To make a new friend - ft Loìn, Raeryan et Taràk

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Depuis combien de temps la Compagnie était-elle partie ? Des jours, des semaines, des mois ? J'en avais perdu le compte mais en réalité je le tenais sur un parchemin, pour ne pas l'oublier. Me répéter le chiffre précis encore et encore, inlassablement, était juste trop douloureux et je ne pouvais passer mes journées devant mon écritoire à compter les jours depuis leur départ.. depuis son départ. Les journées s'étiraient et me paraissaient presque interminables tant j'étais dans l'attente, mais je savais que leur voyage serait long et que nous n'aurions pas de nouvelles avant des semaines, des mois, si nouvelles il y aurait. Oui, je ne pouvais décemment pas les passer ainsi, à me morfondre quand la vie ne s'était pas arrêtée, quand elle poursuivait son cours comme un torrent dévalant la montagne. J'avais mis mes parchemins sous clés, ne les sortant que pour y transcrire mes pensées, les gardant hors de portés d'un quelconque regard indiscret. L'histoire du brouillon m'avait servie de leçon et plus jamais je ne prenais le risque de laisser mes affaires à la vue de tous, au risque de les voir arriver dans d'autres mains.
Mes joues se teintèrent légèrement en repensant à la façon dont je l'avais découvert, la honte me submergeant comme une déferlante et pourtant. Pourtant je ne regrettais rien, pas après cela. Le destin n'avait-il pas porté ce courrier jusqu'à lui ? Mon cœur s'emballait chaque fois que j'avais une pensée pour lui, que je sentais ses mains chaudes pressant les miennes, que je voyais ses yeux d'un bleu profond dans mon esprit. Un regard qui n'avait nul pareil, pas même le ciel bleu qui s'étendait à l'infini dans le ciel. Son regard qui ne m'avait pas quitté avant qu'il ne franchisse ces portes, le regardant s'éloigner jusqu'à ce que de ma vue, il disparaisse. Un frisson me parcourut entièrement et je portais mécaniquement ma main à ma poitrine où reposait sa chevalière, accrochée à une petite chaîne précieusement gardée à mon cou. Bien que je sois maintenant parvenue à l'âge adulte, elle demeure trop grande pour mes doigts et je retombe en enfance chaque fois que je l'essaye, prise d'une soudaine nostalgie, le souffle coupé d'un soupire.
Oui, il me tarde de le retrouver mais chaque pensée que j'ai pour lui me mène à en avoir une pour sa sœur. Elle qui a vu partir tant son frère que ses fils pour rester seule avec nous. J'ai pensé lui rendre visite bien des fois mais jamais je n'ai osé franchir le pas de peur de m'engager sur un geste déplacé. Toutes les paroles que je pourrais avoir à son encontre ne sauraient combler le vide qu'elle doit elle-même ressentir, pas même mes quelques mots de réconfort. Alors je me contentais d'une pensée, en espérant qu'elle recevait les rares ondes d'encouragement dont j'étais encore capable, les seules dont je disposais. En ces temps sombres où nos plus valeureux guerriers s'en étaient allés, ne devions nous pas partager nos peines et nous soutenir moralement ?

J'avais abandonné le matin même mon parchemin dans le coffret fermé à double tour sur ma petite table d'écriture avant de me lever lourdement de ma chaise pour entamer cette journée, priant pour qu'elle ne soit pas aussi longue que la dernière. L'activité battait son plein dans mes appartements, ou plutôt, les appartements de mon père. Je faisais de mon mieux pour le côtoyer au minimum et une fois n'est pas coutume, je m'arrangeais pour me tenir occupée. J'avais prévu quelques affaires de mon côté mais il restait le cas de Loin, qui ne pouvait pas traîner dans mes jupes et encore moins dans les jambes de mon père.
Lorsqu'il était arrivé ici il y a plus d'un mois de cela, quelque temps avant cet Appel lancé par notre Roi, je lui avais promis, à lui ainsi qu'à Raeryan, qu'il pourrait aller lui rendre visite quand bon lui semblait et ma parole valait de l'or, à défaut de faire loi. C'était la journée idéale pour rendre visite à la guérisseuse qui saurait égayer nos cœurs de son rayonnement naturel pour nous rendre le sourire, comme elle sait si bien le faire. J'appréciais beaucoup la naine au caractère léger quoique bien affirmé et je tendais à la voir comme une amie, pour le peu que j'en possédais. Elle était d'une agréable compagnie, bien que nous n'ayons eu que très peu l'occasion de discuter toutes les deux. Je la voyais souvent quand j'emmenais Loin lui rendre visite et je ne souhaitais pas m'immiscer entre les deux pour briser leur complicité. J'aimais me dire que le petit nain ressentait autant d'affection à mon égard qu'il en montrait à cette naine, autant que j'en avais pour lui.

Les appartements de la guérisseuse étaient un peu éloignés des notre et il nous prit un peu de temps pour y arriver, marchant tranquillement main dans la main. J'aimais sentir sa petite main chaude, parfois gluante, dans la mienne et la serrer pour ne plus la lâcher, de peur de le perdre. Je m'étais énormément prise d'affection pour Loin depuis qu'il était arrivé dans la demeure de mon père, comblant un vide affectif en moi. Il réveillait dans ma pauvre personne un instinct maternel que je n'aurais jamais cru avoir, peut-être un brin sur-protectrice à son égard, mais je ne pouvais décemment souffrir de le voir en peine et encore moins en proie aux même tourments que m'infligeait mon père. Sur le chemin, j'en profitais pour lui faire quelques recommandations, lui expliquant que j'avais plusieurs choses à faire avant de revenir le chercher pour rentrer. Je lui demandais plusieurs fois d'être sage, comme si la première fois n'avait pas été suffisante, avant d'ajouter que je demanderais sans doute quelques conseils à notre amie commune dans le cadre médical, un message que je voulais qu'il lui transmette, même si je comptais le lui dire en arrivant.
Une fois près de chez elle, je sentis le petit nain s'agiter et ne put qu'espérer qu'il se montrerait sage plutôt que turbulent. Il était normal pour lui d'être aussi excité à l'idée de la revoir après tout ce temps, j'avais moi-même hâte de la retrouver. Je laissais l'enfant frapper à la porte, l'enjoignant d'un sourire accompagné d'un petit signe de tête affirmatif après avoir lâché sa main pour le libérer de mon emprise.

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Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Pas de nouvelles, bonne nouvelle ! C’est ce que l’on dit habituellement, et bien pour une fois ce n’était pas une mauvaise chose de ne pas avoir de blessés à soigner. Outre qu’un petit bobo d’une fillette naine mais qui avait eu don d’inquiéter ses parents, personne n’était venu pour demander ses soins. Du coup, Raeryan avait pu passer sa matinée avec Taràk et tous deux s’étaient consacrés à la décoration de sa chambre et à l’élaboration de cookies. Ils en avaient fait plus que d’habitude car l’après midi venu, Loìn allait passer pour rester un petit moment ici. Raeryan était heureuse de le revoir, tout comme elle était heureuse de pouvoir présenter les présenter mutuellement. Un peu plus de bonheur dans sa maison ne lui ferait pas de mal, au vu qu’elle se sente malade ces temps-ci. Elle avait d’ailleurs commencé un traitement pour l’aider à se détendre d’avantage et calmer les crampes, reniant encore d’où venait ce mal être qu’elle ressentait et ce malgré la merveilleuse présence de Taràk à ses côtés. Cela semblait fonctionner, du moins lorsqu’elle était avec lui, elle n’avait pas le temps de se poser la question savoir si elle allait bien ou pas puisque la réponse était oui, en définitive. En combinaison avec la petite bouille de Loìn, l’après midi serait joyeux et enclin à laisser derrière soi toutes ces inquiétudes qu’elle éprouvait et qui l’épuisaient.

Jusqu’à ce début d’après midi, les choses étaient allées ainsi, Raeryan en avait encore mis de partout et Taràk l’avait aussi aidée à nettoyer sa cuisine alors qu’ils avaient eu de sacrés fou-rires. Qui a dit que les batailles de farine c’est du vu et du revu ? D’ailleurs ils avaient fait l’erreur d’être bien habillés au moment de la préparation des cookies et une fois recouverts de farines ils n’avaient plus qu’à trouver d’autres vêtements à mettre ! Elle avait préparé Taràk à la visite de Loìn, en lui indiquant qui il était, d’où elle le connaissait ainsi de d’autres petites informations sur lui qui pourraient probablement faire en sorte que tout de passe bien entre eux même si le contraire l’aurait beaucoup étonnée. Puis arriva le moment tant attendu, alors que Taràk et Raeryan se trouvaient dans le salon en train de dresser les cookies dans des assiettes et de tout préparer, la cloche sonna à l’entrée. Raeryan adressa deux vifs signes à Taràk pour lui indiquer de continuer pendant qu’elle allait ouvrir.

Ainsi elle se redressa et s’empressa d’aller ouvrir, en espérant qu’il s’agisse vraiment de Loin et Meruva. Ah ! Meruva ! Sa belle aura était aussi guérisseuse que n’importe quelle décoction et malgré qu’elles ne se voient pas aussi souvent que Raeryan le souhaiterait c’était toujours un plaisir de pouvoir échanger ne serait-ce que quelques mots avec elle. Depuis ce jour où elle l’avait rencontrée, fiévreuse, il s’était créé un lien d’amitié entre elles. Avec ou sans la présence de Loìn, la guérisseuse aurait quand même cherché à la revoir car elle est d’agréable compagnie et sa simplicité a quelque chose de rafraichissant. En dehors de Dìs, Raeryan n’avait pas réellement l’occasion de côtoyer des nains ou même de s’en faire de grands amis. Ho ; il n’est pas non plus dans son caractère d’avoir besoin d’être constamment entourée d’innombrables personnes, cependant Raeryan se plaisait à penser que Meruva serait heureuse de compter parmi son entourage le plus proche. C’est alors avec un immense sourire qu’elle les avait accueillis tous les deux, offrant une accolade à son amie et déposa ensuite un baiser sur la joue de Loìn, visiblement en forme et content de venir jusque chez elle.

Raeryan était heureuse de voir qu’elle avait eu raison d’avoir confiance en Meruva en ce qui concernait Loìn car malgré les événements pour lui il semblait s’en remettre correctement. C’est du moins ce que trahissaient ses petites joues rosies, témoignant d’un bon état de santé général. Elle n’avait même pas besoin de vérifier ni de l’ausculter et de toute manière là n’était pas l’objet de leur visite. En saluant les deux nains, la guérisseuse prit de leurs nouvelles en les laissant entrer. Malheureusement Meruva venait simplement déposer Loìn en ayant d’autres affaires à régler et Raeryan lui demanda alors comme une faveur de rester un peu plus longtemps lorsqu’elle reviendrait chercher le petit nain. Il y a des regards qui se ternissent ces temps-ci et ce depuis un certain départ. Meruva n’y avait pas été insensible tout comme elle et c’est en discutant autour d’une bonne tasse de thé que le cœur pourra s’en aller plus léger. Raeryan avait d’ailleurs lourdement insisté au travers de ses larges sourires et lorsqu’elle réussi à obtenir la réponse souhaitée, la guérisseuse se pencha vers Loìn.

« Je parie que tu es déjà au courant ! »

Les nouvelles se font suffisamment vite au sein du royaume pour que l’on entende parler de cet enfant muet qui se trouvait désormais sous la responsabilité de la naine et qu’il y resterait dans la mesure où il n’avait personne d’autre. Loìn n’était donc pas sans savoir qu’aujourd’hui était un jour très spécial pour elle puisqu’ils allaient pouvoir se rencontrer et qu’elle était persuadée qu’entre eux tout allait merveilleusement bien se passer. Elle n’aurait pas pu espérer meilleur ami que Loin pour Taràk, pas parce qu’ils sont tous les deux passés sous sa protection mais parce qu’ils avaient tous deux rencontrés des moments difficiles et qu’en plus d’être vraiment sympathiques, cela ne pourrait que les rapprocher.

Ce dernier était encore dans le salon, Meruva qui resterait probablement plus longtemps en revenant ne traina pas davantage et Raeryan referma ainsi la porte sur sa silhouette une fois qu’elle eu salué son petit protégé. Il connaissait déjà la maison ainsi elle lui laissa tout le loisir d’aller seul dans le salon pour aller saluer Taràk pendant qu’elle rangeait ses affaires.

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A new encounterLa journée était particulièrement paisible et comme le disait souvent Raeryan, ce n'était pas plus mal de ne pas avoir de patient, cela lui avait au moins permis de profiter d'elle plutôt que de la partager avec d'autres. Le petit nain aimait passer du temps seul à seule avec la guérisseuse, il ne s'ennuyait jamais avec elle et il ne manquait de rien, certainement pas d'affection. Bien entendu, il y avait eu cette petite fille qui s'était fait mal mais c'était trois fois rien, même s'il comprenait que ses parents soient inquiet. Elle était plutôt mignonne la petite fille et Taràk était parti se cacher en rougissant après l'avoir aperçue, s'enquérant tout de même de sa santé une fois qu'elle soit partie, légèrement inquiet lui aussi. Il ressentait un petit pincement au cœur à voir ce couple soucieux du bien être de leur fille, se rappelant ses propres parents, mais la sensation ne dura pas très longtemps grâce à la présence de Raeryan.
En l'absence d'autre occupation moins agréable, ils avaient décoré sa chambre. De taille modeste, elle était tout de même assez spacieuse à son goût -beaucoup plus que ce qu'il avait connu jusque là- et bien équipée. Tout ce dont un enfant aurait pu rêver, Taràk y compris. Il n'avait certes pas passé sa première nuit dans son nouveau lit, préférant rester avec Raeryan, mais il n'en était pas moins touché par l'intention de la naine à son égard et le soin qu'elle avait apporté à la petite pièce. Or, il était temps de la personnaliser. Raeryan pensait que ce serait une bonne chose pour lui, de se l'approprier et elle connaissait son affaire. Après tout, elle était assez grande pour s'y connaître et les adultes ont toujours raison. Taràk n'avait pas été expressément emballé par l'idée au début, se disant qu'elle serait bien assez décorée avec le temps, mais il cherchait toujours à faire plaisir à la naine, d'autant plus que l'activité suivante consistait en la confection de cookies.
Ah.. les cookies. Ces petites douceurs sucrées.. le petit nain aurait pu en manger jusqu'à s'en rendre malade, après tout, il vivait chez son médecin. Il aimait beaucoup aider à la cuisine, mettre la main à la pâte, étant très manuel à l'origine. La cuisine le laissait donner libre court à son imagination et libérait son esprit de tous les soucis qui auraient pu l'accaparer. Mais, ce qu'il aimait le plus dans la cuisine, c'est qu'il pouvait grignoter en même temps et prenait donc un malin plaisir à voler des petits bouts de pâte qu'il faisait disparaître dans sa bouche avec un petit air mutin. L'autre côté amusant dans les cookies, c'était qu'on pouvait leur donner n'importe quelle forme qu'on voulait, pas seulement rond. C'était bien trop commun, des cookies rond, un peu d'imagination et cela les rendait beaucoup plus amusants à manger. Alors il en fit de toutes les formes, des ronds, des ovales, des carrés, des losanges et plus encore, même en forme d'animaux, même en forme inconnue. Il avait donc passé une très bonne matinée en compagnie de la naine chère à son cœur qu'était Raeryan, cette naine qui l'avait sauvé bien des fois de lui-même comme du reste.

La naine lui avait annoncé qu'ils allaient avoir des invités, enfin un invité en particulier. Ce n'était pas une visite de courtoisie, ni une visite médicale, mais la visite d'un petit garçon qui avait été à sa place avant lui et qui aurait pu y rester comme lui. Il l'avait écouté patiemment en ruminant dans sa tête, la curiosité le saisissant. Avec la description qu'elle lui en faisait, la curiosité allait en grandissant et il avait hâte de faire sa connaissance, voyant en ce petit nain un potentiel futur copain. Bien sûr, entre Raeryan qui ne savait pas cuisiner sans se salir et la bataille de farine qui avait eu lieu au milieu des cookies, il leur avait fallu d'abord tout nettoyer et aussi se changer, parce que se présenter couvert de farine à une nouvelle personne serait d'un drôle d'effet. Enfin, peut-être que Loin connaissait cette particularité de Raeryan, cette capacité d'en mettre partout quand cela touchait à la nourriture, et qu'il avait lui aussi fait une bataille de farine avec elle, mais Taràk ne le connaissait pas, lui. A cette idée, son cœur se pinça légèrement, à la fois de jalousie et d'appréhension.

C'était visiblement l'heure. Alors qu'il aidait Raeryan à dresser les cookies sur des assiettes dans le salon en attendant leur arrivée, des coups furent portés à la porte. Aussitôt, elle s'empressa d'aller ouvrir lui demander de rester derrière pour finir ce qu'ils faisaient. Mais même si elle lui avait demandé de rester à finir de préparer, la curiosité s'était faite trop grande et il arriva derrière elle pour voir les invités. La naine darda son regard sombre sur lui avant de s'adresser à la guérisseuse, prise dans une accolade. Raeryan se pencha ensuite pour embrasser un petit nain de sa taille, à peine plus vieux que lui et tout aussi chétif, que Taràk reconnu tout de suite. Et il en fut extrêmement intimidé, se souvenant de l'Appel durant lequel il était intervenu. Il se cacha automatiquement derrière la jupe de la naine, jetant un regard timide de côté. Alors, n'y tenant plus, sans esquisser le moindre geste pour les saluer, il se rua dans le salon pour terminer son petit travail, regardant avec anxiété dans la direction de l'entrée.
Le jeune nain ne tarda pas à faire son entrée et Taràk chercha mécaniquement la présence réconfortante de la guérisseuse qui n'arrivait pas. Elle lui avait longuement parlé de lui mais elle n'avait pas dit que c'était lui.. enfin, il n'avait jamais fait le lien entre le nain qu'elle lui décrivait et le nain courageux qui s'était dressé contre tous à l'Appel. Taràk était intimidé, curieux, envieux, jaloux.. trop d'émotions pour son petit cœur alors il tendit brusquement l'assiette de cookies vers lui, se mordant la lèvre inférieure en le scrutant en silence. Une entrée maladroite en matière de connaissance.

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Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Loìn avait été fou de joie en apprenant qu’il allait passer la journée avec Raeryan, sa chère amie qui faisait de délicieux cookies qu’elle partageait avec tout le monde, même avec les murs et ses vêtements ! Enfin tout cela pour dire que quand Meruva lui avait fait part de cette idée, le petit avait eu du mal à ne pas montrer sa joie, pour que sa protectrice ne se sente pas blessée ou ne se mette à penser que peut-être, oui peut-être, il lui préférait encore la soigneuse et ne se sentait pas chez lui ici. Surtout qu’il se sentait comme à la maison, ils avaient fait tout pour cela… mais surtout, ça prouvait aussi que sa nouvelle ‘maman’ ne lui en voulait plus pour le coup des moutons. Han ! Et si Rae’ en parlait quand il allait arriver ? Cette idée en tête, Loìn mettait un petit moment à lui rendre son étreinte, les joues rouges par la joie et ce souvenir gênant, avant de hocher la tête à sa question. Il savait bien qu’un autre petit garçon vivait ici maintenant, il avait même été un peu jaloux au départ, craignant que ce dernier vienne à prendre la place et qu’il ne puisse plus venir. Meruva avait écouté ses peurs et s’était montré patiente pour lui faire comprendre que ce n’est pas parce qu’un autre petit avait besoin de son aide que lui n’était plus aimé, il avait boudé, un peu, avant de se dire qu’après tout… il n’était pas le seul à avoir le droit d’accaparer Raeryan et puis… il était en bonne santé maintenant, aucun doute que l’autre enfant allait bien s’en tirer avec elle.

En parlant de l’autre enfant, ce dernier se cachait derrière la jupe de Raeryan, tout comme Loìn en faisait parfois de même avec Meruva, mais il n’eut pas le temps de dire ‘Bonjour’ que l’enfant – plus jeune à première vue – s’était sauvé et disparaissait de son champ de vision. Est-ce qu’il avait fait quelque chose de mal ? Est-ce qu’il avait eu une expression pouvant intimider à ce point l’autre enfant ? Une moue passait sur son visage et après avoir enlacé une dernière fois Meruva, Loìn entrait pour trotiner vers le salon pendant que Raeryan faisait quelques petits rangements de son côté. L’enfant était là, il ne savait pas encore son prénom, ce qui était assez embêtant, il ne pouvait pas l’appeler : ‘Hey !’ ou ‘Machin’… ce n’était pas poli du tout. Arrivé donc dans la pièce où il avait réapprit à vivre après l’Accident, le regard de Loìn se posait sur sa rencontre du jour, il avait l’air gentil, mais l’assiette qui se trouvait brusquement tendue dans sa direction lui interdisait toute approche envers le plus jeune. Quelles émotions le traversaient maintenant ? Est-ce qu’il le détestait déjà ? Timidement, Loìn esquissait un sourire et tendait la main vers l’un des gâteaux, ils avaient l’air bons, lui rappelant l’époque où lui-même en faisait ici aussi. Un coup d’œil à la forme lui fit esquisser un sourire et tenter quelques mots pour briser la glace :

« Il est marrant lui, il a une forme de lapin. C’est toi qui l’as fait ? »

Avec appétit, le petit brun croquait dans le gâteau et fermait les yeux en soupirant de joie. C’était délicieux, pile comme il les aimait ! La preuve, il engloutissait tout le reste, les joues gonflées et rouges de la joie qui l’habitait d’être ici. L’autre enfant semblait toujours aussi tendu en le voyant, de quoi contrarier le brun qui se laissait tomber dans un fauteuil et balançais ses jambes dans le vide, comme le petit garçon qu’il était et ne savait pas comment briser la glace avec ce nouveau camarade de jeu. Qu’il ne parle pas n’était pas un souci en soit, tous les nains savaient signer, mais… lui il avait réellement l’air de voir un personnage bizarre en lui… et du coup, comment lui faire savoir qu’il n’était pas nainivore ? Est-ce qu’ils s’étaient déjà vus ? Peut-être qu’il avait embêté cet enfant par le passé ? Même si cela l’étonnait réellement, il n’embêtait que sa nounou avant.

« Moi c’est Loìn, Rae elle s’occupait de moi avant, elle est super forte avec les enfants, tu pouvais pas tomber mieux qu’avec elle. Et toi ? Tu t’appelles comment ? Est-ce que t’aimes bien faire des blagues ? Moi j’adore vraiment ! »

Come on! Don't be shy !

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Tandis qu’elle s’occupait de ranger soigneusement les affaires de Loìn, Raeryan observa d’un œil les deux enfants dans leurs premières paroles échangées. Taràk était visiblement mal à l’aise, chose qui était tout à fait normale mais elle comptait aussi sur le tempérament plus trempé de Loìn pour le mettre en confiance. C’était donc alors avec un large sourire qu’elle observa Taràk tendre l’assiette vers l’invité comme premier échange. Il ne signa cependant pas d’autres mouvements et Loìn ne perdit pas davantage de temps pour se présenter. Elle fut heureuse de l’entendre rassurer Taràk à son propos, ce qu’il disait à son sujet était gentil et très flatteur. Pour avoir passé de bons moments avec Loìn, c’était certain que ça n’aurait pas pu être autrement, à ajouter à cela que Raeryan s’adaptait toujours et puisque Loìn avait été sage, le reste avait coulé de source.

La guérisseuse s’approcha des deux enfants et prit place sur le canapé où était assis Loìn. Elle était heureuse de le voir en bonne forme, de belles joues roses et l’appel de la gourmandise qui faisait toujours son effet. Il avait pris ses aises, ainsi qu’elle lui avait toujours indiqué de faire. Chez Raeryan, il n’y a nul besoin de formalité, tout le monde peut facilement s’y sentir à l’aise et Loìn connaissait suffisamment la politique de la maison pour y avoir vécu un moment. Ayant été le fils de sa cousine, Loìn avait toujours été le bienvenu chez elle, malheureusement les choses ont fait qu’elle ne l’a rencontré qu’une fois celle-ci décédée. Taràk et Loìn se retrouvaient ainsi quelque peu cousin et c’était plutôt drôle comme situation. Une fois les présentations faites, Raeryan adressa un regard encourageant à Taràk, afin qu’il se sente un peu plus tranquille et qu’il profite de cette occasion de se faire un copain avec qui il aurait énormément à partager.

« Tu connais quelques signes d’Iglishmek Loìn ? Taràk pourra surement t’en apprendre un peu plus !»

Au vu du jeune âge de Loìn, elle n’était pas certaine de son niveau mais il n’y avait pas meilleur professeur que Taràk en ce qui concernait l’apprentissage de signes. Même si c’était quelque chose de normal chez les nains, en tant que naine, elle avait eu rarement l’occasion de l’utiliser et elle s’était beaucoup améliorée depuis qu’elle le parlait avec Taràk. A ajouter à cela qu’il était plutôt fan de nouveaux signes à ajouter et de jeux de mots manuels tout à fait intéressants. La guérisseuse reporta à nouveau son attention sur Taràk, lui adressa un large sourire et lui signa en quelques mouvements qu’il pouvait désormais prendre des cookies. Depuis le temps qu’elle avait vu ses yeux brillants les dévorer il avait suffisamment attendu !

Par la présence de ces deux enfants, l’ambiance de sa petite maison n’en était que plus chaleureuse. Pas la moindre mauvaise onde, ce qui faisait grand bien à Raeryan. Observant simultanément les deux nains, tous ses tracas semblaient prendre quelques vacances. Elle n’oubliait pas, oh non, mais vu d’ici tout lui était bien plus supportable. Le poids dans son ventre s’était estompé, tandis que tous les trois dégustaient les délicieux cookies.

« Nous en laisserons pour Meruva d’accord ? » demanda t-elle tout en signant aux deux enfants.

Signer et parler en même temps était resté un reflexe, à partir du moment où Taràk était là, elle souhaitait que les gens prennent aussi l’habitude de s’adapter à cette petite particularité. Quoi qu’il en soit elle comptait aussi sur Taràk pour faire en sorte d’occuper un peu Loìn et de lui proposer quelques activités histoire qu’ils puissent faire connaissance à leur propre rythme. Elle avait bon espoir que Taràk puisse très vite se sentir à l’aise, lui qui état en temps normal si bavard et si intéressant, il n’y avait aucune raison pour que le courant ne passe pas avec Loìn. Elle l’avait déjà un peu brifé là-dessus sans pour autant tout lui dévoiler pour qu’il ne ressente pas de pression vis-à-vis de cela. Quoi qu’il en soit, la naine se plaisait à observer les deux nains tenter quelques approches out en restant assez vague, c’était touchant mais elle avait aussi hâte de voir si elle avait eu raison sur leurs fortes probabilités d’être de très bons amis.

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A new feelingTaràk se souvenait parfaitement de l'Appel dont il avait beaucoup attendu et qui avait nettement rempli ses espérances. Depuis son annonce, il n'avait arrêté d'importuner sa mère avec cet événement, jusqu'au jour J où l'excitation était telle qu'il ne tenait plus en place. Il s'était levé aux aurores, réveillé sa mère qu'il laissait dormir habituellement, il n'était parvenu à se concentrer sur un dessin, une invention, l'avait aidée à se coiffer pour ce moment important de leur vie. Il n'avait aucune idée de l'annonce que ferait le Roi des exilés ce jour là mais le seul fait de le voir, le seul fait de vivre ce moment le comblait au plus haut point. Ce jour le marquerait sans doute à vie tant il en avait été impressionné. L'image du Roi se dressant devant eux, sûr de lui et majestueux, plein de fougue et sa voix grave et puissante portant jusqu'au bout de la salle, tout comme l'image du petit nain qui avait tenu tête à la foule en osant leur jeter au visage la vérité qu'il avait lui-même en tête en voyant si peu de nains signer quand son vieil ami Bifur en avait eu le courage, lui et sa hache plantée dans le crâne.
C'était ce même petit nain qui se dressait devant lui en cet instant et Taràk en était fort intimidé, tant et si bien qu'il ne savait trop comment se comporter. Il aurait eu le Roi qu'il aurait sans doute eu la même réaction et s'il avait pu parler, il aurait sans doute bégayé. C'était pourtant un petit nain d'un caractère ouvert et sociable qui n'avait peur de rien, ou presque, et qui rougissait encore moins, l'opposé de ce qu'il montrait aujourd'hui. Mais il n'avait pu faire mieux que de tendre son assiette de cookies aux formes étranges, sans esquisser un mot. Il s'était contenté de rester planté là à le regarder comme un idiot, la bouche entrouverte, incapable de ne serait-ce que hocher la tête pour répondre à la question de Loìn concernant son cookie. Il aurait dû se sentir heureux qu'il ait aimé les cookies qu'ils avaient fait mais il s'en moquait et peinait à reprendre contenance. Sans doute en aurait-il pleuré si ce n'avait été pour Raeryan et puis, il n'aimait pas se montrer faible comme ça. La pointe de jalousie resurgit à nouveau alors qu'il évoquait son séjour chez Raeryan et c'est ce qui sortit de la torpeur dans laquelle il s'était enfermé, lui donnant le petit coup de fouet dont il avait besoin. Une petite étincelle jaillit dans ses yeux et il fronça les sourcils. La guérisseuse avait déjà fait les présentations séparées, il savait donc son nom mais il était vrai qu'il était plus poli de se présenter soi-même. Il reposa l'assiette de cookies sur la petite table et mima son nom d'une main, il esquissa un petit sourire en coin avant de lâcher ses doigts sur la table faisant claquer ses petits ongles dessus dans un petit tak avant de les raclant contre le bois dans un son proche du rak de son prénom. Il avait découvert ça il y a longtemps, alors qu'il jouait et aimait bien le faire de temps en temps, pour reproduire le son de son prénom comme les autres le produisait avec la bouche. Alors, fier de son petit tour, il attrapa un cookie qu'il engloutit en gonflant les joues.
Raeryan les avait enfin rejoint et il se sentait déjà un peu plus en confiance, sûr que son petit tour aurait fait son petit effet. Il aimait bien jouer des tours, mais rien de bien méchant et rien qui ne soit de l'ordre de la bêtise.. selon lui. A la question de la guérisseuse, il regarda son camarade avec curiosité. Tous les Nains pratiquaient l'Iglishmêk, sans distinction de genre et ce depuis leur plus jeune âge mais il y avait tellement de styles différents que Taràk ne se faisait pas toujours comprendre selon son interlocuteur. Mais c'était tout de même rare. Après tout, en dehors des personnes étrangères aux montagnes bleues, des personnes qui avaient grandis ailleurs et autres, il dialoguait davantage avec des personnes connaissant l'Iglishmêk propre à l'Ered Luin. Il avait eu du mal avec Bifur, ce dernier utilisant un Iglishmêk de la Moria mais cela lui avait permis d'apprendre une autre forme de langage et il s'en était amusé en fusionnant les deux. Son père utilisait un Iglishmêk d'Erebor quand sa mère utilisait celui d'ici, il avait donc l'habitude des divers façons de s'exprimer. On pouvait dire qu'il en connaissait des choses pour un si jeune âge mais il y avait longtemps qu'il n'avait pas pratiqué ce que son père lui avait enseigné. Dans tous les cas, Loìn devait être en mesure de le comprendre puisqu'il avait toujours vécu ici, tout comme lui. Pour ce qui était de Raeryan, il était reconnaissance pour ses efforts mais il avait parfois l'impression d'être considéré comme un sourd quand elle ne lui parlait qu'en Iglishmêk, surtout qu'elle avait une très jolie voix qu'il aimait beaucoup entendre. S'il n'était pas capable de remplir une pièce avec la sienne, il aimait autant qu'elle ne paraisse pas vide pour autant, qu'une voix lui donne vie quand il devait se contenter d'en faire avec des objets. Pour cela, le petit nain aimait bien faire de la musique ou taper dans ses mains, produire du bruit avec ses moyens.
Il attrapa un cookie dans chaque mains, hochant la tête à la question de Raeryan, promettant ainsi d'en laisser pour Meruva. Pendant un court instant, il avait oublié qui elle était avant de se remémorer la naine qui avait déposé Loìn mais de toute manière, il y avait bien assez de cookies pour tout le monde. Les deux nains installés sur le canapé, Taràk alla se poser sur la naine qu'il prit dans ses bras en posant sa tête contre elle, grignotant ses cookies en mettant des miettes partout. Il était un peu collant et beaucoup trop affectueux pour le coup mais une part de lui craignait qu'elle ne préfère le jeune nain à lui, poussée par la petite voix de la jalousie. Mais avec lui, cela ne durerait pas longtemps, juste le temps de faire la connaissance de son nouveau camarade de jeu. Il se redressa d'un coup pour regarder Loìn et engouffrant ce qui lui restait de biscuit dans la bouche, se mit à agiter les mains à toute vitesse. « Tu aimes les moutons ? » La question lui était venu tout à fait par hasard et sans doute que seul le mot "mouton" avait été compréhensible tant il avait signé vite dans son excitation mais il y pensait tout à coup alors qu'il se souvenait du mouton en pomme de pin qu'il lui avait fait en cadeau et qui l'attendait dans sa chambre, un petit cadeau d'amitié.

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Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

En se sentant ainsi jaugé par l’autre enfant, Loìn s’était mis à fixer ses chaussures jusqu’à ce que Raeryan revienne, alors qu’il était pour sa part en train de manger un gâteau et tenter de faire un peu connaissance avec… Taràk donc, c’était bien comme prénom, et un sourire amusé vint sur son visage quand l’autre garçon s’amusa à faire claquer et ripper ses doigts sur la table. Est-ce que c’était une autre manière de dire quelque chose ? Peut-être bien ! Enfin, la naine de la maison étant revenue, Loìn relevait la tête avec un large sourire et hochait la tête à sa question, tout le monde devait avoir quelques bases oui de cette langue, elle s’avérait toujours utile, c’est son papa qui le disait.

« Oui, maman elle me disait des histoires avec de l’Igla…Igli…pfuuu c’est trop dur à dire, mais elle m’apprenait dans des histoires, et après, papa il m’apprenait aussi avec mon grand-frère, il disait que c’était très important parce que si on est blessé un jour et qu’on ne peut que signer, ça pourra être le seul moyen de dire si on a très mal ou notre nom. »

Bon, son frère lui avait appris une énormité une fois, au lieu de lui dire comment signer correctement son prénom, il lui avait fait dire qu’il se nommait… : Touffu et Loìn n’avait découvert cette vérité qu’en faisait éclater de rire un nain malentendant une fois, en se présentant. Son aîné était éclaté de rire pour sa part, et son père également. Lui ? Il avait boudé pendant des heures. Meruva ? Oh… il fallait vraiment résister à l’envie de dévorer tous ces délicieux gâteaux ? Vu la réaction de Taràk oui, alors Loìn acceptait également mais en glissait dans sa poche en réserve, juste au cas où dirait-il normalement. Quand l’enfant venait s’installer sur les genoux de Raeryan, le petit brun se sentait un peu jaloux, avant, cette place était seulement la sienne, ce n’était pas juste… mais en même temps, la petite voix moralisatrice de son père lui soufflait que ressentir de la jalousie était une mauvaise chose et qu’il ne devait pas laisser cela l’envahir. Donc il secouait la tête et chassait cette émotion pour hausse les sourcils. Taràk venait de lui poser une sacrée question, enfin… il n’avait pas tout compris mais un mot ressortait : mouton. Est-ce qu’il était au courant de sa petite escapade ? Oh mon dieu, toute la montagne savait ? Subitement, son teint devenait aussi rouge que s’il s’était installé en plein soleil pendant des heures et il bafouillait une série de mots non intelligible avant de regarder tour à tour son ancienne protectrice et son nouveau camarade de jeu.

« C’était un accident avec les moutons, je voulais en prendre qu’un pour m’entraîner à monter sur les poneys, mais du coup, Meruva elle n’était pas contente. C’est toi qui lui a dit Rae ? »

Non parce que… dans ce cas c’était injuste car Taràk connaissait une sacré histoire à son sujet et lui il n’avait rien pour se moquer de lui, gentiment bien entendu, le genre de chose que l’on utilise pour taquiner les autres et parfois briser la glace. Pour sa défense d’ailleurs, Loìn enfournait un cookie et gonflait les joues, manquant de s’étouffer au passage, pour finir par articuler difficilement – en même temps, quelle idée de tenter de parler la bouche pleine :

« Mais les moutons c’est tout doux, si on doit choisir entre avoir un mouton ou un canard, il faut prendre un mouton, il te tient chaud. Puis… ça pince fort les canards quand t’essaies de leur faire des bisous sur le bec. Ils sont méchants ! Toi tu préfères aussi les moutons ou pas ? »

Comment ? Il se barrait dans n’importe quoi ? Pas du tout ! Hey… bon… un peu…

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Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Le sourire de Raeryan s’étira de plus belle lorsque Taràk vint s’installer sur ses genoux pour ensuite la prendre dans ses bras. Il demeurait intimidé par la présence de Loìn. Elle pouvait facilement le percevoir mais ne lui imposait rien et lui laissait tout le loisir de rester dans ses bras. Taràk est un nain affectueux et Raeryan n’a jamais été contre quelques gestes de tendresse de la part des enfants. Elle trouvait cela touchant, à ajouter à cela que c’était en général signe qu’ils se sentent suffisamment en confiance. C’était tant mieux, Raeryan n’efforçait chaque jour de lui offrir une vie rayonnante malgré ce qu’il avait perdu et elle voyait là le fruit de son travail. Ca en valait la peine ! Elle aida ainsi Taràk à être installé de façon à ce qu’il ne se cache pas trop et qu’elle puisse aussi se pencher pour prendre un cookie.

Alors que la conversation commençait à se faire un peu plus, Raeryan observa Loìn changer de couleur en comprenant le mot mouton sur les gestes que lui avait adressés Taràk. Il devait sans doute penser à l’incident dont il avait été le principal acteur il y avait de cela quelques semaines. Tentant de se justifier, Raeryan conserva un fin sourire, écoutant avec attention ce qu’il avait à dire pour sa défense à ce sujet là. Non pas qu’il avait été question d’en reparler, Taràk ne devait sans doute pas comprendre à quoi il faisait référence et du coup la situation était plutôt comique. La guérisseuse n’avait pas réagi, lui laissant débiter son flot de paroles en expliquant qu’il avait alors souhaité s’entrainer à monter sur un animal avant d’avoir affaire à un poney. Elle l’avait vu dévaler les couloirs des montagnes bleues à dos d’un mouton, passant devant elle à toute allure en lui souhaitant bonjour au passage. Inutile de préciser à quelle vitesse le sang de la naine avait fait son tour, elle s’était même lancée à sa poursuite pour éviter tout accident grave à Loìn. Mais le mouton allant plus vite, elle n’avait pas réussi à tenir la distance et avait fini par perdre la trace du petit nain. C’est Meruva, quelques heures plus tard qui l’avait informée de la chute de cette histoire et de quelle manière Loìn avait fini ses bêtises afin qu’elle ne s’inquiète pas davantage. Après tout il était le fils de sa cousine, il lui était aussi en devoir de veiller sur lui malgré qu’il ne se trouve plus chez elle. Quoi qu’il en soit, Taràk ne faisait pas référence à cette histoire, Raeryan adressa alors un regard complice à ce dernier pour le rassurer.

« Ne t’en fais pas Loìn, tu monteras sur le dos d’un poney bien assez tôt ! Et j’imagine que cette fois-ci ils ne finiront pas chez toi non plus… »

Le regard de la naine s’était fait insistant, pouvait il au moins imaginer à quel point elle s’était fait un sang d’encre à son sujet après cette mésaventure ? Ceci dit là n’était pas l’objet de sa visite, si elle avait voulu le sermonner c’est sur le moment même qu’elle aurait dû le faire et pour le moment elle se contenta de s’emparer de l’assiette afin de proposer quelques cookies aux enfants afin de les détendre tous les deux avant de rassurer Loìn.

« Il ne parlait pas de ça Loìn, il a quelque chose à te montrer, figure toi !» Fit-elle ajoutant quelques signes

Sur ces quelques mots, le regard verdoyant de la guérisseuse se posa sur Taràk toujours blotti contre elle. S’il voulait l’emmener pour le lui donner c’était le bon moment.

« Montre lui ta chambre en même temps ! Je vais aller dans mon laboratoire et puis on continuera le gouter avec Meruva ! »

Elle avait confiance en Taràk et Loìn et savait qu’elle pouvait les laisser tous les deux ensemble sans le moindre souci. Même s’ils étaient capables de faire des bêtises, en ce qui concernait leur entente, elle n’avait plus aucun doute. Ainsi elle encouragea Taràk, en le serrant dans ses bras avant de l’inciter à prendre son courage à deux mains pour inviter Loìn à aller dans sa chambre et lui offrir ce mouton qu’il lui avait fabriqué lui-même. L’initiative aussi avait été de Taràk et elle avait trouvé son idée absolument géniale. Elle irait sans doute les rejoindre afin de constater que tout se passait bien et aussi par curiosité de ce qu’il pourrait se raconter entre eux.

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A new sheep Il avait rapidement perdu le fil de la discussion. Lui qui lui demandait simplement s'il aimait les moutons se retrouvait face à un nain écarlate s'enfonçant dans ses explications pour une bête histoire de mouton et Taràk se sentit fortement gêné d'avoir provoqué cette réaction chez Loìn qui n'avait rien demandé. Mais il ne comprenait pas de quoi il s'agissait seulement, comme Raeryan le savait, ce devait être quelque chose entre eux. Aussi, il n'en demanda pas plus et se perdit un peu dans ses pensées, refoulant cette nouvelle vague de jalousie. Jamais il n'avait ressentit pareil sentiment avant mais jamais n'avait-il été confronté à ce genre de situation, confronté à un objet de convoitise. Il enviait Loìn qui avait tant partagé avec Raeryan, il enviait les bons moments qu'il avait passé avec elle.
Taràk était un nain câlin, plein d'affection. Il avait toujours été très proche de sa mère et ce encore plus à la mort de son père. Quand il n'était pas à l'école, il l'a suivait partout comme un petit poussin, que ce soit au marché ou ailleurs, s'accrochant à ses jupes quand il croisait quelqu'un qui l''intimidait. Pourtant, il s'ouvrait facilement à partir du moment où il apprenait à connaître la personne et n'offrait que sourire sur sourire une fois que ce fut fait. Depuis la mort de sa mère, il avait reporté toute son affection sur sa nouvelle figure maternelle, Raeryan. La naine en était l'incarnation parfaite avec ses petites attentions, ses gestes affectueux et sa voix douce à ses oreilles, ce ne pouvait être qu'inévitable. Aussi, c'était tout naturellement qu'il s'était posé sur elle, autant dans un geste affirmant sa propriété qu'en une quête de câlin, qu'elle lui avait rendu tout aussi naturellement. Installé sur ses genoux, il était confortablement placé sans pour autant la gêner et la résonance de sa voix dans sa cage thoracique avait le don de l'apaiser tout en lui chatouillant agréablement l'oreille. La tête posée contre elle, il pouvait même entendre son cœur battre, un son qu'il aimait tout particulièrement.
Ainsi en sécurité, la bouche pleine de cookies, il s'était lancé pour engager la conversation mais jamais il ne se serait attendu à pareille réaction, ce qui le mortifia. Son visage pâlit, se décomposant à mesure que celui de Loìn rougissait avant d'être apaisé par les propos de la naine. Quand il avait su qu'un nain de son âge viendrait, il s'était empressé de lui confectionner une surprise de son crû. Il avait vu Bifur le faire et avait tout de suite essayé d'en faire à son tour. Aussi, satisfait de leur effet, il s'était décidé à lui en offrir un en gage d'amitié. Qui aurait crû que l'évocation du mot mouton aurait un tel effet ? En tout cas, c'était un peu amusant en y repensant car cela ressemblait beaucoup à une bêtise et il comptait bien en savoir plus à ce sujet.
Taràk aussi faisait des bêtises, sa mère aurait pu en raconter des choses à ce sujet et il y avait aussi des choses qui le mettait dans l'embarras comme le petit nain s'était trouvé mais il n'en avait que rarement honte. Il aurait pu lui-même raconter beaucoup de choses sur lui, des anecdotes et des péripéties qui auraient pu en faire rire plus d'un mais c'aurait été trop long à raconter. L'un des avantages de sa mutité, c'est qu'on ne pouvait pas le forcer à parler mais ça, les autres petits nains de son âge l'avaient aussi compris et s'en étaient souvent servit contre lui pour se moquer et l'embêter, le poussant même par terre parce qu'il n'était pas capable d'appeler sa maman. C'était notamment l'une des raisons pour laquelle Taràk n'aimait pas beaucoup la compagnie des autres nains de son âge, parce qu'ils étaient bêtes et méchants, encore plus que certains adultes parce qu'ils réfléchissaient pas. Il s'était naturellement tourné vers des nains plus matures comme Bifur qui était comme lui d'une certaine façon et d'autres qu'il avait rencontré au marché. Mais Loìn était différent, enfin, il en donnait l'impression. Il avait beaucoup vécu lui aussi et même s'il avait l'air d'aimer faire des bêtises, il n'avait pas l'air d'être le genre d'enfant qui tyrannise les autres à cause de leurs différences.
Haussant les épaules à la question de Loìn à savoir s'il préférait les moutons aux canards -c'est qu'il n'avait pas vraiment eut l'occasion d'en côtoyer un de près, que ce soit l'un ou l'autre, donc à savoir lequel il préférait, il ne savait pas trop- il leva la tête pour regarder Raeryan, sa barbe lui chatouillant le front. Il lui fit un large sourire quand il croisa son regard avant de sauter à terre pour attraper des cookies. Oui, elle avait dit d'en garder pour Meruva et oui, elle avait dit qu'ils termineraient le goûter en sa compagnie mais il prévoyait une petite faim dans sa chambre, voilà tout. Agitant énergiquement les mains pour lui indiquer de le suivre, il se jeta finalement sur Loìn pour lui attraper la main et le tirer derrière lui, impatient. Il avait hâte de lui montrer les moutons, et aussi sa chambre, soulagé qu'il aime cet animal un peu rond et tout mignon.

C'était la chambre qui avait accueillit Loìn avant de l'accueillir lui-même, une petite pièce modeste mais décorée à son goût, avec un lit, un coffre à jouet et surtout un bureau pour ses affaires et ses inventions. En son centre trônaient deux beaux moutons fait d'une pomme de pin. Lui faisant signe de s'arrêter, il l'invita à se mettre à son aise en désignant la chambre dans son ensemble avant de se ruer vers son bureau où il récupéra ses figurines avant de retourner auprès du jeune nain auquel il en offrit un, pas peu fier. Il s'assit alors tranquillement sur son lit bien fait et fixa Loìn avec une petite lueur dans les yeux. « Tu peux me raconter l'histoire des moutons ? » demanda-t-il alors avec curiosité, s'exprimant lentement et largement.

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Au fond de son cœur, Loìn espérait bien vite monter sur un poney, apprendre à se battre avec une épée, devenir un grand guerrier puis un garde personnel de Thorin. Il voulait faire plein de chose, tellement que les gens allaient se souvenir de lui comme le super nain qui peut tout faire ou presque, parce qu’il pourra jamais faire de math, il aime pas les chiffres. Enfin si… il aime bien, mais seulement quand il décide de s’en servir pour faire des codes bizarres où personne ne comprend rien à rien. Enfin bref… apparemment pour l’histoire de moutons déjà, le jeune Taràk ne parlait pas du tout de son incident et Loìn rougissait de plus belle en voyant l’air perdu qu’arborait l’autre enfant. Comment mettre les pieds dans le plat en deux secondes…

« Oh non non non, il ne finira pas à la maison… promis juré ! »

Son poney sera tellement intelligent en même temps qu’il évitera Dirgion comme la peste, ou alors, il lui fera caca sur la tête, ce serait drôle ! Tellement drôle ! Quelque chose à lui montrer ? Surpris, Loìn dardait son regard bleu sur la forme de l’autre, roooh c’pas beau de dire l’autre… et affichait un sourire comme pour l’encourager en plus de Rae, maintenant que sa curiosité était piquée au vif, il ne fallait plus le faire attendre ! Apparemment aussi gourmand que lui, Taràk venait de fourrer des cookies dans sa poche également, avant de lui faire signe et de le tirer tout bonnement vers la chambre qu’il avait par le passé, qui était maintenant cette du nouveau petit protégé de Raeryan. La pièce était différente, très personnalisée et franchement… ce n’était pas moche du tout, au contraire même ! Heureusement sa chambre était tombée entre de bonnes mains, pas l’un de ces enfants idiots… autrement il aurait tiré une tête horrible. Son inspection des lieux terminées, Loìn soufflait un léger ‘merci’ avant de s’asseoir sur le lit et balancer ses jambes. Parfois, cela lui manquait de vivre ici, il adorait Meruva bien entendu, mais Raeryan avait été la première personne présente pour lui après l’accident et quand il y pensait encore parfois, lorsqu’il était seul, il se prenait à vouloir pleurer comme un petit garçon.

Une figurine de mouton. Tout était bien plus clair désormais et diable qu’elle était bien faite ! Même monsieur Bofur n’aurait pas fait mieux ! Maladroitement, Loìn signait un : « merci, elle est très belle » et se mit à rire devant la lueur dans les yeux de Taràk quand il demandait des précisions sur l’histoire des moutons. Bah ! Il pouvait bien la lui raconter, ce n’était rien dont il fallait être réellement honteux maintenant qu’il y pensait. Incapable de signer aussi longtemps, Loìn se décidait à raconter tout de vive voix, de toute manière, Taràk ne parlait pas, mais il n’était pas sourd.

« Et bien en fait… je veux vraiment avoir un poney, pour devenir un super guerrier plus tard, que Meruva soit fière de moi et être le Garde Personnel du roi. » oui de grands projets. « Mais tout le monde trouve que je suis trop petit, alors j’ai voulu montrer que je pouvais et… un monsieur vendait des moutons, je voulais juste en prendre un… pour m’entraîner… mais les autres ils ont suivis et se sont mis à galoper. C’est rapide les moutmouts ! »

Très… et ça bêêêêêêêêle tout le temps !

« Quand ils se sont stoppé, j’ai fini par terre et on n’était pas loin de la maison… alors comme monsieur Dirgion c’est un idiot… Oh, Dirgion c’est le papa de Meruva, un gros nul, il raconte même pas d’histoire du soir ! Bah… j’ai voulu lui faire une blague et j’ai fait rentrer touuuuuut le troupeau dans sa chambre, pour qu’ils mangent toutes ses affaires et tout. Mais… Mamuva elle est rentrée, parce qu’elle m’a vu faire saute-mouton… et elle m’a grondé fooooort et elle a tout remis en ordre avant que son papa il rentre. Dommage d’ailleurs… Enfin, c’est pour ça que j’ai été grondé, et c’est l’histoire des moutons. »

Par contre, Loìn était un peu gêné dans le sens où il n’avait pas de cadeaux pour Taràk, il n’y avait pas pensé, trop occupé à aider Meruva et faire quelques bêtises. Peut-être qu’en farfouillant dans ses poches…non rien… il n’était pas l’enfant qui sort avec trente choses dans ses affaires…

« J’ai pas de cadeau pour toi, je suis désolé. Mais tu sais quoi ? J’adore inventer des codes pour parler, enfin, pour écrire surtout, on pourrait s’en faire un rien que pour nous pour se dire quand on va se voir et préparer des surprises pour Rae ou Meruva, ou les autres aussi. Ça te dis ? »

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A new story Taràk et Loìn avaient beau se ressembler sur beaucoup de points, ils ne se ressemblaient pas tellement au final. Ils avaient approximativement le même âge, la même carrure, le même regard bleu et les même sourires mutins, ils étaient un peu comme le soleil et la lune pour leur différence de caractère et c'était sans doute ce qui les rapprochait le plus, ces petites différences qui font qu'on s'entend bien. Mais c'était avant tout un point commun qui les avaient fait se rencontrer, un point commun nommé Rae.
Loìn avait tout perdu du jour au lendemain, son père et son frère, pour se retrouver tout seul suite à une expérience traumatisante. C'est comme ça qu'il avait été placé sous les soins de la guérisseuse qui l'avait aidé à surmonter cela avant qu'il ne retrouve sa famille. Il avait l'air heureux avec sa Meruva et le petit nain ne doutait pas que c'était grâce aux soins apportés par Raeryan. Lui, n'avait pas connu d'expérience aussi traumatisante si ce n'est qu'il avait assisté à la mort de sa mère qu'on avait recouvert d'un drap avant de l'emmener loin d'elle. Il avait aussi été là quand on avait appris à sa mère que son père ne reviendrait pas mais c'était assez lointain maintenant pour que cela reste flou dans sa mémoire. Tout deux avaient perdu leur famille mais de cela, ils n'en parleraient pas parce qu'ils en avaient maintenant une nouvelle, qui les aimait tout autant.
Taràk était fier de lui et de l'effet qu'avait produit son mouton-pomme de pin sur Loìn, tant et si bien qu'il en rougit de plaisir, souriant largement. Il était content parce que cela lui avait pris du temps de réunir tout ce qui lui fallait pour en faire un. Les pommes de pin ne poussaient pas dans la montagne et il avait dû demander de l'aide à Raeryan pour en trouver mais au marché, on trouvait de tout. Quand il voyait tout ce que le dehors avait à lui offrir, il avait hâte d'être assez grand pour mettre son nez dehors et créer de nouvelles choses. Il avait envie de lui en faire d'autres, des cadeaux mais chaque choses en son temps, il avait surtout très envie d'entendre l'histoire des moutons.

Il avait été très impressionné par les premiers propos du petit nain, tout autant qu'il s'était senti intimidé plus tôt. Oui, il était très impressionné par son courage et sa détermination et d'une certaine façon, il admirait son nouveau compagnon pour le but qu'il s'était donné. Jamais il ne lui était venu à l'esprit de s'engager ainsi pour devenir un guerrier. Lui, il s'imaginait plus dans un atelier à construire des choses de ses mains mais il faut de tout pour faire un monde. Et puis, il était peureux. Il avait peur des dragons, des orcs, des monstres, jamais il ne lui serait venu à l'esprit de les affronter vaillamment et en cela, il l'admirait beaucoup. Il lui offrit un grand sourire en réponse avant de froncer le nez quand il lui dit qu'il ne pouvait pas parce qu'il était soit disant trop petit mais il trouvait ça drôle parce que oui, ils étaient encore trop petit pour ça. Bien sûr, il ne voulait pas vexer son nouveau copain et c'est vexant de s'entendre dire qu'on est trop petit pour telle ou telle chose.
La suite de l'histoire était vraiment cocasse. Loìn avait vraiment de l'imagination pour vouloir s'entraîner en montant sur un mouton, ce dernier ne devait pas avoir beaucoup apprécié de le voir monter sur son dos en tout cas. Il se mit à rire, produisant un bruit de respiration tant il riait fort mais sans plus de bruit en l'absence de l'organe vocal. Bien sûr que c'était rapide un moutmout, enfin, il l'imaginait vu qu'il en avait pas vraiment vu courir. Et il aimait bien ce mot, il l'intégrerait bien à son vocabulaire. Se tenant littéralement les côtes, les larmes coulant sur ses joues tant il riait, il se balançait d'avant en arrière sans pouvoir s'arrêter, écoutant la suite de l'histoire. La mention de Dirgion le vilain papa de Meruva lui fit perdre l'envie de rire et il fronça les sourcils et le nez dans une grimace dégoûtée. Il trouvait que Loìn n'était pas très sage aussi, peut-être que c'était pour ça qu'il lui racontait pas d'histoire mais il préférait croire qu'il était vilain et qu'il le méritait plutôt que de mettre en doute la parole du petit nain. Il se remit à rire sans se moquer avant de tapoter son épaule de sa main sur la fin de l'histoire. C'était pas drôle de se faire gronder mais ça faisait une bonne histoire à raconter.
Il haussa les épaules en souriant pour lui signifier que ce n'était pas grave s'il n'avait pas de cadeaux pour lui, son histoire avait été un beau cadeau tant il en avait rit. L'idée de Loìn lui plaisait en tout cas, il adorait inventer des trucs lui aussi, tout comme ajouter de nouveaux mots à son vocabulaire, même si c'était des monts qui se disaient pas. « Tu me montreras tes codes pour écrire ? » lui demanda-t-il timidement. Il ne savait pas trop s'ils étaient copains maintenant mais il aimait bien Loìn. « Je peux t'apprendre des mots secrets moi, j'en ai plein ! » ajouta-t-il avec un petit sourire espiègle qui lui donnait un air de lutin avant de lui tapoter l'épaule des doigts pour lui faire signe d'être attentif et de lui tendre un cookie qu'il avait mis de côté, laissant ses jambes se balancer dans le vide du lit. Il était vraiment content d'avoir fait sa connaissance et il sentait qu'ils allaient beaucoup s'amuser tous les deux.
Après un petit instant de vide, il expira silencieusement avant de demander à son copain. « Il est beaucoup vilain le papa à Meruva ? ». Il devait dire qu'il était un peu turlupiné par cette histoire et un peu inquiet pour son nouveau copain et Meruva.

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We'll be like brothers!

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Loìn ne saurait dire ce qui était le plus cocasse, son histoire de moutons ou le fait de voir l’autre gamin pleurer de rire en l’écoutant ? Non parce que… même s’il n’entendait pas le rire de l’autre enfant, le voir ainsi faisait que son hilarité en restait tout aussi communicative, au point qu’il se surprenait à rire également, comme s’ils partageaient une bonne farce, ce qui était en fait le cas. C’était comme cela d’ailleurs que naissaient souvent les liens assez forts pour le futur, avec un franc rire pour commencer – du moins, les chances de bien s’entendre était supérieure que s’ils s’étaient jeté un truc au visage dès les premiers instants. Oui, il était gentil, c’était certain maintenant et peut-être bien aussi malicieux que lui, bien que plus sage également. Il l’aurait bien tapé à l’arrière du crâne en faisant semblant d’être en colère, mais on ne sait jamais… peut-être bien que Taràk interprèterait mal son geste et penserait l’avoir réellement vexé, autant éviter ce genre de chose. Un instant dans ses pensées – cela arrivait en fait souvent, parce que bon… l’esprit du petit brun bouillonnait les trois quart du temps – Loìn redressait son regard quand il sentait une pression sur son bras. Hein ? être attentif ? Bien sûr qu’il était attentif, du moins autant que tous les enfants à leur âge, soit beaucoup pour son âge et d’un signe de tête, il fit comprendre qu’il était tout à fait réceptif, près à entendre ce que Taràk voulait lui dire. Lui apprendre ses codes ? Ce serait un plaisir, avant il les partageait seulement avec son esprit, les griffonnaient sur une feuille, dans un cahier, mais pouvoir échanger avec quelqu’un de cette manière, c’était une idée brillante et au fond, sans doute que son père et son frère seraient ravis de le voir ouvrir ses petits secrets à d’autres enfants, même un seul. Avant il ne jouait jamais réellement avec les autres, toujours collés aux basques de son frère, ou à la jambe de leur père, mais maintenant il avait appris à grandir et depuis qu’il vivait avec Meruva, il avait aussi découvert que dans une vie en communauté, il faut s’ouvrir et ne pas rester enfermé sur soi. Raeryan aussi lui avait appris cette leçon lorsqu’il était ici et refusait d’ouvrir la bouche ou de la quitter.

« Je te ramènerais mon livre la prochaine fois, il y en a plein dedans, et on peut même s’amuser à les compliquer une fois qu’on les connais par cœur. »

Il avait aussi entendu parler d’une encre qui était totalement invisible, mais le truc, c’est que justement… pour lire c’est nul… et vu qu’il n’avait pas le droit de s’approcher du feu, bonjour les ennuis pour aller rendre l’encre visible. Il fallait trouver un autre moyen, peut-être que Taràk saurait ? Ils en parleront plus tard.

« Des mots secrets ? C’est super ça ! Ça veut dire que parfois, tu peux parler de quelqu’un, il ne le sait même pas. Comme les espions, avec des noms secrets et des choses qui veulent rien dire, sauf si tu sais ce que c’est en vrai. »

Hein ? Noooon il était à peine excité comme une puce en disant cela. Les espions ? Il avait juste entendu des rumeurs comme quoi parfois, les rois engageaient des espions pour savoir si des méchants étaient ici, et les méchants faisaient de même. Mais du coup… si un espion faisait les deux ? Oula… trop compliqué. Non, autant rester dans la discussion présente et ne pas tenter de se prendre la tête à savoir qui de l’écaille et du dragon était arrivé en premier… à moins que ce ne soit la poule et l’œuf… pfeuh… poule… c’est bon le poulet… avec des patates… et zut flûte… il avait faim maintenant… le grondement de son estomac ne dut pas passer inaperçu puisque Taràk lui offrait un autre gâteau dans lequel il croquait avec joie et laissait un instant, les yeux toujours tournés vers son nouvel ami si ce dernier venait à s’adresser à lui. Ce serait gênant de le faire se sentir ignoré juste parce qu’il faisait la larve en fermant les yeux par exemple, surtout qu’il serait capable de s’endormir.

Dirgion ? Sa mention fit sourire le jeune nain. Pas que ce soit un sujet amusant, mais il se souvenait de la tête du vieux bonhomme quand il avait découvert que non content de lui échapper, Loìn était allé trouver Thorin pour se plaindre. Bon sang, qu’il avait eu envie de rire ce jour-là, et pourtant, Mahal lui en soit témoin, il n’était pas le nain à sourire facilement à cette époque, peu après son arrivée, quand il pensait encore que papa et son grand-frère allaient revenir.

« Ooooh oui, très vilain ! Même que monsieur Thorin il l’a disputé parce que c’est un mauvais papa ! C’était drôle, il a été tout blanc, puis tout rouge, puis tout vert ! Puis il aime pas quand on fait du bruit, et il dit jamais rien de gentil à Meruva, alors moi du coup, comme j’aime beaucoup quand elle sourit, je lui dis tout le temps que je l’aime fort fort fort et tout. Mais de toute façon, moi j’ai pas peur de Dirgion, alors si il est méchant avec Meruva, je vais le mordre très fort, et si il est méchant avec nous deux, bah je vais aller le dire à la sœur de monsieur Thorin, vu qu’il est partit maintenant. En plus, la dame c’est une maman aussi, et les mamans ça fait peuuuuur si on est pas gentil avec des enfants ! »

C’est pas lui qui l’inventait ça, sa maman faisait peur comme un dragon quand il était petit et qu’on l’embêtait, Meruva pareil (mais aussi quand il faisait des bêtises en fait), donc c’était toutes les mamans !

« Même mon papa il l’aimait pas, il disait des vilains mots sur lui, mais j’entendais jamais, mon frère il cachait toujours mes oreilles. » puis de rajouter, une lueur venant de s’allumer dans ses yeux, comme s’il pensait avoir eu l’idée du siècle : « Bah tu sais quoi, si on s’entend très très bien après, tu seras mon petit frère si tu veux ! Même si c’est pas pour de vrai, ce sera bien ! »

How are you ?

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Observant les deux nains s’en aller vers la chambre de Taràk, Raeryan étira un large sourire, touchée par le joli tableau qu’ils formaient tous les deux. Le courant semblait bien passer et elle espérait que cela continue sans qu’ils aient besoin de la présence de la naine. Elle leur laissa ainsi quartier libre pour aller jouer et se raconter des histoires, le temps qu’ils fassent plus ample connaissance pour régler ses affaires. Ils seraient bien assez sage pour qu’elle n’ait pas un œil constant sur eux, elle leur faisait amplement confiance même si Loìn semblait s’être montré un tantinet plus aventureux ces derniers jours. Il n’y avait plus qu’à prier pour qu’il ne fasse pas entrer des moutons chez elle ou qu’il ne donne pas envie à Taràk de faire la même chose. Ce serait une véritable catastrophe pour la naine étant donné le nombre de choses fragiles qu’elle possédait. Kidnappant un autre cookie de la manière la plus innocente possible, Raeryan se leva de sa place pour se diriger jusque dans son laboratoire. Maintenant qu’elle se retrouvait seule, elle souhaitait tout autant s’occuper l’esprit qu’avancer dans son travail afin de ne pas inquiéter les enfants d’un éventuel passage de tristesse sur son visage. Taràk semblait l’avoir ressenti, elle avait dû maintes fois le rassurer pour lui dire que ce n’était pas lui, et lui dire que les nains partis pour Erebor lui manquaient en plus de lui causer du souci. Elle espérait que cela lui suffirait pour qu’il ne doute plus de lui, n’ayant probablement pas conscience de l’apaisement qu’il lui apportait malgré lui.

Une fois seule cependant, ses traits délavés trahissaient bien là un malaise devenu de plus en plus important. Allumant les bougies pour éclairer la pièce, la naine profita de son laboratoire pour prendre un remède qui l’aiderait à se relaxer un peu et détendre la pression qui lui paralysait les épaules. Il ferait sans doute effet, le temps qu’elle se retrouve seule et qu’elle ne soit pas perturbé par ce mal être pour être productive et efficace alors qu’elle allait devoir se montrer précise et minutieuse sur les prochaines minutes. Ainsi elle fit quelques mesures afin de distiller une plante et en recueillir son huile essentielle. Quelques mesures, quelques calculs pour l’élaboration du remède qu’elle entreprenait, la naine se coupa le doigt dans un geste inattentif tandis qu’elle utilisait un scalpel. Rien de grave, mais l’entaille fut suffisamment profonde pour provoquer un saignement et lui arracher une plainte. Ca lui arrivait souvent mais disons que le moment n’était pas venu pour faire ce genre de bêtises. Exaspérée par son incapacité à se concentrer correctement ces derniers temps, la guérisseuse soupira longuement et attrapa un tissu pour en faire usage de compresse le temps qu’elle trouve de quoi panser la plaie. Elle attendit assise sur sa chaise, observant son laboratoire plongé dans le silence. Elle constatait que ses efforts étaient vains, que quoi qu’elle fasse elle demeurerait inutile jusqu’à ce qu’elle cesse de se voiler la face. Raeryan se pinça les lèvres, déglutissant et inspira profondément avant de poser ses coudes sur son bureau avant d’y loger sa tête. Elle haïssait ce sentiment de faiblesse mais encore une fois elle luttait pour les évincer.

Raeryan est quelqu’un de fort, elle a énormément de potentiel lorsqu’il s’agit de prendre sur soi et de ravaler ses frustrations. En étant guérisseuse, c’est quelque chose qu’elle a appris à ses dépends. Elle n’a pas le droit à l’erreur, elle ne doit jamais laisser ses sentiments prendre le dessus. Mais même si elle a été forgée pour être quelqu’un de positif et courageux il y a certaines choses qu’elle n’a pas encore appris à gérer. Et ne pas en avoir naturellement le contrôle la rendait irritable, surtout quand il était nécessaire pour elle de travailler et qu’on attendait beaucoup d’elle. La guérisseuse se redressa, attrapa quelque chose pour panser son doigt, et l’expression totalement décousue. Elle était sévère avec elle-même, c’est quelque chose que sa mère lui a toujours reproché. Quoi qu’il en soit elle n’imaginait pas comment les choses pouvaient aller autrement alors une fois de plus elle laissa ces pensées déborder dans le placard et continua son travail.
Quelques dizaines de minutes après, Raeryan sorti de son laboratoire pour aller en quête d’un livre rangé dans son salon comprenant quelques informations dont elle avait besoin pour continuer. Mais lorsque son regard dévia par delà la fenêtre, elle aperçu la silhouette de Meruva se dessiner et arrivant chez elle. Un large sourire étira les lèvres de la naine, le visage à nouveau ensoleillée. Alors, avant même que son amie n’ait pu frapper, Raeryan ouvrit la porte.

« Meruva ! Tu reviens plus tôt ? Je suis contente ! Entre donc !! »

Ouvrant bien assez grand la porte pour laisser passer la naine, Raeryan la referma à nouveau et la débarrassa de ses affaires pour qu’elle puisse être à l’aise.

« Taràk et Loìn jouent dans la chambre, on va les laisser tous les deux, viens ! »

Ces moments d’absence étaient toujours effacés par la présence de personnes qu’elle appréciait. Ainsi elle installa Meruva dans le salon et lui fit signe de l’attendre le temps qu’elle aille éteindre les bougies dans son laboratoire. En revenant dans le salon, Raeryan invita finalement Meruva à la suivre jusque dans la cuisine afin qu’elles puissent continuer de discuter alors qu’elle leur préparait un thé.

« Les enfants ont l’air de bien s’entendre, je suis contente que Taràk puisse avoir un ami comme Loìn »

Elle commençait la préparation de son thé, pensant aux deux nains qui devaient très certainement être en train de discuter tranquillement puisqu’il n’y avait pas de gros boucan. La naine se retouna vers Meruva, détournant son attention.

« Comment vas-tu ? »

Invité

J'avais laissé Loin chez Raeryan pour me trouver du temps pour moi. Du temps pour moi, quelle ironie. Il n'y avait rien de pire que de me retrouver seule dans mon état d'esprit actuel mais de toute manière, je n'était jamais vraiment seule. Wirma m'accompagnait partout où je me rendais, même si Loin se trouvait avec moi, comme une ombre. Je ne supportais cependant pas sa compagnie et une part de moi lui en voulait, tout en souhaitant la remercier. Je ne savais trop comment la prendre après tout le temps qu'elle avait passé à mes côtés et il y avait des choses que je ne comprenais pas chez elle, même après tout ce temps. Je ressentais comme un doute, un soupçon devant une certaine ambivalence chez cette naine, devant l'écart qui existait entre son expression, ce qu'elle dégageait, et certaines de ses actions. Cela avait commencé tout récemment cependant, j'avais remarqué cela le jour où je tombais malade pour la première fois, la voyant sourire pour la première fois, arborer une expression vivante plutôt que la surface lisse de la pierre. Et puis, il y avait ce brouillon, mon brouillon, qui était arrivé je ne savais comment entre les mains du Roi, celui a qui était destiné les mots couchés sur le papier, sans qu'il n'ait pourtant à les contempler. Jamais je n'avais imaginé le lui montrer, ce n'était justement qu'un brouillon et il était parvenu en sa possession, ce fut sans doute la prise de conscience la plus embarrassante de ma vie.
Mais il n'était maintenant plus là. Il n'avait jamais été très proche de moi mais nous partagions le même air, vivions sous la même montagne et cela me suffisait. Maintenant qu'il était parti, si loin, cette montagne me semblait trop étroite par rapport à la vaste étendue du monde. Si petite comparée à son immensité, nous n'avions maintenant plus que le ciel en commun, ce ciel que je ne pouvais contempler, que je ne voulais contempler. Tout me ramenait à lui, à sa pensée, la couleur bleu, un jeu de regard ou simplement le fait de m'approcher un temps soit peu de ses appartements, je n'avais plus que ses lettres et sa chevalière pour me tenir compagnie, ainsi que son souvenir. Et puis il y avait ce petit nain, qui partageait ma vie depuis quelques temps et qui, indirectement, m'apportait beaucoup de soutien, même s'il avait le don de me faire tourner en bourrique. Je m'efforçais d'oublier l'épisode des moutons, n'ayant trop su comment réagir face à cette bêtise et me contentant de le sermonner. J'avais eu peur de me montrer trop sévère avec lui mais j'avais surtout eu très peur pour sa vie, alors j'essayais d'oublier cet incident car le passé appartenait au passé.
Me retrouver seule avec le regard de mon père, ses reproches à peine contenus dans ses yeux, aurait été pire. Me retrouver seule avec moi-même aurait été pire. Mais heureusement, j'avais Loin, qui était là pour me tenir compagnie, pour me changer les idées, me tenir occupée. Ma vie n'était plus pareille depuis qu'il était arrivé et c'était un mal pour un bien car cela me permettait de ne pas passer mes journées à me morfondre, à penser à ce que j'aurais dû dire, à ce que j'aurais dû faire avant son départ, aux occasions que j'avais perdu, au risque qu'il encourait, à lui et aussi à la perspective de ne plus le revoir. Mon esprit était plein de pensées négatives et cela allait de pire en pire, comme si rien ni personne ne pouvait les éloigner si ce n'était les sourires de rares personnes chères à mon cœur. Lui, ne mesurait sans doute pas toute l'étendue des bienfaits que ses sourires avaient sur moi, tout le bien qu'il me faisait en restant simplement auprès de moi.
Malheureusement, sa simple présence ne me suffisait parfois plus et il m'arrivait de plus en plus de me perdre dans mes pensées, n'en sortant qu'après avoir poussé un soupire profond. Je craignais que cela n'ait une influence sur sa petite personne et qu'il ne souffre de mon état quand moi-même je peinais parfois à trouver la force de me lever quand la nuit avait été particulièrement difficile. La nuit était ce qu'il y avait de pire, donnant libre cours à mes pensées, mon imagination, je craignais de garder les paupières closes pour voir défiler des scènes horribles où mon cœur se retrouverait arraché. Mais cette absence de sommeil reposant me pesait, influant directement sur ma santé et mon psychisme. Il était évident que j'avais besoin de discuter, de trouver un remède à ce mal étrange qui me rongeait, ponctuant mes journées de soupires et mes nuits de larmes à peine contenues.

Après avoir déposé mon petit Loìn chez Raeryan, la guérisseuse dont le sourire avait le don d'éclaircir mes journées. Je m'étais empressée de me rendre au marché pour faire quelques emplettes, son étreinte m'ayant donné la force de m'activer. Je n'avais qu'une envie, les terminer au plus vite pour aller les retrouver, comme je l'avais promis. J'avais aperçu le petit nain qui était maintenant son protéger, dont on disait qu'il était né muet. Je ne pouvais m'empêcher de le prendre en pitié pour toutes les souffrances qu'il avait dû vivre en une courte vie quand celle-ci n'avait pas été tendre avec lui mais je le savais entre de bonnes mains avec Raeryan car elle savait y faire avec les personnes souffrantes. Je n'espérais plus qu'une chose, que sa magie marche sur moi comme elle avait marché sur Loìn et Taràk.
Mes courses furent encore plus rapides que je ne m'y attendais, trouvant ce que je cherchais du premier coup et ce assez rapidement. Jamais je n'avais été aussi rapide à choisir des étoffes ou acheter des vivres, comme boostée dans un regain d'énergie bienvenue en cette période. Ce n'était cependant pas vraiment une bonne chose puisque j'arrivais à mon rendez-vous en avance, trouvant porte close. Pas de quoi s'alarmer mais je ne souhaitais pas réellement attendre devant la porte, d'autant plus que cela n'avait pas grande importance, je n'avais à vrai dire qu'une envie, retrouver les autres chez la guérisseuse et avoir une petite conversation avec elle. Je laissais donc ma suivante en possession de nos achats avec la charge de les ramener à nos appartements avant de revenir à la boutique pour transmettre mon message pendant que je me rendais seule chercher le petit nain. Elle ne protesta pas malgré le regard qu'elle me lança et bien lui en pris car je n'aurais souffert d'une remarque. Je jetais ma cape sur ma tête pour masquer mon visage et empruntais prestement le chemin inverse, avide de me joindre à eux.
A peine arrivais-je que la porte s'ouvrit en grand sur la naine que je considérais en amie qui me laissa pénétrer ses appartements, toujours aussi vive qu'à l'accoutumée. Souriant faiblement, j'ôtais ma cape en entrant, lui répondant doucement. « Ce fut plus rapide que je ne le pensais mais cela me permettra de passer plus de temps en ta compagnie. » Je la remerciais ensuite pour m'accueillir chez elle alors qu'elle m'aidait à me débarrasser de mes affaires avant de la suivre dans le salon tandis qu'elle engageait la conversation. J'agréais à l'idée de laisser les enfants jouer encore un peu. Il était bon pour eux de profiter de leur compagnie de la même façon que nous avions toutes les deux besoin de rester entre femmes. Alors qu'elle m'abandonnait une minute pour se rendre dans son laboratoire, j'observais son logement si bien décoré et chaleureux. Il n'avait rien de celui que j'occupais avec mon père qui ne laissait penser qu'il n'était habité que par l'existence de meubles. Rien ne dépassait, rien ne venait décorer les lieux et le ménage était si régulier qu'il n'y avait pas un cheveux qui traînait sur le sol. C'était un endroit impersonnel et j'étais heureuse d'avoir pu apporter ma petite touche à ma chambre tout comme Loin à la sienne, même si les deux devaient demeurer propre et rangée pour les inspections régulières de mon paternel.
Nous nous installâmes finalement dans sa cuisine tandis qu'elle préparait du thé et je m'installais à sa table, joignant mes mains posées devant moi, perdue dans mes pensées. Ce fut quand elle reportait son attention que la question que je redoutais tant me fut posée. Personne ne me l'avait posée depuis longtemps et les rares fois où cela m'arrivait je répondais poliment, ne pouvant énoncer la vérité. Le fait était que j'allais mal, tout simplement. Je n'étais pas malade mais c'était tout comme et je ressentais davantage ce vide dans ma poitrine. Pendant une seconde, je faillis lui répondre la même chose qu'à tous, à savoir que j'allais bien, mais je ne pouvais lui mentir à elle comme je leur mentais à eux, d'autant plus si je la considérais comme une amie. « Je pense que nous sommes dans le même état, l'une et l'autre. » Il ne fallait pas être un fin observateur pour remarquer son visage fatigué et ses traits tirés, l'aspect crispé de ses sourires pourtant plein de sincérité. J'appréciais les efforts qu'elle faisait mais maintenant que nous étions entre nous, nous n'avions plus à nous voiler la face et à porter un masque. Je me penchais alors vers elle pour me saisir de sa main que j'englobais des miennes, tentant de lui apporter autant de réconfort que je pouvais en fournir avant de darder mes pupilles sur elle, lui renvoyant sa question. « Comment vas-tu, toi ? » Il était tant qu'une patiente pose la question à son médecin, même si cette même patiente avait autant besoin de soins que le médecin en question. Il est des jours où il faut savoir s'oublier pour penser aux autres.

Invité

A new brother Taràk n'avait pas autant rit depuis longtemps, même en compagnie de Raeryan. Ce n'était peut-être pas très gentil pour elle mais le déclic qui permet d'ouvrir les vannes du rire ne s'était pas produit en sa compagnie, ce qui n'aurait été de toute façon qu'une question de temps la connaissant. Non, il n'avait pas autant rit depuis la mort de sa mère même s'il lui était arrivé d'esquisser des sourires ou de s'esclaffer silencieusement devant une scène cocasse sans que cela ne dure très longtemps, malheureusement. Il se sentait en tout cas beaucoup mieux depuis quelque temps et c'était grâce à la guérisseuse et aux soins qu'elle lui avait apporté, il n'y avait là pas de doute.
C'était un petit nain comme les autres, qui aimait jouer, courir, manger et dormir, faire des câlins et des bisous, qui n'aimait pas prendre de bain, faire ses devoirs et manger certains légumes. Parfaitement normal pour un enfant de son âge en bonne santé et disposant d'un bon équilibre. Il était également sage, peu enclin à faire de grosses bêtises sur un coup de tête et passait parfois des heures dans sa chambre sans faire un bruit. C'était tout à fait normal d'un autre côté, puisqu'il était incapable de parler et même s'il était né ainsi, même s'il n'avait jamais connu le don de parole, il regrettait parfois de ne pas pouvoir produire un son. D'ailleurs, il aimait beaucoup la flûte pour cette raison, parce qu'en soufflant dedans avec sa bouche, il pouvait produire un son, et un joli en prime. Mais ce n'était qu'un maigre réconfort et bien souvent, cela le déprimait plus encore, dans ses mauvais jours.
Il avait souvent été embêté par les autres enfants quand il était plus jeune et encore aujourd'hui alors qu'il était un peu plus grand, mais pas beaucoup. Il avait seulement appris à ne pas s'en offusquer, à ne pas les écouter, les ignorer et même les éviter. Mais ce n'était pas lui qui les cherchait, c'était eux qui venaient à lui quand ils s'ennuyaient, lui demandant de répéter après eux en sachant pertinemment qu'il ne pouvait pas, lui demandant s'il était devenu sourd quand il ne les écoutait pas, le poussant parfois même durement au sol pour voir s'il était possible de lui tirer une plainte. S'il avait grandement souffert d'un tel traitement au début, il en était devenu plus fort et cela lui avait permis de rencontrer des gens bien mieux et des gens comme lui. Taràk s'était beaucoup pris d'affection pour le vieux fabricant de jouet, Bifur. Il n'avait juste pas toujours été le nain sage et patient qu'il était maintenant et au lieu d'ignorer ces idiots, il avait même essayé d'en venir aux mains, frappant en tout sens de rage et de tristesse, blessé au plus profond de lui. Il trouvait injuste qu'on puisse se moquer ainsi alors qu'il n'avait rien choisi, qu'on cherche à lui faire du mal alors qu'il était si gentil. Mais la violence n'avait pas aidé si ce n'était à créer un gros vide dans son petit cœur et à le faire pleurer. Il était alors rentré avec ses mains abîmées, ses cheveux en bataille et ses vêtements déchirés, le visage humide de larmes et de poussières, un gros bleu à l'œil. Bien sûr, il avait refusé de dire à sa mère ce qui lui était arrivé mais elle avait bien deviné comme une grande, comme une mère, parce que ce sont des choses qui se sentent.
Loìn n'était pas de ces enfants là, il ne le regardait pas comme un enfant étrange et il l'aimait bien pour ça. Ils avaient partagé des cookies, partagé une histoire, partagé un rire et ils allaient partager des secrets. Taràk en était tout excité, aimant énormément ce genre de choses. Il ne lui était jamais venu à l'esprit de mettre un code par écrit et en cela, ils se complétaient merveilleusement. Tout excité, le petit nain hochait la tête en souriant, agitant les mains comme s'il était pris de convulsions, sans que cela ne veuille dire quoique ce soit. Il était simplement heureux de partager un tel moment avec un enfant de son âge et c'était les secrets qui rapprochaient le plus, les gentil secrets, hors au sujet de Dirgion, il n'avait pas fini d'être étonné et Loìn l'impressionna une fois de plus.
Il connaissait le roi en personne ! Taràk n'aurait jamais osé aller lui parler, ne serait-ce qu'une fois et pourtant, ce n'était pas un timide mais, on n'allait pas se plaindre au roi de cette façon. En tout cas, il n'aimait vraiment pas le papa de Meruva qui avait l'air d'être un monstre. Loìn en savait des choses et il en connaissait du monde, le petit nain qu'il était en connaissait beaucoup moins, il y avait de quoi être intimidé mais il était aussi gentil et sa bouche forma un o de surprise à sa déclaration.
Il avait toujours rêvé d'avoir un frère, petit ou grand, avec lequel s'amuser mais sa maman n'avait jamais pu lui donner ce genre de camarade de jeu et il ne lui en avait jamais voulu. Il valait mieux avoir sa maman et jouer tout seul qu'avoir un petit frère ou une petite sœur et ne plus avoir de maman, n'est-ce-pas ? Il était d'ailleurs un peu ému, après les mots de son nouveau copain et il le prit dans ses bras, pour lui faire un câlin et cacher son petit visage mi-triste, mi-heureux. Cela représentait beaucoup pour lui, d'avoir une famille et il commençait à en avoir une grande grâce à Raeryan.
Tendant l'oreille, il crut entendre la porte s'ouvrir et la guérisseuse accueillir la maman de Loìn mais comme elle ne les appelait pas, ça voulait dire que ce n'était pas encore l'heure de dire au revoir. Elle avait pas de chance Meruva, d'avoir un papa comme ça. Lui, il aurait préféré ne pas avoir de papa du tout plutôt que d'avoir un papa comme ça, même s'il ne le pensait pas vraiment. Pourtant, une lueur s'alluma dans ses yeux, la même que le jour où il s'était retourné contre ses persécuteurs. Il secoua un peu son copain et lui fit « On peut lui faire peur nous aussi, même si on est des enfants. » et il le pensait vraiment.

How are you ?

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

La présence de Meruva avait un nouvel effet sur elle, tout aussi rafraichissant que celle de Loìn et Taràk mais d’une toute autre manière. Elle la remotivait en un sens, et alors qu’elle versait l’eau chaude dans une théière, la réponse de Meruva fissura le masque de Raeryan. L’une comme l’autre, dans le même état… Elle eut l’effet d’une claque, tandis que Raeryan avait pourtant tout fait pour dissimuler sa peine, voilà qu’elle découvrait que non. La guérisseuse déglutit, sa main crispée sur la hanse de sa théière, elle la reposa sur la table après avoir servit son amie et releva les yeux vers elle, s’attendant à ce qu’elle développe ses dires. Paralysée, les mains agrippant machinalement sa tasse, elle interrogea Meruva du regard mais n’y trouva pas la moindre réponse. Sans doute qu’elle niait toujours autant pour voir ce qu’il se passait encore sous son nez.

Impuissante, Raeryan laissa Meruva se saisir de sa main. Son cœur se crispa instantanément, paralysant la naine qui sembla chercher de quoi résister encore à ce qui l’avait pourtant clairement déstabilisée depuis quelques semaines. On ne lui avait encore jamais témoigné autant d’intérêt depuis le départ des nains et mise face au mur, la question qu’elle lui posa, aussi simple soit elle résonna dans son esprit une bonne dizaine de fois à la recherche d’une réponse évidente. Instinctivement ses doigts glissèrent sur le collier qu'elle portait autour du cou, une magnifique pierre, un présent que Dori lui avait offert lors de leur dernière rencontre. Elle cligna des paupières dans un moment d’absence, les lèvres entre-ouvertes mais les mots demeurant interdits. Par ce geste et cette question, Raeryan était complètement secouée et ne pouvait d’ailleurs retenir ces quelques tremblements qui la traversèrent jusqu’au bout de ses doigts. Quelle honte pour un médecin de se laisser submerger par ses émotions, qu’il s’agisse d’une amie ou non, Raeryan se doit d’être forte. Ainsi après quelques longs instants de silence, la guérisseuse étira un faible sourire et posa finalement sa main libre sur leurs mains liées. Le temps de prendre du recul, de ne pas se laisser tuer par les doutes, ses yeux se remplirent petit à petit de couleurs, profondément émue.

« Je prie à chaque instant pour eux, je suis inquiète c’est normal mais tant que tu es là, tout ira bien. »

Malgré que son cœur demeurait troublé et qu’elle peinait encore à se l’avouer, Raeryan appréciait grandement la bienveillance de Meruva à son égard. Depuis qu’elle était venue la soigner, la naine avait pris une place importante dans sa vie. Son attachement pour cette naine n’avait d’égale ; elle était comme son amie, sa jeune sœur. Alors c’est sans se forcer que la réponse lui était venue, reconnaissante d’avoir droit à de tels signes d’amitié. De quoi lui mettre un peu plus de baume au cœur et d’effacer tous les questionnements qui lui traversaient l’esprit.

Mais assez parlé d’elle, Raeryan avait bien remarqué que son amie semblait épuisée et triste malgré tous les efforts qu’elle fournissait pour le dissimuler. La guérisseuse était bien assez perceptive sur ce genre de choses pour reconnaitre là un profond mal-être sans oublier qu’elle la connaissait désormais bien suffisamment pour juger qu’elle n’était en rien dans son état normal. Elle pouvait aisément faire le lien avec certains évènements, certains gestes et certains regards qu’elle avait remarqué par le passé. A ce moment là elle se contentait d’observer avec un sourire et avec bienveillance le début d’une belle histoire avec un certain nain. Mais depuis le départ de la compagnie, les jours ici s’étaient quelque peu assombris pour certains, Raeryan n’était pas un cas isolé et pour certaines naines comme Meruva, cela sonnait comme un appel au secours. Raeryan admirait Meruva pour la force qu’elle avait de prendre sur elle. Cependant, elle savait qu’il n’était pas bon pour elle, pour son bien être de garder tout cela enfoui. La naine savait aussi qu’elle pouvait compter sur l’oreille attentive de Raeryan tout comme ses bons conseils.

« Toi en revanche, je te sens bien plus mal qu’inquiète… »

Raeryan ne souhaitait pas la brusquer, ni même la forcer à dire quoi que ce soit, mais le regard qu’elle lui lançait était bien assez explicite sur le fait qu’elle désirait l’encourager à vider un peu son sac.

« Tu sais que je suis là pour toi Meruva, pas seulement parce que je suis guérisseuse mais parce que je suis ton amie ! Si tu désires me parler, si tu désires te confier, je t’écouterais toujours et t’aiderais du mieux possible. »

Puisque dans ces moments où la joie avait peine à se montrer sincère, il était important de se montrer solidaires, Raeryan souhaitait rappeler à son amie l’immense dévotion qu’elle lui dédiait. Des mots emplis douceur, tandis qu’elle relâchait doucement la main de son amie, allant tremper ses lèvres au bord de sa tasse sans pour autant détourner les yeux de Meruva. Elle le savait, que ça lui ferait le plus grand bien, tout comme l’avoir à ses côtés l’avait apaisée à la première seconde.

Invité

We'll be like brothers!

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Loìn était gentil avec les autres simplement parce qu’on l’avait élevé ainsi. Quand il était plus petit, son frère était tout le temps avec lui et avait pris le temps – avec papa et maman – de lui apprendre que tout le monde était différent et que ces différences pouvaient parfois rendre les gens méchants et stupides, mais que lui ne devait jamais agir comme cela car si l’inconnu surprend, il ne doit pas nous changer en monstre de violence. En vérité, Loìn ne s’était bagarré qu’une fois dans sa vie, peu de temps après la mort de sa maman. Un enfant était venu le trouver alors qu’il avait échappé à la surveillance de sa nounou et ce dernier lui avait dit qu’il avait appris pour la mort de sa maman, plein d’espoir, il avait pensé que ce gamin la connaissait et qu’il allait pouvoir lui en parler, il avait donc avoué que sa maman lui manquait beaucoup, mais qu’elle allait revenir, avec un petit chien en plus ! à peine avait-il dit cela que l’autre s’était ouvertement moqué de lui en disant que les parents ne partaient jamais à moins d’avoir de très mauvais enfant, il avait dit que c’était uniquement sa faute, qu’elle devait sans doute en avoir eu plus qu’assez de lui, le gros bébé qui ne faisait que pleurer. Oui, ce jour-là, il s’était servi de ses poings, mais également de ses dents, il avait mordu l’autre enfant en lui criant que maman l’aimait, ce qui ne l’avait pas empêché d’en demander la confirmation le soir à son papa, son grand-frère et sa nounou.

Enfin, tout cela était passé et depuis, Loìn avait évolué. Il savait qu’il était responsable de la mort de sa famille, enfin, des deux individus masculins, alors si quelqu’un lui disait cela, il se contentait de fixer la personne en question et de passer son chemin. Si quelqu’un l’accusait d’être un lâche, il leur rappelait qu’eux l’étaient tout autant vu qu’ils n’aidaient pas leur roi dans sa quête, et maintenant il avait un ami qui devait avoir souffert plus que lui. Il ne le prenait pas en pitié, ce ne serait pas respectable, mais il pouvait peut-être être un grand frère pour lui, tout comme il avait eu le sien par le passé. D’ailleurs, l’expression de Taràk en entendant qu’il avait parlé au roi arracha un rire à Loìn qui venait lui coller une pichenette sur le front, pas celles qui font mal, les autres, et secouait la tête en affirmant ceci : « C’est pas un exploit tu sais. Bon… il est très très très impressionnant, je me suis sentit tout petit, j’ai même failli tomber de ma chaise, mais en vrai, quand tu lui parles, il est pareil que toi et moi, sauf qu’il aime vraiment pas les gens méchants, du coup c’est sûr, il va casser le dragon juste en se mettant devant lui et en prenant son air en colère ! »

Comment pourrait-il faire autrement ? Dirgion était sans doute beaucoup plus pire qu’un dragon, même si le dragon crachait du feu, alors il allait le transformer en chaton ! Peut-être même qu’il pourra garder le dragon après ? Il gardera le trésor contre les voleurs et mangera ces derniers, c’était bien ça, non ? Rapidement pourtant, Loìn sortait de sa rêverie car sa proposition venait de faire afficher un air trop mignon à Taràk, qui venait aussitôt le serrer dans ses bras. Il devait vraiment avoir voulu un grand-frère pour réagir comme ça, et Loìn avait toujours rêvé d’être l’ainé, pour pouvoir gronder et surtout suivre partout l’autre en prétextant prendre soin de lui. Doucement, il venait passer ses bras autour du plus petit, l’ombre d’un sourire sur le visage. C’était bien, donner un peu de joie aux autres. Dehors, la porte s’ouvrit et les enfants purent entendre les voix de deux femmes, sans doute Meruva était-elle de retour, mais elle viendrait ici avec Raeryan quand l’heure de partir sonnera, elles allaient parler, il en était certain car maman était triste depuis le départ de Thorin, elle l’aimait beaucoup, comme son papa aimait sa maman, même s’il faisait semblant de rien et se montrait le plus jovial possible pour que sa Meruva soit heureuse et que le temps passe plus vite en attendant le retour de leur roi. Secoué, sortit de sa rêverie, Loìn voyait Taràk lui faire savoir qu’à eux deux, ils pouvaient sans peine faire peur à Dirgion et lui faire ainsi regretter d’être si mauvais avec sa propre fille.

« Ooooh dis-moi ce que tu as en tête, je sens que tu as déjà une petite idée ! Par contre, il faut être très discrets, parce que s’il sait que c’est nous, il va vraiment s’énerver après Meruva, et je ne veux pas ça, autrement elle sera malheureuse. »

Invité

Être en présence de la naine avait un effet instantané sur ma personne et je sentis une chaleur m'envahir dès le moment où je mettais un pied chez elle, me sentant déjà mieux entourée du confort de son foyer si chaleureux. La naine comme ses appartements avaient ce don et ce n'était en rien attribuable à sa profession même si cela jouait sans doute avec l'atmosphère. Depuis la première fois où je l'avais rencontré, me réveillant avec la naine à mon chevet, j'avais eu ce sentiment apaisant à son contact. Elle m'avait sans doute sauvé la vie mais cela n'influençait en rien ce que j'éprouvais à son égard, à savoir l'amitié.
Je n'avais pas beaucoup d'amies pour ne pas dire aucune car je pouvais maintenant compter Raeryan parmi mes plus proches amies mais il m'était encore difficile d'agir naturellement au contact d'une autre personne du même sexe. Cependant, le plus naturellement du monde, je m'étais penchée pour attraper sa main entre les miennes, essayant de transmettre le plus de bon sentiments dont j'étais capable.

Je n'étais pas douée pour interagir avec les gens mais j'avais un certain don d'observation et il est des sentiments dont on peut trouver l'écho chez un autre comme celui de l'amour ou celui de l'affectation. Il ne m'était pas passé inaperçu que la décadence de mon amie qui de jour en jour semblait plus mal encore. Peut-être recherchais-je en elle un écho à ce que je ressentais moi-même mais il m'avait bien semblé la voir attristée le jour du départ, bien qu'il m'eut été difficile de déterminer pour quel nain. Peut-être était-elle simplement touchée par le départ de chacun d'entre eux puisqu'elle avait la chance de les connaitre mais mon instinct pressentait quelque chose de plus que cela.
Il était normal, naturel pour moi que de m'inquiéter pour mon amie autant qu'elle pouvait l'être pour moi et mon visage arborait une expression peinée mais concernée, en miroir à son geste qui l'avait menée à un collier autour de son cou. J'avais moi-même le même geste, encore et encore, cherchant le réconfort du présent de Thorin, sa chevalière accrochée à une petite chaîne. Un faible sourire vint éclairer mon visage avant de fâner à nouveau sur les bords mais je devais me montrer forte, autant qu'elle. Je la sentis s'éloigner de moi, reprendre contenance mais j'avais autant besoin de m'ouvrir à quelqu'un que j'avais besoin de la sentir s'ouvrir à moi. Je ne voulais pas paraître déçue mais je trempais le bout de mes lèvres dans le liquide chaud de ma tasse pour en avaler un peu, pensive. Ses paroles me réconfortèrent et je me sentais gonflée de bonheur de savoir que je lui prodiguais ne serait-ce qu'un peu de réconfort sans toutefois en être apaisée. D'expérience, je savais qu'il n'était pas bon de garder les choses pour soi, que cela ne faisait qu'aggraver le mal qui nous rongeait, creusant un gouffre dans notre âme. Je ne souhaitais nullement voir mon amie souffrir de ce vide intérieur, à aucun prix.

Forcément, l'attention ne resterait pas loin de moi très longtemps et j'étais bien consciente du triste spectacle que j'offrais avec ma mine fatiguée, mes yeux cernés, mais je ressentais quelques scrupules à m'ouvrir ainsi et m'étaler sur mes sentiments, touchée d'une pudeur bien normale. Je n'avais pas l'habitude de parler de moi, me contentant d'écrire les maux qui me touchaient mais ce n'était dernièrement pas suffisant et peut-être que me confier m'aiderait. Les sentiments qui m'animaient m'étaient encore fraîchement éclos et j'avais du mal à faire le tri.. mais ces sentiments ne manquaient pas de me blesser autant qu'ils me comblaient.
Impuissante, je fixais mes mains qui tenaient la tasse devant moi, regardant la fumée s'en échapper en fin volutes en sentant mes yeux s'emplir d'eau doucement, les larmes me montant aux yeux. Je laissais mes cheveux tomber devant mon visage pour cacher les fines larmes qui s'échappaient pour couler sur mes joues, tournant légèrement mon visage pour les lui masquer bien qu'elles étaient facile à deviner. Je les essuyais prestement du revers de ma main chauffée par la tasse chaude avant de relever la tête, écartant une mèche de mon visage que je mettais derrière l'oreille.

« Je dois avouer que le sommeil me fuit et qu'il se montre bien moins reposant que naguère.. »

Je soupirais discrètement, pinçant l'arrête de mon nez en fermant mes yeux avant de boire une nouvelle gorgée de thé, laissant sa chaleur envahir mon corps et me détendre.

« Je me demandais si tu n'aurais pas un petit quelque chose pour me soulager. »

Mes mains tremblaient légèrement et je dus reposer ma tasse en la faisant cliqueter sur la table, honteuse. Je levais une main devant mon visage, collant le dos de celle-ci contre mon nez, mon corps tremblant à l'unisson avec mes mains. Je reposais mes mains sur mes genoux, tentant de masquer leur mouvement tout en l'arrêtant, broyant une main dans l'autre en appuyant de toute mes forces dessus. Je lui offris un pâle sourire mais entendre de sa bouche que j'étais son amie brisa ma pauvre carapace déjà bien fragilisée ces derniers temps. Levant les yeux en l'air en papillonnant des yeux pour chasser les larmes qui me montaient encore, mon front se plissa alors que je me mordillais la lèvre inférieure, portant ma main à mon coeur, là où se trouvait la chevalière de Thorin. Dans un souffle presque inaudible, je laissais alors échapper.

« Il me manque.. »

Comme une impression d'inachevé

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Lorsque les larmes vinrent déchirer de tristesse le visage de son amie, Raeryan fronça les sourcils, sentant un pincement serrer son cœur. Elle avait beaucoup de peine, autant parce qu’elle avait l’impression de voir quelque chose de similaire à ce qu’elle ressentait autant parce qu’elle ne souhaitait pas la voir autant souffrir. D’instinct, la naine se leva de sa chaise, fit quelques pas pour s’approcher de Meruva et l’enserra de ses bras en gardant le silence. Elle avait déjà eu l’occasion de voir des naines venir jusque chez elle, lui demander des remèdes pour les peines de cœur et surtout le manque. C’était l’une des maladies qu’elle peinait à guérir, qu’elle peinait à soulager juste par des remèdes. Raeryan eu bien vite fait de faire le lien avec Thorin, approuvant là ses hypothèses d’un certains attachement entre ces deux là. Il était difficile de se réjouir d’un amour naissant lorsque l’un des deux n’est pas présent ou cela revenait à se faire foudroyer en plein vol. Le geste qu’avait eu Raeryan pour consoler Meruva était fraternel, ainsi une grande sœur consolant sa cadette et elle savait que Meruva n’en serait pas gênée. Néanmoins, Raeryan la relâcha progressivement, gardant ses mains sur les épaules de la naine pour la faire tourner dans sa direction et observa son visage. Les larmes avait terni son beau visage, elle cherchait probablement un réconfort auprès de la guérisseuse qu’elle lui donnerait sans la moindre hésitation.

« C’est normal qu’il te manque… Fit elle dans un faible sourire. Je peux te donner quelques tisanes pour te relaxer, mais elles n’aideront pas si tu te laisse abattre. »

Ne pas se laisser complètement immerger par la tristesse, c’était exactement ça, ce qu’elle tentait tant bien que mal de faire elle-même concernant cette sensation bizarre qu’elle éprouvait depuis le départ des nains. Le fait d’avoir Meruva à s’occuper l’aidait elle-même à ne pas se poser davantage de questions. Pourquoi ? Comment ? Et surtout Qui ? Même si Raeryan semblait déjà savoir la réponse il y a certaines choses qu’elle n’était pas encore prête à comprendre. Elle était ainsi épargnée de ces questions, mises en suspend tandis qu’elle se concentrait sur son amie. Elle souhaitait lui faire comprendre que c’était tout à fait normal de se sentir faible mais que ça devait être une force pour elle de continuer à se battre. Surtout connaissant Thorin, Raeryan savait qu’il n’aimerait vraiment pas la voir pleurer ainsi. Ils étaient en mission, ils risquaient leur vie, mais elles se devaient de leur faire confiance et leur envoyer de bonnes ondes plutôt que se laisser sombrer. Meruva avait besoin d’aide pour remettre ses pensées dans l’ordre afin de revoir tout ça d’un autre angle. Ainsi Raeryan continua sur ses arguments en lui donnant le plus évident d’abord ;

« Je ne pense pas qu’il souhaiterait te voir dans cet état. Mais je comprends que cela soit très difficile pour toi. »

Les yeux verdoyant de Raeryan ne quittaient pas ceux de Meruva. La tendresse, le compassion, elle essayait de la rassurer du mieux qu’elle pouvait tout en sachant désormais qu’elle pouvait sans hésiter venir à elle pour discuter de lui, d’elle , de tout et de rien. Puisque Raeryan était désormais officiellement au courant de ce qu’il se tramait sous l’expression décousue de son amie, elle pouvait s’investir et lui transmettre le courage dont elle avait tellement besoin. Le sourire de Raeryan s’étira de plus belle alors qu’elle pensait déjà de quelle manière lui changer les idées.

« Ensemble on va y arriver, d’accord ? Viens me voir plus souvent, on fera un programme anti-déprime pour te changer un peu les idées ! On s’occupera l’esprit et même si ça n’aidera pas à effacer tout ça, ça fera au moins passer le temps, qu’est ce que tu en dis ?»

Les mains de la naine glissa sur les bras de son amie jusqu’à récupérer ses mains, lui transmettant symboliquement ce désir de se battre et la soudaine motivation qu’elle avait. C’était un fait, Raeryan ne pouvait se sentir mieux qu’en s’occupant des autres. Alors elle faisait d’une pierre deux coup, conservant les œillères qu’elle s’était mise dans un souci de confort.

« Tu as le droit de pleurer, mais pour eux, nous devons rester fortes. »

Une chose plus facile à dire qu’à faire, puisqu’avant que Meruva n’arrive elle-même s’était laissée emporter dans une vague de frustration et de tristesse. Mais d’un point de vue extérieur et de ce qu’elle en savait, pleurer n’était pas un mal, le tout était de garder une certaine limite à la tristesse afin de ne pas se faire lentement consumer par celle-ci. Le regard de Raeryan dévia vers la chaine qu’elle portait à son cou, une chevalière qui devait sans doute appartenir celui pour qui son cœur s’était arrêté au moment où il était parti. Raeryan déglutit, alors que cela était bien similaire à ce que Dori lui avait offert avant de partir. Coïncidence ? Est ce une manière de promettre son amour au retour d’un long voyage ? La guérisseuse serra les dents et alors que ses lèvres faussèrent un semblant de sourire, elle reporta son attention sur les yeux de Meruva, en espérant l’avoir soulagée quand aux prochains jours arrivant. Elle allait tout faire pour que cela lui soit moins compliqué à vivre.

Invité

A new dealTaràk avait souvent subis les brimades des petits nains de son âge tout simplement parce qu'il était faible. Non pas de caractère mais physiquement faible, sans oublier sa mutité qui l'empêchait de s'exprimer. Ce n'était pas comme être muet et pouvoir crier son désarrois, il était simplement incapable d'émettre le moindre son, ne serait qu'un petit cri de surprise. On sous-estime souvent l'importance des cordes vocales mais quand elles ne répondent pas à l'appel, elles créent un énorme vide.
Le petit nain n'avait jamais pu parler. Jamais. Le jour de sa naissance avait résonné du silence caractéristique de la mort, portant un grand coup dans le cœur de sa mère s'étant préparée au pire. Savoir qu'il était simplement muet l'avait soulagée d'un poids au plus haut point mais ça ne l'avait pas soulagée du poids de son handicap. Heureusement pour le petit nain, l'Iglishmêk était couramment employé par les nains de tout âge et de tout milieu, petit ou grand, fille ou garçon, profondément ancré au fond d'eux.. mais cela ne l'avait pas aidé autant que cela aurait dû, surtout à cause du nombre de dialectes différents que l'on rencontrait dans la montagne. Mais il ne s'était jamais laissé décourager et s'il y avait une chose qu'il connaissait bien, c'était cette langue signée. Il avait aussi dû apprendre le langage parlé, et il avait commencé à étudier le Khuzdhul mais c'était plus difficile, surtout quand on ne pouvait pas le répéter à voix haute pour le faire entrer dans la tête. Ça servait à rien pour lui, d'apprendre une langue orale, aussi ancienne puisse-t-elle être, voilà ce qu'il s'était dis au début, mais cela avait fait beaucoup de peine à sa mère, c'ét ait un outrage pour les nains. Mais il fallait se mettre à sa place, lui qui ne pouvait parler. La crise passée, il s'était attelé à l'étudier consciencieusement mais il lui avait fallut du temps pour dépasser cette crise de loin pré-pubère.

Oui, son handicap ne lui avait pas facilité la vie, ne lui facilitait pas la vie même encore aujourd'hui mais c'était aussi un atout pour lui. Il entendait et voyait mieux, il était plus attentif et plus patient aussi. C'était un peu un mal pour un bien. Que pouvait-il faire d'autre contre les brimades que d'user de cette patience pour les ignorer et passer son chemin sans se rebiffer ? Mais cela n'avait pas toujours été comme ça, il en étai venu aux mains une fois et s'en était beaucoup voulu ensuite cependant, il avait véritablement vu rouge ce jour là, au point de donner naissance à un monstre de colère et de violence. Heureusement, il avait des amis. Pas beaucoup mais quelques uns. Il s'entendait bien avec les autres nains à l'école et surtout avec les naines mais ses meilleurs amis étaient surtout assez vieux pour avoir leurs propres enfants ou avoir même des petits-enfants. Ce n'était pas un mal pour lui de se faire un nouvel ami en Loìn, un ami de son âge qui savait ce qu'il endurait avec la mort de sa mère et qui ne se moquerait pas de sa façon de rire ouvertement.
Loin n'était pas vraiment comme les autres enfants de leur âge. Lui aussi, avait beaucoup vécu, beaucoup souffert mais c'était quelque chose qu'ils pouvaient partager, s'épauler. Ils savaient tout deux ce que l'autre ressentait, le vide créé par la perte des êtres chers. On en perdait toujours à un moment ou un autre mais ils les avaient perdus beaucoup trop vite, beaucoup trop jeune. Cela, même Raeryan ne pourrait pas le comprendre, jamais, aussi douce, gentille et attentionnée pouvait elle être. Mais il l'aimait quand même, pour tout ce qu'elle faisait pour lui, comme une vrai maman, sa maman. Bien sûr, elle ne remplaçait pas sa génitrice mais elle représentait beaucoup pour lui et le terme maman était ce qu'il y avait de plus proche de la vérité. C'était sa nouvelle famille.
Le petit nain devant lui avait tout d'un grand frère d'un certain côté, protecteur, attentionné, drôle. Il n'avait jamais eu de frère et il était parfait pour remplir ce rôle dans sa famille recomposée, même si Loin ne vivait pas avec eux. Un cousin peut-être ? Il était en tout cas fortement impressionné par ses exploits. Après tout, il n'avait pas eu peur du Roi, enfin pas tant que ça. Et ça, c'était vraiment la classe quoiqu'en dise Loin. Taràk se frotta le front en grimaçant, limite boudeur quand il reçut la pichenette mais esquissa rapidement un sourire, surtout à l'explication de son nouveau copain. Tomber de sa chaise devant le Roi ? En voilà une idée, ça aurait été drôle si l'on ne craignait pas de mourir de honte. Mais la façon dont il le décrivait, le Roi avait l'air d'être gentil, comme son papa l'était. Taràk aurait aimé être aussi sûr que lui quant au dragon, mais il craignait pour son vieil ami Bifur, il avait peur que le dragon le mange tout cru. Mais ce serait pas une bonne idée, surtout qu'il avait un bout de hache dans le front, ce serait comme avaler des armes en fait. Le dragon ne pouvait pas être assez bête pour avaler les armes tout rond dans son bidon. Le petit nain se perdit une seconde dans ses pensées, imaginant presque Bifur se dressant à l'intérieur du dragon, arme au poing.

Il étreignit son nouvel ami, son nouveau frère, se demandant comment ils pouvaient conclure tout cela. Quand on ne partageait pas le même sang, ne devait on pas le mélanger pour devenir frère de sang ? Il grimaça à cette pensée, peut enclin à vouloir se couper pour être le frère de quelqu'un, surtout qu'une coupure de parchemin faisait terriblement mal. Alors finalement, sceller cela par une complicité serait mieux. Il fixa son vis à vis avec une petite lueur dans les yeux, un sourire presque aussi carnassier qu'un dragon, lui qui n'aurait jamais fait de mal à une mouche ne pouvait supporter de voir la maman de son copain et même son copain lui-même, souffrir d'un vilain nain, même si c'était un grand nain. Il n'avait pas peur de lui faire peur et l'histoire des moutons lui avait donné une idée. Cependant, Loin avait raison.. ils ne pouvaient pas faire quelque chose qui les désigneraient, surtout que ça retomberait sur Meruva. Se grattant la tête, il fit une petite grimace d'excuse. « Il faut que je réfléchisse plus alors. Mais on trouvera ! Comme mettre du poil à gratter dans ses vêtements, teindre ses cheveux en violet ou lui donner mal au ventre pendant des jours pour qu'il reste aux toilettes. »

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Pleurer était devenu quelque chose de courant pour moi, comme si ces derniers mois avaient fissurés la carapace que j'avais mis tant de temps à construire, tant d'années à mettre en place pour me protéger. Cela avait été un travail fastidieux et je me souvenais encore de la nuit où je m'étais fait le serment de ne plus pleurer, de ne plus verser une larme pour lui. Je n'étais pas bien âgée mais cette décision avait été sans appel et depuis ce jour, pas une larme n'avait quitté la barrière de mes cils pour venir mouiller mes joues. Cette nuit, j'avais également réalisé qu'il ne m'aimait pas. Pas comme un père devrait aimer sa fille, ne me considérant que comme son bien, comme un objet dont il pouvait disposer. J'étais sienne et il m'avait façonné tel qu'il le voulait. J'étais Meruva, fille de Dirgion. Mais cette carapace en était devenu si étanche que plus aucun sentiments de filtrait, pas même les plus joyeux. Pleurer ou rire, il ne me restait que ce masque froid et impassible qu'un sourire factice venait orner selon les occasions.
J'étais devenue un monstre sans même m'en rendre compte, une femme au cœur froid comme la pierre de la montagne où je demeurais enfermée. Et puis, il y avait ce nain. Des yeux bleus que le ciel aurait jalousés, qu'un seul regard parvenait à me faire ciller. Des mains chaudes comme les braises dans l'âtre, qu'une seule pression suffisait à faire fondre la couche de glace autour de mon cœur. Il n'avait sans doute pas conscience du rôle qu'il avait joué dans mon existence, fondé sur une coïncidence qui avait voulu qu'il se trouve derrière cette porte ce jour là. Je n'étais alors qu'une enfant mais il m'avait marquée à jamais et mon esprit demeurait tourné vers lui.

Tant de choses s'étaient passées depuis ce jour, tant de choses étaient arrivées. Et je me trouvais à pleurer son absence, moi qui avait tant espéré attirer simplement son attention. C'est son départ que je pleurais chez mon amie, assise autour de sa table avec une tasse de thé qui me réchauffait les mains à défaut de me réchauffer le cœur. Le geste de Raeryan acheva de briser mes barrières et ouvrit les vannes de mon cœur, inondant tissus et plus encore de ce liquide légèrement salé. Cette attention me touchait beaucoup et je pressais son bras de ma main libre pour la remercier, dans un petit geste affectueux sans cesser de pleurer. Elle faisait tant pour moi et j'étais si faible. Je ne savais seulement comment elle faisait pour se montrer si forte après ce départ quand égoïstement, je me concentrais sur mon désespoir. Mais la tristesse, ce manque, ce maux du cœur était un cercle vicieux. M'ôtant le sommeil, il m'ôtait le repos, ce dernier me manquant, je n'avais la force de lutter contre ces mauvais sentiments qui m'empêchaient encore et toujours de dormir. Je rêvais de passer une bonne nuit de sommeil. Dormir pour ne pas m'éveiller avant le petit matin, sans que mes rêves ne soient troublés par des images malsaines.
Je fis face à la naine avec un visage à faire pâlir les morts et le triste sourire que je lui offris pour essayer de faire bonne figure ne fut pas des plus convaincant, je le savais.

« Merci. »

C'était là tout ce que je trouvais à lui répondre mais en peu de mots, l'on peut dire beaucoup. J'étais réellement reconnaissante de l'aide qu'elle m'apportait déjà, du réconfort qu'elle m'offrait.

« Je souhaite seulement pouvoir dormir pour me reposer, sans que mes rêves ne soient troublés. Ils peuvent être si effrayants.. j'ai besoin de me laisser aller et me relaxer. »

Raeryan avait toujours été de bon conseil, pour le peu que je la connaissais. Je lui faisais totalement, entièrement confiance et même les yeux fermés, je me serais abandonnée à elle. Ne m'avait-elle pas sauvé la vie à notre toute première rencontre ? Ce n'était pas rien.
Cependant, autant d'aide pouvait-elle m'apporter, je me devais de lui rendre la pareille. Je n'avais jamais été naine à me reposer sur quelqu'un, pas même mon père ou ma suivante et je n'aimais certainement pas me sentir redevable. Ce sentiment était différent en la présence de la guérisseuse, ce n'était pas tant le fait de se sentir redevable que de vouloir lui offrir ne serait-ce qu'un peu de ce dont je bénéficiais en la côtoyant.
Je baissais la tête, légèrement honteuse de m'être laissée ainsi aller. Elle avait parfaitement raison, jamais il n'aurait voulu me voir dans cet état, surtout après le triste spectacle que je lui avais offert peu de temps avant son départ. J'avais tellement pleuré que je m'en sentais encore honteuse, prise d'embarras mais ce n'était comme cela que les choses allaient changer. Tentant de puiser un temps soit peu dans le courage de la naine en face de moi, je me dressais sur mes pieds.

« Tu as raison, oui. Tu as parfaitement raison ! »

Je la pris dans mes bras, la serrant de toutes mes forces pour lui rendre ce courage que j'avais puisé en elle, plongeant mon visage dans ses cheveux à l'odeur enivrante et un sourire -un vrai- vint fendre mon visage à l'annonce de sa solution à ce problème.

« J'en dis que tu es une amie hors paire et que j'aurais dû venir te voir plus tôt. Mais il est vrai que je ne trouvais le courage de sortir jusque là. Nous passerons plus de temps ensemble pour rattraper cela, voilà tout. »

Je serrais ses mains en réponse avant de la reprendre à nouveau dans mes bras. Elle était ma seule amie, ma seule confidente à ce jour, une perle rare dans mon entourage et je tenais à la chérir comme il se devait. Je m'interrogeais d'ailleurs sur ses propres sentiments, cet écho que j'avais trouvé en son cœur. Mon instinct me disait que ma peine était partagée mais en l'absence de davantage d'indice, je n'osais insister pour en découvrir l'objet ou plutôt, le nain en question. Je rebondissais cependant sur ses paroles, une petite lueur s'allumant dans mes yeux.

« Nous ? Y aurait-il un nain qui occupe également tes pensées ? »

Je ne voulais pas me montrer déplacée mais la curiosité était plus forte que les bonnes manières et entre amies, n'était-ce pas de rigueur justement, que de se livrer à ce genre de confidence ? Je lui saisis les mains, l'amenant doucement à s'asseoir tout en l'invitant à m'en dire plus, à se confier à moi comme je m'étais confiée à elle. Son expression n'échappait pas à mon attention et je voyais bien que quelque chose n'allait pas. Une ombre dans son regard, la faiblesse dans son sourire. Je me trouvais dans l'expression arborée par son visage et aucune crème, aucun artifice n'aurait pu masquer cette peine qui venait du tréfonds de notre cœur.

Nothing is stronger than me and you

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Rien qu’à entendre les remerciements de son amie, c’était un beau présent qu’elle lui faisait là. Raeryan avait l’habitude de donner des conseils, d’apaiser les peines et ses plus belles récompenses, c’était de revoir l’éclat revenir au bord de leurs yeux. Meruva souffrait profondément et même si son sourire demeurait terni, l’effort qu’elle fournissait pour l’étirer était bien plus significatif que ce qu’elle pouvait penser, elle avait de quoi être fière d’elle. C’était un pas en avant, que Raeryan lui fit remarquer en l’encourageant d’un signe de la tête. Elle était épuisée, elle le concevait parfaitement et la rassura en lui promettant de lui fournir quelques tisanes faites par elle-même aux plantes douces qui l’aideraient sans nul doute à trouver l’apaisement qu’elle était aussi venue chercher jusqu’ici. Elle avait déjà en tête celles qu’elle lui offrirait et ne manquerait pas de les lui donner avant qu’elle ne s’en aille. Mais elle souhaitait la garder encore un peu avec elle, ces choses seraient donc faites plus tard.

Lorsque Meruva baissa la tête dans un signe de gêne, Raeryan n’hésita pas à poser la main sur l’épaule de la naine afin de la débarrasser de toute pensée honteuse. Elle ne devait pas avoir de tels ressentiments, ces choses là étaient tout à fait normales. Meruva prit alors sur elle, Raeryan reconnaissait là la jeune naine forte et bien plus courageuse que ce qu’elle imaginait. Raeryan était impressionnée par sa rapidité de compréhension et de sa volonté de fer. Elle l’enserra dans ses bras et administrait à Raeryan le meilleur des remèdes. La guérisseuse n’hésita pas à passer ses bras autour d’elle dans un geste d’une immense amitié. Et lorsqu’elles se séparèrent, Raeryan lui sourit, profondément touchée par ce geste. Pourtant elle n’était pas au bout de ses surprises car c’est à ce moment là que son amie la complimenta et lui fit part de son regret de ne pas être venue plus tôt. Raeryan hocha la tête, mieux valait tard que jamais et au moins l’absence désormais serait moins dure à vivre. Elle était heureuse pour elle, elle méritait d’avoir de l’amour et ne devait pas en souffrir. Elle la serra à nouveau dans ses bras, une accolade qui fut tout aussi bienvenue que la première. Et dans ce geste, Raeryan pensa à sa propre situation assez similaire mais peut être plus complexe en fond puisqu’elle-même ne parvenait pas à mettre un mot sur ses sentiments. Raeryan fut cependant trahie par ses mots, le destin avait alors voulu que cela ne se termine pas aussi facilement pour elle et vit la lueur revenir dans le regard de son amie tandis qu’elle lui demanda s’il y avait un autre nain qui la troublait.

Raeryan se figea instantanément, sentant un champ électrisant passer dans tout son corps tandis qu’elle se rendait compte qu’elle avait été bien assez explicite malgré elle. Mais au lieu de réussir à détourner les choses, pour éviter de lui transmettre son mal être, la guérisseuse eu le mauvais réflexe de lever les yeux vers son amie. Son cœur prenait un rythme plus accéléré tandis qu’elle sentait les larmes menaçantes à ses yeux. Comment garder sa crédibilité ? Ses yeux se remplissaient d’eau, elle se pinça les lèvres et tenta de rester la plus forte possible afin de ne pas déstabiliser Meruva alors qu’elle était elle aussi en plein désarroi. D’un sourire nerveux elle détourna l’attention et baissa la tête, jouant machinalement avec sa tasse. Ses doigts effleuraient des rebords, elle cherchait ses mots pour lui expliquer le plus clairement possible pour lui confier dans quel tourbillon infernal était son état d’esprit.

« Et bien… » Commença t-elle en soupirant.

S’il y avait un nain qui occupait ses pensées ? Oui, tout à fait et ce depuis bien longtemps il occupait une place toute particulière. Elle avait beau lutter, il hantait chaque instant de ses journées et c’était de pire en pire depuis leur départ pour Erebor. Quoi qu’il en soit le comportement gêné de la guérisseuse, peinant encore à s’avouer était suffisamment révélateur de l’attachement qu’elle lui portait. L’image de Dori vint s’afficher sous ses yeux. Son sourire, sa bienveillance, ce regard inquiet qu’il lui avait lancé le jour où ils s’étaient entrevus. Aussitôt les souvenirs l’immergeaient, les images étaient toujours aussi intactes, elle se rappelait même du parfum délicat du thé de ce soir là et de quelle manière il l’avait serrée contre lui lorsque son âme s’était fissurée et qu’elle avait fondu en larmes. Les battements de son cœur tapant contre son oreille l’avait à tout jamais bouleversé. Mais elle lui avait promis de rester forte, de ne pas se laisser noyer de tristesse afin qu’il fasse de son mieux pour un jour lui revenir et qu’il ne lui arrive rien. Oh elle n’en doutait pas, mais il lui avait fait promettre alors elle s’efforçait de la tenir quoi qu’il en coûte. Elle s’en voulait terriblement à chaque fois qu’elle craquait mais en face de Meruva, elle retrouvait un certain courage à affronter cette douleur.

« Oui, il en a bien un…Mais j’ignore encore le genre de sentiments que lui porte mon cœur. »

Voilà bien longtemps qu’elle se torturait et reniait ce que lui hurlait son cœur ; de cesser le massacre et d’assumer les conséquences. Elle était en réalité effrayée, pendant toutes ces années et c’était un réel gâchis. Raeryan s’en rendait compte petit à petit, qu’elle était passée à côté de bien des choses et maintenant qu’il était parti elle se retrouvait face au mur.

« Il s’agit de Dori. »

Un pincement de cœur surgit lorsqu’elle prononça son nom. Malgré tout elle arrivait à conserver un certain calme. Il n’y avait que ses mains qui en tremblaient légèrement. Timidement elle reporta à nouveau son attention sur son amie, cherchant à observer sa réaction. Pour une fois, c’était elle qui faisait guérir les lésions que provoquaient ses pensées sur son âme.

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We'll be like brothers!

Meruva, Loìn, Taràk & Raeryan

Taràk était mignon dans ses réactions, s’il avait eu un vrai petit frère, il aurait aimé qu’il soit exactement comme le petit en face de lui, qui plissait le nez à cause d’une pichenette. Bien entendu, cela ne chassait pas de son esprit les différentes planifications concernant la moyen de faire une farce à Dirgion sans que rien ne puisse les incriminer à proprement parler, pas tant pour eux que pour la naine qui était devenu sa maman, même si le dire clairement était encore difficile, car Loìn avait toujours peur que dans les halls de Mandos, ses parents ne s’offusquent de le voir ainsi les remplacer. Tout le monde lui dirait qu’au contraire, cela montrait qu’il avançait et ne restait pas coincé dans le passé, que ses parents et son grand-frère approuveraient, mais le temps ferait son œuvre, surtout que bon… le jeune nain n’était pas non plus certain que Meruva accepte de se faire appeler « maman », alors l’enfant ne disait rien, même si dans sa tête il l’appelait comme ça, et que les mots n’étaient jamais loin de lui échapper quand ils étaient seulement tous les deux. Il avait aussi peur que Dirgion se fâche en fait, s’il disait ce petit mot affectueux, on ne savait jamais avec lui, il était tellement bizarre !

Toujours est-il que les diverses idées du plus jeune arrachèrent un sourire à Loìn, avant que ses yeux ne pétillent de malice à la dernière proposition. Clouer le méchant Dirgion dans les commodités pendant quelques jours serait hilarant, et en plus… impossible de prouver que c’était eux, cela pouvait aussi être quelque chose mangé ou bu en dehors de la maison, voir un bon gros rhume, alors il ne pourrait accuser personne chez eux. Il savait que ce n’était pas drôle d’être cloué aux toilettes, en plus ça fait très mal, mais si c’est pour de faux, il ne va pas aller plaindre le père de sa maman Meruva.

« Lui donner mal au ventre… ça me tente bien. C’est le seul truc qui peut passer pour un accident du début à la fin. Sinon il devra accuser le temps dehors, et on peut jamais s’en prendre au temps, vu que c’est Mahal qui décide ! Même lui il peut pas en vouloir à notre créateur ! »

Et ça, c’était le plan parfait. Ils auront tout le temps de le mettre en place discrètement en plus, puisque personne ne viendrait les accuser pour un mal de ventre. A la rigueur, si Dirgion allait voir Meruva, peut-être qu’elle allait voir que cela venait de quelque chose de manger, mais même elle ne pourrait faire le lien entre eux, il l’espérait en tout cas. Se faire gronder par tout le monde ensuite ne serait pas drôle autrement. Mais pour l’instant, Loìn se levait et trotinait pour attraper des feuilles et des crayons.

« On fait un dessin pour Raeryan et Meruva ? Elles seront contentes comme ça ! Ma Muva elle est toute triste, ça lui donnera son beau sourire ! »

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Raeryan avait visiblement tout autant besoin des concoctions que je lui réclamais que ma petite personne, le départ des nains de la compagnie avait fait bien des victimes parmi les naines et j'aurais été bien sotte de croire que j'eus été la seule dans ce cas. Je souffrais, beaucoup, de l'absence de ce nain cher à mon cœur, ce nain avec qui il nous avait fallu tant de temps pour réunir nos sentiments, réaliser qu'ils battaient à l'unisson de nos cœurs. Aujourd'hui encore, alors que je souffrais de l'éloignement, je doutais encore de leur vérité. Sans sa tangibilité à mes côtés, comment m'assurer que je n'avais vécu un rêve ? Il n'y avait cependant pas de doute, je l'aimais.
Et de doute, je n'en avais plus concernant ma tendre amie à la mine déconfite face à moi, un sourire, un regard qui reflétaient les miens, ternis par des maux de cœur si difficiles à réprimer. Malgré tout, elle gardait la tête haute et faisait tout pour ne rien laisser paraître, j'aurais moi-même pu me laisser berner si j'avais choisi de garder les yeux baissés et j'étais impressionnée par la détermination, la force que je percevais d'elle. Raeryan n'était pas une guérisseuse pour rien, elle avait le don de faire passer les autres avant elle mais je me refusais de la laisser se mettre en second plan.
Je puisais en elle une force, le courage de relever la tête et de l'aider à mon tour, elle qui était là pour moi. Une aide ne devait rien demander en contre-parti, venir du cœur en toute modestie pour trouver un retour dans le cœur des gens, tout naturellement. C'était ainsi que je le concevais et c'était pour cette raison que je souhaitais rendre à Raeryan ce qu'elle m'avait donné sans chercher à recevoir en retour. Elle était dans le besoin, je parvenais à le sentir et bien que je n'ai pas les qualités de la naine, je souhaitais faire mon possible pour répondre à son besoin, le plus simplement du monde.

Mon absence de relation amicales avec d'autres personne me bloquait, sincèrement. Je trouvais difficile de m'adresser aux gens, d'être en contact mais la présence de Loin, ma rencontre avec Raeryan, mon ouverture progressive au reste de la montagne m'amenait à cette évolution. Je ne pouvais rester cacher dans les appartements de mon père, cloîtrée dans ma chambre à longueur de journée. Je commençais à vivre ma vie pleinement, en toute conscience, même s'il restait difficile pour moi de rendre naturellement les gestes communs pour les autres. Je frémissais au contact de sa main sur mon épaule avant de m'y abandonner, me sentant légèrement mieux. La guérisseuse avait ce don, comme si elle constituait un remède à elle seule, de soigner le cœur des gens à son simple contact. Elle était, d'une certaine façon, le remède que je recherchais à mes maux actuels, de part ses gestes et son sourire, sa simple présence à mes côtés. Alors en miroir, désireuse de lui rendre ce qu'elle m'avait offert de bonté de cœur, je l'enserrais dans une étreinte que je voulais réconfortante et pleine de douceur.
Je n'allais pas la laisser filer, certainement pas ! Et comme m'occuper d'elle semblait être un bon remède à mon mal, je me décidais à lui poser la question. Peut-être sa langue avait-elle glissé ou peut-être était-ce un lapsus mais je compris finalement qu'il y avait bien quelque chose en son cœur, plus que le départ d'amis, un être d'autant plus cher avait aussi pris le départ mais je réalisais bien vite, de part sa réponse, que c'était plus compliqué encore, tout en étant très simple, de la même façon que j'étais restée ignorante des sentiments de Thorin à mon égard, incertaine des miens en retour, Raeryan évoluait dans un brouillard de sentiments difficiles à démêler, surtout avec l'éloignement de Dwalin.

Cela avait semblé être un aveu difficile à faire pour la naine près de moi mais je comprenais parfaitement à quel point. Mon expérience personnelle pouvait tout compte fait me servir dans une telle situation. Jamais je n'aurais cru pouvoir aider quelqu'un un jour avec mon pauvre vécu.
Mon cœur se pinça face à son désarroi et mes propres pensées se dirigèrent automatiquement vers celui qui les habitait à tout moment alors que j'allais étreindre à nouveau mon amie, caressant ses cheveux de ma main tandis que l'autre lui caressait le dos. Je connaissais parfaitement ce sentiment et je savais à quel point il était douloureux. Comment il me coupait le souffle, réduisait mon cœur en miette, pouvait faire jaillir l'eau de mes yeux à tout moment et m'affaiblissait considérablement. Mais on ne pouvait s'y abandonner, surtout pas avec ces petits nains à notre charge. Je puisais en Loin la force d'avancer et il avait le don de me faire oublier pourquoi j'avais tant envie de pleurer, de faire envoler mes craintes avec son assurance. Il était sûr que Thorin reviendrait et j'avais envie de le croire, de tout mon cœur mais même si le destin en décidait autrement, le temps poursuivrait son cours et je n'aurais pas d'autre choix que de vivre avec.
Cependant, il était question de Raeryan et de Dwalin. Je ne connaissais pas bien le nain en question mais je voyais très bien de qui il s'agissait pour l'avoir vu lors du départ, flanqué de son frère. Il suffisait de le voir pour savoir qu'il était un bon nain, contrairement à certains de ma connaissance, d'autant plus qu'il s'agissait d'un bon ami de Thorin. J'aurais aimé lui dire qu'il reviendrait, lui dire que ce n'était que passager et que tout irait pour le mieux mais je ne pouvais lui mentir comme je pouvais me mentir. Je me contentais alors de la bercer dans mes bras, peu décidée à la lâcher.

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A new feelingSi Taràk ne supportait pas une chose, c'était bien les injustices et les mauvais traitements, sans parler des brimades. Il souffrait suffisamment de son handicap et des moqueries à son égard pour ne pas souhaiter que ce genre de choses arrivent à d'autres, même si la personne en question avait le double de son âge et d'autant plus d'expérience. Pourtant, ce n'était pas comme s'il pouvait faire quoi que ce soit pour arranger les choses, ne serait-ce que ses propres problèmes si ce n'était les ignorer mais il était prêt à tout, même jouer les mauvais plaisantin pour soulager le poids qui devait peser sur les épaules de Meruva. Même s'il ne le connaissait que depuis ce jour, il aimait beaucoup Loin et il aurait tout fait pour le faire sourire. Alors aider sa maman était ce qu'il y avait de plus naturel, c'était tout vu.
Taràk n'avait maintenant plus de famille, du moins au sens biologique du terme car avec la perte de son père suivie de celle de sa mère, il avait maintenant gagné une.. une nouvelle maman et un frère, qu'il n'avait jamais eu. A la manière de l'oiseau qui petit à petit, fait son nid, le petit nain se reconstruisait peu à peu sur de nouvelles bases qu'on espérait plus solides.

Il n'avait pas d'idées quant à comment jouer un mauvais tour au vieux nain, d'autant plus qu'il ne le connaissait pas lui-même. Sans doute que si ses parents avaient eu connaissances de sa volonté d'agir ainsi, ils auraient été déçus. En serait-il de même de Raeryan ? Il ne le savait pas trop mais ce n'était pas pour lui faire du mal, juste lui apprendre à ne pas faire de mal aux autres, là où il échouait avec les autres. Non, ce n'était vraiment pas bien finalement et le petit nain éprouvait un peu de culpabilité à penser comme cela. Jamais il n'avait cherché à faire du mal à quelqu'un, à se venger, enfin pas réellement, juste quand il n'était pas content.
Taràk se fit silencieux, aussi silencieux qu'un muet pouvait l'être, c'est pour dire discret. Il aurait été difficile de le remarquer si l'on avait su qu'il était là mais sans doute Loin n'avait-il remarqué son changement d'humeur subite, alors qu'il le connaissait depuis peu. Il avait envie de retourner auprès de Rae, une boule se formant dans sa gorge mais il ne voulait pas faire de peine à Loin alors il sauta sur l'occasion lancée par son nouveau copain, celle de leur faire un dessins.

Immédiatement, il sauta sur ses pieds et attrapa ce que Loin était parti chercher pour dessiner. Il présenta des feuilles de parchemin à Loin avant de se laisser tomber par terre, crayons en main. Les étalant sur le sol devant lui, il attrapa un crayon pour commencer son dessin, se penchant sur sa feuille en tirant la langue de biais. Il savait parfaitement ce qu'il allait lui faire et entamant le croquis d'une naine avec de magnifiques cheveux et une naine de plus fournis, il ne pensa plus aux vilaines choses.

Du rouge, du bleu, du vert et plus encore, quelques minutes plus tard, c'était deux beaux nains qui apparaissaient sur la feuille, se tenant par la main. Il était aisé de reconnaître Raeryan par là ainsi que le petit Taràk, le sourire au lèvre et parfaitement heureux. Ainsi fait, il se redressa d'un coup, roulant le parchemin entre ses mains avant de courir en direction de la cuisine pour aller retrouver les naines, pressé de revoir Raeryan à qui, il comptait bien réclamer un câlin.

» Let's meet again old friend (Feat. Raeryan & Loìn)
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» a walk with an old friend (Thorin & Raeryan)
» We could build there something new ~ Taràk
» Taràk || nain bavard