Between light and shadow (Selen & Murtagh)

Between light and shadow

Selen & Murtagh

Le grand moment était enfin arrivé. Le jour de la remise à 0 des comptes, le jour de La Vengeance. Murtagh pouvait entendre son cri en lui, rugir plus fort que le tonnerre, plus puissant que tous les éléments réunis. La haine déferlait en lui comme un furieux torrent, démentiel, sauvage, qu'aucun barrage n'aurait su contenir. Le sang noir dans ses veines bouillonnait comme une lave en fusion. Lui qui n'avait jamais rien eu, on lui avait arraché les dernières personnes qui avaient eu la bonté de voir au delà de son faciès affreux. Niché dans les profondeurs de ses songes, il n'avait jamais pu oublier cette journée sanglante. Les années n'apprivoisaient pas sa rage, au contraire, elles l'alimentaient ne lui laissant aucun répit. Il se l'était juré, il lui avait promis, à elle, gamine innocente au regard épuré que la mort avait dévoré avec voracité. Il avait su que ce qui lui restait de bon en lui s'était éteint en même temps que la vie derrière la façade de ses yeux. Animé d'une fureur animale, primitive, il avait ôté la vie à ces brigands sans leur laisser la moindre chance de survie. La douleur du moment mêlée à la rage de sa vendetta lui avait redonné goût à cette douce extase que seul les effusions de sang savaient lui offrir. Pourtant, leur mort ne l'avait pas rassasié, il sentait toujours la faim, ce désir ardant de représailles s'enflammer en lui. Il ne comprenait toujours pas qu'un groupe de brigands ait ciblé ce petit hameau en particulier, dénué de richesses, habité que par le vieux tisseur, sa famille et lui-même. Depuis cet incident, Murtagh n'eut de cesse de se demander si sa présence dans ce hameau n'était pas la raison de leur intervention. La curiosité malsaine qu'il représentait inspirait bien des craintes et il ne comptait plus ses ennemis, il ne serait pas surpris que ces brigands aient accepté un contrat dans lequel sa tête était mise à prix. Le semi-orc se mit alors en quête de traquer et d'anéantir le moindre partisan de ce cercle de malandrins jusqu'à leur chef à qui il réservait un traitement très spécial.

Ses efforts avaient porté leur fruit et comme il se l'était promis, les têtes tombèrent les unes après les autres jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une. Il lui aura fallu faire preuve de patience et de détermination mais les raisons qui l'encourageaient n'auraient su l'essouffler. Il avait remonté sa trace du Rohan jusqu'à Gondor après que Murtagh ait mit son repaire de voleurs à feu et à sang. Murtagh avait continué, toujours plus près de celui qui avait réveillé le monstre en lui. Pas une seconde il ne le laissa souffler, le traquant, l'épuisante et l'étourdissant jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. La chasse touchait à son terme et cette nuit verrait le règne du chef du gang du "Soleil Noir"prendre fin. La piste conduisit le semi-orc jusqu'aux portes d'un bordel qui, si d'extérieur n'éveillait aucune libido, avait de quoi satisfaire le client le plus exigent une fois les portes franchies. Le visage dissimulait par un voile qui ne laissait apparaître que ses deux orbes verdâtre, la créature poussa la porte battante. Ainsi vêtu, il s'assurait de ne pas semer la panique par son physique disgracieux. Sa nature mystérieuse attira les femelles humaines qui se ruèrent vers lui vantant leurs atouts, aussi complices que rivales entre elles. Certaines combinèrent même leurs idées en lui proposant des plans dans lesquels il serait plus de deux histoire d'inviter leur nouvel arrivant à toutes les tentations possible mais le semi-orc demeura interdit et immobile, les yeux brûlants à la fois de haine et de luxure. L'instinct bestial en lui ne pouvait pas être plus excité qu'en cet instant où la débauche et le désir de tuer s'entrelaçaient inextricablement. Aussi nombreuses, tentatrices, variées et talentueuses soient-elles, malheureusement pour lui aucune n'étaient à sa mesure et n'auraient su répondre à ses appétits particuliers. Les orcs  mêlaient le sexe et le sang dans leurs ébats, poussant les plaisirs de la chaire à un paroxysme que peu d'humains (ou sinon les plus masochistes) étaient à même de supporter. Il alla à la rencontre de la gérante qu'il séduisit avec une bourse chargée de pièce d'or. Elle lui adressa tout d'abord un regard interloqué que Murtagh éclaira en plaçant simplement un index à l'endroit où, derrière son foulard, se trouvait sa bouche. Un nom s'échappa de ses lèvres et un seul regard en direction de l'étage de la part de la gérante dénonça sa localisation. Plissant le regard, il l'invita à garder le silence et à tourner le regard sur la véritable origine de sa présence en ces lieux. Un sourire entendu et un mouvement approbateur du menton sous entendait que Murtagh avait le champ libre. Il la remercia d'un clin d'oeil avant de gravir l'escalier en spiral qui menait à l'étage et pendant qu'il entamait son ascension, les caresses et avances de ces dames tentaient de le détourner de sa destination, déterminées à élucider cet étrange et attirant mystère voilé. En réalité, dans ses refus, Murtagh leur rendait service en leur épargnant l'affreuse découverte de sa gueule d'épouvantail et épargnant leur corps bien trop fragile à ses assauts.

Sa démarche était lente, préparée, mesurée comme s'il dégustait chaque instant, ses hanches roulant comme un chat. Il l'avait poursuivit comme un loup affolé et maintenant qu'il le tenait enfin, il voulait prendre tout son temps pour lui faire rendre gorge. Il arriva enfin devant la porte d'où s'échappait divers bruits. Ne se doutant guère que sa cible se faisait chahuter par une rivale gênante, le rejeton de Morgoth se contenta d'afficher un rictus effroyable pensant le laisser savourer ce qu'il pensait être ses derniers instants de plaisir avant qu'il ne consomme le sien. Quand il ouvrit enfin ce qu'il crut être l'ultime obstacle entre lui et sa victime, la scène dont il fut témoin le laissa aussi stupéfait que désappointé. Une femme à demi nue que l'absence de vêtement dénonçait des étrangetés physique sur son corps qu'il n'aurait su lui-même expliquer. La pâleur lunaire de sa peau tranchait avec le rouge carmin qui barbouillait à la fois ses lèvres et ses joues et à en juger par la charpie ensanglantée à ses côtés, il doutait qu'il s'agisse là d'un artifice cosmétique. Qui était-elle ? Qu'était-elle ? D'où venait-elle ? Non, ce qu'il devait savoir en premier lieux c'était la raison pour laquelle elle avait entamé ce qui devait être SA vengeance. Murtagh fusilla l'étrange créature aux allures innocentes mais impures qui, fondue dans ce tableau horrifique, ajoutait sa touche de morbidité à cette ambiance malsaine. Il ôta son fouloir, dévoilant ainsi son identité tout aussi sinon plus insolite. Cette nuit honorait le bal des monstres et chacun l'était à sa manière.

-Cet homme est à moi ! Eloigne toi de lui si tu ne veux pas subir le même sort qui l'attend...Il y a trop longtemps que je le traque pour te laisser tout ruiner.

Murtagh s'était exprimé avec fermeté même si on pouvait nettement y déceler une note suppliante dans son timbre. Il ne voulait aucun mal à cette jeune femme mais si elle l'y poussait, il n'hésiterait pas s'en prendre à elle.

made by black arrow