses braies, il cherchait un moyen se sortir de cette affaire malaisée dans lequel il s’était mis. Tout aurait été beaucoup plus simple s’il avait simplement été en ville. Mais non il avait fallut qu’il se remémore être passé par-là dix ans plus tôt. Il avait fallut qu’il se souvienne d’un petit garçon de treize ans l’ayant intrigué par la curiosité de ses yeux. Il avait fallut qu’il s’enquière de savoir ce qu’il était devenu. Et bien désormais il avait sa réponse.

Revenu dans la salle principale, telle une ombre, muet, il resta un moment à observer le jeune homme remuer dans un chaudron bosselé, le diner qu’ils allaient surement partager dans un silence gêné. Son regard gris détaillait la position pensive, peut-être accablé du jeune homme. Comme si celui-ci était aux prise avec des réflexions trop profondes pour qu’elles le laisse de marbre. Le silence entre eux était pesant et lourd alors. Arador aurait presque put le couper de sa lame. Il aurait put le laisser s’éterniser. Se murer dans le silence, et fuir les demandes qu’il avait lui même déclenchées, par sa curiosité intempestive et son désir de contrôle sur tout ce qui pouvait se rapporter à lui. Il aurait put fuir oui. Mais alors il n’aurait put se regarder en face et se nommer seigneur, sans mourir de honte. Il aurait put dédaigner le garçon, mais au lieu de cela, il fit quelque chose de bien plus sage. Après tout, l’autre était de son sang. Il lui devait au moins çà.

-Ton père…commença-t-il d’une voix lointaine, comme voilée par le temps qui avait passé. Le rôdeur soupira lourdement avant de s’assoir lentement sur un tabouret de bois simple, délaissé non loin de celui d’Alensil…j’ignore si ce que je vais te dire, sont des choses que tu as longtemps rêvé d’entendre, si elles vont te réjouir, te laisser indifférent, ou encore te blesser…séchant sa longue chevelure en de petits gestes énergiques, il ne regardait toujours pas le jeune fermier, peut-être trop lâche, peut-être parce qu’il n’avait pas besoin de le regarder pour savoir que le garçon n’avait aucune sympathie à son égard, et qu’il le méritait bien, …je ne sais pas ce que ça fait d’être né sans père…j’ai eu l’immense honneur d’en avoir eu deux...

Il repensa alors à Argonui. Treizième chef de dunedains. Héritier d’Isildur, seingeur du Nord et du Gondor si les dieux avaient été plus cléments. Son père, son roi. Son meilleur ami. Et Elrond. Le Semi-elfe, seigneur d’Imladris, régent de terre qui lui appartienne de droit. Son tuteur, son mentor, Son père d’adoption. Sa pierre de touche, il fut un temps. Oui il repensa à ses deux pères. A ce qui les unissait dans son cœur. A ce point qui les séparait…ce gouffre qui les séparaient…l’un était mort sans que l’autre n’ai rien fait… Valait-il mieux en avoir deux que pas du tout ? Ou même un, que rien ? Il ne saurait répondre à sa propre question. Vu où cette double paternité l’avait mené, il ne se sentait pas la force d’explorer plus loin les avantage et désavantage d’être un bâtard, ou d’être au contraire un pupille. Avoir un géniteur, et avoir un père étaient déjà des choses bien compliqué à concevoir pour un enfant, et difficile à avaler pour un adulte. Et quand l’un des deux mourrait par la faute de l’autre, comment réagir alors ? Il avait choisit la haine. La colère, le rejet. C’était plus fort, c’était plus facile, et ça permettait de continuer à avancer en transformant la douleur en arme. C’était aussi lâche et bien humain. Mais c’était cela que parfois il avait oublié lors de son enfance à Imladris, c’était bien sa condition de mortel...Ohir lui, ne l’oubliait, jamais.

-Oui,…ton père je l’ai connu. Peut-être pas aussi bien que d’autres, mais assez pour t’en parler brièvement... Un homme honorable, qui respectait l’ordre et qui aimait la vie, un peu solitaire, mais je ne suis pas le mieux placé pour en juger…il prit une profonde inspiration… et qui comme beaucoup d’autres hommes avant lui, était un rôdeur du nord. Un dunedain comme moi-même,…un noble gardien des terres du Nord, un grand voyageur, un pauvre vagabond, ou encore un vaurien qui a pris ta mère, lui a refilé sa semence pour ensuite la laisser sur le carreau…c’est comme tu veux, ce n'est pas à moi d'en décider.

Dieu qu’il aurait voulu sur le moment une bonne pinte de bière et de l’herbe à pipe.

-J’ignore comment il est arrivé ici, si il aimait vraiment ta mère ou pas…je pense que même si je le savais ça ne changerait pas grand-chose maintenant…Il n’aurait jamais put rester vivre avec vous… Ta mère et toi… Parce que sa vie était déjà ailleurs. Sa femme ? Son devoir. Son fils? L’innocent sur les routes de la vielle Arnor. Et rien ne lui tenait plus à cœur que cela.

Ses mains jointe le dunedain avait les yeux rivés au sol, sentait se déverser hors de lui des mots qui ne semblaient plus vouloir être brimés.

-Tu peux lui en vouloir, c’est ton droit. Tu peux aussi m’en vouloir, je ne suis pas exempte de reproche. Mais avant, j’aimerais  te raconter un histoire…une histoire qui remontent plusieurs générations avant ma propre naissance, et qui peut-être va t’explique rbon nombre de chose sur ton père et sur toi-même…veux-tu l’entendre ?...

Disant cela, il releva la tête, incertain, demandant de ses yeux la permission au jeune fermier de continuer à exprimer tout ce qu’il avait encore à dire. Après tout, l’histoire qu’il allait raconter, les concernaient tous les deux, tout descendant des grand hommes de jadis qu’ils étaient.  







Dernière édition par Arador le Ven 30 Mai 2014 - 15:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptySam 24 Mai 2014 - 18:22


Quand il est temps
►Feat. Arador

Il avait plongé son regard sombre dans le sien, sans réellement savoir pourquoi. Etait-ce pour y déceler quelque chose de particulier ? Pour lui montrer qu’il lui en voulait à un point où les mots ne suffisaient plus ? Pour lui laisser une dernière chance de s’exprimer en le regardant en face s’il l’osait ? Peut-être tout ça à la fois. Mais si l’étranger sembla un instant vouloir lui dire quelque chose, il n’en fut rien et bientôt, Alensil fut à la porte de la salle de bain, un nom sur ses lèvres, et il laissa son invité, ou plutôt son client, à sa toilette.

A peine sorti, les pensées l’assaillaient déjà de nouveau, le laissant face à une évidence nette : s’il ne devait plus s’enquérir de son père, il lui fallait à minima savoir ce qu’il en était de sa propre personne. Il descendit dans la cour,  afin d’aller puiser de l’eau pour le dîner. Il frissonna en sentant la brise le fouetter. L’air s’était encore passablement rafraîchi et le soleil menaçait à présent de disparaître à l’horizon, par-delà la plaine et les champs. S’avançant en direction de l’étable pour y trouver un seau (l’autre étant occupé avec Arador), il fronça les sourcils un instant en devinant une masse sombre à l’intérieur, avant de marquer une pause surprise en comprenant quel était le tableau qui lui faisait face.

« Je vois que tu as déjà trouvé ton dîner… »

Le cheval plia sa noble encolure pour le regarder, l’air parfaitement tranquille. Cela fit même sourire le garçon le temps d’un court instant, ses questions s’effaçant alors de son esprit pour un moment de répit, qui ne dura cependant pas. L’expression s’effaça de son visage qui redevint sombre et pensif. Puis, tout en continua à parler à la bête d’une voix égale, comme s’il tenait une conversation avec un autre être humain, il parcourut l’étable du regard et retira du passage quelques objets qui auraient éventuellement pu lui porter préjudice, pour les enfermer un peu plus loin. Ainsi, la monture pouvait rester là et y passer la nuit à l’abri sans que cela ne pose de souci. C’était probablement le mieux ; son propriétaire pourrait venir l’attacher plus tard s’il le souhaitait, mais au vu de son avertissement précédent et du fait qu’il ne l’ait pas fait en premier lieu, Alensil préféra le laisser tranquille. Les ballots de foin étaient à sa disposition, et s’il désirait boire l’abreuvoir de la cour n’était pas bien loin. Le fermier prit ensuite son seau, et referma tout de même un des battants de l’entrée et coinça le second par précaution avec une grosse pierre afin que le cheval puisse aller et venir à sa guise sans que le froid ne s’engouffre trop à l’intérieur.
Quand ce fut fait, il tapota le museau de sa propre monture qui demandait son attention derrière les murets de son box, et sortit de nouveau. Il alla puiser de l’eau à la force des bras avant de retourner dans la ferme afin de s’affairer rapidement à sa soupe. Elle était déjà prête et il se contenta de rajouter un peu d’eau avant de la mettre à chauffer. Il y avait assez pour deux personnes, car il y avait mis une partie des vivres qui étaient en réserve pour sa mère et lui. D’habitude, c’était plutôt elle qui cuisinait pour eux deux, et pour les occasionnels journaliers qui venaient les aider en haute saison. Or, cela faisait déjà deux jours qu’il mangeait la même tambouille ordinaire, dont la saveur n‘égalait pas la sienne, rappelant un peu plus vividement encore sa perte.

Quand il entendit finalement le son du pas régulier du rôdeur derrière lui, Alensil se crispa malgré lui légèrement, sortant de ses pensées et souvenirs en un instant. Il ne savait trop à quoi s’attendre à présent, ni comment il était supposé se comporter. Il fixa encore plus intensément le bouillon qu’il touilla encore, histoire de se donner quelque chose à faire, mais ce fut l’étranger qui prit les devants. Ses premiers mots lui firent redresser la tête de quelques millimètres sans qu’il n’en soit conscient. Son père...  Maintenant qu’il avait son nom, Arador allait-il lui en parler ? Non. Le fermier se houspilla mentalement, se refusant à porter ses espoirs trop haut, et à retomber dans les mêmes travers. Son coeur battant pourtant plus que d’ordinaire, il tendit l’oreille. Mais sans se retourner, sans le regarder. Les yeux toujours rivés sur le pseudo ragoût…
Comment pouvait-on avoir deux pères ? Sa mère avait-elle pris deux époux successivement ?... Il ne posa pas la question, jugeant qu’il en avait déjà assez fait avec sa curiosité incessante pour la journée. De plus, ses réelles préoccupations étaient ailleurs. Ses lèvres se pincèrent quand Arador poursuivit enfin, confirmant qu’il avait bien connu l’auteur de ses lettres. Pas très bien, mais il l’avait connu. C’était toujours plus que ce qu’il pouvait dire de son côté. Lui qui était pourtant son fils. Mais il ne laissa pas la jalousie s’emparer de son esprit à cet instant, face à cet homme qui avait eu deux pères et connu le sien. Cela ne le traversa pas même une seconde.

Non, mais en revanche il s’agrippa à chaque mots qui se déversa de la bouche de son aîné. Honneur. Respect. Amour de la vie. Légèrement solitaire. Rôdeur et gardien du nord, Dùnadan.
Alensil avait retenu son souffle en partie en cours de route, sans même s’en apercevoir, et cessé de remuer stérilement son potage également. Mais quand sa mère fut évoquée, il posa ses mains à plat sur le meuble devant lui, se penchant légèrement en avant alors qu’il s’y appuyait, et il tenta de reprendre une respiration qui se voulait normale. Ses doigts se contractèrent sur le bois massif à l’écoute de la suite sans qu’il n’y puisse rien faire, ses articulations devenant presque blanches sous la pression. Les innocents en Arnor. Son devoir. Toujours silencieux, plus que jamais même, et parfaitement immobile, presque tendu dans cette position,  le fermier pouvait sentir ses  yeux se gonfler de façon alarmante. Allons donc...
Il cligna des yeux et se redressa, saisissant à nouveau la louche et se remettant à remuer la soupe. Il ne pouvait pas se laisser gagner ainsi par les émotions. Il ne comprenait même pas d’où elles venaient et ce qu’elles étaient. Etait-il soulagé, heureux, en colère, ou accablé ? Il ne saurait le dire lui-même. Mais il remarqua que sa main tremblait presque, et son propre état l’énerva un peu plus encore.
Est-ce qu’il en voulait à son père ? Oui, cela il en était certain. Ces explications n’avaient pas changé ce fait, et si cela faisait de lui un égoïste, ainsi soit-il. S’il en voulait tout autant à sa mère de l’avoir laissé dans l’ombre, de lui avoir menti, il ne pouvait pardonner si facilement au premier responsable. Avoir des activités nobles sur les routes ne l’exemptait pas de toute faute. Ne le blanchissait pas d’avoir abandonné sa famille ainsi, sans un regard en arrière pendant toutes ces années. Il aurait pu comprendre, pourtant. S’il avait été seulement un peu plus présent. Il aurait pu comprendre son sens du devoir et ses longues absences. Il aurait même pu en être fier, qui sait ?
A la question, il releva la tête et se contenta de répondre simplement :

« Puisque vous semblez disposé à parler... »

Sa voix quelque peu étranglée trahissait son émoi et il se maudit un instant pour cette faiblesse qu’il ne comprenait définitivement pas. Il n’était plus un enfant. Il ne voulait pas paraître ainsi devant l’Autre. Qui s’était ri de lui, avait désacralisé son bien le plus précieux, avait menti et… et… et il ne savait même plus quoi ! Trop de choses se bousculaient et il ne savait plus où il en était.  Toujours dos au rôdeur, il ferma les yeux un instant et se raccrocha à sa seule constante, aussi ironique soit-elle. Le souvenir de sa mère l’apaisa. Son ancre, même après son trépas. C’était elle qui lui disait qu’il valait mieux avoir les pieds sur terre que de rêver à un père qui n’était plus.
Enfin, il se remit en mouvement et cessa de tourner le dos au rôdeur pour aller rassembler des écuelles, verres et couverts, et les rapporter à table. Sans croiser le regard d’Arador, trop fier probablement pour avoir envie de trahir un peu plus encore son état, il se contenta de les placer devant eux et de prendre place sur son tabouret de bois, en silence.

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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyVen 30 Mai 2014 - 15:42




« You're my flesh and blood»



Assis sur son tabouret, le dos courbé dans une position pensive, l’héritier d’Isilidur hésitait. Il hésitait car ce qu’il s’apprêtait à raconter au jeune fermier n’était pas seulement, l’histoire de son peuple, l’histoire d’une race, mais aussi son histoire, son héritage, son fardeau. Et cela s’avérait plus difficIle que prévu. Il avait toujours cette espèce de boule au ventre en pensant que tant de choses auraient put être évités. Parfois il se prenait à refaire l’histoire, à changer les attitudes des ses ancêtres. Il se prenait à rêver des grandes cités d’Annuminas, de la citadelle de Fornost, de tous les trésors de son peuple perdus par l’orgueil et la cupidité. Mais ce qui était fait était fait. Et désormais il se devait d’accepter  le passé, et construire le futur. C’était son devoir. Et peut-être celui d’Alensil, si après son récit, il souhaitait rejoindre ses semblables.

« Puisque vous semblez disposé à parler... »

A ses oreilles, la voix du garçon, sonna comme un rappel de sa propre maladresse. Il avait vraiment été inconscient de la souffrance du fermier, que c’était avec insouciance qu’il avait bafouillé son intimité, piétiné ses sentiments. Et s’il s’en voulait pour sûr, désormais ce qu’il désirait, c’était repartir sur de bonnes bases…ou au moins se faire pardonner. Il ne le dirait jamais franchement, mais il en avait besoin de ce pardon. Le pardon n’étant pas une chose qu’il donnait aisément lui-même, mais il s’y savait sensible. Aussi Arador n’aurait pu espérer mieux que ces mots lâchés à la dérobé, après avoir joué aux montagnes russes avec les émotions du garçon. Celui-ci semblait prêt à l’écouter, malgré que son dos fût la seule chose que le rôdeur puisse voir de lui, et c’était tout ce qu’il demandait. Se redressant, il prit une grande inspiration qui lui redonna une énergie nouvelle, et peut-être un peu d’espoir. Devant lui, le garçon venait de déposer écuelles, et couverts, pour en définitive s’assoir en face de lui, ses yeux fuyant les siens. Mais cela, Arador ne le releva pas, conscient d’avoir probablement ébranlé le garçon avec ses récentes révélations. Lui-même n’aurait pas eu suffisamment d’humilité pour permettre à un impudent inconnu de lire dans son regard, la profondeur de ses émotions. Il comprenait l’attitude du garçon, celui-ci lui renvoyant comme un reflet de lui-même à son âge.

-Par où commencer…

Bonne question. Il ne savait pas. Le garçon devant lui pouvait bien être un de son sang, il n’en restait pas moins qu’il avait été élevé dans un ferme, pour devenir fermier. Avait-il seulement reçu le tiers de l’éducation qui lui avait été fournie à Fondcombe. Seulement le tiers…Savait-il lire, écrire, compter ? Déjà ça. Ensuite avait au moins entendu parler de l’histoire de la terre du milieu. L’histoire des hommes. Même racontée par des soulards, cela lui suffirait pour démarrer.

C’était une question qu’il se posait alors qu’il mettait en place une trame sur laquelle il pourrait s’appuyer pour  étoffer son propos. Une question importante, car elle sous-entendait que si le garçon après réflexion désirait rejoindre les dunedains, il aurait à être éduqué sur sa propre histoire. Mais par qui ? Quelques années plus tôt, il aurait dit Fondcombe, mais cette idée ne lui traversa même pas l’esprit.  Peut-être un ancien du village ferait l’affaire, pensa-t-il, avant de ses reprendre. Le gamin ne quitterait pas sa maison, seul, n’irait pas choisir une vie bien différente de tout ce qu’il n’avait jamais connu, pour finir aux côtés d’un vieil homme qui lui ferait la leçon. De tout façon, il était déjà assez grand pour ne plus avoir à obéir à quiconque, il était majeur et sa vie lui appartenait. Et si’l décidait de rejoindre leur peuple,  il n’aurait pas le temps, une fois arrivé sur les rives du lac Evendim, de prendre un livre et se mettre aux études. On le placerait de suite avec une épée et un arc en main, voir comment il se débrouillait, on lui ferait passer des petits tests surement, puis ensuite, il serait mis à la garde et la protection des campements des rôdeurs. Pas forcément ce dont un jeune zouave pouvait rêver.  S’il partait il aurait besoin d’apprendre sur le tas, dans l’action, et pendant la route. Il économiserait ainsi beaucoup de temps. Et puis du petit aperçu qu’il avait eu de son caractère, le garçon ne supporterait pas longtemps de rester enfermé dans une pièce à étudier, l’histoire, les langues, les sciences, l’astrologie, etc. S’il devait apprendre tout cela, ce serait au grand air, avec des exemples concrets et des situations réelles. Mais qui se chargerait de lui enseigner tout cela ?...La réponse aussi évidente sembla-t-elle le laissa un moment interloqué. Il n’y avait que lui pour faire cela. Mais était-il prêt à prendre un pupille ? Et le garçon le voudrait-il ?

-Au temps des grands roi de jadis, Elendil après la chute de Numénor, fonda l'Arnor et sa première capitale Annúminas dans les terres situées à proximité du royaume elfe du Lindon. Plus connues sous le nom d'Eriador. Ce alors que ses fils, Anarion et Isildur, fondèrent le Gondor dans les terres situées plus au Sud, ainsi que leur première ville: Osgiliath. Commenca-t-il d’une voix posée, prenant son temps pour assembler ses pensée dans un ordre cohérent.

Jamais ses pas ne l’avaient mené à Osgiliath la banche. Les récits la disaient pourtant magnifique. Ce n’était pas faut d’envie, mais ses devoirs l’appelaient à rester au nord. Et puis la ville lui semblait-il avait été dévastée par les orques lors d’une attaque il y a de cela des années. Surement peu de gens y vivaient encore, et probablement avait-elle perdu de sa superbe. Encore un gâchis.

-C'est à partir de cette époque que les Númenóréens exilés, furent rebaptisés Dúnedain. Hommes de l’Ouest qu’ils avaient fui. Les deux royaumes nouvellement créés prospérèrent paisiblement pendant près d'un siècle. Jusqu’à ce qu’une autre puissance, elle aussi grandissante, ne se manifeste.  Une puissance ténébreuse. Le Mordor. Et son maitre Sauron. Continua-t-il, son ton s'assombrissant alors qu’il parlait du Serviteur de Morgoth.

Il ne savait pas si le fermier avait même déjà entendu parler de Sauron. Bien des gens de petite condition ne se souciait que de savoir ce que serait leur repas du lendemain. Ce avec raison. Mais cet état d’esprit les rendait alors, bien indifférents aux troubles qui pouvaient se passer dans le reste de la terre du milieu. Cela les rendait ignorant de l’histoire. Une terrible erreur.

-Les forces du Mordor partirent à l'assaut -entre autres- des royaumes Dúnedain, mais un pacte, la Dernière Alliance des Elfes et des Hommes, fut fait entre Gil-Galad, le dernier Haut-Roi des Elfes et Elendil. Alors, les armées du Lindon et des Dúnedain combattirent ensemble le Mordor et finirent par triompher de Sauron, mais au prix de la vie de Gil-Galad, Elendil et Anarion son fils.

Il était fort probable que le garçon se demande intérieurement pourquoi il lui racontait tout ça. Qu’est ce que cela pouvait bien avoir à faire avec son père, ou avec lui. Mais justement, cela avait tout à voir. Et il allait bientôt comprendre. Du moins, Arador l’espérait.

-Après la guerre, débuta le Troisième Age qui semblait s'annoncer plus paisible que les précédents, mais il n'en fut rien. Tout commença quand en 1112, Isildur, fils d’Elendil, fut pris dans une embuscade Orc dans les Champs aux Iris, et périt sous leurs flèches, alors qu’il se rendait en Arnor régner sur le royaume de son père. Son fils Vlandil survécut, et fut couronné roi d’Arnor à sa majorité.  Et bien, que la paix dura encore quelques temps, cet évènement présageait le retour de temps difficiles tôt ou tard.

Intentionellement, il cacha au jeune garçon l’histoire de l’anneau Unique. Cela ne le concernait déjà pas. Mais en plus ne ferait que soulever plus de questions auxquelles il n’avait pas le droit de répondre. De toute façon, l’anneau était perdu, nul besoin d’en parler. Parler de chose comme celles-ci ne faisaient que les rendre plus réelles. Et nulle sur cette terre ne voulait voir réapparaitre  cet objet maudit. Aussi il continua, rien ne pouvant laisser suggérer qu’il venait de cacher quelque chose à son cadet.

-La mort d'Isildur eut pour effet direct de séparer définitivement les deux royaumes du Nord et du Sud, qui bien qu'amis évoluèrent dès lors indépendamment. Ainsi les Dúnedains aussi se divisèrent en deux peuples plus ou moins distincts: les Dúnedain du Nord et les Dúnedain de Gondor.

Et là arrivait la partie la plus intéressante de l’histoire. Celle qui les concernait déjà de plus près. Celle qui avait conditionné son existence, et régit celle d’Ohir. Cette partie de l’histoire qui avait fait de lui ce qu’il était aujourd’hui, et qui surement avait poussé le père du jeune homme à ne pas rester avec la femme et le fils qu’il avait engendrés. Une histoire plutôt tragique. Une histoire de rois cupide et orgueilleux. Il détestait cette partie là. Beaucoup de chose auraient été évités, si la convoitise et la fierté ne s’étaient pas mêlées. Mais après tout, ils n’étaient que des hommes. Son regard cette fois-ci se posa sur le jeune homme qui de son côté, continuait à éviter tout contact visuel avec lui ; pourtant certain, que celui-ci écoutait quand même religieusement.

-La vie paisible des Dúnedain du Nord s'acheva pourtant en l’an 1300. Quand le royaume d'Angmar commença à leur mener une guerre plus ou moins constante, leur puissance s'affaiblie peu à peu. Pour ajouter à cela, les trois fils d’Ëarendur , dixième et dernier roi d’Arnor, chacun se déclarant roi à sa mort , séparèrent l'Arnor en trois royaume. Et à partir de ce moment, leur nombre ne cessa de diminuer. En l’an 1409, il ne restait que très peu de Dúnedain au Rhudaur. Au Cardolan, les derniers d'entre eux périrent lors de la Grande Peste de l’an 1636. En Arthedain, ils résistèrent plus longtemps, mais quand en l’an 1974, le royaume fut finalement anéanti, ils ne restaient qu'un petit nombre de Dúnedain du Nord qui ne devaient leur survie qu'à l'aide des Elfes du Lindon et de Fondcombe. Toutefois, l'adversité ayant préservé leur hardiesse, leur courage et leur noblesse d'esprit, la plupart d'entre eux devinrent les Rôdeurs qui se donnèrent pour mission de protéger les rares survivants des Peuples Libres en Eriador, parmi eux les Hobbits et certaines lieux de vie des hommes comme le Pays de Bree.

Il s’arrêta là. Le silence qui emplit soudainement la pièce le fit frissonner. Il n’avait peu eu conscience que sa simple voix, racontant solennellement l’histoire des grands hommes des deux dernières Ages, avait à ce point occupé l’espace. Il se sentait soudainement vidé, comme si retracer ainsi le passé, l’avait privé d’une énergie considérable. Mis étrangement, même si épuisé par son récit, il se sentait bien. Etrangement bien.

-Et je suis le descendant de ces hommes là. Tout comme toi. Nous sommes des Dunedains. Moi, Arador, par le sang d’Argonui, mon père. Et toi –pour une raison qu’il ne saisissait pas encore, il laissa tomber le vouvoiement, distant, pour un tutoiement, aimable bien qu’encore un peu solenel-   Alensil, par ton père, Ohir. Tous les deux nous appartenons aux derniers survivants d’un peuple qui fut autrefois prospère, noble et respecté. Craint par ses ennemis. Loué par ses pairs.

Il n’avait pas connu ce temps là. Où la race des hommes était glorieuse, et noble de cœur comme de corps. Il aurait aimé. Cela dans les chansons, ne ressemblait en rien à ce qu’il pouvait vivre aujourd’hui. Ils avaient de grandes cités, contrôlaient, l’Arnor, et le Gondor. Ils étaient roi, ils étaient princes. Aujourd’hui, errants, et secrets. Vagabonds disaient les simples hommes.

-Descendant des Numénoréens, nous sommes bénis d’une longue vie et de certaines…capacités dirais-je. Les maladies nous font peu d’effets, nous guérissons rapidement, l’âge ne nous rattrapent que très tard, et au combat, chacun d’entre nous vaut bien deux ou trois soldats du gondor. Parfois en rêves des visions du futur se manifestent aux plus nobles d’entre nous. Notre grande taille, nos cheveux bruns ou noirs de jais, et nos yeux gris font de nous des êtres tout à fait reconnaissables.

Lui-même étant le parfait archétype du dunedain. Svelte, et élancé, ses yeux gris perçant comme ceux d’un faucon, sa longue chevelure sombre le distinguait comme un pur membre des Dunedains. Son fils en revanche lui, de par sa mère, avait hérité d’yeux gris tirant vers le bleu. Mais tout aussi grand et ténébreux, que son père. Une fierté. Et devant lui, s’il n’avait les yeux clairs des rôdeurs, Alensil possédait néanmoins leur allure, et leur chevelure couleur de la nuit.

-Il m’apparait maintenant que nous étions peut-être destinés à nous revoir. Il y a déjà dix ans,  peut-être que tu ne t’en souviens pas, mais je suis passé par cette ferme, et déjà enfant, tu étais d’un naturel très curieux envers les rôdeurs. Malgré toutes les précautions que pouvaient prendre ta mère en ma présence, tu n’étais pas dupe. Je me suis dit alors que ce n’était pas que la simple curiosité d’un enfant, avant de me raviser. Mais aujourd’hui, tout semble s’expliquer...Aussi je te demande…

Allait-il enfin le dire ? Ce mot si difficile à prononcer. Surement le plus difficile.

-…pardon. Pour mon attitude envers toi. Pour ma curiosité déplacée. Pour avoir surement brisé certains de tes rêves. Je te demande pardon pour m’être introduit dans ta vie ainsi. Mais je pense que tout cela a une raison d’être…Je ne pense pas me tromper en disant que j’arrive dans ta vie au moment où il te faut faire un choix…ta mère n’est plus là –de cela il en était désormais certains, sinon il y a longtemps qu’elle aurait rappliqué- tu es un homme, et je suis certains que tu aspire à autre chose que cette ferme…

C’était le moment, maintenant. Il allait lâcher le morceau. Cette idée qui tournait dans sa tête depuis qu’il savait le fermier, fils d’un de ses camarades. Lui proposer de rejoindre son clan. Ce n’était pas par charité qu’il faisait cela. Ce n’était pas non plus par compassion. C’était pour lui une évidence. Le garçon faisait parti de son peuple, grâce à son père. Car quoiqu’il en dise, son père lui fournissait de son nom, un toit et une protection, un avenir –peut-être pas aussi radieux que s’il était née d’un noble nanti- . Il serait toujours prêt à accueillir sans conditions, quiconque possédait en lui le sang de ses ancêtres.  Certes, ce ne serait pas un choix facile pour le garçon.

Après tout peut-être avait-il d’autres attaches ici que celle du fantôme de sa mère. Peut-être avait-il des amis, une personne qui faisait battre son cœur….S’il décidait de rejoindre les rôdeurs, il devrait abandonner tout cela. Mais alors, il se ferait de nouveaux amis. Des vrais. De ceux qui dure tout une vie. Il ne serait pas mis de côté pour sa jambe. Oui il savait le garçon handicapé. Depuis un moment déjà il avait remarque ses efforts pour cacher son boitement. Mais et alors ? On lui apprendrait comment se mouvoir malgré ce handicap. Il serait comme un deuxième fils pour lui. Et peut-être que là-bas au nord il trouverait une fille à aimer…enfin…il aurait une nouvelle famille.

-Et si tu le désire, tu peux faire parti des nôtres...






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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyLun 2 Juin 2014 - 22:08


Quand il est temps
►Feat. Arador

Le jeune garçon avait fini par dresser la table rapidement puis prendre place en face du voyageur. Pour autant, il ne chercha pas à croiser son regard, toujours sous le coup d’émotions trop longtemps refoulées. Arador souhaitait parler, encore, lui conter une histoire relative à son peuple, leur peuple. Une histoire supposée l’aider à mieux comprendre son père. Qu’y avait-il de plus à comprendre ici ? Il avait choisi un devoir au-delà d’un autre. Ce n’était peut-être pas ce qu’il aurait voulu entendre, mais c’était la vérité et il l’acceptait en tant que telle. Et c’était toujours beaucoup plus facile à avaler que l’hypothèse selon laquelle il aurait eu une autre famille, ailleurs, dont il aurait préféré s’occuper, plutôt que la sienne. Il pourrait faire la paix avec cette réalité. Pas tout de suite, mais un jour, peut-être.

Il resta muet, fixant un point ou un autre de la pièce en attendant qu’Arador ne rassemble ses pensées. Finalement, ce dernier commença par lui parler de la fondation de l’Arnor et du Gondor. Alensil connaissait ces royaumes, principalement pour les avoir vu sur des cartes, en particulier celles tracées hâtivement par son père dans ses notes de voyages. Pour lui, c’était des noms, des signes, parfois quelques dessins ou phrases associées, mais rien de plus véritablement.
Il ne connaissait pas l’histoire de ses ancêtres. Ilúvatar le créateur avait créé Arda, les elfes, les hommes. Ils étaient ses enfants et parcouraient sa Terre. Son éducation en la matière n’était pas bien plus élargie que cela. Certes, habitant non loin d’un ancien grand port, il avait bien sûr entendu parler de Nùmenor, tout comme il était conscient des grandes guerres de jadis, mais il ne pourrait dire qu’il les connaissait réellement, et saurait en parler lui-même. Nombre de choses lui échappaient encore. Il tacha donc de se concentrer, n’étant que peu sûr d’être capable de mémoriser tout ce qui lui serait dit. Trop de noms, trop de lieux, dès les premières phrases déjà. Elendil, Anarion, Isildur. Annùminas, Osgiliath.
Il resta attentif et silencieux, répétant mentalement les conclusions de ce récit. Il descendait donc de pauvres hères éxilés. L’alliance avec les elfes contre les attaques du Mordor, il la connaissait. Les noms des grands rois tombés au combat, en revanche, non. Elendil et Anarion morts, il comprenait tout seul qu’il ne restait plus qu’Isildur à la tête des Dùnedain. Ce dernier ne fit pas long feu et voilà qu’on lui parlait à présent de son fils… Allait-il lui refaire toute la généalogie de leurs Rois ? Il n’était pas certain d’en voir l’intérêt à l’instant, même s’il était toujours partant pour ne pas mourir plus bête qu’il ne l‘était...
Dùnedain du Nord et dùnedain de Gondor… Il était aisé de se figurer que son père avait dû faire partie des premiers. Des guerres, des royaumes qui se divisent, encore des guerres. Une race qui s’amenuise et se fait chasser pour finalement devenir un peuple errant, au secours des autres. C’était un bien beau conte, mais Alensil ne se sentait pas plus ému que cela par ces bribes d’histoire. Les décisions des grands faisaient le malheur des petits, c’était ainsi. Mais lui, il vivait dans le présent, ou dans le futur proche. Peut-être parce que les paysans comme lui n’avaient pas le loisir de s’épancher sur les siècles et âge passés. Ils ne changeait rien à ce qui les attendaient le lendemain, à s’ils arriveraient ou non à faire pousser leurs cultures, à nourrir leurs enfants. Il observa un instant Arador. Lui, au contraire, semblait exténué par ce récit, comme s’il avait été un poids sur ses épaules. A mi-mots, il termina la complainte d’un Jadis perdu.

Enfin, il parla d’autres caractéristiques liées à ce qu’ils étaient. Une longue vie. Résistance aux maladies, comme à celle qui avait emporté sa mère et décimé le village. Son père, par son sang, lui avait donc sauvé la vie. Il l’avait donnée et prolongée, à défaut de s’y être intéressé plus que cela. Cela le fit presque sourire, amèrement. Et pour la première fois depuis le début de ce long récit, il coupa son invité pour lui poser une question :

« Et vos bâtards ? De combien d’années disposent-ils ? »

Il était cru, mais c’était bien ce qu’il était, après tout, un bâtard. Il se l’était suffisamment entendu dire. Arador ne saurait peut-être pas répondre à cette question, mais Alensil se disait qu’il ne devait certainement pas être le seul corniaud de son genre, si ce qu’il restait de ce peuple passait sa vie à errer dans la campagne. Peut-être les siens avaient-ils pu observer l’espérance de vie de ces autres enfants.

°°°
Alors ainsi, ils s’étaient déjà rencontrés. Alensil ne s’en souvenait pas vraiment. Peut-être était-ce de là que venait son léger sentiment de déjà vu. L’homme lui parlait à présent de destinée, et lui demandait pardon pour ses actes précédents. Le jeune fermier ne put que le fixer un instant, un sourcil se relevant légèrement face à ce flot de demandes d’excuses inattendu. Il lui proposa alors ni plus ni moins que de quitter sa ferme et de rejoindre les siens. Alensil se recula pour caler son dos à la chaise, et fixa le rôdeur. C’était son tour de parler, en ce cas. Et c’est ce qu’il fit, sans la moindre hésitation.

« Non. Je ne désire pas faire partie des vôtres, Arador. »

Sa voix était sombre mais elle trancha le silence de la maisonnée avec une clarté nette. Sa réponse ne semblait pas ouverte à débat. Faire partie des leurs... Retrouver ses racines et faire partie d’un tout. Il en avait rêvé, de cette possible seconde famille qu’il ne connaissait pas. Mais qu’il n’avait jamais réellement compté connaître, avant. Car jamais il n’aurait abandonné sa mère. Les choses avaient changées, cependant. Mais lui, non. Le voyageur avait vu juste sur un point, cependant. Et il devait le lui concéder, pour mieux souligner son erreur.

« Ma mère n’est plus, en effet. Et la ferme ne m’appartient plus désormais. J’ai déjà fait mon choix. »

Il n’avait pas besoin de lui, de son apparition en chevalier servant, pour venir le mettre face à son destin. Il avait déjà pris sa décision, bien avant qu’il n’apparaisse en sa demeure, et souhaitait que cela transpire au travers de ses propos. Aucun seigneur ne viendrait changer sa vie et sa destinée en claquant des doigts, ne viendrait lui offrir une porte de sortie dans sa grande bonté. La porte, il l’avait trouvée tout seul. C’était sa propre résolution, il n’avait pas eu besoin de lui pour y parvenir.

« ...Je pars demain. »

En était témoin son sac de voyage, déjà prêt et n’attendant que lui au pied de son lit, à quelques mètres de là. Alensil fit un signe de la main, en sa direction. Son visage était sérieux. Où partait-il exactement, il ne le savait toujours pas : il n’avait pas su se décider encore. La Terre du Milieu était vaste, et il avait tant de choses à découvrir. Tant de choses dépeintes dans les notes de papier froissées qui l’avaient fait voyagé pendant déjà bien des années, depuis cette ferme. Et apparemment, il disposait de plus de temps que prévu pour ce faire. S’il ne rencontrait pas de malencontreux évènement en cours de route, bien entendu. Il ne connaissait rien des périls de ce monde, c’était vrai. Et sûrement aurait-il été sage, cette décision en tête, de s’allier à quelqu’un qui avait les connaissances nécessaires pour que sa première expédition se passe bien. Mais, pas ainsi. Non.

« ...Mais je ne serais jamais l’un des vôtres. Pas si pour ça, je dois devenir cet homme qui abandonne sa famille pour obéir à vos… »

Il se coupa de lui-même, et fit à la place un geste vague de la main, élusif. Sa moue était suffisamment explicite pour faire comprendre le jugement négatif qu’il portait à la chose. Cet homme qui abandonne sa famille pour obéir  leurs règles, à leur pseudo devoir, à tout ça. Il ne serait pas son père, non, il se l’était juré. Jamais il ne laisserait sa famille seule et dans le besoin, pour aller vaquer sur les routes. Même si on lui clame qu’ils rôdent pour toutes les bonnes raisons. Le jour où il la trouverait, cette famille, elle serait son premier devoir, son refuge et sa fierté.
Et même si dire qu’il ne désirait pas en savoir plus sur son peuple était complètement faux, si dire qu’il ne savait pas qu’en acceptant sa proposition il pourrait en apprendre tellement plus sur tellement de choses l’était davantage encore, il ne se soumettrait quand même jamais à une telle association. Pas sans poser ses termes. Pas sans être sûr que l’autre comprenne ce qu’il désirait, et qui il était.
Il resterait un esprit libre. Il n’était pas un simple pion qu’un grand seigneur pouvait venir cueillir pour en faire ce qu’il souhaitait. Le jour où il estimerait en avoir assez appris, celui où il en aurait marre de ses jeux ou celui où il trouverait mieux pour lui-même qu’une vie d’errance, il ne faudrait pas s’attendre à ce qu’il reste tranquillement et suive des ordres stériles. Il vivait sa vie pour lui-même à présent, pas pour les autres. La seule personne pour qui il aurait pu abandonner tout rêve n’était plus. Il n’irait certainement pas perdre sa liberté pour un homme qu’il connaissait à peine, et s’était déjà joué de lui tant de fois en quelques heures à peine. Il aurait été un idiot de se rallier à lui sans un mot de plus.  

« ...Alors n’attendez aucun serment de ma part. Je préfère encore mourir seul sur la route à cause de mon ignorance. »

Il le lui avait déjà dit : il était un homme de parole. Il ne ferait jamais de promesse qu’il savait ne pas pouvoir tenir. Que ce fut à lui, l’étranger venu piétiner ses racines pour mieux les lui dévoiler, ou à quiconque d’autre se présenterait sur son chemin. Donc non, il ne se joindrait pas à lui, si c’était ce que l’on attendait de lui.


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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyVen 4 Juil 2014 - 15:55




«That's your choice.»



« Et vos bâtards ? De combien d’années disposent-ils ? »

Le fermier le coupa.  Et à cette question, le rôdeur resta muet un instant, surprit mais également songeur. Puis fronçant les sourcils, il déclara.

-C’est à eux d’en décider.

Pour les plus nobles des hommes et femmes de Numénor, la mort était bien souvent un choix. Ils décidaient, entre guillemets, de mourir et  ainsi quitter ce monde quand le moment leur semblait bon. Parfois, certains par lassitude, d’autre par amour, certains encore par devoir, pour laisser la place à leurs héritier. Il ne savait pas lui-même combien d’années il lui restait à vivre. Surement plus qu’Alensil, mais encore, il ne pourrait pas les quantifier. Et l’idée de choisir le jour de sa mort, avait quelque chose d’assez intrigant. Pour l’instant il ne se voyait pas vraiment mourir.  Cette pensée, lui était assez répugnante. Il avait toujours maudit la mort. Et il était certains de ne jamais pouvoir réellement la considérer comme un cadeau.

OoOoO

Assis à table, ses couverts devant lui, considérant de son regard gris orage le jeune fermier, Arador, gardait le silence. Il n’avait plus rien à ajouter. La messe était dite, et c’était désormais à Alensil de s’exprimer. Le rôdeur lui avait proposé un autre chemin, à lui de voir si cela lui convenait, à s’il était prêt à s’y lancer. Ce serait pour sûr une route difficile, pas forcément agréable, mais c’était celle qui lui était venue à l’esprit sur le moment. Peut-être n’était-ce pas la meilleure. Mais comment pourrait-il le savoir, lui qui était né pour servir. Il n’avait jamais vraiment eu le choix qui était offert à Alensil. Fuir ses responsabilité, il y avait déjà pensé, maintes fois. Mais l’image de son père, cadavre sanguinolents dans ses bras, murmurant ses derniers mots à son oreille,  lui revenait toujours en tête, le rappelait durement à ses devoirs.

« Non. Je ne désire pas faire partie des vôtres, Arador. »

Comme un couperet la réponse tomba, nette.  Appuyé contre le dossier de sa chaise, le regard franc, et fixé sur lui, le jeune homme venait de se décider. Et si Arador eu ce petit pincement au cœur que pouvait toujours procurer un refus, il n’en montra rien, et continua à observer Alensil sans mot dire. Il était toujours difficile pour lui de se voir refuser quelque chose.  La dernière fois que, quelqu’un n’avait pas jugé bon de lui dire oui, avait refusé d’accéder à une simple requête… des morts avaient suivies. Dont celle de son père.  Celui lui rendait le refus et le rejet particulièrement amer à entendre. Il était certain pour lui qu’Alensil serait beaucoup plus en sécurité auprès de son peuple, que seul dans l’immensité de la terre du milieu. Seul face à tous les dangers qu’elle pouvait receler. Face aux ténèbres d’endroits toujours plus dangereux. Qu’avait-il vu de ces terres en dehors de son village, et de Lond Daer. Le monde était beaucoup plus vaste que cela. Et lui, qui pourtant avait déjà maintes années de vies derrière lui, n’avait pas encore tout vu.

« Ma mère n’est plus, en effet. Et la ferme ne m’appartient plus désormais. J’ai déjà fait mon choix. »

Suivant du regard le geste d’Alensil, le rôdeur laissa son regard tomba sur un baluchon posé nonchalamment au pied d’un lit modeste.

« ...Je pars demain. »

Le garçon semblait bien décidé. Mais savait-il seulement ce qui l’attendait au dehors ? Que savait-il de la nuit ? Des loups ? Des brigands ? Des orcs ?  Si l’idée qu’il se faisait de la terre du milieu résidait dans les notes de voyages qu’il avait dû lire et relire maintes, fois, il aurait quelques désagréables surprises. Mais ce n’était pas à Arador de le lui faire remarquer.  Il ne serait pas écouté de toute façon. Il avait bien trop entamé la confiance du garçon, pour que celui-ci veuillent encore prendre le temps de l’écouter. Il voulait partir, il était prêt à partir. Prêt à marcher sur les grandes routes, visiter les villes des hommes, rencontrer du monde. Voir du pays comme diraient certain. Il avait la vie devant lui…mais encore faudrait-il qu’il sache la conserver cette vie. Et c’était de cela dont Arador doutait. Le garçon, boitait. Et cela, n’importe qu’elle racaille de Bree un temps soit peu observatrice, le remarquerait.  Savait-il se servir d’une épée ? D’un arc ? D’un couteau ? Ou d’une arme quelconque ? Si non, alors il courrait de graves dangers tôt ou tard. De l’avis du rôdeur, le jeune homme serait sage, de vérifier ses capacités à se débrouiller seul dans la nature, à survivre à une situation périlleuse, avant de se lancer dans une telle aventure.

« ...Mais je ne serais jamais l’un des vôtres. Pas si pour ça, je dois devenir cet homme qui abandonne sa famille pour obéir à vos… »

A cela, Arador ne put réprimer un rictus. Le gamin n’était pas stupide, et cela avait de quoi lui plaire. Même s’il restait assez déçu par le refus que lui avant soumis le garçon, il n’en restait pas moins qu’il l’aurait trouvé bien stupide d’accepter ainsi sa proposition sans poser la moindre question.  Le geste de la main ainsi que la moue du garçon ne firent qu’ajouter un plus à son hilarité. Enfin…une hilarité qui ne dura qu’un temps. Car bien qu’il trouva la réponse du garçon pleine de bon sens, qu’il accable ainsi son père, n’était forcément pour lui plaire. D’accord celui-ci l’avait abandonné lui et sa mère. Mais pour qu’elles raisons ? Cela, lui-même l’ignorait. Mais il se doutait bien que ce n’était pas simplement par désintérêt ou par amour du devoir. Il devait y avoir autre raison, et cette raison seule la mère et le père du garçon, la connaissait. Mais pour la leur arracher, il faudrait que ceux-ci ne soient pas morts… La vérité rendue inaccessible par la mort.

Certes leurs lois et leurs codes pouvaient sembler particulièrement durs à un regard extérieur. Mais c’était ce que leurs ancêtre leurs avaient légués. Et même si Arador ne les acceptaient pas forcément. Qui était-il pour les changer.  Il était encore bien jeune pour la plupart de ses compatriotes, et pour certains, il n’y avait pas de salut autrement que dans la mission confié par un passé révolu. Voilà ce qui tuait son peuple à petit feu. La passé. Les dunedains ne se projetaient pas assez dans l’avenir. Toujours à louer le passé, à penser au présent, mais jamais aux lendemains. Pourtant si certains d’entre eux avaient des dons de prescience, n’était-ce pas pour voir plus avant. Mais encore une fois, même s’il aurait voulu y changer quelque chose, comment passerait-il outre l’avis de ses conseillers. De plus il avait trop de responsabilité qui pèseraient sur lui au cas où il se tromperait. Il aurait des vies entre ses mains, et chaque erreur pourraient lui en couter beaucoup trop. Ils s’éteignaient. Doucement, mais surement. Et ce n’était pas lui qui irait accélérer le processus. Aussi leurs lois, et leurs missions, resteraient telles quelles, jusqu’à ce qu’il ait la certitude de pouvoir y remédier sans gaspiller de vies.

« ...Alors n’attendez aucun serment de ma part. Je préfère encore mourir seul sur la route à cause de mon ignorance. »

Un léger sourire aux lèvres, bien que ses yeux restèrent froids, le rôdeurs se prit à admirer la détermination du garçon. D’un certain point de vue, il était bien plus sage que ne pourrait le laisser suggérer son âge. Mais après tout, il avait surement vécu des choses qui l’avaient forcé à grandir. Et c’était d’ailleurs ainsi que l’on devenait un homme. En surmontant les épreuves, et en apprenant de ses erreurs.  Cela, Arador s’employait à le faire chaque jours un peu plus. Et même si pour certaines part de son passé, le pardon restait difficile à imaginer, ils n’en restaient pas moins indispensables pour soulager son esprit. Il ne pourrait pas se projeter plus loin dans  l’avenir s’il ne parvenait pas à pardonner. Mais pour le moment, il se complaisait à éviter ces sujets douloureux. .

-Si c’est ton choix, je n’ai rien à y redire. Seulement, ceci…trouve toi un compagnon de voyage qui sache se battre, et chasser, qui sache également soigner blessures et maladies, comme ça au moins tu éviteras de mourir, seul sur la route à cause de ton ignorance. Et si toutefois un jour tu cherche un abri, ou de l’aide, demande des nouvelles du vent du Nord, peut-être aura-tu de la chance de tomber sur un de nos amis.

Il aurait voulu ajouter quelque chose aussi par rapport à sa jambe, mais finalement s’arrêta là. Il devinait que c’était un sujet plutôt sensible, et que le conseiller là-dessus, surtout maintenant, ne serait pas forcément judicieux. Il préférait le laisser méditer ses paroles.

-Sur ce, je pense que le souper est prêt et ne demande plus qu’à être servi.

Il mettait ainsi la discussion entre parenthèses. Surement pour mieux la reprendre plus tard.





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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyMar 12 Aoû 2014 - 19:35


Quand il est temps
►Feat. Arador

Il n’avait pas pu louper le rictus qui s’étala sur la face d’Arador. Pour autant, il tint ses positions. Au contraire même, il les affirma plus fermement encore, assurant qu’il préférait mourir idiotement plutôt que de lui prêter un quelconque serment, rejetant en bloc non pas ce qu’il était en tant que personne, mais ses règles et les divers principes qu’il ne connaissait pas vraiment mais qui allaient assurément de pair avec une entrée dans son clan. Cela aurait pu mettre un peu plus encore le feu aux poudres, raviver les tensions qui existaient déjà clairement entre eux et ce depuis le début même de leur rencontre, mais Arador fit preuve de retenue. Ou peut-être n’était-il tout simplement pas vexé, comprenait-il son point de vue ou l’acceptait-il en tant que tel. Quoi qu’il en soit, la réponse qu’il prononça ne fut pas celle à laquelle s’attendait le garçon (non pas qu’il s’attendait à quelque chose de précis, mais….).

Le fermier fut surpris des mots choisis, presque sages et amicaux, et plus particulièrement des derniers. « Nos amis »... Alensil avait eu beau le rejeter, rejeter ses règles du moins, Arador parlait comme s’il le comptait tout de même comme l’un des leurs, lui qui n’avait jamais été inclus, n’avait jamais fait véritablement parti d’un tout, d’un clan, d’une famille en dehors du simple duo honteux qu’il formait avec sa mère. Ce n’était pourtant pas faute d’en avoir rêvé plus d’une fois… La plupart des saisonniers étaient de braves gaillards, certains lui avaient appris nombre de choses, mais le plus souvent ils ne restaient que quelques lunes tout au plus, et ne revenaient pas toujours l’année suivante.
Sa réaction avait peut-être (sûrement) été impulsive, tout comme elle était plus qu’assurément en désaccord avec ses désirs les plus profonds, mais elle n’en était pas moins réfléchie. Il ne pouvait rien promettre aujourd’hui qu’il n’était pas certain de pouvoir tenir demain. Il ne désirait pas se lier sans savoir dans quoi il mettait les pieds. Il ne pensait pas que partager un peu de sang avec quelqu’un faisait nécessairement de lui quelqu’un d'adapté à ce que le dùnadan attendait de lui, ou voulait dire qu’il faisait partie des leurs. Les rapports humains n’étaient pas basés sur la seule notion de lignée, ou du moins ne devraient pas l’être à ses yeux. Rien ne disait qu’il se plairait à ses côtés. Rien n’assurait qu’ils n’allaient pas s'entre-tuer, comme ils en avaient déjà eu envie plus d’une fois en une seule soirée. Il y avait encore des myriades de choses à considérer pour qu’il puisse réellement s’estimer être l’un des leurs, être accepté, être à sa place avec eux.
Malgré cela, malgré un refus peut-être brutal, Arador lui offrait une aide hypothétique, pour l’avenir. Une promesse qui n’était peut-être que du vent, mais qui était prononcée avec soin et considération. C’était bien plus que ce que le jeune homme aurait pu espérer ou demander en premier lieu.

Au final, ces simples paroles, qui sonnaient comme plus réalistes, plus honnêtes, eurent pour effet de calmer l’orage qui planait encore en son coeur. Il hocha la tête, silencieux, en guise de remerciement muet à son encontre, autant pour cette main tendue que pour le simple adjectif possessif qu’il avait utilisé malgré tout le reste. Quant à tous les autres conseils prononcés précédemment, même s’ils étaient loin d’être bêtes, Alensil ne pouvaient guère les appliquer. Pas que ce fut contre sa volonté, mais il n’avait tout bonnement pas de compagnon avec qui voyager, expérimenté ou non. Arador était à vrai dire le seul à être au courant de ses plans d’escapade. Ou plutôt, le seul à s’y être intéressé, disons. Et le jeune homme venait juste d’exprimer son refus de vouloir gonfler ses rangs, donc...

« Sur ce, je pense que le souper est prêt et ne demande plus qu’à être servi.»

Le jeune fermier se leva sur la suggestion d’Arador, dont il ne doutait pas une seule seconde que le but était plus de clore la discussion en cours que de soulager un ventre affamé. Il ramena le pot de cuivre qui avait continué de chauffer lentement pendant que les deux hommes échangeaient, nullement gêné par sa jambe traînante, et posa le récipient à même la table de bois épais, sans se soucier le moins du monde d’y laisser une éventuelle marque. Il avait toujours fait ainsi jusqu’à présent, aussi loin que sa mémoire remonte. En silence, il leur servit deux bonnes louchées de soupe chacun, réservant l’os auquel s’agrippait encore un tout petit peu de viande dans une troisième assiette, qu’il laissa à terre pour la chienne. Il partagea également une boule de pain, pour alourdir un peu ce repas frugal, ou ni fromage, ni vin, ni dessert ne venait orner la table. Mais Alensil se refusait à s’excuser du peu qu’il avait à offrir.
Le souper se passa dans ce calme silencieux, l’esprit d’Alensil vagabondant ici et là, retournant se loger dans les notes de son père ou ressassant quelques un des mots qu’Arador avaient prononcés un peu plus tôt. Quand ils eurent terminés, ce qui fut vite fait, il débarrassa et alla nettoyer leur vaisselle rapidement avant de la ranger avec soin, comme s’il était encore possible que l’on vienne lui reprocher d’avoir mis tel objet dans le placard de gauche alors qu’il devait aller dans celui de droite. Quand ce fut fait, il avisa le soleil qui commençait à disparaître à l’horizon, et alla chercher dans la chambre de sa mère sa lampe à huile en terre cuite, pour la donner à son visiteur :

« Le jour diminue. »

En temps normal, il aurait été sage de ne pas chercher à rester éveillé trop tardivement, mais il n’était plus utile de chercher à économiser la mèche, Arador pouvait s’en servir s’il le souhaitait. Pour sa part, Alensil savait qu’il valait mieux pour lui ne pas veiller trop tard, car une longue route l’attendait le lendemain.
Il retourna donc auprès de sa couche, et retira ses chausses et sa chemise pour ne garder que ses braies, se mettant à l’aise pour la nuit sans se dévêtir plus que nécessaire pour autant. Il remonta même légèrement le vêtement sur sa hanche, cachant la cicatrice qui y remontait et fouilla ensuite dans ses affaires pour en extraire ses précieux feuillets. S’installant sur son lit pour les parcourir une nouvelle fois, ses lèvres formaient parfois les syllabes couchées sur le papier sans qu’aucun son n’en sorte pour autant. Il ne devait pas oublier, car plus personne ne serait là pour lui rappeler quels étaient les mots qui étaient sous ses doigts à présent, si la mémoire venait à lui faire défaut. Son index retraça une ligne de la carte qu’il examinait. Il hésitait toujours : devait-il remonter le Gwathlò en direction du Nord, ou au contraire descendre en direction du Gondor ? Il ne savait quelle région serait plus susceptible d’avoir besoin de bras, et donc de lui offrir un travail ou un autre pour quelques temps. Le jeune fermier jeta alors un oeil du côté de son voisin :

« Dans quelle direction voyagez-vous ? »

Non pas qu’il souhaite s’imposer, surtout pas après avoir refusé de devenir l’un de siens. Mais les mots d’Arador sonnaient encore à son oreille. Peut-être pourrait-il lui porter encore conseil, même si Alensil était frustré de devoir faire appel à lui, et ainsi, étaler encore son ignorance.

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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyDim 12 Oct 2014 - 17:54




«That's your choice.»



L’intermède que ce frugal repas créa fut plus que le bienvenu. Ils mangèrent en silence leur soupe, chacun perdu à ses pensés, portant à ses lèvres sa cuillère, religieusement. S’il n’y avait ni pain, ni vin, ni dessert de quelque sorte que ce soit, ce n’était surement pas Arador qui allait s’en plaindre. Cet eau parfumée où flottait quelques légumes, ressemblait grandement à ce qu’il pouvait manger parfois, lorsque les vivres venaient à manquer ou que la chasse était mauvaise. Sur la route, subissant les aléas de la nature, et ne s’arrêtant que rarement pour camper, ses repas se trouvaient bien souvent raccourcis. Aussi c’était une grâce qu’il puisse dîner ce soir, même simplement.  Non loin, Anca elle non plus ne se faisait point entendre, rongeant consciencieusement son os, charmante attention du maitre de maison. Les yeux de celui-ci, penseurs.

Le souper achevé, leur hôte débarrassa prestement leurs assiettes et couverts, pour ensuite les nettoyer tout aussi rapidement. Pour le peu qu’il y avait à faire, cela ne prit pas de temps, et très vite les plats retrouvèrent leurs places d’origine, dans un petit placard en bois. Puis, tournant son regard vers l’horizon, le jeune homme sembla s’informer de la course du  soleil vers l’horizon. Arador suivant son regard, avec flegme et détachement, nota lui aussi cela. Le jour baissait, et la lumière bientôt, laisserait place aux ténèbres dans un cycle perpétuel. Le fermier, alla alors chercher ce que le rôdeur reconnu comme une lampe à huile faite de terre, somme toute rudimentaire, mais qui semblait-il faisait bien son office.

« Le jour diminue. »

A cela, Arador hocha distraitement de la tête, signifiant son assentiment. Prenant la lampe lui étant tendue, il le déposa à côté de lui, ne sachant quoi en faire, tandis que le jeune homme s’en alla vers sa modeste couche. Il y retira ses chaussures, sa chemise, ne gardant sur lui, que ses braies. Du coin de l’œil, le rôdeur se surprit à l’observer, et le trouver plutôt bien charpenté, et pas aussi maigre qu’il aurait put le croire aux premiers abords. Certes il n’avait pas la carrure d’un véritable  guerrier, mais, pas non plus les côtes saillantes d’un crève-la-faim. Il entrait, une autre catégorie, impossible à définir clairement. Aussi lorsqu’Alensil remonta sur sa hanche, son vêtement, loin de cacher sa cicatrice, cela attira le regard scrutateur d’Arador qui n’en plus que plus intrigué. Néanmoins par politesse, ayant déjà suffisamment offusqué son hôte pour la soirée, l’homme ne dit rien, se contenter d’observer. En silence.

A côté de lui, sa chienne, couchée au sol, avait à peu près la même posture que son maitre. Sa tête canine, tournée et fixée sur chacun des mouvements du jeune fermier. Silencieuse, elle aussi. Elle dressa les oreilles au bruit du papier qu’il tira de son pantalon. Une fois allongé, celui-ci se mit à lire surement pour la centième fois les lettres, aux récits tracés à l’encre noire, seule chose que lui ait légué son père…Enfin pas exactement. Il lui avait laissé aussi un héritage, un peuple auquel il pouvait se rattacher, et une famille en quelque sorte. Mais cela, Arador le garda pour lui, observant, son regard indéchiffrable, les traits d’Alensil.

Le garçon, de prime abord, n’avait guère de ressemblance avec les dunedains du nord. Ceux-ci, ne voyant guère de soleil, avaient, la peau plutôt pâle, une chevelure sombre et des yeux gris ou bleus selon la famille. Ils étaient grands, plus grand que les simples hommes, et possédaient des traits d’où perçaient une certaine finesse.  En comparaison, Alensil, lui avait une peau halée, surement héritée de sa mère ou résultant de nombreuse heure de travail dans les champs.  Les yeux sombres, marron ou gris il n’aurait su le dire exactement, des cheveux de noirs jais,  une taille moyenne, même pour les hommes de la région, et puis ce visage si différents de ceux de son peuple. Pour se souvenir vaguement d’Ohir, son fils n’avait gardé que peut de chose de lui. Les cheveux ? Les yeux ? Le caractère peut-être ? Difficile à dire. Après, ce n’était pas d’une importance capitale, il en fit donc abstraction.

Devant lui le fermier repassait du doigt une ligne sur les cartes dessinées par son père. Et sur ses lèvres se formaient quelques mots qu’Arador ne chercha pas à déchiffrer. Il préférait ne plus se mêler des affaire du jeune homme désormais. Il en avait déjà suffisamment fait. Aussi il resta muet, peu décidé à aller se coucher, gratouillant affectueusement la tête de sa fidèle amie.  Ce n’était pas pour autant qu’il ne tentait pas de deviner ce que pouvait avoir en tête Alensil. Car même si il ne lui avait rien fait promettre contre sa volonté, il n’allait pas pour autant le laisser partir ainsi au petit bonheur la chance, à l’aventure, sans un minimum s’assurer de sa sécurité et de ses intentions. Et puis il y avait cette claudication qui l’intriguait. Il n’était pas rassuré quant à l’autonomie véritable du jeune homme. Car un boitillement comme celui-là pouvait vous laissez croire que vous étiez capable de faire des choses, de vous débrouiller seul, alors que la vie en solitaire et sur les routes exigeait d’une jambe, autrement plus de choses. Des choses qu’il ne pourrait peut-être pas faire. Et alors il lui faudrait un compagnon pour l’aider, sécuriser ses arrières, ou encore lui ouvrir un chemin. C’était plus compliqué que simplement prendre quelques affaires, vendre ses biens, et partir d’un bon pied au petit matin. D’autres choses rentraient en compte. Aussi, il fut presque satisfait de voir le garçon lui jeter un coup d’œil incertain, avant de lui demander :

« Dans quelle direction voyagez-vous ? »

Automatiquement, il aurait put répondre « Vers le nord » mais quelque chose en lui, lui disait que ce n’était pas exactement ce que le jeune homme voulait savoir. Alensil ne voulait pas forcément le suivre. Et donc cette question, bien qu’elle s’adresse à lui, était mal formulée. Elle ne s’intéressait pas forcément à sa destination, mais plutôt aux destinations possibles qu’il pourrait prendre. Et à cela, Arador n’avait que peu de choix à lui proposer. Il avait certes beaucoup voyagé, mais n’était jamais descendu au sud des terres du Riddermark. Il connaissait les noms des villes et royaumes s’y trouvant, mais jamais il n’y avait mis les pieds. Certains rôdeurs partis en mission là-bas, lui en racontaient les détails, mais, c’était toujours autre chose que de les vivre.

-Je pensais remonter vers le Pays de Bree et faire un arrêt à Combes. Mais si ce que tu cherche est un travail, alors peut-être vaut-il mieux pour toi, alors à Bree, ou alors à Edoras…toutefois…

Alors qu’il réfléchissait un instant, le dunedain fouilla dans une de ses poches, d’où il sortit une pipe en bois rudimentaire. Le rodeur la tapota sur la table à manger pour en sortir les cendres, et y bourra de l’herbe à pipe, pur produit de la Comté. Après un repas, c’était devenu l’un de ses petits plaisirs coupables. Et il comprenait l’attachement des hobbits à ce produit merveilleux. Dans un geste presque cérémonial, il alluma sa pipe, et en extirpa quelques vapeurs.

-..Toutefois je pense que les villes du sud, telles Osgiliath, Dol Amroth ou encore Minas Tirith, ont de quoi contenter même les plus gourmands. Autrefois, j’aurais put te recommander la ville de Dale…mais étant donné son état actuel –il lâcha trois petits cercles de fumée-…inutile d’y songer.





Dernière édition par Arador le Mer 22 Oct 2014 - 16:40, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyLun 20 Oct 2014 - 0:27


Quand il est temps
►Feat. Arador

Le rôdeur ne sembla pas intéressé par la lampe qui lui était tendue, mais Alensil préférait être prévoyant et ainsi, il avait donné tout ce qu’il lui fallait s’il désirait rester éveillé une fois l’obscurité tombée. Il se prépara ensuite pour la nuit, veillant à remonter son pantalon afin de ne pas faire étalage de ce qui restait sa plus grande difformité, même si la plus grande part était bien à l’abri des regards, fort heureusement. Il cru sentir le regard de son invité sur lui et tenta de ne pas paraître gêné, feignant de ne se rendre compte de rien tout en entendant la voix de l’homme résonner dans sa tête “J’ai passé l’âge de m’effaroucher de la nudité.”. Il voyait encore son corps nu au milieu de la pièce, certain qu’il s’agissait là d’un défi. Mais il ne se prêterait pas à ce jeu-là, désolé. Fort heureusement, Arador ne releva pas. Ainsi, tout resta calme et le jeune homme tenta de se décider sur la direction à prendre le lendemain matin. La demeure était silencieuse, le feu de bois crépitant légèrement dans l’âtre, quatre yeux fixés sur lui dont il fit abstraction pour un temps avant de rouvrir la conversation, désirant un conseil afin de le conforter dans son idée.

Le pays de Bree, c’était le village au coeur de la vallée au milieu de l’Eriador. Ca, il le savait. Combes en revanche n’était pas indiquée sur sa carte qui restait, il faut le dire, assez grossière. Arador semblait avoir lu dans ses pensées, ou compris ses intentions car il ne s’arrêta pas à sa seule destination, et indiqua ensuite quelques pistes utiles pour un jeune homme cherchant du travail. Bree, encore, ou Edoras. Celle-là se situait dans la chaîne de montagnes au sud, dont il retraça les contours avant de s’arrêter sur le petit rond qui était évoqué. Songeur, il ne pressa pas son interlocuteur qui s’était arrêté, sa phrase en suspend, mais le regarda bourrer sa pipe avant de l’allumer, intrigué par l’odeur qui s’en dégageait et qu’il ne reconnaissait pas.

Mais quand son visiteur reprit finalement, l’air parfaitement satisfait de son herbe à pipe, Alensil n’était pas certain de savoir ce qu’il voulait dire. Les gourmands ? Il ne tenait pas particulièrement à se faire exploser la panse à un banquet -bien qu’il ne dirait pas non s’il était invité- et il ne visait pas non plus à obtenir fortunes incommensurables, si c’était là une image allant dans ce sens. Il se retint de demander un éclairage cependant, ne désirant pas particulièrement avoir l’air bête. La suite en revanche éveilla sa curiosité malgré lui, et il demanda aussitôt :

« Son état actuel ? »

Dale… Sa main bougea à nouveau sur le feuillet qu’il tenait, ses yeux sombres cherchant sur la carte un instant, mais, incapable de déchiffrer réellement les symboles qui y étaient apposés, il ne put y trouver de réponse quant à l’emplacement de cette ville. Elle ne devait probablement pas y figurer cependant, sinon il s’en serait souvenu, de la même façon qu’il avait retenu les autres noms couchés sur le papier.

Quoi qu’il en soit, son esprit s’égarait encore, trop curieux de nature qu’il était, et il se fustigea bientôt. L’important n’était pas de satisfaire ce désir de connaissance qui le rongeait, mais bien de rendre concrète l’envie d’ailleurs qui deviendrait bientôt réelle et surtout, d’y survivre au mieux. Et, comme Arador l’avait si bien deviné, cela passait déjà par un travail. Car même s’il possédait actuellement une bourse bien chargée, Alensil était un jeune homme qui avait les pieds sur terre. Cela ne suffirait qu’à le faire subsister pour un temps donné, et il lui fallait proposer ses services contre rétribution s’il ne voulait pas tout dilapider et finir sans le sou prématurément. Ainsi donc, il valait mieux pour lui se concentrer sur Bree ou encore Edoras. A vol d’oiseau, la distance le séparant de ces deux villes semblaient être sensiblement identique. Mais la cité rohirrim se situait de l’autre côté d’une chaîne montagneuse. Peut-être y avait-il un passage aménagé mais ce n’était probablement pas un obstacle à sous-estimer, d’autant plus lorsque l’on était, comme lui, ignorant de la vie sur les routes. En cela, Bree semblait plus accessible : remonter le Gwathlò jusqu’à la route qui serpentait ensuite jusqu’à la bourgade. Bien entendu, il restait difficile de se faire une idée correcte de la chose à partir d’une telle carte et le fermier en était conscient. Quand il eut finalement pris sa décision, toute chose considérée, il laissa échapper d’un air songeur :

« Je pense également aller vers Bree... »

Mais il se sentit obligé de se justifier sur son choix, pour affirmer qu’il ne désirait pas aller à Bree uniquement parce que c’était dans cette direction qu’Arador lui avait dit se diriger. Ainsi, il ajouta immédiatement (peut-être un peu trop rapidement pour que cela ne passe inaperçu, d’ailleurs) et surtout d’une voix plus nette, se redressant légèrement :

« Pour le travail ! Ca me permettra de me familiariser avec la route avant de vouloir franchir des montagnes et puis, je suis curieux de voir des hobbits et la Comtée est juste à côté. »

Il ne mentait pas, néanmoins : il y avait parmi ses notes une sorte de croquis de petit bonhomme joufflu et rond accompagnée d’annotations diverses (croquis qui était bien plus de l’ordre de la franche caricature que du dessin réaliste, ce qu’un homme éduqué aurait deviné). Ce petit peuple lui semblait charmant et il était curieux -encore une fois, décidément !- de le découvrir par ses propres yeux, lorsque le temps serait venu. Apparemment ils vivaient dans des trous ronds enterrés sous terre, et Alensil avait du mal à s’imaginer la chose. Etait-ce un peu comme les cités naines, creusées à même la roche des montagnes ? Mais ne nous égarons pas...

Le jeune fermier se racla ensuite la gorge, quelque peu gêné et appréhensif. Car s’il tenait à se justifier de son choix pour en pas donner l’impression qu’il avait… quoi d’ailleurs ? Peur, besoin d’un autre pour le guider ? Peut-être un peu des deux, il serait tout de même idiot de laisser filer la possibilité de voyager en compagnie de quelqu’un d'expérimenté quand elle se présentait.

« Si cela vous... Enfin, si ça vous est égal... »

Il ne savait pas trop comment exposer sa proposition, aussi évidente soit-elle. Après tout, n’était-ce pas Arador lui-même qui lui avait parlé de destinée en parlant de leur rencontre ? S’il le croyait vraiment, peut-être consentirait-il à ce qu’ils partent ensemble au petit matin. Même si Alensil avait refusé de faire partie des siens... Il avança finalement la seule chose qu’il avait à offrir afin que cela soit, peut-être, plus intéressant pour le rôdeur :

« J’ai quelques vivres en réserve, prévus pour le voyage. Nous pourrons les partager sur la route. »

Le fermier supposait en effet qu’il risquait sinon de le juger simplement comme un poids inutile, qui le retarderait.

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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyMer 22 Oct 2014 - 16:38




«That's your choice.»





« Son état actuel ? »

A cette question, Arador répondit par un regard énigmatique noyé derrière un voile de fumé. Dans son esprit, une image de la  cité en ruines, glacée, s’imposa. Il repensa aux écrits mentionnant la ville comme prospère et luxuriante, bénéficiant du commerce avec Erebor. Aussi quelque part dans son esprit, il se fit la réflexion qu’en réalité, même si Smaug n’avait pas attaqué la cité, et s’était concentrée uniquement sur le trésor de Thror, Dale aurait tout de même perdu de sa superbe et serait devenue une ville vivant dans l’angoisse permanente de voir la bête ressurgir. Il n’était pas particulièrement étonné qu’Alensil n’ai eu vent de la destruction de Dale par Smaug le Doré. Il n’était peut-être pas né à l’époque. Et même, une vie de fermier, dans la misère et la survie, ne devait guère laisser de temps à l’apprentissage de l’histoire de la terre du milieu. Oh, surement connaissait-il quelques contes locaux, mais que savait-il des elfes, de nains, des dragons, ou même des orcs…C’était pourtant des choses qui l’attendaient si jamais il se mettait à parcourir les routes. Amusé par le réflexe du jeune homme d’aller fouiller dans les notes de son père, Arador toutefois se tut, et le laisser chercher en silence. Il avait pris la résolution inconsciente de ne plus trop se mêler des affaires du garçon. Chat échaudé craint l’eau froide comme diraient certains.

Toutefois le destin semblait en avoir décidé autrement, car –et ce n’était pas une surprise en y réfléchissant bien- le jeune homme semblait se diriger dans la même direction que le Dunadan. A cela Arador prit la peine de masquer de sa main tenant sa pipe, le petit sourire qui lui venait aux lèvres. Un sourire qui s’étira un peu plus lorsque le jeune fermier répliqué vivement :

« Pour le travail ! Ca me permettra de me familiariser avec la route avant de vouloir franchir des montagnes et puis, je suis curieux de voir des hobbits et la Comtée est juste à côté. »


Ah, donc il connaissait tout de même les hobbits et la Comtée, du moins de nom. Il était fort probable que ces connaissances lui viennent des écrits de son père. Il n’y avait pas réellement porté attention mais il se souvenait avoir distingué le croquis d’un petit bonhomme grassouillet, très joufflu, à l’air débonnaire. Il était certain qu’il y avait là un certain humour, les hobbits pour la plupart ressemblant à des hommes comme eux, la taille et les pieds exceptés. Et puis c’était sans parler de leurs habitats bien étranges mais pleins de confort, et de leurs espérances de vie, de loin supérieur à celle de simples humains. Mais tout ça il aurait le temps de l’apprendre si, comme il disait le vouloir, ses pas le menaient vers ces gens sommes toute charmants. Un peu simples et insouciants, mais charmants.  Et puis il paraissait qu’ils faisaient la meilleur bière de la terre du milieu, couplez cela à une herbe à pipe tout à fait exceptionnelle, et la Comtée apparaissait alors comme un petit paradis.

Le raclement de gorge gênée du fermier, son regard, sa posture, et puis ses récentes prises de paroles, tout cela titillait Arador, qui sentait intérieurement que le jeune homme avait quelque chose à lui demander. Encore…oui encore, car apparemment, il n’était plus aussi repoussant qu’il avait put l’être plus tôt.

« Si cela vous... Enfin, si ça vous est égal... »

Dans la voix du garçon se percevait une certaine appréhension, mêlée aux hésitations présente dans ses dires. Le dunadan lui, ne bougeait pas, une main tenant sa pipe fumante, l’autre gratouillant par instant, la belle tête au pelage gris perle de sa chienne. Son regard toujours fixé sur Alensil, oscillait néanmoins entre le rire, et l’expectative. Il fixait le garçon, comme en attente de quelque chose, bien qu’en réalité, il n’attende absolument rien de lui qu’il n’ait déjà eu. Ou presque. Certes, il avait reçu le gite, le couvert, et un bain modeste mais agréable. Il avait même eu l’opportunité d’obtenir des informations –contre la volonté de son hôte bien entendu- qu’il n’aurait put avoir autrement. Et même si sa proposition avait été rejeté, il n’en restait pas moins chanceux, et conscient de l’être. Accessoirement, dans son esprit, une image lui vint à la vue du jeune homme hésitant. Il se rappelait lui-même avoir été de nombreuse fois dans cette situations de vouloir demander quelque chose à un autre, mais d’avoir peur de ses propres mots, d’hésiter. Cette pensée le mena irrémédiablement à se remémorer les plus jeunes années de sa vie, mais surtout le visage qu’il avait tant honni –en vain- de son tuteur.  Se morigénant mentalement, il chassa ces images de son esprit.

« J’ai quelques vivres en réserve, prévus pour le voyage. Nous pourrons les partager sur la route. »

Arador saisissant ces mots prononcés avec précautions, eut la surprise de se sentir ravi. Il était heureux que le jeune homme soit enclin à partager avec lui quelques chose, même pour ne serait-ce qu’un moment. Il ignorait pourquoi, malgré son attitude, malgré ses paroles, le garçon ne semblait pas vouloir lui tenir rancune plus longtemps. Ou alors il était intelligent et ne comptait pas laisser passer une telle occasion de pouvoir voyager avec une sorte de guide, et un peu plus en sécurité que s’il était partit seul. Surement avait-il vu son épée, et son arc, en déduisant qu’il savait sans nul doute en faire usage.  Mais qu’importent ces spéculations. La générosité du garçon, lui qui n’avait déjà pas grand-chose mais proposait de lui donner dans ce qu’il avait, le touchait bien plus qu’il n’aurait put l’admettre. Il avait rarement croisé de gens aussi généreux. Il se dégageait de lui une espèce de fraicheur. Un vent qui semblait pouvoir chasser un peu de sa morosité. Peut-être était-ce la jeunesse, et la curiosité d’Alensil qui, provoquant chez lui des réactions franches et entière, l’attendrissait.

Cela faisait longtemps que lui-même n’était plus jeune. Il avait beau avoir l’air d’un homme dans la force de l’âge, avec une trentaine bien tassée approchant doucement de la quarantaine, il n’en restait pas moi bien plus âgé que le fermier. Aussi avait-il déjà vécu bien des choses. Il ne se prévaudrait pas du monopole de la souffrance, mais il devait se l’avouer, sa vie n’avait pas été simple. La vie d’un rôdeur l’était-elle jamais ? En outre, cela faisait un temps presque trop long, qu’il n’avait pas eu de compagnon de voyage. Sa chienne et son cheval étaient des âmes aimables et des compagnies l’empêchant de rum lui procurant une part d’affection importantes pour sa santé psychique…, mais quelque part l’interaction avec l’humain lui avait toujours manqué. Par ailleurs, il ne faisait pas bon d’être seul en ces temps de plus en plus troublés.

Aussi le dunadan n’établissait pas de plan futurs pour le garçon. Il pouvait se montrer opportuniste, mais pas au point de trahir sa parole parce que l’occasion se présentait. Sinon il aurait put envisager de mener le garçon vers leurs campements dans le nord sans son consentement, vu qu’il ne connaissait pas la route vers Bree, et le faire rejoindre le siens de force. Mais ce serait tellement vicieux, qu’il ne se l’imaginait même pas.  Pour l’instant, il était encore sous le coup de la générosité –intéressée bien sûr mais si peu que l’on pourrait l’oublier- d’Alensil pour se poser la question de savoir comment  se formerait leur duo temporaire.

Le garçon savait-il se battre ? Savait-il faire le guet ? Faire un feu ? Chasser ? Pourrait-il marcher sur de longues distances si jamais les chevaux venaient à leur faire défaut ? Et tant d’autres questions qui vinrent l’assaillir après qu’il eut répondu positivement à la proposition du garçon en ces mots.

-Nous pourrions les partager en effet …Mais je compte me rendre en ville aux aurores pour m’approvisionner… gardez donc vos provisions entière Alensil, vous en aurez besoin bien plus que vous ne le pensez. Je me contenterais des miennes.

Relâchant une fumerolle qu’il tenta de moduler en oiseaux sans succès, le rôdeurs resta un moment silencieux, les questions de tantôt tournoyant lentement dans son esprit. A ses pieds déjà Anca commençait à s’endormir, ne réagissant plus du tout à ses caresses. Lui-même commença à sentir poindre une vague de sommeil. Il pourrait la combattre si il se savait sur les traces d’un groupe d’orc ou alors en milieu hostile…mais sur l’heure, il bénéficiait du toit d’Alensil et d’une couche qui –bien que modeste- serait un lit de plume pour lui qui n’avait plus connu que la terre et les arbres depuis un temps déjà. Une dernière bouffée tirée, Arador éteignit sa pipe, et se leva en s’étirant.

-Demain, j’aurais besoin de vérifier certaines choses pratiques. Des choses indispensable pour que notre voyage se passe dans les meilleurs conditions possibles. Mais sur l’heure, je vous souhaite de passez une bonne nuit, les prochaines ne seront peut-être pas aussi douillettes.

Un dernier sourire mi-moqueur, mi-bienveillant, et l’héritier d’Isildur, après quelques pas, se laissa tomber nonchalamment dans la couche prévue pour lui. Il aurait voulu ne pas s’endormir tout de suite, au cas où Alensil aurait d’autres questions, mais à peine fut-il confortablement installé, sa ventre plein,  la lampe à huile éteinte, sa chemise ôtée, que le sommeil  l’attira dans ses filets, lui tirant un bâillement.






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MessageSujet: Re: Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé]   Quand il est temps de partir [Arador] [Terminé] - Page 2 EmptyVen 24 Oct 2014 - 21:42


Quand il est temps
►Feat. Arador

Quand il questionna Arador à propos de l’état de Dale, Il n’eut pas droit à une réponse. Peut-être s’était-il montré finalement trop curieux, trop pressant. “N’embête pas les adulte, Alensil” Il en aurait sourit s’il n’était pas occupé à se fustiger pour cela. Le silence retomba donc, tandis qu’il inspectait sa carte, prenant finalement sa décision pour le lendemain ; un choix qui tournait dans son esprit depuis déjà plusieurs jours mais qui était enfin posé.
Même s’il se serait refusé à l’avouer, dire que le fait de savoir qu’Arador allait également dans cette direction n’avait pas légèrement influencé son choix serait probablement mentir. Il tenta néanmoins de se justifier, ne désirant pas donner l’impression qu’il avait besoin d’une quelconque aide,  encore moins celle de celui qu’il avait envie de rouer de coups une heure à peine auparavant, de celui dont il avait refusé de joindre le groupe, la cause.
Arador n’avait pas réagi, continuant de fumer sa pipe avec calme, flattant la chienne couchée à ses pieds d’un air tranquille, parfois songeur. Alors, le fermier avait été obligé d’aborder le sujet d’un éventuel voyage conjoint. Un peu gêné, pas franchement attiré par la perspective de se faire rabrouer, mais il avait tout de même tenté sa chance, offrant au dunadàn de partager les quelques vivres qu’il avait lui-même mis de côté. C’était une compensation comme une autre pour l’ennui qu’il pourrait causer par sa présence. C’était aussi tout ce qu’il avait à offrir (ou presque mais il ne pensa pas une seule seconde à sa bourse, peu habitué à avoir une telle somme. Quand bien même, rien ne dit qu’il aurait offert une compensation financière pour autant.).

Le rôdeur avait semblé surpris de sa proposition. Cependant, il l’avait aussi balayée du revers de la main dans la seconde. Ou du moins, c’est ainsi qu’Alensil l’avait compris, quand il lui répondit préférer aller en ville pour s’approvisionner. Même si cela n’était pas dit méchamment, loin de là. C’était même beaucoup plus doux que la façon dont il avait lui-même refusé sa proposition un peu plus tôt. Mais les faits étaient là : il pouvait garder ses provisions, il irait chercher les siennes. Ainsi, ils partiraient chacun de leur côté, le jeune homme prenant le temps de dire adieu à sa ferme avant de se lancer sur les chemins. Arador ferait quand à lui un détour par la ville. Peut-être se croiseraient-ils plus tard sur la route, seul l’avenir le dirait.
En guise de réponse à cette nouvelle, Alensil se contenta d’hocher légèrement la tête : aussi déçu qu’il fut, il ne pouvait pas laisser filtrer son dépit aussi facilement. Après tout, il ne pouvait rien lui demander de plus. Il devrait plutôt s’estimer heureux d’avoir obtenu quelques réponses sur lui-même dans toute cette agitation. Un peu chagriné tout de même, il rangea soigneusement ses papiers dans le tiroir de sa commode, à côté de lui, tandis qu’Arador restait toujours aussi impassible sur son fauteuil.
Mais le jeune homme fut rapidement détrompé, comme son invité reprenait la parole, explicitant ses activités du lendemain avant d’évoquer “leur” voyage. A dire vrai, cela le fit même relever la tête de surprise, tant il ne s’y attendait pas. Considérant la chose, un sourire se faufila sur ses lèvres. Il n’y avait rien de plus à discuter pour le moment, ils auraient tout le temps pour cela le lendemain et dans les jours qui suivraient ; de plus, leurs couches les attendaient.  Il se contenta dond de répondre, simplement :

« Bonne nuit, Arador. »

Il ne tarda pas à se glisser sous les couvertures à son tour.
Dehors, le vent soufflait contre les murs et les dernières lumières du soleil ne seraient bientôt plus qu’un souvenir, emportant avec elles ce jour étrange. Le fermier ferma les yeux, se répétant ce qui avait été dit, afin de ne pas oublier toutes les choses qu’il avait appris, denses en informations, et songeant à ce qui l’attendait le lendemain. Il plongea lentement mais sûrement dans un repos profond et réparateur, où nul cauchemar ne vint le déranger, mais une pointe d’excitation se manifestait parfois dans son sommeil.
Car le lendemain, ce serait sous les yeux du grand voyageur qu’était Arador qu’il sortirait son épée de l’armoire et la passerait à sa ceinture avec sourire fier -niais- sur le visage. Ils iraient en ville une dernière fois et cette fois, il ne regarderait pas du côté de la boulangerie, laissant enfin le passé au passé pour regarder vers l’avenir. Car il était finalement temps de partir.


> On the road


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