Sujet: Entre songes et réalité [solo] Ven 2 Jan 2015 - 13:20
It was just a -bad- dream
Cela avait commencé comme un murmure au milieu de la nuit, à peine perceptible. Un élancement léger dans sa jambe droite, bien connu, habituel, mais qui s’était fait progressivement de plus en plus aiguë. Son esprit avait tenté de repousser la douleur qui se manifestait ainsi, troublant son sommeil, mais il n’était pas parvenu à ses fins. En lieu et place d’un apaisement, ses songes, traîtres, lui avaient plutôt rappelé les sabots qui le piétinaient encore et encore et les cornes qui déchiraient sa peau. D’un simple élancement, sa tête avait bientôt ramené à lui tout un supplice. Ses chairs s’ouvrant, ses os se brisant, les plaies devenant purulentes en l’instant pour mieux lui faire se souvenir le martyre qu’il avait enduré.
Et puis, il s’était réveillé.
Réveillé avec un gémissement de douleur au bord des lèvres, qui refusa pourtant de sortir. Ce fut le premier signe d’alarme avant qu’un claquement sec ne se fit entendre derrière lui et qu’il ne cherche à se redresser, la panique revenant à la charge immédiatement. Mais son corps ne semblait pas vouloir répondre, et la peur le prit tout entier alors qu’il observait le plafond de bois au-dessus de lui, ses poutres apparentes. Il était incapable de bouger, incapable de crier pour prévenir sa mère du danger. Sa mère… la pensée le fit paniquer un peu plus encore sur le moment, mais cela ne fit qu’augmenter d’avantage le sentiment d’oppression qui le tenaillait. Déjà immobilisé, il se mit soudain à proprement suffoquer, sentant comme un étau se resserrer sur lui. Il se trouvait à nouveau broyé, écrasé, comme une variante inédite de ce jour maudit mais il était pourtant dans son lit, loin de tout pâturage, loin de toute bête, et il ne comprenait pas. Et plus il tentait de se débattre, moins il semblait parvenir à respirer. Un nouveau bruit sec se fit entendre et il crut perdre la raison en même temps que la vie. Car sans souffle, il périrait bientôt. Sans avoir pu se défendre. Sans avoir su si sa mère allait bien.
Une lueur attira son regard mais il ne put tourner la tête pour réussir à voir qui approchait. Il tenta une fois de plus de crier sans y parvenir et les pas légers qui s’approchaient de lui le tétanisèrent… jusqu’à ce qu’une voix bien connue ne se manifeste : « Alensil ? » Une main douce se posa bientôt sur son bras et le simple contact de ces doigts sur sa peau le fit sortir de son étrange paralysie. « Ca va ? Tu as mal ? » La voix d’Esselt trahissait une profonde inquiétude mais le jeune garçon ne put répondre immédiatement, hébété, retrouvant à peine son souffle et l’usage de son propre corps. Il fit un signe négatif de la tête, pour tenter de la rassurer « Ca va. » Alensil se redressa pour venir contre la poitrine de sa mère, trouvant les battements réguliers qui y résonnaient réconfortants. Elle caressa ses cheveux avec douceur, le berçant doucement contre elle. Elle avait déjà oublié la soif qui l’avait réveillée, préférant s’occuper de son fils, sa seule famille. Quand il sembla plus calme, elle l’éloigna un peu d’elle pour le regarder avec sérieux « Tu dois me dire si ça ne va pas. J’irais chercher le guérisseur. » Mais aussi jeune qu’il était encore, il savait qu’ils ne pouvaient se le permettre. La dernière intervention du rebouteux, si elle lui avait sauvé la jambe et probablement aussi la vie, avait bien failli les affamer en contre partie. Il secoua la tête et lui fit un sourire rassurant, presque angélique. Il ne s’agissait que d’un cauchemar, rien de plus.